C'était sûrement la 1e fois depuis le 1er septembre 2044, soit depuis ta rentrée en 1e année à Poudlard, que tu entrais dans cette salle. Assise sur une table bancale, tu attendais. Quoi ? Rien. Personne n'est là à cette heure ci. Enfin, sûrement que personne n'est là. À part toi. *Dormir ... Je veux juste dormir ... * Cet après midi, tu avais appris que tu étais prise dans l'équipe. Les Crochets d'Argent. Ton rêve absolu ... Tu te demandais comment tu avais fait. Alors que tu étais un monstre. Une folle. Une aliénée. *Je suis folle à. lier. née. à Shulista Croft ... *

Tu divaguais une fois de plus. Un dessin tiré d'un livre moldu que tu avais feuilleté à la bibliothèque te revint en mémoire. Une fillette. *Comme moi.* Les cheveux courts. *Comme moi.* L'air étrange, plus qu'étrange. *Comme moi*. Elle se traînait sur un route. Abandonnant ensuite son ours en peluche sur le bitume. *Comme moi sur le chemin des enfers ... * Cette Bande-Dessinée, comme ils appelaient ça, racontait l'histoire d'une fillette. Blonde. Petite. Parfaite. *Pas Comme moi ... * Cette gamine voyageait dan le monde des rêves grâce à des masques. *Dans le monde des cauchemars oui ... * La gamine se faisait happer dans ce monde, si beau de l'extérieur, mais si noir de l'intérieur ... Elle partait. Revenait mais repartait. Toujours. Mascarade. Mascarade qu'elle s' appelait cette BD. La mascarade de l'urne. De Miss Loewy qui attaque ses élèves. Des images. Des cris. Des horreurs. Pire que toi ? Ou alors, inconciement, tu faisais partie de ces horreurs, tu provoquais ces cris, tu étais les images ... Maybe. L'urne. Elle t'avait traumatisée. Changée. Transformée ? Mais pourtant, elle t'avait encore plus donnée envie d'aller là-bas. Dans le Domignon. Non. Dans le Dominion. Il t'attirait. Il te happait peu à peu, sans pour autant t'y entraîner physiquement. Mais ton esprit y étais. Depuis le début, tu n'étais plus vraiment à Poudlard. Tu étais là-bas. Avec Jacob. Avec Irene. Avec Lilly. Et avec Elowen. Sans savoir pourquoi, cette gamin t'attirait. Parce que c'était, semblait-il la plus faible en apparence ? Parce qu'elle était différente des autres ? Parce que tu voulais lui ressembler ? Lui ressembler ? Tu venais de penser ça. C'était peut-être pour ça que tu avais une étrangeté face à elle. Trop de peut-être. Trop de pourquoi. Trop de questions et d'insinuations. Trop d'incertitudes. Trop de trop. Overdose. Mot moldu. Qui était parfait pour toi. Tu étais l'overdose même. L' overdose de violence. De peur. De colère. De provocation. De folie. Tu avais même les cernes. La démarche lente. Tu l'étais.

Ne plus sortir en pleine nuit, tu te l'étais promis. Surtout depuis la rencontre avec le Baron Sanglant en haut de la tour d'astronomie.
Mais pourtant tu n'as put empêcher tes pieds de quitter la salle commune alors que tu étouffais dans ton dortoir.
Tu ne les empêches pas d'avancer à leur guise, où bon leur semble-t-il d'aller.
Tu n'en as pas la force.
Lutter, c'est si dure.
Entre ta famille, l'urne et le dominion, les cauchemars, sa mort et quelques autres choses que tu n'arrives même plus à identifier, tu en as marre.
À quoi bon lutter alors que ton cerveau n'a plus qu'une envie, mettre sur pause le fil de tes pensées ?
Ce n'est pas faute d'espérer au quotidien mais reste-t-il seulement de l'espoir que ta vie redevienne normale, comme avant ?
Parfois tu y crois mais pas cette nuit.
Tu en as tellement marre.
Tu es à bout.
Tu voudrais juste de laisser aller à un peu plus de douceur et un peu moins de peur.

À travers les vitres des fenêtres qui bordent les couloirs, la nuit est là. Toujours au rendez-vous, chaque soir jusqu'au petit matin, elle est belle.
D'habitude, tu t'arrêterais pour l'observer et l'admirer.
Mais cette nuit, tu es tellement à bout qu'elle n'a droit qu'à un bref regard perdu de ta part.

Et puis, pourquoi faut-il que ce soit au moment le plus dur de ta vie que des milliers de questions viennent se mêler à tout ça ?
Tu te pose bien.la question, une de plus.
Elles sont si nombreuses que tu n'arrives même pas à les déliées les unes d'entre les autres.
Ce n'est pas faute d'avoir essayé pourtant.
Une seule en est sorti d'ailleurs.
Mais depuis qu'elle tourne en boucle dans ton esprit, seule et détachée des autres, tu cherches à l'oublier.
Tu ne sais pas quoi en penser.
Une chose est sûre, depuis toujours tu te poses de nombreux Pourquoi ? mais jamais cette question là.
*Qui suis-je ?*

Le coeur lourd et l'esprit engourdi, tes pieds continuent malgré tout d'avancer dans les couloirs du château.
Tu ne connais pas encore la destination finale et ça t'es bien égal.
Même, tu sembles apprécier que ce ne soit pas ton cerveau qui décide du chemin à prendre.
Certes, indirectement, c'est lui qui envoie les informations à chaque parcelle de ton corps mais tu n'en as pas conscience et ça te convient bien.

Bientôt, tu franchis la porte d'une salle quittant ainsi le monde des couloirs.
Il ne te faut qu'une petite seconde pour que tu repères la pièce dont il est question.
Plongée dans la pénombre, tu ne fais pas attention à ce qui te t'entoure.
De plus, quelques larmes venues d'un lieu inconnu et pour une raison inconnue viennent se glisser le long de ta joue, en silence.
Alors, sans le moindre bruit, tu viens te faufiler dans un recoin de la pièce.
Le dos à l'angle de deux murs, tu te laisses glisser jusqu'à temps que tes fesses rencontrent le sol.

Pourquoi ? Pourquoi continuais-tu à vivre ? Tu faisais trop de mal. Tu étais le mal. Même si Lydia t'avais dit le contraire. Et Nefa aussi. Tu divaguais. Sans arrêt, depuis quelques mois. Seulement. C'était quelques mois de trop. Tu partais en vrille. Complètement. Dans ta tête, mais aussi dans tes actes. L'urne. Tout tournais autour de ça. Tu tournais autour de ça. En vérité, tu n'es plus qu'une ombre d'Erza. La petite fille que tu etais en 1e année à disparu. *Pfuit ... Partie en fumée ... *

La fumée. L'urne. Encore et toujours cette maudite chose, qui avait détruit. Des gens. Des familles. Et fini de t'achever. Il n'y avait plus qu'à espérer. L'espoir ... Pour toi, c'était le Graal. Le but ultime. L'inatteignable. L'impossible. C'était trop. Trop dur. Trop loin.

Un bruit. Quelqu'un. Quelqu'un vient. Quelqu'un qui vient. Une voix, lointaine au fin fond de toi te crie de t'en aller. Vite. Mais cette voix est déjà trop loin. *C'est déjà un miracle qhe je l'entende ...*

T'es membres ne bougent pas. Ne bougent plus. Tu ne penses plus. Et tu ne bouges plus. Assises à la table, tu l'attend. Elle. Ou Il. L'être. Qui arrive. Elle ne te voit pas. Tu la reconnais. Enfin, tu reconnais que c'est une fille. Elle pleure. Doucement. Très doucement. La lune semble même éclairer ses larmes, qui coup en sur ses joues. Elle ne t'a pas vue. Ou du moins, ne veut pas te voir.

- Bonjour. Ou plutôt, bonsoir. Je pense que nous n'avons pas besoin de nous présenter ... ? Parlons. Un peu. Pour dépasser le brouillard. Celui qui nous aveugle. Pardonne mes mots ... si ... spéciaux ...

C'était toujours ça, la nuit. Tu n'étais plus Erza. Tu étais un esprit. En vadrouille. Un esprit différent. Spécial.

Elle ne t'aimerais pas. Pas si elle savait ... *Alors qu'elle ne sache pas*

Il fallait parler. Pour oublier. Juste quelques temps. Quelques minutes. Oublier le temps. Le présent. L' histoire. Et l'urne. Mais surtout oublier les Autres. Eux ... Eux ... ceux qui te changeaient ... Les Autres, ces êtres sournois, tu ne les aimais pas. Tu n'étais pas faite pour les côtoyer. Vous étiez trop différents. Étrange, comme l'être humain pouvait-être si éloigné d'un autre être humain. Tous différents. Tu étais bien lorsque tu étais éloignée de la foule, des Autres. Sinon tu pouvais perdre le contrôle. Jurer des insultes pires les unes que les autres. Faire du Mal. L'être qui se trouvait dans la même pièce que toi étais forcément différent des Autres. Sinon il ne serait pas là. Dans cette pièce. La Nuit. Dans le noir.

@Plume de Julie Jing, merci pour ton pas, tes mots sont vraiment magnifiques. Je suis vraiment heureuse que tu l'ai rejoint. J'ai toujours rêvé de danser avec toi

Plongée dans les larmes, tu n'as rien remarqué.
Ni la pièce où tu es. Ni qu'il y a quelqu'un.
Mais ses mots te font sursauté.
*A lui. Non. A elle.*
Peut importe.
Heureusement pour toi, ce n'est ni un adulte ni un préfet.
Mais au fond, ça t'est bien égale.

Les paroles d'Elle.Lui - car ça t'est bien égale de savoir qui Iel est - résonne en toi.
Ces mots si spéciaux comme Iel dit te paraisse si loin et si proche à la fois.
Tu as du mal à les saisir. Mais pourtant ils vibrent en ton être.
Faible fillette.

Sans prononcer la moindre parole, tu te déplaces un peu plus dans la pièce.
Simplement éclairé par la pâle lumière de la lune tu reconnais pourtant la salle où tu es.
Les ombres des instruments se dessinent dans le noir.
Maintenant, tu sais où tu es. Mais tu ne veux pas savoir *avec qui*.
Ça gâcherait une part de mystère de cette nuit.

Finalement, tu te décides à t'assoir à même le sol.
Dans l'angle de ton champ de vision, tu voies une forme.
Instinctivement, tu te doutes que c'est Elle.Lui.
En temps normal, la curiosité aurait été bien plus forte et tu aurait déjà tourné le regard pour voir qui Iel est mais pas cette nuit.
Tu préfères garder les yeux rivés devant toi.

- Qui suis-je ?

Tes mots sont venus briser le silence.
Tu ne t'attendais pas à ce qu'ils surgissent si rapidement qu tu es décontenancée pendant une fraction de seconde d'entendre ta voix.

- J'parle pas de celle que tout le monde voie, que je pense et suis au quotidien... juste ce qui se cache dans moi dans le fond...

Ta voix tremble légèrement.

- C'est bizarre, j'me suis jamais posée cette question jusqu'à ce soir. C'est vrai, d'habitude c'est plutôt des "Pourquoi ?" qui m’asseyent au quotidien parce que j'me pose beaucoup de questions, trop même des fois.... Mais celle là... Jamais.

Tes mots qui résonnent te font trembler sous leur force.
Tu parait être qu'une faible fillette perdue au milieu d'elle-même.
*Faible.*
Tu te demandes bien ce qu'Iel peut bien penser de toi.
C'est vrai, peut-être lae connais-tu. Ou pas.
Sa voix ne t'as rien dit mais es-tu vraiment en capacité de réfléchir à qui se cache derrière cet être ? Surement pas...
Et au fond, ça t'es bien égal, ce soir, de savoir ce qu'Iel pense.

- Ça t'arrive d'être perdu.e parfois ? Avec toi ou les autres ?

Peut-être as-tu trop parlé. *Peut-être.*
Tes propres mots te paraissent même étrange.
Mais il vibre en toi. Pas autant que ceux d'Elle.Lui mais un peu quand même.

Le noir de la salle m'aveugle. Assisse sur la table, mes jambes se balancent d'avant en arrière, comme le tic tac régulier des aiguilles d'une horloge. Le sommeil me fait la gueule depuis déjà plusieurs mois, et j'essaye de lui faire croire que je suis plus forte, alors je tiens. Je tiens le plus longtemps possible. Jusqu'à qu'épuisée de lutter, je sombre.

Dans la pièce, les Ombres dansent, et puis Elle parle. Je sursaute. Même si je viens de la saluer, il a suffit d'une fraction de seconde pour l'oublier. *C'est à cause de Lui. De ce foutu Sommeil*. Lui avec qui je suis en combat perpétuel. *Qui suis-je*. C'est tout ce qu'elle a dit. Pour une fois, mon Esprit *s'ouvre* et je *comprend*. Tout. En temps normal, je serais totalement incapable de lui répondre, d'esquisser quoi que ce soit, mais là, mon Esprit parle.

— Tu es.

En quelques secondes, j'ai *changé*. Je ne suis plus Erza Cassiopée Lucy Mariana McGowan Pullman. Je suis *quelqu'un*. Qui ? *Quelqu'un*. Iel aussi. Sûrement. Je ne la.e connait pas, mais c'est tout comme. Comme si nous faisions parti de la même Vie. Du même Temps.

— Justement. Tu es celle qui Vie.

Je comprend mes paroles sans les comprendre. Je suis éveillée et en transe. Mobile et Immobile. Forte et Faible à la fois. Je suis tout et je suis rien. Je meurs et je vie. *Pourquoi*. Moi aussi je crois que les *pourquoi* m'assaillent de toutes parts. Ma respiration s'accélère. J'ai l'impression que les murs se rapprochent lentement, et qu'ils dictent mes paroles. Pour répondre, j'ai le temps qu'il se rapprochent. Pas plus. Peut-être moins. Si j'arrive à *parler* assez vite, alors oui, je serais quelqu'un. Je ne sais pas si j'y crois ou pas. C'est étrange, la sensation que ça procure. *Pourquoi* ? Moi aussi je me demande souvent *pourquoi*. D'ailleurs, *pourquoi* ce mot a-t-il été inventé.

— Pourquoi ? Moi aussi je me demande bien. J'crois que ce mot n'est là que pour nous causer du tort. Des soucis. Un pourquoi en appelle un autre. Puis un autre. Et encore un autre qui reviens au premier. C'est un cercle vicieux dans lequel on se perd.

Je n'aime pas les questions, pourtant, je m'en pose constamment. Mais une question avec ou sans réponse, ça ne change rien. Cela reste une question. Cela reste des Mots simples ou non. *Perdue*. Me pose-t-elle vraiment la question ? Parce qu'à part les Autres, je crois qu'tout le monde l'est, à un moment ou à un autre. Moi, je le suis souvent je crois. Même quand je suis avec des gens. Des *amis*. En est-ce vraiment ? Encore une question.

— Évidement qu'ça m'arrive. C'est horrible quand ça arrive. Tu les sens. Les Autres, eux, ils t'oppressent. Ils savent pas c'que ça fait. Ils savent pas.

Je comprend sans comprendre. *Encore*. Est-ce l'effet de l'insomnie ? *Encore* une question. *Toujours* des questions. Sans m'en rendre compte, je m'en pose, et parfois, j'y répond sans le savoir. C'est étrange tout de même.

- Tu es.

*Je suis.*
Ça ne t'avance pas beaucoup mais étrangement ça résonne en toi.
Tu serais presque prête à te contenter de cette réponse alors que tu n'es même pas sûre de saisir tout ce qu'elle signifie.
*Celle qui vit.*
Mais est-ce que tu vis réellement, au fond ?
Il y a l’*Être* et le *Paraitre*.
Peut-être es-tu dans le Par-être.

Perdue au creux de la Nuit, tu es plus que jamais Toi et en même temps tu es quelqu'un d'Autre, *étrangère*.
Tu es perdue, fatiguée et engourdie.
Tu n'arrives pas à réfléchir convenablement alors que ses mots semblent claire comme l'eau de roche dans ton esprit.
Tu voudrais comprendre un peu plus qui tu es. Tu te cherches. Mais à mesure que tu réfléchis tu as l'impression de t'embrouiller dans le brouillard de tes pensées.
Tu voudrais savoir qui tu es des fois. Ne pas avoir à te chercher quand tu sais que tu n'arriveras pas à te trouver. Tu envies parfois celleux qui s'affirment, savent qui iels sont.

Et puis ces mots résonnent à nouveau dans la pièce.
L'entendre parler te fait alors te sentir moins seule.
A elle.lui aussi ça arrive.
Ces *pourquoi* qui tournent en boucle formant des tourbillons infernales de questions.
Tout à coup, tu à l'impression d'être son égal.e. Vous êtes *dans l'même bateau*.
Iel n'est pas si différent.e que toi au final.
*Perdu.e.s, ensemble, dans l'océan des questions.*

Ça lui arrive à elle.lui aussi. *D'être perdue.*
Ça semble même être une évidence quand iel te répond.
C'est horrible qu'iel dit.
Tu le sais. Tu le ressens parfois aussi.
Ça t'oppresse et tu sais pas quoi faire. Tu es juste perdue. *Encore.*
A croire que ta vie se résume à être perdue en tentant toujours de te retrouver.
*Mais parfois ça va mieux.*
Pourtant tu n'arrives pas à te concentrer sur ces moment de... bonheur. *On peut appeler ça comme ça au moins ?* Tu ne sais pas. Tu n'es pas si sûre.
Et ils te paraissent si futiles face à la *souffrance*. Au *vide*.

Et les Autres.
Ils oppressent. Ils ne savent pas.
Mais une question - *une de plus* - surgit dans ton esprit embué.
Qui sont les Autres ?
Ce qui ne sont pas comme toi.
Mais tout le monde est *différent*. Alors n'es-tu pas l'Autre d'un Autre ,
Et sans le vouloir, ta question sans réponse - comme souvent - surgit d'entre tes lèvres pour emplir l'espace :

- Qui sont-ils ? Les Autres ?

Le silence reprend sa place quelques instants avant que tu ajoutes :

- Ne sommes nous pas l'Autre d'Autres ?

Tu aurais pu garder ça pour toi, ne jamais poser cette question ou même ne jamais y penser mais tu en étais incapable.
*Ça résonnait trop fort là-d'dans. Dans ma tête.*

J'essaye d'évincer toutes les questions qui me traversent l'esprit, je n'ai pas envie de l'embrumer envore et encore. Je crois, que c'est à cause de ça que je n'arrive plus à dormir. À cause des questions. L'Inconnu.e qui est *quelque part* dans cette pièce semble semble lui.elle aussi se laisser envahir par le questionnement incessant. *Sommes nous nombreux.ses dans ce cas là ?* J'aimerai tant pouvoir me fondre dans la masse, pouvoir dormir *normalement* comme tous ces *Autres*, mais c'est dans ces moments là que je me rappelle ce que m'a dit Aristid. *Il m'a fait Voler*. Je ne vais pas croire que je suis supérieure aux Autres, mais moi je veux *Vivre*, et non *Sur-Vivre*.

Je n'ai pas envie de regarder ma montre pour compter le Temps, je pense que nous n'en avons pas besoin à présent. Quoi qu'il arrive, nous sommes Hors-Temps. Seul.e.s dans un espace, sans vision, juste avec nos Mots et notre Présence. Qu'importe son nom, s'iel a des taches de rousseur ou s' iel à mon âge, nous sommes Là. *Qui sont ils ?* Iel me demande qui sont les Autres ? Avec cette question, iel en fait forcément parti ? Moi qui pensais qu'iel n'était pas comme Eux, je suis bien déçue. Bien sur, dans le noir, iel ne peut pas voir la déception qui se lirait sur mon visage s' il y avait ne serait-ce qu'un rayon de lumière.

— Les Autres, ce sont des Mirages, des Ombres de passage. Ils passent ou trépassent, laissant derrière eux des traces infinies. J'crois, oui j'crois, qu'ils sont partout ici. Es-tu un.e Autre ?

J'espère qu'elle va démanteler ma pensée, sinon je ne sais pas ce que je vais faire. Les Autres aiment, se réjouissent du malheur des autres. Ils se moquent bien de ce qu'on pense d'eux, mais ils aiment se moquer. L'Inconnu.e poursuit finalement avec une autre question. *Arrêtons là par pitié !* priais-je intérieurement.

— J'crois pas. J'crois qu'on est juste différents. Ou alors on fait parti des Autres. Mais, si on est différents, on n'est pas aimés. Les Autres se réjouissent du Mal-heur des Mal-aimés.

Depuis tout à l'heure, mes yeux n'ont pas tentés une seule fois de se fermer. J'aimerai hurler, prier, espérer que le Sommeil s' empare de moi, mais il préfère jouer avec moi. *Avec nous*. Le Sommeil est un paresseux, il fait de pari gagnant avec la Fatigue, pour rester plus longtemps Là-Haut, fixant le Monde en riant devant tout ces visages pâles et prêts à se liquéfier sur place. Je les hait. Existent-ils matériellement ? Je ne m'en préoccupe pas, mais je pense qu'il y a *quelque-chose* qui tire les ficelles du Monde, *quelque part*. Je voulais juste dormir. Je ne demande pas grand chose, simplement être gagnée la le Sommeil, qu'il s' empare de moi le plus vite possible, qu'il m'arrache au Réveil et qu'il me projette dans mon lit pour qu'enfin je dorme. *Just' me reposer. Just' ça.* Est-ce un luxe de pouvoir dormir ? Le Sommeil est-il réservé à l'élite ? Je finis par me poser la question.

Exister ou Vivre ?
Vivre ou Survivre ?
Que fais-tu réellement ? Te contentes-tu d'être, d'exister, d'errer sans but ?
Ou survis-tu ? Qu'est-ce que ça signifie réellement ? "Sur" ne signifie-t-il pas "au-dessus de" ? Serait-ce être au-dessus de la vie ?

Tu es perdue dans tes pensées. Accaparée par tes réflexions.

Et puis il y a les mots d'elle.lui.
*Des Mirages...*
Un souffle s'échappe d'entre tes lèvres.
*Des Ombres de passages...*
Es-tu d'Eux ?
*Non, j'crois pas*

Les derniers mots qu'iel prononce achèvent tes questionnements.
Si tu étais perdue, une certitude s'est emparée de toi. Comme un souffle d'air qu'on ne sent pas, qui se faufile sans bruit, presque imperceptible avant qu'il gonfle, emplisse l'espèce, se nourrisse de ce qui l'entoure. *J'suis pas comme Eux, pas une Autre* Ses mots te l'ont fait comprendre, ils ont nourri la Certitude.

- Non.

Ta voix est clair dans l'obscurité.

- J'suis pas une Autre. J'peux pas être comme eux.

Tu n'es pas certaine que ces mots t'appartiennent complétement. Tu n'arrives pas à décrire ce qui s'empare de toi. Tu as l'impression de ne pas complétement être toi même. *Pas comme d’habitude* en tout cas. *Différente* cette nuit. Un peu plus toi-même. Et un peu moins en même temps. La Gamine que tu es, perdue dans la douleur, qui tente de se reconstruire, qui peine à vivre, qui semble seulement exister en espérant survivre, qui comprend pas toujours ce qui l'entoure, la Haine des gens, *d'ces Autres*. Mais est-ce que t'es mieux ? *J'crois...* Idiote.

*Paradoxes*
T'es épuisée. Mais en même temps tu ne t'es jamais sentie aussi vivante, pleinement toi. Tout en n'ayant pas l'impression d'être vraiment toi-même, prise par quelqu'un d'autre, perdue *noyée* par toi-même.

Tu croules sous la fatigue. *Écrasée par le poids du Monde, des Autres, de Moi...*
Ta tête part en arrière et rencontre le mur contre lequel ton dos est appuyé, dans un bruit sourd qui brise le silence de la pièce.
Tu ressens une petite douleur mais n'y prêtes pas attention.
Tes yeux se ferment.
Tu voudrais dormir mais tu n'y arrives pas.
Le sommeil ne semble pas vouloir de toi. *Morphée, pourquoi tu ne veux pas m'accueillir dans tes bras ?* Elle préfère surement les Autres. *Hypnos, ton père, ne veut-il pas de moi non plus ?* Non, il préfèrerait t'accorder Epiales, à la limite. *Et toi, marchand de sable, ne voudrais-tu pas m'offrir de ta précieuse marchandise qui, peut-être, m'aidera à enfin trouver le chemin du repos ?* Non plus, bien sûr.
Tu es destinée à errer dans un état d'entre deux, cette nuit au moins.
La journée de demain - ou d'aujourd'hui plutôt - sera dure, encore, mais tu devra faire avec.
Peut-être, un peu plus tard, arriveras-tu quand-même à attraper quelques heures de sommeil.
Tu ne sais pas.

Tu n'as plus la force de réfléchir, de penser.

Dehors, la Lune illumine le ciel de son éclat ardent. On l'associe toujours au Soleil comme étant son opposé, mais je ne le vois pas de la même manière. J'ai plutôt l'impression que l'Astre de la Nuit est éclipsé par son comparse du Jour, et qu'elle ne s' affirme qu'au cours des éclipses. Lorsque la Lune passe devant le Soleil. Enfin, elle se montre au grand jour, et l'on voit donc qu'elle n'est qu'un pâle reflet du Soleil. À mes yeux, elle brille d'une autre manière. Si c'est le satellite de la Terre, c'est sûrement qu'elle nous est indispensable, non ? Quoi qu'il en soit, l'Autre semble aussi plongé.e dans ses réflexions, en vue de son attitude. Je distingue péniblement son Corps et jai comme l'impression que j'ai à faire à une fille. Si celle-ci me reconnait, elle ne semble pas l'avoir montré, ce qui est un avantage pour moi.

*Non*. Je crois d'abord que l'inconnue va s' arrêter à ce mot, et laisser le silence reprendre la place qui lui est due, mais il faut croire que je me suis trompée, puisqu'elle poursuit. Elle n'ajoute pas grand chose, mais c'est déjà beaucoup. En vérité, elle annonce quelque chose que j'ai déjà compris. Si elle était une Autre, elle ne serait pas là à cet instant même, en train de me parler, à moi, Erza McGowan.
Pourquoi est-ce que j'ai soudain été envie de ces atroces pensées par Merlin ! Suis-je si horrible ? *Oui*. Ais-je vraiment tout perdu. *Bien sûr*. Ne méritais-je rien de mieux ? *Évidement que non*. Alors qu'est-ce que je fais là ?

Je crois que sur cette Terre, nous ne sommes que des Ombres qui voguent au fil des jours, tentant en vain de laisser leur empreinte dans la terre. Pourtant, il y en a bien qui arrive à le faire. Moi, Je veux être de ceux là, je veux gravir les montagnes à la recherche de l'Éternel, je veux qu'on se souvienne de moi pendant des centaines d'années, je veux Vivre. *La plupart des gens se contentent d'Exister* à dit un jour quelqu'un dont j'ai oublié le nom. *Vivre est la chose la plus rare*. Exister, c'est bien trop simple. Je veux me battre pour Vivre, je ne veux pas rester dans l'Ombre à suffoquer toute ma vie. Je veux prendre ma revanche sur la Vie, cette saleté qui me pourrit l'Existence, parce qu'on mérite tous mieux que ça. C'est amusant, hein ? D'abord, j'ai parlé de Vivre pour ne pas se contenter d'Exister, et à présent je dis que la Vie me pourrit l'Existence. Je ne sais sûrement plus ce que je dis, après tout, il est minuit passé, et mon corps est en désaccord avec mon esprit. Je suis fatiguée sans pouvoir me laisser complètement gagner par elle.

Tu ne sais plus qui tu es. Mais as-tu su un jour ? Tu n'en es pas certaine. Ou peut-être Avant, quand tu n'étais qu'une enfant gagnée pas l'insouciance. Une citation lu dans un livre trouvé chez tes grands-parents il n'y a pas très longtemps te revient alors en mémoire : "l'insouciance, perverse notion, ne se savoure qu'une fois éteinte, lorsqu'elle est devenue souvenir". Et plus que jamais tu te sens en accord avec ces Mots.
Alors face au Silence qu'iel t'offre de partager, tu te perds dans tes pensées, t'enfonçant encore un peu plus dans les tréfonds de ton esprit, dans les abymes de ton âme.
Tu te perds, en toi, et fais face à une profonde fatigue qui s'empare de tout ton corps, de chacun de tes membres, un à un, jusqu'à prendre en otage et engloutir à son tour ton esprit.
La brume couvre tes pensées mais Sommeil se tient encore à distance.
Tu ne sais pas combien de temps tu vas tenir dans cette état de semi-consciense.
Toujours est-il qu'iel semble tout aussi perdu dans son esprit et que tu sembles avoir fait abstraction de sa présence.
Tu ne te sens pas capable, plus capable, de réfléchir calmement alors que des pensées t'assaillent encore, fantomatiques.

Finalement, après de longues minutes à te trouver en équilibre sur le fil imaginaire de la Conscience qui te retien à la Réalité, en équilibre au dessus du Gouffre, tu sens tes membres s'engourdir.
Se fourmillement remonte le long de ta colonne vertébrale et se propage dans tout ton corps.
Tes yeux se trouvent toujours fermés et tu ne trouverais jamais la force de les rouvrir alors tu les laisses clos. Tes cils se sont désormais entrelacés et le resteront encore.

Si le Sommeil ne voulais pas de toi quelques minutes, heures - tu ne sais plus, tu as perdu toutes notions du Temps depuis bien longtemps déjà - il se pourrait qu'il est changé d'avis.
Ce n'est alors pas le même que d'habitude qui semble te prendre entre ses bras. Celui-ci est moins profond, éparse, comme déchiré. *Comme moi. Comme elle.lui.*

Tu pourrais rester une éternité ainsi, dans le noir, ni heureuse ni malheureuse, perdue dans ton Âme, ton Corps ou ton Esprit. Pas complètement toi mais, paradoxalement, au plus près de toi-même.
Tu resterais ainsi une éternité dans l'ombre de ton existence, le corps à la fois crispé et, paradoxalement, détendu.

Au milieu de la nuit, la Vie semble être devenue une notion abstraite à laquelle tu ne souhaites plus penser alors que ton cerveau t'y ramène sans-cesse.
Tu sembles être entrée dans un état soporifique si intense et particulier en même temps que tu ne l'entenderais sûrement pas partir si iel décidait de quitter la pièce ; cette bulle de Vous et de Questions sur l'Existence.