BRITANNY HUGGINS

JOY WAKBERG

Nouveau cours, nouvel examen. Cette fois c’est Défense Contre les Forces du Mal. Je me dirige vers la salle d’un pas mal assuré. Dernièrement j’ai passé beaucoup de temps à réviser pour mes examens mais ça ne m’empêche pas de stresser un peu. C’est d’une main légèrement tremblante que je pousse la porte. Je me dirige rapidement vers l’une des tables et observe avec curiosité le bout de parchemin posé devant moi. Je sors tranquillement mes affaires et attend le signal de M. Dole.
J’essai de me convaincre qu’il n’y a aucune raison de m’inquiéter, après tout c’est juste un examen et je me suis bien préparée. Dès que le professeur m’invite à le faire, je déroule le parchemin après l’avoir descellé. Dessus figure une simple consigne :

Inventez une situation originale où le sortilège Elasticus pourrait vous permettre de vous défendre contre une attaque.

Je retiens un soupir de soulagement. C’est une épreuve d’imagination. L’exercice ne devrait donc pas me poser problème. J’adore m’imaginer des histoires. Je commence déjà à réfléchir à ce que je pourrais écrire. Dès le top départ je me penche sur mon rouleau de parchemin.
Ma plume gratte le papier tandis que j’écris la situation qui m’est venue à l’esprit. Est-ce qu’elle conviendra à Mr Dole ? Je la trouve plutôt crédible et très originale mais je doute quand même. Et si j’étais complètement à côté de la plaque ? Je fais taire la petite voix dans ma tête qui me pousse à trouver autre chose. Je dois avoir confiance en moi. Seconde après seconde, minute après minute, je surveille le temps qui s’écoule. Plus qu’un quart d’heure. J’ai déjà écris plus de la moitié de ce que je voulais. Il me faut encore dix minutes avant de mettre le point final. Il me reste cinq minutes pour me relire. Je corrige quelques fautes par-ci par-là, vérifie l’orthographe de chaque mot… La fin du temps imparti arrive. La partie théorique de l’examen est terminée. Je rend ma copie et j’attend la suite.

IRENE GATES

Inventez une situation originale où le sortilège Folauris pourrait vous permettre de vous défendre contre une attaque.

Le sortilège Folauris, aussi appelé sortilège de Folloreille, est un sort permettant d'agiter frénétiquement les oreilles de la cible. Ce sortilège qui peut sembler en premier lieu inoffensif et inefficace peut en réalité s'avérer d'un grand secours dans certaines situations. Une de ces situations sera développée ici bas.

Si je me trouvais dans un lieu avec un peu de résonnance acoustique, une grotte ou une salle d'eau par exemple, et que j'étais cachée de mon adversaire, mais qu'il me faudrait m'échapper sans qu'il ne me voit ou sans qu'il ne puisse m'attaquer correctement, je pourrais utiliser le sortilège Folauris. En effet, dans un tel environnement, cela demande une concentration accrue pour savoir à l'oreille où se trouve son adversaire, mais surtout chaque bruit est décuplé, rendant la discrétion pratiquement impossible. Utiliser le sortilège de Folloreille permettrait à la fois de gêner mon adversaire dans son écoute (les oreilles remuent frénétiquement, donc le son est mal redirigé et peut même désorienter l'adversaire, mais également comme elles remuent, cela fait un bruit supplémentaire qui peut potentiellement masquer certains sons) mais également de le déstabiliser, de le déconcentrer : qui n'a jamais été embêté par des spasmes musculaires au visage ? Difficile de l'ignorer et ça agace prodigieusement ! Mon adversaire aurait donc beaucoup plus de mal à me retrouver, même si je bouge et dans le cas où il le ferait quand même, s'il n'a pas prit le temps de se jeter un contre-sort (temps qui m'aurait aussi permis de fuir ou de me cacher autrement), il aura beaucoup de mal à se concentrer assez pour me jeter correctement un sortilège d'attaque (sa concentration et ses émotions seraient mal contrôlées, il pourrait avoir du mal du coup à visualiser correctement l'effet de son sort ou à effectuer une gestuelle complexe) et le mouvement des oreilles pourraient aussi peut-être affecter sa prononciation puisqu'il ne s'entendrait pas forcément correctement parler. Ce qui me laisserait tout le temps qu'il me faut pour fuir ou me déplacer vers une meilleure cachette, avec un risque bien moindre d'être attaquée.

Voilà comment un sortilège aussi "anodin" que Folauris pourrait me permettre de me défendre contre une attaque en milieu résonnant : en déconcentrant mon adversaire et en modifiant son ouïe.

JACOB TRAMONTANE



Quelques gouttes d'Allegrio, un soupçon de Rictussempra et un petit Revigor exécutés n'auraient pas été perdus pour remettre en place la drôle de grimace que Jacob retenait en entrant dans la salle, saluant le professeur du bout des lèvres. Jacob appréhendait, de manière irrationnelle et exagérée, cette épreuve de Défense contre les forces du mal.

Il sentait qu'il appréhendait et il détestait cette sensation qui le mettait en position de faiblesse, la dissimulait. Les mots résonnaient. Il voyait de trop près ce qu'était une "véritable épreuve" où l'on était sur le point de mourir et il était en train de freiner des quatre fers mentalement à l'idée d'y retourner. Il avait déjà expérimenté le "sans défense contre les forces du mal" et il en gardait des cicatrices, au sens propre et figuré.

Il voyait tout à fait ce que Poudlard était capable d'assumer et de laisser passer et ces mots de "véritable épreuve" le faisaient brutalement tiquer. Avant ce qu'il s'était produit, il s'en serait saisi, de ces deux mots, comme d'un défi et serait directement venu les mettre à l'épreuve. Dans l'instant présent où il se les répétait, sa détermination était beaucoup plus froide, un instinct de survie plutôt qu'une envie. Et en plus, Oeil sur le Dominion, il n'avait pas pu "bien réviser".

"L'exercice est simple" Ok. C'est donc officiellement la honte si on le rate. La pression monte dans sa peau. Il a pourtant envie de ne pas le manquer, cet examen. Pour se montrer qu'il y avait quand même quelques raisons de l'envoyer dans le Dominion au-delà du désastre, se le prouver au-delà de tout ce qu'il a pu produire là-bas. C'est idiot de vouloir trouver une raison au choix de l'urne noire autre que *tu feras une bonne victime* mais cela lui ferait du bien de se sentir un peu légitime.

Lorsqu'il ouvre le parchemin, il découvre un mot inconnu. "Folauris". Il le mâche plusieurs fois en pensée comme une guimauve que l'on n'arrive pas à avaler. Rien. L'obscurité. Le sort ne lui évoque rien. Il n'a ni gestuelle ni accentuation à donner. Il s'accroche avec l'opiniâtreté d'un Gryffon pour raconter une situation de folles oreilles. Sent l'examen lui échapper. S'aggripe de toutes ses forces. *Un elfe* La créature aux grandes oreilles de SACM.

Il part dans son récit, renoue avec sa verve, raconte les détails de cette folle aventure de l'elfe qui subit les foudres du sortilège lancé par lui, de ces oreilles qui battent l'air à toute vitesse, dans un bruit de drapeau pliant au vent. Il décrit avec précision les mimiques de l'elfe qui n'entend plus rien que ces battements qui entourent son visage à gauche et à droite, qui a un instant de surprise, un instant d'inaction, l'instant de trop, l'instant fatal qui met à nu et fait tout basculer, l'instant où il est exposé en toute vulnérabilité, l'instant pendant lequel il sent que la situation s'est retournée, que sa magie d'elfe immaîtrisée par le jeune sorcier aurait dû être utilisée mais il n'a pas pu réagir. L'instant de trop où il comprend le sort qui s'est abattu sur lui.

Si les oreilles de Jacob sont intactes, ses bras et ses jambes ont déjà été troués de ronces, la peau arrachée. Souffrir dans sa chair donne une profondeur inouïe, une profondeur sincère à cette façon dont il raconte comment, même avec un sort aussi dérisoire que Folauris, tout peut basculer. On sent dans ce qu'il écrit une opiniâtreté de l'elfe à chercher à survivre à l'humiliation du sort, à garder sa dignité, à contrer l'effet du sort sur les oreilles que Jacob est en train d'imaginer, de déployer, de détailler. On vit le drame du sort en apparence dérisoire, on vit l'histoire.

Son écrit est percutant, écrit à la 1ère personne comme un journal intime relatant une expérience vécue intensément. Ce ne sera pas parfait car la théorie n'est pas là - le cours a-t-il été étudié en fin d'année ?- mais ce sera bouleversant.

Nombre de mots dépassé

ELIAN KERNAC'H

« Regarde papa ! Une fée ! » Ce fut la dernière parole du garçon avant que son doigt tendu vers un Doxy se fasse mordre par ce dernier. Le Doxy n'avait absolument rien d'une fée si on prenait la peine de le regarder à la lumière du jour. Ce fut donc également la dernière fois qu'Elian et son père firent une sortie en forêt à la tombée de la nuit. Une douleur électrique le transperçait de toute part, pourtant la morsure était minuscule. Son père était intervenu immédiatement, le Doxy n'était pas tout seul. Il les faisait fuir aisément avec des sortilèges informulés et Elian se douta que c'était pour crâner un peu, le divertir et le dévier de sa sensation de douleur.
« Prend un antidote dans mon manteau et verse-le tout de suite sur ta plaie. » Combien de fioles son père trimballait sur lui dans les poches intérieures de son manteau, il n'eut pas le temps de compter mais il estima que c'était beaucoup trop. Elian s'exécuta et fut apaisé presque instantanément. Il sortit ensuite sa baguette magique, et réalisa avec elle un léger mouvement de secousse en pointant un Doxy qui avait échappé à l'attention de son père. « Folauris ! » prononça-t-il. Il ressentait une grande envie de se venger pour l'horrible douleur que son confrère lui avait infligé, très concentré derrière son père qui se retournait pour observer ce qu'il faisait. Les petites oreilles du Doxy s'étaient mises à remuer frénétiquement une fois atteint par le sort Folauris. Il avait atterri sur une branche et essayait de les retenir. Le Doxy, visiblement vexé de ne pas arriver à les immobiliser, disparut dans l'obscurité lointaine de la forêt, comme ses congénères. Le père du jeune sorcier arqua un sourcil. « Drôle de façon de se débarrasser d'un Doxy. » Les yeux d'Elian se révulsèrent de surprise : « Tu veux dire que c'était pas des fées ?! »

ENNIS O'BELT

Comme l'ensemble des élèves ayant suivi l'enseignement en Défense contre les Forces du Mal, Ennis s'était installée et avait sorti parchemin, encre et encrier. Devant elle se trouvait le rouleau cacheté contenant le sujet de son examen du jour. Elle inspira longuement quand le professeur Dole indiqua qu'elle pouvait l'ouvrir. Puis elle tendit la main pour faire sauter la cire rouge et lire les quelques mots qui y étaient tracés:

Inventez une situation originale où le sortilège Folauris pourrait vous permettre de vous défendre contre une attaque.

L'adolescente resta interdite devant la consigne. C'était une blague? Elle leva les yeux vers le professeur qui observait la classe. Elle le fixa en se remémorant la conversation qu'ils avaient eu sur le terrain de Quidditch il y avait une semaine à peine. Tout ça pour ça? Sa main droite se crispa sur sa table et ce fut le contact - et le bruit désagréable - de ses ongles sur le bois qui la firent revenir à la réalité. Ses yeux trouvèrent l'horloge, quelques minutes précieuses des trente à sa disposition venaient de s'envoler. Il était temps de se reprendre et de chercher une idée qui tienne le vol en balai.
Folauris était le sortilège qui faisait remuer les oreilles de la cible de manière frénétique. Elle commença donc par écrire cette définition comme postula de départ. Puis il lui fallait exposer une situation où elle se défendrait avec ce sortilège. A part aveugler un elfe de maison, elle ne voyait pas. Mais pourquoi un elfe de maison viendrait l'attaquer? Et elle ne connaissait pas bien les créatures moldues et ne savait pas dans quel cas elle pourrait s'en servir. Elle retint un soupir. Elle allait devoir écrire quelque chose. N'importe quoi. Elle chercha dans sa mémoire pour retrouver des situations indélicate de ces dernières années. Le nom de Daniel Smith s'imposa à elle, et ce jour où il l'avait interpeller devant son copains-crétins alors qu'elle était seul. Là il aurait été utile de faire claquer violemment ses oreilles contre son crâne. Elle inscrivit donc cet exemple sur son parchemin, sans citer qui que ce soit. Une situation où on était moqué, mis mal à l'ais, sans réussir à faire preuve de répartie. Il était alors possible de s'aider du sortilège Folauris, avec un sentiment de revanche afin que l'agitation auriculaire soit vigoureuse. Elle ne savait pas si l'argumentaire qu'elle avait pu avancer serait suffisant. Mais puisque les trente minutes étaient écoulées, elle ne pouvait que rendre son travail et se préparer à la partie pratique.