Les fesses contre l'herbe grasse du parc et dans ses mains un brin vert qu'elle tortillait, Lahya observait les moutons du ciel, les pensées empruntes d'un sentiment d'effroi s'enfonçant tel une brique à travers sa conscience éparse. Son esprit remontait encore une fois à la funeste soirée du vingt-huit mai, et son regard figé ne pouvait s'empêcher de devenir humide alors que les expressions apeurée des élèves tournaient en boucle dans sa mémoire.

Respirant un coup, la bleue chassa d'un geste vif une larme qui naissait à l’extrémité de sa paupière droite. Jamais elle n'aurait pensé en entrant à Poudlard que de tels évènements auraient lieu. Déjà, le bal d'Halloween en début d'année, bal auquel elle ne s'était pas rendue, ayant seulement entendu des échos peu flatteur à son propos... Et ensuite ce piètre — oh, bien piètre ! — dîner. La fillette souhaitait simplement se réfugier dans les bras de son cadet, à présent. Cependant, celui-ci ne se trouvait pas à Poudlard. Car on ne pouvait faire plus éloigné d'un sorcier que David, et il semblait d'ailleurs que ce soit l'une des multiples raisons qui fasse de Lahya une paria aux yeux de certains élèves. Certains élèves qui n'hésitaient pas à agresser des né-moldus, certains élèves qui se croyaient au-dessus, certains élèves qui pensaient tout savoir.
Lahya savait très bien que tout cela ne resterait que mascarade et ne serait jamais véridique. Néanmoins, une partie d'elle-même ne pouvait s'empêcher de désirer être comme tout le monde. Que tous ces sorciers réticents l'aiment et qu'elle se fonde dans la masse. Malheureusement ou non, ce n'était pas le cas. On ne pouvait pas comparer la vie à un gros gâteau divisé en part égales, la triste réalité subsistant indéniablement depuis des siècles consistant à ce que les plus faibles soient laissés de côté avec la part dont personne ne voulait .

La fillette se demandait comment elle avait pu dériver jusqu'à de telles pensées lorsque soudain, ce fut comme si une décharge électrique l'avait traversée. Pourquoi s’apitoyait-elle donc comme cela ? Pourquoi redevenait-elle la même personne que son passé moldu ? Non, tout cela était fini, du passé. Plus jamais elle ne se laisserait dominer par d'infâmes gamins se croyant supérieurs. Plus jamais.
Se levant avec un profond désir de bouger — pourquoi n'irait-elle pas se changer afin de faire du sport tiens ? —, la fillette saisit alors le sac à dos à ses pieds puis l'ouvrit. Toujours debout, le cœur battant de sa rage d'enfant, Lahya attrapa ensuite son carnet de croquis d'un geste impulsif puis le regarda quelques instants. Elle le feuilleta, retrouva la scène du dîner qu'elle avait esquissé la veille et arracha la page. Chiffonnant celle-ci en boule dans le creux de son poing, la Serdaigle jeta ensuite l'esquisse à terre puis l'écrasa du pied.

- J'en. Ai. Assez. De. Ces. Foutues. Idioties.

Accompagnant chaque mot articulé d'une pulsion du pied, la bleue évacua ainsi son trop plein d'émotions lui pesant dessus depuis bien trop longtemps.
Et, par les dieux de toutes les religions, par Merlin ou même pas le dieu du miel, qu'est-ce que c'était apaisant. Déverser toute sa frustration sur un bout de papier, on avait pas idée de combien ce pouvait être bénéfique.

Le printemps était bien là depuis peu... Et pourtant il serait vite remplacer par l'été. Il faisait doux pour un début de mois de Juin, mais Emelyne s'était dit qu'elle devait aller figer sur du papier l'un des nombreux paysage qu'offrait le parc à cette saison et qu'elle aimait tant. C'était surtout une façon pour elle de ne pas repenser aux événements qui avaient eu lieu récemment. Elle avait déjà vécue plein de choses ces deux dernières années... Elle s'était même demander si venir à Poudlard avait été une bonne chose. Mais ses amitiés et ses rares moments de joie et de bonheur lui avait vite rappeler que l'école de magie était sa maison, son refuge. Si elle était rester dans une école de moldu... Elle n'osait même pas imaginer. Surtout après ce qui c'était passer avec Ambre à Noël. Depuis elle évitait ses amis et les autres le plus possible, de peur de perdre encore le contrôle de ses émotions et de sa magie. Elle ne voulait blesser personne d'autre. Elle avait passer le reste de son année scolaire à lire des ouvrage sur le contrôle de soi, les émotions et leurs gestions et d'autres livres similaires. Et aussi à faire des exercices de respirations et relaxations pour se contrôler et garder sa magie sous contrôle en plus des exercices magiques habituels des cours. Elle avait même pris la décision qu'en rentrant chez elle, elle suivrait des cours particuliers auprès de sa grand-mère. Celle-ci avait voulu lui enseigner tant de chose d'un coup, Emelyne n'avait pas pu le supporter et avait préférée éviter son aïeule. Elle allait surement devoir faire de grand effort pour la convaincre de reprendre son apprentissage mais bon... Elle n'avait pas le choix. Il était hors de question qu'elle blesse ses amis sans le vouloir.
Elle était arriver à l'emplacement qu'elle voulait quand elle vit une Serdaigle qui s'y trouvait déjà se lever. Elle saisit son sac et en sortit un carnet de dessin - du moins, c'est ce qu'Emelyne supposa être - d'un geste impulsif puis le regarda quelques instants. Elle le feuilleta et arracha soudain une page. Chiffonnant celle-ci en boule dans le creux de son poing, la Serdaigle jeta ensuite l'esquisse à terre puis l'écrasa du pied.

- J'en. Ai. Assez. De. Ces. Foutues. Idioties.

Accompagnant chaque mot articulé d'une pulsion du pied, la fille semblait évacuer ainsi son trop plein d'émotions négatives. Emelyne se dit que la fille devait être très énervée pour en arriver là, ou bien que son caractère était assez violent et impulsif... Elle hésita un instant avant de dire :

- Hum, hum... Euh... Excuse-moi ? J'espère que je n'arrive pas au pire moment... Ce papier à dû être vraiment irrespectueux pour mérité un tel châtiment.

Elle s'était permis une petit blague pour essayer de détendre un peu l'atmosphère autour de la fille. Emelyne aurait pu faire comme si elle ne l'avait pas vu, ni entendu et aller ailleurs pour son propre dessin... Mais il était évident que cette fille était inquiète et elle n'avait pas pour habitude de laisser les gens souffrir dans leur coin alors qu'elle le savait. Cela lui avait value plus d'une fois de passer pour une fille intrusive et chiante, voir trop curieuse. Mais c'était plus fort qu'elle : elle ne supportait pas de voir quelqu'un souffrir ou pleurer. Elle se présenta en affichant un sourire amicale et chaleureux :

- Je m'appelle Emelyne O'Brien, je suis en deuxième année à Gryffondor. J'étais venue dessiner... Mais si tu préfères rester ici et être seule, je peux toujours revenir plus tard et dessiner ailleurs en attendant...


@Lahya Eaton

Lahya observait pensivement le papier à terre, songeant qu'elle était tout autant énervée qu'auparavant, et que seule une once de stupidité avait dû la pousser à s'acharner sur ce pauvre parchemin. Cependant, la fillette sentait que son action avait tout de même laissé un trou béant dans sa colère, et cela restait grâce à celui-ci qu'elle pouvait observer calmement la feuille, après s'être adossée contre un tronc d'arbre non loin derrière elle.

La petite bleue songeait à l'injustice de ce monde, à comment une situation telle que le dîner de mai avait pu se produire, lorsqu'elle réalisa soudain qu'une fille lui avait parlé quelques instants plus tôt. Dirigeant donc son regard vers le carré d'herbe d'où provenait le son, Lahya pu y voir cette ledit personne, une élève de deuxième année d'après ce dont la Serdaigle se souvenait de ses propos. Des cheveux bruns encadrait son visage, et de jolis yeux bleus à la lueur chaleureuse semblaient observer Lahya qui rougit légèrement. Qu'elle avait dû paraître bête, ou bien étrange, à cette Emelyne de s'être acharnée comme cela sur un objet matériel.
Baissant le regard, un mélange de honte envahissant ses membres ainsi que l'agacement contre sa propre personne pour s'être faite ainsi prendre, la bleue articula finalement à contrecœur :

- Oh euh... Peut-être, oui.

Lahya voyait bien que la gryffonne cherchait avant tout à la mettre à l'aise, mais le fouillis d'émotions dans sa tête l'empêchait de tenir une vrai conversation. Entre la rancœur toujours présente, la curiosité vis à vis de son interlocutrice, et sa timidité, la petite sorcière se trouvait bien en peine de trouver rapidement une réaction adéquate.
Sachant néanmoins qu'elle ne pouvait pas laisser Emelyne ainsi — la politesse faisant tout de même partie de son éducation, même s'il allait parfois la chercher —, la fillette ajouta ensuite :

- Moi c'est Lahya, en première année à Serdaigle. Et non, ce n'est pas grave, tu peux rester. De toute façon je ne pense pas traîner ici encore trop longtemps...

Son regard errant tantôt sur son interlocutrice, tantôt sur le parc et ses environs, Lahya se baissa finalement pour ramasser le papier qu'elle avait chiffonné quelques minutes auparavant. Ouvrant tant bien que mal les plis du dessin, la fillette observa silencieusement ce qui l'avait conduit à s'énerver de la sorte, une boule au ventre présente. Seulement, pas une boule de colère, non. Une boule d'inquiétude, une boule d'incompréhension, mais également de colère lui donnant même envie de demander à la rouge son avis à propos de tout ça. Cependant, la Serdaigle ne put s'y résoudre, préférant plier sagement en deux le papier. Inutile d'ennuyer Emelyne avec tout cela.

La jeune Serdaigle s'adossa contre l'arbre non loin, ne semblant pas vraiment voir la jeune O'Brien. Puis son regard rencontra celui d'Emelyne et elle rougit légèrement. Emelyne savait bien ce qu'elle ressentait : de la gêne. C'est sur que d'être surprise en train de faire une crise de nerfs sur un bout papier n'était pas vraiment le meilleure moyen de faire bonne impression lors d'une première rencontre... Mais Emelyne n'était pas du genre à se faire des idées directement. La jeune fille devait certainement avoir de bonnes raisons de le faire. Elle répondit finalement à la question d'Emelyne, mais ne semblait pas être à l'aise pour autant. Le regard fuyant qui suivit, parfois posé sur la Gryffonne puis vers le paysage autour d'elles, de Lahya - car elle avait dit s'appeler ainsi - lui criait des émotions entremêlées. La Serdaigle se baissa finalement pour ramasser le papier qu'elle avait chiffonné quelques minutes auparavant. Ouvrant tant bien que mal les plis du dessin, la fillette observa silencieusement ce qui l'avait conduit à s'énerver de la sorte. Emelyne ressentit l'inquiétude, l'incompréhension et la colère dans la posture et le regard de la jeune fille. Alors qu'elle pliait en deux le papier, Emelyne s'approcha d'elle en douceur. Prise d'une soudaine pulsion, la Gryffonne posa son sac sur le sol et enlaça la jeune Serdaigle qui semblait avoir besoin d'être rassurée. Se n'était pas dans les habitude d'Emelyne de prendre dans ses bras des inconnus... Elle avait même assez de mal à accepter qu'on la touche - que ce soit une simple main sur l'épaule ou qu'on lui prenne la sienne - en dehors de ses amis les plus proches bien entendu. Mais elle sentait que la jeune fille en face d'elle avait terriblement besoin d'être réconfortée. Elle lui dit d'une voix douce et la plus réconfortante possible :

- Tu as le droit d'être inquiète, triste, en colère ou même d'avoir peur, tu sais ? Il suffit d'en parler à quelqu'un en qui tu peux avoir confiance pour te soulagée un peu. Tu n'as pas à tout prendre sur toi... Tu n'as pas à souffrir toute seule...

Emelyne se fit la réflexion que ce qu'elle venait de dire s'appliquait aussi à elle-même. "Quelle ironie... C'est moi qui lui dit ça alors que je fuis mes amis exactement pour ce genre de raison..." pensa-t-elle tristement.

@Lahya Eaton

Lahya ne savait plus vraiment quoi faire. Repartir en laissant poliment Emelyne et sa conversation devenant un poil trop intrusive à son goût, ou bien en profiter pour s'exprimer justement ? Cependant, la fillette n'eut pas à réfléchir trop longtemps car elle sentit soudainement deux bras l’enserrer. Certes, Lahya avait bien vu sa camarade se rapprochant, mais au grand jamais elle n'avait imaginé que son intention puisse être de lui faire un câlin.

Immobile, prise entre l'envie de s’enfuir brusquement et celle de ne pas commettre d'impair, la Serdaigle sentit malgré elle qu'elle se raidissait, même avec les paroles réconfortantes d'Emelyne. Son esprit tournant à plein régime, Lahya tenta finalement de se dégager doucement des bras de la rouge, la peau de la même teinte qu'une des couleurs auquel son interlocutrice était associée. La chaleur toujours présente dans son corps, la bleue resta silencieuse quelques secondes le temps de mettre ses sentiments en ordre, puis articula enfin :

- Merci, c'est gentil.

Intérieurement, la petite sorcière songeait que les solutions d'Emelyne restaient trop simple. D'une part car elle ne souhaitait pas parler de ce qu'elle ressentait, et de l'autre car de toute façon elle ne savait même pas si elle connaissait quelqu'un de confiance pour se dévoiler. Certes, il y avait bien Élina qu'elle avait rencontrée lors du dîner, mais elles ne se connaissaient pas assez. Et elle avait passé le reste de l'année plutôt seule, créer des liens n'étant pas son fort.
Soupirant, Lahya observa quelques instants son interlocutrice puis ajouta quelques mots. La sorcière ne savait même pas ce qui lui prenait, pourquoi rester ici et parler avec une inconnue, aussi gentille soit-elle ? Peut-être car tout ces mois passés seule lui semblaient s'étirer en une tapisserie aux fils ternes et sans éclats ? Peut-être car parler lui changeait de sa routine ennuyante ? Sûrement car cette fille lui semblait digne de confiance.

- J'ai le droit oui. Mais c'est fatiguant d'être triste, c'est fatiguant d'avoir besoin de parler. J'ai l'impression d'être stupide à ressentir tout cela. Que je sois triste ou non, en colère ou non, que j'aie peur ou non, ça ne changera rien.

À quoi bon ressentir toutes ces émotions, et être bouleversée, alors que cela ne provoquerait aucun changement ? Tel était le schéma de pensée de Lahya. Chaque action avait un but, chaque geste. Mais ses pensées et ses ressentis n'en avaient aucun, ils ne lui étaient d'aucune utilité, et s'embêter avec eux semblait pitoyable à ses yeux, l'enfonçant ainsi dans la contradiction. Car penser que des sentiments pouvaient être pitoyable n'était d'aucune utilité, non ?

La Serdaigle sembla être mal à l'aise. Aussi quand elle s'éloigna de son étreinte, Emelyne ne se vexa pas du tout, comprenant parfaitement pourquoi. Elle ne savait même pas vraiment pourquoi elle avait fait ça après tout. Elle se fit la réflexion que si une étrangère la prenait ainsi dans ses bras, elle serait aussi mal à l'aise et essayerait de se détacher d'elle.
La jeune fille de la maison bleue la remercia puis lui annonça que ressentir des choses, ça ne servait à rien. Emelyne n'était pas vraiment d'accord avec ce point de vue après avoir lu des livres sur le contrôle de soi et sur la gestions de ses émotions :

- Je ne pense pas, tu sais... Les émotions ont toutes une fonction bien à elles. Par exemple, la joie permet d'échanger avec les autres, de partager de l'énergie, de la vitalité. Elle répond ainsi à notre besoin de te sentir aimé de quelqu'un, de ne pas se sentir seul. Quand on à peur, c'est pour nous signaler un danger donc nous allons agir afin de nous sentir en sécurité, ce qui est un besoin fondamental chez l'être humain. Si tu vois un incendie, tu auras peur du feu alors naturellement tu t'en éloigneras afin de ne pas être brûler. Quand à la colère et la tristesse...

Emelyne se rappelait très bien de ses deux là puisque c'était les deux principales émotions qui lui posait problèmes depuis les vacances de février. Elle s'était tellement entrainer à les maitriser, afin de ne pas avoir à revivre un moment comme celui qui avait eu lieu dans l'épicerie de son village. Elle poursuivit donc :

- La première permet de rassembler notre énergie afin d'essayer de changer ce qui ne nous plait pas... Elle force les autres à nous faire preuve de respect, leur criant que l'on existe et que nous avons le droit de nous exprimer, nous aussi. Alors que la seconde nous permet d'accepter les choses qui ne peuvent pas être changer, comme les blessures, les accidents ou pire, la mort. Elle nous soulage, nous libère... C'est une manière pour nous de nous réconforter, de nous consoler.

Emelyne se perdit alors dans ses pensées... Elle avait agit sans le vouloir car elle était en colère contre Ambre ce jour-là. Elle avait bien faillit la tuer car elle ne voulait plus qu'Ambre ne s'en prenne à elle. Mais elle était aussi apeurée... Elle avait donc agit afin d'assuré sa propre sécurité, sans penser à celle des autres. Ensuite elle avait été triste de se rendre compte qu'elle agissait comme cette mauvaise fille et cela avait immédiatement arrêter le flot de magie incontrôlable qu'elle avait lâché sur la moldue. Heureusement pour elle, son oncle était intervenu rapidement, faisant oublier aux personnes présentes la situation et venant les chercher, elle et sa famille, pour qu'ils déménagent au Domaine, loin des moldus. Après ça, Emelyne était revenue et avait fait des recherches dans différents livres, afin de comprendre ce qu'il lui était arrivée et apprendre à se contrôler, afin de ne pas mettre ceux qu'elle aimait en danger.

@Lahya Eaton

Emelyne avait bien pris le fait que Lahya ne soit pas à l'aise, et ceci rassurait la jeune fille. Elle ne souhaitait pas le moins du monde vexer cette fille, et cela l'aurait embêté d'avoir eu à faire face à un visage mécontent. Elle n'aurait su comment réagir, et à coup sûr, une bêtise serait sortie de sa bouche.

Les bras ballant, le long du corps, ainsi que les yeux toujours posés sur la rouge, Lahya portait à présent son entière attention aux propos énoncés par celle-ci. Des paroles qui éveillaient sa curiosité. Tout ce dont parlait cette Emelyne lui semblait si peu familier, car en effet, il n'était pas rare pour la Serdaigle de penser que ses émotions la desservait. Si elle avait pu arrêter ce foutu cœur de battre la chamade à chaque contrariété, et si elle avait pu ne pas s'être attachée à sa famille, cette année aurait été beaucoup moins dure. Durant le premier mois de septembre, se lever chaque matin en pensant à ce que faisait son frère au même moment, se sentir seule alors qu'elle n'arrivait jamais à réagir aux sollicitations des autres, dessiner sans arrêt pour tromper l'ennui. Tout cela finissait par être bien trop épuisant, principalement pour sa bonne humeur qui semblait souvent la fuir ces derniers temps. Et si ces fichus émotions servaient vraiment d'ailleurs, alors pourquoi avait-elle si mal vécu ce début d'année, malgré les rares rencontres intéressantes qu'elle avait pu réaliser ? Non, au final, les mots que prononçait cette fille ne pouvaient être véridiques, jamais elle n'avait autant souffert en une année, et ce à cause de ces stupides émotions qu'elle ne parvenait pas à contrôler. Qu'importe les exercices de concentration, ou de respiration, elles étaient toujours là, à tout engloutir à la moindre brise.

- Je m'en fiche. Je n'en veux pas, de cette tristesse ou de cette joie, c'est beaucoup trop de pertes par rapport aux gains possibles. Ça ne m'aide pas.

À cet instant précis, Lahya aurait pu en vouloir au monde entier si elle n'avait pas été prise d'une lassitude la laissant comme hébétée. Elle n'avait pas assez d'énergie pour en vouloir à cette Gryffondor... Cette fille qui, à tout avouer, avait raison. La bleue le savait pertinemment au fond d'elle, mais ne pouvait se permettre de l'accepter. Penser ainsi lui donnait une impression d'invisibilité lui semblant telle une carapace efficace contre les intrusions gênantes.

Lahya Eaton a écrit : ↑07 juil. 2021, 23:59
- Je m'en fiche. Je n'en veux pas, de cette tristesse ou de cette joie, c'est beaucoup trop de pertes par rapport aux gains possibles. Ça ne m'aide pas.

Emelyne vit immédiatement que la Serdaigle avait bien comprit mais refusait d'admettre que les émotions étaient nécessaires et utiles... Lahya s'était créer une sorte de mur protecteur invisible en refusant ses émotions. Or Emelyne pouvait facilement comprendre pourquoi. Elle aussi avait penser au début que si elle pouvait se débarrasser de ses émotions, tout serait plus simple et moins dangereux : sans colère, sans tristesse et sans peur, aucune chance de perdre le contrôle d'elle-même et donc de ses pouvoirs. Mais sans Joie, on avait pas non plus la possibilité de lier des liens avec les autres, donc de se faire des amis et d'être moins seul. Sans Colère, il était difficile parfois de faire savoir les injustices et les convictions qui nous animent. Sans Tristesse, difficile d'accepter la perte de ceux que l'on aimait tant mais que nous ne verrions plus, de faire en sorte de poursuivre vers l'avenir plutôt que de rester bloquer dans notre passé. Sans Peur, nous nous mettrions nous-même et nos proches en danger continuellement, jusqu'à l'erreur de trop qui peut être la dernière... C'est en réalisant ceci qu'Emelyne avait finit par changer d'avis. Se détacher de ses sentiments n'était pas une solution à longs termes : elle devait apprendre à mieux les gérer, afin d'éviter d'exploser émotionnellement. Un peu comme une jarre que l'on remplit d'eau en continue : il faut la vider de temps en temps pour éviter les débordements.
Emelyne pensait que Lahya avait sans doute besoin de comprendre aussi ceci, par elle-même, pour l'accepter. Aussi, elle alla ouvrir son sac et en sorti un livre.

- Tiens. Je te le prête. Je pense que toi aussi tu en auras besoin. C'est un livre sur les émotions et leur gestion.

Elle lui tendit Emotions : utilité et gestion, un livre qu'elle avait commander et s'était fait livrer par Hiboux Express.

- Il m'a été utile pour comprendre ce qui n'allait pas chez moi. Pour tout te dire... J'ai eu un épisode un très fâcheux de perte de contrôle de ma magie à cause de ma colère. J'ai faillit tuer quelqu'un et par peur, j'ai décidé d'éviter mes amis tant que ce problème n'était pas résolu. Je ne voulais pas les mettre en danger si jamais une situation similaire se reproduisait... Mais je pense que finalement, j'avais peut-être tord. Le problème, ce n'est pas mes émotions. Mais la gestion que j'en ai, qui n'est pas la bonne. Je gardais ma fureur, ma peine et mes craintes pour moi, sans jamais les exprimer à qui que ce soit. Donc forcément, au bout d'un moment, ça fini par déborder. Seul on va peut être plus vite, mais pas forcement jusqu'au bout. Ensemble on va peut être doucement, mais on va bien plus loin. On y peut rien : l'Homme est ainsi, c'est notre nature profonde. Alors j'espère que tu pourras lire ce petit livre et qu'il t'apportera les réponse que tu cherches.

@Lahya Eaton, aucun soucis, je suis moi-même en retard Sorry...

Le temps aurait pu se dilater sous la masse de pensées de la jeune Serdaigle. Cette fille lui tendait un livre. Cette fille lui prêtait un livre, et semblait si sûre d'elle ; confiante. Les épreuves qu'elle disait avoir vécu, tout ces tourments, jamais en la regardant Lahya n'aurait pu imaginer que sa camarade ait traversé tout cela. Emelyne lui paraissait forte. Oui, forte, le seul mot venant à l'esprit de la sorcière, et s'approchant du ressenti l'envahissant alors que son interlocutrice continuait le dialogue.
Seulement... Même si à l'instant présent le regard de la bleue brillait d'une lueur admirative, elle ne pouvait s'empêcher de regarder le livre sans trop oser le saisir. La proposition de la rouge lui paraissait si... Irréaliste, trop belle pour être vraie. Comme si lire un livre allait réellement la débloquer, alors qu'en soit, la jeune fille savait qu'il n'en était rien. Lahya voyait déjà venir les espoirs ternis, la déception de toujours sentir cet amas d'inquiétude et de colère lorsqu'elle penserait à son frère.

Si de simples lignes pouvaient tout résoudre, le monde n'aurait plus de problème depuis déjà bien longtemps.

- Tu... Tu es sûre ?

Et pourtant. La jeune fille s'était écoutée prononcer ces mots sans réaliser pleinement sa démarche. Malgré tout ce déni, elle ne pouvait s'empêcher d'ouvrir les bras face à cette occasion trop belle. L'opportunité d'un regard neuf semblait trop attrayante, telle une lumière illuminant l’obscurité. Qui serait assez stupide pour ignorer cela ? La jeune sorcière n'aurait même pas grogné si on lui avait dit qu'elle ressemblait à un insecte attiré par une bougie pendant la nuit. Car la vérité ne se situait pas très loin, au final.

Néanmoins, même si Lahya semblait comme une enfant devant un objet intriguant, elle ne souhaitait pas être victime de désillusions. Ce fut donc ce pour quoi elle prononça, autant pour se convaincre elle-même que pour signifier à Emelyne de ne pas trop espérer :

- C'est beau tout ça... Mais je suis assez intransigeante quand je veux. Je ne sais pas vraiment si ça arrivera à me convaincre, mais merci.

Au moins, le fait était posé. Il ne fallait pas s'attendre à un changement brutal de sa part, oh ça non. Après tout, on ne changeait pas radicalement de mode de vie après onze années — bientôt douze, même ! — à appliquer celui-ci sans y voir de problèmes.

Emelyne hocha la tête. Même si ce n'était pas suffisant, ça avait été d'une grande aide pour réussir à sortir de ses craintes et de ses doutes et l'aider à y voir un peu plus clair.

- Disons que c'est un début pour comprendre à quoi ça sert d'avoir des émotions et de vivre... Après bien sur, il faut trouver une personne de confiance ou qui nous soutiendra toujours quoi qu'on fasse. Moi par exemple, c'est ma grand-mère que je ne connaissais pas si bien que ça qui m'a aider à trouver une solution en m'entrainant à la magie dans son Domaine. J'ai pu reprendre un peu confiance en moi, en mes émotions et en mes choix. Même si je trébuche parfois encore, je sais que je suis capable de me relever. Même si j'échoue, je n'ai cas recommencer. Tout simplement. L'être humain n'est pas parfait, loin de là. C'est ce qui nous rend unique, fragile et intéressant justement.

Emelyne fit une courte pause avant de reprendre avec un sourire rassurant :

- Peut-être que lire ce livre t'aidera. Peut-être que non. Mais si tu n'essaye pas, tu ne le saura jamais, tu ne crois pas ? L'important, c'est que même si tu penses qu'il ne te reste rien, il y a une solution quelque part qui n'attend qu'une seule chose : que tu la trouve. Que ce soit écrit dans un livre, entendu de quelqu'un ou fait de toi-même, la réponse que tu cherche elle existe en ce monde. Ce serait dommage d'abandonner alors que si ça se trouve, elle est à deux pas de toi.

Emelyne ne savait pas si ce qu'elle faisait ou disait actuellement était ce qu'il fallait pour aider un peu la Serdaigle. Mais elle était certaine que la laisser seule remuer ses tristes pensées n'était pas un bon choix en tout cas.

@Lahya Eaton désolée pour le retard j'ai eu un soucis de bras droit...