Une seconde. C'est le temps qu'il fallut à la jeune Poufsouffle pour disparaitre du chant visuel de sa professeure. Paniquée, elle ne put prononcer qu'un long "Noooooooooooon, ne touchez pas à çaaaaa....". C'était déjà trop tard. L'élève avait disparu et Eleanor ignorait où elle se trouvait désormais. Que devait-elle faire ? Prendre à son tour le Portoloin afin de retrouver la jeune fille ? Rester ici et attendre que la fillette revienne ? Elle privilégia la dernière option mais faisait des allers-retours incessants dans son bureau en attendant son retour. Fort heureusement, Elanor avait ordonné à ses élèves de ne créer que des Portoloins qui menaient au sein du château. Même si allait être secouée par le voyage, la fillette ne risquait en soit rien et connaissait le chemin pour rentrer. Les secondent qui s'écoulaient parurent des heures pour la professeure de Sortilège ... Elle avait manqué à son devoir et avait fait preuve de négligence en laissant un Portoloin - dont elle ignorait l'existence - dans sa salle de classe.

Après plusieurs minutes, Deryn passa la pas de la porte ... accompagnée de son professeur de Défense contre les forces du mal. *Bizarre* pensa la professeure. Elle remarqua presque immédiatement qu'il avait dû se passer quelque chose. En effet, Mark n'avait pas l'air de particulièrement bonne humeur ... Pourquoi fallait-il que quelqu'un ait été mis au courant de ce petit incident ? Peut-être aurait-il pu rester secret ...

Aussitôt, Eleanor s'adressa, soulagée, à la fillette.

- " Dieu soit loué ... vous n'avez rien ! J'étais inquiète ... "

Maintenant, il ne lui restait plus qu'à faire aveu de son comportement négligeant à son collègue et assumer ses erreurs. Alors, elle se retourna vers son collègue et commença à lui expliquer ce qu'il s'était passé.

- " Miss O'Connors était effectivement avec moi. Elle était venue me donner un petit cadeau pour me remercier de lui avoir prêté des boites à musique avant les fêtes pour décorer et animer sa salle commune. Elle a remarqué qu'une pièce de monnaie était tombée au sol et a voulu la ramasser pour me la rendre ... Je venais de donner un cours aux sixième année ... sur "Portus". Je ne te fais pas un dessin ... je n'avais pas remarqué qu'un élève avait laissé traîner un Portoloin dans ma salle de classe. Je n'ai rien pu faire ... J'avais exigé aux élèves de sixième année de limiter leur trajet en Portoloin au château et ses extérieurs ... Je ne savais pas que l'un d'entre eux menait à ta salle de classe. Si quelqu'un doit être puni, c'est moi ... pas elle ! J'aurais dû faire plus attention ! Je suppose que tu comptais la punir ... "

"Ça"... Le mot tournait dans son crâne. Bêtement, Deryn s'était tournée pour voir de quoi son professeur parlait. Elle se demandait maintenant si elle devait en rire ou en pleurer. Dire qu'elle venait juste de le remercier pour le coup de baguette auto-nettoyant.

La Poufsouffle riva ses yeux au sol, tandis que ses joues viraient au rouge. Son regard tomba au passage sur la paire de chaussures définitivement ruinée de Monsieur Dole. Elle était soudain moins désolée mais ne dit rien, honteuse.

Ce sont les paroles de miss Perkins qui lui firent relever la tête. Elle adressa un petit sourire à sa professeure pour lui signifier qu'effectivement, elle n'avait rien eu, à part la honte de sa vie.

Cependant, les yeux de Deryn s'agrandirent à mesure que la jeune femme parlait. Que lui arrivait-il ? Pourquoi parlait-elle si vite et... Deryn fronça légèrement les sourcils. Miss Perkins avait un discours presqu'aussi cohérent qu'elle-même quand elle se lançait dans des grandes explications. C'était peut-être un truc de la maison Poufsouffle ça. La chute du discours acheva définitivement la Poufsouffle qui ne comprenait décidément plus rien à cette affaire. Miss Perkins, punie ? En retenue ? C'était possible ça ? De nouveau très concentrée sur le sol, la Poufsouffle ne disait mot, retenant un rire nerveux en imaginant la scène. Elle espérait vraiment que monsieur Dole prenne vite la parole pour lui changer les idées.

Le visage fermé, Mark écoutait avec attention les explications d’Eleanor. L’homme allait comprendre les tenants et aboutissants de cette étrange affaire. Le dossier ‘Apparition surprise d’une vomisseuse’ pourrait alors être classé. Non sans dégât. L’homme jeta un coup d'œil à ses baskets ruinées.

C’était donc bien un Portoloin perdu qui avait amené O’Connors à rendre son petit-déjeuner sous le regard des élèves de septième année. La pauvre Poufsouffle avait été mêlée à toute cette histoire alors qu’elle venait simplement offrir un cadeau à Eleanor. Le dindon d’une farce involontaire. Mark ne put s’empêcher de ricaner avant de répondre.

« Oh, je pense qu’O’Connors a déjà assez souffert aujourd’hui pour ne pas en plus se faire punir. Surtout qu’apparemment, elle n’avait que de bonnes intentions en venant te voir. »

Mark se tourna vers la deuxième année en affichant un large sourire. Il sortit la baguette de la fillette de sa poche et s’abaissa à sa hauteur. Le professeur de défense contre les forces du Mal chuchota à l’oreille de la Poufsouffle en masquant ses lèvres du regard d’Eleanor avec sa main pour qu’elle ne puisse pas deviner ce qu’il disait.

« Tenez, votre baguette. Il déposa le morceau de bois aux creux des petites mains. Je vous promets que ce n’est pas un Portoloin et que vous pouvez la saisir sans danger. Mais faites attention quand vous venez en classe de Sortilèges désormais. Vous n’êtes pas à l’abri de vous retrouver au beau milieu d’un enclos à Scroutts à pétard. »

Mark lui lança un petit clin d'œil avant de se tourner vers sa collègue.

« Je pense que les trois seules qui peuvent t’en vouloir Eleanor, ce sont miss O’Connors et mes deux belles baskets. Ça aurait pu arriver à n’importe qui, ne t’inquiète pas pour ça. »

Mark frappa ensuite fortement ses mains l’une contre l’autre.

« Bon tout ça m’a ouvert l’appétit ! Je vous laisse pour aller déjeuner. Vous devriez faire de même jeune fille. Il vous faut reprendre des forces ! »

Mark fit preuve d'une compréhension à laquelle Eleanor ne s'attendait pas. Après tout, il venait de recevoir la visite imprévue d'une élève en plein cours. Pire, elle lui avait vomi sur les baskets ... visiblement neuves. Immédiatement rassurée par les propos et l'attitude de son collègue, Eleanor retrouva sa confiance habituelle. Aussitôt, elle s'adressa à lui.

- " Sage décision, je te remercie ... "

Pendant quelques secondes, Mark s'adressa à la fillette mais la professeure de Sortilèges ne parvint malheureusement pas à entendre ce qu'il se disait entre eux. Quel dommage, elle aurait tant aimé le savoir ! Remarquant le regard malicieux de son collègue et le sourire se dessinant sur le visage de la Poufsouffle, Eleanor comprit qu'il valait mieux ne pas savoir ce qui se disait entre eux ... Après avoir parlé à la fillette, Mark s'adressa finalement à sa collègue. Eleanor était ravie de savoir qu'il ne lui en voulait pas.

- " J'ai une idée ... Je te propose que cela reste entre nous. En échange, je t'offre une nouvelle paire de baskets ... Marché conclu ? "

L'idée était audacieuse mais s'il voulait une nouvelle paire de baskets, il avait tout intérêt à garder le silence. Après tout, ce n'était qu'un fâcheux accident qui ne méritait pas d'être connu des autres. Eleanor regardait son collègue avec un air malicieux. Sa réaction ne fit pas attendre puisqu'il accepta la proposition de sa collègue*.

- " Très bonne idée ... Je te rejoindrai dans quelques minutes dans la grande salle mais avant ça, j'aimerais parler avec Miss O'Connors ... ".

Quand son collègue eut quitté la pièce, Eleanor s'adressa à la jeune fille.

- " Je suis désolée, je suis responsable de ce qu'il vous est arrivé ! J'aimerais également que cet incident reste entre nous ".

Aussitôt, elle se dirigea vers le fond de la salle de classe, ouvrit l'armoire et attrapa une des boites à musique qu'elle avait prêté à la jeune fille quelques semaines plus tôt. Elle retourna vers son élève et lui tendit la boite à musique.

- " C'est pour vous, ... c'est une forme de compensation. Bien, vous devriez aller manger comme vous l'a conseillé votre professeure de DCFM. A bientôt ... Dans d'autres circonstances, je l'espère ".

Eleanor sourit à la fillette, rassurée que tout cela se termine si bien. Même si son geste pouvait s'apparenter à une tentative desserrée d'acheter son silence, ça n'était pas le cas. En effet, la professeure était persuadée que même sans son cadeau, elle n'en aurait jamais parlé. Il s'agissait simplement d'un moyen de s'excuser.

* Réaction vue avec Mark Dole

Peu à peu, Deryn commençait à comprendre les paroles de ses professeurs. C'était donc un portoloin laissé par un sixième année qui était à l'origine de tout ce bazar. La Poufsouffle songea qu'elle avait déjà utilisé un tel objet sans pour autant... dégobiller tout à l'arrivée. Il y avait peut-être des portoloins de différentes qualités.

Quand Monsieur Dole prit enfin la parole, Deryn sentit un soulagement immense l'envahir. Elle n'allait pas finir en retenue jusqu'à la fin de l'année. Quand l'homme se pencha pour être à sa hauteur, elle releva les yeux du sol. Il avait un grand sourire qui laissait Deryn perplexe. Elle avait du mal à suivre ses sauts d'humeur. Il était gentil et puis tout à coup la traitait de "ça" et maintenant... Elle sourit franchement à la plaisanterie de l'adulte, se demandant intérieurement s'il se comparait volontairement ou non à un Scroutt à Pétard.

Elle murmura un timide "bon appétit" quand le professeur de Défense Contre les Forces du Mal quitta la pièce. Son ventre gargouillait mais elle attendit sagement ce que sa professeur avait à lui dire. Allait-elle se faire enguirlander pour avoir toucher à des... trucs sans autorisation ? La réaction de Miss Perkins la surprit et quand la jeune femme lui offrit la petite boîte à musique qui avait illuminé ses fêtes de Noël, elle ne sut trop quoi dire.

"Oh. C'est gentil. Merci. Mais... c'est pas de votre faute. Vous êtes sûre que vous n'en n'aurez pas besoin pour votre cours ? Vous savez, je ne comptais pas crier partout que j'ai vomi sur le prof de défense contre les forces du mal. Déjà que les septièmes années se sont bien marrés..."

Deryn fit une petite pause en faisant tourner la petite boîte à musique entre ses doigts.

"Je crois que je devrais aller manger effectivement. J'ai super faim. Normalement je serais là pour le cours jeudi matin. Et je ne toucherai à rien du tout. Juste ma baguette. Promis. Comme ça, pas de problème.

Elle quitta ensuite la salle et glissa la petite boîte de Noël dans le fond de sa poche. Maintenant, il allait falloir raser les murs de la grande salle ou espérer que les septièmes années est terminé leur repas.

Fin je crois. Merci à vous deux pour cette petite péripétie !