En juin dernier, j'avais planté des graines qui m'étaient inconnues. A mon retour de vacances, j'avais trouvé un petit arbrisseau aux feuilles vertes. Je ne m'y connaissais pas bien en plante bien que je les apprécie, ou plutôt je connaissais plus les fleurs que les autres types de plantes. Les arbres c'était pas ma spécialité... J'avais demandé au professeur lors du trajet en train si je pouvais la lui amener et celui-ci avait accepté.

Ma première semaine à Poudlard ayant été un peu agitée, je n'avais pas trouvé le temps de trimballer la plante jusqu'aux serres de botanique. Mais aujourd'hui après le cours de Botanique un peu plus tôt dans la journée j'avais un peu de temps libre. J'avais donc récupérer mon pot avec le tout jeune arbrisseau dans la serre de Poufsouffle et l'avait descendu avec précaution jusqu'aux serres dans le parc du château.

Les bras encombrés par mon chargement, il me fallait désormais localiser le professeur. En toute logique celui-ci n'était pas loin, soit dans son bureau soit dans l'une des serres. je décidais de commencer par le bureau, mais celui-ci était fermé. Après avoir jeté un œil à l'intérieur de plusieurs serres, j'aperçu le vieil homme dans la serre n°4, celle-là même où nous avions eu cours plus tôt dans la journée. Je pose ma plante à terre et toque pour signaler ma présence avant d'ouvrir la porte et passer ma tête à l'intérieur de la serre.

"Rebonjour Monsieur, je sais pas si vous vous souvenez mais dans le train vous m'aviez dit que je pouvais passer vous voir pour identifier ma plante mystère. Du coup si vous avez le temps, je l'ai avec moi, là."

Je désigne le pot à mes pieds et attends sagement que le professeur me réponde.


Si quoique ce soit ne vous conviens pas, titre, date, serre choisie... N'hésitez pas à me hibouter.

Le professeur avait fini sa courte journée : il avait reçu les deuxième année plus tôt dans l'après-midi, pour leur premier cours, et depuis la fin de la leçon, le botaniste s'occupait de ses plantes. Encore récemment installées, certaines plantes avaient besoin de soins particuliers. Soit elles avaient mal vécu le transport de la semaine précédente, soit l'absence de botanistes durant l'été et les soins prodigués par les elfes demeuraient insuffisants. Le botaniste arrosait, taillait et rempotait alors les différentes plantes de la serre n°4, afin de les remettre en état.

Mais tandis qu'il était concentré à la tâche, le professeur n'entendit pas la Poufsouffle toquer. Il fallait dire que sa surdité n'aidait pas, en plus de sa concentration, à entendre les bruits autour de lui. C'est alors que, lorsqu'elle prit la parole, il se surprit de la présence de l'élève. Sursautant presque, il se tourna vers elle.

"Oh, Miss Holland, il faut prévenir de votre présence ! Vous m'avez fait une frayeur !"

Il l'écouta parler et se rappela en effet de la discussion qu'ils avaient eue dans le Poudlard Express, la semaine d'avant. La jeune fille lui avait alors demandé s'il pouvait identifier une plante qu'elle détenait. Mais le professeur ne voyait pas de plante dans les mains de la Poufsouffle, peut-être qu'elle avait eu du mal à la transporter ?

"Vous avez réussi à l'amener ? Demanda-t-il."

Je perçu dans le mouvement du professeur de la surprise, visiblement tout à son travail il ne m'avait pas entendu toquer. Chose qu'il confirma par la parole. Un léger embarras se manifesta sur mes joues avant que je ne reprenne ma contenance. La raison de ma venue semblait faire sens au professeur, il n'avait donc pas oublié semblerait-il. Tant mieux ! Par contre mon pot semblait hors de son champs de vision. Ce qui vu tout ce qu'il y avait dans la serre était finalement logique, peu de chance qu'il voit le pot à mes pieds à moins d'être à côté.

"Oui, oui ! Je l'ai avec moi, je l'avais juste posée pour ouvrir la porte."

Je me baisse pour ramasser le pot en terre cuite contenant l'arbrisseau et son petit panneau. Puis me relève et le pose sur la première table libre à proximité.

"Voilà ma plante, du coup il s'agit d'un arbrisseau. Chose que j'avais pas encore pu constater au début de l'été."

Un peu impatiente, mes yeux scintille de curiosité et je ne tient pas vraiment en place. J'ai vraiment hâte d'en savoir un peu plus sur ma plante, sur Mel l'arbrisseau. J'ai envie d'en savoir plus pour pouvoir mieux m'en occuper mais aussi pour savoir à quoi m'attendre venant de l'arbuste. Peut-être une croissance lente ou plutôt rapide ? Donnait-il des fleurs ou bien des fruits de quelque sorte ?

La surprise du professeur sembla embarrasser la jeune fille qui prit un peu de rougeur sur ses joues. Le botaniste remarqua ce qu’il aurait qualifié de “timidité”, mais la poufsouffle ne semblait pas l’être au point de rebrousser chemin. Elle montra alors le petit arbrisseau qu’elle avait amené, le professeur n’avait pas vu la plante, il fallait dire qu’avec toute la végétation autour, elle ne se démarquait pas du paysage.

Lily-Rose apporta le pot sur la table de travail la plus proche. Le professeur s’approcha alors du plant et l’observa, après avoir replacé ses lunettes sur son nez. L’arbre était en bonne santé et se tenait droit. Le botaniste écouta la jeune fille parler de sa plante, puis posa une question :

“Rappelez-moi, vous ne l’avez pas planté vous-même ?”

Tout en écoutant la réponse, le professeur continuait d’arpenter des yeux l’arbrisseau avec une minutie d'horloger. Il remarqua sans mal le petit panneau planté au pied du tronc.

“Mel… Qu’est-ce que cela veut dire ?”

Le professeur pensait qu’il s’agissait d’un acronyme, et ne comprenait pas vraiment ce que venait faire cette inscription sur ce panneau. Puis il examina les branchages et les feuilles de l’arbrisseau.

“Feuilles à cinq lobes, légèrement palmées. Le pétiole est plutôt long.”

Le vieil homme pinça une feuille entre son pouce et son index pour la frotter.

“Rugueuse. Vous avez là une espèce de figuier, non ?”

Bien que cela pût paraître être une question, le professeur était sûr de lui. Ne restait qu’à deviner l’espèce de figuier, il y en avait tellement !

Navré pour l'attente !

Le professeur s'était approché pour observer mon plant et avais réajusté ses lunettes sur son nez. Ce geste fit ressortir à mes yeux le grand âge de Mr Featherstone, mon grand-père faisait pareil quand il lisait le journal, c'était amusant, ça lui donnait un côté un peu plus humain plutôt que d'être "juste" Monsieur le Professeur. Cette pensée m'arracha un demi-sourire que je camouflais bien vite, hors de question d'avoir l'air de me moquer alors même que je faisais appel à son expertise. Sa question me ramena d'ailleurs au sujet de ma visite...

"Ah si ! C'est moi qui l'ai planté. Je l'ai trouvé dans un sac de graines sans propriétaire, je voulais voir si dans le lot y en aurait au moins une qui pousserait."

Lily-Rose Holland, talent : raconter sa vie... Je n'avais pas pu m'empêcher de raconter comment j'avais trouvé la plante plutôt que de juste répondre à la question. Je ne pense pas que cette information intéresse le professeur... Un jour j'allais sérieusement fatiguer quelqu'un avec mes histoires. Le petit panneau en bas de l'arbre attisa alors la curiosité du vieil homme, il semblait confus quant à sa signification. Avec un sourire fier je répondis, cette fois sans détour.

"Mel c'est son prénom, Monsieur !"

Je ne savais pas trop ce qu'il penserait de cette information, mais c'était pour moi important. Ma plante a un prénom et il faut que ça se sache ! Il reprenait son examination avec attention, analysant la forme des feuilles, les branches, la tenue de l'arbrisseau... Il annonça ensuite qu'il s'agissait d'un figuier. Une étincelle s'alluma dans ma tête.

"Un figuier ? Donc ça doit être l'espèce de bulbe rabougri et germé mais encore un peu juteux qui a poussé ! Y a différentes espèces de figuiers ?"

La curiosité retentissait dans ma voix et brillait dans mes yeux. Tout ça était très intéressant, je sortais même un petit carnet et un crayon de papier de ma poche pour prendre quelques notes.

Le professeur ne remarqua pas le sourire de la jeune Poufsouffle, il était bien trop concentré sur ses observations. Lily-Rose lui expliqua alors où elle avait trouvé la graine qu'elle avait plantée.

"Et rien ne vous disait de quoi il s'agissait ?"

Le botaniste n'était guère dérangé par la bavardise de l'enfant. Il laissait parler et saisissait dans le flot les informations qui lui paraissaient pertinentes.

La deuxième-année expliqua alors au vieil homme quelle était la signification du panneau. Le prénom de la plante... le professeur haussa les sourcils derrière ses verres ovales.

"Oh ! Dit-il d'un air que l'on pourrait prêter à de l'amusement. Enchanté dans ce cas !"

Le professeur ne pouvait pas juger la jeune fille sur cela : lui-même le faisait à cet âge-là. Lorsque le professeur lui confia assurément qu'il s'agissait d'un figuier, elle parut un peu surprise. Cela n'était pas étonnant si elle avait pris la figue pour un bulbe !

"C'est bien cela, un bulbe ne ferait pas un arbre. Dit-il. Puis répondant à sa question : Il y a plusieurs espèces de figuiers, oui. Il s'agit d'un genre, Ficus, avec presque un millier de plantes différentes, comme le Caoutchouc."

La jeune fille avait alors sorti un carnet de notes et écrivait sûrement les informations que lui donnait le professeur. Un petit rictus se dessina sur les lèvres du professeur.

"Je suis certain que vous vous rappellerez du principal sans prendre de notes, vous vous concentrerez mieux sans."

Le regard du professeur repartit sur la plante, l'examinant.

"Vous l'arrosez beaucoup ? Demanda-t-il."

Mon regard curieux et intéressé passait de la plante, au professeur, à mes notes sur le sujet. Tout ça était captivant. Je ferai peut-être quelques recherches complémentaire à la bibliothèque ce week-end... Je notais avec joie que le prof n'avait rien à dire de négatif concernant le nommage de l'arbre. Je ne savais jamais vraiment quand est-ce que quelqu'un pouvais me prendre pour une allumée à ma façon de me comporter avec les plantes. Je me doute bien que je suis pas forcément la seule à nommer les végétaux ou à leur parler mais y a quand même une majorité qui ne le fait pas et trouve ça bizarre... Lorsque le professeur me suggéra que je me concentrerai mieux sans prendre de note, j'acquiesçais en silence et posais mon carnet et ma plume à côté du figuier d'espèce inconnue.

"Je l'arrose à peu près une fois par semaine. C'est ce qu'il faut ? Ou alors je dois le faire plus souvent ? Ou peut-être moins ? J'ai fait un peu à l'œil comme je savais pas ce que c'était..."

Je revenais mentalement sur le genre de ma plante : Ficus. Plus d'un millier d'espèces. C'est beaucoup... Comment on réduit ça jusqu'à avoir l'espèce spécifique ? Y a des techniques ? Faut apprendre par cœur les caractéristiques de chaque plante ? N'y tenant plus, je sortais quelques unes de mes nombreuses questions à l'oral.

"Le figuier a un lien de parenté avec le caoutchouc ? Y a combien d'espèces de figuiers différentes ? Il faut combien de temps pour avoir les premiers fruits ?"

Je finis par m'interrompre brutalement avant de continuer ma tirade d'interrogation et de noyer Monsieur Featherstone dessous.

La Poufsouffle semblait captivée par la discussion et l'idée d'enfin connaître l'espèce de figuier dont la plante au parfum de mystère faisait partie. Elle donna alors quelques explications sur la manière dont elle s'en occupait et l'arrosait. Une fois par semaine, environ. Le professeur l'écouta en fermant légèrement les paupières, signe de réflexion.

« Les figuiers aiment bien avoir les racines au frais. Vous pouvez l'arroser plus fréquemment, ou rajouter un peu de paille pour garder la terre fraîche en surface. Le professeur s'approcha du pot et tâta la terre de son index. La terre a l'air de bien drainer, c'est ce qu'il faut. »

La deuxième année avait l'air en pleine réflexion, et finit par sortir une suite de questions. Le professeur, qui n'avait pas la meilleure ouïe, se concentra pour les saisir du mieux qu'il pût, et y répondit ensuite :

« Eh bien, que de questions ! Le professeur aimait bien cet enthousiasme. Le caoutchouc est produit par une espèce de figuier. C'est, en une sorte, un cousin de tous les autres figuiers qui existent, mais tous les figuiers ne produisent pas de caoutchouc.

Pour ce qui est du nombre d'espèces de figuiers... Le professeur mit la fin de sa phrase en suspension, montrant qu'il ne connaissait pas de réponse exacte. Il y en a un très grand nombre, un millier peut-être. Pour la fructification, cela dépend des espèces évidemment. Mais pour les figuiers les plus communs, cela peut prendre 3 à 5 ans. Vous devriez voir apparaître quelques fruits au début, puis il y en aura de plus en plus au fil des années. »

Le professeur caressa les quelques feuilles de l'arbrisseau qui poussait.

« Vous devriez avoir une espèce plutôt commune. Un Ficus Carica sûrement, c'est les plus courants. Ou alors un figuier d'Abyssinie si vous l'avez trouvé dans le monde magique, les sorciers ont tendance à privilégier les espèces sorcières. C'est assez difficile à les différencier quand ils sont encore petits. »

Le professeur me donnait de nombreuses et intéressantes réponses concernant mon arbrisseau. J'en notais mentalement le plus possible dans l'espoir de retranscrire tout ça une fois retourner dans les dortoirs. L'information sur la fructification me fais sautiller de joie dans un geste très enfantin.

"Donc je pourrais normalement avoir des figues d'ici ma sortie de Poudlard ! C'est trop bien !"

J'adresse un sourire ravi au professeur pensant déjà à faire une cueillette des fruits de Mel juste avant le départ pour les vacances d'été. Réflexion qui souleva finalement encore d'autres questions. Essayant de ne pas être trop excitée je laissais ma curiosité s'exprimer à nouveau.

"Du coup c'est quand la période de récolte des figues ? Et comment je reconnaîtrait qu'elle espèce de figuier c'est ? Je dois attendre longtemps pour le déterminer ? Je savais pas qu'il y avait des figuiers magiques... Ils font quoi de spécial par rapport à un figuier normal ?"

L'idée d'un figuier magique tout comme simplement l'idée d'une bonne confiture, me fit reporter mon regard sur le bébé arbre qui essayait de toutes ses forces de devenir grand. Je suis sure que dans tout les cas ça deviendra un arbre magnifique. C'est quand même dingue les plantes, ça peut partir d'un tout petit bulbe et devenir un grand arbre qui fait des fruits trop bons. C'est presque comme un cadeau en remerciement de prendre soin d'elles.

La Poufsouffle sembla ravie d'apprendre qu'elle pouvait obtenir des fruits à partir de son petit arbre. La gourmandise de la maison jaune et noir était bien connue, et l'élève ne semblait pas faire exception. Mais à bien y penser, quel enfant aurait bougonné à cette idée ? Alors qu'elle célébrait cette nouvelle, le professeur replaça ses lunettes sur son nez en souriant : il lui semblait que l'âge adulte chasse généralement cette enthousiasme pour les choses simples.

« Si vous vous en occupez bien, ce sera peut-être le cas, oui ! »

La Poufsouffle écouta ensuite le professeur et ses explications. Mais insuffisamment nourrie d'informations, il en résultat un renouveau de questions que le professeur tenta bien de retenir pour y répondre.

« Cela dépend des espèces de figuiers. Généralement, les figues se cueillent en été, à partir de juillet ; mais certaines peuvent se récolter en automne. Le plus important, c'est de les cueillir mûres, car contrairement à beaucoup d'autres fruits, elles arrêtent de mûrir une fois cueillies. Mais des figues mûres se reconnaissent : elles deviennent un peu plus molles et prennent une couleur violacées, et au niveau du touché, elles deviennent plus douces, comme des oreilles de lapins. »

Puis il continua en donnant quelques informations sur les figuiers magiques :

« Il y a plusieurs figuiers magiques. Beaucup sont très rares à vrai dire, le plus courant est le figuier d'Abyssinie dont je vous ai parlé. Il est utilisé en potion pour les potions de ratatinage — elles font rétrécir les choses — et ont des feuilles très dures et coupantes, c'est ainsi qu'on les reconnaît. Mais quand l'arbre est jeune, les feuilles sont encore trop souples pour permettre d'identifier l'espèce correctement. Là, bientôt, votre arbre risque de perdre ses feuilles pour l'hiver, et je pense qu'au printemps, avec ses nouvelles feuilles, il sera possible de déterminer son espèce. »

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