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27 avr. 2021, 04:00
Le fantôme de la salle de bal
@Kyana Lewis
Vendredi 13 avril 2046, après les cours
TROISIÈME ANNÉE




PEU AVANT, COULOIRS
Prendre un autre chemin

L'heure était passée tant et si vite qu'elle avait parut comme deux ridicules minutes aux yeux de la petite, qui fut presque déçue de la voir se terminer ; la matière l'intéréssait beaucoup, à vrai dire, à tel point qu'elle aurait été tout à fait capable de réciter l'entièreté de ce qui leur avait été enseigné sans même jeter un oeil à ses notes (oh, façon de parler, bien entendu ! La petite n'était pas capable d'une telle chose, avec la mémoire dont elle était dotée). Lumah avait cependant, et ce malgré l'attention avec laquelle est avait suivi le cours, déjà préparé toutes ses affaires : car autre chose l'attendait là-dehors - qu'elle avait délaissé trop longtemps. Parchemin roulé, manuel replié sur lui-même, plume, baguette et encre étaient soit d'ores et déjà placés dans la sacoche rafistolée à la broderie de Lumah, qu'elle avait customisée afin de cacher les griffures qu'y avait faites son chat, soit au bord de la table, prêts à y être balayés ; si bien qu'elle n'eut qu'à se lever de son siège et partir lorsque le professeur annonça la fin du cours. Ne pouvant l'ignorer, elle dut également souffler à Élicia un mensonge, un nouveau - peut-être même l'énième -, prétextant qu'elle s'absentait deux secondes pour aller aux toilettes. Mais elle ne s'y dirigea pas ; elle prit même la direction opposée. Elle ne comptait pas retourner là-bas, et ce depuis bien longtemps ; depuis son harcèlement, à vrai dire. Elle préférait largement se rendre à celles de son dortoir, qu'elle trouvait bien plus sûres, bien loin d'eux. Parce que, si elle y avait fait l'étrange et belle rencontre d'Adulith et Panthéa, elle avait également croisé les ombres qui l'avaient bouffée pendant des mois, Bowers, Harrison et Barckeley. Elle les avait depuis associés à ces toilettes et, en les évitant, elle pensait les éviter, eux aussi.

Sa démarche s'était faite plus rapide. Toujours plus, toujours cette pression lorsqu'elle s'éloignait de sa meilleure amie, celle qu'une curiosité s'éveille en elle, suffisante pour qu'elle ne la suive ; alors, elle pressait le pas, pour échapper à un fantôme, comme celui du noir, quand les lumières étaient éteintes chez elle et qu'elle devait remonter des escaliers. Parce qu'elle voulait paraître fière, elle se redressait, parce qu'elle voulait paraître forte, elle marchait le plus normalement possible, mais Merlin savait lui-même qu'elle tremblait de tous ses membres, qu'elle n'attendait seulement qu'une ombre lui saisisse le bras, lui souffle dans le coup, la tire dans son gouffre noir de suie. Elle agissait de la même mainière après les cours, les jours où elle ne devait pas se préparer pour ensuite rejoindre Alienor dehors pour un échange de coups. Mais bientôt, ce sentiment pourrait la quitter ; elle la voyait, elle y était presque. Dans quelques pas, elle l'atteignait. La Salle de Répétition.

MAINTENANT, SALLE DE RÉPÉTITION
Une touche, une émotion

Lumah caressa la poignée, puis la saisit avec fermeté avant d'exercer une légère pression dessus pour enfin pousser la porte à laquelle elle était rattachée, tout cela en s'efforçant de ne faire aucun bruit. Elle y était. Bien que soulagée, la petite ne relâcha pas un instant sa vigilance ; ce ne fut que lorsqu'elle eut bien refermé la porte derrière elle qu'elle s'octroya enfin le droit d'ôter sa sacoche de son épaule, où elle reposait auparavant, pour la jeter près du piano. Un regard furtif vers cette même épaule lui révéla d'ailleurs une marque rouge, sans doute laissée par son anse : mais à vrai dire, cela lui importait très peu pour l'instant ; elle était habituée à se blesser, à tel point que cette marque se noyait juste parmi toutes les autres. Non, son attention était toute reportée sur le piano à côté duquel elle avaot déposé sa besace. C'était lui qu'elle rejoignait depuis des jours. Elle s'en approcha lentement, presque religieusement, puis tira le siège afin de s'y assoir. Enfin, ses mains survolèrent la surface des touches. Laquelle choisir ? Toutes l'appelaient, toutes réclamaient à ce que leur note soit jouée. Lumah hésita brièvement, pianota une mélodie sans nom, un début d'Au Clair de la Lune, puis ses doigts se placèrent d'une manière bien précise. Là, ce morceau. La blondinette reproduit ce qu'elle avait retenu de ces nombreuses scéances d'entraînement, elle reproduit l'air qu'elle avait répété en boucle et en boucle, chez elle, puis ici. Dès qu'elle eut dépassé le seuil de la moitié de la chanson, elle oublia quelques notes, puis tout devint peu à peu confus. Ce morceau nécéssitait une rapidité que son manque d'exercice ne pouvait pas suivre, malheureusement... Et pour le mieux, d'un autre côté ; elle aurait de quoi s'occuper jusqu'à la fin de l'année. Lumah secoua ses mains futivement pour révéiller ses muscles avant de les repositionner. Une inspiration pour se souvenir, puis à l'expiration, elle appuya sur les touches comme si on la guidait, comme si c'était évident.


Cette chanson lui procurait une émotion telle qu'un larme lui monta à l'oeil, étroitement lié à un souvenir qui venait de refaire surface ; celui d'Antonn, positionné à ses côtés, lors d'un goûter organisé l'an passé. Quelques jours avant qu'elle ne jette le vase de leur amitié à nouveau, qu'elle ne le brise, volontairement et par peur, avec d'avance des regrets.

Ce qu'elle pouvait se sentir idiote.

Si elle revenait ici, c'était à cause de lui, aussi ? Elle venait pour oublier, pour combler le vide que son absence avait laissé, et au final ça ne lui était que plus douloureux.

Combien de temps pouvait-on ignorer une personne à laquelle on avait tant tenu, en général ? Quatre ? Semaines, mois ? Lumah s'étonnait toujours autant d'en avoir tenu dix.

Dix mois à osciller entre peur et regret.
Entre sa paranoïa et son amitié.

Entre son envie de rester à l'écart du danger et son envie de lui parler.

L'émotion dépassa son raisonnement et elle laissa les perles d'eau qui pendaient à ses yeux dévaler ses joues, sans lâcher des doigts ses touches, sans faire un mouvement pour les ôter. Ce ne fut que lorsqu'elles lui brouillèrent la vue que Lumah, de sa manche, épongea ses larmes, pour ensuite dévoiler des yeux rougis.

Puis, comme s'il ne s'était rien passé, elle reprit.

Le sommeil ? Quel sommeil ?

“ Il lui arrive d'avoir des agissements curieux. Mais bon, c'est Lumah ! ” ED
17 ans (à l'aide) 6eA #674ea7

28 avr. 2021, 00:56
Le fantôme de la salle de bal
Mama, put my guns in the ground
I can’t shoot them anymore.
That long black cloud is comin’ down
I feel like I’m knockin’ on heaven’s door.
Bob Dylan — Knockin’ on Heaven’s Door
[LARME FILANTE]


13 Avril 2046,
3ème année,
Salle de Répétition, Poudlard.


Amusante, la manière dont l’arrivée d’une intruse dans une famille peut changer les rapports entre ses membres eux-mêmes, n’est-ce pas ? Particulièrement ironique, assez dérangeante lorsque tu te permets d’y songer plus de quelques secondes ; ce sentiment d’être partagée entre de la colère, de la déception et une touche de joie est trop perturbant. D’ordinaire, les émotions sont trop violentes, trop lumineuses, pour pouvoir cohabiter ensemble ; l’une prédomine toujours – mais lorsque tu penses à ce que tu as appris avant les vacances, tout se bouscule, tout se combat, et tu te perds dans ton propre esprit. Elle pourrait faire sourire, presque, si on y réfléchit : deux sœurs presque ennemies, qui, subitement, se rapprochent grâce à l’arrivée cette femme si parfaite ? Elle pourrait faire sourire, presque, si l’on n’observait que la surface, si l’on essayait d’être heureux pour cette belle famille à nouveau complète. Si l’on était aveugle et sourd, peut-être, ou bien trop optimiste ; si l’on essayait de comprendre, et que l’on échouait. En réalité, ces deux sœurs presque ennemies, qui subitement se trouvent rapprochées, sont liées par un même sentiment – le dégoût. Un dégoût profond, total, mêlé d’une minutieuse application à rejeter toute tentative d’approche de sa part en bloc. On pourrait se laisser ensorceler par l’illusion et la naïveté du maître de maison, ce pauvre Luke qui a vécu le Drame, ce fameux jour de septembre 2035, et qui depuis doit vivre avec le fantôme de son âme-sœur, mais qui parvient à être présent, toujours, pour sa fille – l’autre l’ayant abandonné pour partir dans cet obscur pensionnat ; suffisamment loin pour ne revenir qu’une fois tous les trois mois. Mais tu n’es ni stupide, ni aveugle – et encore moins sourde, et ce soi-disant retour du bonheur te laisse de marbre.

D’un point de vue extérieur, voir l’être frêle que tu es se débattre avec ses pensées, passer ces longues minutes assis le regard dans le vague doit être risible. Mais, même si tu le nies dans tes lettres à Papa, l’évènement t’attriste et tournoie dans ta tête tous les jours sans exception ; il n’y a pas une nuit où son visage n’apparaisse dans les tréfonds de ton cerveau, pas une heure où tu ne serres tes poings, formant de régulières empreintes en demi-lunes dans tes paumes, lorsque tu songes à elle et à ce qu’elle a apporté. C’est peut-être de le voir, lui, Luke Lewis, ton propre père sur qui tu comptais terriblement jusqu’à maintenant, si heureux et vivant à nouveau, qui te fait le plus mal. Comme si le souvenir de Maman n’était plus qu’une source de douleur et de regrets, comme si son absence continuait de le détruire à petit peu. Tu entends sa peine, bien sûr – tu as vécu exactement la même, voilà douze ans, même si désormais elle est bien atténuée par le temps. Mais son obstination à vouloir la pleurer alors qu’il y aurait tant de belles choses à se rappeler, tant de douceurs à revivre, te dépasse. Il paraît vouloir noircir son nom par ses larmes et ses vêtements ternes et sans vie, par son apparence négligée, et tu as beau essayer de comprendre ce qui le pousse à vivre comme ça, tu n’y parviens pas.
Tu t’étais presque habituée aux heures qu’il passe dans un fauteuil, dans la pénombre du salon peu éclairé, avec des livres quelconques, aux mots sans ton qu’il peut vous adresser, depuis le temps ; mais son entrain et ses jeux absurdes te manquaient, bien que tu n’en aies que quelques vagues réminiscences. Le voir revenir à la vie comme ça… c’est un choc. Surtout quand la personne qui a contribué à ce soudain réveil est une parfaite inconnue, aux lèvres peintes et au style vestimentaire trop coloré à ton goût. Tu vois bien qu’il est content ainsi, avec elle, mais tu ne peux entendre qu’il puisse l’aimer, même s’il te l’a répété des centaines de fois. Il la connaît depuis Décembre, Maë a appris son existence en Février et il a été incapable de te l’annoncer avant Mars ; tu lui en veux, terriblement. Et rien, pas même ses regards peinés en réaction à tes œillades meurtrières, pourrait te faire changer d’avis.

Heureusement, ta sœur est là, et si elle est plus mesurée dans ses pensées et ses réactions, elle ressent la même chose. Moins enflammée que toi, elle comprend toutefois très bien ta colère et ton incapacité à accepter la présence de cette satanée Jade (‘Radé’, comme elle le prononce avec son étrange accent sud-américain), dans ce foyer que tu réapprenais à peine à connaître et à aimer.
Elle aussi elle a du mal à oser prendre sa flûte quand elle est là, elle aussi elle se tend quand elle l’entend arriver dans la maison, elle aussi elle fronce les sourcils quand elle essaie de vous offrir des livres (qui, venant d’un autre, auraient pu vous intéresser) ou des bibelots sans intérêt, elle aussi elle parle peu à Papa. Et te sentir soutenue est bien agréable, pour une fois que tu sais que tu peux compter sur elle – avoir une alliée est des plus plaisants.

Le retour à l’École était toutefois angoissant, malgré ta hâte de quitter Édimbourg. Les derniers jours, et les préparatifs de tes affaires avant le retour à la gare t’ont épuisée mentalement ; tu songeais au Dortoir trop chargé à ton goût, aux cauchemars que les filles pourraient surprendre, aux leçons et à ton incapacité à travailler en même temps que les autres élèves, aux repas dans la Grande Salle, aux couloirs inondés par une marée humaine, par ce torrent intarissable – et tu as eu bien des difficultés à contenir ton anxiété. La pensée que tu allais pouvoir reprendre le violon a toutefois rendu tes nuits moins agitées et ton cœur plus tranquille. Heureuse à l’idée de retrouver la Salle de Répétition et les beaux souvenirs que tu y as associés, de pouvoir enfin frotter ton archet sur les cordes de ton instrument et de te laisser transporter par tes propres notes, tu t’es apaisée.

Aussi ce soir, les cours terminés et l’esprit obscurci par les trop nombreuses notions que l’on désirait te rentrer dans le crâne, tu prends à peine le temps de déposer ton sac de cours, récupères l’étui du violon, soigneusement rangé sous ton lit et descends les marches plus vite que d’ordinaire. Le trajet n’est pas très long, et c’est quelques minutes à peine après avoir quitté le Dortoir que tu parviens près de la grande pièce, toutefois bien plus belle la nuit tombée.
Alors que tu désirais plus que tout être seule pour tomber dans la contemplation des douces couleurs de tes mélodies, tu perçois des sons lorsque tu t’engages dans le couloir, toute proche de la porte de la salle. Frustrée, tes sourcils se froncent, ton visage se ferme et ton regard se fait plus sombre. Tu déposes délicatement la main sur la poignée, hésites un court instant. Déranger l’âme qui se trouve là, venue sans doute poussée à la fois par un besoin de faire défiler ses mains sur le clavier d’albâtre et d’onyx, mais aussi par une envie de solitude ? Tourner les talons, remettre à plus tard tes propres désirs ? Tu clos tes paupières pour mieux réfléchir, et lorsque tu entends les sons reprendre dans un rythme presque plus entraînant, tu te décides. Poussant délicatement la porte qui réagit dans un léger grincement, tu l’entrouvres tout juste assez pour pouvoir te glisser avec ton instrument dans l’embrasure. Et la refermes une seconde après, comme pour donner l’illusion que rien n’a changé, que tout est comme avant ton intrusion ; même si l’être qui se trouve là ne sera certainement pas dupe.

Quand les notes accélèrent encore davantage, sans même observer le visage de l’autre élève, tu poses ton étui au sol et l’ouvres le plus silencieusement possible. Tu ne parles pas, lui tournes même le dos – comme pour ne pas perturber son apparente concentration. L’air t’est inconnu, et de nouvelles lueurs s’élèvent dans ton esprit, te priant de les admirer. Mais sans trop y faire attention, tu te redresses, ton violon dans une main et ton archet dans l’autre, un morceau de colophane ambrée entre le pouce et l’index ; tu t’approches sans un bruit du piano, et lorsque tu parviens à une distance respectueuse, tu t’assois. Par terre, car tu ne trouves rien qui puisse faire office de tabouret, et, soigneusement, tu enduis le crin de résine. Ton expression est concentrée, mais tu es très attentive aux notes que l’Autre produit – elles te touchent davantage que tu n’oserais l’avouer.Ton visage est légèrement baissé, suffisamment pour dissimuler les traits de l’Autre, mais ses cheveux très pâles te perturbent tout de même, sans que tu n’oses les contempler frontalement.

• ‘til it seemed
that Sense was breaking through — •

ent‘r‘êvée

07 janv. 2022, 17:46
Le fantôme de la salle de bal
Les touches du claviers s'enfoncent et se relèvent sous la puissance de ses gestes, sous l'emprise de ses doigts fins, sous l'émotion pesante de la fille. Soit ce sont des soldats qui tombent et reprennent le combat, soit ce sont les marches d'un chemin, soit ce sont des battements de coeur, témoins des sentiments de la petite. A chaque musique son histoire, mais il est également libres au public d'interpréter sa propre version. Lumah, elle, le voyait comme une bataille contre ses propres sentiments, ou comme une manière de les extirper de son corps ; ils lui faisaient mal. Ce débat dans son cerveau la blessait, c'était tout. Elle n'en avait jamais voulu, en fait.

Comme elle n'avait jamais souhaité découvrir une telle chose sur Antonn. Elle aurait aimé continuer à le voir comme celui qui l'avait sauvée, comme étant de son côté. Elle aurait préféré... Non, elle n'aurait pas préféré ne jamais le rencontrer. Mais peut-être pas le recroiser à Poudlard. Ni le voir, tous les jours. C'était blessant, elle n'en avait pas besoin. Il serait alors resté à l'état de souvenir, et tout aurait été pour le mieux. Antonn serait resté un rêve, un beau rêve. Mais d'un autre côté... Maintenant qu'il était trop tard, elle aurait bien aimé avoir des expliqcations de sa part. Il n'avait pas eu le temps de s'expliquer, après tout. N'y avait-il pas une chance de renouer leurs liens ? Peut-être que tout cela n'était qu'un affreux mensonge, après tout. Peut-être que cette histoire n'était qu'un malentendu, et Rufus un affreux menteur. C'était bien son genre, en plus - Lumah ne faisait pas confiance à Williams.

Sa musique le prouvait d'ailleurs, témoin de rancoeur. Elle ne le connaissait que du Merlin, encore heureux. Une question pouvait d'ailleurs se poser : comment avait-il seulement atterri au Merlin ? Il en était l'opposé. Lumah n'en connaissait pas plus sur lui, aussi n'était-elle pas très objective ; il était motivé, et fermement contre cette discrimination, pourtant il était un côté beaucoup trop douteux, l'aura d'un traître, et des mots blessants, surtout. La première raison pour laquelle Lumah ne l'appréciait pas était cependant tout autre, bien plus simple : c'était un garçon, et Lumah détestait les garçons - ils lui avaient donné une raison suffisante de le faire et d'en penser une telle chose - ils l'avaient harcelé. Elle y avait trouvé des exceptions, bien sûr : il y avait Audrix, Alexei, Edwin, et quelques autres, mais peu étaient ceux à qui elle avait accordé sa confiance, très peu. Rufus faisait tout bonnement partie des gens auxquels Lumah ne se voyait pas un jour accorder sa confiance. Hautain, centré sur lui-même, détestable, agressif, dominant, blessant. C'est peut-être pourquoi elle se permettait d'en tirer des conclusions hâtives ;

elle en avait peur.

C'était une raison suffisante pour elle de douter quant à ce qu'ils leur avait rapporté, quant à cette liste, mais, si elle ne remettait pas tout cela question, c'est parce qu'elle avait déjà douté d'Antonn. Elle s'en voulait, d'ailleurs, d'avoir été aussi indécise. Et de l'être toujours autant.

La musique qu'elle jouait était devenue lourde, pesante, suivant son sentiment actuel.

Puis, comme elle se replongea dans une certaine nostalgie, sa musique devint mélancolique, triste, presque. Des images de son amitié avec Antonn défilaient dans sa tête - en effet, une part d'elle n'avait pas abandonné, s'était emparée du mince espoir qu'il y avait toujours du bon en Antonn, plus, qu'il n'avait jamais cherché à la trahir. Une partie rationnelle d'elle-même, aussi, sans doute : puisque le haïr de tout son corps ou le pardonner entièrement n'avait rien de cohérent après la vérité qu'elle avait apprise au quartier général.

Sans doute était-ce la facilité d'une telle extrémité qui l'avait poussée à agir et penser de la sorte. Ou peut-être avant-elle été tant touchée émotionnellement qu'elle n'avait pas envisagé cette rationalité. Non, c'était sûr, même, elle s'en rendait compte maintenant, des mois après. Sa musique devint alors calme, et elle se recentra sur la réalité... Pour découvrir une Serdaigle à ses côtés.

Si elle était étonnée, cela ne lui empêcha pas de continuer à pianoter.

“ Il lui arrive d'avoir des agissements curieux. Mais bon, c'est Lumah ! ” ED
17 ans (à l'aide) 6eA #674ea7