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25 nov. 2021, 19:00
Libres comme l'air
Le Soleil s'est levé, à présent ; il se détache nettement de l'Horizon piquer le ciel de sa grandiose lumière. Le ciel bleuit depuis son brouillard, peut-être à la fois gêné, et honoré par le cadeau somptueux que lui fait l'astre du Jour par sa présence ; je m'interroge.
Tout resplendit ; la journée sera belle. Sans cesser de courir non loin de ma camarade, je pose mon regard partout, pour m'emplir de la beauté simple qui m'entoure à ces instants suspendus par la vitesse, et pour dissiper la douleur lancinante qui s'installe entre mes côtes, profondément ancrée dans mon ventre. Je respire amplement, inhale l'air froid de ces prémices de printemps, puis l'exhale en d'imperceptibles volutes de vapeur ; je tente d'oublier ce *foutu point de côté*.
J'écoute le silence que nous embrasons, deux gamines sous l'aube de l’Écosse, je m'y repose ; le silence est une valeur rare, ici. Je suis fascinée, comme hypnotisée par la magnificence de ce matin ; le monde est étincelant, on le dirait si élégant, construit de poussières d'étoiles que j'ai presque peur de le déranger par nos mouvements vifs, bien que légers.

Cela fait un tour que nous parcourons à deux, à une allure soutenue malgré la petitesse de la première année, son rythme compense ce défaut et je ne musèle pas mon énergie pour me maintenir à son allure. Mes pieds traversent l'herbe humide, et je devrais sans doute imperméabiliser mon pantalon avant de rentrer en cours, mais je n'y accorde pas d'attention. Quand je cours, tout est plénitude et aujourd'hui cette sensation est partagée. L'absence de solitude n'est *pas toujours malvenue*. Comme en écho à cette pensée, la Rouge fait halte, reprend son souffle avant de m'annoncer que, déjà, c'est fini ; elle doit y aller. J'étouffe la déception qui pointe en moi, je me raisonne. Je ne peux pas lui en vouloir de m'abandonner ainsi mais, le temps a filé si vite ! L'instant s'est enfui, et me laisse morose. J'aimerais lui dire que l'on peut encore courir, toujours plus, sans s'arrêter, peut-être jusqu'à s'envoler, j'aimerais lui dire qu'on est libres, mais je ne peux décemment faire ça, surtout que cela serait faux. On est jamais tout à fait libres, et lorsque l'on nomme la liberté, ce mot nous tient captifs, incapables de s'en détacher.
Alors j'acquiesce de la tête en un signe d'assentiment contraint, je lui souris avec chaleur en lui lançant, tandis qu'elle s'éloigne en direction du Château :

De rien, c'était génial ! On pourra le refaire ensemble !

Elle croit sans doute que je compte la suivre, mais je me détourne des bâtiments, et m'avance vers le Lac. Les Aiguilles de ma montres m'indiquent que dix-sept minutes me séparent du premier cours ; je ne perdrais pas une miette de ces fragments de Temps, et alors que tous les élèves se dirigent sûrement vers leurs classes respectives, je me laisse choir sur la berge, les genoux repliés vers ma poitrine, et mon regard vagabonde — entre l'écume et les nuages.


F·I·N


@Niki Nastira, me voici, enfin. Ce fut un plaisir d'écrire Felicia ainsi, avec toi !

évanaissance