Le temps qui s' écoula entre l'envoie de ton hibou et sa réponse te paru une éternité. Au début de vos échanges, tu voyais plus cela colle un jeu, à présent c'était devenu une sorte de nécessité de la plus haute importance. Sa réponse te laissa encore plus perturbée que la précédente. *Elle m'aime pas* Tu sentais que ses mots étaient écrit d'une façon dure. Comme si t'écrire était barbant. Comment pouvait-elle savoir que tu n'étais pas un monstre ? *Elle ne me connaît pas. Elle n'a pas son mot à dire* Une petite voix en toi te suggérait de déchirer sa lettre, et de ne plus jamais lui répondre, mais la curiosité grandissante l'emporta. Tu avais l'impression d'en découvrir à chaque lettre un peu plus sur Stone. Alors tu pris pris ton parchemin et tu écrivis.



Tu la relue plusieurs fois avant de la donner au hibou, qu'il réparti immédiatement. *Sans remords*

Elle croit être un monstre.
Elle en est persuadée pourtant je suis sure qu’elle se trompe.
Je sais ce que c’est qu’un monstre.
Mais ce n’est pas ça.
Un monstre c’est quelqu’un ou quelque chose qui brise les gens.
Qui les détruit, mais sans qu’il ne le veuille vraiment.
Alors je ne suis pas sure qu’E soit un monstre.
Lorsque je reçois sa lettre, je n’ai pas envie de répondre car j’ai peur.
Alors que j’essaie de ne plus avoir si peur, je prends ma plume et rédige une réponse.
Ou du moins un semblant de réponse.

E,
Je ne veux pas mettre fin à nos échanges car je sais que cela ne changera rien.
Je sais que t’es pas un monstre. Car un monstre c’est pas ça.
J’en connais un monstre, moi.
C’est celui qui lui a prit la vie et qui a brisé des personnes aux passages.
Qui a détruit des vies en en prenant une autre.
J’ai tenté de retrouver mon père mais je crois qu’il m’a trouvé en premier.
Et qu’il me hante comme s’il cherchait à expliquer quelque chose que je ne sais pas.
Aide moi si tu sais comment faire.
Sinon n’essaie même pas.

J’envoie la lettre.
Sans savoir si c’est une bonne idée.
Mais au moins elle saura, elle saura ce qui m’arrive.
Même si elle ne me connaît pas.

@Erza McGowan

Tu attends sa lettre impatiemment. Comme toujours, à présent. Il ne passe pas un jour sans que tu viennes à la Volière vérifier le hibou familial. Tu sens la fin de l'année approcher à grands pas, tout comme les examens. Tu n'as pas spécialement envie de réviser, alors tu passes le plus clair de ton temps dehors, à te promener aux abords du Lac, ou à t'assoupir aux pieds d'un arbre dans le Parc. Quelques fois, on peut te trouver dans les dortoirs, mais tu les évites depuis quelques temps. Souvent, tu relis tes précédentes lettres. Tu vois, à quel point tu as changé. Tes Mots ont changés, les siens aussi, mais tu le remarques moins. Vos conversations ont dérivées. C'est étrange. Un beau matin, tu as trouvé sa lettre. Tu t'es donc empressée de l'ouvrir.

Elle a enfin laissé parler son esprit. Elle a parlé toi simplement. Son père. Comme le tien. Lui aussi y hantes. Sûrement pas de la même manière que Stone, mais tout de même. Tu n'hésites pas une seconde et tu empoignes Plume et parchemin avant de lui répondre.



Tu lances le hibou afin qu'il s' envolé precipitement. *Vole petit hibou, vole.*

Pourquoi je lui ai raconté ça ?
Je ne sais pas qui elle est.
Je ne sais pas à qui elle ira répéter ces choses.
Et si tout cela n’était qu’une blague ?
Et si cette personne,
Et si cette E,
Elle savait qui je suis ?

Je reste troublée toute une semaine.
Je ne fais que penser à ce parchemin que j’ai envoyé à un inconnu.
Je ne fais que penser au fait que je me suis dévoilée, comme ça, comme si tout était absolument normal.
Pourtant, non.
Rien n’est normal.
Je vois des ombres, non, c’est pas normal.
Je suis complètement détraquée.

*Je suis complètement détraquée.*
Cette pensée me hante.
Comme cette ombre.

Une semaine que j’attend la lettre de E.
Pourquoi elle a choisit la lettre E ?
Il y’a 26 lettres et elle a choisit la lettre E.
Ça doit être un indice, j’en suis sure.
C’est alors qu’un pigeon, ou je ne sais quoi me fonce dessus.
Je me prend un oiseau dans la figure et je me surprends à parler toute seule:

- Saleté de pigeon ! Pff, mais c’est quoi ct’ oiseau !

Ce n’est qu’après quelques secondes que je remarque que ce n’est absolument pas un pigeon, et que je remarque la lettre accrochée à la patte de l’oiseau.
J’ouvre la lettre et je la lis en quelques secondes.
Je ne dis rien.
E propose qu’on s’aide.
Qu’on s’aide.
En fait, c’est elle la détraquée.
Ce n’est pas moi.
Je décide de répondre vite, car je veux comprendre des choses.
Pourtant il n’y a rien à comprendre.



Je ne signe plus. Je n’ai plus besoin.
La personne comprendra.
Elle comprendra que c’est moi.

Je grimpe les escaliers qui me mènent à la Volière, mon visage éclairci par les doux rayons du Soleil. Les beaux jours ont fait leur apparition et malgré la période d'examen qui commence Poudlard est habité d'une onde joyeuse depuis hier. Je viens voir si Stone m'a répondu. Je ne vis plus que par nos lettres - j'exagère certes un peu mais quand même - et j'espère chaque jour recevoir sa reponse. *Qui es-tu Stone* ? À chacune de ses réponses j'ai l'impression d'en savoir un peu plus sur iel. J'avais besoin qu'iel m'aide, j'étais persuadée qu'iel pourrait répondre à mes questions. Alors je poussais la porte de la Volière, la voix d'une fille huant un oiseau - un pigeon ? - attire mon attention. Je tourne la tête et je distingue une fille de ma promo. Sans plus y prêter d'attention, je m'avance vers l'endroit où se trouve le hibou qui nous sert à échanger nos lettres. Je ne trouve pas de hibou malheureusement... Un autre piaf s' envole emportant avec lui une lettre, tandis que l'*Autre* a quitté la pièce. J'observe l'oiseau voler et alors qu'il fait demi-tour mon cerveau recommence à réfléchir. L'*Autre* c'est Stone. J'arrache la lettre au vol évitant de justesse de me prendre le hibou et je me précipite dans les escaliers pour rattraper Stone. *Léna tu veux dire*. Je l'aperçois et je la hèle :

- Lénaaa ! Stone !

Je dévale les marches qui me séparent de ma camarade afin de la rattraper. Une certaine excitation m'anime. Stone. C'est donc Léna. J'avoue ne jamais avoir émis l'hypothèse que ce serait une fille de mon âge. Je me plante devant elle et plonge mon Regard dans le sien. Je brandis la lettre en étendard - lettre que je n'ai pas encore lue accessoirement - et j'attend une quelconque réaction de sa part.

À peine ai-je jeté le hibou auquel était accroché ma lettre, que celui-ci fait demi tour.
Je remet ma plume dans ma poche.
Je range le livre -emprunté à une librairie moldue- me servant de support, dans mon sac. C’est un livre très intéressant, présentant les différents calendriers lunaires et les phases de la lune.
Puis je m’apprête à partir.
Le hibou, d’une jolie couleur rousse, se met à pousser des petits cris, comme un pigeon pourrait roucouler, tout en faisant demi-tour.
Je ne cherche pas à comprendre pourquoi il fait demi-tour et continue mon chemin.
C’est alors que j’entends des bruits de pas, venant de derrière moi.
Je continue à marcher, au pas de course, jusqu’à ce que j’entende mon prénom.
C’est une voix enfantine que je connais.
C’est la voix d’une Serpentard, elle se nomme Erza.
Elle déteste les gens comme moi.
Les gens qui n’avaient, au départ, aucun pouvoir.
Les moldus.

Puis une à une, toutes les pièces du puzzle s’assemblent dans ma tête.
L’auteur de ces lettres, c’est Erza.
Depuis le début, je parle avec une élève qui déteste les personnes comme moi.
Je savoure la douce musique du silence qui s’était installé avant d’ouvrir ma bouche et de lui répondre.
Le temps que je formule ma phrase, on aurait eu le temps de compter combien de libellules volaient dans la pièce.
En l’occurrence, il y’en avait deux petites.
Quand le silence s’installe, j’aime observer autour de moi.
Pour mieux comprendre.

- E. C’est toi ? J’y aurais pas cru.

Je farfouille dans mes poches, sans vraiment chercher quelques choses.
Juste pour ne pas qu’elle voit que je ne sais quoi dire, et que je suis apeurée.
Je retrouve un emballage d’un chocolat de Pâques décorés d’une étoile verte.
Je reste planter là, comme une imbécile, à regarder Erza.
Je n’ai pas envie de placoter, ou encore d’argumenter avec elle sur des sujets, mais j’ai peur qu’elle se mette à m’agresser sur mon statut de sang.
Je la fixe dans les yeux, en attendant sa réponse.

@Erza McGowan, mots en gras pour La Foire Des Lecteurs

Je n'arrive pas à réaliser que Stone est Léna. Léna est Stone. Et dire qu'à un moment j'ai même cru à c'était Fred... Léna la née moldue. La fille qui est à l'écart de tous le monde. La Bleue encore plus perchée que la tour dans laquelle se trouve sa salle commune. Je devrais la détester encore plus à partir de maintenant, pour toutes ces raisons, mais aucun son ne sort de ma bouche. Qu'est-ce que je suis sensée faire en ce moment même ? *Commence par lire la lettre espèce de débile.* Je la parcours en quelques secondes avant de relever mes yeux pour les plonger dans ceux de Léna.

— Si Ça peut t'rassurer, j'aurais jamais pensé non plus qu'ça puisse être toi. Je replonge mes yeux sur la lettre avant d'ajouter d'un air sincère. J'suis désolée pour ton père.

*Enfin pour l' fait qu'il soit parti quoi.* Nous restons donc là, à nous regarder comme s' il n'y avait que nous. Je repense à chacun de nos mots. Tout ce que nous nous sommes dit depuis le début. Jamais je n'aurais dit tout ça si j'avais su qui était Stone. Je suppose qu'elle aurait fait la même chose. Pourtant, c'était la condition. Écrire sans nous connaître. C'était la condition et nous l'avons acceptée, toutes les deux nous étions d'accord. Nous ne pouvons pas dire, maintenant que nous savons qui est l'autre, que tout ce que nous nous sommes dit ne vaut plus rien. Nous ne pouvons tout bonnement pas.

Je reste là.
Elle reste là.
Nous nous fixons pendant plusieurs secondes dans le blanc de nos yeux.
Je ne sais pas ce à quoi elle pense,
Mais je sens que nos mots sont là, quelque part, coincés,
Sans que nous sachions où.
Je vois l’enfant lire rapidement ma lettre.
Je ne sais pas comment elle a compris, que c’était moi.
Mais je ne pense pas que ce soit l’occasion de poser la question.
Puis, je la vois ouvrir sa bouche.
Une flopée de mots sort de sa bouche.
Elle est désolée.
Pour toi, papa.
Elle est désolée.
Je ne sais pas ce qui me prend mais je lui dis :

- À quoi bon être désolée. Je me le suis longtemps demandé. Mais il s’avère que je n’ai jamais trouvé une réponse à cette question. J’ai fini par arrêter de me poser cette question. Ça me servait plus à rien, t’sais ?

On reste là.
J’ai arrêté de me poser cette question mais des centaines d’autres sont toujours sans réponses, et des centaines d’autres trottent encore dans ma tête.
Des centaines d’autres qui ne sont pas encore parties et qui ne partiront jamais.

~

Je lui ai dit des choses que je n’ai jamais dite à personne.
Je lui ai dit tout.
J’ai peur qu’elle aille le répéter.
Je connais sa réputation.
Elle n’aime pas les gens comme moi.
Je n’ai jamais vraiment su pourquoi.
Je brise alors le silence qui s’était installé, en prononçant ces mots :

- Pourquoi tu les aimes pas, les gens comme moi ? Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ?

@Erza MacGowan et voilà, à toi ! Excuse moi pour ce retard …

J'ai peur je crois. J'ai peur pour elle. Pour ce qu'elle m'a dit. Ses mots me reviennent tous en tête. J'ai toujours pensé, égoïstement que personne ne vivait quelque chose de pire que moi. Lorsqu'elle m'a parlé de Lui, son père, j'ai cru que c'était Fred. En soi, je n'avais pas totalement tort. Il est parti. Il nous a abandonné, et tant mieux. Je n'en peux plus de Lui. De ce souvenir qui me ronge de parts en parts. Il est toujours là, tapis quelque part au fin fond de mon être, prêt à ressurgir lorsque je serai au plus mal. Lorsqu'il pourra enfin me faire chuter à tout jamais. Sa réponse m'accable encore plus. Elle a vraiment abandonné. Elle se laisse happer par Lui. Je la saisis brutalement, sans vraiment le vouloir, et lui rétorque.

— T'sais, t'as pas l'droit de faire ça. T'as pas l'droit d'abandonner. On s'dit tous que c'est plus simple. Qu'il n'y a rien de mieux à faire. Qu'on peut plus lutter. Mais on peut toujours. C'est pour ça qu'on est encore là, toi, moi, et p'têt d'autres.

Un grand silence s'installe suite à mes mots, et pourtant, je ne l'ai toujours pas lâchée. Me suis-je seulement rendue compte que j'avais resserré mes mains autour de ses bras ? Le Silence. Il n'existe pas. Il y aura toujours, — je crois — quelque chose. La Voix sûrement. Peut importe quoi que je fasse, quoi que je dise, quoi que je veuille, elle sera toujours là je le sais. Je suis extirpée de mes pensées par la voix de Léna. Sa question me percute de plein fouet. Elle me coupe la respiration comme le ferait un coup de poing en plein dans mon estomac. Par réflexe, ou que sais-je encore, je lâche ses bras et vient porter les miens autour de mon ventre. Pourtant il ne s'est rien passé. Je respire encore. *Sérieux Léna, qu'est-ce que tu veux que j'te réponde*

— ... T'as pas l'droit d'me poser cette question Léna. J'peux- j'peux pas t'répondre je-

Je quoi ? Je. Ne. Sais. Pas. Léna. Je ne sais juste pas.