Il ne fallait pas grand chose de plus pour attiser la curiosité, digne d'un journaliste, qui remuait si souvent les entrailles et l'esprit d'Irene. Si elle l'avait pu, Irene aurait ouvert le livre et l'aurait dévoré immédiatement, juste pour avoir sa réponse. Au lieu de cela, la jeune fille arracha son regard du livre pour ne pas céder à la tentation de le capturer entre ses serres. Comme pour l'aider à se changer les idées, le professeur se permit un trait d'humour auquel Irene répondit par un sourire amusé, les yeux pétillants.

Le coup d'œil vers la pendule n'échappa à la jeune fille, qui s'interrogea un instant : son professeur avait peut-être autre chose à faire ? Mais au lieu de la congédier, il répondit à sa question avec chaleur. Irene lui rendit son sourire avec gratitude et respect tout en acquiesçant. Elle comprenait, elle aimait les livres et avait elle-même quelques livres qui lui tenaient particulièrement à cœur. Quant à la dédicace, la jeune fille espérait de tout cœur qu'elle était écrite en anglais, pour pouvoir la lire et peut-être en savoir un peu plus sur ce nouveau professeur, sans se douter de l'intrusion dans la vie privée de son professeur qu'elle risquait alors de commettre.

Ce petit instant chaleureux, presque de légèreté entre l'adulte et l'élève avait achevé de la mettre en confiance. Irene sentait que leur relation tout juste en construction serait probablement positive à l'avenir et peut-être pouvait-elle espérer bénéficier d'autres discussions, elle voulait vraiment en savoir plus sur ce professeur qui semblait avoir beaucoup voyagé et devait avoir beaucoup de chose à apprendre aux résidents de Poudlard, au delà peut-être même de son domaine d'enseignement officiel. Malheureusement, quand il baissa son regard sur le cou d'Irene qui porta sa main dessus en baissant les yeux, l'atmosphère de la pièce retrouva sa gravité. La voix grave et rassurante qui déchira le silence fit relever les yeux amande d'Irene vers ceux de son professeur. Si Irene n'avait que peu de doutes sur ses capacités, elle ne pouvait ignorer que ses adversaires en auraient aussi, au moins pour la plupart. D'autant plus si elle faisait partie des plus jeunes ou des moins expérimentés, si on en croyait la limite d'âge du tournoi et plus encore en considérant les différents styles de magie auxquels elle devrait faire face. Sans parler du Dominion...

La jeune fille, ramenant sa main sur sa cuisse, cogna son poing au bord du bureau dans un petit bruit sec, semblable à une fiole pleine que l'on pose sur une étagère en bois. Ignorant son indélicatesse, Irene demanda avec hésitation :
- Que savez-vous du Dominion ?
Sans attendre, dans un élan qui lui était propre, elle enchaîna avec un peu plus d'assurance :
- Comment se défendre d'une magie qu'on ne connaît pas ? Ou savoir qu'elle est contre ou avec nous ?
Si elle doutait d'avoir plus qu'une réponse de misère sur sa première question, elle l'avait posée presque par instinct. En revanche, elle était presque certaine d'obtenir une réponse plus pleine pour ses deux dernières interrogations.

CdC Mai 2021 - Mission n°2 : Mots

Gates heurta du poing le bureau en noyer devant elle. Maladresse ou frustration, Mark ne sut la raison exacte de ce geste. Il n’eut pas le loisir de s’y attarder car rapidement la Serdaigle le bombarda de questions. Mark releva la tête et plaqua ses mains l’une contre l’autre, le front collé à leurs extrémités. D’un ton sérieux et presque désolé, l’enseignant tenta d’apporter de maigres éléments de réponses aux interrogations.

« Le Dominion ? Je crois malheureusement ne pas en connaître beaucoup plus que vous à son sujet. Ce que j'en sais c'est qu'il a une volonté propre qui en fait une lieu imprévisible tant par sa structure que par son contenu. Il possède de nombreuses entrées même si certaines d’entre elles ont été détruites par le passé. Sachez qu'en entrant dans le Dominion, vous pénétrez un monde inconnu. Mais ce sera le cas aussi pour tous vos concurrents. »

Mark s’interrompit pour saisir un petit bout de biscuit et se leva pour le tendre à Jerva, sa harfang des neiges, qui veillait paisiblement sur son perchoir. L’anglais essaya de s’imaginer dans la peau de Gates. Il reprit place face à la Serdaigle et ferma les yeux pour se voir pénétrer dans une arène telle un Colisée immense. Malgré la météo actuelle, sa projection était baignée de la lumière d'un grand soleil d'été. Il était là, aux aguets, au beau milieu d’élèves des quatre coins du monde.

« Une fois dans le tournoi, faites confiance à votre instinct. Votre bon sens et votre entraînement feront le reste. Vous repérerez rapidement en qui vous pouvez avoir confiance. Mark gardait les yeux clos et s’imaginait des scènes de combats tout autour de lui. Même si la magie peut prendre différentes formes, elle provient toujours d’une énergie que l’on puise en nous. La volonté du lanceur liée à son état d’esprit est la seule chose dont vous devez réellement vous méfier. L’homme finit par ouvrit les yeux laissant son rêve éveillé s’évaporer dans la nature. Le meilleur moyen de vous protéger, c’est d’éviter qu’on vous cible avec de mauvaises intentions. Si jamais vous sentez que l’on vous veut du mal, ne réfléchissez pas et … Mark hésita une fraction de seconde sur la fin de sa phrase. Mettez hors-jeu votre adversaire. »

Mark se redressa dans son fauteuil de velours bordeaux. Il chercha le regard de Gates pour être sûr d’avoir toute son attention. Il s’était exprimé au fil de ses pensées et n’était pas sûr d’avoir été très clair dans ses dires. Il posa son index gauche sur son pouce de la main opposé.

« Si je peux vous donner un seul conseil, c’est d’éviter tout affrontement inutile. Choisissez vos alliés avec soin aussi. Et faites appel à vos points forts. Bon ça fait trois conseils mais vous m’aurez compris. Mark tentait d’alléger un peu la conversation. Et si vous avez un peu de temps, n’oubliez pas de lire ce livre. »

L’homme tapota avec insistance la couverture de l’ouvrage devant la Serdaigle.

Désolée pour ce retard honteux !

Irene écoutait avec attention, sans quitter son professeur des yeux. Son absence de connaissance du Dominion était un peu décevante pour l'aiglonne, sans pour autant la surprendre vraiment, mais les conseils du professeur de Défense contre les Forces du Mal étaient précieux et pleins de bon sens. Ils résonnaient dans l'esprit de la jeune fille, comme parfaitement accordés à ses pensées. Elle n'apprenait pas grand chose, mais il lui confirmait ce qu'elle avait déjà commencé à réfléchir.
- Je le lirai, promit-elle.
Et même mieux, elle en retiendrait les préceptes. Irene sourit à Mr Dole et prononça d'une voix reconnaissante, mais déterminée :
- Merci Mr.
Elle ajouta, de peur qu'il n'ai pas compris la valeur qu'elle donnait à ce "Merci" :
- Je tâcherai d'en faire bon usage.
Dans ses pensées, elle se disait fort : "Je ne vous décevrai pas. Ni vous, ni Dai Hong Dao, ni Serdaigle, ni personne dans cette école." Elle se releva, prit le livre précieusement, ramassa ses affaire, laissant le biscuit sur le bureau et se dirigea vers la porte, qu'elle franchit en saluant son professeur.

La jeune fille marchait dans les couloirs en mode automatique. Elle ressassait dans sa tête tous les conseils de ce professeur dont elle avait à présent une très bonne impression. Oui, attaquer en cas de risque, mais éviter au mieux la bagarre, ça elle saurait s'en souvenir. Quant à ses points forts, il fallait commencer par s'entraîner à utiliser le Morphus qu'elle avait reçu à peine plus de 48h plus tôt. Mais était-ce son seul point fort ? Elle pouvait compter sur sa mémoire, se renseigner le plus possible sur les écoles connues et reconnues. C'était un bon début, oui...

Fin du RP pour moi, encore merci !

Les révélations de Mark ne semblaient pas surprendre la Serdaigle. Peut-être avait-elle fondé un peu trop d’espoir dans cet entretien. À la connaissance du professeur, personne à Poudlard n’avait réellement conscience de ce qui attendait les quatre candidats du Dominion. Que croyait-elle ? Peut-être que lors de son inscription, Gates espérait qu’on lui serve sur un plateau d’argent, un schéma tactique pour se sortir du tournoi. Mais même si on était dans une école, ce qui l’attendait était loin d'être un cours. Elle allait devoir affronter la réalité du terrain seule et sans filet. On ne jouait plus dans un cadre protégé par ses enseignants, non. On ne jouait plus du tout. Il était désormais trop tard pour faire marche arrière.

Faisait-elle bonne figure en le remerciant d’un air si déterminé ? Évidemment qu’elle avait peur. Impossible d’en être autrement. Alors que la Serdaigle franchissait maintenant la porte, Mark hocha la tête, un doux sourire dessiné sur le visage, tout en la saluant à son tour. La jeune fille devait comprendre qu’elle avait toute sa confiance. L’enseignant croyait en ses capacités à s’en sortir mais nulle ne pouvait prévoir ce qui l’attendait.

À peine la porte s’était-elle fermée que Mark s’étira en soupirant dans son fauteuil. Quelle idée avait eu ces élèves à accepter de s'inscrire à ce tournoi. Enfin, à la réflexion, il aurait certainement fait la même chose à leur âge après tout. Cette part de naïveté et d'innocence caractéristique des adolescents était un cadeau qu’il devait chérir.

Merci pour ce RP Miss Gates ! On se retrouve à votre retour

Edmund était immobile dans le couloir, main figée en l'air dans un début de geste pour toquer à la porte. De loin, on aurait pu penser qu'il s'agissait d'une statue particulièrement réaliste dépeignant la détresse de l'humain condamné au choix cornélien inéluctable entre la moral et la facilité. À moins qu'il ne s'agisse plus simplement d'un élève victime d'un quelconque sortilège ou créature magique — cela était après tout arrivé suffisamment souvent pour ne pas paraître autrement surprenant.

Mais non, il ne s'agissait que d'un pauvre enfant qui, immobile dans le couloir, main figée en l'air, remettait en question les choix de vie qui l'avaient mené à cet instant fatidique de son existence, où il s'apprêtait à toquer à la porte de ce qui saurait peut-être devenir la pire expérience de sa vie scolaire. Ce qui, en toute honnêteté, n'était pas un mince exploit.

Edmund baissa le bras qui commençait à devenir douloureux, prit une grande inspiration, ferma les yeux puis toqua. Enfin, essaya de toquer et se retrouva dans la même position que précédemment.

Il fallait néanmoins lui reconnaître qu'il avait réussi à approcher le poing de cinq centimètres de plus qu'à sa tentative précédente.

Las, il laissa tomber son bras une fois de plus et poussa un soupir. Il n'y arriverait pas. Il devait le faire, mais il n'y arriverait pas.

Ce qu'il s'apprêtait à réaliser n'était pour pas si ardu. Il désirait seulement entrer dans le bureau de Mr. Dole, se présenter — au cas où ce dernier n'arriverait pas à mettre un nom sur son visage — et s'excuser de l'événement qui avait eu lieu l'autre jour. Deux jours auparavant pour être plus exact.

S'excuser de quoi, vous demandez-vous ? Eh bien, tout bonnement d'avoir insulté son professeur en affichant un mépris ostentatoire et en le qualifiant indirectement de vile, le tout après l'avoir percuté de plein fouet en plein milieu de la Grande Salle. Rien de bien méchant, n'est-il pas ?

Bon, il est vrai qu'il était plutôt dans une mauvaise situation.

Dans l'espoir de se détendre quelque peu, Edmund effectua quelques exercices de respiration tout en repassant dans sa tête ce qu'il comptait dire à son professeur. Quand il eut fini, il leva une fois de plus le bras, poing fermé.

Ça va bien se passer, se mentit-il une dernière fois.

Pour se donner du courage — ou au moins une montée d'adrénaline — il songea à l'horreur que serait le prochain cours de DCFM s'il n'allait pas s'excuser dès à présent, puis frappa enfin deux coups secs sur le pan de bois qui fermait la salle de Défense contre les Forces du Mal.

Avec un peu de chance, Mr. Dole serait encore en pause déjeuner ?

Le repas venait de se terminer sur une bonne note : une délicieuse part de gâteau au chocolat surmontée d’une montagne de chantilly. Les elfes s’étaient surpassés aujourd’hui. C’est avec l’estomac bien rempli que Mark était dans sa salle de classe en train de préparer le cours de lundi. Son week-end allait être chargé et l’homme préférait prendre les devants.

Les tables s’alignaient seules contre les murs tandis que les chaises se retournaient pour les rejoindre. L’espace central de la pièce se libérait peu à peu dans un ballet du mobilier pour laisser place nette. Une séance de pratique s’annonçait.

Des coups à la porte.

Mark, surpris, interrompit son sortilège et se dirigea vers la porte. Il n’attendait aucune visite. Bizarre. La main droite sur la poignée, il s’arrêta et frotta sa bouche du revers de sa manche gauche. Il serait dommage qu’une belle jeune femme entre et que Mark se retrouve avec du chocolat plein le visage. Après un coup de langue sur les dents, il ouvrit finalement la porte.

Ce qui se présenta à lui était loin d’être ce dont il rêvait. Un élève de Poufsouffle, et pas forcément celui que Mark souhaitait voir, était planté devant lui. Le garçon avait le visage un peu pâle et semblait mal à l'aise. Edmund Long, celui qui, il y a deux jours, l’avait percuté avant de le considérer avec un air dédaigneux. De l’eau avait coulé sous les ponts depuis et l’enseignant avait pris du recul sur ce petit-déjeuner de Saint-Valentin. Beaucoup des personnes présentes ce jour-là avaient été ensorcelées par des muffins un peu particuliers.

Mark n’avait pas apprécié la réaction du garçon mais il ne lui en tenait pas plus rigueur que cela du fait qu'il n’était pas dans son état normal. S'il venait, en plus, lui présenter ses excuses, le professeur passerait l’éponge sans souci. L’homme dévisagea l'adolescent comme s’il n’avait aucune idée des raisons qui auraient pu l'amener ici.

« Bonjour Mr Long. Je peux faire quelque chose pour vous ? »

Une seconde et demi après avoir frappé, la porte était toujours close et Edmund dut malheureusement se rendre à l'évidence que le professeur était absent. Quel dommage, il devrait repasser plus tard.

Avant qu'il ait pu esquisser le moindre geste de fuite, la poignée tourna et révéla un Mr. Dole tout sauf absent.

Il fallut une seconde à Edmund, qui en une seconde et demi avait eu amplement le temps de se faire à l'idée qu'il ne pourrait pas voir l'adulte ce jour-là, pour se remettre du choc que lui avait causé cette apparition inattendue. Une seconde supplémentaire lui fut nécessaire pour qu'il remarque qu'on lui avait posé une question, et une troisième pour se rendre compte qu'on attendait de lui une réponse.

- Oh euh, b... bonjour Mr. Dole, bafouilla l'enfant les joues empourprées avec un hochement de tête respectueux — qui avait de plus l'avantage de lui permettre de regarder le sol plutôt que son interlocuteur. Je... je suis venu m'excu... vous présenter mes excuses pour l'autre jour... dans la Grande Salle... lors de la Saint-Valentin.

Conscient qu'il ne pourrait pas garder les yeux baissés éternellement, Edmund releva la tête puis, sans oser pour autant regarder son professeur dans les yeux, parvint néanmoins à fixer un gond de la porte qui se trouvait peu ou prou au même niveau que le visage de Mr. Dole.

« Vous... vous n'êtes pas sans savoir que certains plats étaient... spéciaux » continua-t-il en luttant pour ne pas baisser la tête de nouveau. « Je... j'ai pu tenir des propos déplacés à cause de cela, notamment à votre encontre. J'en suis terriblement désolé et... et j'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur. »

Après une demi-seconde, il s'empressa d'ajouter :

« Et... et bien sûr que cela ne vous a pas blessé. »

Le garçon face à lui luttait pour trouver ses mots. Il était normal qu'il se sente gêné vu la manière dont il s'était adressé à Mark le jour de la Saint-Valentin. L'enseignant ne souhaitait pas enfoncer le clou mais il le laissa se dépêtre avec ses explications hésitantes. Ce serait sa petite vengeance personnelle.

Mark ne l'écouta que peu attentivement car il était dérangé par le fait que son interlocuteur ne le regarde pas directement. Au fil des paroles du garçon, le professeur de défense contre les forces du Mal était de moins en moins attentif, faisant une fixation sur ce regard fuyant. Qu'il s'excuse, c'était très bien mais qu'au moins il le fasse les yeux dans les yeux. L'homme se décala vers le côté et baissa sa tête pour qu'elle entre dans le champ de vision du Poufsouffle. Wouhou, je suis là, pensa-t-il avant de prendre la parole.

« Ne vous inquiétez pas pour cette histoire Mr Long, c'est du passé. On sait tous qu'aucun de nous n'était dans son état normal ce matin là. L'homme se redressa dans l'encadrement de la porte. Il n'y a pas mort d'homme mais je vous remercie d'être venu vous expliquer. Bien évidemment nous ferons table rase de cet incident malencontreux. »

Soudain, un goût de chocolat lui parvint en bouche. En parlant, un morceau du délicieux gâteau s'était libéré de sa molaire. Long n'était pas venu pour rien car il lui avait permis de prolonger un peu son succulent repas. Après avoir avaler avec lenteur, Mark reprit les rênes de la discussion.

« Vous souhaitiez me demander quelque chose d'autre, Mr Long ? »

Edmund était particulièrement nerveux alors qu'il termina son mea culpa à son professeur. Malgré les circonstances atténuantes des gâteaux enchantés — ou plutôt empoisonnés : les deux étaient synonymes pour le Poufsouffle — il n'en avait pas moins insulté l'adulte de la plus insolente des manières. Peut-être aurait-il dû plus insister sur le rôle des muffins démoniaques pour s'assurer de n'être pas fâché... ? D'un côté cela aurait été malhonnête, mais de l'autre il ne voulait pas affronter le courroux d'un professeur, et encore moins de celui chargé de la matière dans laquelle ses résultats étaient les plus pitoyables.

Toutes ces pensées avaient traversé son esprit en une petite seconde à peine, et furent immédiatement mises sur le banc quand deux yeux bleus ironiques rencontrèrent les siens par surprise. Instinctivement, l'enfant décala le regard sur la droite pour leur échapper.

Regarde les gens dans les yeux quand on te parle.

Par souci d'honnêteté, il serait nécessaire de préciser qu'il essaya, bien qu'il n'y parvint pas : il était bien trop effrayé par ce qu'il pourrait trouver dans ce regard sans doute sévère.

Lorsque le professeur Dole entama sa réponse, ce fut plus par un étonnement soulagé qu'Edmund releva la tête vers son interlocuteur que par réelle volonté. Son corps, bien qu'encore tendu, se relâcha imperceptiblement tandis qu'il écoutait ce que l'homme avait à lui dire, stupéfait mais ravi.

Il ne lui en voulait pas ! Et il n'avait même pas eu à mentir ! Il se sentait un peu stupide que cette idée ait même pu lui traverser l'esprit.

- Non non professeur ! certifia-t-il rapidement. C'était tout !

Il ponctua son affirmation d'un hochement de tête, appuyant encore plus ses propos, les yeux rivés dans ceux du professeur maintenant qu'il était assuré qu'il ne lui tenait rigueur de rien.

Le jeune Long sembla pressé de s'échapper. Mark se mettait à la place du Poufsouffle qui, depuis deux jours, devait être inquiet de venir s'excuser auprès du professeur et qui n'avait désormais qu'une envie : détaler comme un lapin. Ce n'est pas un Gryffondor, il est excusé, pensa Mark en souriant intérieurement.

« Très bien alors, Mr Long. Je vous souhaite une bonne fin de journée. »

Après un hochement poli de tête, Mark referma la porte derrière le garçon. Cette histoire qui avait commencée par un muffin ensorcelé finissait par la digestion d'un bon morceau de gâteau au chocolat. La boucle était bouclée.

Ceci fait, le professeur de défense contre les forces du Mal se remit au travail. Le cours de lundi n'allait pas se préparer tout seul. Même si c'était de la pratique, Mark savait que chaque détail du cours devait être soigné et rigoureusement cadré pour parer à toutes éventualités. Les élèves de cinquième année avaient souvent besoin d'être canalisé et il aurait assez de choses à gérer pendant ce cours.

Après s'être servi un peu de Bièraubeurre cachée dans une armoire, l'anglais posa son verre bu cul sec et se dirigea vers la réserve située au fond de la salle. À l'aide de sa baguette, il fit sortir de gros matelas colorés qu'il disposa au centre de la pièce. Levicorpus et son contresort Liberacorpus étaient au programme de lundi. Des chutes en cascades attendaient les élèves. La trousse de soins indispensable était elle aussi présente. On n'est jamais trop prudent !

Merci pour ce petit passage Mr Long