Inscription
Connexion

08 mars 2021, 21:02
 Edimbourg  Enthalpie  PV Hjúki Anastase 
Elle demanderait bien un dernier baiser, une étreinte plus prononcée, un geste miraculeux permettant de ne pas signifier la rupture. Mais Circéia le sait, il doit s’en aller. Le moment est venu et elle se refuse à donner d’elle l’image d’une femme qu’elle n’est pas. Durant tout ce temps, elle a montré son intimité comme jamais auparavant un homme n’y avait eu accès. Il ne s’est rien passé entre eux. Au sens physique des mots, deux enfants en sont restés à des gestes d’enfants. S’ils ont défriché des territoires incultes, ils l’ont fait comme s’il s’agissait de la première fois. De son côté, c’est clair, elle n’avait jamais éprouvé ces émotions-là. Ce fut à l’évidence le plus beau jour de sa vie. A peine vingt heures, qui ont duré des jours entiers, chaque seconde fut une éternité. Elle ne regrette rien, ni le mal qu’elle s’est causée ni le don de son coeur. Elle en est persuadée, il est l’homme de sa vie et s’il faut ménager le rythme des saisons, elle l’apprendra. Par chance, son impulsivité n’a pas entamé leur relation naissante. Il aurait pu fuir, quand une inconnue fait de telles déclarations, la peur émerge comme réponse naturelle. Mais pas chez lui.

Cet homme est empli de mystères mais Hjúki est brillant, elle aime ça. Brillant et surprenant, inattendu, un esprit d’escalier qui jamais n’oublie. Il revient à la fin sur la circonférence. Circae medeor. Et s’il l’avait soignée, serait-il venu ensuite chez elle ? L’aurait-il portée ? La proximité effacée du parcours n’aurait sans doute rien provoqué… Une mécanique parfaite, totalement imprévisible. A bien y réfléchir, il s’agit d’un vertige, et un vertige sans fin, pas celui d’un instant… Elle sait qu’elle aura mal, dès qu’il sera parti, l’oxygène manquera, la nausée pourrait poindre. Mieux vaut changer de pièce, se concentrer sur les derniers instants, si importants.

- Vous n’êtes pas prétentieux Hjúki, vous êtes gentil je vous l’ai dit.

Il voulait aider, il voulait essayer. Etre lui, pour elle. Elle pour eux. Parfois, refuser est la meilleure issue, point de facilité ni propos de surface.

- Prenez soin de vous.

… « Mon amour ». Se tient une différence majeure à ne pas dire ces mots. Elle est redevenue la jeune femme réservée, qui jamais ne témoigne de ses élans profonds. Elle ne se pose pas le dilemme de savoir quelle Circéia il veut. Elle le lui a dit déjà et pense qu’il ne faut pas trop insister… laisser le temps. Mais en elle, ce sentiment est déjà très puissant, des pensées noires et stupides la traversent, l’inquiétude. Elle n’est pas encore habituée à gérer la situation, l’effort de ne pas montrer est le mieux qu’elle puisse faire.

Il a le livre, s’il emportait aussi un peu d’elle, un cheveu, ce serait bien. Elle se trouve ridicule de prêter importance à des superstitions. N’est-ce pas le premier stade de la jalousie ? De tous les poisons de la vie, c’est l’un des plus amers. Aimer trop n’est pas aimer, elle doit dès à présent se mesurer. Mais les gens excessifs ont du mal à le faire. Son corps est un bûcher, il la montre au cosmos, la consume et réchauffe. Circéia n’attend rien qu’un homme qui la révèle. Un jour il lui dira ses terres mises en valeur. Elle doit être patiente. En cet instant précis, aucun mot ne pourra la consoler vraiment. Et encore, elle n’a pas affronté le manque. C’est bien simple, il a toujours été là. Mais le gel s’annonce, l’hiver est déjà là, elle sera bientôt veuve. Et ce n’est pas la vie qu’elle a imaginé. Etre seule se tolère si le coeur est éteint. Le sien bat la chamade. Elle s’avance vers lui, lentement, tremblante, espérant retenir encore quelques secondes le passé immédiat.
Il est trop tard, seul le chat fait semblant. Les mains entremêlées, Circéia donne le change, elle se languit déjà du mari qui s’envole.
Qui des deux a donné, qui des deux a reçu ? Enthalpie réciproque.

- Au revoir.
Dernière modification par Circéia Alekhina le 08 mars 2021, 21:12, modifié 1 fois.

Diplômée de l’ISDM => naturellement charismatique.
Vivre sans faire de mal à personne qu'à moi-même...

08 mars 2021, 21:02
 Edimbourg  Enthalpie  PV Hjúki Anastase 
Image
Image

Diplômée de l’ISDM => naturellement charismatique.
Vivre sans faire de mal à personne qu'à moi-même...

08 mars 2021, 23:10
 Edimbourg  Enthalpie  PV Hjúki Anastase 
Il faut rompre, et ce ne seront par d’éternelles prolongations qui les aideront. Hjúki a cristallisé son intention, quelles que seront les prochaines paroles prononcées, ce seront les ultimes, pas d’exception. Une fois le mot de la fin posé, l’auteur n’a pas de raison de tartiner de petits ajouts prêts à prendre l’ampleur de plusieurs pages. Non, lorsque l’œuvre est achevé, les interminables retouches n’apportent que le danger de ruiner un bel accomplissement premier. Certaines suites désastreuses le prouvent bien, capables de gâcher un si beau point final. Inébranlable, rien ne le fera revenir sur cette résolution, autrement ils y seront encore la nuit ; et ce ne sont pas des conséquences qu’il est prêt à affronter, en aurait-il seulement les capacités. Finite, c’est décidé.

Flottant dans le présent, sachant déjà quelle est sa route : prêt à se saisir de la courbe, de la déviation qui l’attend. Il n’a toutefois pas chassé toute l’appréhension de découvrir et d’entendre quels seront ces mots, se serait-il disposé à les recevoir tous sans distinction. Gentil. Il n’est pas… serait-ce une embuscade, une tentative de relancer un débat, sachant leurs dissensions à ce propos ? L’adolescent ne dévie pas de sa ligne de conduite prédéfinie. Il ne tombera pas dans le piège, en serait-ce un.

Ses pensées ne sont pourtant pas soumises à son vœu de rétention et gambadent un peu en fond. Est-on gentil si l’on a le potentiel de ne plus l’être le lendemain ? Est-on méchant quand la rédemption ne saurait être refusée à quiconque ? Elle projette des attentes, une image de lui qu’il n’a pas. Est-ce parce qu’il n’a pas étalé ses vices en sa présence qu’il est bon ? Un être imprégné du vice mais qui le cache habilement serait-il moins vicié ? Croit-elle vraiment que rien ne lui apparaîtra jamais pour ternir le tableau ? En le voyant plus lumineux qu’il ne l’est, elle n’en détestera que plus sa noirceur. Il en est persuadé. Hjúki aimerait tant lui déraciner cette opinion de sa tête, faire quelque chose pour qu’elle comprenne l’éventail multiple de ses nuances. Cela le retarderait ; mais il retient que c’est une œuvre à laquelle il devra s’employer à l’avenir. Déconstruire son image d’un gentil. Se montrer lui-même, normal, sans fausse prévention. Quel étrange filtre a-t-il bien pu obscurcir le regard de Circéia ? Il lui épargne ces pensées, elle n’est pas au même niveau ou à la même échelle que lui à l’heure actuelle et il serait injuste de lui imposer telles réflexions en prenant le risque qu’elle les comprenne au mauvais rythme. Parfois, même une indication de métronome n’est pas une garantie d’uniformité des interprétations : il suffit d’écouter Beethoven d’un chef à l’autre.


« Bien sûr, vous de même. »

Du moins il essaiera, de prendre soin de lui, même s’il n’a pas de protocole bien établi pour la question. Et de prendre soin d’elle, de son souvenir ; car même si elle ne l’a pas formulé ainsi, il l’entend aussi. Révolutionner son temps pour en consacrer une partie à une occupation inédite. L’enchanteresse a enfin choisi ses derniers mots. Elle a choisi la sobriété, l’acceptation en même temps. Il n’est pas question de surenchérir, de chercher à être celui ou celle qui aura offert la plus belle parole. Si leur séparation doit se faire sous l’égide de la simplicité et de l’humilité, ainsi se fera-t-elle. Pas d’ajout superflu, le même essentiel est renvoyé.

« Au revoir. »

Dénouement, enfin. Ne pas exagérer le geste, ni le minimiser. Clore avant que l’épuisement n’invoque la chute sur scène. Il s’éloigne et se dirige vers la sortie, la faisant peut-être pivoter si elle le suit des yeux. La porte s’ouvre et dévoile ce même escalier qu’il a dû grimper la veille, qui lui apparaît sous une toute nouvelle perspective. Le dévaler en sens inverse sera certainement une expérience contrastante. Il se retourne pour un dernier aperçu de leurs visages, de leurs contours, de leurs traits, de leurs Silhouettes. L’esprit ayant déjà commencé à se diriger vers le nouvel rivage qui l’attend, il respecte cette inclinaison de gouvernail en dévalant ces marches, seul pour cette seconde traversée. Ses poumons avide de l’air froid et coulant de l’hiver, d’une fraîcheur extérieure dont il ne semble pas avoir bénéficié depuis une éternité. La bienfaisance des picotements d’Hiver le traverse. Suit-elle cette trajectoire depuis son poste d’observation ? Si tel est le cas, elle le verra esquisser quelques pas sautillantes, presque dansants, comme s’il était sorti de cette clepsydre partagée en y ayant laissé un poids derrière soi au point d’adoucir au moins un peu les préoccupations qui ne tarderont pas à le rattraper. Pas encore. Pour l’heure, il savoure l’instant.

10 mars 2021, 19:25
 Edimbourg  Enthalpie  PV Hjúki Anastase 
La sensation précède toujours la perception. Quant à la réalité… Que faut-il faire alors que la pièce est vide désormais ? Ce fut écrit déjà, juste avant. Mais ce n’est plus. Le silence s’installe, rompu par les pattes de Nikita qui enfin insiste pour entrer, frottant ses coussins contre la vitre. L’étudiante le vit comme la transition vers autre chose. Elle ne sait pas que faire de ce temps, pas de travail obligatoire, rien de motivant dont la réalisation reviendrait à occuper un esprit sentant ce vide le gagner. Elle a envie d’action mais sans sa baguette, le moindre mouvement impose le calcul savant des efforts. Tac, tac… débarrasser la table, l’idée de lui courir après dans l’escalier pour lui hurler ce qu’il sait déjà n’a pas été possible dans le temps dont elle disposait. Décision lente, hésitation, comme au bon vieux temps. Son corps ne la respecte pas, et l’âme à peine plus. Tu es bien faible ma fille, incapable de te contrôler. Quant à savoir s’il partage tes sentiments, avant même de poser la question tu devrais t’interroger sur leur réalité ? Tu dis en être sure, alors il faudra l’assumer. Et la première des conséquences est là, ta perception du manque, immédiate, démoniaque. Tu as donné beaucoup de toi, et fait confiance comme jamais auparavant. En est-il seulement digne ? Tu l’espères mais après tout, c’est un homme que la situation a contraint autant qu’il ne l’a dessinée. Tu es autorisée à être heureuse par ce sentiment apparu. Si tu avais été plus lente, l’amitié serait peut-être la vallée naturelle entre vous. Mais il est possible que cela soit autre chose. Possible mais pas encore certain. Il ne s’est pas avancé autant que toi, d’une certaine manière tu as fait ton travail, avec maladresse par moments mais tu as été l’instigatrice. Si tu le veux vraiment ainsi que tu le dis, il faut aller plus loin. Si c’est un homme de parole, et si pour lui les actes comptent, alors il devrait lui aussi faire un pas, un geste fort qui clarifie la situation. Tu ne pourras jamais être la seule décisionnaire. Et ce serait néfaste. Il doit s’engager. Si tu veux le faire tien, il te faut obtenir cela de lui. Les mal intentionnés verront une manigance, une intrigue. Leur mauvaise interprétation, tu n’y pourras rien. Ce qu’il te faut viser, c’est son coeur. Et si tu as compris que tu es la source et lui la pente alors la rivière irriguera des continents entiers. Tu n’as pas voulu lui dire encore, lui répéter, l’emprisonner ? Mais tu dois, et d’une façon déplaisante à tes yeux. Cela s’appelle séduire, plaire, à toi de trouver le moyen. Etre soi doit suffire, tu as reçu des signes. Apprendre à regarder vraiment, sortir de la contemplation.

Une fois l’appartement rangé, elle décide de se reposer, réglant l’horloge sur une sieste de deux heures au plus. Allongée dans son lit, elle a du mal à se détendre car dans un premier temps, le visage de Hjúki l’obsède. Et Nikita vient se poser contre elle, bouger, se remettre en état par une toilette consciencieuse mais un peu agitée. Au bout de longues minutes, enfin, il se range la tête entre les pattes, roulé en boule, signifiant qu’elle peut elle aussi se laisser aller à dormir. Une vision de lui, la sensation de leurs mains qui se touchent, des frissons reviennent mais finissent par se retirer. Elle s’endort. Et quand elle se réveille, le chat ne bouge pas, l’horloge a fait son œuvre et en quelques minutes, elle est de nouveau opérationnelle. Evacuant les nécessités du lendemain, elle pose sur ce qui est aussi son bureau un encrier. Le papier qu’elle sélectionne est celui qui se consume après lecture. Il devra faire l’effort de bien lire car l’encre s’efface au fur et à mesure, en plus du petit incendie final, détruisant le méfait, un vieux sort familial bien pratique. L’idée qu’il soit obligé d’avoir de la mémoire lui plaît. Circéia réfléchit à ce qu’elle veut dire. Elle a promis ce hibou, il est donc en premier lieu l’exécution d’un contrat. Mais pour elle, c’est forcément bien plus. Elle plonge sa plume dans l’encre lilas foncé et écrit… « Mon aimé,…. »

Le papier utilisé est vert clair et le hibou existe bel et bien. Mais chacun ici doit l’imaginer car son contenu, très intime, demeure dans le secret des dieux sorciers. Vous ne croyiez quand même pas qu’elle vous permettrait d’accéder au plus secret ?

Diplômée de l’ISDM => naturellement charismatique.
Vivre sans faire de mal à personne qu'à moi-même...