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04 avr. 2021, 05:52
 RP++ solo   Oxford  Poussière

Oxford, maison d’Argentella, 31 mars 2046, vers 18h 30


À l’hôpital. Sa mère était à l’hôpital. Elle ne lui avait rien dit. Elle lui avait juste demandé d’aller rassembler ses affaires. Cela signifiait qu’elle y resterait sans doute longtemps. Argentella ne voulait pas. Sa mère ne pouvait pas rester aussi loin d'elle, aussi longtemps.

Sa mère lui avait dit qu’on viendrait la chercher dans la soirée. Elle ne savait pas qui, à quelle heure. Cette personne l’emmènerait avec elle. Elle déposerait la valise dans la chambre de sa mère pendant que la jeune fille resterait en bas. Puis elle l’emmènerait dans sa nouvelle demeure temporelle. Argentella ne voulait pas quitter sa mère et cette maison.
Elle sortit de la chambre de sa mère et regarda la vieille horloge. Dix-huit heures vingt-sept. Elle balaya du regard le reste de la maison, de sa maison. Elle était bien différente de ce que laissait croire la façade bariolée. Ancienne, en parquet et en papier peint délavé. Un beau papier peint, bleu pâle, avec des roses dorées. Mais complètement passé.

Autrefois, avec la présence de sa mère, le parquet grinçant et la rampe ornementée lui donnait l’impression qu’une sorte de magie imprégnait l’endroit. Et c’était vrai d’ailleurs. Mais à présent que sa mère était partie pour un certain temps, c’était aux yeux d’Argentella une simple demeure à l’âme poussiéreuse. Son regard se posa sur la porte au bout du couloir. Elle ne l’avait jamais ouverte, n’était jamais entrée dans la pièce qui se trouvait derrière. On ne le lui avait jamais interdit. Mais une aura se dégageait de cette porte. Comme si ce qui se trouvait derrière appartenait à certaines personnes dont elle ne faisait pas partie.

Mais maintenant qu’elle allait quitter la maison, elle voulait que la pièce lui livre ses secrets. Tout ce qu’elle savait d’elle, c’était qu’elle menait, d’une façon ou d’une autre, au troisième étage, celui qu’on devinait depuis l’extérieur à sa fenêtre en demi cercle donnant sur l’obscurité.
Argentella posa la valise en haut de l’escalier qui menait au premier étage et s’approcha de la porte. Elle posa la main sur la poignée glacée et la tourna. La porte s’ouvrit silencieusement. La pièce était minuscule et vide. Elle n’était éclairée que par la lumière en provenance du couloir. On pouvait distinguer un unique escalier. Des petites marches qui montait jusqu’au plafond.
Argentella grimpa sur l’escalier qui grinça légèrement et vit une petite trappe. Elle poussa légèrement puis l’ouvrit complètement. Elle monta encore un peu et sa tête ressortit dans une pièce très sombre.

On y voyait presque rien, à part quelques formes sombres et la silhouette en demi lune de la fenêtre, tache floue et rose qui se découpait sur l’obscurité. Argentella entra complètement puis se déplaça lentement en direction de la fenêtre, prenant garde à ne pas heurter un obstacle invisible.
Elle s’arrêta devant la vitre, ou plutôt devant l’épais rideau rose qui la cachait et empêchait la lumière d’entrer pleinement. Elle le tira d’une main tremblante et laissa la lumière se déverser dans la pièce. Personne n’y avait pénétré depuis longtemps, à en juger par l’épaisse couche de poussière qui recouvrait tout. Elle était présente partout. Sur le sol, sur les draps qui recouvraient chaque chose de la pièce, et même dans l’air. On voyait chaque petite particule dans le rayon de lumière de la fenêtre.
Le seul endroit dépourvu de cette couche grise était les traces de pas laissées par Argentella. Il n’y avait pas grand chose ici, pensa la jeune fille.
Contre un mur, une sorte de rectangle couvert d’un tissu noir. Au beau milieu, une grande forme qui lui semblait familière, elle aussi cachée sous un drap, blanc cette fois-ci. Et quelques piles de choses inconnues, cachées sous leurs draps, dans un coin.

Argentella se rapprocha du drap noir et tira délicatement dessus, le faisant tomber par terre. C’était un grand tableau. On y voyait un homme, âgé d’une trentaine d’années, avec des cheveux blonds ébouriffés et des yeux verts, ainsi qu’une femme du même âge, avec des cheveux bruns assez courts et des yeux gris. Tous deux souriaient gentiment et tenaient devant eux une jeune fille, chacun une main sur ses épaules. La jeune fille portait un uniforme avec une cravate jaune et noire. Elle avait de beau cheveux blonds, des yeux gris pétillants et devait avoir l’âge d’Argentella.
C’était sa mère. Argentella avait sous les yeux sa mère et les parents de cette dernière lorsqu’elle était scolarisée à Poudlard, bien qu'il fut étrange que l'on ne voit pas ses frères et soeur sur ce tableau.
Soudain, les personnages du tableau se mirent à bouger. Sa grand-mère se recoiffa et dit d’une voix douce :

« Merci jeune fille. Nous étions derrière ce drap depuis bien trop longtemps.

« Ce n’est pas que ce noir était ennuyeux mais... » renchérit sa mère.

« Tiens donc, s’étonna son grand-père. Tu ressembles beaucoup à notre chère fille. »

Argentella hocha la tête. Évidemment. Les tableaux magiques bougeaient.
Elle retira ensuite les draps qui recouvraient les piles. C’était des dizaines de malles. Elle n’avait pas envie de tout fouiller, aussi elle se dirigea vers la grande chose qui se dressait au milieu de la pièce. Elle tira le drap dans un nuage de poussière. Après une quinte de toux et que le nuage se fut dissipé, elle vit un magnifique piano à queue.

Il y en avait un dans le salon du rez-de-chaussée, mais celui-ci était bien plus beau. Blanc, verni, il était orné par endroit de vermoulures et ses touches en ivoire semblaient neuves. Il était partiellement ouvert et laissait voir des cordes dénuées de toute poussière.
Argentella fit glisser ses doigts sur le bord du piano et s’assit sur le petit tabouret. Il y avait une partition qu’elle reconnut aussitôt. C’était une des musiques du ballet de La Belle au Bois Dormant.
Si la variation d’Aurore était celle qu’elle préférait danser, elle adorait surtout jouer la valse, cette musique justement. Elle posa ses doigts sur les touches et se mit à jouer.
Elle n’avait jamais vu un piano avec un aussi beau son.
Les notes, qu’elle connaissait par cœur, s’envolait, douce et délicate, emportant avec elles ses peurs et ses incertitudes.
Dernière modification par Argentella Wighters le 18 mars 2023, 16:56, modifié 2 fois.

Dialogue #778899 | fourth year
Oh, là, là ! Oh, là, là ! Je vais être suis en retard !

14 sept. 2022, 19:07
 RP++ solo   Oxford  Poussière
Les notes devinrent plus lentes et plus douces, jusqu'à se taire complètement. Les mains d'Argentella étaient suspendues au-dessus du clavier, et elle sentit une larme couler le long de sa joue avant de tomber sur les touches. Tristesse ? Émotion ? La jeune fille n'en avait pas la moindre idée. Sa mère lui avait si souvent joué ce morceau quand elle était petite. De lents applaudissement interrompirent soudain le fil de ses pensées. Elle se tourna en direction du bruit et vit qu'il s'agissait des personnages du tableau.

« Tu es très douée » dis sa grand-mère avec un sourire.

Son grand-père et sa mère acquiescèrent. Soudain, la sonnette retentit à travers la maison. Avec un dernier regard à sa famille maternelle peinte sur le tableau, la jeune fille quitta le grenier. Elle descendit lentement les escaliers puis ouvrit la porte. Sur le perron se tenait une femme assez grande, le visage anguleux, la chevelure rousse ondulée, coupée aux épaules et striée de cheveux blancs. À peine Argentella eut-elle croisé son regard d'un bleu intense qu'elle compris de qui il s'agissait. La femme se présenta tout de même, la voix étonnamment douce.

« Bonjour, Argentella. Je suis ta tante, Melisandre Wighters. »

« Oui, Amarande m'a parlé de vous. »

« Je t'expliquerais tout ça quand on y sera, mais tu vas devoir venir vivre au manoir un certain temps. On rendra visite à ta mère prochainement. Tes affaires sont prêtes ? »

La jeune fille n'était pas surprise. Le contenu de la lettre de sa mère avait été des plus évocateurs. Elle répondit avec un soupir dans la voix :

« Oui. Je n'ai pas défait ma valise. J'ai aussi les affaires de Maman. »

« Parfait. Tu as une cheminée ? »

Argentella hocha la tête et s'écarta quand Mrs Wighters entra dans la maison. Celle-ci se rendit aussitôt dans le salon, sur lequel donnait l'entrée, et s'avança vers la cheminée. Elle sortit sa baguette qu'elle agita négligemment pour y allumer un feu.

« J'emprunte un peu de poudre de cheminette » dit sa tante en se servant dans le pot en verre posé sur le manteau de la cheminée.

Argentella acquiesça pendant que Mrs Wighters lançait un peu de poudre émeraude dans les flammes, lesquelles se teintèrent alors d'un vert vif. Sa tante se tourna ensuite vers elle et lui demanda :

« Passe moi la malle de ta mère. Prend la tienne et dit "Ashglow". C'est le nom du manoir. Je serais juste derrière toi. »

La jeune fille hocha une nouvelle fois la tête tendit la malle de sa mère à sa tante et saisit le sienne avant de s'avancer dans les flammes jusqu'à ce qu'elles lui lèchent la peau dans un chatouillement agréable. Elle sera la poignée e sa valise e prit un grande inspiration avant de s'exclamer :

« Ashglow ! »

Argentella sentit son corps traverser une multitude de conduits avant d'arriver dans une cheminée étonnamment spacieuse. Elle toussait pour évacuer la cendre qui lui était entrée dans la bouche quand une paire de bras vinrent lui enserrer la poitrine dans une étreinte de fer, lui faisant lâcher sa valise.

« Argentella ! Comment tu vas ? »

« Salut Amarande, répondit la blonde avec un petit sourire alors que la plus âgée la relâchait lentement. Plutôt bien, j'imagine, si on considère le fait que je n'ai pas vu ma mère depuis la rentrée et que je viens d'apprendre que cette situation risque de durer un peu. »

« Je suis vraiment désolée. Mais tu es avec ta cousine préférée, donc c'est plutôt pas mal, non ? »

« Qui a dit que tu étais ma préférée ? » répliqua la blonde malicieusement.

« Parce que tu en as d'autres ? » s'étonna Amarande en haussant un sourcil.

« Oui, une, mais on n'est pas aussi proches. J'ai des cousins aussi. »

« Il faudra que tu m'expliques tout ça, un jour. Tu connais tous les petits secrets de ma famille, mais je ne sais rien de la tienne... Et tu sais pourtant à quel point je suis curieuse ! »

Au même moment, leur tante apparu dans le foyer de la cheminée, la malle à la main.

« Ben dis donc, t'en a mis du temps ! s'exclama Amarande. Ça fait déjà un petit moment qu'Argentella est arrivée. »

« Oui, je sais. J'ai voulu lancer quelques sortilèges de protection sur sa maison. On ne sait jamais, pas vrai ? »

Amarande hocha la tête avec énergie tandis qu'Argentella haussait les épaules.

« Bon, reprit Mrs Wighters. Amarande, montre sa chambre à ta cousine. Argentella, je vais apporter ses affaires à ta mère, et puis on s'arrangera pour qui tu lui rendes visite. »

Dialogue #778899 | fourth year
Oh, là, là ! Oh, là, là ! Je vais être suis en retard !

18 mars 2023, 17:43
 RP++ solo   Oxford  Poussière
La jeune fille hocha la tête et sa tante disparut dans un claquement, transplanant Argentella ne savait trop où. Sa cousine lui fit un signe de tête pour lui indiquer de la suivre. La jeune fille s’exécuta, tout en prenant le temps de regarder autour d’elle. Elle se trouvait dans un immense hall, très haut de plafond, avec un sol en marbre noir et vert, et des murs blancs décorés de moulures dorées. En face se trouvait une autre cheminée identique à celle où elles étaient apparues, à sa droite, une immense porte de bois sombre fermée, et à sa gauche, un grand escalier qui se divisait en deux. De nombreuses portes, toutes fermées, se trouvait le long des murs, et derrière l’escalier on pouvait deviner un grand couloir.

Amarande la guida jusqu’à l’escalier, où elles prirent la division de gauche. La, un couloir en balcon sur le hall faisait tout le tour, cette fois-ci donnant sur des portes toutes ouvertes. Elles passèrent devant une salle à manger, puis prirent le couloir qui venait après. Là, une des portes de droite redonnait sur la salle à manger, celle en face à gauche était fermée, puis face à face se trouvèrent deux salons, et enfin elles rejoignirent un couloir transversal. En face se trouvait une porte, fermée. Amarande se retourna vers elle avec un petit sourire.

« Et voilà ta chambre. C’est Melisandre qui s’est occupée de ta chambre, j’ai changé quelques trucs ce matin. Bon, je te laisse t’installer. Ma chambre est la porte au bout du couloir, à gauche. »

Et elle s’éloigna dans le couloir en question.

Argentella se retourna vers la porte de sa nouvelle chambre et, resserrant sa prise sur la poignée de sa valise, fit tourner celle dorée de la porte. Elle entra dans la pièce et sa bouche s’ouvrit pour former un petit O parfait.

C’était… immense. Plusieurs mètres de hauteur sous plafond, une mezzanine, un des murs recouvert de bibliothèques, bien qu’encore vides. Il y avait dans le fond de la pièce un grand lit à baldaquin, couvert de coussins brodés. Et un bureau non loin, ainsi qu’une immense fenêtre en pied qui montait jusqu’au plafond dans le mur du fond. Mais le lit et le bureau ainsi qu’un coffre et une armoire mis à part, la pièce était entièrement vide. Et au vu de sa taille, cela produisait une sensation étrange.

La jeune fille s’avança jusqu’au milieu de la pièce et tourna un peu sur elle-même. Le balcon attira son attention. On y accédait normalement par un étroit escalier en colimaçon, mais une échelle pendait et s’arrêtait juste au-dessus du sol. Argentella, intriguée, sangla sa malle sur son épaule et grimpa par l’échelle, constitué de cordes et de barreaux en bois. En haut, l’ambiance était très différente. Il y avait deux tapis qui se chevauchaient, un perse et l’autre avec des brins de laines qui dépassaient. Un matelas était posé à même le sol, recouvert d’un drap, d’une couverture en patchwork et d’une autre en laine tricotée, et de coussins. Juste à côté était posée une lanterne à la bougie éteinte, et des plantes vertes avaient été rassemblées dans un coin. Sans doute ce qu’Amarande entendait par « changer quelques trucs ».

La jeune fille posa sa malle, retira ses bottines et s’allongea sur le matelas. Sa cousine était vraiment une perle. Mais alors qu’elle s’enfonçait dans les coussins, ses muscles se relaxant d’une pression qu’elle n’avait pas ressenti jusque-là, elle ne pouvait penser qu’à sa mère. Qu’est-ce qui lui arrivait vraiment ? Pourquoi était-elle à l’hôpital ? Argentella contemplait le plafond blanc sans vraiment le voir et se perdit dans ses pensées. Soudain, elle entendit toquer à la porte, et Amarande entra dans la pièce. Argentella se leva et se pencha à la balustrade.

« Je peux monter ? »

Argentella hocha la tête et se rassit sur le matelas en attendant que sa cousine arrive en haut. Quand sa tête ressurgit en haut de l’échelle, la première année leva vers elle des yeux pleins d’espoir, mais sa cousine arborait un air désolé.

« Hum, Melisandre vient de rentrer. Je ne pense pas que tu pourras aller la voir. Elle est inconsciente pour l’instant, à cause du traitement. »

« Mais elle a bien écrit la lettre, non ? »

« Euh… Oui. Il y a une semaine. »

« Qu’est-ce que c’est ? », demanda alors Argentella d’une petite voix.

« Comment ça ? »

« Sa maladie ? C’est quoi ? »

Amarande soupira. Elle avait l’air de ne pas trop savoir comment lui annoncer, et Argentella s’attendait au pire.

« Le Syndrome d’Eulhyan-Ponthus Sanguin. Déjà assez avancé, mais pas trop encore. »

Argentella sentit comme un gouffre s’ouvrir en elle et enfouit sa tête dans ses mains. Amarande passa un bras autour de ses épaules, puis la pris complètement dans ses bras.

« Eh. Ça se soigne tu sais. Très bien même. Ça va prendre du temps, mais ça ira mieux. »

La jeune fille hocha la tête, mais elle ne voyait pas trop le bon côté qu’Amarande semblait vouloir souligner. Si en plus elle ne pouvait pas voir sa mère…

« Tu es sûre que je ne peux pas la voir ? »

« Eh bien… Melisandre a dit que ce serait mieux d’attendre au moins les vacances d’été. Qu’elle reprenne un peu de forces, tu vois ? »

Argentella hocha la tête, la gorge nouée. Elle ne comprenait pas. Mais est-ce qu’elle serait vraiment soulagée si elle y allait pour voir sa mère endormie dans un lit, toute pâle et l’air à demi-vivante ? Sans doute pas.

« Tu veux que je te laisse toute seule ? » demanda sa cousine avec compassion.

Argentella secoua rapidement la tête de droite à gauche. Non, surtout pas. Elle ne voulait pas être seule avec ses pensées, pas encore. S’endormir serait déjà bien assez dur ce soir-là.

Lentement, la boule dans sa gorge se délia et les larmes commencèrent à couler, et Argentella enfouie son visage dans le cou de sa cousine, cherchant du soutien.

Dialogue #778899 | fourth year
Oh, là, là ! Oh, là, là ! Je vais être suis en retard !