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28 mars 2021, 12:45
La Magie en Asie  Projet Collab' 
Au cours du mois de janvier 2021 jusqu'à la mi-février, les élèves et professeurs des quatre maisons de Poudlard ont été mis à contribution pour proposer un projet commun sur le thème suivant : "La Magie en Asie". Quelle meilleure période que celle du nouvel an chinois pour aborder la magie en Asie? Cette fois, la durée de préparation du projet encyclopédique à été rallongée de deux semaines afin de permettre aux maisons d'aborder le sujet avec plus de sérénité et de dissocier la date de rendu de la période chargée des fins de mois. Durant le mois de mars, la direction a évalué ces différents projets afin d'établir un classement et de récompenser les quatre maisons de Poudlard pour leurs travaux.

Voici leurs travaux.

24 ans inRP
Benjamine de la Pédagogie, Championne du Tournoi des Trois Sorciers, Rôtisseuse de Sang-Pur (BBQEAF), coeur du KEN et Briseuse de Rêves. La fille du FEU!
¤ Ne sous estimez pas les griffes du blaireau parce que sa fourrure vous semble douce ¤..
28 mars 2021, 12:49
La Magie en Asie  Projet Collab' 
GRYFFONDOR

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Chapitre 1 : La mystique des connexions | Pakistan
Reducio
||Chapitre 1 ~ La Mystique des connexions | Pakistan||


Très chère Angeline,

Un petit oiseau m’a informé de la situation particulière dans laquelle tu te trouvais. Tant de mauvaises nouvelles à une époque comme la nôtre… Sache que tes proches et toi-même, avez toute ma compassion.

Il se trouve que j’ai une potentielle opportunité pour toi. Un travail nécessitant tes compétences particulières. Un client a besoin de retrouver un artefact ancien dans la vallée de l’Indus et est prêt à quelques sacrifices majeurs pour que le travail se fasse en vitesse et en discrétion.

Pour ne pas te faire perdre de temps à demander : Je sais que tu aimes savoir pour qui tu travailles. Mais ce job doit se faire en discrétion. Je ne peux donc pas te révéler l’identité de mon client. Par contre, je peux t’en dire mes impressions… Lors de nos entretiens, et tu sais que je suis méticuleux à ce sujet, je suis certain qu’il ne m’a pas dit toute la vérité sur ses intentions. Et comme il a accepté mon tarif Premium sans discuter, je sais aussi qu’il est prêt à tout pour récupérer cet artefact.

Je te connais, et je sens déjà ta curiosité s’allumer. Fais attention, Angeline. C’est un gros contrat, qui devrait te permettre de régler tes propres problèmes. Mais je ne suis pas certain de pouvoir te protéger si tu décides de tout jeter à la poubelle pour encore jouer à la justicière. Mon conseil, si tu acceptes mon offre : Fais le travail, pas plus, pas moins… Empoche la récompense, et tu feras ce que tu veux ensuite.

J’attends ta réponse. Prends soin de toi et de ta famille.
Délicieusement,

Eli.

Larkana, Province du Sind, Pakistan
21 septembre 2045


Tu es adorable, Eli, vieux crouton rusé. Mais tu savais très bien qu’avec tous ces indices j’allais te sauter dessus comme la hyène sur l’animal blessé… Quoiqu’en écrivant ces lignes, je me rends compte que les rôles peuvent facilement s’inverser aussi… En vrai, je te déteste un peu dans tout mon amour. Toujours à me proposer ce genre de plan au moment où j’en ai le plus besoin…

J’ai accepté ton contrat tout de suite, évidemment. Merci pour l’avance que tu m’as faite, cela m’a permis de mettre en pause mes problèmes et de fuir au bout du monde… Ah !.. Ce carnet est certainement le seul endroit où tu me verras te remercier… Mais merci…

Ça fait une petite semaine que je suis au Pakistan. Après quelques recherches aux Archives Royales de Lahore, avec l’aide d’un traducteur en langues proto-asiatiques et grâce aux informations du client d’Eli, j’ai pu retrouver traces d’une vieille légende correspondant à l’artefact, qui m’a mis en direction du site archéologique que les moldus appellent Mohenjo-daro. J’adore ce qu’en disent leurs experts :
[…]
Mohenjo Daro était le cœur urbain de la civilisation magique de l'Indus, qui s'est épanouie dans le bassin du fleuve éponyme et a compté jusqu'à 5 millions d'habitants à son apogée à l'âge de bronze (pré-séparation). Sceaux de terre cuite et de métal, pièces et poids standardisés, bijoux de bronze et d'or, jouets : le site a livré nombre d'objets quotidiens révélant une société avancée au commerce florissant.

La structure même de la ville laisse imaginer une société assez égalitaire, plus préoccupée de propreté que de hiérarchie. En effet, les villes harappéennes antiques (de la civilisation de l'Indus), ont des rues organisées de façon à donner accès à toute la ville (voir référence [...]).

Mohenjo Daro était équipée de conduites d'eau et d'évacuation d’égouts sophistiquées - plus performantes que celles de bien des villes du Pakistan moderne moldu...
Correspondant à la hiérarchie du pouvoir magique de l’époque, la ville, au lieu d’être construite autour d’un palais, est construite autour d’un bain public qui servait très certainement d’espace de rassemblement et de politique à l’ensemble de la population.
-
La plupart des maisons avaient une salle de bains carrelée et leur propre puits de briques, parfois surélevé jusqu'au deuxième étage pour créer une chasse d'eau rudimentaire. La relative modernité des mécanismes montre sans détour la profonde connaissance magique et technologique de ses anciens habitants.
-
Rien n'explique ce qui a entraîné le déclin soudain de cette civilisation puissante et développée vers 1.900 avant JC.
Durant le dernier siècle, les fouilles magiques ont dû être arrêtées de par l’influence des sociétés moldues environnantes, qui ont redécouvert le site après que ses anciens enchantements anti-moldus aient cessé de fonctionner, faute d’entretien. Le site ne présentant plus vraiment d'intérêt pour la société magique du Pakistan, aucune requête d’obfuscation anti-moldue n’a été posée. Le site bénéficie toutefois d’une protection moldue en tant que Site Archéologie UNESCO.
-
Hauts lieux magiques de la vallée de l’Indus - thèse en histoire de la magie de Varma Singh Kapalan - Travail de recherche archivée par l’Archive Royale Occulte de Lahore
Je fus confrontée à un obstacle majeur lors de mon arrivée. Après deux jours sur le site, j'ai dû me rendre à l’évidence… Il ne restait rien, plus rien de l’antique ethnie sorcière habitant les lieux. Des témoignages de leurs pratiques, je n’en manquais pas autour de moi. Mais impossible de trouver le moindre petit objet antique, la moindre trace physique de magie… Les ruines avaient été ratissées d’une telle manière, avec tant de minutie, que je ne pouvais m’empêcher ici d’imaginer le travail éreintant d’un nombre conséquent de sorciers déterminés…

Eli… Dans quoi m’as tu envoyé ?..

Heureusement, mon traducteur connaissait une personne de la région qui pouvait m’aider, une certaine Sahar Taroon. Elle a l’air d’être une mystique au clan reconnu… J’ai tendance à éviter ces gens-là, mais cette fois, je n’ai pas le choix… Nous devons nous rencontrer ce soir.
Sahar Taroon (de la secte des Paywastun)


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Paywastun
, est un ancien terme de la vallée du Sind, qui veut dire Celui-qui-Connecte. Par tradition, les mêmes membres d’un clan ont tendance à porter le nom de leur métier, de leur place dans la communauté.

Le clan des Paywastun est un clan très ancien de sorciers Pakistanais, aux connections étendues avec le monde moldu. Très nomades et traditionnels, leur rôle principal est de mettre en relation les clans entre eux, et de résoudre les conflits entre grandes familles. Ce sont des juges, des avocats et des témoins spécialisés car la magie secrète de leur clan, leur permet de voir avec grande clarté la connexion qui existe entre personnes, lieux et événements.
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Parmi les éléments les plus brillants de cette famille, Sahar Taroon est à part. Sa connexion avec une dimension particulière de la réalité, que la secte appelle la Tapisserie, est si forte qu’elle est capable avec suffisamment de temps de lire l’histoire passée d’à peu près n’importe quoi. Car ce pouvoir est, sous les bonnes conditions, très précieux, elle vécut recluse et sous un entraînement très strict pendant toutes ses années d'enfance.

Arrivée à l’âge adulte, et alors qu’elle allait être intronisée comme l’une des nouvelles doyennes de la secte, sa première décision fut de se bannir elle-même du clan. Et comme les dits des doyens sont sacrés et irrévocables, personne ne put s’y opposer. Elle changea son nom, passant de Paywastun à Taroon, et coupa définitivement ses liens avec son propre clan.
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Depuis, elle officie de manière indépendante, en tant que mystique des connexions. Son pouvoir fabuleux mis à la disposition de tous, elle possède désormais, malgré son jeune âge, un grand nombre de contacts influents dans la sphère magique asiatique, lui assurant un train de vie confortable et une extrême protection, principalement contre sa propre secte, qui encore de nos jours essaye par mille moyens de la ramener parmi eux.
Extrait du rapport de la commission de recensement des clans – Juin 2042 – Ministère de la coopération magique – Pakistan
Journal, je ne m’attendais pas à ça… Sahar est… Je ne sais même pas vraiment par quoi commencer…

Ce n’est pas une mystique ordinaire, malgré son apparence. Pas de jeu ou d’écrans de fumée chez elle, juste une étrange innocence décalée du monde, pleine de douceur et d’humour. Ses yeux… Je pourrais jurer qu’ils sont illuminés de magie de l’intérieur… Ses iris, lorsqu’ils sont pointés sur toi, ne t’observent pas seulement… Ils te voient entièrement, complètement… Le bout de ses doigts… Lorsqu’elle attrapa ma main à la fin de notre discussion... C’était comme si elle connaissait tout de moi en un instant… Je… A la vérité, ça me terrifie un peu. L’idée de passer ces prochains jours avec elle me donne la chair de poule…

Parce qu’avec elle, je sais que je ne pourrais rien cacher…

Mohenjo Daro, Province de Sind, Pakistan
26 septembre 2045


Cela fait quelques nuits maintenant que nous fouillons le site. Il est difficile d’avancer en journée à cause des allées et venues moldus, que ce soient les touristes, qui viennent parfois en bus entiers, ou les archéologues qui viennent leur courir après pour tenter de protéger les lieux. J’ai installé ma tente dans un renforcement des hauteurs et nous y passons le jour à démêler, Sahar et moi, les informations que nous glanons durant nos nuits de fouilles…

Nous avançons lentement dans notre enquête. De l’aveu de Sahar, elle n’est jamais remontée aussi loin dans l’écheveau des connexions d’un endroit. Ce n’est que hier soir que nous avons commencé à réellement toucher à l’histoire de ces ruines et ce que nous commençons à découvrir est fascinant.

A l’aube des temps, il semblait y avoir sur le site de Mohenjo Daro une véritable capitale magique antédiluvienne. Cette civilisation n’avait rien à envier aux grecs ou aux romains en termes de splendeurs et de miracles. Quelque chose s’est produit, il y a de cela près de 4000 ans… Du jour au lendemain, le bras du fleuve qui alimentait la ville s’est tari et comme il était la principale source de vie et de magie alentour, toute la magie du monde ne put empêcher la grande capitale de sombrer dans la famine, puis l’anarchie. Selon Sahar, les connexions se terminent brutalement peu de temps après, synonyme pour elle d’une guerre rapide qui ne laissa que peu de descendants… Cela corrobore les recherches moldues à ce sujet.

Sahar est épuisée. La concentration répétée dont elle a fait preuve ces derniers jours se ressent dans son corps et je l’aide le soir, à retrouver sommeil et santé mentale… Nous nous sommes considérablement rapprochées ces quelques jours… Je crois que le fait qu’elle ait fait tomber immédiatement toutes mes barrières, si terrifiant que ce fut au début, n’était pas quelque chose de conscient de sa part… Et ça me fait un bien fou, que pour une fois, une personne me voit pour ce que je suis… Et apprécie ce qu’elle voit… Nous nous sommes embrassées tout à l’heure, avant qu’elle ne s’endorme.

Elle vient de m’attraper la main dans son sommeil. Elle m'appelle « Son soleil ». Qu’est ce que ça veut bien dire ?
Interview de Sahar - 28 septembre 2045 (Transcription par plume à papote)

[Début de l’interview]


-Je peux te poser des questions sur... le passé ?

-Hum ? Hum. Oui bien sûr... Hum... Que veux-tu savoir ?

-Je m'inquiète que cela te demande autant d'énergie. Comment ça marche ?

-Oh… Hum... Je ne sais pas trop comment le dire... Retourner dans le passé... C'est comme déliter une Tapisserie... Tu vois ce que je veux dire ?

-La Tapisserie... C'est de ça qu'il s'agit alors ?

-C'est comme cela que nous l'appelons oui... Hum... C'est comme voir un large plan devant soi, recouvert de petits points de lumières. Chaque point est relié aux autres par des petits fils, et ils s'étendent, et s'étendent encore à perte de vue…

-Est-ce que c'est vraiment ce que tu vois ? Est-ce que c'est comme voir avec les yeux ou... c'est plutôt ressentir ?

-C'est un peu les deux... C'est comme un long fleuve qui coule, du présent au passé... Quand je rêve, la nuit, j'évolue à sa surface, libre de mes visions... Quand je me concentre sur un objet dans le monde réel, je peux rejoindre le nœud qui lui correspond, et explorer les liens alentours...
Tout est point, tout est nœud. Cette fourchette, toi, moi , cette tente, ce sol sur lequel nous sommes. Des centaines des milliers de nœuds définissent cet instant. Quand je rêve, je les vois tous à la fois. Quand je touche... Je ne vois plus qu'un seul nœud en détail, et tout ce qui lui est rattaché. C'est ce que peut faire une mystique des Paywastun... En général...


-Cette Tapisserie, elle est grande comment ?

-Gigantesque, infinie, impossible à déterminer. Elle est la somme de tout ce qui fait le monde. Personnes, lieux, événements, objets. Jamais personne n'a pu en éprouver les limites, il y a trop de points, trop de lignes, trop de trames à l'intérieur. Elle est… Trop immense ? Trop intense ?

-C'est dur de concevoir que la Tapisserie est aussi grande. Non, c'est dur de concevoir que la Tapisserie a une mémoire d'absolument tout. C'est bien ça ?

-C'est bien ça. La Tapisserie est la mémoire du Monde.
Les mystiques comme moi peuvent en apprécier la surface, en lire les derniers fils, les évènements présents.
En se concentrant, un mystique peut remonter le fil des connexions, remonter le temps... Suffisamment pour avoir des indices d'évènements passés, d'anciennes connexions. Nous suivons la tapisserie fil à fil, nœud à nœud, explorant les connexions.
Mais je suis un peu différente …

-Oh... J'aurais pu deviner que tu es différente. *rire* Plus sérieusement, en quoi l'es-tu ?

-Je vois des connexions subtiles, qui échappent le plus souvent à mes semblables... Des connexions d'effet et conséquences... Si dans la Tapisserie, l'instant présent est un fil de trame, reliant entre eux tout ce qui existe... Je vois les fils de chaîne, invisibles, tissés du temps lui-même, qui supportent l'ensemble…
Ces connexions subtiles me permettent de découvrir des raccourcis à travers la trame. Des chemins d'explorations invisibles me permettant de remonter le temps d'un lieu, d'un objet, d'une personne. D'en apprécier les connexions passées.
Il m'est facile de remonter sur plusieurs générations. Ce n'est que peu de temps à l'échelle du monde... Mais… Ici nous parlons de millénaires d'histoire... Des millions de milliards de connexions...
C'est écrasant…


-Écrasant oui... Je veux bien le croire.
Sahar, c'est le poids de tout l'histoire sur cette Tapisserie... Cette Tapisserie que tu explores pour moi...
C'est un genre d'autre dimension ?


-Peut-être, je ne sais pas... J'aurais tendance à croire que c'est un autre référentiel. Un positionnement particulier de l'observateur... Qui lui permet d'apprécier le temps comme un ensemble de dimensions...
Mais même cette vision me paraît restreinte. Car où serait le futur ? Nous ne voyons pas le futur. Notre vision s'arrête au Présent.

-Le futur... Le futur n'existe pas encore. Non ?
Je... Sahar, je pourrais avoir accès à la Tapisserie moi aussi ?
Quel genre de magie faut-il ? Est-ce que c'est un état de méditation ?


-Je suis désolée, Angeline... Notre pouvoir vient de notre sang... Il se transmet par la Naissance, comme trait génétique... C'est la raison pour laquelle mon clan est aussi traditionnel. Nous sommes nous-mêmes les trésors, la richesse de notre clan...
Et même ainsi, le trait disparaît un peu plus de générations en générations... Il aura complètement disparu d'ici quelques siècles.
Nous sommes les survivants d'une époque où la magie était seule capable d'archiver le Temps... Mais dans le monde dans lequel nous vivons désormais... Nous ne sommes plus nécessaires.
Je pense que le Monde le sait, et progressivement, sans douleur, nous remplace doucement…


-Je vois. Ne sois pas désolée, Sahar... C'est un immense pouvoir et je ne sais pas si mes épaules seraient assez fortes pour ça : si c'était possible de m'initier.
Quelques siècles ?
Tu crois que ce pouvoir disparaîtra complètement d'ici quelques siècles à peine ?

-Nous sommes ridiculement peu nombreux, déjà aujourd'hui...
Une vingtaine tout au plus, possède ce pouvoir. Je suis la première, depuis plusieurs générations, à pouvoir explorer le passé.
Et au vu de mes préférences... Je ne pense pas avoir d'enfants naturels un jour…


-*rire*
Et apprendre à d'autres enfants de ton clan ?
Enfin... Je…


-Ce don est inné, intense, traumatisant. Il apparaît à la puberté et nous effraie des années durant. Un enfant ne devrait pas avoir à traverser ce genre de choses...
Nous devenons reclus, repliés sur nous même, incapable de toucher quelqu'un d'autre sans tout savoir immédiatement... Il faut un certain type de personne pour supporter notre contact dans le temps…
*chuchotante* Pour moi, tu fais partie de ces rares personnes. Ton soleil intérieur est immense, intense, chaleureux et merveilleux...
Je me sens en sécurité avec toi…


-Alors... Tu crois que ce don ferait mieux de s'éteindre en silence ? La Tapisserie... qu'est-ce qu'elle deviendra quand plus personne ne pourra la voir ?
*chuchotante* Je... Je me sens en sécurité avec toi aussi...

-La Tapisserie existera toujours, même quand nous ne serons plus là. Elle est immuable, accessible, et attendra les futurs sorciers qui en découvriront l'accès. Que notre clan disparaisse n'est qu'une petite interlude dans le grand design du Temps... Nous avons un dicton à ce sujet : Passé ou futur, le connaître, le comprendre est utile, mais ne t'attarde pas. Car dans la trame d'une personne, à la fin rien n'est plus important... Que l'instant présent…

[Fin de l’interview]
Passe du Bolan, Province du Baloshistan, Pakistan
29 septembre 2045


Nous avons retrouvé l’artefact ! Sahar a retrouvé sa trace en retournant d’avantage dans le passé de la cité. Et selon ce qu’elle m’a expliqué… Son origine n’est pas sorcière… Pas issue d’une civilisation sorcière.

Je dois marquer tout ça… J’ai une petite heure, je pense, avant qu’elle ne se réveille… Elle vient de se retourner, son bras autour de ma taille… Sa tête enfouie le long de mon flanc… Elle est vraiment rigolote quand elle dort comme ça, blottie comme un petit animal… Il faut que je fasse attention.

Bref, la cité a sombré dans son propre orgueil… Classique, je suis d’accord. Mais là où c’est fascinant, c’est que la raison de cette chute a pris son temps pour assouvir sa vengeance. Presque 50 ans. Et ce n’est pas du tout ce qu’on aurait pu attendre de la part d’un troupeau de créatures magiques…

Voilà tout ce que je sais. Un général de cette époque aurait un jour ramené un trésor de guerre à sa capitale, notre artefact en question. Pour la ville, cette orbe, du fait de la puissance magique qu’elle contenait, devint un trésor national, une preuve du prestige de la cité. Il fut même utilisé dans plusieurs échanges diplomatiques avec d’autres royaumes. Et le reste du temps, il était bien enfermé dans les archives de la cité.

Mais les créatures en question était un peuple de l’eau. Après quelques tentatives infructueuses pour tenter de récupérer l’artefact par la force, elles décidèrent… Tiens toi prêt… À détourner le fleuve entier de la capitale magique ! Oui, le fleuve entier !

Pendant une cinquantaine d'années, elles détournèrent méthodiquement chacun des ruisseaux alimentant l’Indus à cet endroit, tout en créant de nouveaux sillons dans la vallée pour déverser tout ça. Un travail titanesque pour des créatures au niveau de civilisation quasi préhistorique.

Mais leur plan fut complété et mieux encore, leur dernier coup d’éclat, l’effondrement de tout un pan de montagne dans le fleuve, coupant définitivement l’accès à l’eau de la ville fut impossible à réparer par les sorciers. Les créatures n’eurent plus qu’à attendre que la ville commence à s’entre déchirer pour attaquer une dernière fois et massacrer les survivants…

C’est absolument fascinant. Nous suivons depuis une petite journée leur piste, une piste de 4000 ans ! Tout ça grâce aux indications de Sahar. Selon elle, il existerait une vallée cachée dans tout un ensemble de profondes grottes dans les environs… Une civilisation entière sous la montagne… J’ai si hâte !..
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??? – Sous la passe du Bolan, Pakistan
30 septembre 2045
-
C’est très difficile de décrire tout ce que nous avons découvert… Tout d’abord, je dois dire que sans l’aide inestimable de Sahar et de ses pouvoirs, je n’aurais jamais pu découvrir cet endroit…

Nous sommes actuellement dans une véritable cité troglodyte, antédiluvienne, oubliée par le temps, oubliée par ses habitants… Chacun de nos pas résonne lorsque l’on marche, le silence de la roche autour de nous en est presque oppressant, tellement celui-ci est puissant. Pas âme qui vive dans la cité, et les derniers habitants n’étaient certainement pas des humains… Partout, dans tous les endroits que nous visitons, nous trouvons des vestiges d’une antique présence de ces créatures… Écailles, griffes anciennes, quelques ossements…

Mais aucune trace de ses habitants, comme si eux-même avaient disparu subitement. Sahar a trouvé qu’elle était aussi issue d’une rupture brutale des connexions… Un nouvel ennemi ? Peut-être pas cette fois-ci. Mais pour un peuple de l’eau, leur cité est étrangement sèche… Pourtant, leur architecture, et même la simple érosion des sols montre que l’endroit possédait beaucoup d’eau avant. A foison. Un exode peut-être ?

Le silence inhumain
de cette cité troglodyte
est fascinant.
-
Nous sommes bientôt arrivés à destination… Demain, nous aurons trouvé l’artefact.

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Lahore, Province du Pendjab, Pakistan
1er octobre 2045


Je… Rien ne s’est passé comme prévu… Et c’est ma faute, bon sang… Sahar… Je suis désolée, Sahar…

Nous… Nous avons trouvé un temple au fond de la cité. Le dernier endroit de la cité encore humide, reposant au milieu de ce qui ressemblait à un ancien lac asséché. Il n’y avait personne, absolument personne, comme tout le reste de la cité.

Et au milieu de ce petit temple, reposait sous une importante couche de feuillage, l’artefact que nous recherchions… Juste comme ça, juste comme le reste de la cité… Et alors que je fouillais l’intérieur du temple, à la recherche d’un piège quelconque, de quelque chose de dangereux, Sahar s’est approchée de l’artefact… Et comme à son habitude, comme elle faisait depuis plusieurs jours… Elle l’a touché…

Je n’ai eu le temps de ne rien faire. En me retournant à son hoquet choqué, je découvrais Sahar, l’artefact dans les mains, en pleine transe, une lance barbelée en travers de la poitrine… Et derrière elle… Oh mon dieu…
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Si belle architecture non humaine. Si dangereuse...

♆ La race des Nagas ♆
(नाग ou serpent en sanskrit)



Histoire

La race des Nāgas existe depuis la nuit des temps, au moins aussi loin que datent les premiers écrits des sorciers du Sud-Est de l'Asie. On ne peut pas estimer de date d'apparition de cette créature magique qui est considérée comme une Être par les organisations magiques asiatiques. Il existe de nombreux conflits entre les Nāgas et les sorciers au fil des siècles, les plus impressionnants ont eu lieu à l'Antiquité où les Nāgas étaient bien plus nombreux qu'aujourd'hui. On note aussi que leur population ne cesse de décroître.

Le Nāga le plus célèbre est Ananta. Dans l'histoire sorcière, c'est une femelle Nāga qui a fait beaucoup pour la politique et la paix entre son espèce et les sorciers. Elle a notamment vécu aux côtés de grands sorciers hindou qui ont inspiré de nombreux récits religieux. Dans la mythologie moldue, Ananta est le serpent sur lequel se repose Vishnou dans l'intervalle entre la fin d'un monde et la création d'un nouveau.

Les Nāgas apparaissent dans la mythologie moldue. Ils sont présents dans la mythologie hindouiste et sont pris pour des serpents d'eau. On trouve beaucoup de temples moldus à leur effigie en Inde notamment. Un autre élément intéressant est le fait que les Nāgas soient le symbole de la kundalini, qui est un terme sanskrit, et qui désigne l'énergie vitale (aussi appelée cosmique ou divine).
Caractéristiques

Les Nāgas sont des créatures de l'eau, bien qu'elles soient capables de respirer à la surface. Leur corps est recouvert d'écailles, leurs yeux sont globuleux, leurs mains sont palmées et elles n'ont pas de jambes. Leur corps se termine en une nageoire longiligne semblable à celle d'une murène. Sa longueur et ses couleurs entre le bleu et le verdâtre font que les Nāgas sont généralement pris pour des serpents par les moldus qui l'aperçoivent. Il existe des femelles et des mâles, mais ce sont les femelles qui sont plus imposantes physiquement : leur tête est sertie d'une couronne formée par de la peau et des membranes écailleuses qui lui servent pour intimider les mâles. On la représente comme un serpent à tête humaine et toujours comme une femelle dans les mythes moldus.

Les Nāgas sont des créatures intelligentes. Elles ont développé leur propre langue qui est d'ailleurs étudiée à la Nouvelle-Zhuangyán : le nāginī. Par intelligente on entend qu'elles ont mis en place une société organisée mais aussi que l'espèce est intellectuellement développée. Capable de réflexion, capable de diplomatie, capable de sentiments. Si l'histoire prouve que tous les Nāgas ne le sont pas, l'une de leur caractéristique principale est pourtant la patience : ils sont de véritables sages.

Au niveau de l'organisation des sociétés Nāgas, on n'a pas d'informations récentes. Les derniers témoignages parlent de cités sous-marines organisées en alcôves. On parle aussi d'armes et d'outils. Mais on parle beaucoup de magie : elle réside dans leurs artefacts qui peuvent être des outils et des armes mais également des objets décoratifs. Il est d'une importance capitale pour les Nāgas de protéger ces artefacts. Un point étonnant de cette race est le matriarcat : les femelles peuvent refuser de se faire féconder par un processus naturel ce qui leur donne l'avantage sur les mâles. Elles pondent ensuite des œufs que les mâles ont la tâche de protéger.
Je… Je ne préfère pas dire ce que j’ai fait ensuite… Cette créature, si terrifiante soit-elle, si ancienne soit-elle, ne faisait que défendre ce qui lui appartenait… J’ai honte maintenant, mais sur le coup de l’adrénaline, je n’avais pas le choix…

Sahar était encore vivante, hoquetant alors que le sang se déversait par sa bouche. Je ne savais pas quoi faire, quoi tenter… Je l’attrapais par la taille, l’orbe toujours serré dans ses mains crispées. Et alors que j’essayais de la soulever, je la vis tourner son regard blanc vers moi… Et m’attraper avec force à l’avant-bras…

« Shambäla… Tu dois en protéger l’entrée ! »

Avant de me fourrer l’artefact dans le ventre avec force, et de gémir d’agonie dans mes bras.
Recouvrant mes esprits, je n’hésitais plus… L’artefact disparut dans le repli de mon manteau alors que je saisissais le portoloin d’urgence que j’avais préparé, lors de mon passage à Lahore…

En un instant, nous fûmes transportées au milieu de l’hôpital magique de Lahore, Sahar inconsciente et moi en pleine crise de panique. Alors que nous étions séparées pour être traitées individuellement, je ne pus oublier son regard… Son regard braqué sur moi, mi effrayant, mi délirant, alors qu’elle disparaissait derrière la porte des urgences…

Je n’ai pas osé lui parler depuis cet instant… Elle est en réanimation, paraît-il… Le plus gros du risque est passé, paraît-il… Mais je m’en veux terriblement… Alors j’ai passé la majeure partie de ma journée à étudier cet étrange artefact décrit par mon client :

C’est une étrange sphère translucide, entre le minéral et le vivant. On dirait que quelque chose flotte à l’intérieur, comme un œuf, mais je l’ai secoué pour voir, sans réussir à bouger quoi que ce soit… Une créature fossilisée ? L’objet est relativement lourd pour sa taille, Je dirais deux kilos pour la taille d’un cognard. Et il est dur, absolument dur. Si dur que j’ai du mal à comprendre comment ont pu être gravés les réseaux d’enchantements à sa surface…

Ceux-ci sont inertes, incomplets. Ils semblent être capables d’être reliés à autre chose et ne réagissent à aucun de mes sorts. Au bout de quelques heures, tout ce que j’arrivais à confirmer c’est que cet artefact, aussi magique que sa provenance me l’indiquait… N’était vraiment qu’une bête clef…
Mais ce temps passé à décortiquer l’artefact m’a au moins servi à quelque chose… Je me sens le courage maintenant d’aller affronter Sahar… Il faut que je m’excuse…

Et peut-être, si elle se sent mieux… Parlerons-nous de la dernière phrase qu’elle a prononcé…

Chapitre 2 : Le ronronnement du Transsibérien | Russie
Reducio

||Chapitre 2 ~Le ronronnement du Transsibérien | Russie||

Cher Ivan,

Comment vas-tu depuis ma dernière lettre?
Il ne fait pas trop froid à Moscou? Ici, cela fait plusieurs jours qu'il pleut sans arrêt mais le clapotis de gouttes sur les carreaux de la fenêtre me permet de rester concentrée sur mes recherches sans trop me distraire par l'envie de me promener au bord de la mer.

Mais revenons à nos boursoufles: comme tu me l'as conseillé, je suis allée dans plusieurs bibliothèques magiques pour mes mes recherches à propos de l'orbe de bois et dans les sources que j'ai eu à ma disposition, le nom d'une certaine Baba Yaga et revenu à plusieurs reprises. Il m'a été impossible de trouver beaucoup d'informations à son sujet si ce n'est qu'elle est d'origine russe. As-tu déjà entendu ce nom et si oui saurais-tu où le trouver?

Je sais que ces temps sont difficiles dans le monde magique. Mais je sais aussi que les recherches que je mène sont importantes et pourraient peut-être les résoudre en partie. Ça paraît gros dit comme ça, mais Shambhala est de ce que j'ai découvert un endroit vraiment fabuleux. Cependant j'ai besoin de toutes les informations qui existent pour réussir et seulement très peu sont à dispositions en Angleterre.


Prends soin de toi,
Angéline

P.S. : Je t'envoie en échange de tes smovka acides, du chocolat aux algues, je l'ai trouvé au dans un magasin moldu et je me suis dit que ça pouvait te plaire.
Salut - пока Angelina,

La lettre délivrée par ta chouette a été un véritable petit rayon de soleil sous ces lourds nuages gris qui étouffent Moscou depuis quelques semaines. Quand j'ai demandé la température à mon thermagico'mètre ce matin, il m'a répondu -5°C en sifflotant. C'est que je l'ai acheté dans un petit hameau sorcier tout au nord de la Russie où il fait généralement bien plus froid (encore!!!) qu'ici, il est habitué à bien pire. Par conséquent, ça déteint sur sa seconde fonction: normalement, thermagico'mètre indique à son propriétaire si les vêtements qu'il porte sont adaptés à la météo... Comment dire qu'avec ma toque en fourrure ensorcelée au горячей que je sors en début d'hiver, il m'avertit constamment de surchauffe crânienne.

Tiens, le sort pourrait t'être utile: la formule est simple: горячей signifie chaud. En prononçant, ça donne "goryachey". Tu sais toujours rouler les "r"? La gestuelle est la suivante: petit cercle puis pointer la baguette sur l'habit à enchanter. Peut-être que cela demande un peu d'entraînement, mais tu n'auras plus froid!

Nos boursoufles, tu as raison, je m'égare. Babushka a souvent mentionné Baba Yaga dans les histoires qu'elle me racontait, plus jeune. Elle vivrait dans une forêt tout au nord de la Russie, en extrême-orient. Angelina, tu es une sorcière remarquable, je sais que tu as tes raisons pour le voyage que tu entreprends. Mais prends garde, on dit que Baba Yaga est une harpie. J'ai retourné tous les grimoires de ma Babushka, voici les informations qui pourraient t'être utile. L'isba, petite cabane dans laquelle est perchée sur des pattes de poulet et en constant déplacement. On ne peut la repérer de nuit que grâce à des crânes lumineux faisant office de lanternes. De jour, Baba Yaga vole dans son mortier magique qu'elle dirige avec un pilon pour gouvernail, mais les traces qu'elle laisse sont effacées par le balai qu'elle porte toujours avec elle, ce qui la rend difficile à repérer. Il semblerait néanmoins possible de l'invoquer un soir de nouvelle lune en écrasant dans un mortier des os humains mélangés à deux crins de licorne.

Je te souhaite bon courage Angelina, mais sois prudente,
Ivan
PS: chocolat aux algues, ça sonne si exotique. J'ai hâte de goûter ça!

Réserve naturelle Boureïa - kraï de Khabarovsk
8 octobre 2045


Merci pour le sortilège, Ivan, le froid est déjà glacial, en Octobre, dans cette région du monde…
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Très bel endroit, ceci dit.
Mes contacts à Khabarovsk me permirent rapidement d’obtenir les ingrédients magiques nécessaires, ironiquement bien plus facile à trouver qu’en Angleterre, et un rapide passage par l’ossuaire de la ville se chargea de la partie humaine… Les licornes en Russie sont bien moins protégées… Certainement parce qu’il y en a encore des milliers. Alors que je marche dans la réserve depuis le début de la journée, j’en ai déjà croisé deux, ce qui est inédit en Europe...
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En vrai, je me demande si c’est une bonne idée… Je suis arrivé à l’endroit où il est dit que la Baba Yaga de la région fait ses rituels et tout ce que je trouve devant moi est un impact de cratère transformé par les millénaires en lac naturel…

L’endroit est bizarrement chaud, parcouru d’anciennes énergies telluriques… Un parfait endroit pour se ressourcer. Je me suis je installé proche de la forêt, afin de pouvoir me cacher venu la nuit tombée… La Baba Yaga est une harpie ? Je n’ai jamais rencontré une de ces créatures…

Réserve naturelle Boureïa - kraï de Khabarovsk
9 octobre 2045

Ha ! Je m’en veux encore d’avoir été si crédule…
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------------------------------------------- Lorsque j’accomplis le rituel, à minuit, je m’attendais à devoir patienter de longues heures avant de voir venir la créature… Quelle ne fut pas ma surprise de la découvrir lorsque je remontais le ruisseau vers mon campement provisoire… Et quelle créature !

Ivan… Tu aurais pu me prévenir que les Baba Yagas étaient une secte particulière de sorcières… Ou alors le savais-tu et c’est pour cette raison que tu m’as fait me déplacer jusqu’à l’est de la Russie pour en trouver une… Au moins je sais où je vais dormir ce soir…

“Vous savez que brûler du crin de licorne émet l’odeur la plus nauséabonde du monde ? Je me suis permis d’éteindre votre feu, pendant que vous aviez le dos tourné… Inutile de gâcher de si bons ingrédients alchimiques...”
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C’est la première fois que je me retrouve dans une maison vivante. Comme toutes les maisons sorcières, elle est plus grande à l’intérieur qu’elle ne le semble à l’extérieur. Particularité amusante, que la Baba Yaga, dont le nom plus simple est Nataleya Bartelenya, m’apprends : La maison s’adapte à ses occupants. Je trouve donc une chambre particulièrement adaptée à mes besoins lorsque vient l’heure de se reposer.

Nataleya se révèle être une très agréable hôtesse, bien que je comprends rapidement que je suis davantage en attente de probation que réellement son invitée. Ses consœurs me suivent discrètement depuis que j’ai commencé à me renseigner sur du crin de licorne, à Khabarovsk et semblent avoir décidé de se renseigner sur mon passé. Très agréable, Nataleya me pose des questions sur Elias, sur mon voyage au Pakistan… Au final, je me rends compte que je ne peux pas leur cacher grand chose lorsque je la retrouve au matin, son nez dans mon carnet. Mais là où je pensais devoir me battre, elle me regarde d’un air peiné…
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Sous sa demande, je m'assois à la table, et petit déjeune, alors qu’elle s’isole pour discuter avec ses “soeurs” par le biais d’un miroir communicant. Leur rythme rapide et animé et mes faibles connaissances en russes ne me permettent pas facilement de savoir ce qui est en train de se dire, mais je ressens au ton que les Babas Yagas ne semblent pas hostiles. Plutôt intriguées par ma démarche. Lorsque Nataleya revient s’installer à la table, nous entrons dans le vif du sujet.

Les Baba Yagas connaissent bien l’objet de ma recherche. Mieux encore, elles sont disposées à m’aider sans contrepartie. Lorsque je m’étonne d’une si agréable réponse de la part d’une secte sorcière, Nataleya m’explique avec honnêteté que je leur rendrais un service en m’appropriant l’objet.
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Mais la Shaman refuse de m’en dire d’avantage, car selon elle, je dois d’abord prouver être capable d’arriver jusqu’à ma cible. Il serait inutile de m’envoyer à une mort certaine selon elle… Je la suis donc dans une petite salle excentrée, à un endroit où j’étais persuadé qu’il n’y avait qu’un mur extérieur…

Cette salle est close, une porte, pas de fenêtre, une vieille lampe accrochée au plafond. Sa lumière vacille, à la fois résistante et faible, laissant danser les ombres sur les murs de bois sombres autour de moi. Au milieu de la pièce, une table simple, et dessus une Matrioshka… Derrière moi, Nataleya, se tient à côté de la porte m’indiquant que je dois ouvrir la poupée gigogne sans en libérer le maléfice puissant qu’elle renferme. Et pour ça je vais devoir utiliser toute ma tête et mes capacités…

Elle a refermé la porte… Je vais noter tout ce que je peux… Seule manière pour m’en sortir…

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Quatre matryoshki (poupées russes) sont emboîtées les unes dans les autres. Chaque poupée est peinte d'une couleur et agrémentée d'un nombre précis de fleurs. Grâce aux indices suivants, récupéré par mes sortilèges de détection, je dois trouver qu'elle est la plus petite des matryoshka... Cela me permettra de coordonner sans risque le désamorçage du maléfice...
  1. 1. Oksana est uniquement en contact avec la poupée blanche.
  2. 2. Anastasia est soit bleue, soit décorée de 5 fleurs.
  3. 3. Karina et la poupée de taille moyenne ont 9 fleurs à elles deux. Les deux autres poupees sont la jaune et la petite.
  4. 4. La poupée ayant 3 fleurs est plus grande que Feona.
  5. 5. Feona a une fleur de moins que la poupée qui la contient directement.
  6. 6. La poupée rouge a une fleur de moins que la jaune.
  7. 7. La poupée de taille moyenne n'est pas rouge.
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Menu du restaurant transsibérien
Piergogi au fromage (Пельмени с сыром) : Fromage issus du lait de phoque argenté espèce vivant uniquement dans les eaux du Baïkal. On raconte que si on en mange trop, on peut devenir fluorescent.
Pierogi à la viande (Пельмени с мясом) : agrémenté de quelques brins de valériane - prévient d'enrhumement
Bouillie d'haricots sauteurs (Бобовая каша прыгать) : Variantes des pois sauteurs, cette espèce est très active, si vous ne la manger pas rapidement elle vous sautera au visage. Idéal pour les voyageurs pressés.
Foie de Sharak nordique (Печень северного шарака) : Il est si gras, que vous n'arriverez pas à le manger en entier.
Caviar de Sharak (Икра из шарака) : Pour nos voyageurs de première classe, également disponible séché en petit snack à grignoter.
Borsch (борщ) : Cuisiné à partir d'une betterave géante.
A bord du Transsibérien - Escale entre Khabarovsk et Vladivostok
10 octobre 2045


Cher journal, je ne sais pas dans quoi je me suis embarquée…

Heureusement, j’ai pu trouver la solution de l’énigme de la Matrioshka. Une fois la clef de la pièce récupérée, et une fois sorti de la pièce, je retrouvais une Nataleya toute disposée à parler…

J’appris ainsi que l’orbe que je recherche est en fait le cœur d’un immortel, un demi géant antédiluvien du nom de Kochtcheï. Rendu fou par l’immortalité, il est désormais plus monstre qu’homme, et ses capacités de régénérations en font un danger constant pour le secret magique en Russie. L’ordre des Baba Yagas a été fondé en des temps immémoriaux pour le traquer et le tuer à chaque régénération. Leurs interventions constantes sur son sillage de destruction ont alimenté leurs légendes respectives et créé cette étrange rumeur que les Baba Yagas sont mariées à la créature. Nataleya en rit de bon coeur, car selon elle, la relation conflictuelle que l’ordre entretenait avec la créature ressemblait en beaucoup de point à une union conflictuelle. Avec les siècles, l’ordre réussit à enfermer le Kochtcheï dans une dimension magique, une île enchantée du nom de Bouïane dont l'accès fût confié à une autre créature légendaire, un chat démon nommé le Kot Baïoun… En échange de sa vigilance en tant que gardien de prison, le gouvernement magique russe accepta que le Kot Baïoun vive comme il l'entend, même si cela impliquait de voir un ou deux sorciers disparaître par an.

Malheureusement, cela fait désormais quelques années que le Kot Baïoun a élu domicile sur le Transsibérien. Sa faim dévorante particulière touche désormais même les moldus et cela commence à être un problème de taille alors que le gouvernement magique doit inventer raisons sur raisons pour éviter de briser le secret magique. Le remède commence à être plus dangereux que le mal. Aussi les Baba Yagas me proposèrent un marché.

En échange de leur aide pour duper le Kot Baïoun et accéder à Bouïane, je dois récupérer le cœur du Kochtcheï avec moi. Plus de coeur à protéger, plus de contrats entre le Kot Baïoun et le gouvernement sorcier. Les Baba Yagas pourront se débarrasser du chat.

J’ai immédiatement accepté cet accord. Nataleya m'assure que la créature est morte depuis plus de 1000 ans.
LE FÉLIN CONTEUR A FRAPPÉ UNE NOUVELLE FOIS!


Ce matin la chouette de la brigade de sécurité magique section Yakutsk nous a fait parvenir l'annonce de la résolution de l'enquête ayant fait la Une des journaux en décembre de cette même année. Deux sorciers russes avaient embarqué à Yakutsk à bord du Transsibérien cet hiver, sans jamais arriver à destination. Depuis, ils avaient compté comme disparus et une enquête a été ouverte.

Six mois plus tard, la brigade a retrouvé leur traces (enfin ce qu'il en reste) au fin fond de la forêt sibérienne. Des os soigneusement triés et alignés au pied d'un immense tronc d'arbre coupé au tronc recouvert de Griffures. Aux côtés d'une multitude d'os de chats, d'autres de nature humaine ont été identifiés. D'après Sergueï Agafonov, sorcier en charge de la direction des investigations, il n'y a aucun doute: Le légendaire Kot Baioun semble avoir frappé à nouveau.
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Le Kot Baioun est un félin semblable à un gigantesque chat. Nul ne sait exactement où il réside, ce qui empêche nos autorités de s'occuper du "Cas Kot" de manière convenable. Il lui arrive cependant de se manifester de temps à autres aux côtés de voyageurs. Le Kot Baioun est un conteur hors pair, on dit que sa connaissance du monde magique, de légendes mystiques et de valeureux héros sorciers et infinie. Ses récits envoutent et captivent celui qui écoute, mais la voix du félin est profonde et magique, elle obnubile le cerveau, l'embrouille jusqu’à endormir. Une fois endormie, le sorcier est perdu. Le Kot Baioun l'emmène au fond d'une forêt pour dévorer sa victime, profitant d'un repas constitué d'autre chose que de viande de chat.

Le Kot Baioun, par Masha Belinski
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Il n'est pas entièrement défini pourquoi ni comment il se serait infiltré à bord du Transsibérien. Selon un scénario évoqué par Monsieur Agafonov et son équipe basé sur des témoignages, il y avait ce jour-là, un passager emmitouflé dans un manteau de fourrure à bord du wagon magique. L'individu aurait attiré l'attention par sa très grande taille, mais n'a pas été identifié; il aurait dissimulé son visage sous une ample Chapka. Les couvre-chefs et manteaux de fourrure n'étant rien d'extravagant en hivers, il n'a pas retenu l'attention plus que cela.

Une histoire de loin pas encore bouclée, nous vous garderons au courant, chers lecteurs.
A bord du Transsibérien - Escale entre Krasnorask et Tomsk
13 octobre 2045



J’ai réussi à attirer l’attention du Kot Baïoun, ce matin. Deux jours de discussions avec les rares passagers sorciers suffisamment courageux pour utiliser le wagon magique et je me suis endormie hier en sentant un regard animal me bercer de sommeil…

Je serais prête à l’affronter ce soir, j’ai dans mes bagages un long fil d’étain pour l’attraper et le ligoter, car selon les Baba Yaga, le chat-sorcier est sensible à ce métal… Espérons que tout se passera bien…



Baïoune - 13 octobre 2045

Ce fut plus facile que je ne le pensais. Le Kot Baïoun tenta de m’endormir il y a quelques heures de ses histoires. Mais grâce au café particulier que m’a fourni Nataleya, je n’ai pu que simuler mon sommeil, sans tomber dedans… Lorsqu’il s’approcha pour me dévorer, je dégainais mon lasso d’étain et l’emprisonnais rapidement, avant qu’il ne puisse s’échapper de mon compartiment…

Saucissonné, le gros chat sorcier est presque mignon, malgré ses grimaces de dégoût et de colère. Maugréant lorsque je lui rappelait l’ancien contrat, il me laissa passer sans faire d’histoire et j’entrais par sa gueule jusqu’à la prison du Kochtcheï. Ce que j’y découvris… Est à la fois fascinant et terrifiant…

Mosaïque représentant la cité,
Trouvé dans le temple.
Magnifique.
Je vole... L'ile vole... Le portail dans la gueule du Kot Baïoun m'amene dans une dimension de poche sans limites visibles, et je vole dans cet espace bleu immuable... La cité est magnifique, construite à même l'arbre monde qui maintient toute l'ile dans l'espace... Une pulsation sourde fait vibrer l'air, qui semble provenir d'un des temples en périphérie... Tout est désert, en ruine, mais pourtant dans son jus... La cité semble avoir été abandonnée depuis très longtemps. Je trouve des traces de saccages et de rares preuves démontrant des combats... Ils me guident vers le temple à la pulsation... L'ambiance est au doux repos d'une cité magique transformée en sanctuaire, pour une créature bien trop dangereuse pour arpenter le monde...
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Le piège retenant le Kochtcheï est terrifiant d’efficacité macabre. Son cœur sert de catalyseur à un arbre entropique, une espèce particulière de frêne qui pousse sur les lieux de grands massacres magiques et se nourrit d’énergie nécrotique. Ainsi serti, l’arbre aspire plus d’énergie qu’il ne peut en absorber, ce qui l’oblige à en rejeter le trop plein à intervalle régulier (actuellement toutes les cinq minutes, c’est fou... ) en une puissante mais contenue onde d'annihilation, qui détruit toute chair organique dans un rayon de dix bons mètres autour de l’arbre, marqué au sol par une couronne de pierre.

Le temple est désolé. La lumière qui sors de l'orbe est presque macabre...
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Dans la couronne, des os épars, ceux d’une gigantesque créature humanoïde, ainsi que plusieurs anciens squelettes de taille humaine. Certainement les sorciers ayant participé au piège du Kochtcheï. Ces ossements sont balayés par les ondes à intervalle régulier, repoussés par la puissance nécrotique vers les bords avant de rouler à nouveau vers l’arbre, dans un ressac destructeur constant. Aucune régénération n'a pu survivre à cela... J'observe pourtant de longues minutes les os, d'une blancheur si propre, à la recherche du moindre indice de vie. Je n'en trouve pas.

Un simple accio me permit de récupérer l’orbe, si simplement, si facilement. Celle-ci devint inerte dans mes doigts. Dix minutes plus tard, je partais avec l’orbe dans mon bagage, le silence de mort incroyable qui emplissait les lieux, maintenant que l’arbre n’avait plus sa source d’énergie, me perturbant au plus haut point.

Alors que j’écris ces mots, je contemple une dernière fois cette ile remplie d’histoire, à l’origine une magnifique cité, désormais ruines désertes, décharnées et squelettiques, à l’instar des os que j’ai vu rouler dans le temple… Alors que je me prépare à sortir du Kochtcheï, le libérer, puis descendre à Vostok où un avion l'attend pour la prochaine étape de mon voyage… Je ne peux m’empêcher de penser que peut être, j’en sais rien, peut être...

Viens-je de commettre un très spécial sacrilège...

Chapitre 3 : Le château de Takahashi | Japon
Reducio
|| Chapitre 3 ~ Le château de Takahashi | Japon ||


Chère Angeline

Une orbe ressemblant à celle que je t’ai demandé de chercher va être mise aux enchères à Kyoto dans une petite semaine. Je ne sais pas si cela peut t’aider dans tes recherches, mais mon client semble très intéressé.

Du peu qu’en dit la brochure que j’ai pu me procurer, l’orbe fait partie d’un lot complexe d’anciens artefacts japonais issu de la collection privée d’un ancien et très respecté sorcier décédé. Il est fort possible que beaucoup des plus riches familles japonaises soient présentes à la mise aux enchères… Peut-être te sera-t-il possible de négocier avec le futur acheteur ?

Ci joint, le lieu et la date de la mise aux enchères. Je me suis permis de prendre une invitation à ton nom.

Que la chance soit avec toi.
Délicieusement,

Eli


Kyōto majikkuōkushon - Kyoto
17 octobre 2045

J’arrivais tôt ce jour-là. Je devais voir ce qu’il était possible de faire. Bien sûr, pour un artefact de cette puissance, je savais déjà qu’il me serait impossible de miser dessus, même avec toutes mes économies… Alors, j’étais venue… Pour voir s'il m’était simplement possible de voler l’artefact.

Un étrange endroit… Adapté autant aux moldus qu’aux sorciers...

Mais une petite matinée dans la maison d’enchères, accompagnés des moldus venus poser leur prix sur de magnifiques maisons traditionnelles de Kyoto, me permirent de remarquer que l’antique demeure était bardée de puissants enchantements anti détection… Impossible pour moi de créer un plan me permettant de récupérer l’orbe… J’allais devoir espérer que son futur acheteur ne saurait pas ce qu’il achetait…


Kyōto majikkuōkushon - Kyoto
18 octobre


Les riches sorciers japonais sont particuliers : Dans cet archipel à la tradition séculaire, l’une des étrange particularité est le goût des sorciers japonais pour leur propre culture moldue. Tout autour de moi, les conversations vont bon train sur les derniers divertissements à la mode. Les sorciers ont même leur propre chaîne télévisée, accessible via le Majo no u~ebu (Internet Sorcier). Je connais bien… Quelques incidents dans mes aventures passées m’ont octroyé une certaine célébrité sur ces réseaux...

Mais ce soir, autour de moi, je trouve beaucoup de sorciers aussi célèbres que moi, quand ce n’est pas beaucoup plus, et issus du monde entier. Je passe donc relativement inaperçue. Et je pensais que la soirée me permettrait de voir sans être vue…

Mais ça, c’était avant que je ne tombe sur l’incontournable Takahashi Fukushima…
Fukushima, le Célèbre : Le connaissez-vous réellement ?

"Fukushima Takahashi"; ce nom ne vous est sûrement pas inconnu. Il appartient en effet à l'un des plus célèbres présentateurs d'émissions du pays. Depuis le début de sa carrière, il y a une vingtaine d'années, à aujourd'hui, il a travaillé pour de très nombreuses chaînes de télévision, magiques ou moldues. Des journaux du soir aux commentaires de télé-réalité, en passant par des interviews des plus grands, il a absolument tout fait.
Du haut de ses cinquante ans, fraîchement révolus, avec sa coiffure poivre et sel et son éternel costume de dandy, Fukushima nous paraît être un respectable homme d'affaires japonais, bienveillant et charismatique. Pourtant, savez-vous ce qui se cache derrière son sourire éclatant ?

[...]


Hormis ses fréquentes apparitions sur les plateaux télévisés du pays, T.F a également servi de contact - à des fins inconnues - à diverses chaînes privées financées par de mystérieux entrepreneurs. On a récemment découvert que l'une d'entre elles, la LSN, avait été créée sous les ordres de Saito Kagami - un sorcier malfaiteur connu dans les bas-quartiers de Tokyo pour d'importants méfaits.

Notre cher présentateur a-t-il été manipulé ou agi en toute connaissance de cause ? Lui seul pourrait répondre à cette question.

Quoi qu'il en soit, on sait déjà que sa jeunesse fut fortement troublée par de fâcheux incidents. Échappant sans cesse à la police moldue, il fut arrêté à plusieurs reprises par la Milice Magique pour des incendies, des vols ou cambriolages mineurs, des dégradations de biens publics ; il revendiquait lui-même ces forfaits, et se déclarait "opposé à l'empereur".

[...]


Aujourd'hui, alors que son dossier a été classé sans suite et que le temps a passé, ces histoires ne sont - bien sûr - plus que souvenirs et, lorsqu'on lui en reparle, il a pour habitude d'éclater de rire et de plaider coupable son "innocente immaturité" de l'époque.

[...]


Si vous pensez, après avoir lu cet article, que vous avez découvert tous les secrets de celui que l'on surnomme "le Roi du spectacle", c'est que les rumeurs ne sont pas parvenues à vos magiques oreilles. On murmure en effet depuis quelques temps qu'il serait un Animagus non-déclaré, ainsi qu'il l'aurait laissé entendre lors de son dernier show. Invention des foules ou vérité floutée ? Cela reste à confirmer, mais nul doute que ce grand homme nous cache encore de nombreuses choses…

Retrouvez le à partir du Samedi 21 Octobre dans sa nouvelle émission de jeux : Le château de Takahashi.
Fukushima-san est… Je ne sais pas quoi dire… Trop, c’est sur… Beaucoup trop. A peine m’avait-il repéré, à peine avait-il reconnu ma célébrité, qu’il fondait sur moi tel un oiseau de proie flamboyant…

Du peu que je compris, il est le nouveau présentateur d’une émission de divertissement, et cherche des invités. Malgré mes refus répétés, il continua à me harceler à ce sujet pendant toute la période de présentation des œuvres. Je réussis à m’en débarrasser, prétextant un malaise passager… Mais maintenant que je suis éloigné, je ne peux m’empêcher de sentir son regard dans mon dos, malgré le fait que je sois de l’autre côté de la salle… C’est un peu flippant…

Lorsque l’orbe fut mise en présentation privée, j’écrivai mon nom sur la liste des partis intéressés. La salle de présentation était sombre, afin d’en couvrir les participants. L’orbe trônait au milieu de la pièce, illuminée de lumière crue. Elle était magnifique… Et je reconnus immédiatement les gravures à sa surface. C’était bien l’une des orbes que je recherchais. Et alors que je me mettais en retrait, tentant de déterminer les potentiels partis intéressés…

Hum… Alors c’est pour cet artefact que vous êtes venue ?

Je sursautai… Vraiment, je sursautai. Et en me retournant, je tombai sur Fukushima-san, qui me souriait de toutes ses dents. Cette anguille m’avait suivi jusqu’à la pièce… Je ne lui laissais pas l’occasion d’une réponse… Et je partis sans rien dire… Il me suivait, ce harceleur…

Je n’ai pas pu voir les autres partis intéressés… Tout au plus ai je vu un costaud marchand pakistanais, qui examinait avec une multiplette l’orbe, prêtant beaucoup d’attentions aux détails de ses enchantements… Mais je sens Fukushima sur mes traces… Je dois lui échapper…

J’erre d’artefacts en artefacts, fuyant l’encombrant présentateur télé, jusqu’à la vente aux enchères. A ce moment, j’ai débarrassé le plancher, préférant me réfugier parmi les observateurs du balcon, ceux qui sont juste là pour voir qui acquiers quoi. Et à côté d’une jeune journaliste, je me détends, un cocktail à la main.

Vient le moment de la mise aux enchères… Je n’y prête que peu attention jusqu’à l’arrivée de l’orbe… Et c’est à ce moment que je me rends compte que je suis tombé dans un piège…

Fukushima… Il n’a laissé aucune chance aux autres acheteurs...

Château de Takahashi, province de Fukushima.
21 octobre


Alors que je fuyais la maison des enchères, hors de moi, afin de me regrouper et d’aviser un plan, un jeune groom m’interpella alors que je reprenais mon manteau au vestiaire. Il me remit une lettre au parfum terriblement reconnaissable. Le même parfum que j’avais fui toute cette maudite soirée…

À l’intérieur, une photo dédicacée de Fukushima… Et une invitation pour son foutu jeu télévisé…

Et me voilà… Maquillée et poudrée… Accompagnée de 15 autres participants… À attendre que la première épreuve ne nous soit énoncée… Les esprits caméras tournent autour de nous tel de très énervants moustiques. Je sais que ma face est sur tous les écrans tv sorciers ce soir… Je suis encore furieuse…

Je regarde les têtes, je ne reconnais personne. Tout ce que je sais c’est que nous sommes tous sorciers. Certains sont clairement des mages noirs… D’autres semblent être des célébrités mineures de la télé. J’aperçois un jeune homme dans le coin, en train de sculpter une petite figurine d’argile avec application… Il semble le seul individu normal dans la pléthore d’étranges personnages que nous sommes…

Et alors que je m’endors presque, soudain apparaît un magnifique petit yokaï.
Bakeneko



Créature maléfique, le Bakeneko (化け猫 ou "chat-monstre") est un fantôme de chat à l’origine de nombreuses légendes. Il fait partie de la famille des yokai, les esprits du folklore japonais.

Les origines du Bakeneko

Au 17ème siècle, pendant la période Edo, l’industrie textile se développe entraînant l’apparition de la sériciculture au Japon. A cette époque, les chats étaient appréciés pour chasser les rats et les souris qui menaçaient l’élevage des vers à soie. Ces animaux protecteurs étaient donc interdits à la vente. Ainsi, de nombreux chats de gouttière peuplaient les rues, faisant naître des légendes au Pays du Soleil Levant.

Le terme Bakeneko signifie « chat transformé » ou « fantôme de chat ». En effet, on racontait que ce félin pouvait se transformer en démon pour hanter sa maison et prendre possession de son maître. Pas très sympathique tout chat !

Les pouvoirs magiques du Bakeneko

Issu de la mythologie japonaise, ce chat d’apparence ordinaire est en fait un yokai (créature surnaturelle) possédant de nombreux pouvoirs tels que la capacité de se métamorphoser, de prendre possession des humains ou même de faire danser les gens.

Pour différencier un Bakeneko d’un matou domestique, cela n’est pas simple, néanmoins, on dit qu’il aime laper les lampes à huile. Bon… Il faut savoir que ces dernières étant conçues à base de graisse de poisson, cela n’a rien d’étonnant pour un chat.

On raconte que l’esprit démoniaque du Bakeneko est capable d’adopter une forme humaine en se dressant sur ses pattes arrière ou encore de lancer des boules de feu. De même, on ne laisse jamais ce yokai en présence de cadavres, car ce dernier peut réveiller les morts en leur sautant dessus.

Cependant, ne devient pas Bakeneko n’importe quel chat ! Pour se transformer, le matou doit atteindre un ou plusieurs caractéristiques d’âge, de poids et de morphologie. Un peu comme les critères du mannequinat !

Ainsi, il doit avoir :

✔ Treize ans
✔ Peser plus de 3,5 kg
✔ Posséder une longue queue

Encyclopédie sorcière - Créatures magiques du pays du soleil levant.
De notre très duveteuse et toute mignonne petite présentatrice, nous apprenons les choses suivantes :

5 épreuves nous attendent. 5 épreuves qui vont tester notre coopération, notre compétition, notre réflexion, nos réflexes… Aux gagnants la récompense. Aux perdants la détestable humiliation… Ce soir nous nous battons pour accéder au Château de Takahashi, et demander à son seigneur, Fukushima Takahashi, un cadeau précieux…

Seuls ceux qui réussiront les épreuves pourront avoir la chance de faire leur demande… Je sais ce qu’il me reste à faire. Carnet de voyage… Tu vas m’être utile, je crois.



Château de Takahashi, épreuve n°1
Nous commençons hors du domaine magique… Nous devons traverser une forêt magique, remplie de dangers. Seuls les sentiers sont sûrs. Nous devons ramasser une poignée de champignons dans chaque clairière située à différents endroits de la forêt…

C’est une épreuve de rapidité. Si nous passons trop de temps à l’intérieur, nous risquons de nous faire dévorer. Je dois trouver le chemin le plus rapide, le plus efficace. Je suis certaine que je peux passer sur chaque coin à champignon, une seule fois...


Vite !
Je suis arrivé au bout… Je suis la troisième… Derrière moi, le jeune garçon à la statuette. Il la porte autour du cou maintenant… Nous avons été 12 au total à sortir de la forêt… Nous entendons les cris de terreur des derniers candidats...

Château de Takahashi, épreuve n°2

Nous sommes dans une grande plaine, et des Qirin ont été préparés pour chaque candidats. Ces créatures sont d’excellents chevaux se téléportant à la vitesse de la foudre sur de grandes distances.
Grâce à ces chevaux, nous devons rejoindre le château. Mais la route est pleine de dangers. Voici à quoi ressemble la carte de cette plaine.

Mon Qirin se téléporte tel un cavalier aux échecs, en L (2 cases en avant, 1 case sur le côté). Je dois arriver au château sans tomber dans les fourrés, ou m’échouer dans l’un de ces lacs à la couleur bizarre (du poison ? Sérieux ?)

Je dois bien réfléchir au chemin que je vais prendre.
Cette épreuve était plutôt facile… Mais je suis la dernière des candidats… Derrière nous, 4 candidats de plus sont tombés dans les fourrés ou les lacs de slime et sont en train de tenter d'échapper aux monstres qui se cachaient dans ces endroits…

Nous ne sommes plus que 8, et nous rentrons dans la cour du château.

Château de Takahashi, épreuve n°3

À peine avons-nous franchi la porte d’entrée que nous avons été téléporté dans une étrange pièce aux murs fantomatiques… Nous sommes 4 désormais. Et la bakeneko nous annonce que c’est une épreuve de collaboration. 2 d’entre nous sont sur une partie en hauteur de la pièce. 2 d'entre nous sur un chemin en profondeur. Nous devons mouvoir les murs autour de nous pour nous rejoindre, les 2 sur le chemin haut, les 2 sur le chemin bas. Impossible de traverser les chemins de nos coéquipiers…

J’ai la chance d’être en hauteur, comme le jeune homme sorcier à la mystérieuse figurine. Voici ce que nous voyons là où nous sommes.


Impossible de bouger les plateformes massives sur lequel nous nous trouvons, chacun de nous quatre. Mais nous pouvons en bouger cinq autres et les disposer dans les trous du parcours. Nous collaborons ensemble, mais nous sommes en compétition avec les 4 autres compétiteurs.


Nous devons faire vite !
De justesse ! Grâce au talent tactique du jeune sorcier qui m’accompagnait sur les hauteurs, nous nous sommes rejoints à quelques secondes de l’autre équipe. Ceux-ci ont vu leur plateforme disparaître sous leurs pieds, les faisant tomber dans un gouffre béant. Alors que nous montons l’escalier vers la salle du trône de Takahashi, nous entendons encore leurs cris de terreur alors que leur chute n’en finit pas…

A côté de moi, mon camarade tressaille, et je lui offre un peu de vodka offerte par la Baba Yaga que je gardais dans une petite flasque. Il accepte volontiers. Nous profitons de la zone de pause pour faire plus ample connaissance. Il se révèle être un très agréable jeune roublard, un sorcier des rues. Et il désespérait de rencontrer quelqu'un qui puisse comprendre sans juger ses tribulations.


Page d'un journal magique japonais : interview d'un magicien des rues


Hikaru Toki est un jeune magicien des rues bien connu de la population magique ; son nom ne vous est sûrement pas inconnu. Il parcourt notre beau pays au rythme de ses vagabondages, se produisant un jour à Kyoto, puis le suivant à Ōsaka. On pourrait croire qu'il n'est que l'un de ces vulgaires "illusionnistes" appréciés par les Moldus, mais il est en réalité un sorcier. Très doué en métamorphose, il a appris cette science dans une prestigieuse école américaine, avant de retourner dans son pays d'origine, notre Japon. De nombreuses récompenses lui ont été attribuées pour son talent, bien qu'elles aient été fortement réprouvées par la suite. Bien sûr, l'utilisation qu'il fait de son pouvoir ne fait guère honneur à notre sang supérieur - c'est pour lui une simple manière de s'enrichir face aux crédules, voire de les manipuler.
Nous avons pourtant intercepté ce jeune homme pour le rencontrer et vous offrir une interview exclusive de ce sorcier-magicien qui soulève les foules - et de fortes polémiques.

***

Le Levant Magique : Bonsoir, cher Hikaru. Nous sommes honorés de vous rencontrer; votre nom est partout mais vous semblez invisible... Pouvez-vous vous présenter ?

Hikaru T. : Bonsoir ! C'est également un plaisir pour moi... Je suis tout d'abord un sorcier, tout comme mes deux parents. J'ai passé mon enfance en Amérique, et étudié là-bas, mais le Japon m'attirait beaucoup, et j'ai toujours souhaité le découvrir. Les créatures magiques y sont nombreuses et incroyablement intéressantes, ainsi que les esprits. Aussi, dès que j'ai atteint ma majorité, j'ai fait mes valises et enfourché mon balai pour traverser l'océan.

LLM : On dirait que vous avez eu raison de faire ce choix... Qu'aimez-vous dans ce "métier" peu commun que vous pratiquez ? Que faites-vous exactement, et à quelles fins ?

H.T : Je suis sorcier, et me suis converti en magicien. Je transforme les Sortilèges et Métamorphoses que tout le monde connaît en spectacles qui demandent davantage de subtilité. J'utilise la Magie pour créer ma propre magie, peu commune certainement, mais très personnelle. J'aime me sentir libre, bien sûr, et comme tout sorcier j'aime simplement sentir le pouvoir courir dans mes veines. L'imprévu aussi; et les découvertes, ce qui m'a poussé à voyager. Je connais à présent le Japon comme ma baguette, je l'ai parcouru jusqu'à ses îles les plus reculées durant ces cinq dernières années. J'ai également pris goût au danger et au risque, ce qui m'a parfois conduit à des situations délicates face à des Moldus, je suis obligé de trouver un équilibre entre ordinaire et "extraordinaire" lorsque je me produis face à eux ; je dois leur offrir du rêve mais en gardant en tête qu'ils finiront par se réveiller.

[...]

LLM : Honnêtement, les avis vous concernant sont très partagés. On entend dire que vous êtes un mage noir, un sorcier fanatique épris du Pouvoir, fondateur d'une secte ou détenteur d'une ancienne orbe. On raconte aussi que vous menez une double vie ; le jour magicien des rues offrant de jolis tours au public ébahi, et la nuit créature maléfique en quête de sombres méfaits à réaliser. On vous a parfois aperçu vaquer à des occupations pour le moins suspectes, et de mystérieuses disparitions émaillent votre chemin. Bien sûr, certaines de ces informations sont méprisables et incohérentes, mais d'autres sont pour le moins étranges. Que répondez-vous à cela ?

H.T : - rire nerveux - Je peux vous assurer que toutes ces rumeurs ne sont que mensonges. Voyez, je ne crois pas être capable de commettre des crimes; je suis effrayé à cette simple pensée. Plutôt mourir maintenant que me retrouver au Naraka dans de longues années. - rire nerveux - Et la magie noire ne m'apporterait rien que je ne possède déjà... Quant à la quête du pouvoir, je ne peux que vous retourner la question : qui ne rêve pas un jour d'être aussi puissant que les plus grands démons ?

[...]

Merci à notre envoyée spéciale de Tokyo, C. N.
Lorsque je l’interroge sur sa chance insolente, Hikaru rit. Et, pour une raison que j’ignore, sort de sa poche intérieure, une petite boule d’argile humide…
Petits talismans, à construire avec ses enfants.
Par Tsuitsui hinata.


Tout le monde connaît les kitsune, ces renards protecteurs à l'esprit joueur ; conseillers un jour, fauteurs de troubles le suivant. Leur pouvoir augmente suivant le nombre de leurs années, et leur éternelle vitalité est source de grand respect. Leur couleur, de dorée à blanche argentée, et leurs queues - souvent multiples - incitent l'admiration de tous.
En tant que bienveillant esprit du foyer, ils sont souvent présents dans les maisons sous forme de petites statuettes. Simples représentations... ou objets renfermant une magie prête à l'usage ?

Suivant ce kit sorcier, vous pourrez facilement fabriquer l'une de ces statuettes. Ses pouvoirs varient d'un créateur à l'autre, mais soyez certains de sa puissance !

Quatre matériaux sont nécessaires pour sa réalisation :
- De la poudre de cannes de bambou : Le bambou a des vertus apaisantes et guérisseuses, qui contribuent au calme et à la réflexion. Ses cannes, séchées et broyées, sont d'autant plus efficaces au fur et à mesure que passe le temps.
- Des brindilles de sakaki : Bois très souvent utilisé lors des rituels, le sakaki renforce la magie déjà présente aux alentours et peut, sous l'effet de certains sortilèges, devenir lui-même une source de pouvoir. Relié à la terre, il peut servir à invoquer des esprits ou des dieux.
- Des cordelettes de shimenawa : Cette corde constituée de paille de riz possède également un important pouvoir. Souvent déposée en signe de protection devant une maison, elle est très appréciée des Japonais. On dit que certaines d'entre elles sont l’œuvre des kamis.
- Quelques grammes d'argile : Combinée avec les précédents ingrédients, l'argile terreuse s'épure. Elle peut ainsi s'animer sous l'effet d'un sortilège et devient très solide.

Formule :

1) Mélanger l'argile et la poudre de bambou pour obtenir une texture peu humide.
2) Modeler la pâte obtenue de façon à obtenir une forme de renard.
3) Enfoncer dans la poitrine du kitsune cinq brindilles de sakaki - jusqu'à ce qu'elles ne soient plus visibles.
4)Une fois que la pâte s'est naturellement durcie, nouer les deux extrémités de la corde de shimenawa ; puis placer ce collier autour du cou de la statuette.

NB 1 : Cette statuette annule l'effet de tout objet de la technologie Moldue.
NB 2 : D'étranges phénomènes magiques peuvent survenir si votre statuette contient trop de pouvoir.
C’est un étrange moment que nous passons à construire mon talisman. Calme, simple, réparateur. Une fois la figurine dans ma poche, je me sens prête à tout ce que me prépare ce château… Prends garde à toi, Takahashi… Nous arrivons et nous sommes pas contents...

Château de Takahashi, épreuve n°4

Enfin, nous sommes devant Takahashi, qui trône au bout d’une salle gigantesque, bien trop grande pour être réelle. Il est le roi, et nous sommes séparés en deux groupes de deux.

Un peu mégalo, non ?..
Chaque équipe a 5 cadeaux à lui ramener. Les coffres étant lourds, Hikaru et moi n’avons pas d’autres choix que d’en prendre un à la fois avec nos baguettes. Nous devons les présenter en bonne et due forme à Takahashi avant l’autre équipe.

J’estime à trois minutes le temps pour apporter une caisse jusqu’au trône. Hikaru et moi ne pouvons, chacun, soulever qu’une seule chose à la fois… Comment allons-nous battre l’autre équipe ?

Hum… Peux t’on y arriver en moins de 18 minutes ?


Oh ? Hikaru a un plan…

Château de Takahashi, épreuve n°5

Nous avons gagné ! La solution était toute simple en fait, mais nécessitait de penser en dehors du cadre…

Enfin, Takahashi se tient devant nous. A chacun d’entre nous est présenté un coffre magique à combinaison… Dans chacun de ces coffres, l’objet de notre désir…

Si un coffre est ouvert, l’autre coffre sera immédiatement verrouillé, et le perdant aura l’insigne honneur de participer à la prochaine émission… Nous nous regardons, Hikaru et moi. Je sens dans notre regard notre belle collaboration se briser… L’orbe est trop importante, je suis désolée Hikaru…

Chaque coffre est surmonté de trois magnifiques coquillages. Dans chacun de ces coquillages une perle. Lorsque nous fermons un coquillage, les perles à l’intérieur sont dupliquées. Nous pouvons déplacer une perle d’un coquillage à l’autre. Chaque coquillage peut contenir 8 perles maximum et les coquillages ne peuvent pas se fermer s' ils possèdent 5 perles ou plus. Il m’est interdit de jeter ne serait-ce qu’une seule perle.

Pour ouvrir le coffre, je dois faire en sorte qu’il y ait tout juste 5 perles par coquillage. Mais si je dépasse 15, je suis éliminée…


Comment faire !?

Alors que je vais faire mon dernier mouvement, et arriver à 5 perles exactement dans chaque coquillage, je tourne la tête vers Hikaru… Celui-ci me regarde sans bouger…

Je regarde son coffre. Le jeune homme a ses perles exactement dans la même position que les miennes. Sans rien me dire, il met sa main libre dans la même position que la mienne… Takahashi nous regarde de toute sa hauteur… Nous le regardons à notre tour…

Puis dans un dernier mouvement, parfait de synchronicité, nous appliquons le dernier mouvement…

Ding ding ding ! Et le gagnant est ..!


Auberge sorcière de Fukushima
22 octobre 2045

Takahashi était vert… Son équipe d’enchanteurs sorciers avaient oublié ce léger détail… Lorsque nous avons terminé l’énigme du coffre en même temps, cela a créé un paradoxe dans l’enchantement, le forçant à prendre la plus proche des décisions possibles. Les deux coffres se sont ouverts…

Le fier présentateur, pourtant assuré de tout contrôle, fut obligé d’accepter gracieusement notre victoire à tous les deux. A moi, l’orbe de mes désirs… A Hikaru, un étrange et magnifique pinceau de calligraphie…

Riant et bras dessus bras dessous, nous quittâmes ainsi l’émission sorcière, et nous fûment escortés jusqu’à la ville de Fukushima toute proche. Nous étions d’humeur festive après ce bon tour… Mais Hikaru devait d’abord contacter quelqu’un. Ceci fait nous partîmes profiter de l’auberge sorcière du coin.
Et je passais ainsi une très agréable soirée en compagnie d’Hikaru, puis de son compagnon… Un maître sorcier calligraphe, très connu dans le monde du talisman. Le pinceau était un vieil artefact ayant appartenu à sa famille avant d’être volé dans le passé. Et flairant l’opportunité, Hikaru, en sorcier débrouillard, avait mis en place toute les pièces nécessaires pour gagner ce soir. Devenir célèbre, attirer le regard de Takahashi, réussir à devenir l’un des invités de l’émission. La figurine de kitsune était le petit élément de chance de plus, cette petite chose qui a la fin, alors qu’il était perdu sur la résolution de la dernière tâche, lui permit de m’inclure dans son plan de génie…

Permettant également ce magnifique pied de nez à Takahashi. Un plan plein de subtilité et de ruse, entièrement mis en place pour apporter un sourire à son compagnon… En vrai, je fonds un peu à cette histoire, et je ne peux m’empêcher de penser à Sahar… Elle devrait avoir terminé sa convalescence… Je devrais lui envoyer un hibou pour savoir.

Nous nous quittons bons amis, Hikaru, son compagnon et moi. Ils me proposent de revenir les voir si d’aventure mes chemins reviennent vers le Japon. Je les quitte avec un petit pincement au cœur, et un magnifique cadeau du maître calligraphe dans mes bagages...


Chapitre 4 : Comment tuer un immortel ?
Reducio
|| Chapitre 4 ~ Comment tuer un immortel ? | Chine ||

Mon Soleil.

Comment se passe ton voyage ?

En parcourant la Tapisserie, j’ai découvert l’existence d’une ancienne secte chinoise, proche de Beijing. Elle semble liée à l’une des Orbes que tu recherches. Leur oriflamme est un dragon blanc et noir, sur un fond bleu clair… J’espère que cela te sera suffisant pour les retrouver.

Prends garde, mon étoile. Leur réseau de connexions me fait croire que la secte a déjà eu des contacts avec certains des gens qui te connaissent.

J’attends avec impatience nos retrouvailles.
Sahar
Chère Angeline,

Je suis ravie de te savoir de passage à Beijing. J’ai hâte de prendre le thé avec toi.

Au sujet de tes recherches, l’oriflamme du dragon au yin/yang sur ciel ensoleillé est le symbole de la secte Dongbin, une très ancienne lignée d’immortels spécialisés dans la médecine du Qi. Leur réputation est devenue mitigée, ces dernières années… La guerre centenaire qui les oppose au parti des sorciers du peuple semble avoir vidé leurs autrefois impressionnantes ressources et la secte doit désormais composer avec des clients… Moins vertueux qu’auparavant…

Mon établissement continue à user de ses services, car ce sont d’excellents médecins et herboristes. Mais la qualité a baissé drastiquement ces dernières années. Fais attention dans tes négociations avec eux. Il n’y a rien de pire qu’un tigre piégé contre une falaise…

Et si tu as le temps de passer prendre le thé en notre compagnie, n’hésite pas à venir sonner notre clochette. Tu sais que nos réguliers adorent tes histoires.

Cordialement,

Madame Ping

Faubourgs de Beijing
28 octobre 2045


Je suis toujours très perturbée par la Chine, à chaque fois que je viens. Ce n’est pas la faute du pays, qui a sa propre beauté, à couper le souffle, remplie de petites enclaves cachées… Mais son histoire politique particulière rend mes visites oppressantes… Car les chinois ne font pas dans la demi mesure…

D’un côté, nous avons le parti communiste Chinois, et sa branche magique, le parti des sorciers du peuple. Vindicatifs, surveillant constamment le moindre fait et geste de ses citoyens, cachant l’opulence et la tyrannie de ses élites derrière une propagande idéologique basée sur l’égalité absolue des traitements. Une main de fer dans un gant de fer dont l’illusion ne tient que par la menace constante que le parti exerce sur la population magique.

De l’autre, des centaines de petites sectes sorcières, basées sur un système féodal. Généralement, une grande famille de sorcier, contrôle un petit royaume occulte, servi par de nombreuses familles de serfs, sorciers comme moldus, piégés dans leur soumission par une méconnaissance profonde du monde hors de la secte, et un culte certain de la personnalité de sa famille dirigeante, qu’ils nomment les immortels. La tyrannie impérialiste chinoise à l’ancienne.
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Vue du domaine caché de la secte Dongbin, entrée du domaine.
Aucun des deux ne prend en compte les citoyens sous leur pouvoir. Ils ne sont que pions, chiffres sur un boulier, comptabilité. Et au milieu de cette terreur culturelle, je me balade, observatrice. Privilégiée de ne pas jouer… Sauf quand je dois négocier avec eux... Si je pouvais, je ne prendrais contact ni avec l’une ni avec l’autre… Pourtant, je viens de rouler une bonne heure jusqu’à l’orée de la capitale chinoise pour en rencontrer l’une des plus anciennes…

Avec moi, un objet personnel, évidemment, un petit coffret de talismans inscrits par mon ami calligraphe durant mon passage au Japon. Les sectes chinoises sont toujours friandes d’offrandes de ce genre et cela devrait me permettre de rencontrer immédiatement le doyen, sans avoir à passer par son cercle intérieur…
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Alors que j’écris ces lignes, je regarde le vieux temple moldu délabré devant moi. C’est désespérant de voir le peu d’entretien de ce lieu, pourtant l’entrée d’un royaume de poche, si cher aux Chinois… Mais les moldus de ce pays ont une relation conflictuelle avec leur héritage, surtout quand il est à destination du petit peuple. Ce petit temple, Taoïste, plein de petites histoires culturelles, est trop insignifiant pour intéresser le pouvoir. Alors il est laissé à l’abandon, très littéralement… Et la secte qu’il renferme n’a aucun intérêt à valoriser sa vitrine extérieure, sous peine d’en attirer les vautours du parti… Pour moi, la seule chose que je vois dans tout ça, c’est une magnifique architecture abandonnée par la faute de la basique cupidité de leurs gouvernants…

Et pourtant… Malgré ce contexte politique très particulier, si spécifique à ce pays… Lorsque j’entre dans le royaume de poche... La Chine magnifique, millénaire, époustouflante m’enlève toutes mes idées noires…

Royaume de poche DongBin
1er décembre 2045


Journal, je déteste vraiment les Chinois… Ce royaume de poche est l’un des plus beaux que j’ai eu l’occasion de visiter. Tout y est parfaitement ordonné, mesuré au cordeau, parfaitement esthétique, d’une beauté à couper le souffle… Aaaaah ! Un vrai paradis sur terre… L’Européenne en moi est tellement jalouse…

Cela fait trois mois que j’évolue en tant qu’invité dans le domaine. Mon cadeau japonais a eu l’effet escompté et même si la secte me force à attendre les quelques jours de rigueur pour rencontrer son doyen, qui est bien entendu “En isolement.”, j’ai le temps et le guide nécessaire pour me balader dans le domaine.

Tout a ici un délicieux anachronisme teinté de modernité, relativement différent de notre propre société magique européenne, par bien des aspects en retard sur les temps modernes. La magie et l’enchantement ont remplacé ici la technologie et la place et le soin apportés à l’artisanat magique est très important. Je le savais déjà mais il est toujours incroyable de voir l’attention si particulière à ces sectes d’érudits asiatiques d’atteindre l’harmonie en toute chose. Le moindre objet magique est calculé, considéré dans son environnement, mesuré dans son impact environnemental. La société de ce royaume vit en vase clos, avec des ressources relativement limitées, aussi la quasi-totalité de leur mode de vie repose sur leur capacité à utiliser leurs ressources renouvelables. Et là où la caste de sorciers qui remplissent la cour des disciples du premier cercle s’assure du bon fonctionnement magique du domaine, je trouve un nombre invraisemblable d’excellents artisans non sorciers dans la cour des disciples extérieurs, certains très respectés dans la communauté, presque autant qu’un ancien sorcier…

Et puis il y a les immortels, ces sorciers ayant, par une vie de pratique, réussi à dépasser l’état de mortalité, et tentant de s’approcher décennie après décennie d’un état de magie pure. Comme dans toutes les sectes, ils sont ici vénérés, et les plus anciens d’entre eux ont des statues à leur effigie, garnis d’offrandes du petit peuple dans tout le royaume de poche… Ils volent dans les airs, avec l’aide de leurs longues armes d’apparat à travers le domaine, insufflant leur corps de magie pour se donner cette apparence divine, épatant de leurs “miracles” tout leur petit royaume... Je ne peux m’empêcher de les trouver un peu ridicule dans tout leur apparat, car pour une européenne comme moi, habituée du balai, même tout récemment du mortier et du pilon… Le désir de culte de la personnalité est tellement visible qu’il en devient risible…

Mais je dois me conformer, faire ma touriste enthousiasmée… Car demain j’ai rendez-vous avec le cercle intérieur, et la cour des immortels. Enfin vais-je pouvoir voir s'ils possèdent l’orbe que je recherche.


Danse avec les Dieux : La cultivation introspective chinoise comme modèle de société magique.
Par Edgar Loréal


N’importe quel sorcier qui s’est intéressé au modèle chinois d’éducation magique ne peut qu’être émerveillé par les résultats qui en découlent. Transcendance de la chair, dépassement de la mortalité, contrôle sans précédent sur la magie. Les usages chinois semblent produire une multitude de très grands praticiens magiques, capables d’actions sur la réalité que nos sociétés occidentales considèrent encore comme des miracles.


Cette thèse étudie les mécanismes de cette éducation, et le poids considérable que ses constituantes exercent sur la société magique chinoise dans son ensemble. Outre l’étude sociologique de cette éducation, cette thèse se penche sur la comparaison du modèle occidental d’éducation avec le modèle chinois traditionnel, et par là même, tente d’expliquer que les deux modèles, reportés à l’échelle des siècles, se valent quasi identiquement. En conclusion, cette thèse discute des enseignements que peuvent nous apporter l’apprentissage magique traditionaliste chinois et comment améliorer notre propre modèle d’éducation.

Dans le détail, cette thèse adresse dans ses chapitres :

  • L’histoire sociétale de la magie chinoise moderne, de ses premiers concepts remontant au Confucianisme et sa confrontation séculaire avec la magie tribale mongole jusqu’à l’assimilation de l’empire et son apogée sous les dynasties suivantes. Enfin de son resserrement soudain par l’action des troubles politiques dans le monde magique chinois.
  • Une discussion sur l’état de cultivateur, sans réflexion sociologique, afin de se concentrer sur l’éducation pure que le modèle apporte. Sont notamment discutés, les concepts de méditation/malaxation magique, l'intérêt de l’art dans la pratique méditative, les concepts d’Inspiration introspective, de Feng Shui et de Perçée intérieure, l’importance de l’assimilation de force magique extérieures, ainsi que les quatres niveaux théoriques de transcendance du mage chinois. De l’état d’immortel en gestation à celui de transcendent.
  • Une discussion sur le modèle de société mis en place autour de cette cultivation : Notamment, l'intérêt de la hiérarchisation à outrance de la société, par sa séparation en micro royaumes isolés de moins de 2000 habitants et ses concepts des trois rangs de respect hiérarchique, ses modèles de domination pure du non magique, sa recherche de l’harmonie sociale par le concept du feng shui appliqué à la société, et l’écheveau de propagande et de spectacle nécessaire par les élites pour maintenir sa société de serfs sous contrôle avec un minimum d’effort.
  • Seront interrogés et mis en relation les pratiques de la cultivation par rapport à notre propre culture magique dans le chapitre suivant. Notamment sur la question de la morale et de l’éthique, qui est très différente entre le modèle occidental et chinois. Mais également sur les bienfaits éducatif d’un système éducatif basé sur l’égalité des chances, l’ouverture au monde, l’assimilation, et la distanciation des non magique.
  • Enfin, seront discutés les faiblesses de notre propre système d’apprentissage magique, notamment ses concepts premiers tels que le sortilège comme fondation de l’éducation ou l’utilisation obligatoire des catalyseurs magique, et comment nous pourrions gagner d’emprunter quelques traditions chinoises dans le développement de nos jeunes et moins jeunes sorciers sans forcément avoir à revoir toute notre société.

En conclusion à cette thèse, vous trouverez plusieurs pistes d’investigations supplémentaires sur différents axes de la théorie asiatique, en lumière des dernières découvertes magiques opérées par la communauté sorcière internationale.

Royaume de poche DongBin
3 décembre 2045


Ce fut difficile, mais j’ai réussi ma négociation, même si je n’ai pas vu le doyen… Je crois. Je m’en tire avec l’échange d’un service contre l’orbe.

La secte est dans une situation compliquée. Alors que tout semble idyllique vu de l’intérieur, sa place dans la société magique chinoise est devenue très faible ces dernières années. La raison invoquée par les anciens : Le parti sorcier du peuple, qui a trouvé en la secte une cible parfaite du fait de son rôle de médecin du monde magique. Dans les décades précédentes de combat entre les deux, la secte se trouve être la grande perdante, ayant perdu la majorité de son influence précédente, et un certain nombre de succursales et de contacts avec l’extérieur, l’obligeant à s’isoler davantage. Sans compter un vol particulier ayant touché la secte, qui met le doyen actuel dans une fureur noire.

En effet, le doyen est proche de la transcendance. Déjà fort âgé, de l’ordre de 800 ans, il sent sa fin venir et à besoin d’atteindre la prochaine percée au plus vite. Malheureusement, il a besoin d’un médicament très puissant, prenant un bon siècle à préparer, qui a malheureusement disparu lors du dernier vol. Un élixir d’immortalité…

Selon la secte, si je leur ramène l’élixir, le doyen pourra terminer sa réclusion et n’aura plus besoin de l’orbe pour maintenir son équilibre énergétique. Devenu transcendent, la secte n’aura plus rien à redouter du parti sorcier du peuple et pourra donc me l’offrir en récompense. En vérité, je trouve que je m’en sors plutôt bien… Encore faut il que je trouve un moyen de m’infiltrer dans le ministère de la magie chinois…


Beijing
5 décembre 2045


C’est un des jeunes nouveaux immortel qui m’a donné l’idée, alors que son ascension passée se terminait. S’étant associé spirituellement avec l’équivalent chinois d’un épouvantard, le nouvel immortel a dévoilé devant la secte son extrême capacité à se transformer, pouvant en quelques seconde passer d’un visage à l’autre, d’un corps à l’autre sans qu’il ne soit possible de déterminer qui est l’original et qui est le sosie. Cette incroyable performance m’a fait réfléchir à un plan simple mais complexe, et je débauchais rapidement cet immortel pour m’accompagner hors de la secte.

N’ayant jamais mis le pied dans le monde extérieur, il fut ravi de m’accompagner. Pour m’assurer sa loyauté je l’amenais donc immédiatement à la Maison des Plaisirs Intellectuels de mon amie Madame Ping, afin de lui faire goûter à des conversations d’un autre monde. Et il suffit d’une petite soirée, absolument merveilleuse pour moi aussi (Madame Ping est la plus formidable hôtesse de Chine, absolument) pour que le jeune érudit soit prêt à me remercier en me suivant jusqu’à la fin du monde si je le demandais.

Avec un tel allié, mon plan ne peut qu’être couronné de succès… Celui-ci est vraiment très simple… Grâce à Madame Ping, je connais les déplacements futurs d’un couple d’inspecteurs en chefs du parti. Mon acolyte et moi-même iront piquer leur apparence à la tombée de la nuit. Puis à l’aide de polynectar pour moi et de ses pouvoirs, nous allons simplement avancer par la grande porte du ministère, et faire l’inspection pour laquelle ils étaient conviés. Et je suis certain que vu notre grade présenté, personne ne nous en voudra si nous vérifions aussi la sécurité de l’entrepôt des potions confisquées…


Beijing
6 décembre 2045


Ah ! Comme voler sa sucette à un bébé… Pas que je ne l’ai déjà fait… Mais ce fut bien trop simple pour une organisation aussi terrifiante… En vrai, ce ne fut pas si simple que cela, mon évasif allié se retrouva à changer plusieurs fois d’apparence au gré de la visite, pour correspondre à l’environnement dans lequel j’étais escorté. En effet, l’un des inspecteurs dont nous avions pris l’apparence n’était pas des plus gradés, et ne pouvait pas me suivre dans les endroits les plus sécurisés. Mais je n’eu aucun problème de mon côté et il fut facile d’escamoter l’élixir par un autre, alors que je demandais à ce qu’on me le présente personnellement durant l’inspection…

La définition de Tigre de Papier correspond bien au ministère de la magie chinois actuel. Celui-ci souffre encore de la crise Anglaise, ayant brisé le secret magique, alors que le parti unique Chinois moldu, bien plus puissant que le gouvernement anglais, a fait de la chasse au sorcier sa priorité n°1, par précaution. Le parti du peuple sorcier, pourtant aligné idéologiquement avec les moldus, à du faire machine arrière toute et se confiner comme toutes les autres sociétés magiques, perdant quelques plumes au passage. Avec un énorme souci de leadership, cela les rendait très exposés, et la coïncidence fait que j’en ai profité…

J’ai eu de la chance, vraiment… Mais je ne vais pas me plaindre… Je dois encore aller négocier l’orbe avec la secte…
L'Élixir d'immortalité : une Quête éternelle
Le petit potionniste passionné
Revue de vulgarisation chinoise à destination des alchimistes
Édition de Septembre 2034

Ce mois-ci, dans notre rubriques “Les Potions de Grands Pouvoirs”, nous aborderons sans aucun doute la plus célèbre d'entre elles : l’Élixir d'immortalité.

On a longtemps cru que ce philtre n'était qu'un mythe destiné aux croyances populaires, mais l'on s'aperçoit au fil de l'Histoire que tous les éléments dont nous disposons semblent converger vers le même point, la réelle possibilité de le fabriquer.
[...]


>>> Histoire : Ce philtre de renommée universelle a de nombreuses variantes, et ses origines remontent à la nuit des temps. Nul ne sait exactement qui, le premier, a tenté de le créer et de l'utiliser, ni si quelqu'un a un jour réussi à le préparer.

D'après la plus fréquente légende, il aurait été conçu aux alentours de l'an - 3000, par un sorcier
chinois. Pourtant, il ne serait pas parvenu à obtenir l'effet souhaité sur lui-même, pour quelque obscure raison. Il transmit le secret à ses disciples avant de mourir, et la recette voyagea au cours des siècles, de bouche à oreilles. De nombreuses années après, un magicien décida de transposer la formule par écrit, afin qu'elle ne se perde pas dans l'oubli ; on ignore si la recette telle qu'il la décrivit avait déjà été modifiée depuis sa création.

Malheureusement — ou heureusement —, le prince Bouddha, vivant à cette époque, entendit les rumeurs qui couraient concernant l'élixir, et s'empressa de s'emparer du parchemin. En effet, le concept bouddhiste refuse que l'enveloppe corporelle survive au temps, puisque seule l'âme peut se réincarner pour s'élever au Nirvana.

Ne parvenant pas à détruire l'objet protégé par un sortilège, Bouddha l'enferma dans un lieu connu de lui seul, inaccessible au commun des mortels.

L'histoire aurait pu s'arrêter ainsi, mais de nombreux autres sorciers se mirent à la recherche du philtre, ou d'un moyen de le fabriquer. Depuis des millénaires, les sorciers utilisant la magie blanche œuvrent ensemble pour contrer les forces maléfiques et éviter qu'elles ne s'approprient le secret. Pourtant, il est tout à fait possible qu'au fil du temps, un sorcier plus puissant que les autres soit parvenu à produire la mixture — avec ou sans indications préalables. Malgré la forte probabilité que ce ne soit déjà le cas, nous n'en serons sans doute jamais certains étant donné que ces secrets sont jalousement gardés par leurs détenteurs...

En Chine, de nos jours plus que jamais, le combat est rude pour obtenir l'hypothétique formule, et chaque camp est divisé par les luttes de pouvoir.

>>> Composition et préparation : Très peu de sources fiables expliquent comment produire ce mystérieux élixir. La formule elle-même n'a jamais été dévoilée, mais certains points la concernant sont très clairs et ressortent souvent dans les grimoires.

Ainsi, le sang de licorne argentée et celui de Dragon de Feu seraient nécessaires, l'un apportant pureté et sagesse, le second force et endurance. Il semblerait également que la bénédiction d'un esprit (fantôme, kami, yokai, selon les croyances/cultures) soit déterminante de la réussite de la préparation.

Pour finir, la mixture complète doit reposer au moins une centaine d'années dans un lieu dépourvu de présence humaine, afin que ses composants se mélangent et s'assemblent.

>>> Propriétés : Bien sûr, ce fameux philtre apporte la vie éternelle. Mais pendant combien de temps ? L'immortalité elle même doit avoir une fin, on suppose donc qu'il ne fait que rallonger considérablement la vie de plusieurs centaines d'années à quelques millénaires.

On dit aussi qu'il permettrait de guérir n'importe quelle maladie ou blessure, et ce dans de rapides délais.
Enfin, sa dernière propriété serait de mener au Nirvana, le paradis spirituel bouddhiste, qui est en réalité un état d'harmonie et de purification de l'âme.

Tout cela forme de nombreux attrait à l'élixir, mais ces enjeux ne sont pas sans danger...

>>> Utilisation : Après la longue préparation de la potion, une fois tous les ingrédients réunis et l'élixir prêt à être bu, il faut savoir que son utilisation ne se fait pas sans périls. Les substances contenues dans le philtre doivent modifier l'organisme pour ralenti son vieillissement. Seulement, en plus des risques que la recette n'aie été mal préparée, viennent ceux que l'un des ingrédients ne réagisse mal dans le corps. Nombre des sorciers ayant tenté l'expérience furent atteint d'une mort subite, et la minorité restante s'éteignit dans de grandes souffrances. On ignore également si des séquelles (métamorphose partielle, violentes migraines,...) ne subsisteraient pas, même en cas de réussite.

Beijing - Aéroport international
9 décembre 2045


Ah les traîtres… Sahar m’avait prévenue, Madame Ping m’avait prévenue… Et je suis tombé dans le piège comme une débutante…

Ils n'attendent qu’une occasion, les ordures. Lorsque mon jeune ami commença à raconter les péripéties de notre aventure, et ça, peut-être trop long, description de la Maison des Plaisirs Intellectuels… Les regards se firent triomphants, puis dur. Je fus immédiatement arrêtée pour débauche et corruption de l’esprit. Mes affaires furent confisquées, y compris les orbes, bon sang !

Je rencontrais le doyen deux jours plus tard, alors qu’il venait visiter ma cellule. Il ne cacha même pas son dégoût pour ma personne, alors qu’il m’expliquait par le menu que la secte était actuellement en discussion pour revendre l’orbe à un riche acquéreur, et que celui-ci serait ravi d’en avoir deux de plus pour un très substantiel supplément… J’étais sous le choc de ma propre stupidité… Pire encore, mon exécution n’allait pas tarder…

Le jour de l'exécution, je fus réveillé par des bruits d’explosions et de combats. Mes geôliers disparurent rapidement, appelés pour aider à combattre ce mystérieux agresseur. J’en profitais pour disparaître moi aussi, car c’était leur seule présence qui m’empêchait de m’évader de cette modeste prison. Les sorciers oublient souvent que les moldus savent ouvrir les serrures sans avoir besoin d’un sort…

En m’infiltrant dans les étages, la scène de combat que je pu voir par les fenêtres dépassait l’entendement…

Au milieu de la cour du palais intérieur, un homme gigantesque, nu comme un vert et pâle comme la mort se battait comme un barbare, sa peau mystérieusement imperméable à tout sortilège. Sa force était comparable à un titan alors qu’il saisissait piliers et morceaux de murs pour les propulser contre l’ensemble de la secte qui virevoltait autour de lui. Plus d’une fois je le vis perdre un bras, ou une jambe sous l’assaut d’armes bien physiques maniés par les acolytes, mais à la fenêtre suivante, c’est comme si il ne les avait jamais perdus…Par contre, les rangs de ses assaillants diminuait de minute en minute dans un bain de sang trop graphique pour que je ne le détaille ici...

Je m’infiltrais dans le sanctuaire des anciens, et restait quelques secondes à admirer sa magnifique architecture interdite. J’étais seule à l’intérieur, et me serais attardée plus longuement sans les chocs sourds terrifiants qui faisait trembler l’ensemble de la structure. Je retrouvais rapidement l’ensemble de mes affaires. Mon sac, et son contenu éparpillé sur une autre table, les deux orbes bien en évidence. Je retrouvais également la troisième orbe, dans une vitrine magique que je m’empressais d’exploser d’un sortilège… La troisième orbe en sécurité, je m’exfiltrais hors du domaine…
Mais alors que je m’approchais pour regarder l’état de la bataille, mon regard tomba quasi immédiatement dans celui de la créature… Ce contact… Cette haine envers ma personne… Il me regardait comme si j’étais sa première cible, c’était terrifiant… Mais préoccupé par l’ensemble des guerriers de la secte, il dû reporter son regard ailleurs, me laissant pantelante, tétanisée, choquée… Je devais partir immédiatement d’ici…

Et c’est comme cela que je quittais ce royaume perdu, traversant le village démoli, franchissant le pont en lambeau. Me retournant une dernière fois pour voir la situation de ma multiplette.

Le géant se tenait sur le toit défoncé du palais intérieur, rouge du sang de ses ennemis, tenant dans sa main dressée au-dessus de sa tête, le doyen de la secte. Lorsque je le regardais, sa tête tourna immédiatement dans ma direction. Dans un impressionnant moment, je le vis écraser de sa main le transcendant, le tuant sur le champ sans même le regarder, avant de le jeter sur ses disciples comme une poupée de chiffon. Et je rangeais précipitamment mon équipement quand je le vis, à distance pourtant, foncer sans hésiter dans ma direction !

Je n’ai jamais fui une situation aussi vite de ma vie… Je suis à l’aéroport maintenant, et je viens de prendre un billet vers la destination la plus rapide que j’ai pu trouver… Je serais en Inde dans quelques heures… Je ne crois pas que j’arriverais à dormir ce soir… A chaque fois que je ferme les yeux, je revois son regard...

Kochtcheï : "L'adversaire"


Dans les contes merveilleux russes, Kochtcheï (russe : Коще́й, aussi Koschei, Kachtcheï, Kashchey ou Kościej en polonais) est un personnage négatif, appartenant à la catégorie des adversaires. Sa principale fonction est d'enlever les princesses des contes, et de massacrer les innocents. Il est qualifié d'« immortel », plus exactement de « Sans mort », sa mort étant extérieure à lui. Il peut être représenté par un serpent ou un dragon ou un géant. Son personnage est passé dans la littérature, l'opéra, le cinéma, moldu comme sorcier... Il est le fruit d'un avertissement : "Ne croisez pas son passage."

Dans le conte traditionnel sorcier, Kochtchéï n'est jamais décrit physiquement. Comme toutes les figures surnaturelles négatives du conte populaire, il ne marche pas, il vole, il arrive ou s'échappe en un tourbillon, il est à cheval, il s'exclame : « Cela sent le Russe ! » ou il rugit à l'approche d'un être humain ; son activité est la chasse ou la guerre.

L'entourage dans lequel il vit est féminin. Tantôt, il est le père de l'héroïne ou de la princesse (voir le conte La Princesse Grenouille), tantôt, il a enlevé au héros sa fiancée ou son épouse (voir les contes Maria Morevna, La Belle des Belles, Fiodor Tougarine et Anastasie la Belle). Les unes comme les autres cherchent à lui échapper avec l'aide du héros.

Kochtchéï est sorcier, tout comme la princesse-grenouille qui cependant le surpasse dans cet art. Par ailleurs, si fort soit-il, il a été fait prisonnier par la sorcière guerrière Maria Marevna. Dans tous les cas, les jeunes filles ou femmes finissent par être ses prisonnières, car son invulnérabilité magique et sa force barbarique déjouent leur puissance. Il les détient contre leur gré. Les unes comme les autres cherchent à lui échapper avec l'aide du héros. Chaque fois, l'héroïne joue un rôle double, elle cherche et réussit à le tromper pour savoir où est cachée sa mort.

La mort de Kochtchéï

L'important dans le personnage est de savoir comment le tuer, c'est-à-dire de savoir où est cachée sa mort. Le conte slave oriental connaît deux possibilités :

- La mort cachée dans un œuf. Kochtchéï dévoile le secret de sa mort (plus exactement du lieu où se trouve sa mort) en termes toujours à peu près semblables : l'œuf est dans une cane, laquelle est dans un lièvre, lequel est dans un coffre enterré sous un chêne, sur une île au milieu de l'onde. Grâce aux animaux reconnaissants auxquels il a rendu service, le héros se procure l’œuf, le casse, et Kochtchéï meurt, jusqu'à la prochaine fois.

- Kochtchéï n'a qu'un point vulnérable, son front. Il est tué d'un coup de sabot bien ajusté décoché par le cheval merveilleux que le héros s'est procuré auprès de la Baba Yaga (conte Maria Morevna).

Kochtcheï et les Baba Yagas

Il est rare que Kochtcheï et une Baba Yaga interviennent dans le même conte, mais on trouve quelques cas où ils sont frère et sœur, mari et femme, ou simplement partenaires. La baba Yaga, en tant qu'auxiliaire du héros, peut à l'inverse indiquer où se trouve la mort de Kochtchéï (conte La Princesse-Grenouille, notamment). Il est possible que cette indication soit une référence à l'ordre ancien des Baba Yagas, dont la lourde tâche, en Russie, est d'arpenter la lande pour protéger le monde magique de ses plus terribles éléments...

Kochtcheï en tant que créature mythique

Hormis ce que nous apprennent les anciens écrits magiques russes, il semble que le monstre qu'est le Kochtcheï n'ait jamais existé. L'ordre des Baba Yagas est relativement laconique à ce sujet, indiquant que ce qu'il représentait auparavant n'a plus lieu d'être un danger. Sans preuve de son existence, nous ne pouvons que continuer nos recherches. Peut être une histoire apparaitra un jour, sur la manière dont le Kochtcheï, mythique créature désormais pure légende, a été vaincu une bonne fois pour toute...


- Vladimir Sergueïovitch - Dangers anciens -
Ce que les contes pour enfant nous rappellent
des anciennes créatures légendaires.

Chapitre 5 : Le Taj Mahal Noir | Inde
Reducio
||Chapitre 5 ~Le tombeau inversé | Inde||

Télégramme sorcier, reçu à l’ambassade anglaise sorcière de Delhi, le 9 décembre 2045
Expéditeur : Elias Featherhands
Destinataire : Angeline Threadbare (à destination de toutes les ambassades d’Asie)
Contenu privé (Confidentiel de faible niveau) - Urgent - Aide diplomatique requise

DEBUT - Client mécontent - STOP - Parti précipitamment impossible de le retenir - STOP - Une Orbe trouvée en possession du Cercle d'Ashoka - STOP - Ministère Indien peut être offrira assistance - STOP - Fait attention - FIN

New Delhi - Ambassade du Royaume Uni - Succursale magique
10 décembre 2045


A peine descends-je de l’aéroport que je suis accueilli par une discrète calèche magique, aux couleurs de l’ambassade d’Angleterre. A son bord, je rencontre un assistant de l’ambassadeur, porteur d’un télégramme urgent. J’en comprends immédiatement la teneur.

Alors que l’assistant me demande ce dont j’ai besoin, je lui demande une lettre de recommandation anglaise pour le ministère de la magie Indien. Je l’obtiens quasi immédiatement, dès mon arrivée à l’ambassade. Je reconnais à cette rapidité l’influence toute particulière d’Elias à Londres… Je te revaudrais tous ces services, mon vieil ami… Sois en sûr...

Demain, j’entrerai ainsi sans me cacher au ministère de la Magie indien. J’ai besoin de me remettre de mes émotions ce soir...

New Delhi - Ambassade du Royaume Uni - Succursale magique
11 décembre 2045


Grâce à la lettre de recommandation fournie par l’ambassade anglaise, je pus très rapidement m’entretenir avec un officier de liaison internationale. Intrigué par ma demande d’informations sur le Cercle d'Ashoka, celui-ci me fit rencontrer un haut gradé de la sécurité magique.

Par cet entretien, j’appris que le ministère indien de la magie considère le Cercle d'Ashoka comme une dangereuse menace à la sécurité intérieure. Ce cercle, à la base un groupe de sorciers érudits, s’est progressivement tourné vers l’étude nécromantique ces dernières années et le gouvernement indien craint qu’ils ne passent bientôt dans le rang des mages noirs, si ce n’est pas déjà fait… Mais ils manquent de preuve pour les arrêter préventivement, notamment car la plupart des membres de cet ordre sont de la caste des brahmanes, la caste associée au pouvoir magique et religieux dans la société indienne. Ils sont virtuellement intouchables sans preuves solides de leurs néfastes activités…

Mais ma présence et ma requête offrent une fenêtre d’action particulière à la police magique pour enquêter. L’officier, l’inspecteur Ajay Bajirao “Singham”, que je rencontre en fin de journée est terriblement enthousiaste à l’idée de sauter sur cette opportunité. Nous allons deviser d’un plan d’action dès demain matin…

J’ai hâte de commencer ce travail de terrain. Cela fait du bien d’être du côté de la loi pour changer.
Rapport sur l’inspecteur indien Ajay Bajirao “Singham” - Ambassade britannique

L’ambassade magique britannique en Inde a eu l’occasion de travailler avec l’inspecteur Ajay Bajirao “Singham” qui est un très bon élément des forces de police magiques indiennes. Nous avons collaboré sur les traces d’un mage noir en 2043.
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Ajay Bajirao “Singham”
Leela Palace Hotel,
12 décembre 2045
C’est un homme de grande envergure, sa force n’est plus à prouver. Il a des yeux profondément bruns et des cheveux tout aussi foncé, il se caractérise par une coupe courte. Mais c’est surtout ses aptitudes physiques que ce rapport décrit : il est un sorcier tout particulier parce qu’il est un augmenteur. C’est un type de magie que nous ne connaissons pas bien en Europe mais qui est courante en Inde. Elle consiste à faire augmenter sa puissance physique et à renforcer le corps, pour améliorer ses capacités naturelles, via des sortilèges discrets utilisés dans la pratique de mouvements d'arts martiaux. Il s’avère que cette forme de magie est très discrète et permet ainsi à toute la police magique de frôler voire de se mêler au monde des moldus sans risquer le secret magique indien.
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Son travail au côté de l’ambassade magique britannique a été remarquable, c’est un excellent officier qui s’avère être très apprécié de ses camarades, nous le recommandons comme contact pour les opérations inter-ministérielles. Il y a une réserve à émettre cependant quant à la façon dont ses supérieurs indiens le décrivent, bien que cela n’ait pas été constaté par notre parti : “Singham” est une tête brûlée qui a du mal à respecter l’ordre et ses supérieurs.

New Delhi - Leela Palace Hotel
13 décembre 2045


Journal, quelle journée !

L’officier Bajirao (Singham est son surnom, ça veut dire “Coeur de Lion”) est d’une énergie extraordinaire. Après une visite au marché pour un petit déjeuner traditionnel, nous profitons de la faible activité d’un salon de thé voisin pour discuter d’un plan d’action et faire plus amplement connaissance. J’apprends rapidement que l’officier a eu maille à parti avec le Cercle dans le passé, et rumine encore très fortement sa défaite à ce sujet, le Cercle ayant usé de son réseau d’influence pour éviter la justice magique… Il a un dossier très conséquent sur le Cercle et n’a aucun problème à m’en faire un compte rendu détaillé.

Ce que j’y découvre est, pour l’historienne que je suis, relativement ordinaire. Un groupe de sorciers en manque de pouvoir se retrouve autour d’un projet commun, puis commence à prendre de l’assurance au fur et à mesure de leurs réussites. Je suis relativement intrigué par le manque de chefs présumés dans le Cercle, mais l’officier m’indique que c’est une particularité aux groupes d’érudits Indiens. Érigeant la connaissance comme seul but, ces “cercles”, car il en existe de toutes sortes, décident souvent de se séparer du carcan des castes pour agir de manière plus collective, sur la base d’une hiérarchie horizontale. Le contraste entre castes et cercles ne manque pas de me faire sourire alors que j’écris ces mots. Surtout parce qu’il n’existe pas un membre du Cercle d'Ashoka qui ne soit pas un brahmane. L’égalité à ses limites, que la Connaissance ignore.

Selon l’officier Bajirao, notre meilleure opportunité est d’aller trouver l’aide d’un Jyotish, un devin indien dont la spécialité est de lire l’avenir des organisations dans les thèmes astraux. Des sortes de sociologues voyants. L’officier me confirme que la plupart des groupes occultes usent de leurs services pour se positionner sur l’échiquier de pouvoir particulier que constituent toutes ces minis organisations.

Le ministère indien possède un excellent contact parmi les Jyotish. Nous prenons rendez vous dans l’après midi. Je suis surprise lorsque nous arrivons à l’adresse. En effet, le Jyotish possède une adresse entièrement moldue, dans un petit immeuble d'affaires du quartier commerçant. Alors que nous montons les étages sans ascenseurs, l’officier Bajirao m’explique que la frontière est très fine en Inde entre population magique et non magique et qu’une grosse part des sorciers indiens travaillent dans les deux mondes, par tradition plus que par nécessité. J’avoue être séduite par ce modèle de vie, plus harmonieux que ceux que j’ai pu voir auparavant. Et l’officier est fascinant de ses anecdotes, je n’aurais pas pu imaginer meilleur guide que lui dans ce pays.
Lorsque nous arrivons chez le Jyotish, il est déjà en consultation. Son assistante nous propose d’attendre, ce que nous faisons. Mais lorsqu’elle annonce notre présence, le Jyotish nous propose de le rejoindre. Il nous attendait. Et lorsque nous entrons dans son salon de consultation…
Sahar est là, assise tranquillement sur le canapé, me lançant un regard d’innocence pure alors qu’elle boit une gorgée de thé… Je n’en crois pas mes yeux et mon choc rend hilare le vieux Jyotish, puis Singham comprenant la situation, puis Sahar à son tour. J’en ai de nouveau le rouge aux joues juste à penser à mon embarras…
Sahar s’est remise de sa terrible blessure et a décidé de me rejoindre, usant de son talent de recherche si particulier. Habituée de l’Inde qui est presque sa seconde résidence, elle profita de sa grande influence pour rencontrer le Jyotish que nous devions rencontrer, deux jours avant même que je ne débarque en Inde. Depuis, les deux devins sont devenus les meilleurs amis du Monde, partageant des trucs et astuces divinatoires qui me dépassent complètement… Mais grâce à son influence, le vieux Jyotish est tout disposé à nous aider, sans contrepartie. Et cela tombe bien car nous passons l'après-midi entière à déchiffrer les thèmes astraux du Cercle, afin d’en déterminer les plans. Enfin nous… Surtout Sahar et le devin. Singham et moi passons l'après-midi à abreuver notre auditoire de nos aventures diverses...
Sahar nous accompagne à la sortie du Jyotish et parce que cette après midi fut la meilleure que j’ai pu passé depuis facilement deux semaines, je me permets une petite folie. Grâce à l'ambassade, je nous réserve une fin d'après-midi au Leela Palace Hotel, dans le quartier diplomatique de New Delhi.

Un endroit simple et discret.
Dans la suite royale que j’ai commandée pour Sahar et moi, nous discutons avec Ajay pendant toute la soirée de la suite de ce que nous devons faire.

Un oasis de calme dans mon aventure.
Le lendemain, nous nous retrouvons tous les trois pour un petit déjeuner dans l’un des restaurants de l’hôtel. Le plan va nécessiter une certaine coordination à l’échelle du pays aussi Ajay décide de me laisser entre les mains de Sahar, alors qu’il repart au Ministère Indien pour se préparer.
Avec Sahar, nous profitons de l'après-midi pour nous ressourcer, juste toutes les deux… Demain matin, nous partons pour Agra…

Agra - Etat d'Uttar Pradesh - Inde
15 décembre 2045


Le plan est en route. Grâce aux indications du Jyotish nous avons retrouvé la trace du Cercle d'Ashoka à Agra. L’avantage des groupes occultes constitués de sorciers élitistes, quelque soit la culture, c’est qu’ils n’imaginent jamais qu’on puisse déjouer leurs écrans de fumée. Ils sont donc ironiquement très simples à chercher à partir du moment où on pose quelques questions innocentes mais très spécifiques aux alentours… Moi même ais-je appris la plupart de ces schémas de questions spécifiques de la part d’un ancien auror américain, formé à la technique moldue d’interrogatoire. Il nous est relativement facile de découvrir leur antre, en à peine une journée de recherche.

Maintenant nous devons nous infiltrer. Car selon le Jyotish, le Cercle sera très vulnérable, le soir du solstice d’hiver. Nous avons donc une semaine pour déterminer le comment, le pourquoi et nous y préparer.

Taj Mahal - Agra - Inde
17 décembre 2045


Nous avons un point d’entrée ! Rendez-vous à 19h dans une auberge sur la route de la ville.

Agra - Etat d’Uttar Pradesh - Inde
18 décembre 2045


Okay… Il faut que je note ça proprement si je ne veux rien oublier…

Nous avons suivi plusieurs membres du cercle avant-hier, alors que nous étions en planque près de leur repaire. Ils se sont dirigés par des chemins détournés jusqu’au Taj Mahal où nous nous sommes mêlées aux touristes moldus pour les surveiller. Toute la journée nous les avons vus prendre des mesures autour du monument, et observer la sécurité des lieux, que j’estimais principalement moldue, avant que Sahar ne m’indique que le lieux avait été placé dans un axe énergétique très important. Ce qui me fit revoir mon jugement.

Les membres de la secte étaient préoccupés, manifestement dérangés par ce qu’ils trouvaient. En nous cachant, nous purent épier plusieurs bribes de conversations… Le problème semblait venir de leur volonté d’envahir le Taj Mahal et les membres présents débattaient du fait d'accéder au site par la violence ou non.

Cela me mit la puce à l’oreille et j'envoyai dans l’après midi un message à Ajay, à New Delhi, qui me confirma que le Taj Mahal était constamment protégé par une petite brigade de policiers mobiles autant du côté moldu que du côté sorcier. Lorsque j’en demandais la raison, il se rendit compte qu’il n’avait aucune information à ce sujet. Il me demanda une heure, le temps de poser la question à ses supérieurs, ce qui me mit doublement la puce à l’oreille.

Mes soupçons furent confirmés lorsqu’Ajay m’annonça, légèrement énervé, qu’il ne pouvait pas m’en dire d’avantage. Il m’expliqua quand même que la raison du placement de ces policiers était de l’ordre du Secret Magique National. Mais je m’en doutais déjà. Je le prévins que nous avions besoin d’accéder au site pendant la nuit, avec Sahar. En réponse, il nous indiqua un policier magique à contacter à Agra.

Le policier prit un peu de temps à être convaincu, mais le telex d’Ajay en provenance du ministère et ma propre carte diplomatique finirent par le convaincre. Il nous escorta dans la nuit pour éviter les ennuis. Pendant que je l’occupais, lui posant toutes les questions sur le monument qui me passaient par la tête, Sahar fit ce qu’elle savait faire de mieux, lire la mémoire des pierres.

-
Le soir je rappelais Ajay. Je lui dis d’indiquer à ses supérieurs qu’il était désormais inutile de nous cacher l’existence du Taj Mahal noir. Il éclata de rire… Une heure plus tard, un bourru mais cordial adjoint au bureau du secret magique m’indiqua qu’une pensine de consultation serait mise à ma disposition au poste de police magique d’Ajay à partir du lendemain matin. Lorsqu’il me rappela de les prévenir dès que j’en savais davantage sur les plans du Cercle d'Ashoka, je ne pus m’empêcher de lui rétorquer que sans cette perte de temps j’aurais peut-être déjà eu la réponse. C’était gratuit certes, mais cela me fit du bien.
Objet # : Taj Mahal noir

Classe : ???

Procédures de sécurité: Deux unités spéciales de la police magique composée de 6 agents de sécurité et d'un se succèdent pour assurer la surveillance de l'édifice de jour comme de nuit. Le relai a lieu quand est sonné le quart du jour - toutes les six heures - dans la plus grande des discrétions. Un rapport détaillé est déposé auprès des supérieurs dans l'heure suivant la fin du service.

Description: Le Taj Mahal noir est le jumeau sorcier du Taj Mahal "blanc". Il se localise à Agra, construit en parfait miroir au mausolée des non-mages. L'édifice est invisible pour l'oeil moldu et rares sont les sorciers ayant connaissance de son existence: il a été convenu que préserver le secret serait plus sur. Depuis plus d'un millénaire, ce mausolée de marbre noir est le tombeau d'anciens Rajahs sorciers. Celui qui y accède bascule dans une dimension parallèle dont notre unité de mages spécialisés tentent encore aujourd'hui de comprendre tous les mécanismes.

La théorie la plus actuelle que nous avons, nous vient de l'éminente exorciste Priyanka Singh :


[...] Taj Mahal Noir n'a pas plus été construit que généré dans une dimension miroir à notre existence lorsque le précédent bâtiment est rentré en fonction. Il est difficile de savoir à quelle époque son entrée a été découverte mais la construction du Taj Mahal sur un croisement de lignes énergétiques a certainement aidé en cela, ces croisements étant propices à l'accomplissement de rituels religieux ou magiques. Une fois l'entrée de la dimension ouverte par un groupe de sorciers, l'utilité d'un tel mausolée devint évidente.

La dimension semble être un entre-deux entre la dimension physique et la dimension entropique, une sorte de purgatoire entre la vie et la non vie. A cette frontière, l'existence organique laisse la place à l'existence médiumnique, le règne de l'âme sur le corps, sur la matière. C'est l'une des raisons principales pour laquelle tout est aussi désagréable pour les explorateurs dans cette dimension. Notre âme doit piloter un corps de chair et d'os, mais la considère dans cette dimension que comme un grossier tas de matière en décomposition. De même, la matière affreuse qui enduit l'environnement est l'empreinte de l'activité vivante, une sorte d'excrétion de l'existence, qui s'accumule progressivement telle une poussière humide et vivante, dont les formes abjectes ne sont qu'émanations, déchets psychiques laissés dans le sillage de nos émotions.

Les corps entreposés dans le Taj Mahal noir sont maintenu en stase par la dimension, ainsi que l'esprit qu'ils contiennent, incapable de passer dans l'état suivant de l'existence. Car la réincarnation permet à une âme de conserver une partie de son esprit, accessible dans la vie future, je théorise que la plupart des sorciers ensevelis sous le Taj Mahal noir, certains avec grands honneurs, sont en fait des sorciers dont la communauté estima qu'ils ne devaient pas rejoindre le cycle des réincarnations. Les raisons peuvent être multiples, du choix politique au raisonnement moral quand à la vie criminelle de l'ancien sorcier. Retirer les corps du mausolée ne semble pas briser la stase, aussi je conseille au gouvernement indien de garder ces momies dans le Taj Mahal Noir, faute de meilleure solution.[...]


Addendum 1: [ ...]

Incident: XX décembre 2045. Nous a été fait rapport de l'existence d'une secte sorcière obscure, un certain Cercle d'Ashoka qui semble fortement s'intéresser au Taj Mahal noir. Dans l'attente d'en savoir plus, et par précaution, les effectifs de sécurité seront doublés et les patrouilles intensifiées. Il reste néanmoins primordial d'agir en toute discrétion.
-
Les informations sur le Taj Mahal noir à notre disposition, il nous fut très facile le lendemain d’approcher la secte, nous faisant passer pour de très bruyantes et très inoffensives touristes magiques étrangères discutant à haute voix de la légende du Taj Mahal noir et de la facilité de son accès aux solstices. Le soir même nous retrouvions les membres du Cercle.

J’utilisais l’une de mes identités, celle de Blessing Winslow, antiquaire anglaise spécialisée dans la réfection des anciens artefacts. Sahar usa de la sienne, m’expliquant que son statut international la mettait au-dessus des problèmes. Il est bon parfois d’être une célébrité. Nos connaissances approfondies sur le sujet du Taj Mahal noir, et ma subtile inclinaison du débat vers le sujet de l’éthique de la nécromancie nous permit d’obtenir l’approbation du cercle en fin de soirée. Nous devons les revoir demain et nous verrons à ce moment si nous les avons ferrés… Sahar m’indique qu’il n’y a aucun doute à ce sujet…

Agra - Etat d’Uttar Pradesh - Inde
20 décembre 2045

Okay, c’est fou. Ce Cercle n’a définitivement pas d’intentions honorables. Ils veulent piller les corps des anciens sorciers enterrés dans le Taj Mahal Noir afin de les transformer en crânes parlant, horrible rituel nécromantique permettant de piéger une âme dans son propre crâne afin de ne pas en perdre la connaissance. Ce n’est pas une idée nouvelle… Et je la connais bien. Car les druides celtiques l’utilisaient en Albion, avant la conquête des îles par les Romains. Et lorsque je pose la question de la puissance magique nécessaire, l’orbe est mentionnée. Enfin ! Avec toutes ces histoires je l’avais presque oubliée. Le Cercle est certain que l’orbe, qu’ils appellent le cœur de Shiva, fait partie des trésors du mausolée. Outre l’ensemble des crânes sorciers, ils veulent également piller un maximum d’artefacts d’où la raison de leur nombre qui s’élève à une vingtaine de participants...

C’est largement suffisant pour les faire arrêter, mais Ajay m’explique que pour que le dossier tienne devant le tribunal de la magie, il est important de les prendre sur le fait. Qu’à cela ne tienne, nous sommes invités à les rejoindre et à prendre notre part sur le butin en échange de notre aide pour nous débarrasser des gardes la nuit du solstice. Il est très facile pour Ajay d’en convaincre ses supérieurs.

New Delhi - Leela Palace Hotel
22 décembre 2045


Eh bien, ce fut une aventure… Le soir du Solstice, et après avoir vérifié que les gardes n’étaient pas présents comme convenus, nous participâmes, Sahar et moi à un incroyable rituel de déverrouillage. Pour ouvrir l’accès au Taj Mahal noir, Un sacrifice rituel était demandé, celui d’une vache sacrée. Ce sacrifice est interdit dans la région. Pire encore, tout le rituel doit être chanté, à gorge déployée. Il fut donc très intéressant de préparer le rituel à grand renfort de sortilèges anti-son tout autour du monument…

Le sacrifice fut sanglant, mais ce ne fut pas ce qui m’écœura le plus. Non, ce fut la transition. Sahar et moi frissonnons encore à la sensation étrange de vivre à la paralléle de l’existence dans un plan secondaire fantomatique où se mêlent la vie et l’entropie. Outre la désorientation massive dans ce plan où tout semble recouvert d’une masse en putréfaction, la sensation personnelle de sentir ses propres os mouvoir son corps à la place de ses muscles était absolument dégoûtante… Pire nos corps avaient la nausée, vomissaient même, mais c’était comme si nous ne pouvions pas en contrôler la chair, comme si nous étions squelettes vivants, prisonniers dans une armure de muscles et de tendons, grouillant autour de nous…

Sahar a essayé de prendre une photo... Mais tout est flou... Affreux endroit.
Après quelques minutes de réorientation, tout le monde parti de son côté, à la recherche de tombes bien précises, car le temps était compté. Sahar et moi étions ensemble et nous profitâmes d’un trou dans la surveillance pour nous éclipser. J’étais à la fois fascinée et écoeurée par le nouveau mausolée, et le nombre incroyable de tombes personnelles que nous croisions. Sahar touchait les murs, interrogeait les pierres, nous guidant à toute vitesse dans la direction de l’orbe. Nous la trouvâmes dans une large sépulture, occupée par le corps décharné d’un rajah sorcier.

Mais à peine étions nous en train de la décrocher, que deux membres du Cercle arrivèrent dans la sépulture. Nous voyant faire, ils lancèrent immédiatement l’alarme. La magie fonctionnant étrangement dans cette dimension, je profitais de mes connaissances martiales pour les neutraliser et nous nous échappâmes avec Sahar à travers les méandres du sanctuaire. Heureusement, nous avons tracé une petite carte de l'endroit que nous avons exploré.
Le but est de réussir à s'échapper du sanctuaire.

Les membres du Cercle arrivent de toute part, nous ne pouvons tourner, de peur de les croiser, à moins que nous ne nous retrouvions face à un mur. Nous devons sortir du sanctuaire, sans emprunter deux fois le même chemin, et sans nous retrouvez dans une impasse !

Quel chemin prendre ? Comment arriver à sortir?
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Arrivée dans la salle principale, nous nous retrouvâmes encerclées de toute part. Alors que le Cercle entier nous fonçait dessus, je brisais l’enchantement qui nous maintenait dans la dimension. De nouveau le monde autour de nous se retourna.

Et alors que nous reprenions conscience dans notre monde réel, Sahar et moi purent contempler l’ensemble du Cercle se faire arrêter par la police magique, alors qu’Ajay venait vérifier notre état… Grâce à son aide, nous pûmes nous esquiver rapidement de la nasse policière, et disparaître avec l’orbe, sans que personne ne nous prête attention…

Les cinq orbes sont désormais en ma possession, et je dois décider quoi faire. Sahar a beaucoup de mal à en comprendre la destination, car ces orbes puissantes ont été utilisées de tout temps pour des tas d’autres raisons que leur fonction principale. Mes propres connaissances en histoire asiatique ne me sont d’aucune aide… Car l’enchantement gravé à la surface de ces objets est très littéralement antédiluvien, aussi vieux que l’écriture elle-même.

J’en reconnais toutefois des traces d’écriture proto tibétaine… Aussi, comme on lance une bouteille à la mer, je vais contacter une vieille connaissance avec qui j’ai travaillé une fois dans le passé… Un décryptologue sorcier, spécialisé dans la lecture des anciens dialectes de l’Himalaya magique… On verra bien ce que ça donnera…

Et maintenant que toutes ces aventures sont terminées. Je crois que j’ai bien mérité quelques jours de relaxation...

Chapitre 6 : La dernière stèle | Triangle d'or
Reducio

|| Chapitre 6 ~ La dernière stèle | Triangle d'or ||
Cher Saravan Minavong,

Cela fait un moment que nous ne nous sommes pas écrit, je vous le concède. Je vous fait parvenir cette lettre pour solliciter votre aide : J'ai en ma possession des artefacts anciens porteurs d'enchantements que j’ai besoin de comprendre. Je ne sais pas si vous saurez déchiffrer le dialecte utilisé pour ces inscriptions, et je ne sais même pas si vous le connaissez ; je m’en remets à votre expertise.

J’ai joint des photos des inscriptions dont j’aimerais une traduction, que vous trouverez dans cette enveloppe (je m’excuse pour la tache sur l’une des photos, du café). Ce sont des orbes que j’ai trouvé lors d’une mission. Il y a un mystère qui se cache derrière tout cela, et je crois savoir que vous aimez les mystères autant que moi : j’espère pouvoir compter sur votre aide.

En espérant avoir de vos nouvelles bientôt,
Angeline
Chère Angeline,

Votre message me parvient à une période particulière. Une période m’ayant fait croire que certains mystères sont faits pour ne pas être découverts. J’ai été troublé par votre courrier et je ne veux pas m’étaler plus que de raison dans le mien.

Je peux vous aider car je connais le dialecte qui est inscrit sur vos orbes. Nous devons nous rencontrer. Vite. Je crois que vous aimez le café, vous aimerez le café local de Nongchan. Retrouvons nous, le 28 décembre, au matin. Asseyez-vous et attendez-moi.

Assurez-vous de ne pas avoir été suivie.

S.M.

Vientiane - Laos - Nongchan Market
28 décembre 2045


Je n'ai pas vu passer ces derniers jours… Dans l’attente d’une réponse de mon contact, l’honorable Saravan Minavong, je passais quelques jours magnifiques en compagnie de Sahar et Ajay dans la capitale. Je partais le 27, en direction de la capitale Laotienne, où réside mon décryptologue…

Celui-ci est prudent, et préfère me rencontrer sur l’un des marchés qu’il connaît le mieux, le marché matinal de Nongchan. Je me lève donc aux aurores afin de trouver place au café local, comme indiqué dans sa dernière lettre. Les locaux me regardent sans me voir, et je fais de mon mieux pour rester discrète, observante, silencieuse. L’endroit fait un excellent thé blanc qui me réchauffe dans la fraicheur humide du matin…

Saravan vient d’arriver. . .
Vous découvrirez dans cet ouvrage les découvertes de Saravan Minavong qui a étudié les langues anciennes et moins anciennes de l’Asie du Sud-Est et plus particulièrement des peuples du Triangle d’or pendant toute sa vie. Vous découvrirez les liens qui se font naturellement entre les langues vivantes et celles qui se sont éteintes mais aussi les liens qui sont moins évidents. Les dialectes anciens que l’on parlait autrefois en Asie du Sud-Est ont de nombreux secrets. Cet ouvrage se destine à un public expert.

Laotien, né en 1977, Saravan Minavong est un sorcier qui a très jeune été attiré par les langages et a étudié les langues magiques anciennes en plus de certaines langues moldues pendant toute sa vie. Sa maîtrise des langues anciennes va jusqu’à la connaissance de certaines langues de créatures magiques : telles que le nāginī.



4ème de couverture - Le secret des dialectes anciens du Triangle d’or - réédition 2045

Pont de l’amitié thaïlando-laotïenne - Train Vientiane-Bangkok
28 décembre 2045


Dire que mon séjour au Laos a été écourté est un euphémisme… Saravan a bien fait d’être prudent… J’espère qu’il ne lui est rien arrivé.

Lorsque Saravan est arrivé, je le sentis inquiet mais déterminé. Il sortit sur la petite table en plastique du café une poignée de feuilles de notes ainsi qu’un livre à couverture moderne. Ce qu’il avait trouvé semblait l’avoir mis dans tous ses états. Sa première question, après nos salutations, fut directe : “Comment avais-je trouvé ces orbes ?”. Lorsque je commençais à lui résumer la situation il m'interrompit abruptement, nous n’avions pas le temps pour une longue histoire.. Alors je résumais, aussi vite que je pouvais, perturbée par l’urgence de Saravan. Celui-ci avait commandé du thé entre-temps et semblait se calmer en m’écoutant. Lorsque je terminai, il reprit immédiatement la parole. Et ce qu’il m'apprit était fascinant.

En fait, le livre sur la table était le sien, fruit d’une longue étude de l’histoire d’un ancien village sorcier, perdu en Thaïlande. A l’époque, il avait sorti un livre, une sorte de thèse lui permettant de s’établir en tant qu’expert en langues anciennes. Mais il avait oublié ce dialecte, était passé à d’autres choses… Jusqu’à ce que je ne lui envoie les photographies des enchantements sur mes orbes… Mais jusque-là, rien qui ne puisse justifier son état d’urgence.

Alors il me raconta un évènement bien plus inquiétant, comment il y a une petite année, il avait reçu de mystérieuses demandes d’informations, ressemblant beaucoup aux miennes, de la part de sorciers à la réputation discutable, qu’il avait refusé en bloc. Son bureau avait été fouillé de fond en comble deux fois. La première car ces mystérieux criminels cherchaient quelque chose, la seconde très certainement pour l’intimider. Les autorités n’avaient jamais pu résoudre cette affaire, du fait de l’élusivité des coupables. Aussi craignait-il pour sa vie, maintenant. Mais le livre avait déjà été transposé à l’international, à destination des communautés magiques du monde entier. Le mal était fait… Et il ne comprenait qu’aujourd’hui la véritable raison de cet acharnement.

Car le livre en lui-même, de son propre aveu, ne comprenait rien de réellement fascinant. Juste une étude longue et rébarbative d’un ancien dialecte sorcier. Mais il y avait des informations qu’il n’avait jamais pensé mettre à l’intérieur. Des informations clairement plus intéressantes pour moi… Avec un grand sourire de conspirateur Saravan m’annonça :

Ce village renferme la tombe d’un des généraux ayant scellé Shambala.

Et alors qu’il allait m’expliquer tout cela, je vis du coin de l'œil le serveur du petit café s’agiter. Dehors, une petite poignée d’hommes armés, tout habillé de noir et d’or étaient en train de s’approcher. Saravan se retourna brusquement, avant de ranger précipitamment ses affaires. C’est à ce moment que les hommes chargèrent dans notre direction.

Au diable le secret magique. Je lançais immédiatement une onde de choc dans leur direction, les repoussant tel un ouragan dans la rue du marché. Saravan avait terminé et nous disparurent par l’arrière du café. J'espérais que le pauvre serveur verrait le pourboire que j’avais caché derrière le comptoir en esquivant… Je lui avait un peu détruit toute la façade de son établissement.

Je compris pourquoi Saravan avait choisi cet endroit, l’arrière cour donnait sur une immense zone de ruelles, de terrains vagues et d’allées, parcourant un vieux quartier d’habitation moldue. Plein de coins et de recoins pour semer nos poursuivants. Et échaudés par ma défense, eux-même avaient sorti l’artillerie magique. Sur les pas de Saravan, nous disparurent donc à travers les bâtiments.

L’érudit avait de l’astuce, mais il manquait de souffle. Au bout de quelques minutes de jeu du chat et de la souris avec nos poursuivants, il arriva à rentrer dans un appartement abandonné, avant de me fourrer son sac dans les mains, sans autre forme de procès… Pantelant et sifflant, il m’indiqua de partir par la fenêtre, alors qu’il disparaîtrait par l’appartement mitoyen. Seuls nous aurions plus de chance de leur échapper. Alors que j’allais protester, il ne me laissa pas le choix, et je le vis disparaître dans un dernier nuage de fumée de transplanage… Alors que je l’entendais bruyamment tomber sur un meuble de l’autre côté du mur, un de nos poursuivants s’engouffra dans la pièce, hurlant presque immédiatement ma présence, la fin coupée par mon sortilège de pétrification. Je disparaissais ensuite par l’escalier de secours, passant par les toits des immeubles grâce à un enchantement des Sept lieues sur mes bottes…

Toute seule, il me fut aisé de rejoindre la gare de la capitale. Et la chance me permit de sauter immédiatement dans un train à destination de la Thaïlande. Heureusement que je portais toujours sur moi toutes mes affaires…

Bref, grâce aux notes de Saravan, je sais exactement où aller. Et mon petit doigt me dit que je dois me dépêcher…

Extrait du livre de Saravan

[...]

Le village de Chaokhli est caché dans une montagne thaïlandaise, mais n'est désormais plus habitable. Ce village était habité par des sorciers qui exerçaient leur magie dans un autre village un peu plus bas, les moldus les prenaient pour des guérisseurs. Ils ont malheureusement été contraints de se cacher et de disparaître en laissant le village de Chaokhli derrière eux, quand le roi fou Taksin a déclaré la chasse aux sorciers. Le village n'est plus que ruine, et le temps a détruit les toits des habitants en laissant seulement des murs qui eux-mêmes s'écroulent sous le poids des années. Il est aussi caché dans la forêt et penché sur le flan de la montagne. Là-bas, c'est la nature qui domine et si ses ruines n'étaient pas cachées là on pourrait croire que la forêt est vierge. Les moldus les plus téméraires ont visité les ruines et c'est ce qui lui a conféré cette réputation : les ruines sont hantées. On raconte que des renards fantômes se promènent entre les quelques habitations grignotées par la forêt. En réalité, les sorciers qui y sont allés le savent, ce ne sont pas des fantômes mais des Fumus Vulpes (cf créature magique). Elle abrite aussi une stèle dans une langue ancienne que l'on décrit comme mystérieuse et qui est invisible aux yeux des moldus, seuls des sorciers rapportent ce détail et aucun d'eux n'a su la traduire.

[...]

Village sorcier abandonné - Sommet de Doi Pia Fai
29 décembre 2045


Grâce aux notes de Saravan, je suis arrivé sans encombre au village sorcier. Depuis mon arrivée en Thaïlande, je n’utilise que des moyens moldus pour me déplacer, prenant bien soin de camoufler mon identité magique. Je suis confiante sur le fait que j’ai semé mes poursuivants.

Le village n’est plus que ruine, mais je m’en doutais. Je trouve toutefois un endroit où me poser une petite heure, après toute une après-midi de grimpette dans la jungle étouffante du coin.

Il devait être très beau auparavant… Je discerne encore sur l’architecture des bâtiments quelques magnifiques couleurs vives et quelques dorures anciennes, preuve d’une vie magique opulente dans le passé. Mais je n’ai pas le temps de trop m’y attarder. Ma prochaine destination est le cimetière qui surplombe le village. Et quand je suis passé devant tout à l’heure, celui-ci semble magiquement protégé par une force absolument mauvaise… Heureusement, il me reste quelques talismans fournis par mon ami japonais…


Cimetière ancien - Sommet de Doi Pia Fai
30 décembre 2045


Je n’avais vraiment aucune raison de m’inquiéter… J’en ris en écrivant ces lignes. J’étais persuadé d’avoir à affronter la pire des créatures nécromantiques qui puisse exister au vue du miasme formidable qui sortait de la grotte renfermant le cimetière. Bardé de protections talismaniques, ma baguette bien en main et un chapelet de prières dans l’autre, j’avançais petit pas à petit pas, prête à éviter la moindre agression par une créature tapie dans l’ombre…

J’avançais et j’avançais encore, et je sentais les ombres autour de moi bouger. Mais rien ne se passait malgré l’ambiance de plus en plus oppressante. J’avançais encore, toujours rien. J’avançais toujours. Toujours rien. Et alors que je m’impatientais et décidais de jouer le tout pour le tout avec un lumos au plafond de la grotte, je tombais immédiatement dessus. Un Fenrir, un démon loup gigantesque scandinave, était tapi dans la grotte. Je ne lui laissais pas le temps de m’attaquer. Je partais en courant ! Jamais je n'ai couru aussi vite pour me sortir de là. Je sentais son haleine me souffler dans le coup alors qu’il était très littéralement à mes chevilles ! Je traçais hors de la grotte, sautant derrière une vieille souche… Et puis plus rien… Terrifiée pendant plusieurs dizaines de minutes, je n’osais plus regarder la grotte, et tentais par tous les moyens d’arrêter mon cœur de battre… Aussi sortis je de ma poche une poignée de sels de méditations, piqués à la secte en Chine…

Et l’inspiration me frappa soudainement… Attends quoi ? Un Fenrir en Thaïlande ?! J’avais fumé quoi ? La créature était un loup mythique Scandinave, adapté au froid glacial de l’arctique… Jamais au monde une telle créature ne serait arrivée jusqu’en Thaïlande ! Et c’est à ce moment là que je me souviens d’un passage très particulier du livre de Saravan… Je le saisis dans mon sac, avant de le fouiller méthodiquement… Et je gémis de rage en me tenant la tête… Stupide, Angéline. Stupide...

Je me retournais, regardant la grotte avec le regard sombre des gens à qui on a joué un mauvais tour… Oh que je n’étais pas contente… Et sachant désormais contre quel type de créature je pouvais lutter, je rentrai de nouveau dans la grotte, cette fois-ci bien plus déterminée…

Fumus Vulpes
จิ้งจอกควัน

Informations spécifiques
Apparence : Renard fait de fumée
Hauteur : Petite, une trentaine de centimètres de haut jusqu'à cinquante centimètres de haut
Remarques : Se déplace en groupe
Statut : Esprit

Description
Le Fumus Vulpes, de son nom scientifique, est un esprit du Sud-Est de l'Asie. On le trouve principalement dans la forêt dans les montagnes, en Thaïlande ou au Laos. C'est un petit esprit de la taille d'un chat, fait d'une fumée dense qui s'agite tout autour de lui lorsqu'il se déplace. Se dernier peut d'ailleurs se déplacer à une vitesse incroyable, en traversant les arbres. Ses propriétés sont semblables à celle des fantômes et il est souvent pris pour tel par les moldus. C'est une espèce qui tend à disparaître en même temps que son environnement.

En raison de leur milieu de vie menacé, certaines variétés de cette espèce ont développé un don certain pour l’illusion. Si la meute se retrouve piégée par un agresseur, il a été rapporté des cas d’incroyables illusions cauchemardesques, usées en dernier recours par ces esprits afin de faire fuir leur potentiel agresseur.
Bon sang qu’ils sont adorables ces petites boules d’ectoplasmes… Bien que le Riddikulus ne fonctionne pas sur eux, leur nouvelle forme se brisa sous l’effet du sortilège désillusionnant suivant. Et je les vis fuir sous leur véritable forme dans les ombres des rochers et des tombes de la caverne. Lorsque je compris qu’ils avaient aussi peur que moi d’eux, j’usai d’un sortilège que m'avait enseigné la Baba yaga, censé calmer les créatures spirituelles telle que le Kot Baïoun. Je n’avais pas eu besoin de l’utiliser, mais il se révéla tout aussi utile pour rassurer la meute de renards de fumée qui peuplait tout le cimetière.

Comprenant que mes intentions étaient pacifiques, ils vinrent m’examiner avec grande curiosité. Et ce fut ainsi, accompagnée de mes nouveaux compagnons que je pus m’approcher de l’incroyable stèle qui se tenait au fond de la grotte, trônant de sa taille au-dessus de tout le cimetière…

Grâce aux notes de Saravan, j’arrive à en discerner le texte, un avertissement particulier à l’attention de ceux qui rechercheraient Shambala. Et c’est à cet instant que je remarque un creusement dans la stèle. En forme de demi sphère… Je n’hésite pas… La première sphère que j’attrape vient se sertir à l’intérieur de la stèle…

La grotte se met à trembler autour de moi… Et je vois la stèle changer de texture, littéralement muer devant moi, reprendre toute son ancienne splendeur. Le texte a changé… Mais surtout, une impressionnante carte ancienne vient d'apparaître sur sa surface…

On dirait une vieille représentation de l’Himalaya…
Image
3G3X4G1X6G2X3D1X
(Ce code en dessous de la stéle... Je suis certaine que cela me permettra d'accéder à l'endroit où se trouve la cité... Je dois juste comprendre comment il fonctionne...)
La clé est composée de 5 orbes qui sont les œufs de créatures que l'on peut trouver dans toute l'Asie et qui ont un fort lien avec les éléments sur lesquelles la magie élémentaire s'appuie. Pour faire le lien entre toutes ces orbes, l'intervention d'un sorcier a été nécessaire et c'est même plus : le sacrifice du grand mage de Shambhala était nécessaire pour que sa magie et l'essence du Royaume soit ce qui lie la clé. Elle a été créé pour fermer l'entrée du Royaume de Shambhala et garder secret ce qui est à l'intérieur.

Traduction griffonnée du texte de la stèle, à partir des notes du livre de Saravan
Je sais désormais où se trouve la cité…

Enfin, Angeline… Il est enfin temps de terminer tout ce voyage… Même si je ne suis pas sûre de comprendre comment je vais pouvoir “protéger son entrée…”

Sahar, j’aurais besoin de toi à mes côtés...

Chapitre 7 : La Cité Secrète de Shambhala | Bhoutan
Reducio
Angeline,

J’espère que ce message ne t'arrivera pas trop tard…

Mon client s’appelle Monsieur Akiner Virk. Il est un homme pakistanais âgé d'une cinquantaine d'années. Joufflu, bien en chair, empâté sont tous des adjectifs qui le qualifient bien. Bien que ses yeux soient étouffés sous des joues proéminentes, on peut voir toute la sournoiserie qui y repose, pardonne moi mon franc parler à ce sujet.
Il est officiellement un homme d'affaire qui fait son business dans l'achat et la revente d'ingrédients de potions. Officieusement, c'est un voyou fortuné. Il est connu par les services de police de plusieurs pays asiatiques mais n'a pas encore été démasqué au Pakistan qui s'avère être un véritable paradis pour ses affaires : cela étant sûrement dû au gouvernement magique et ses réglementations pour le moins douteuses. Son activité criminelle est la suivante : envoyer des sorciers trouver des artefacts rares pour lui et les revendre au plus offrant… Non, nous ne faisons pas le même métier, et tu le sais très bien. Moi, je fais attention à ma clientèle… Bon peut-être pas cette fois çi, bien que lorsque je l’ai questionné sur l’usage qu’il ferait de l’orbe, il m’indiqua en avoir besoin pour ses propres affaires… Et rien ne semblait indiquer qu’il mentait à cet instant...

Il a monté un organisation secrète pour laquelle travaillent de nombreux sorciers asiatiques, mais je me suis rendu compte récemment qu’elle avait en sonsein certains des pires mages noirs asiatiques. C’est ma faute, vraiment. Je n’ai pas bien enquêté sur ce client... La plupart de ses sbires sont des sorciers sans envergure. Ils agissent en groupe, et connaissent bien les pays du Sud de l'Asie qui sont leur principale base d’opération…

Angeline, je suis désolé… J’espère que tu recevras ce message avant d’avoir maille à partie avec eux. Sache que tu seras payé en entier pour ce travail quoique tu décides de faire… C’est entièrement ma faute…

Fais attention à toi,
Eli.
-
||Chapitre 7 ~ La Cité Secrète de Shambhala | Bhoutan||


Trop peu, trop tard, Eli… Même si je sais que tu penses chacun de tes mots… J’aurais aimé être prévenue avant de le rencontrer… En fait, je l'ai déjà rencontré... Au Japon... Mais ni l'un ni l'autre ne savait qui était l'autre...

Commençons par la date du jour :

Temple Taktshang - Bhoutan,
21 janvier 2046


Plus de 20 jours depuis ma dernière entrée… Et il s’en est fallu de peu que ça ne devienne une éternité…

C’était un piège depuis le début… Depuis que j’avais envoyé mon courrier à Saravan… Akiner Virk a trouvé ma piste à ce moment là... Et attendait patiemment que je fasse tout le travail à sa place…

Lorsque je sortis de la grotte contenant le cimetière, le village entier semblait avoir été envahi par une véritable armée de mages noirs. Ils étaient une cinquantaine de sorciers à m’attendre à la sortie du cimetière. Braquée par tant d’armes magiques, je ne pus que me laisser faire. Ils m'emprisonnèrent…

Je passais les jours suivants dans une cage, pieds et mains liés, sans mes affaires, un sac de toile serré autour de ma tête, mes besoins vitaux momentanément coupés par le biais d’une pilule énergétique… La faim et la soif me rendaient folle, car même si la pilule faisait son travail dans mon estomac, le reste de mon corps n’était pas au courant pour autant… Je ne sais pas combien de temps mon emprisonnement dura, au moins 7 fois les mouvements de mon transport s'arrêtèrent… Et je ne comprenais pas pourquoi on me gardait en vie. Ils avaient les orbes, ils avaient dans mes notes l’emplacement de la cité… Je ne comprenais pas à quoi je pouvais encore leur servir…

Et un jour, mon masque me fut arraché. Il faisait froid, et l’air se raréfiait. Nous devions être en altitude, certainement au Bhoutan, emplacement de la cité. Devant moi, dans la tente aux couleurs ocres qui nous servait de bivouac, se tenait Akiner, tranquillement en train de lire mes notes…

Bon sang... Nos dialogues sont encore tellement frais dans ma mémoire...

“J’espère que vous avez fait bon voyage, miss Threadbare.”

Je crachai en direction de son visage, bien trop loin pour l’atteindre, avant de me prendre une claque par l’un de mes bourreaux. Je restais silencieuse. Que pouvais-je dire ou faire de toute manière. Il continua :

“Vous devez vous demander pourquoi je vous ai gardée en vie…”, oui en effet. La question m’avait traversé la cervelle…Il me sourit : ”Dans ma ligne de métier, lorsque nous rencontrons une personne aussi exceptionnelle et ingénieuse que vous, il est regrettable d’avoir à s’en faire une ennemie. A la vérité, j’aimerais vous présenter mes plus plates excuses quant à la manière dont je vous ai traitée… Permettez moi, en geste de bonne volonté, de vous libérer…”

Un petit mouvement de la main, je sentis mes liens magiquement se délier.

“Mais vous comprendrez que lorsqu’on paye un professionnel pour un travail… La moindre des choses est que ce professionnel termine sa part du marché…”

J’étais en infériorité physique totale. Les deux gardes qui m’entouraient étaient vigilants, manifestement entrainés, et prêt à me maîtriser au moindre signe d’agressivité de ma part… Faisant la grimace, je me massais les poignets, toujours silencieuse…

Il me fit signe de venir à la table, où je remarquai enfin une assiette et de quoi me restaurer. Je ne bougeais pas, le regard noir. Il s’assit lui même à une chaise proche, toujours mes notes en main.

“Oh s’il vous plaît… Vous avez perdu, vous n’allez pas non plus en faire tout un fromage… Venez vous restaurer, nous devons parler de votre avenir…”

C’était son contrôle absolu sur ma situation qui m’empêchait d’accepter ses ordres… Il le savait… Il savait que je savais… Pour l’honneur, je restais silencieuse et immobile une minute encore, sous son regard et celui des deux autres… Puis je succombai à la tentation du repas…

“A la bonne heure…” me félicita-t-il tout en se servant lui même. Certainement pour me montrer que le plat n’était pas empoisonné… Encore une courtoise manière… Il avait réellement envie de négocier.

Je m’installai donc, et me restaurai. Mon “hôte” en fit de même. Le repas fut rapide et efficace, j’en sortis étrangement ragaillardie et confiante…

“Vous ne m’en voudrez pas d’avoir ajouté une petite herbe méditative, je l’espère… J’ai besoin de toute votre capacité de réflexion pour notre discussion.”

“Et droguer vos captifs est la seule manière de vous faire entendre ?.. Ou c'est juste parce que vous êtes un sale type ?"

Il ricana à cette pique, de bon coeur avant de poser mes notes sur la table, dans ma direction.

“Quel marchand d’artefact, ne l’est pas… C’est un compliment dans notre métier, miss Threadbare…”, il me lança un regard complice : “Et puis vous n’avez pas peur vous même de vous salir les mains quand la situation le demande, n’est ce pas ?”

Je restais silencieuse. Il invoquait ici l’honneur des voleurs… Et je préférais garder mes réflexions pour moi même… Je ne savais pas si c’était les herbes qui agissaient, mais ma curiosité recommençait à pointer son nez. Et je ne voulais pas qu’il le remarque.

“Vous avez fait un incroyable travail de recherche”, me dit-il : ”Je ne vous avais demandé qu’une orbe, et vous me ramenez la clef complète, ainsi que l’emplacement de la cité… J’avoue ne pas avoir la somme nécessaire pour vous payer à l’échelle du service que vous m’avez rendue…”

“Venez en au fait s’il vous plaît…", maugréai-je, en levant les yeux au ciel. Il me sourit d’un regard carnassier avant de reprendre une gorgée de vin. Celui ci était terriblement bon, j’en repris aussi, m’installant plus confortablement dans ma chaise alors qu’il se préparait pour sa proposition :

“Miss Threadbare, j’aimerais que nous laissions le passé derrière nous, tout simplement. Refaire un contrat honorable entre nous, comme celui que vous avez passé avec Elias. Vous avez essayé de m’arnaquer une fois, en brisant le contrat, mais aux vues de vos résultats récents, j’aimerais que vous considériez votre court emprisonnement comme un jugement acceptable pour vos méfaits à mon encontre.”

Je levais les yeux aux ciels : “Vous avez encore besoin de mes talents.”

Il resta silencieux quelques instants, alors que son sourire s’étirait d’avantage.

“Pas spécialement… Mais je reconnais l’expertise lorsque je la vois, et sais reconnaître une opportunité à saisir plutôt qu’à jeter… Votre capacité d’exploration est bien au-delà des capacités à ma disposition actuellement, et j’aimerais tout simplement vous offrir un partenariat entre explorateurs…”

Il s’arrêta pour me laisser parler, mais je n’avais rien à dire, alors il continua :

“Pour le travail bénévole que vous avez accompli dans la recherche de la cité, j’aimerais vous récompenser, à hauteur de 5 fois la somme de notre premier contrat.”, mes pupilles s'agrandirent involontairement. C’était tout de même beaucoup d’argent… Et cela n’avait pas échappé à cette anguille qui continuait : “A cette somme j’aimerais vous offrir 10% de tout ce que nous trouverons de la cité de Shambala. Car j’aimerais vous engager en tant que scout, afin de nous ouvrir un passage, et nous éviter les bricoles inhérentes à votre métier…”

Je souris à mon tour, peu impressionnée :

“Je veux 50%.”

Son regard se fit désapprobateur, son sourire s'effaça : “Miss Threadbare, un peu de sérieux… Vous avez le choix entre le contrat le plus lucratif de votre carrière ou une mort inutile et solitaire…”

Je ne le laissais pas finir : “Ok, 15%...”

Il me sourit à nouveau : “Entendu. 15% pour miss Threadbare. Mais je souhaite rajouter une clause de pénalité en cas de mort de membres de mon équipe. 1% de moins par membre disparu durant votre contrat avec moi.”

Je sourit à mon tour, amusé par la plaisanterie de fort mauvais goût qu’il venait de faire… Basiquement, j’avais le droit de tuer jusqu’à 15 membres de son équipe… Mais cela me fit réfléchir… Combien étaient-ils dehors ?

Akiner se redressa, me laissant réfléchir. Il se dirigea vers l’ouverture de la tente et jeta un oeil dehors. Puis il se retourna :

“Pendant que vous réfléchissez à ma proposition, souhaitez vous venir voir où en est l’excavation ?”

Je me retournais, surprise. Il me sourit calmement.

“Pendant que vous étiez emprisonnées, nous avons été très occupés… Prenez un manteau si vous sortez, il fait -30°C”

Ma curiosité était à son maximum, et je le suivis sans plus hésiter. Emmitouflée dans un manteau d’expédition, je l'accompagnai dehors. L’air était glacé, le soleil se réverbérait sur la neige nous environnant, aussi je titubai, le temps de réajuster mes lunettes de ski. Et lorsque je me redressai, je restai absolument choquée face à la vision devant moi… Akiner se retourna, un grand sourire aux lèvres…

“Miss Threadbare… Bienvenue en Shambala.”

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Vallée perdue de Shambala... Personne n'est rentré ici depuis plus de 4000 ans...

J’acceptai sa proposition. Quel choix avais-je, vraiment ? Et ainsi commençai-je mon nouveau travail. Car Akiner me fait moyennement confiance, toutes mes affaires me sont confisquées et restent maintenues à l’extérieur de la vallée. Pire encore, je porte en permanence un bracelet anti-transplanage et je suis constamment accompagnée de deux gardes du corps, que j’appelle sans affection aucune, Tic et Tac pour la noisette qui leur sert de cerveaux...

La cité est gigantesque à explorer et mes compétences sont mises à rude épreuve. La magie ancienne reste encore très puissante dans ces ruines et mes nouveaux collègues de travail n’ont pas forcément tous leurs neurones en place… Les incidents sont nombreux… Certains, meurtriers… Mais malgré les portes que nous forçons, les anciens enchantements que nous déjouons, je voyais mon nouvel employeur mécontent…Il cherche manifestement quelque chose… Quelque chose de particulier…

Un soir, alors que nous discutons du butin du jour, je lui demande directement. Il reste silencieux quelques instants :

“J’espère que je peux vous faire confiance, miss Threadbare.”

“Autant que vous me payez”, lui réponds-je avec le sourire.

Son éclat de rire est sardonique. Il contemple les flammes quelques secondes…

“Je cherche la transcendance, miss Threadbare.”

Mon regard se fait étonné. Il me lance un regard noir.

“Pas ce simulacre que pratiquent les asiatiques… Ils n’ont d’immortels que le nom… Non, je parle du réel dépassement de notre mortalité…”

Je reste silencieuse, son regard dur se tourne vers les flammes.

“Ne vous êtes-vous jamais posé la question ? Tout le monde se la pose un jour… Qu’y a-t-il après la mort ?”

Je le regarde, interloquée. Est-il si basique pour avoir seulement peur de la mort ? Il me lance de nouveau un regard noir.

“Ne me prenez pas pour un enfant, miss Threadbare, il ne s’agit pas de ça… Il s’agit de notre place dans le monde… De ce qui nous sépare des animaux… De ce qui nous rapproche des dieux…”

Je lève les yeux au ciel, et interviens : “Pardonnez moi, mais le mythe de la transcendance pure est juste un mythe… Il est impossible de se libérer de l’entropie causée par la chair… On peut la maintenir magiquement pendant très longtemps, certes, mais au final l’esprit ne tient pas l’épreuve du temps…”

Son regard se fait pensif un instant. Puis il fouille dans l’une des étagères et en ressort un très ancien crâne, recouvert de rune… J’ai un mouvement de recul alors qu’il s’approche de la table…

“Je ne touche pas à ça…”

“Comme vous le voulez, mais sachez que vous n’êtes pas la première à être entrée dans le cimetière…”

“Vous avez osé ?”

“Miss Threadbare, il a déjà été prouvé que nous n’avons pas la même moralité…”
Saleté de crânes fétiches...

L'un des enchantement nécromantiques les plus courant du monde semble t il. On en trouve autant en Angleterre, aux Amériques, à Haïti, en Polynésie, en Russie... Je sais même que l'ancienne tradition Bouddhiste soumettait certaine de ses anciens à cette horrible non vie...
En son essence, ce rituel nécromantique rassemble l'essence résiduelle magique d'un sorcier, après sa mort, et en reconstruit l'âme et l'esprit sous forme de fantômes qu'ils ancrent ensuite dans leur propre crâne... Ceci afin de ne pas en perdre les parfois inestimables connaissances, à une époque où l'écriture n'était pas aussi développée qu'aujourd'hui... Plus tôt le rituel est pratiqué après la mort d'un sorcier, plus complet est le fantôme ainsi crée...
Mais ce rituel a été rendu taboo par la plupart des gouvernements magiques, une fois qu'il fut prouvé qu'il empêchait les âmes de s'échapper... Nos anciens créaient des prisons de l'âme permanente sans réfléchir à la douleur que cela entrainait sur ces pauvres esprits, comparable à ce que vie un fantôme au quotidien...
Je regarde le crâne sur la table… J’ai suffisamment d’indices pour savoir à qui il appartient. Le général sorcier. Celui-là même qui a construit la stèle possédant la carte de la cité. Une source impossible d’informations sur Shambala, à une époque où la cité était vivante, accessible, visitée… Ma curiosité rue dans mon esprit, mais j’ai affaire ici à l’un des plus terribles rituels nécromantiques… Rappeler un esprit et l’emprisonner dans son propre crâne…

“Il ne reste plus grand chose…”, continue Akiner en se détournant : “Juste le souvenir le plus marquant de sa vie… Mais c’est bien suffisant pour réfléchir à sa propre existence…”, il se retourne vers moi : “Touchez, vraiment… Ce n’est plus tant différent d’une pensine…”

De quoi parle t il ? On parle de ce qui se rapproche le plus du concept de l’âme, ici… Mon regard est tout à la fois sidéré, dégouté… Curieuse… Si abominablement curieuse… Je sens ma main se lever sans ma permission, pour toucher le milieu du front de ce crâne antédiluvien. Je m’arrête cependant… Akiner me regarde, sans expression… Je succombe…

Je sens l’âme du général traverser les dimensions, posséder mon corps, enflammer mon esprit… Et ce que je vois… Il m’est impossible de le décrire…

“Vous savez maintenant…”, entends-je Akiner conclure, alors que je reprends mes esprits…

Notes d’Akiner au sujet de l’état de Kalachakra

La magie de Shambala est élémentaire. Les règles de cette magie élémentaire échappent à notre logique européenne et suivent les lois de la nature bien plus que notre magique classique. C'est une vieille forme de magie qui à l'époque où la clé a été créé (voir royaume de Shambhala) était bien plus pratiquée qu'aujourd'hui. Puissante et très liée au psychique du sorcier cette forme de magie élémentaire s'appuie sur 5 éléments : Bois, Feu, Terre, Métal et Eau. Ce sont les éléments qui la régissent et en lesquels les sorciers qui pratiquent cette magie puisent leur pouvoir.

Spécialisation :
______________________
Tous les mages peuvent utiliser tous les éléments mais deviennent puissant par la spécialisation, car les mages sont plus ou moins réceptifs aux éléments. Le choix n'est donc pas obligatoire mais peut être fait.

Catalysation :
______________________
Cette magie s'utilise sans catalyseur puisque les sorts et la magie est utilisée par le biais de la formulation de sort et que les utilisateurs utilisent leurs propres corps pour catalyseur : sachant que cette magie peut devenir très puissante et que si le corps et l'esprit du mage ne sont pas parfaitement en accord la magie ne peut pas être contenue et le corps explose en éclat magique qui pulvérise aussi autour de lui (je ne sais pas bien dans quelle mesure)

Apprentissage :
______________________
Une telle magie doit passer par un long et spirituel apprentissage des savoirs avant de passer à la pratique donc, afin de s'assurer de la force mentale et physique du futur mage qui sera lui-même le catalyseur de cette magie.
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Dangers :
______________________
Les utilisateurs de cette magie peuvent prononcer des sortilèges informulés et n'ont pas d'autres instruments que leur corps pour contenir leur magie. Elle peut s'avérer très dangereuse lorsqu'elle n'est pas maîtrisée : trop grande puissance qui met en danger l'utilisateur et son environnement.

Utilisation :
______________________
Elle était utilisée par les mages autour de l'Asie avec une concentration au Bouthan/Tibet. Au fur et à mesure du temps l'utilisation s'est faite plus rare et autour de l'année 1000 les seuls utilisateurs étaient au Royaume de Shambhala - puisque la dangerosité de la pratique a poussé beaucoup d'utilisateurs a cesser d'enseigner sa pratique - où se concentrait une grande puissance magique. Elle a disparu avec ses derniers utilisateurs qui n'ont pas transmis leur savoir et les écrits à son propos sont dispersés autour de l'Asie, mais surtout après que le royaume de Shambhala aient été scellé. Beaucoup de documents et de savoir à propos de cette magie seraient donc consignés à Shambhala.

L'état de Kalachakra :
______________________
Le royaume de Shambhala a réussi à craquer le problème d'explosions de mages aléatoires. Créant de ce fait, une méthode d'enseignement sûre. Cette méthode n'est plus dangereuse, mais elle change le sorcier, le transformant en quelque chose de supérieur à l'humain, aux pouvoirs dignes des anciens dieux et sur lequel le temps n’a plus d’emprise…

Il nous faut deux jours supplémentaires pour atteindre le cœur de la cité, sa grande librairie, qui a l’air aussi d’être la salle du trône… Intéressantes idées que voilà.... Alors que nous nous apprêtons à ouvrir la porte, Akiner nous rejoint, impatient d’atteindre enfin son trésor…

“Attention tout le monde !”, hurle-je autour de moi : “Il y a quelque chose dans cette pièce, nos instruments sont formels… Tout le monde sur ses gardes !”

Les hommes d’Akiner ouvrent la porte, chacun a sorti sa baguette, à part moi, car je n’ai toujours pas été autorisée à récupérer mes affaires. Alors que les lourds battants s’ouvrent lentement par la puissance des sortilèges des hommes de main, Akiner rentre sans attendre personne, se faufilant dans l’interstice… Nous le rejoignons prudemment…

L’immense bibliothéque a dû être magnifique un jour ancien… Très ancien… Car elle a été dévastée par le temps… Quoique pas seulement par le temps… Les murs, les anciens meubles de pierres, les gigantesques colonnes antiques. On dirait qu’elles ont été saccagées par une extrême rage… Mais ce n’est pas le plus troublant…

Au milieu de la pièce, une silhouette est agenouillée, en position de seiza. Un homme, de grande taille, à la peau matte et aux cheveux longs et épais, poivre et sels, habillé comme un ancien, un très ancien moine tibéthain… J’entends Akiner couiner d’excitation… Je le sens mal… Il y a l’aura d’un ancien sorcier… Et puis il y a cet… homme… La magie irradie de sa personne tel un soleil miniature…

Il ne semble pas faire attention à nous, certainement plongé dans une méditation si profonde, qu’elle ne doit pas avoir de grande différence avec la mort… J’essaye d’indiquer à chacun de faire attention, car je ne suis pas du tout rassurée par sa présence, mais tout le monde est déjà en train de s’avancer…

Akiner va vers l’homme agenouillé. Et je me rends compte qu’il est géant. Plus de trois mètres… Akiner, debout devant lui, ne lui arrive qu’aux épaules. Mon esprit s’affole aux souvenirs du géant détruisant la secte en Chine… Je me recule, derrière le groupe, affolée par cette étrange sensation de déjà vu.

Akiner vient toucher la créature… Pas d’effet. Lorsqu’il vient pour le toucher une seconde fois, impatient. Son doigt est bloqué par une barrière magique. Et c’est là où l’homme se réveille… Doucement, très doucement, il ouvre les yeux… Deux soleils se trouvent à l’intérieur…

Il nous regarde avec lenteur, sans prêter attention à Akiner, puis reporte son regard vers lui. Il nous sourit. Akiner commence à parler, obséquieux :

“Mes salutations, maître Kalashakra…”

Une voix énorme m’emplit le crâne, me faisant tomber à genoux, moi et tout les membres de l’expédition.

“BIENVENUS…”


Ce n’est pas du langage. C’est le concept de bienvenue… Nous nous rendons compte que c’est la créature qui nous parle, alors qu’il nous sourit sans ouvrir la bouche. Mon malaise s'accroît alors que je le vois considérer son environnement, sans réellement faire attention à nous… Mais l’indifférence de la créature ne semble pas ébranler Akiner qui se relève tant bien que mal.

“Nous avons ouvert votre cité, maitre…”

“MERCI…”


A nouveau nous tombons à genoux sous la puissance de sa voix. Le concept n’est pas un remerciement de gratitude, il est celui que l’on donne à un chien qui nous ramène la balle… Inconsciemment, je ne veux plus rien avoir à faire avec cette créature, je m’éloigne doucement, sans la quitter des yeux. Et Akiner continue pourtant, malgré une certaine perte d’assurance :

“Nous espérons que vous saurez nous récompenser…”

La créature s’arrête. Dressé il fait deux fois notre taille, et regarde Akimer de haut, des flammes s’échappant de son regard. Cela semble enhardir Akimer… J’ai envie de hurler.

“Nous espérons recevoir vos enseignements…”

“INDIGNES.”


La sentence est abrupte, définitive, meurtrière. Akimer est propulsé en arrière, explosant en plein vol, dans une gerbe de sang. Je suis tétanisée, comme tout le reste de l’expédition. Le géant nous observe de toute sa hauteur, comme on regarde une bande de rats. Je vois une poignée de sorciers se redresser, et commencer à jeter des sorts sur la créature. Elle ne bouge même pas, alors que des sorts mortels l’atteignent, se contentant de les regarder.

“INDIGNES..”


Les assaillants explosent à travers le groupe de sorciers. Les survivants s'enfuient en courant, dans toute les directions. Le monstre les regarde sans expression.

“INDIGNES…”


Le reste de l’expédition explose. Je suis en arrière, en retrait, presque à la porte… Du sang éclabousse mes jambes... Je suis la seule survivante de l’équipe d’excavation… Ma terreur est telle que je n’arrive même plus à respirer… Il reporte son regard sur moi…

“SERVITEUR…”


La voix est plus douce dans mon crâne. Je me relève, indécise. Le concept est plus long que seulement le concept de serviteur… Vient il d’impliquer que je suis sans magie ? Est ce parce que je n’ai pas ma baguette ? Il s’approche de moi et mon regard est happé par les flammes de ses yeux…

“RACONTE…”


Je ne dis rien. Je ne peux pas. Je sens l’ensemble de mes souvenirs récents échapper de mon crâne. L'expérience est effroyable, je suis totalement impuissante face à son pouvoir. Je tombe de nouveau à genoux alors qu’il se tourne vers ce que je juge être l’entrée de la montagne.

Alors que je tente de me relever, je me rends compte que je lévite. La main de la créature est levée, et je m’approche de lui. Il lévite aussi, son corps parcouru de flammes. Nous sortons en volant par l’une des hautes fenêtres de la salle. Nous sommes à l’extérieur. Je vois la vallée défiler sous mes yeux à une vitesse démesurée… Nous atteignons en moins de trente secondes l’entrée de la vallée, alors que nous avons eu besoin d’un jour entier pour faire la traversée jusqu’à la cité…

Je tombe lourdement dans la neige… La créature… Le demi dieu… Se pose à mes côtés… Il avance vers un grand cercle de pierre, sur lequel cinq piédestaux sont posés… Je reconnais chacune des orbes… Lorsque je regarde derrière moi, je vois une porte majestueuse dans la montagne… Nous venons de retraverser la porte de la vallée… Le demi dieu étudie les orbes ensanglantées, en récupère une, que je reconnais comme étant celle de Russie…

Je m’approche, je n’ai jamais su comment nous étions entrés.. Au pied de chaque orbe, une victime au cœur arraché… Cinq sacrifices pour cinq orbes, le prix du sang pour ouvrir la cité. J’ai un haut le cœur… Akimer s’est bien gardé de me dire comment il était entré… Le demi dieu me regarde et je suis de nouveau happé par ses yeux…

“EXPLIQUE…”


Je n’en sais rien… Mais je peux imaginer… Son influence se fait plus douce dans mon crâne alors qu’il discute par la force avec mon esprit, échangeant des connaissances nécessaires à ce que toute la logique se fasse, que toute la compréhension s’installe. J’en apprends en moins d’une seconde beaucoup sur lui…Et je ne peux rien lui cacher...
Son nom est Choezom Lotsawa et son physique est la première chose que l'on note. Ses épaules sont si larges que l'on pourrait y asseoir un adulte normalement composé. Ses jambes sont presque aussi démesurées et elles assument le poids de ce colosse. Ses vêtements sont ceux que portent typiquement les habitants de Shambhala au moment de l’apogée du royaume, mais plus précisément il est vêtu de la robe de combat mise au point par les élus au moment où le royaume a été scellé. C’est une robe qui n’en est pas exactement une : elle se termine en un pantalon large que les mordus appellent sarouel. Les couleurs sont sombres et rappellent la pierre du sol du royaume en bas et les feuillages de la verdure des jardins des palais de Shambhala au dessus. Ce sorcier en particulier à la peau brune, cramée par endroit, des croûtes fumantes à d’autres.
Ses cheveux sont grisonnants et sa longue barbe l’est tout autant. Associés aux rides de son visage cachées sous une couche de crasse, ce sont les seuls signes de sa vieillesse.

C'est l'un des chefs du royaume de Shambhala et le premier à avoir maîtrisé la technique secrète de Shambhala : il se présente comme l'initiateur de toute chose, le prophète de la magie élémentaire et un dieu sur la terre. Lors de la grande guerre de Shambhala, il a été un grand acteur et a décimé une partie de sa population sous le coup de la folie avant que le royaume ne soit scellé avec lui et une flopée d'initiés à l'intérieur.

Sa puissance est telle que si le royaume de Shambhala ne fonctionnait pas avec un groupe à sa tête : il en serait le roi.

C’est un mage très expérimenté. Il fait partie des non-spécialistes et est certainement le plus fort d’entre eux. Sa maîtrise et son goût pour chaque élément est tel qu’il peut produire la puissance magique des plus grands maîtres dans leurs éléments et ce pour absolument tous les éléments…

Et aujourd’hui… Sa puissance emprisonnée depuis plus de quatre millénaires… En fait l’égal d’un demi dieu...
Je suis en transe mais je hurle. Je hurle de douleur, je hurle de frustration. Je ne peux rien faire face à son pouvoir qui m'extrait l’esprit pour en piocher ce qui l’intéresse. Ma conscience n’est que hurlement. Mon environnement n’est que hurlement. Mon hurlement est l’environnement. Il résonne dans la montagne.

Déchirure. Brutale. Je tombe dans la neige pantelante. Toute la montagne tremble… Les yeux noyés de larmes gelées je me redresse maladroitement. Le sol tremble, ou alors est ce seulement mon corps ? Je ne vois plus le demi dieu… Choezom… Une secousse me propulse à terre… Je me retourne…

Et alors je le vois… L’homme nu… Le géant pâle… Le Kochtcheï… De nouveau je suis terrifiée… Mais il ne porte aucune attention à moi… Il se tient dans l'entrebâillement de la porte de la cité, ses deux bras gigantesques chacun sur l'un des montants, dans un geste de défi animal, toisant le demi dieu que je vois, en lévitation dans le ciel, immobile, de l’autre côté de la porte. Puis il prends appui sur les montants de la porte de la vallée… Et il saute… Un bon gigantesque, impossible, alors que la foudre divine s’abat, sans effets sur sa vélocité. Je le vois saisir le demi dieu dans les airs, puis le propulser vers le sol, de l’autre côté de la porte… Le demi dieu s'écrase en déclenchant une explosion de neige et de terre...

Interdite, je ne peux qu’observer ce combat de titans… Tous les deux à la force infinie, l’un magique, l’autre physique. Tous les deux immortels, immuables, increvables… Ils se battent, ils se battent encore, sans qu’aucun des deux n’arrive à prendre l’avantage… Je me relève. Je viens de comprendre… J’ai vu la sphère dans la main serrée du demi dieu…

Je marche, chaque mouvement m’est difficile. J’arrive jusqu’à la première orbe sur son piédestal. Je la pousse, je la fais chuter. Je sens la montagne trembler… J’arrive à la seconde orbe… Je fais pareil… La montagne tremble derechef… La porte commence à bouger… Encore une orbe… Encore un effort… La porte se mets à trembler… J’observe de l’autre côté le géant de glace et le géant de feu en train de se battre. Aucun ne fait attention à moi… Alors je pousse la dernière orbe hors de son piédestal…

C’est toute la montagne qui tremble désormais… Je vois le regard du demi-dieu se poser sur moi, alors qu’il est maintenu au sol par le géant nu sibérien.


“NON !..” , entends-je hurler dans mon crâne, mais je tiens bon cette fois ci. Il est trop éloigné de moi... Trop occupé... Et alors qu’il essaye sans succès de s’écarter du combat avec le Kochtcheï, et alors que la porte de cette cité se referme, et avec elle tout espoir de s’échapper, je ne peux m’empêcher de défier son regard, en lui balançant à la figure un doigt de la victoire…

La porte est fermée. La cité, à nouveau, est scellée… Je tombe à la renverse dans la neige, je hurle, je ris, je pleure.

Seule, je pleure… Libre, je pleure...

Epilogue | Londres :
Reducio
Londres - Chemin de Traverse - Morpho,
13 février 2046


Elias s’est confondu en excuses lorsque je suis venue ce matin. Mon regard était noir, par la force des circonstances, mais en vrai, je ne lui en veux pas tant que ça.

Dans mes bagages je ramène avec moi de magnifiques images, et la description dans ce carnet de véritables merveilles exotiques asiatiques qui alimenteront mes souvenirs durant des années. J’ai croisé le chemin de légendes, j’ai rencontré un demi dieu. J’ai déjoué les manigances de deux organisations. Je me suis fait d’excellents amis à travers le continent asiatique…

Et les trois orbes que je lui rapporte, magnifiques, exotiques, bourrées de puissances, sont une juste récompense à toute cette aventure… Elias m’a promis qu’il allait leur trouver les acheteurs les plus éloignés au monde, afin que jamais elles ne retombent entre de mauvaises mains… Je le crois, je lui fais confiance… Mais il ne sait pas que la dernière reposera bien profondément enfouie dans un lieu tout ce qu’il y a de plus banal connu de moi seule… Inutile de prendre plus de risques que cela…

Et c’est ainsi que je repars, plus riche d’argent, de souvenirs et d’expériences. Je repars en direction de l’aéroport.

Car dans un avion en provenance du Pakistan, Sahar arrive, ma merveille, la Lune de mon Soleil. Et alors qu’elle m’a accompagnée dans la découvertes des Merveilles du Monde Magique Asiatique, je me sens prête à lui faire découvrir les merveilles du mien…

Solutions des jeux :
Reducio

Nous vous conseillons, comme toujours, de tenter le jeu de votre côté avant de regarder la solution. :)

Chapitre 2 :
♦ Matriochka :
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Chapitre 3 :
♦ Épreuve 1 :
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♦ Épreuve 2 :


♦ Épreuve 3 :


♦ Épreuve 4 :
C'est possible en 6 minutes. Mais seulement si on fonce vers Takahashi et son trône et qu'on les transporte jusqu'aux coffres. Ils sont deux "choses" après tout.


♦ Épreuve finale :
Dupliquer 2 fois dans chaque coquillages (4 perles dans chaque coquillages)
Déplacer une perle d'un coquillage à un autre (3 perles, 5 perles, 4 perles)
Dupliquer le coquillage à 3 perles (6 perles, 5 perles, 4 perles)
Déplacer une perle d'un coquillage à un autre (5 perles, 5 perles, 5 perles)
Et voila ♫


Chapitre 5 :
♦ Échapper au sanctuaire :
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Chapitre 6 :
♦ La stèle:
G veut dire à gauche. X veut dire vers le haut, D, veut dire vers la droite. Une fois ceci fait :
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24 ans inRP
Benjamine de la Pédagogie, Championne du Tournoi des Trois Sorciers, Rôtisseuse de Sang-Pur (BBQEAF), coeur du KEN et Briseuse de Rêves. La fille du FEU!
¤ Ne sous estimez pas les griffes du blaireau parce que sa fourrure vous semble douce ¤..
28 mars 2021, 12:51
La Magie en Asie  Projet Collab' 
POUFSOUFFLE


- Pour cette initiation, être équipé d'un ordinateur moldu rendra l'expérience plus agréable et plus immersive. Chouchoutez votre 3ième oeil avec cet écran !
- Une initiation guidée est possible en suivant les petites flèches du bas, pour une expérience totale et pas à pas.
- Pour ceux qui souhaiteraient plus de libertés, laissez vous guider par votre instinct, et cliquez à votre gré au rythme et endroits de vos envies.

24 ans inRP
Benjamine de la Pédagogie, Championne du Tournoi des Trois Sorciers, Rôtisseuse de Sang-Pur (BBQEAF), coeur du KEN et Briseuse de Rêves. La fille du FEU!
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28 mars 2021, 12:52
La Magie en Asie  Projet Collab' 

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28 mars 2021, 12:56
La Magie en Asie  Projet Collab' 
SERPENTARD

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24 ans inRP
Benjamine de la Pédagogie, Championne du Tournoi des Trois Sorciers, Rôtisseuse de Sang-Pur (BBQEAF), coeur du KEN et Briseuse de Rêves. La fille du FEU!
¤ Ne sous estimez pas les griffes du blaireau parce que sa fourrure vous semble douce ¤..
28 mars 2021, 13:05
La Magie en Asie  Projet Collab' 
Ce petit air d'exotisme vous a-t-il inspiré ? Nous avons été très enthousiastes à l'idée de voir ce que vos esprits bouillonnants allaient produire et c'est maintenant le moment de découvrir les créations des autres maisons ! Nous espérons que ce premier projet de 2021 saura vous surprendre agréablement comme ce fut notre cas!

Merci à tous pour vos superbes projets !
Voici venu le temps des résultats ! Comme d'habitude, tous les projets ont été évalués sur 80, en fonction de plusieurs critères. Les deux membres de la direction ont donné leurs notes et une moyenne a ensuite été faite pour chaque critère. Voici le classement en question !
1. Poufsouffle avec une note de 78/80.
Poufsouffle obtient 78 points pour son sablier, plus 20 points de bonus pour leur victoire.

Si le cours de divination nous a beaucoup plus sur le côté interactif, Poufsouffle peut se vanter de nous avoir fait une belle frayeur lorsque nous avons cru être arrivées "au bout"! Heureusement, nous avons vite réalisé qu'il ne s'agissait que d'une introduction. Le projet est très complet et le support parfaitement maîtrisé. Le tout est ludique est très agréable à parcourir. Le souci de détail des Poufsouffle nous a bluffé et l'on retrouve cette présence des élèves jusque dans le contenu du projet qui est devenue la marque de fabrique de la maison d'Helga. La machine est bien rôdé et l'organisation du travail semble avoir été bien apprivoisée au fil des projets.

2. Serdaigle avec une note de 67/80.
Serdaigle obtient 67 points pour son sablier.

L'idée de la bibliothèque correspond bien à la maison de Rowena et même si ce n'est pas un format très "original", l'illustration faite maison est appréciable ainsi que le côté interactif donné à cette bibliothèque. Ce format permet d'aborder une grande variété de sujets, ce à quoi nous avons été sensibles. Malgré quelques surprises, telles que voir apparaître la pierre de résurrection dans les artefacts magiques asiatiques, il y a eu un gros travail de recherche réalisé et une volonté de mise en lien avec le contexte de pfr. Bien que quelques sujets soient abordés de manière un peu superficielle, l'ensemble est de très bonne qualité. Serdaigle nous semble en progression constante dans ses projets et a su apprendre des précédents projets pour s'améliorer. La maison a su trouver une bonne dynamique de travail!

3. Gryffondor avec une note de 65/80.
Gryffondor obtient 65 points pour son sablier.

Nous avons apprécié la forme du carnet de voyage et la variété proposée dans les types de documents. Malgré un départ sur les chapeaux de roues un brin désorientant, on retrouve assez vite ses repères. La mise en page est simple, mais judicieuse et le rendu est propre. Les petits jeux apportent des pauses bienvenues dans la narration. Il y a eu des recherches poussées dans la mythologie asiatique auxquelles il ne manque qu'un lien à l'univers pfr pour être parfaites. L'écrit est de qualité et bien fini. Il nous a semblé toutefois retrouver la pâte d'une personne en particulier dans ce projet, ce qui n'est pas souhaitable dans un projet qui se veut collectif.

4. Serpentard avec une note de 55,5/80.
Serpentard obtient 56 points pour son sablier.

L'idée du train nous a semblé très pertinente, mais nous n'avons pas compris le choix d'aborder un thème par wagon plutôt que des zones géographiques au vu de l'utilisation de la carte. Nous avons apprécié les dessins des joueurs intégrés au projet et la présence de petits jeux renforçant le côté interactif et ludique. Il y a une certaine variété de thèmes abordé, mais parfois assez superficiellement. La maison semble avoir pris des risques, ce que nous avons apprécié, mais il y a souvent une impression d'inachevé. Serpentard a eu du mal à s'organiser et beaucoup de bonnes idées n'ont finalement pas abouti par manque de temps. Cela s'est également retrouvé dans le retard à l'envoi du projet. Il y a également une certaine hétérogénéité entre les wagons, probablement par manque de communication entre les groupes de travail.
Bravo à tous pour ces superbes contributions !

24 ans inRP
Benjamine de la Pédagogie, Championne du Tournoi des Trois Sorciers, Rôtisseuse de Sang-Pur (BBQEAF), coeur du KEN et Briseuse de Rêves. La fille du FEU!
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