Inscription
Connexion

01 mai 2021, 03:46
Discipline stricte et travail acharné triomphent de toutes les difficultés  PV Aelle B. 
Image


12th March, 2046
Dans une salle d'études du Deuxième étage


Depuis combien de temps s'entraînait-il à lancer le sortilège d'Attraction, Elian n'aurait su le dire, mais la lumière de la salle d'études commençait à prendre des teintes ocres, présages d'un soleil en déclin. Le printemps demeurait sa saison préférée, songeait-il en observant la fenêtre derrière laquelle passaient par moment des élèves en balais. Ce temps avait de quoi lui faire oublier le terrible attentat qui avait eu lieu au printemps, un an plus tôt. Les choses avaient continué de changer pour tous les sorciers, et pas pour le meilleur : la magie noire gagnait du terrain, en témoignait l'Urne et le prochain tournoi dans le Dominion. D'un geste agacé, Elian Kernac'h desserra sa cravate et ôta le premier bouton de sa chemise d'étudiant. Première étape d'un lancer de sort réussi : pouvoir respirer correctement. Il devait travailler plus dur que les autres, mais il y arriverait. Il serait le meilleur détective de la Grande-Bretagne. Le meilleur chasseur de mages noirs. Le meilleur Auror.

L'étudiante de Serpentard qui noircissait son parchemin depuis qu'il s'était installé vingt minutes plus tôt commençait à présent à ranger ses affaires. La dérangeait-il avec ses exercices pratiques ? Sur la table d'en face, le sorcier avait disposé toutes sortes de petits objets qu'il attirait vers lui à l'aide du sortilège d'Attraction. Les essais avaient été assez concluants de façon générale, mais catapulter les objets en question vers lui relevait de la folie : des bougies allumées, un encrier rempli et ouvert, des clous, des fioles en cristal et même un petit couteau de serrurier trouvé à Derviche et Bang lors de la dernière sortie organisée à Pré-au-Lard. Il tendit sa baguette pour attirer le dernier objet qui trônait sur la table d'en face, le couteau. Sans la regarder, Elian pouvait sentir le regard évaluateur que lui lançait l'élève de Serpentard à l'embrasure de la porte. Elle resterait jusqu'à voir le résultat, c'était certain. Alors à l'aide de sa baguette magique, il adressa au couteau un mouvement en forme d'arc de cercle : « Accio couteau ! » Le couteau traversa à une vitesse folle la salle pour se planter dans la paroi en bois, derrière son dos - le sorcier avait eu le temps de se plier en deux pour l'éviter de justesse. Sa camarade leva les yeux au ciel et s'éloigna sans un mot. « Bien joué, Elian... », observa-t-il en se redressant.

Il posa un genou sur la table supérieure pour pouvoir décrocher le couteau du mur. A défaut d'avoir visé droit, le sort avait été assez puissant pour le planter de toute sa lame dans le bois. Le décoincer ne fut pas une mince affaire. Quand il parvint à le récupérer, le sorcier constata que l'écorchure s'était agrandie. « Reparo. » Le bois se reconstitua complètement par-dessus la fente. Des progrès dans ses lancers de sort, c'était tout ce dont le Elian avait besoin pour compléter la seule qualité qui pouvait lui indiquer qu'il était sur le bon chemin - sa chance incroyable, presque divine, dont il disposait lorsqu'il s'agissait de préserver sa bonne santé, et même sa vie. A chaque fois, il avait évité les pires manifestations de magie noire qui avaient eu lieu au château de Poudlard. Elian inspecta le petit couteau au creux de sa main. Une chance divine, celle de l'inconscience, c'était réellement le seul argument dont il disposait pour espérer un jour intégrer l'élite de la police sorcière. Comment Poppy Jones avait-elle pu le convaincre de suivre cette voie, d'avoir même le toupet d'imaginer qu'il pouvait jouer au détective parmi les sorciers les plus puissants du monde magique. Il sourit affectueusement et posa le couteau parmi les nombreux ustensiles parsemés sur sa table. La pratique devait bien laisser place à la théorie de temps en temps. Parchemin, plume, encre - il suffisait de tremper l'embout directement sur les taches provoquées par l'essai numéro un de l'Accio sur l'encrier. Elian reposa sa tête sur une main, plongeant un regard vitreux partout où il le pouvait tant que ce n'était pas sur sa rédaction.
Dernière modification par Elian Kernac'h le 18 juin 2022, 13:38, modifié 1 fois.

Septième année en RP - Avatar : @bunsy.bun
┄─── ❀ ───┄
On a tendance à s'assimiler des choses et à les restituer en croyant que c'est de soi alors que c'est d'un autre. – Hergé

01 mai 2021, 11:29
Discipline stricte et travail acharné triomphent de toutes les difficultés  PV Aelle B. 
12 mars 2046
Salle d’études — Poudlard
5ème année



« Fais gaffe aux couteaux, » me lance une étudiante de Serpentard sans même lever les yeux vers moi.

Je me tords la nuque pour la suivre du regard, les sourcils froncés ; elle sort de la salle d’études dans laquelle je veux me rendre et me balance cette phrase comme si j’étais censé comprendre quelque chose — décidément, les Autres sont vraiment idiots, la vie persiste à me le prouver tous les jours, comme si elle voulait être certaine que je comprenne bien l’intérêt de rester seule. Dépitée, je secoue la tête et remise mes questionnements au fond de mon esprit. J’ai tant à penser, je ne vais pas me fatiguer pour cette fille. Mon sac pesant sur l’épaule, je pénètre dans la salle d’études. Un regard circulaire m’indique qu’il n’y a pas grand monde, raison pour laquelle j’ai décidé de venir ici en cette fin de journée plutôt qu’à la bibliothèque. Il y a bien un gars, là, de Poufsouffle, mais je ne fais pas attention à lui. Je traverse la pièce, dépose mes affaires sur une table à l’écart et m’installe.

De mon sac, je sors plusieurs gros ouvrages, des rouleaux de parchemin vierges, un pot d’encre et une plume. J’extirpe de ma poche mon petit carnet noir auquel je confie toutes mes nouvelles connaissances. Actuellement, je me fiche comme de mon premier chaudron de ce devoir de Métamorphose que je dois terminer pour la fin de semaine ou même de la leçon de Potions que je suis censée relire pour demain. Peu importe les cours, il y a bien plus important : cet énorme grimoire. Bien que théorique, cet enseignement devra m’aider à long terme à réussir mes sortilèges informulés parce que pour le moment, le résultat n’est guère concluant. Je passe pratiquement toutes mes soirées à m’entraîner. Après des années à me faire la main sur la magie des Golems d’Erza, je ne pensais pas que me confronter à la difficulté des sortilèges informulés serait aussi frustrante. Mais frustrée, je le suis bel et bien face à mes échecs répétés. Ce n’est pas pour autant que je perds espoir. J’ai mis des mois et des mois à créer un monticule de pierres sans aucun sortilège ni rien d’autre, avec pour seule aide les quelques instructions que m’avait laissé Erza à l’époque. Et j’ai mis plus longtemps encore à faire grandir ce monticule et plus longtemps encore à le faire se mouvoir ; aujourd’hui encore, j’ai du mal si la chose en question est trop grosse — ce n’est pas pour demain, l’immense Golem qui anéantira mes ennemis d’un revers de main de pierre. Mais j’ai travaillé d’arrache-pied pour avoir tout ça, alors je travaillerai aussi fort pour les sortilèges informulés. Même si Nyakane persiste à me répéter : « Chaque chose en son temps. Si tu n'apprends pas la patience, tu n'avanceras jamais » mais de toute façon, Nyakane dit n'importe quoi.

Plume en main, je griffonne quelques mots sur un parchemin et ouvre mon livre à la page souhaitée. Avant de me plonger pour un temps indéterminé dans mon apprentissage, je jette un regard au Poufsouffle. C’est bien ce que j’avais cru voir : Kernac’h. J’ai complètement oublié son prénom mais cela n’a aucune importance. Mes sourcils se froncent légèrement. J’espère que le garçon restera calme. Je l’ai déjà croisé dans la Salle Commune ou les couloirs. Les rumeurs, qui arrivent parfois malheureusement jusqu’à mes oreilles, disent de lui qu’il est un peu bizarre. Ce qui est certes le cas, de ce que j’ai pu voir. Mais puisque les rumeurs disent également de moi que je suis bizarre alors que je suis tout à fait normale, j’ai décidé il y a longtemps de faire fi de celles-ci et de me faire mon propre avis sur les choses et les gens. Quoi que non, pas sur les gens ; les gens, plus ils restent loin de moi, mieux c’est. Je me fiche de savoir qui ils sont ou qui ils ne sont pas.

J’arrache mon regard scrutateur de Kernac’h pour le redéposer sur mon parchemin. La mine sérieuse, je prends quelques instants pour me concentrer et me débarrasser de toutes les pensées parasites qui traînent dans mon esprit. J’adore ce moment de la journée. Celui où je me concentre sur mes recherches ; tout le reste s’efface, plus rien n’a d’importance. Les battements de mon coeur ralentissent, mes lèvres s’incurvent en un discret sourire et je sens déjà mon âme se réveiller, prête à avaler tout le Savoir qui se présentera à elle. Pendant ces moments-là, le monde pourrait bien exploser que je n’en aurais rien à faire. C’est le seul moment de la journée durant lequel je me sens bien, vraiment bien. Tout se calme dans ma tête et dans mon coeur, tout se tait et ça me fait un bien fou.

01 mai 2021, 14:39
Discipline stricte et travail acharné triomphent de toutes les difficultés  PV Aelle B. 
Peu concentré sur sa rédaction qui portait sur les effets secondaires de l'élixir d'Euphorie, Elian Kernac'h préféra se poser tout un tas de questions sur la sorcière qui venait de s'installer à l'une des tables de la salle d'études. S'il avait s'agit d'une autre étudiante, Elian aurait probablement détourné le regard poliment, mais la fameuse Aelle Bristyle ne le laissait pas indifférent - comment pourrait-il en être autrement ? Dès sa première année à Poudlard, la jeune fille avait donné l'exemple à sa promotion de Poufsouffle sur ce qu'il ne fallait pas faire pour ne pas s'attirer les foudres de la directrice de l'école. Le garçon fit mine de tremper sa plume dans sa tâche d'encre - pas de gâchis - tout en gardant un regard distrait sur les faits et gestes de l'étudiante. Bien que la réputation de cette dernière semblait être faite, il était facile pour Elian de ne pas écouter les on-dit à son sujet, ayant été lui-même victime de rumeurs tout à fait calomnieuses - pour la plupart. Il n'était pas étonnant de la surprendre à travailler dans une salle d'études à réviser dans son coin, mais c'était tout de même très impressionnant de se retrouver près d'une étudiante qui allait bientôt passer ses BUSE. Les BUSE... Il y passerait aussi l'année prochaine - et ce qu'il voyait des élèves de Cinquième année ce trimestre ne présageait rien de bien pour lui.

Elian songea que ce devait être difficile de se concentrer pour passer cet examen avec toutes les distractions qui avaient lieu au château cette année. Soudain, sa main cessa de soutenir sa tête pour mieux attraper un manuel, s'y plongeant alors complètement : Aelle Bristyle venait de lever ses yeux sur lui. L'avait-elle surpris dans sa fixation ? Ce n'était pas le moment de paniquer. Par pur mimétisme, sans s'en rendre compte, il avait attrapé le plus gros bouquin posé sur sa table - peut-être avait-il envoyé un message informulé à sa camarade de Poufsouffle : "lui aussi savait lire de gros livres". A vrai dire, Elian se cachait derrière. La tentation de vérifier si elle l'avait réellement surpris fut si grande qu'il disposa lentement le manuel debout, ouvert à une page tout à fait aléatoire, précisément entre lui et la jeune fille, comme s'il voulait protéger sa rédaction d'un potentiel copieur - bien que le seul potentiel copieur en question se trouvait à plusieurs mètres de distance de sa feuille de parchemin.

Ainsi installé, le sorcier se retrouva dans sa bulle, ce qui n'était jamais bon. Ce n'était pas qu'il paraissait adopter un comportement normal en compagnie d'autres personnes - Elian ne faisait pas vraiment attention au regard que d'autres gens pouvaient porter sur lui - mais plus il était seul, plus ses vieilles habitudes d'enfant lunaire reprenaient le dessus. Pas moins de deux minutes lui suffirent pour le faire entrer dans des additions, soustractions et divisions extrêmement complexes et absolument fausses dans le but de calculer le temps de chauffe du chaudron lorsqu'on ajoutait l'ingrédient actif de l'élixir d'Euphorie. Il pensa tout haut, en comptant sur ses doigts d'un air concentré : « Si je retiens trois et que je rajoute vingt-et-un... Sans compter le temps de remuage... Si je divise par deux selon le théorème de l'ajout rapide d'ingrédients... Trois cent-cinquante minutes... » Il plissa les yeux. Peut-être qu'il venait de se rendre compte que son résultat astronomique n'avait rien de juste. Le sorcier attrapa l'épais manuel en équilibre, le posa à plat devant lui et se saisit de sa baguette pour en tourner les pages activement. « Mh... fit-il d'un air évaluateur. À cent trente-cinq minutes près, nous avions juste, cher moi. » C'était une nouvelle habitude, celle de s'adresser à lui-même pour s'encourager à progresser. Toujours avec sa baguette magique en main, Elian réalisait un mouvement en cercle au-dessus du manuel de Potions, comme s'il s'entraînait à mélanger une décoction dans un chaudron. Il changea de sens une fois, puis reprit le sens des aiguilles d'une montre. Sa tête se reposa de nouveau sur sa main tandis qu'il continuait ce cirque durant de longues minutes, visiblement l'exercice l'amusait assez pour le prolonger plus que nécessaire.
Dernière modification par Elian Kernac'h le 01 mai 2021, 20:35, modifié 1 fois.

Septième année en RP - Avatar : @bunsy.bun
┄─── ❀ ───┄
On a tendance à s'assimiler des choses et à les restituer en croyant que c'est de soi alors que c'est d'un autre. – Hergé

01 mai 2021, 19:25
Discipline stricte et travail acharné triomphent de toutes les difficultés  PV Aelle B. 
Une fois plongée dans le grand fleuve de la concentration, plus rien ne peut me détourner de mon objectif premier. Le monde s’efface autour de moi et ne reste plus que les mots qui s’affichent devant mes yeux ; les miens et ceux du livre. Mes pensées fusent à toute vitesse, elles prennent des tournants, se percutent et parfois même se bousculent ; au fur et à mesure, mon parchemin se noircit et mon sourire grandit. Ah oui, je suis bien là, bercée par le son de ma propre plume qui gratte le parchemin et par les lointaines rumeurs du château. Rien ne peut me déconcentrer, pas même les discrets mouvements de Kernac’h que je devine à l’orée de mon regard. Je ne suis plus chair ni sang, plus tout à fait humaine, je ne suis qu’un cerveau qui pense et—

« Si je retiens trois et que je rajoute vingt-et-un... »

Et ma concentration explose quand résonne la voix. Ce n’est pas tant qu’elle résonne, mais le silence est tel ici que j’ai l’impression que le garçon est tout près et surtout qu’il s’adresse à moi. C’est un regard agacé que je lève sur lui. Je l’observe sans ne rien dire, hésitant entre me lever pour lui gueuler de la fermer ou juste me taire pour essayer de comprendre ce qu’il fait exactement. Son comportement est bien trop étrange pour que je l’interromps. Il se parle à lui-même, compte sur ses doigts et babille pour ne rien dire — et pour dire des conneries, surtout. Au moment où il agite sa baguette au-dessus de son livre, je suis définitivement et irrémédiablement déconcentrée. Mes sourcils se dressent sur mon front et mes yeux se plissent : *qu’est-ce qu’il fout ?*. Et j’ai beau regarder avec tous mes yeux, je suis incapable de comprendre ce qu’il trafique. Je me remémore les quelques rumeurs qui me sont tombées dans les oreilles à son propos : « Kernac’h parle aux plantes », « une fois, je l’ai vu discuter avec son ami imaginaire dans un couloir », « il parait qu’il sait parler aux crapauds et que les crapauds lui répondent ». Je me fiche totalement de savoir si ces rumeurs sont vraies ou non, mais à observer le garçon, je commence à comprendre pourquoi les Autres parlent tant de lui quand il a le dos tourné. Je le déplore un peu, d’ailleurs, et cela apaise la colère que je ressens envers le garçon pour m’avoir déconcentré : après tout, comme moi, il subit les rumeurs des autres élèves, peut-être même en souffre-t-il (alors que moi, je n’en ai jamais souffert, moi je ne fais pas attention aux Autres). Il me fait un peu pitié, à vrai dire.

Ce n’est qu’après de longues secondes que je prends conscience que je suis toujours en train d’observer Kernac’h et son étrange petit jeu. Je me secoue, adresse un regard noir au garçon pour la forme et baisse les yeux sur mon parchemin. Pendant un instant, j’avais oublié ce que j’étais en train de faire et la raison de ma présence ici. Ce qui est fort malheureux, c’est que cela m’arrive régulièrement ces derniers temps. La fatigue ne m’aide pas et quand je me trouve en présence de distractions, ce qui arrive bien trop souvent dans ce château, j’ai du mal à rester aussi concentrée qu’avant. Il faut dire que mes nuits sont très courtes depuis quelques semaines, je travaille très tard le soir et me lève tôt le matin — rien n’est plus important que l’apprentissage, pas même le sommeil —, et il n’est pas rare que mes yeux se ferment durant les cours — je ne me le permets que pour quelques cours inutiles, comme l’étude des Moldus.

Les sourcils froncés et l’air sérieux, je me penche sur mon parchemin et relis les quelques lignes que j’ai écrite. Mes pensées reprennent la bonne direction, tout semble parfait pour que je me concentre réellement cette fois-ci mais voilà, à l’orée de mon regard, juste à l’orée, je devine Kernac’h qui remue la mixture de son chaudron imaginaire (est-ce vraiment ce qu’il est en train de faire ?) et j’ai beau forcer mes pensées à se détourner de lui, comment puis-je y arriver si je vois cet abruti s’agiter de la sorte ? Il prend toute la place avec ses foutus mouvements et au lieu de voir les lignes de mon livre je vois sa main et sa baguette qui s’agitent dans le vide. Je pousse un long et profond et bruyant soupir et pose ma main sur mon front pour créer une barrière entre Kernac’h et mes yeux. Ainsi, il est beaucoup plus simple de se concentrer. Et si jamais l’autre continue à m’agacer, je lui dirais d’aller se faire voir ailleurs s’il est incapable de rester calme.

02 mai 2021, 14:59
Discipline stricte et travail acharné triomphent de toutes les difficultés  PV Aelle B. 
Les pensées d'Elian avaient fait "Plouf !" dans le chaudron imaginaire qu'il continuait de remuer à l'aide de sa baguette magique. Une vieille rengaine tout droit sortie du passé tournait dans sa tête au fil de ses mouvements circulaires : « Tu as volé mon chaudron, les crapauds de mon étang, les fioles de cristal de mes souvenirs. » Quelle était la suite, déjà ? Son parrain l'aurait su, assurément, ils avaient écouté tellement de chanteuses déclamer leurs paroles mièvres et dépassées pour accompagner leurs trajets en voiture moldue. Comment allait la vie, pour Sigmund ? Laissait-il vagabonder ses souvenirs, lui aussi ? Ceux-là lui faisaient-ils souvent mal, à lui aussi ? Ses efforts pour l'oublier ne menaient qu'à davantage de réminiscences du passé. Elles arrivaient surtout au creux de la nuit où plus aucun tri ne pouvait être exercé sur son univers mental. Elian entendit distraitement un soupir sonore qui ne pouvait provenir que d'Aelle Bristyle, lui faisant lever les yeux pour déterminer si c'était bien le cas. Ses joues s'empourprèrent immédiatement : pourquoi essayait-elle de se dissimuler de lui, main en visière ? Il reporta son attention sur sa table : il tenait toujours sa baguette comme une cuillère. Le garçon la cala directement derrière son oreille comme une plume, une habitude qu'il avait prise depuis le jour où il avait été en possession d'une baguette magique. C'était une méthode de son père pour qu'il n'y fasse plus attention - comme des lunettes oubliées au sommet du crâne - et, ainsi, pour ne pas qu'il l'utilise à tout-va.

« Je te dérange ? » Elian s'était approché de la table d'Aelle sans un bruit. On aurait pu dire qu'il avait transplané tant ce rapprochement semblait soudain et malvenu. Il se trouvait juste en face d'elle, les coudes posés près de ses bouquins, son menton soutenu par ses mains. Depuis les rouleaux de parchemin aux gros ouvrages en passant par la plume qui s'activait, son examen approfondi de cette table de travail s'était éternisé tant la sorcière restait accaparée par le sujet qu'elle traitait - l'obligeant à se manifester oralement et à la déranger par la même occasion, bien qu'Elian n'en avait pas conscience. C'était plus fort que lui, cette curiosité mal placée, cette proximité un peu malsaine... Il avait tenté de lire à l'envers ce qu'elle écrivait, sans succès, et ses yeux ne cessaient à présent de se poser sur le carnet noir. Un journal intime ? Une liste de noms d'élèves à supprimer de la surface de la terre ? Il était trop petit pour être un herbier comme le sien. C'était un tout nouvel univers qui s'étalait devant lui, celui d'une sorcière qui s'apprêtait à passer son premier examen magique et qui allait sûrement le réussir tant elle paraissait préparée. En l'observant, il avait songé que bien plus d'un an lui serait nécessaire pour atteindre un niveau de concentration studieuse aussi élevé qu'elle. La seule autre sorcière qu'il savait en pleine révision pour les BUSE était Solenn Cooper et on lui avait conseillé de lui laisser un peu d'espace pour ne pas risquer de la déconcentrer - ce qui était vite arrivé si l'on considérait le fait qu'il interrompait à présent Aelle en plein travail. Ses yeux visiblement perdus dans des rêveries éveillées laissaient penser qu'il ne savait pas dans quel monde il venait d'atterrir. Le jeune sorcier ne réfléchissait jamais avant d'agir, son instinct le dirigeait complètement. Il n'avait alors pas vraiment eut l'idée de s'imposer à Aelle Bristyle, on devait plutôt dire qu'une sorte de force d'attraction l'avait mené sur ce chemin. Très vite, juste après avoir posé sa question, ses yeux s'étaient de nouveau abaissés sur le petit carnet noir - encore un instinct, peut-être - avant de revenir de nouveau vers la sorcière. Il suffisait d'un petit carnet pour retenir toute une vie. Tout un tas de souvenirs qui pouvaient se jouer la nuit, également.
« Qui es-tu réellement, Aelle Bristyle ? » pensa très fort le sorcier avec un léger sourire, énigmatique.

Septième année en RP - Avatar : @bunsy.bun
┄─── ❀ ───┄
On a tendance à s'assimiler des choses et à les restituer en croyant que c'est de soi alors que c'est d'un autre. – Hergé

02 mai 2021, 16:51
Discipline stricte et travail acharné triomphent de toutes les difficultés  PV Aelle B. 
Plus qu’une barrière, ma main est une frontière. Au-delà se trouve un gamin inintéressant qui agit assez bizarrement pour parvenir à me déconcentrer — il est fort, celui-là. Je me fais violence pour ne pas l’abaisser afin de le surveiller. Peu à peu, mes yeux parviennent à déchiffrer les mots qui recouvrent la page de mon livre et j’arrive, légèrement, à me reconcentrer. Ce qui est absolument inutile puisque la voix de Kernac’h s’élève de nouveau. Si près, si proche, si bruyante et surtout si surprenante que je ne peux retenir la réaction excessive de mon corps : mon sursaut est si violent que mon banc racle le sol quand je pousse sur mes jambes pour m’éloigner. Le garçon est si proche de moi qu’il m’aurait suffit d’avancer légèrement la tête pour... *Qu’est-ce qu’il veut, bordel ?* ; la pensée explose dans mon crâne et quelle tronche je dois avoir, actuellement avec mes yeux grands ouverts, exprimant tout mon effroi ! Effroi de m’être laissée approcher de la sorte sans faire attention — depuis quand suis-je aussi peu concentrée sur mon environnement, par Merlin ? Mes yeux détaillent le visage du garçon, de son regard qui s’abaisse régulièrement sur mes affaires à la baguette qui est coincée derrière son oreille — *c’est quoi son putain d’problème à c’ui-là ?*.

J’ai honte d’avoir le coeur qui bat aussi vite et j’ai honte, aussi, d’être incapable d’articuler le moindre mot tant je suis surprise de le voir là, accoudé à ma table comme si c’était la sienne. Et puis, c’est quoi cette question ? S’il me dérange ? Mais il vient me déconcentrer durant mon travail alors que je ne lui ai rien demandé, il vient se mettre tout près de moi comme si lui et moi avions élevés les Veaudelunes ensemble, et pire que ça, il mate mon carnet comme s’il avait le droit de le faire. Mais ce carnet, personne ne le regarde, absolument personne ! Même Thalia ne l’a jamais lu, tout simplement parce qu’à l’intérieur je mets en mots la moindre de mes pensées concernant la magie, sans aucune barrière, sans aucune retenue. Et lui, il dépose ses gros yeux indiscrets dessus ?

La surprise est rapidement remplacée par une vague de colère. Ce n’est pas de la colère brûlante, celle qui ravage tout et qui prend possession de mon corps, non. C’est une colère toute sale qui me grignote le coeur et me donne envie d’être méchante. Parce qu’il le mérite, nom de Merlin, cet espèce de gamin bizarre. J’aurais pu lui pardonner son étrangeté s’il n’était pas venu me déranger. Après tout, les gens bizarres c’est intéressant. Tant qu’ils restent loin de moi, évidemment.

Brutalement, je plaque une main sur mon carnet pour cacher mes mots au garçon. Je lui jette le regard le plus noir que j’ai en réserve.

« À ton avis, Kernac’h, est-ce que tu crois que tu me déranges ? » demandé-je d’une voix sèche.

Et ce sourire qui lui étire les lèvres ! Je donnerais tout pour le lui arracher, il m’agace, il me laisse croire que le garçon se moque de moi. C’est certainement ce qu’il fait, d’ailleurs, cela expliquerait pourquoi il me pose des questions aussi idiotes. Qu’est-ce qui lui est passé par la tête ? « Tiens, je vais aller déranger Bristyle puisque je m’emmerde à touiller mon chaudron imaginaire, ce n’est pas comme si elle était en train de faire des trucs importants. De toute façon, je suis bien trop couillon pour comprendre que tout le monde n’est pas aussi feignant que moi » ; je me demande si mes pensées acides se devinent derrière l’obscurité de mon regard. Elles déferlent à une telle vitesse dans mon esprit, toutes plus méchantes les unes que les autres, et je meurs d’envie de les laisser sortir, juste pour que ce gars s’éloigne de moi. Mais, les lèvres serrées, je me retiens. Il ne manquerait plus que je me retrouve avec un Kernac’h larmoyant sur les bras — il serait capable de me faire une crise, après tout, bizarre comme il est il ne réagira pas comme tout le monde à m’envoyer voir du pays avant de s’en aller. C’est justement ce qui me dérange le plus, avec lui : je ne sais absolument pas comment je dois agir pour obtenir ce que je veux. Et ce que je veux, c’est qu’il retourne à sa place et se taise. Et qu’il reste calme, si possible.

Une petite voix me susurre que je n’ai qu’à m’en aller, puisqu’il me dérange. Mais je refuse de m’abaisser à cela. Je ne laisserais personne me forcer à faire des choses que je n’ai pas envie de faire. Je suis bien plus respectable que cela, Merlin.
Dernière modification par Aelle Bristyle le 07 mai 2021, 14:24, modifié 1 fois.

05 mai 2021, 22:36
Discipline stricte et travail acharné triomphent de toutes les difficultés  PV Aelle B. 
Le jeune sorcier ne réussit à détourner ses yeux du petit carnet que lorsqu'Aelle Bristyle plaqua sa main sur ce dernier. Des regards noirs, il en avait connu... Ils glissaient sur lui comme les gouttes d'eau sur le plumage d'un Augurey. Le garçon restait figé dans sa position d'observateur mais, à présent, il fixait en retour la sorcière droit dans les yeux, n'exprimant aucune émotion. Elle lui avait renvoyé sa propre question : est-ce qu'il pensait la déranger ? Absolument pas, tant qu'aucune objection n'était clairement exprimée. Son cerveau troublé n'était pas en mesure de comprendre de lui-même son comportement envahissant. Toutefois, le nuisible sembla un instant comprendre que l'attitude d'Aelle à son égard n'était pas totalement hospitalière puisqu'il se détourna lentement d'elle, paraissant revenir sagement à sa table de travail. Ainsi, tout le monde pouvait retourner à ses occupations.

« Surtout, ne fais pas attention à moi. » Le garçon se trouvait de nouveau - et d'une façon encore plus subite si c'était possible - en train de profaner l'espace vital d'Aelle Bristyle. Cette fois-ci, il avait emmené toutes ses affaires avec lui, bringuebalantes dangereusement de gauche à droite entre ses bras. Il se pencha un peu en avant pour déposer tout son bric-à-brac sur la place juste à côté de la sorcière. Il était très difficile de ne pas faire attention à lui, et plus particulièrement au bruit qu'il produisait en essayant d'imiter l'organisation de sa voisine. Un manuel ouvert comme ceci, un encrier disposé de telle manière - il essuya sa main sur sa chemise blanche, l'encrier ayant un peu bavé avec le choc de la table - un rouleau de parchemin sur le côté gauche, et tout était enfin paré pour ressembler à une table de travail parfaite ! Il s'arrêta dans ses gestes soudainement, comme s'il prenait la mesure de ce qu'il était en train de faire pendant un court instant, puis il planta sa plume dans son encrier comme un pâtissier disposerait la dernière cerise sur son gâteau. « Shht, pas un bruit », murmura-t-il tourné en direction de la sorcière, à présent à califourchon sur le banc. Il venait de poser un doigt sur sa bouche comme s'il s'imposait lui-même le silence. Un petit groupe de Gryffondor se posa près de la place qu'avait occupé le garçon quelques minutes plus tôt, limitant drastiquement la capacité d'accueil de la petite salle - ce qui arrangeait bien Elian. Ce dernier se dissimula derrière son gros manuel de Potions. C'était un geste machinal et anodin puisqu'il ne se rendait pas compte que les rumeurs pouvaient aller bon train sur le fait qu'il se trouvait seul dans une salle d'étude avec Aelle Bristyle - en sachant que, dernièrement, son intérêt pour les sorciers un peu plus âgés que lui avait été mis en lumière en la personne de Solenn Cooper.

Que se passait-il vraiment dans sa tête ? Etait-il courageux ou simplement fou ? Avait-il inconsciemment développé le goût du risque, après avoir miraculeusement esquivé les problèmes durant les quatre dernières années passées à l'école ? Lui-même n'en avait pas la moindre idée. Peut-être que son cerveau était, plus que d'ordinaire, en plein burn-out. En vérité, la sorcière à ses côtés demeurait bien plus intéressante que ses devoirs et Elian ne savait pas orienter sa curiosité sur deux choses à la fois. Il venait de poser son gros manuel debout sur ses genoux, contre le rebord de la table, l'obligeant à se reculer légèrement vers l'arrière par rapport à sa voisine. Cette position lui permettait d'avoir une vue imprenable sur ce qu'Aelle pouvait écrire. Il garda les yeux rivés sur son propre livre, bien qu'il n'en lisait aucun mot. Il attendrait que la sorcière oublie un peu sa présence pour poser son regard sur ce qu'elle faisait, oubliant le fait qu'il pouvait très bien être délogé avant si la sorcière décidait de l'éjecter à l'autre bout de la salle. Elian ne pourrait rien y faire. Mais si elle avait voulu lui faire comprendre qu'il n'était pas le bienvenu, elle l'aurait sûrement montré dès le départ... C'était ce doute latent qui lui avait permis de passer à l'étape supérieure dans le trouble à la tranquillité publique.

Septième année en RP - Avatar : @bunsy.bun
┄─── ❀ ───┄
On a tendance à s'assimiler des choses et à les restituer en croyant que c'est de soi alors que c'est d'un autre. – Hergé

09 mai 2021, 20:27
Discipline stricte et travail acharné triomphent de toutes les difficultés  PV Aelle B. 
Puisque toutes les choses ont une fin, il me semblait logique que Kernac’h finirait par retourner à sa place. Pour cela, il m’aurait peut-être fallut sévir et me montrer vulgaire mais il aurait finit par y retourner. Alors pourquoi est-ce que je me retrouve avec cet idiot assit juste à côté de moi, un groupe d’élèves installé à sa précédente place, rendant de ce fait tout retour en arrière impossible ? Qu’est-ce qu’il s’est passé, bordel, pour que je me retrouve dans cette situation ? Je dois être très perturbée pour le regarder agir sans ne rien dire, pour l’observer ranger son espace de travail dans un ordre similaire au mien, pour rester silencieuse alors qu’il est si étrange. Je pense que c’est cette étrangeté qui le sauve. Son comportement est absolument inacceptable et venant d’une autre personne, j’aurais pris cela pour de l'impertinence et je me serais énervée très fort. Mais Kernac’h est Kernac’h. Il a l’air si naturel dans ses gestes, comme si ça lui venait instantanément, comme si rien n’était prévu à l’avance, qu’il m’est impossible de me sentir victime d’une quelconque moquerie. Il est lui, tout simplement. Certes. Le problème, c’est que le fait qu’il soit lui m’agace. J’en viens même à m’imaginer remballer mes affaires, me lever et aller m’installer à une autre table mais c’est impossible puisque les seules places encore disponibles se trouvent soient trop près du groupe d’élèves, soient proches de Kernac’h. Et quitte à me retrouver non loin de lui, autant rester là où je suis, à côté de lui. Et puis de toute manière, je ne vais pas le laisser me chasser, tout aussi insupportable soit-il.

Aucunement gênée par mon indiscrétion, j’observe tous ses faits et gestes comme s’il était un spécimen étrange à étudier — ce qu’il aurait pu être, s’il n’était pas un Autre indigne de mon intérêt. Je pourrais me détourner de lui et continuer mon travail. Après tout, j’ai encore l’espoir, au fond de moi, qu’il soit capable de fermer sa gueule et d’étudier sans bouger dans tous les sens. Mais c’est plus fort que moi : je ne comprends pas.

« Qu’est-c’tu fous, Kernac’h ? »

La question m’échappe. C’est vrai, quoi ! Pourquoi vient-il s’installer près de moi ? Bordel, je suis la Honte de Poufsouffle, je suis celle qui ne parle à personne et qui ne veut que personne ne lui parle. Après cinq années passées dans cette école, j’ai au moins la certitude que beaucoup d’élèves sont au courant de qui je suis et de ce que je suis. La plupart du temps, cela les empêche de m’approcher, ce qui me convient fort bien. Il arrive cependant, assez rarement je dois dire, que des abrutis osent venir. Parfois, c’est pour me parler de mon passé d’exclue ; ceux-là, je les envoie se faire voir avec beaucoup de violence. D’autres fois, c’est parce qu’ils sont curieux à propos de Zikomo ou, plus récemment, de Nyakane ; je leur réserve le même sort qu’aux précédents. Il arrive cependant que des Autres m’approchent pour une toute autre raison. Je n’arrive pas très bien à les cerner, ceux-là. Ils ne me posent aucune question concrète, ne sont même pas spécialement indiscrets. Ils se contentent d’être là et de me parler comme s’ils avaient réellement envie de ça, de discuter avec moi — une façon, certainement, d’apaiser ma méfiance, je ne vois pas ce que ça pourrait être d’autre. Ceux-là, dont fait partie Kernac’h, vraisemblablement, j’ai du mal à les faire fuir. À vrai dire, c’est difficile de repousser une personne que l’on ne comprend pas. Je ne peux pas lui dire que je ne répondrai pas à ses questions puisqu’il ne m’en a posé aucune et je ne peux pas non plus lui dire que je n’ai pas envie de discuter puisqu’il ne me parle pas. Il se contente d’être là. Près de moi. De moi. Pourquoi, Merlin ? C’est agaçant de ne pas comprendre ! C’est fatiguant, même.

Une question évidente me frappe alors : pourquoi est-ce que je me fatigue ? Je ne peux désormais plus repartir en arrière. Le garçon est là et il restera là. Pourquoi chercherais-je à savoir ce qu’il a derrière la tête ? Tant qu’il se tait je peux supporter sa présence. Certes mais n’empêche que je me sens à cran, maintenant, et qu’il a beau être petit et chétif, ce gars, il prend toute la place dans ma tête. Regrettant la question que je lui ai posé, je lui jette un nouveau regard noir et me détourne de lui, comme si je n’en avais plus rien à faire de la réponse qu’il pourrait me donner, et me concentre sur mes affaires. Mais à l’orée de mon regard, là, juste là, je le vois. Sa face tournée vers moi, son livre ouvert sur les genoux, ses étranges mimiques. Et mon coeur bat un peu trop rapidement pour que je puisse me persuader que toute cette histoire me laisse de marbre.

12 mai 2021, 20:37
Discipline stricte et travail acharné triomphent de toutes les difficultés  PV Aelle B. 
Qu'est-ce qu'il "foutait" ? C'était une très bonne question à laquelle Elian était incapable de répondre. Il avait choisi de se poser à côté d'Aelle Bristyle, voilà tout. A y réfléchir davantage, c'était peut-être pour que la sorcière le contamine de son sérieux, lui permettant ainsi de rester concentré sur son propre travail. Ou bien c'était tout l'inverse, il désirait peut-être l'aspirer dans son propre monde. Un monde situé aux antipodes de cette réalité bien trop fournie en formules magiques et en ingrédients de potions à connaitre par cœur. De toute manière, elle s'était détournée de lui - non sans oublier de lui adresser un énième regard noir. Indescriptible, cette fille, avait-il songé - bien qu'il était en réalité très facile d'interpréter les signaux d'agacement de sa voisine. Le garçon avait alors haussé les épaules, imperturbable. Tous les étudiants semblaient avoir fini par s'envelopper dans une bulle studieuse, seulement entrecoupée par le grattement des plumes sur les feuilles de parchemin ou le son de pages tournées.

La salle était plongée dans une atmosphère de fin de journée d'été, ce qui semblait provoquer un effet encore plus apaisant sur Elian. La pensée des beaux jours... La liberté de flâner dans les parcs parmi les moldus lui manquait terriblement. Il étira ses jambes et reposa son manuel de Potions à plat sur la table, produisant un courant d'air qui fit voler les feuilles déjà disposées. Il ne trouva visiblement pas urgent de les ramasser - les oubliant peut-être immédiatement, en vérité - et plongea sa tête dans ses bras sur la table. « Ffff. Ffff. Ffffffff. » Toujours affalé sur la table, le jeune sorcier soufflait sur la tranche de son manuel qui séparait son espace de travail de celui de sa voisine. Une drôle de façon de tourner les pages qui, curieusement, fonctionnait. Il se redressa ensuite un peu en posant négligemment sa tête sur une main et parcourut d'un regard en biais la leçon sur laquelle il s'était arrêté : "Somnifères". Exactement, cette page était remplie de phrases tout-à-fait soporifiques. Ses yeux vrillèrent un peu plus vers la gauche et, sans s'en rendre compte, le garçon observait un autre bouquin que le sien, juste derrière l'épaule de sa voisine. "Informulés", put-il y lire, parmi d'autres mots alambiqués. S'il avait dû émettre un avis, il aurait probablement dit que la leçon de la jeune fille n'était pas mieux que la sienne. Soudain, les pupilles de ses yeux se dilatèrent comme si son cerveau venait de réaliser une connexion. Il retourna dans son espace à lui et s'exclama d'un air choqué : « LES INFORMULÉS ?! » Les interjections contrariées des autres étudiants plurent. Elian parut désolé seulement un court instant, son attention était captivée par la sorcière qui se trouvait à ses côtés. Peut-être avait-il mal lu, après tout. En tout cas, les sortilèges informulés constituaient tout un domaine que le garçon n'osait même pas espérer maîtriser un jour.

Selon lui, lire de la théorie sur ce sujet, c'était vouloir se faire violence... Mais il savait qu'Aelle Bristyle était une bien meilleure sorcière qu'il ne pourrait jamais l'être. Non, ce n'était pas le bon état d'esprit s'il voulait un jour faire partie de la brigade de police magique ou bien d'une élite comme celle des Aurors, si tant est qu'elle renaîtrait de ses cendres comme un Phénix - Elian faisait preuve d'un optimisme à toute épreuve, on ne pouvait lui enlever ce trait de caractère bien que son père s'évertuait à le faire redescendre sur terre. Le garçon ne réfléchit pas vraiment et adressa sûrement le plus gros mensonge de sa vie à cette sorcière qu'il voulait soudain impressionner, plus pour se persuader lui-même qu'il pouvait être un bon sorcier, lui aussi, que pour combler un ego de mâle alpha : « Simples comme Lumos, les informulés », fit-il tout bas en retournant à son manuel. Son air snob ne trompait personne et son sourire en coin se dissipa un peu à l'idée qu'on lui demande d'en faire la si simple démonstration.

Septième année en RP - Avatar : @bunsy.bun
┄─── ❀ ───┄
On a tendance à s'assimiler des choses et à les restituer en croyant que c'est de soi alors que c'est d'un autre. – Hergé

15 mai 2021, 11:07
Discipline stricte et travail acharné triomphent de toutes les difficultés  PV Aelle B. 
« Oh, vraiment ? éructé-je en abandonnant mon livre pour me tourner vers le garçon. Simples comme Lumos, hein ? »

Mes yeux doivent certainement briller de colère. J’en oublie mes recherches, mon parchemin, ma plume, pour passer une jambe par dessus le banc et ainsi, me retrouver vraiment face au garçon. Il est si ridicule, ce gars, avec sa baguette derrière l’oreille, son air de flemmard et ses paroles dénuées de sens.

Je ne serais pas si brûlante de colère s’il n’avait pas passé les dernières minutes à bousiller ma patience à coups de mouvements bizarres et d’exclamations déplacées. Quel mal j’ai eu à me retenir ! Et je ne sais même pas pourquoi je l’ai fait. La seule chose que je rêvais de faire, c’était de me lever, de lui arracher son foutu livre de potions et de le lui balancer au visage — là, il se serait tu, enfin, et si ça n’avait pas suffit, je l’aurais immobilisé magiquement. J’étais à deux doigts de le faire lorsqu’il a gueulé comme un idiot que j’étais en train d’étudier les informulés, attirant de ce fait le regard de tous les Autres sur nous ; sur moi. En une fraction de seconde, il a réduit ma discrétion à rien du tout. Désormais, tous ces élèves présents dans la salle savent ce que j’étudie. Et bien sûr, que cela les intéresse, après tout c’est de moi dont il s’agit. Et moi, cela me met hors de moi ! Mes recherches ne concernent que moi, je refuse que qui que ce soit mette son nez dedans. Ne manquerait plus qu’un abruti vienne me trouver pour me demander de lui enseigner quelques sortilèges qu’il est incapable de réaliser. Je m’occupe déjà de Gabryel et de Harrison, je n’ai aucune envie de perdre mon temps avec une troisième personne.

Et maintenant, ce garçon ose me dire à moi que les informulés sont simples comme Lumos ? Ces informulés que je ne parviens pas à maîtriser, moi qui suis pourtant si douée dans tout ce que j’entreprends ; moi qui étudie la magie des golems, magie informulée, donc, n’est-ce pas, depuis près de quatre ans ! Et lui, il crache sur mes efforts alors qu’il n’y connaît rien à rien. Une partie de moi, évidemment, est consciente que cet abruti est un abruti et que tout ce qui sort du gouffre qui lui sert de bouche est indigne d’intérêt. Certes. Mais quelque chose remue en moi. Quelque chose qui refuse qu’on le malmène de la sorte. De la fierté, dirait Zikomo ; moi, ce que j’en pense, c’est que c’est seulement le besoin de me faire respecter. Et en agissant comme il agit, Kernac’h ne me respecte absolument pas.

Je me penche vers le garçon, plante mes yeux dans les siens, fronce les sourcils pour qu’il comprenne réellement que ce que je ressens actuellement, c’est de la colère, et qu’il ferait mieux d’en avoir peur. Je lui jette un regard méprisant : cet espèce de garçon rachitique essaie de faire le malin avec moi — quelle folie ! Du menton, je désigne la baguette qu’il garde derrière l’oreille :

« Attrape la branche qui t’sert de baguette, Kernac’h, et lance un sortilège informulé, le défié-je. Allez, c’est simple comme Lumos après tout, hein ? Tiens, on va faire un marché toi et moi : si t’y arrives, je dis rien. Mais si t’y arrives pas, tu me feras le plaisir de fermer ta gueule et d’arrêter de t’agiter dans tous les sens, c’est clair ? »

Ce que je ne lui dis pas, c’est que j’obtiendrai ce que je veux quoi qu’il arrive. Déjà, il ne parviendra pas à lancer son sortilège ; mais si sur un malentendu il se montrait doué de capacités fantastiques, chose absolument invraisemblable, je m’occuperai moi-même de le faire taire et de lui apprendre le calme. Je m’en fais la promesse. Je suis bien trop dissipée. Il suffit qu’un Autre me dérange pour que je sois incapable d’étudier, c’est insupportable. Avant, il n’y avait pas grand chose qui pouvait me déranger lorsque je travaillais. Mais la fatigue est tellement présente dans tout mon corps que je deviens hypersensible ; le moindre bruit m’attire et me dérange. C’est plus frustrant encore lorsque le bruit s’appelle Kernac’h et qu’il sait parler, évidemment.