[PV : @Élina Clarke, @Scary Limpson et @Craig Devon]

Bouleversement (Troisième année)

Une insomnie. Encore. Comme d'habitude, tu n'arrivais pas à dormir. Tous les soirs tu essayais tout un tas de techniques ridicules comme compter les moutons, s'imaginer sur une plage, boire un grand verre d'eau... Tout cela, c'était facile mais ça ne suffisait pas. On t'avait donné un autre conseil : te vider la tête. Mais comment ça, te vider la tête ? Comme s'il y avait des gens, sur Terre, qui arrivaient à ne plus penser à rien ! Pour toi, c'était impensable. Les pensées fusaient dans ton cerveau à la vitesse de l'éclair, se mélangeaient et t'embrouillaient comme pas possible. Et ce cafouillage était là 24h/24, 7j/7, enfin bref tu ne pouvais jamais te reposer. Alors voilà, on t'avait dit de ne plus penser à rien. Sauf que, même quand on essaye de penser à rien, on pense quand même à ne penser à rien, ce qui fait qu'on ne pense jamais vraiment à rien. Vous me suivez ? Très bien, puisqu'il est temps que je continue mon récit.

Tu t'étais couverte d'un gros pull bleu marine tout en gardant ton bas de pyjama rayé, avais enfilé une paire de converses - celle qui était bleue avec des écritures rouges, pour être exacte - sans même faire tes lacets, attrapé ton sac à dos sans oublier de mettre Madoe dans ta poche. Après tous ces préparatifs qui en réalité ne t'avaient pris que quelques secondes, tu avais finalement quitté ton dortoir vers 2h45, en vérifiant que tes camarades dormaient profondément. Parée ta tenue digne des plus grands couturiers, tu errais en trainant des pieds dans les couloirs du château. Ce qui, en somme, n'était pas très étonnant de la part d'une gamine qui se fichait du règlement et préférait partir en expédition au lieu de rester bien tranquille dans son lit. À cette heure-là, Poudlard était totalement silencieux. Les professeurs comme les élèves dormaient à poings fermés - certains ronflaient même, ou déversaient un flot de paroles dans leur sommeil, oui oui je vous jure que ça existe -, et les rares personnes qui avaient été oubliées par le marchand de sable avaient bien mieux à faire que se promener à une heure pareille. Tu étais donc tranquille.

Après avoir marché pendant une durée que je ne saurais te donner - voyez-vous, quand on songe, on perd totalement la notion du temps, cela fait peur à certains, ce sont ceux qui s'équipent de tout un tas de choses qui permettent de lire l'heure, allant de l'objet le plus pratique, la montre, à celui qui l'est le moins, le sablier - et monté un bon nombre de marches, que je ne saurais te donner non plus - voyer-vous, quand on est trop pris par nos songes, on ne fait plus attention à grand-chose, et encore moins au nombre de pas que l'on a fait ou de marches que l'on a montées ou bien descendues - tu t'étais embarquée sans le savoir dans une tour. C'est alors que tu débarquas, légèrement essoufflée, devant le bureau du concierge, vous savez le vieux bougon qui confisque tout ce qui est marrant et qui envoie les élèves faire des sales tâches pour les punir ? Oui, voilà, je parle bien de lui. Et bien ta balade nocturne t'avait emmenée devant son bureau.

Parfois, elle se demande ce qui la pousse à agir inconsciemment contre le règlement alors qu’elle fait tant d’efforts pour avoir un bulletin parfait, mais pour l’heure, ce n’est pas la question.

Elle s’est levée il n’y a pas si longtemps que ça et avait quitté le dortoir sans grand enthousiasme. Ou, s’était-elle seulement couchée ? Cela n’a plus vraiment d’importance. Ce qui compte, c’est ce qui l’a poussé à sortir de son antre en pleine nuit. Elle ne voulait pas juste prendre l’air, elle voulait comprendre le fonctionnement de la nuit. Pourquoi est-elle si différente du jour ? Pourquoi les gens la craignent. Pourquoi… et d’autres encore.

Alors elle a décidé de mener la première étape de son enquête, car oui, s’en est presque une. L’observation. On apprend beaucoup de cette phase, car on ne peut pas construire de théorie sur un sol branlant qui menace de s’effondrer. Si le plateau d’échec est lui-même placé sur trois piliers, et que deux des piliers s’en vont, alors le plateau tombe et les pions posés dessus tombent dans la foulée. C’est comme ça qu’elle voit son investigation. Mais moi, si je pouvais lui poser une question…



Mais elle n’y prête pas attention. Pour le progrès du progrès pense-t-elle. Elle continue de marcher, traverse des couloirs, des salles, et arrive finalement près du bureau du concierge. Mais là, quelque chose la trouble. Plusieurs fois elle a parié ne trouver personne à cette heure, et plusieurs fois elle a eu tord. Pourtant, il est improbable que quelqu’un d’autre soi ici en même temps qu’elle, et encore moins deux personnes. Alors elle fait ce qu’elle sait le mieux faire ; se questionner, encore et toujours.



Pour autant, les deux filles sont à terre, il faudrait peut-être les aider. Elle allume sa baguette et s'approche de la zone de chute, et pris la parole d'un ton hésitant :

-Euh, vous voulez de l'aide ?

Et voilà pour moi, n'hésitez pas à me dire s'il y a un problème.

Alors que tu traînais depuis quelques minutes à côté du bureau du concierge, te demandant ce que tu fichais dans cette tour et comment tu y étais arrivée, des pas retentirent dans les escaliers en se rapprochant rapidement de ta position. C'était peut-être un adulte ou même le concierge lui-même qui venait pour t'engueuler et te filer une retenue, ou alors un ou une autre élève qui, comme toi, avait décidé d'explorer le château au lieu de dormir bien sagement. Dans tous les cas tu ne bougeais pas, ne cherchais ni à t'enfuir ni à te cacher. Si c'était un élève, tu lui dirais sagement de te laisser tranquille et si c'était un adulte, tu verrais bien. Mais les chances que ce soit la deuxième option étaient moindres, après tout cela faisait deux ans et demi que tu étais à Poudlard, deux ans et demi que tu sortais le soir dans les couloirs, et deux ans et demi que tu rentrais finalement dans ton dortoir sans t'être faite attrapée. À croire que personne ne surveillait ce qui se passait ici, mais à vrai dire c'était tant mieux.

Soudain, tu aperçus une ombre arriver à la vitesse de l'éclair et, avant même que tu ne puisses repérer qui ça pouvait être, celle-ci te fit tomber à la renverse. Quelques secondes plus tard tu rouvris les yeux, sentant ton corps étalé contre la pierre froide et une présence à côté de toi. Te redressant pour t'assoir par terre, tu portas ta main à ta tête pour frotter l'endroit de ton crâne qui te faisait mal et dirigeas ton regard vers la cause de ta chute. C'était une élève qui paraissait un tout petit peu plus jeune que toi, une deuxième année surement. Elle aussi gisait sur le sol. Tu l'analysas en un rapide coup d'oeil. Elle était brune, avait des cheveux longs et une peau plutôt pâle - bien que le peu de lumière compliquait ton observation - et portait un uniforme de Serdaigle. Apparemment, elle était désolée. *Encore heureux, elle a de quoi. Non mais quelle gourde celle-là.*

Mais tu eus à peine le temps d'ouvrir la bouche qu'une autre voix se fit entendre. Alors comme ça, vous n'étiez pas deux mais trois à vous être retrouvées exactement au même endroit à la même heure, et donc trois à avoir ignoré le règlement la même nuit ? Quelle coïncidence, toi qui n'avais quasiment croisé personne de toutes tes sorties, tu te retrouvais avec une double compagnie d'un coup. Tu tournas rapidement la tête pour voir à qui tu avais à faire. Une gamine, qui n'était visiblement pas très âgée non plus. Elle aussi avait les cheveux bruns et longs, et comme l'autre, tu ne l'avais jamais croisée, enfin du moins tu n'avais pas enregistré son visage dans ta mémoire. Alors que l'aiglonne t'avait faite tomber, celle-ci proposait son aide, ce qui était fort aimable sauf pour les gens comme toi. Jetant un regard agressif aux deux filles, tu te relevas d'un bond et frottas tes habits comme pour les dépoussiérer, ce qui était particulièrement ridicule.

Alors que tu t'apprêtais à filer rapidement pour ne pas avoir à te coltiner les deux brunes, tu eus une inquiétude soudaine. *Madoe !* Et s'il avait été écrasé sous ton poids, suite à la chute ? Il y a un an de cela tu aurais été bien contente, mais désormais tu avais appris à apprécier sa compagnie et ne pouvais nier qu'il te manquerait s'il venait à disparaître. Tu plongeas donc ta main dans ta poche droite pour vérifier qu'il bougeait encore mais... rien. Il n'était plus là. Paniquée, tu regardas partout autour de toi. Aucun signe de Madoe, le petit lézard avait bel et bien disparu. Il était certainement tombé lui aussi à cause de l'autre gourde alors il ne devait pas être bien loin, mais dans ton élan de panique tu demandas aux deux gamines qui se trouvaient maintenant avec toi si elles ne l'avaient pas aperçu.

"Euh, vous auriez pas vu un lézard par hasard ?"

Alors que la fillette se relève tant bien que mal, une petite voix lui parvient à l'oreille. *Pas besoin d'aide, non* Pourtant elle n'ose pas prononcer un mot, préférant secouer la tête en signe de négation. Ses paumes sur le carrelage froid, l'enfant se relève péniblement tout en prenant ses distances avec l'autre fille, afin de ne pas la bousculer davantage. *Une fois c'est déjà trop* Les deux pieds au sol, elle prend finalement le temps d'observer ses deux camarades de la nuit, cachant du mieux qu'elle pouvait la surprise de se retrouver autant au même endroit, un soir alors que le couvre-feu avait sonné depuis déjà bien longtemps. Parmi ses nombreuses escapade nocturne, elle n'avait que rarement croisé âme qui vive et dans le pire des cas, une seul autre personne lui tenait compagnie, mais deux. *Jamais arrivé*

Mais bon, elle ne pouvait rien y faire, en tout cas, pas dans l'immédiat, alors du mieux qu'elle peut, elle détaille ses deux interlocutrices. L'une à l'uniforme rouge, à l'autre au jaune. L'une rousse, l'autre brune. Une plus jeune et une plus vielle. La fillette aurait pu continuer ainsi pendant longtemps, détaillant les différences entre ces deux filles, mais la rousse, celle qu'elle avait bousculé par sa maladresse *Bravo* leur adressa finalement la parole. La fille cherchait un lézard. *Mais qu'est-ce qu'un lézard fait ici ?*

En haussant mentalement les épaules, elle tourna sur elle-même, scrutant la noirceur des yeux, pour finalement ne rien obtenir. *On voit rien dans l'noir* En écho à sa propre pensée, elle sort sa baguette et murmure doucement pour ne pas perturbé le silence :

-Lumos !

Par magie, une légère lumière éclaire le couloir dans lequel les trois filles ont pris rendez-vous sans même le savoir. Elle déplace sa baguette afin d'éclairer le sol et s'exprime finalement en s'adressant aux autres.

-Comme ça, on aura plus de chance de le trouver.

Un court instant, elle observe les deux autres tentant vainement de discerner le pourquoi de leur déplacement. Parfois, elle se dit que peut-être que le hasard existe réellement et qu’il n’a pas été inventé par les hommes que pour trouver une explication facile aux situations étranges. Mais en même temps, qui peut prétendre le savoir ?



Peut-être dans un futur plus ou moins proche deviendra-t-elle celle qui aura découvert ce qui se cache derrière ce mot porteur de confusion. Cela aussi, c’est peu probable. Cependant, il semblerait qu’il y ai un problème plus urgent à résoudre, à savoir la disparition d’un lézard. Elle essaya de s’imaginer ce que représente ce lézard pour la fille qui a été bousculée. Un compagnon ? Un ami ? Ou plus encore ? Mais l’autre, l’aiglonne réagit vite et commence à chercher le lézard avec sa baguette.



Vite, elle se met à réfléchir. De toute évidence, il n’a pas pu aller bien loin. À moins que …




Excellente question, mais surtout, ses pattes lui permettent de s’agripper aux murs. Voyant que les recherches en cours étaient concentrées sur le sol, elle se dit que leur équipe, si on pouvait appeler cela comme ça, n’avait pas beaucoup de chances de réussir si elle continuait de chercher sur une surface aussi réduite.



Voilà qui l’agace. Quand elle pense à toute la surface qu’elles vont devoir couvrir, elle ne peut s’empêcher de penser aussi à ses recherches à elle qui vont devoir attendre. Et la patience, ce n’est pas son fort. Pour autant, maintenant qu’elle est là, elle ne peut pas lâcher les deux autres aussi facilement. Elle va devoir les aider, quitte à perdre toute sa nuit elle n’abandonnera pas. D’ailleurs, ce ne serait pas la première fois qu’elle passe une nuit blanche dans les couloirs du château, alors où est le problème ? C’est simple, il n’y en a pas. Mais autant que ce lézard soit retrouvé rapidement.

On devrait peut-être chercher sur les bas des murs aussi. Après tout, un lézard sait grimper.

Elle commença à éclairer le sol de la lumière de sa baguette.

La fille qui t'avait bousculée réagit rapidement et alluma sa baguette en deux secondes trente grâce au fameux sortilège lumos. C'est vrai qu'il était bien pratique, celui-là. Tu l'avais appris en deuxième année, en cours de sortilèges. Au fait, c'était une matière que tu aimais bien, enfin plus que les autres en tout cas. Les sorts étaient tellement différents les uns des autres qu'ils te fascinaient presque. Et puis tu étais douée. Il fallait dire que sans jamais t'entraîner toute seule, tu réussissais avec brio la partie pratique de chaque cours. D'ailleurs, tu étais douée en Défense contre les Forces du Mal également. En fait, tu maniais plutôt bien la magie, et c'était d'ailleurs dommage que tu te contre-fiches de ta scolarité car tu aurais pu être une élève brillante, si tu avais fourni quelques efforts.

Enfin bon, ce n'était pas le sujet. Là, maintenant, tu étais avec deux jeunes filles devant le bureau du concierge au milieu de la nuit, mais surtout tu avais perdu Madoe. Pourtant, ce n'était pas dans les habitudes de ton petit lézard de s'échapper, puisqu'il n'avait jamais essayé. Il était plutôt calme et casanier d'habitude, il n'aimait pas du tout l'aventure et ne partait jamais loin de toi. Il passait ses journées dans ta poche ou dans son terrarium, mis à part pendant les petites sorties qu'il s'autorisait lorsque vous étiez seuls. Tu plongeas de nouveau ta main dans ta poche, comme pour vérifier que l'animal était bel et bien parti dans la nuit. *Et merde* C'était certainement la chute qui lui avait fait peur. Madoe n'aimait pas les situations un peu effrayantes ou stressantes, alors il s'était sûrement enfui. Mais où ? Telle était la question.

Ni une, ni deux, tu sortis ta baguette et allumas le petit bout de bois à l'aide du sortilège lumos, à deux vous éclairiez davantage et pouviez donc chercher plus efficacement. Tu commenças à chercher Madoe des yeux, avant de te tourner vers les deux filles. Ce n'était pas faux, ce que la brune avait dit. Un lézard, ça pouvait grimper, alors il faudrait aussi vérifier les murs. Ta voix résonnait dans le couloir lorsque tu t'adressas à tes camarades.

"Bon. T'as pas tort, la brune. On va commencer par là, non ? Il a pas dû partir bien loin, juste dans un endroit où il se sent à l'abri de la chute, je pense que c'est ça qui lui a fait peur."

Alors que la lumière de sa baguette éclaire le couloir où le destin les a mené, l'inconnu arrivé après sa bousculade leur propose de chercher sur le bas des murs plus qu'en plein milieu de l'allée. *Elle a pas tord* En haussant les épaules, elle se dirige sans un mot vers la jonction des murs et du sol, espérant retrouver la créature de la rousse. Déjà qu'elle se sentait coupable de l'avoir bousculé, elle n'avait pas envie de recevoir sa colère si elle ne parvenait pas à retrouver son compagnon. Elle-même ne saurait pas quoi faire si Loria fuyait ainsi alors qu'elle aurait besoin d'elle.

La voix de la propriétaire au lézard fuyant lui parvient et rajoute un poids sur ses épaules. *C'est sur que c'est la chute, quoi d'autre ?* Une énième excuse tente de s'enfuir de ses lèvres, mais pour une rare fois, elle retient les mots qui lui vienne en tête, la fille n'a pas besoin de ça pour l'instant, il fallait retrouver son lézard, point final. Alors que cette constatation lui parvient, elle continue ses recherches avec une nouvelle détermination, s'imaginant chercher sa chatte plutôt qu'un simple lézard inconnu, ça l'aidera peut-être.

-T'inquiète, on va le retrouver.

Elle n'avait pas d'autre choix en fait, c'était la seule façon d'espérer se faire pardonner. À deux, elles éclairaient davantage et si elle se séparait, elles couvriraient plus de terrains.

-Deux d'entre nous devrait chercher sur les murs et l'autre au sol, on ira plus vite comme ça.

Elle espérait avoir raison, elle n'avait pas de meilleure idée. La seule chose qui pourrait peut-être fonctionner, c'était Accio et à ce qu'elle savait, le sortilège d'attraction ne fonctionnait que sur les objets inanimés, alors à moins que son lézard soit une simple peluche, selon elle doutait, ça ne marcherait pas.

Les deux autres filles semblent approuver son idée. Pour une fois qu'elle peut mettre tout ce qui fourmille dans sa tête, autant que ce soit utile. Cependant, la surface à couvrir est tout de même très grande, et les recherches risquent de durer un paquet de temps si elles ne s'organisent pas mieux. Alors qu'elle allait proposer un plan, la fille Bleue pris la paroles pour en proposer un.
La Rouge fut bien forcée d'admettre que la proposition de l'autre était bien meilleure que celle qu'elle avait en tête. De toute façon, il n'y avait pas cent milles solutions ; il fallait juste ouvrir grand les yeux et ne laisser rien passer.

L'envie d'en finir au plus vite avec ces histoires la fit répondre rapidement pour commencer ses observations sitôt fait :

- Bonne idée, ça me semble bien. Je commence à m'occuper du sol, s'il est encore dans les parages, y a pas de raison pour qu'on le retrouve pas !



Après ses quelques paroles encourageantes plus pour elle-même que pour les deux autres, elle se pencha et se mit à quatre pattes sur le sol. Ses paupières fatiguées lui tombaient sur les yeux, et lorsqu'un baillement voulu sortir de sa bouche, elle ne pu le réprimer aussi bien qu'elle l'aurait voulu.

Elle reporta l'entièreté de son attention sur la lumière provenant de sa baguette qui éclairait les pierres. Elles étaient à la fois les mêmes, et à la fois différentes. Grises, pour sûr, dures, et rêches, mais elles avaient toutes leurs particularités bien à elles.
La zone blanche en éclaira une, puis deux, mais partout où se portait son regard, il n'y avait aucune trace du fameux lézard tant convoité.



Elle tenta de se rassurer un peu. Après tout, le sol ne représentait qu'une infime partie du périmètre de recherches, et elle n'avait encore pas tout explorer. Jusque là, rien d'alarmant. Si dans une heure toutes leurs investigations échouaient, là il faudrait se poser des questions.

Tes deux camarades s'étaient mises à chercher sans broncher. La blonde avait proposé un plan, et la brune l'avait appliqué. Ainsi, celle-ci s'était mise à quatre pattes sur le sol pour chercher ton foutu lézard, éclairée par la faible lueur de sa baguette magique et visiblement très fatiguée puisqu'elle baillait. Mais à vrai dire cela ne t'étonnait pas, puisque vous étiez actuellement en haut d'une tour du Château en plein milieu de la nuit, et en réalité tu ne savais même pas s'il était 1h ou 4h du matin. Voilà une raison de plus qui montrait la gentillesse, si je peux appeler ça comme ça, des deux fillettes. En effet, dans la même situation, tu te serais certainement barrée en courant sans te soucier d'un animal fuyant que tu ne connaissais pas, toi, gamine égoïste que tu es. Mais elles, elles restaient, et elles cherchaient. Le comportement de la brune t'étonnait davantage puisqu'encore, la blonde t'avait bousculée et c'était de sa faute si Madoe avait eu peur, mais elle, la petite, elle n'avait rien à voir là-dedans et aurait très bien pu faire comme si elle n'avait rien vu, et s'éclipser discrètement.

"Ok, la brune. Avec la blonde, on s'occupe des murs."

Tu partis dans le sens opposé de la gamine accroupie sur le sol et levas les yeux en même temps que ta baguette. Le Sortilège lumos était pratique, certes, mais il ne permettait pas non plus d'éclairer une grosse parcelle de pierre. Cependant, tu n'avais pas envie que vous vous fassiez remarquer parce que tu avais lancé Lumos Maxima. Ainsi, tu avançais lentement, scrutant chaque centimètre du mur afin d'être certaine que le lézard ne t'échappe pas des yeux. Madoe ne devait pas s'être caché bien loin, il fallait simplement trouver un petit recoin un peu à l'abri, dans lequel l'animal aurait pu se nicher. Mais pour l'instant, rien en vue. Rien du tout. Seulement des pierres grises, alignées les unes avec les autres et liées par une mixture blanche qui était devenue grise avec le temps. Tu posas ta main sur le mur. La surface était froide, et imparfaite, ce qui était dû à certaines pierres qui avaient voulu faire les rebelles et s'étaient avancées pour qu'on les remarque bien - non mais quelles gamines celles-là. Tu continuais ensuite de chercher, et à mesure que tu avançais, ta paume de main glissait sur ces pierres.

"Alors ? Vous trouvez quelque chose ?"