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07 juil. 2021, 18:53
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— ὄνειρος —

Qui n’a pas essayé comme Icare de voler ?
Pierre Cléon, Le rêve d'Icare

crédit image : Laura H. Rubin



17 JUIN 2046, 20h16
PONT COUVERT, PARC

Alyona, 16 ans



Est-ce qu'Icare a toujours souhaité toucher les nuages ou est-ce une tentation soudainement possible qui s'est offerte à lui et qu'il a saisie ? Icare était-il un Rêveur désireux d'embrasser l'Astre du Jour des yeux comme celui-ci avait tant de fois embrasé sa peau et irisé son regard ? Comment s'est-il envolé pour rejoindre le royaume d'Ouranos ? S'est-il projeté dans l'espace infini comme l'oisillon qui effectue son premier saut dans l'immensité qu'est le vide ? A-t-il juste déployé ses ailes de cire et laissé le vent l'emporter vers les Cieux ? A-t-il pris son élan et poussé la Terre de ses pieds puis étendu ses ailes pour s'approcher de la boule de feu ? Icare a-t-il navigué dans l'Azur sans limites avec les oiseaux, marins de l'Océan céleste ? A-t-il senti la cire chaude couler le long de son corps avant de tomber dans le vide ? A-t-il choisi consciemment de s'approcher un peu plus près de l'Astre brûlant alors qu'il savait que ses ailes le lâcheraient ?
*Si seulement j'pouvais voler comme lui...*

Par Merlin, je pense que je ne posséderai jamais les réponses à ces questions. D'ailleurs, peut-être Icare ne s'est-il pas posé autant de questions avant de prendre son envol. Peut-être s'est-il simplement fait emporter par ses rêves et ses envies sans pouvoir résister. Il m'arrive régulièrement d'être attirée comme Icare par une force plus puissante que moi et que je ne peux pas contrôler. Cette force indomptable et intarissable, j'ai tenté de la repousser de nombreuses semaines cette année ; à vrai dire, elle me terrifie. Sa puissance est telle qu'une fois libérée, elle m'engloutit tout entière dans l'Océan qu'elle représente et me fait chavirer au rythme de ses marées et ses courants. Cette force ne disparaîtra qu'avec moi ; cette force vient de moi. Je suis celle qui tire les ficelles de mon malheur, quelle boucle infernale.
Mes pensées sont terribles ; leurs Vagues m'épuisent de plus en plus, si bien que je finis par les craindre.

Mes avant-bras s'appuient sur la rambarde de bois dans un léger grincement. Au bout de ceux-ci, ma baguette repose sur mes paumes, seules séparations entre elle et l'espace abyssal au-dessus duquel le pont se dresse fièrement. Il suffirait simplement que je délie mes doigts et penche mes mains vers l'avant pour que ma baguette roule et chute dans le vide ; c'est *terrifiant*. Mon regard navigue sur l'Horizon rosissant. L'Astre du Jour ne tardera plus à disparaître, remplacé par la lumière blafarde de l'Œil blanc à moitié dévoré par la nuit. Hélios s'effacera bientôt pour rejoindre sa demeure et laisser Nyx régner sur le Ciel. Il doit rester environ quarante minutes avant que l'obscurité ne s'installe. Je devrai partir avant, la Nuit m'est insupportable et le couvre-feu approche petit à petit. Cependant, je préfère attendre encore un peu ; l'air est si frais le soir et le parc presque vide, c'est doux et agréable.

Je laisse mes pensées me guider vers des routes inconnues et leurs flots m'emporter avec puissance *mais j'sais pas nager !*. L'heure où Hélios s'apprête à disparaître est propice aux rêveries. Les regards se perdent dans l'Horizon coloré, entrainant les esprits et les pensées bien plus loin que les yeux ne peuvent voir. J'aime donner à mes réflexions cette possibilité de m'attirer ailleurs ; c'est tellement séduisant comme sensation, séduisant mais également douloureux. Parfois, l'Ailleurs n'est pas ce que j'espérais et je me retrouve prise au piège là-bas sans aucun moyen pour m'échapper. Prise au piège par ses pensées, c'est effrayant, non ? Moi, je trouve cela terrible. Découvrir que le chemin que mes réflexions prennent est dangereux et glissant n'est pas agréable. Je n'aime pas les surprises de ce genre. Pourtant, m'échapper du moment présent grâce à mes pensées, c'est fichtrement passionnant et tentant. Je ne peux pas résister à cette attraction.
Alors, je me laisse emporter vers cet Inconnu intriguant.

Les yeux clos pour me concentrer sur mes ressentis, je laisse l'air s'infiltrer dans mes poumons avec douceur. L'air est le Voyageur, tantôt inspiré, tantôt expiré, il traverse les frontières, quelles qu'elles soient, s'infiltre partout ou il le peut, caresse les peaux chaudes de vie, franchit les sommets les plus hauts et entraîne avec lui les Acrobates du Ciel, marins de l'océan céleste. Qu'il est agréable, ce Voyageur, qu'il est doux. Pourrai-je un jour le suivre dans ses périples ? Pourra-t-il m'emporter avec lui, au-delà des frontières, bien loin des problèmes et des Hommes brisés et violents ? Merlin, je donnerai tout ce que j'ai pour qu'il m'emmène ! *Même la Magie ?* Mes pensées me font douter un instant. Mais oui, s'il le faut, j'abandonnerai ce que j'ai de plus précieux pour voler avec de grandes ailes comme les oiseaux. Même mes amitiés ? mes rencontres ? les sourires de ceux à qui je tiens ? Ma conscience revient à la charge et je tangue dangereusement sur mon Océan de pensées. Abandonnerai-je vraiment tout pour un instant dans le ciel ? Et me revient alors, vicieusement, l'envie ― comme si c'était encore possible ― de devenir Animagus. Grand-mère m'avait pourtant bien expliqué pourquoi je ne pouvais pas choisir de l'être. « Les Animagi se transformant en un animal ailé sont très rares. » Je serais déçue, ajoutait-elle. Elle avait également peur que je passe trop de temps dans ma forme Animagus et qu'elle me perde. Mais moi, je n'avais pas peur de tout cela. Enfin, peut-être un peu *beaucoup*. Mais ma peur disparaissait quand je regardais le ciel. Qui peut avoir peur de quoi que ce soit quand son regard est plongé dans cet Azur infini ? Je ne crains rien, moi, quand le Ciel veille sur moi. *Mais si seulement j'pouvais naviguer avec lui...*

J'ouvre de nouveau les yeux et un léger soupir m'échappe. Mes rêves sont le terrain le plus glissant sur lequel mes pensées peuvent m'emmener.


Plume d'@Ivy Mercer, en espérant que ce premier Pas t'inspire :cute:.

#466962Étudiante à l'Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques — spécialité botanique

08 juil. 2021, 11:21
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17 juin 2046,
Aux alentours de 20h30,
Pont couvert


L'amour qui déborde de moi,
Qui dit tu n'es pas comme les autres

~ Grandiose, Pomme


Le bruit que produisaient les semelles de mes chaussures dans les couloirs allaient de pair avec les battements de mon cœur. J’essayais de marcher rapidement, tout en ne courant pas, pour éviter d’attirer les regards. *Vite, plus vite* Je sortis du château les sourcils froncés sous la détermination qui me poussait à agir ainsi. Je m’arrêtai à quelques pas d’un grand arbre, contemplant les nuages rosis par la lumière du Soleil déclinant se déplacer lentement, sereins, comme s’ils étaient sûrs que leur destination était la bonne. Je les enviais pour leur sérénité : je n’étais jamais aussi calme et posée qu’eux. Je me remis rapidement en route, laissant mes jambes me guider.

*Vite, vite* Je m’avançai vers le Pont Couvert, endroit où je n’avais été que très rarement. Je m’approchai du bord et soupirai de soulagement en voyant la Relève de la Nuit juste au-dessus de l’horizon. *Fallait pas qu’je manque ça* Je m’appuyai contre la balustrade, épuisée par ma course. Le ciel était d’une couleur semblable à celle du sang, à croire que les étoiles s’étaient blessées. Fallait-il les soigner ? Les humains parlaient toujours d’eux et de leurs malheurs, sans jamais penser à ceux qui les entouraient. Ou peut-être que si ? Peut-être que les fusées servaient à soigner les astres ? Je n’y croyais pas. Les journaux étaient tous clairs : les fusées serviraient à aller conquérir d’autres terres, aller détruire d’autres planètes. Nous avions déjà détruit la Terre, alors à quoi bon chercher une autre maison ? L’être humain allait-il détruire une à une toutes les planètes habitables de l’Univers ? Je remarquai que mes ongles s’étaient retrouvés sous mes dents et les retirai rapidement, pouvant presque entendre maman me faire la remarque.

À une vingtaine de mètres de moi, se tenait une rousse, regardant, l’air pensive, le ciel. Je l’avais déjà croisée dans la Tour de Serdaigle, mais son prénom m’était inconnu. Mes jambes – qui, jusqu’alors, n’avaient pas voulu bouger – agirent d’elles mêmes, me menant vers cette Bleue. Peut-être avait-elle une réponse à mes questions ? Je m’arrêtai pas très loin de cette rousse et fixai le précipice qui s’offrait sous le pont *Un peu haut*

Comment on soigne les étoiles ? demandai-je d’une petite voix pensive.

Je relevai les yeux vers le ciel aux couleurs chaudes, ne voulant pas croiser son regard. Peut-être allait-elle trouver ma question débile, ou à la réponse évidente ? Ou peut-être me prendre pour une folle ? Combien de personnes à qui j’avais déjà adressé la parole avaient déjà douté de ma santé mentale ? Assez pour que j’en doute moi-même. Après tout, qu’était-ce, être folle ? À quoi cela me servirait-il de le savoir ? Ce n’était qu’une étiquette en plus que l’on collait aux personnes différentes. J’étais différente, alors ? *Ivy la folle, Ivy la différente, d’façon j’suis juste vivante* J’étais une petite fille qui se posait trop de questions, qui pensait trop. Mais la pensée et le questionnement étaient mes libertés, les piliers qui me tenaient debout. Je n’aurais pas pu vivre seule comme j’aimais rester, et sans penser. J’étais sûrement différente de ceux qui riaient et jouaient en groupe, mais semblable à l’espère humaine. Je n’avais pas à être fière de cette similitude, au vu de toutes les horreurs causées à la Nature par les êtres humains. Je soupirai intérieurement, les yeux fixant toujours l’étoile rouge si lointaine, si inaccessible qu’était le Soleil.

Merci pour ton magnifique pas, il m'a beaucoup inspirée :wise:
En espérant que mon pas te plaise :cute:

#457898 · 4ème année RP

02 sept. 2021, 21:26
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Sans le souhaiter, je ne peux m'empêcher d'imaginer pendant un instant ce que cela me ferait d'avoir des ailes. Quelles sensations nouvelles ressentirais-je ? Est-ce lourd à porter, des ailes de plumes ? Si oui, cela aurait-il des conséquences sur ma colonne vertébrale ? Aurais-je mal au dos pendant quelques jours ? Est-ce que je sentirais les muscles de mes ailes et pourrais les bouger, comme je bouge mes doigts ? Est-ce que la perception du vent sur des plumes est différente de celle du ventt sur de la peau ? Devrai-je changer ma façon de me déplacer et me réhabituer à ma place dans l'espace ? Mon équilibre serait-il différent ? Pourrais-je voler aussi haut que je le souhaite sans être arrêtée par un quelconque obstacle comme le froid ou le manque d'oxygène ? Est-ce que la présence d'ailes sur mon dos m'apporterait vraiment cette sensation de liberté dont je rêve tant ? Ne serait-ce pas un poids pour ceux qui m'aiment ? Oh ! Pourrais-je aller vite et concurrencer les balais si je m'entraîne ? Mes ailes seraient-elles plus grandes que celles d'un Abraxan ou que celles d'un Hippogriffe ? Et est-ce que...
Et je rêve, et je rêve, et je rêve, à croire que tout se limite à cela et que mes pensées ne resteront à jamais que des rêves sans avenir. Mes désirs sont des espoirs qui n'ont de futur que celui que mon imagination leur offre. Ils ne se réaliseront et ne disparaîtront jamais, c'est ce qui les rend si douloureux. On enferme mes espérances dans une boîte qu'on secoue dans tous les sens sans jamais l'ouvrir. Et moi, je laisse mes pensées rivées sur mes espoirs en priant pour qu'un jour, ils puissent connaître un avenir en dehors de leur boîte. Tiens, c'est *encore un rêve*. Je tourne en rond finalement.

De mes doigts je fais rouler ma baguette sur mes paumes, appréciant en silence son bois, son poids et les possibilités qu'elle m'offre. Pourtant, même avec cet objet si précieux à mes yeux, que je sois une sorcière puissante ou que ma baguette soit celle de sureau, je ne peux pas me faire pousser des ailes. Lorsque je parle de mes rêves à ceux que j'aime, ils me regardent étrangement, comme si j'étais stupide ou juste irréaliste. Une fois, Grand-Mère a essayé de m'expliquer pourquoi les gens ne prenaient pas au sérieux mes désirs. « Ce sont des rêves d'enfant, des rêves difficiles à réaliser », disait-elle avec une douce lenteur, comme si elle pensait que j'étais toujours une gamine pour espérer cela. Je sais que ce sont des rêves irréalisables et que les gens de mon âge, bien plus matures, auraient oublié ces idées-là ; mais moi je ne peux pas, c'est trop compliqué, je ne connais pas le moyen qui permet de sortir de telles envies de mon crâne. Alors, peut-être suis-je condamnée à rêver sans jamais voir mes espérances devenir réalité. Terribles pensées.

Je suis tirée de mes songes par une voix. J'ai entendu les pas de la fille mais n'ai pas prêté attention au fait qu'elle se soit arrêtée à mes côtés. Ses paroles me surprennent. Elle souhaite soigner les étoiles ? L'espoir grandit subitement en moi, chassant au passage mes rêveries. Elle aussi pense que les étoiles ne sont que des points lumineux qui hypnotisent les gens pour que ceux-ci les aiment ? Elle aussi trouve que les étoiles sont des voleuses de cœurs et de temps qui poussent les autres à tout faire pour elles ? Elle aussi croit que les astres n'ont rien de particulier et rien d'important et qu'ils ne sont que de petits point lumineux dans le ciel ? Est-ce pour cela qu'elle veut les soigner ? Elle souhaite soigner les étoiles afin que celles-ci deviennent gentilles et insignifiantes ?
Mais, peut-on vraiment soigner les étoiles ?

Je fronce les sourcils. Aucun sortilège n'est capable d'un tel résultat, surtout sur des choses si lointaines. Alors, cela veut-il dire que les étoiles resteront à jamais mauvaises et qu'il n'existe aucun moyen pour effacer leur malsanité ou pour les faire disparaître ? Alors, les étoiles sont comme mes rêves, sauf que mes rêves sont désirés. C'est une bien curieuse ressemblance, j'aurais aimé qu'elle n'existe pas. J'aime mes rêves, les étoiles je les déteste. Elles m'ont pris ce dont j'avais besoin au moment où j'en avais le plus besoin. Elles ne peuvent pas m'aider comme la Rouge de décembre* semblait le croire. Peut-être qu'en fin de compte, ce sont les étoiles qui ont besoin qu'on les sauve de leur propre méchanceté. Cependant, nous ne le pouvons pas. Elles ne le méritent pas et aucun sort ne peut nous permettre de le faire. *Tant mieux alors* Mon coeur baigne dans ma rancœur.

« On ne peut pas les soigner. Elles sont trop lointaines et ne méritent pas qu'on s'intéresse à elles. » Ma voix n'est qu'un murmure, comme si je craignais de l'élever et de réveiller Hélios par la même occasion. D'ailleurs, le Soleil et les étoiles brillent dans le même ciel. Pourtant, les *maudites* étoiles sont malsaines alors que l'Astre-du-Jour n'est que douceur et douleur. La Nuit sombre a-t-elle souillé les astres pour qu'ils deviennent si mauvais ? Oh, ce ne serait pas surprenant, le Noir a cette capacité étrange de tout bouleverser quand il le souhaite. Est-ce pour cela qu'il me fait si peur ?

Je préfère chasser la couleur de mon esprit pour me concentrer sur les teintes qui s'offrent à moi. Je n'observe que rarement les couchers du Soleil, préférant l'aube et sa douceur. Peut-être devrai-je m'intéresser également à l'heure où l'Astre-du-Jour plonge vers l'Horizon ; les sensations sont presque semblables à celles que je ressens quand l'aurore arrive et les teintes sont tout aussi jolies. Alors, je devrai certainement profiter d'un tel moment plus régulièrement.


Hmm. C'est en écrivant de tels textes que je me rends compte qu'Aly est parfois vraiment étrange.

Ton Pas m'a beaucoup plu, Plume. Et merci pour cette musique si belle.
Dernière modification par Alyona Farrow le 04 déc. 2022, 11:59, modifié 3 fois.

#466962Étudiante à l'Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques — spécialité botanique

04 sept. 2021, 13:42
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Que Soleil était beau.
Ou du moins, sa lumière l’était.
Lumière qui déclinait rapidement :
Bientôt, le Ciel laisserait apparaître d’autres étoiles.
Des étoiles qui – peut-être – illuminaient elles aussi des Vivants.
Aucune beauté ne pouvait défier celle du coucher de Soleil.
Beauté immortelle.
Chacun de ses couchers était différent,
Éblouissant ainsi nos yeux.
Chaque soir, il arrivait à disparaître avec panache,
Laissant derrière lui les yeux ébahis des À-peine-nés,
Laissant indifférents ceux dont son manège répétitif était devenu lassant.
Aurais-je un jour tellement vu Soleil se coucher que je ne prêterais plus attention à lui ?
Serais-je un jour assez vieille pour me rappeler sa beauté,
À quel point la Nature était belle,
À quel point passer devant cette merveille sans lever les yeux était aberrant ?
Les Humains cherchaient des merveilles sur leur Terre,
Mais n’étaient-ils pas capables de voir la beauté si lointaine de leur quotidien ?
La beauté était-elle donc une chose qui sortait de l’ordinaire ?
Fallait-il voir une fois dans sa vie le coucher de Soleil pour remarquer sa beauté ?
Il faudrait bander les yeux des Humains toute leur vie,
Et leur faire découvrir qu’une fois âgés la beauté du monde qui les entourait.
Il faudrait vivre dans le silence pour remarquer la beauté des sons qui nous entouraient.
Il faudrait vivre seul pour voir la beauté des autres.
Il fallait retirer ce que la Nature nous avait généreusement offert
Pour la comprendre.
Pour la voir.
Pour se rendre compte que l’on ne cherchait pas au bon endroit.

Je fixai ce ciel rosé,
Me demandant combien d’étoiles, de planètes, de galaxies,
Pouvaient se cacher derrière cette lumière aveuglante qu’était celle de Soleil.
J’avais bien vu des photos de personnes qui avaient passé leur journée
À attendre le coucher,
Pour le prendre en photo.
Pour l’immortaliser.
Peut-être ces personnes avaient-elles compris
Que la beauté se trouvait dans notre quotidien ?
Et peut-être voulaient-elles l’exprimer à ceux dont les yeux
Passaient au-dessus de tout ça.
Au-dessus de cette beauté.
À ceux dont la définition de beauté était :
Qui sortait du quotidien.

« Pourquoi elles le mériteraient pas ? »


Fallait-il mériter pour être soigné ?
Ne pouvait-on pas offrir des soins à une personne dont l’histoire et le caractère nous était inconnu ?
Peut importait ses origines, les langues qu’elle parlait, les raisons pour lesquelles elle avait besoin de soins,
Une personne méritait d’être soignée.
Pouvait-on se permettre d’empêcher des soins d’être pratiqués sur une personne
À cause d’une différence ?
D’une rancune personnelle ?
De tout autre argument ?
Non.
Nous étions tous humains,
Nous avions tous un cœur humain,
Une vie humaine,
Une Âme humaine.
Nous méritions tous la vie.
Nous étions nés pour vivre,
Et non pour souffrir,
Subir le martyr des autres,
Subir la discrimination.
Nous devions vivre en société,
Nous soutenir les uns les autres,
Être une famille unie,
Pour les générations futures,
Pour que les étoiles aillent mieux.
Qu’elles comprennent que nous avions remarqué leur beauté,
Nous l’avions contemplée,
Et que nous avions compris
Que le Vie n’avait pas de mérites.

J'espère que le changement de style ne te dérange pas :sweatingbullets:

#457898 · 4ème année RP

24 oct. 2021, 18:22
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Et l'or se mêle aux roses qui s'entremêlent à leur tour aux bleus. Le ciel est une œuvre d'art peinte par la Nature et sa beauté me laisse bouche bée. Ses couleurs resplendissent et tournoient au-dessus de nos crânes, valse endiablée des teintes amoureuses. Elles ondulent doucement, tachées par les nuages colorés qui continuent à emprunter ce chemin infini, naviguant aux rythmes du courant céleste. Elles n'ont ni frontières, ni contours, ni limites ; pays de lumière et de différence. Chaque regard que nous posons sur elles est un nouveau, chaque parcelle observée n'est pas comme la précédente. Le Ciel est diversité, mon Ciel est majestueux. Mes yeux se perdent dans cet espace sans fin, se nourrissant de chaque sensation avec bonheur *un jour je naviguerai dans ces mélanges époustouflants*, mélomane écoutant les notes, lecteur avide dévorant les mots. Je me plonge presque entièrement dans cette vision onirique, seule une infime part de moi reste au bord de mon regard, a conscience de mes doigts posés sur la rambarde de bois, de la présence de l'inconnue à mes côtés et de la fraîcheur vespérale qui caresse mon visage. Les Hespérides étendent leur robe flamboyante sur le royaume d'Ouranos. C'est ravissant ; je m'émerveille.

Cependant, alors que je suis éblouie par la beauté du Ciel, mes pensées restent comme attachées aux étoiles dont l'Inconnue est venue me parler. Y a-t-il un fil qui relie mes pensées aux étoiles ? Une sorte de lien *affreux* que je ne peux m'empêcher de suivre et qui m'emmène vers ces petits points lumineux que tout le monde aime ? Mais pourquoi l'inconnue a-t-elle choisi de me parler à moi de ces monstruosités qui n'ont rien de comparable avec l'Azur ? Je ne veux pas penser à elles, Merlin ! Est-ce si compliqué à comprendre ? Elles sont déjà bien trop présentes dans les yeux des gens, dans leurs pensées, dans leurs rêves, dans leurs passions ; Maman et Papa s'apprêtent sûrement à les regarder à cet instant-ci. Alors, pourquoi faire en sorte qu'elles s'immiscent également dans mes réflexions ? Pourquoi discuter d'elles, par dessus tout ? Elles sont partout bien trop nombreuses, aussi terribles que mes pensées, aussi laides que mes terreurs, aussi pleines d'espoirs que mes rêves. Et dire que la grande Nyx prête à faire son apparition petit à petit les apportera avec elles ! Les gens sont-ils si stupides pour croire qu'elles sont de jolies petites choses au loin qui brillent comme des Lumières ? Elles n'ont rien de semblable aux Phares, elles ne sont que des Mensonges. Les étoiles sont voleuses, hypocrites, trompeuses, sournoises et fausses. Qui donc peut croire que des symboles d'espoir se situent au coeur de l'immense Noir ? Qui peut croire en leur Bonté ? Doux Merlin, ouvrez les yeux ! Ne voyez-vous pas leur Noirceur derrière leurs Apparences ? Ne voyez-vous pas leurs tromperies ? Les autres sont aveugles, les étoiles sont des vélanes, des artifices et des mascarades. Suis-je donc la seule à les apercevoir comme elles sont vraiment ? Suis-je la seule à voir derrière leur masque leurs sombres vices ?
Par Circé, me voici en colère !

Je secoue la tête de droite à gauche, espérant me détacher de ce lien néfaste qui relie mes pensées à ces *maudits* points lumineux. Il faut que je respire et que je me calme ; les étoiles n'ont pas le droit de me mettre ainsi en colère. Je suis insensible à leurs charmes et à leurs effets. Elles ne sont rien, ces fausses lumières, *rien du tout*. Jamais elles ne parviendront à faire naître en moi une quelconque rancœur contre la Bleue à mes côtés et ses paroles. Je couvre les braises de ma colère avant de les voir devenir incendie. L'inconnue n'a peut-être pas encore pris conscience que les astres portent tous des masques bien jolis qu'il faut savoir retirer, elle ne les a pas encore perçu. Peut-être pourrais-je l'aider à comprendre ? lui offrir mon savoir et ce que j'ai appris ? lui montrer qui les étoiles sont vraiment et ce qu'elles peuvent faire ? lui donner la Vérité ? Enfin ! à quoi bon ? Peut-être restera-t-elle enfermée dans ses croyances comme la Blonde qui semblait tout droit descendue des astres. Peut-être me rira-t-elle au visage, comme si j'étais l'inconsciente de cette histoire. Non, je ne veux pas essayer de convaincre une nouvelle personne, tout cela est bien trop vain.

Je recule de quelques pas et glisse ma baguette dans ma poche. Je pose mes yeux sur l'autre élève pour l'observer un peu mieux. Après tout, celle-ci n'a jamais dit qu'elle aimait les étoiles, elle m'a juste demandé comment les soigner et pourquoi ne le méritaient-elles pas. Merlin, le Ciel est d'une beauté époustouflante et le moment d'une douceur inouïe, pourquoi tout gâcher en parlant des étoiles ? Je laisse un petit soupir s'échapper hors de ma poitrine. « Ne parlons pas des étoiles, s'il-te-plaît. » Je tourne ma tête vers le sol et mes cheveux roux viennent glisser devant mon visage. Peut-être l'inconnue a-t-elle raison. Peut-être que les étoiles peuvent être sauvées. Alors, suis-je trop pleine de colère pour leur refuser la douceur d'une guérison ? Suis-je trop rancunière, trop emplie par ma haine ? Est-ce que les médicomages peuvent refuser de soigner des personnes simplement parce qu'ils ne les aiment pas ? *Non*, ce serait d'un égoïsme ! Suis-je donc égoïste ? Ne l'ai-je pas été quand j'ai mis mon nom dans l'urne et ai fermé les yeux sur la douleur que cela pouvait produire pour ceux qui m'aiment ? Ne le suis-je pas quand je refuse de partir pêcher avec mon père parce que l'eau si proche de moi me fait peur ? Peut-être, oui. Peut-être suis-je égoïste finalement. Une grande égoïste qui préfère croire qu'elle est généreuse et attentionnée ! Ah ! Terribles étoiles qui remuent l'Océan dans mon crâne.

Je rejette brusquement ma tête en arrière et plonge mon regard dans celui de la Bleue. Mes mains viennent chercher la rambarde de bois pour la serrer bien fort. Un sourire fragile vient naviguer gauchement sur mon visage. « Je t'en prie, parlons d'autre chose. »


Oh non, cela ne me dérange pas ! Écris comme les Mots te viennent, c'est le principal.

#466962Étudiante à l'Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques — spécialité botanique

07 nov. 2021, 16:16
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Un océan rosé recouvrait nos têtes, le Soleil allait bientôt disparaître. J’aurais aimé pouvoir arrêter le temps, le capturer pour retenir l’astre dans sa fuite. J’aurais aimé pouvoir panser les plaies du ciel, le rassurer, lui dire que tout irait bien. Mais hélas, mes désirs ne pouvaient pas prendre vie ; ils resteraient toujours des rêves, des montagnes inatteignables, des idées floues que le temps balaierait bien rapidement. Lorsque j’y pensais, je me disais que la Nature n’avait créé que des idées éphémères ; les Vivants perdaient vie, les Non-vivants disparaissaient. Pourquoi offrir un travail si exténuant si, au final, il était détruit ? Mes questions m’encombraient l’esprit, je n’arrivais plus à penser, à trouver de réponse à mon questionnement. Je restais sans solution, démunie face à la réalité que je ne comprenais pas.

Ses yeux se plongèrent dans les miens sans que je ne m'y attende. Je ne savais pas vraiment comment réagir : que se passait-il dans la tête de la rousse ? Peut-être était-ce elle qui blessait les étoiles ? Après tout, elle n’avait pas l’air de les porter dans son cœur. Ou bien peut-être le ciel lui avait-il fait souffrir pour qu’elle le repousse ainsi ? Je n’étais sûre que d’une chose :

T’as mal.

Je fronçai les sourcils et contemplai la lumière déclinante du soir ; allions-nous dépasser le couvre-feu ? Je chassai vite cette pensée : il n’était pas nécessaire de s’inquiéter pour des détails mineurs. Il fallait que je dise quelque chose, je le sentais. Mais je ne savais pas quoi, j’étais à court de mots. Ils s’étaient évaporés, comme si je n’avais jamais appris à parler de ma vie, comme si j’étais devenue muette. Je me sentais bête, plantée là à contempler un ciel éphémère, demandant de l’aide à une personne qui en avait visiblement besoin. J’avais envie de m’enfuir en courant, mais je savais que tôt ou tard, je finirais bien par croiser cette rousse. Pourquoi m’étais-je dirigée vers elle ? Ne savais-je donc pas faire autre chose que m’attirer des ennuis ?

C’est… C’est le ciel qui t’fait mal ? demandai-je finalement, cherchant les yeux de la rousse.

Si tel était le cas, elle devait vivre une existence bien triste : croiser le chemin d’un ennemi tous les jours, toutes les nuits, et même dans ses rêves, peut-être, devait être douloureux. J’admirais cette grande rousse, elle me semblait si forte, si courageuse ainsi dressée devant la colère, la souffrance, peut-être même la haine. Pouvait-on rester dressé, même un poids écrasant posé sur les épaules ? Non, évidemment, on finirait par céder. Pourquoi la Nature ne nous avait pas fourni de forces inépuisables ? Peut-être connaissait-elle le tempérament humain, peut-être savait-elle que nous abuserions de nos forces pour semer le mal partout. Je ne comprenais pas pourquoi elle avait créé l’âme humaine en assemblant cruauté et douceur, deux opposés créant un mélange bien étrange. Un mélange que le ciel reflétait sublimement : parfois bleu, parfois rouge, par ici rose, et tant de couleurs que nous ne distinguions sans doute pas.

Sincèrement désolée pour ce temps de réponse :ermm:
Ivy semble réviser sa palette de peinture :lol:

#457898 · 4ème année RP

26 déc. 2021, 12:00
Dernières lueurs  + 
Ma colère est constituée de braises ; remuez-les et tout s'enflamme, couvrez-les et elles s'éteignent — mais pour combien de temps ?
Elles brûlent dans mes veines. Je sens leur chaleur si proche de se propager partout dans mes pensées, je sens la menace qu'elles représentent et ressens l'envie qui me pousse à les remuer. Je lutte contre mes souhaits car je sais très bien que remuer les braises de ma colère ne mènera à rien. Je ne veux pas m'énerver, et encore moins contre cette Inconnue, sous les rayons éblouissants du Soleil. Lutter est difficile. Il faut enfermer cette vieille colère à double tour dans mon cœur pour qu'elle ne s'en échappe pas. J'ai peur de la tempête tapie sous mes veines, elle me pousse souvent à faire et à penser des choses que je ne veux pas. Lorsque je suis en colère, j'ai l'impression de ne plus pouvoir me contrôler et réfléchir ; je deviens complètement irraisonnable. Je ne suis alors guidée que par l'incendie dans ma poitrine qui menace d'exploser hors de mon corps pour projeter ses étincelles tout autour de moi. M'énerver m'inquiète, cela me pousse à ressentir des émotions si puissantes qu'elles me bouleversent. Je me retrouve enfermée avec elles et elles me contraignent à m'enivrer de leurs élans incontrôlables. Je ne sais même pas contre qui ou contre quoi je suis irritée. Est-ce contre les étoiles qui brillent comme des bougies et trompent les gens avec cette apparence attirante ? Suis-je courroucée à cause de mes vieux souvenirs qui cherchent absolument à remonter à la surface ? À moins que ce ne soit contre Maman et Papa qui aiment tant les étoiles ? Et si, finalement, c'était contre moi-même que j'étais en colère ? Je traîne cette même rancœur contre les astres depuis presque dix ans, jamais elle ne me lâche, jamais elle ne disparaît. Elle semble ancrée sous ma peau et dans mon crâne. S'en ira-t-elle un jour ? S'éteindra-t-elle petit à p...

« T'as mal. »

Je m'écrase brusquement contre ses yeux châtains. J'ai mal. Ai-je mal ? Sa question m'a prise au dépourvue, si bien que mes pensées se retrouvent toutes désordonnées. Pourquoi dit-elle que j'ai mal ? Une autre question s'immisce dans mon esprit : a-t-elle raison ?
Je prends une grande inspiration et détache mes yeux des siens. Je bouscule mes pensées pour pouvoir réfléchir plus calmement. Mon regard vient s'écraser sans bruit contre l'horizon. Puis, je plonge en moi à la recherche d'informations.

Pourquoi m'a-t-elle dit cela comme si elle en était certaine ? Je n'ai pas... Je déglutis péniblement. Il est vrai que je ressens une sorte de douleur quand je pense aux étoiles ; la douleur d'une gamine qui revoit ses parents et leurs yeux lumineux quand ils regardent les astres. Mais, ai-je vraiment mal ? Merlin ! Je n'en sais rien, c'est si flou dans mon esprit. Mais peut-être a-t-elle raison. Je sens une sorte d'élancement dans ma poitrine quand je pense aux étoiles et à mes parents. Je ne sais pas si cette douleur est due à la colère que toutes ces pensées remuent en moi ou aux souvenirs et aux images qui s'éveillent dans mon crâne. C'est tellement étrange ! Pourtant, je ne veux pas que cette inconnue ait raison. Je n'ai pas envie qu'elle sache que j'ai un peu mal au fond, *même si elle l'a déjà deviné*. Je préfère nier tout cela et *mentir*.
Oh, par Circé, n'ai-je pas été claire lorsque je lui ai dit que je ne voulais plus parler des étoiles ? Elle fait s'entrechoquer toutes mes pensées avec ses paroles, mais moi je ne veux pas penser à tout cela !

Je tourne brusquement ma tête au moment où d'autres paroles sortent de la bouche de l'inconnue. Je ne les assimile qu'à peine et ne me pose aucune question. Je suis chargée de ma colère et de mon déni que je porte pour me protéger de ma propre douleur. Je ne veux pas qu'elle sache tout cela et je ne veux pas répondre à sa question. Ne se sent-elle pas un peu trop indiscrète à me demander de telles choses ? *Est-ce qu'Ashley ressentait également ce type de colère quand je voulais l'aider ?* Merde, je ne souhaite pas non plus penser à ce moment. Que faut-il faire pour cesser de réfléchir ? Mon crâne me fait mal en me bouleversant ainsi.

« Le Ciel ne pourra jamais me faire mal, il est plus doux que le murmure du vent et plus beau que la plus jolie des mélodies. » *Et je n'ai absolument pas mal*, n'est-ce pas ? « En plus je n'ai pas... Je n'ai pas mal. » Je me dresse et m'enveloppe dans mon déni. Elle ne me connaît pas et mon visage n'est pas un livre qu'on peut lire si facilement. Elle ne peut que se tromper, c'est évident. Je n'ose tâter mon cœur de peur de m'enfoncer dans mon mensonge.

La colère s'est calmée mais elle brûle toujours sous ma peau. Pourquoi toutes ces questions ? Pourquoi cette discussion sur les étoiles ? Pourquoi les souvenirs de cet échange avec Ashley me semblent-ils si similaires à ce dialogue ? Ce n'est qu'une illusion. Cette inconnue veut juste me déstabiliser. Mais pourquoi, par Merlin ? Je me redresse dans ma colère et mon déni, grandissant sur mes incertitudes.

« Pourquoi tu m'poses toutes ces questions ? » Es-tu là pour me pousser dans mes retranchements ? Cherches-tu à ce que je brûle de colère ? Veux-tu que je t'explique pourquoi je n'aime pas les étoiles ? Que souhaites-tu, inconnue ? Je ne veux répondre à aucune question ce soir.


Joyeux Noël en retard :cute: ! Je ne suis pas certaine qu'une Aly à moitié en colère soit un superbe cadeau mais bon...

#466962Étudiante à l'Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques — spécialité botanique

21 janv. 2022, 15:35
Dernières lueurs  + 
L’astre solaire se décida finalement à se cacher, laissant derrière lui une rivière de sang. Déjà, je pouvais apercevoir un point scintillant, naissant après la mort de celui qui le cachait. Chaque jour, le même scénario se produisait : Soleil renaissait de ses cendres, tel un Phoenix, recouvrant de sa lumière le ciel étoilé de la nuit. En cet instant, je me rendis compte d’à quel point j’aimais la nuit. Elle m’offrait une tout autre personne, une sorte de deuxième âme libre comme le vent, une âme qui ne craignait pas les flammes des Enfers. J’aimais la fraîcheur qu’offrait la relève du Jour, j’aimais son ciel sombre constellé de rêves que nous n’atteindrions jamais. Mais plus que tout, j’aimais cette mort lente du Jour, le départ de Soleil vers un autre monde.

Tant mieux alors, j’avais cru…, murmurai-je comme pour moi-même.

*Tes yeux crient ta douleur* Ses iris parlaient comme une bouche humaine ; ou peut-être me trompais-je complètement ? Peut-être que la Rousse n’avait pas mal, peut-être que les étoiles non plus, peut-être même que tout ce que je croyais voir n’était en fait que le fruit de mon imagination ? Pourquoi pas, après tout : je croyais que tout était possible, m’imaginer vivre dans un monde que je ne pouvais voir ne me semblait pas extravaguant.

Bientôt, un deuxième astre attira mon regard. Papa disait qu’il fallait empêcher la lumière d’atteindre nos yeux pendant quelque temps avant d’avoir la chance de voir le ciel couvert d’une multitude de petites lumières. Le petit village dans lequel j’habitais ne comportant pas de grandes sources de lumière, notre ciel nocturne était toujours bien rempli. Maman me racontait qu’il y avait très longtemps, un voleur d’étoiles parcourait les cieux pour remplir un grand sac d’astres, pour ensuite les revendre aux Humains qui se les appropriaient et faisaient briller de mille feux d’abord leurs propriétés, puis eux-mêmes, en se collant des étoiles à la peau. Je me souviens qu’elle me racontait qu’une petite fille en avait assez de voir les astres finir aux oreilles des Grandes Dames, et qu’elle avait libéré les étoiles du sac du voleur, et qu’ainsi étaient apparues les étoiles dans le ciel. Parfois, Maman me disait qu’un jour, moi aussi, je libérerais un trésor des mains de voleurs, et j’y avais toujours cru, certaine que Légendes et Réalité se confondaient au bout du chemin.

L’inconnue me posa une question à son tour, mais, contrairement à elle, je n’en connaissais pas la réponse. Qu’est-ce qui m’avait poussée à venir lui demander des solutions à mon questionnement ? Je n’en savais rien. Peut-être que si elle n’avait pas été là, j’aurais gardé mes questions pour moi ? Mais pourquoi donc continuais-je à m’enfoncer dans les points d’interrogation ? Je répondis, bafouillant :

Euh… Pour savoir, j’crois. ‘Fin j’me pose trop d’questions et j’arrive pas à trouver de réponses.

J’espérais que ces paroles sauraient convaincre la Grande, qu’elle ne me demanderait plus rien. Était-il temps pour moi de m’éclipser ? Non, il fallait que je reste, au moins pour sentir la Nuit monter, même si je devais enfreindre le couvre-feu pour cela. À Serdaigle, nous avions un joli ciel étoilé, mais je ne l’aimais pas beaucoup. Il me semblait faux, irréel, tandis que celui que j’aurais bientôt sous les yeux remuait quelque chose au fond de moi.

Excuse-moi ce retard effroyable :worried:
Ce post me porte à croire que j'aime les 5 :grin:

#457898 · 4ème année RP

06 mars 2022, 11:02
Dernières lueurs  + 
Suis-je une mauvaise personne ? Les bonnes personnes savent se maîtriser, elles ne se font pas envahir par la colère à cause des étoiles, elles connaissent le secret de la retenue et de la sincérité, quoi qu'elles fassent, les bonnes personnes semblent toujours agir au mieux. Et moi alors, est-ce que j'agis toujours au mieux ? Non, certainement pas. Je fais des erreurs ; je me trompe ; je me laisse emporter parfois trop violemment ; j'ai le coeur qui part en éclat, qui s'envole, qui se sert ; je suis incapable de contenir mes émotions ; je suis toujours pleine ou vide, toujours trop ; des pensées et des sensations, j'en ai tant que je ne sais qu'en faire ; je ne maîtrise pas mes gestes et mes mots, ni les expressions de mon visage et le langage de mon regard ; je suis emportée par un rien et dévastée par un tout. Alors, évidemment que je n'agis pas toujours au mieux, mais cependant, j'essaye, coûte que coûte. Cette colère qui brûle en moi et me fait mal, je la déteste. Si je pouvais la chasser, je le ferais. Elle me fait peur, je me sens si ridicule face à elle. J'ai la sensation qu'un souffle de vent suffirait à la faire s'élever vers le ciel. Un souffle et elle m'échappe. Un souffle et je ne contrôle plus rien. C'est terrifiant. Elle me fait souffrir cette colère ; je ne devrai pas la ressentir, Merlin sait qu'elle ne m'apportera rien. Cependant, je ne peux même pas la faire disparaître ; une fois arrivée, elle semble si bien installée que seul le temps paraît être capable de la repousser.

Je relève mon visage vers celui de la Bleue avant de m'échouer dans son regard. Lui mentir était une mauvaise idée. J'ai mal, et elle a raison. J'ai cru que ce n'était pas le cas, que ce n'était qu'illusion, mais je me voilais l'esprit avec mes envies. J'ai mal parce que je suis en colère contre les étoiles. J'ai mal parce que je ne veux pas de cette colère, je préférerais ressentir pour les étoiles ce que tout le monde ressent. Pourtant, je n'y parviens pas — comme quoi, ce n'est pas la puissance des efforts qui détermine leur réussite. Ce que je ressens ne s'efface pas, cela reste ancré dans ma poitrine. Mon aversion est bien trop profonde et solide, on ne change pas aussi facilement ce qui s'est installé bien des années auparavant. Alors ma haine s'accrochera à moi, et je m'accrocherai à elle. Cependant, je ne mentirai plus. Tenter de me convaincre que je n'avais pas mal était idiot, mentir bien plus. Comment ne pas souffrir quand son cœur se retrouve transpercé par des sentiments aussi terribles que la haine et la jalousie ? Ma colère me fait mal, mais un jour elle s'en ira et je respirerai plus librement, la poitrine enfin libérée de son poids.

« J'ai mal mais j'veux pas en parler, concédé-je à l'inconnue avant de lui offrir un long regard. C'est à cause des étoiles, c'est pour cela que je ne veux plus penser à elles... Surtout sous ce ciel rayonnant. » J'inspire doucement pour calmer mes pensées, *plus d'mensonges*. Mes yeux plongés dans ceux de la Bleue semblent vouloir lui dire : « ne m'en parle plus, je t'en supplie ». Pleine de quelques gouttes de fierté, je préfère laisser la parole à mon regard plutôt que de supplier l'inconnue sans hésitation et remords et d'oser lui présenter mes faiblesses de manière implicite.

Mes iris quittent enfin les siens pour remonter se poser sur l'horizon. Après tout, n'est-ce pas pour lui que je suis là, bien haute sur ce pont et attirée par ses charmes ? Il m'enchante et me séduit bien plus qu'un Seductonem. La brûlure de l'astre rougeoyant s'éteint progressivement pour se fondre, comme une bougie, dans l'horizon infini et éclatant. Le ciel semble si blessé par cette progressive disparition qu'il en saigne, déversant ses teintes de rose et de rouge dans ses nuages effilochés. Hélios se retire et Nyx apparaît, c'est un cycle sans fin, comme une roue infernale. Nous avançons chaque heures un peu plus dans notre vie, et pourtant, chaque soir un spectacle assez semblable se peint sous nos yeux. Le ciel est-il peint à chaque tombée du jour pour se retrouver ainsi recouvert de couleurs plus flamboyantes les unes que les autres ? Je ne pense pas ; qui serait capable de peindre une œuvre aussi belle ? Alors, les couchers du Soleil et les levées de la Nuit ne se vivent pas, ils se contemplent, œuvre d'art n'ayant aucun prix.

Les bafouillages de l'inconnue détachent mes pensées de l'horizon. La colère qui m'anime est toujours là, brûlante contre mon cœur. Cependant, elle se fait plus discrète, comme apaisée par le silence et ma contemplation.

Des questions sans réponses... À croire que toutes les questions sont destinées à n'en avoir aucune. Nées pour flotter dans nos pensées, elles sont sans fin, naissant toujours plus nombreuses, les faire faire se révèle être impossible. Les questions bourdonnent comme ces insectes infatigables qu'on tente de chasser d'un revers de main en été. Mais ils reviennent toujours, aussi inarrêtables qu'imperturbables, comme ces questions qui s'attaquent à nos réflexions. Sont-elles des embuches sur mon chemin ou des petites marches qui, quand je les monte, m'élèvent chaque jour un peu plus vers la connaissance ? Merlin seul le sait ! Certaines questions sont sans réponse, d'autres n'en ont pas besoin.

« Moi aussi j'me pose trop d'questions et j'parviens pas à trouver des réponses. C'est pour cela que je regarde le ciel : sa beauté m'apaise. C'est comme s'il m'englobait tout entière pour me prendre dans ses bras. » Et alors, les questions se dissolvent dans sa douceur. Une inspiration et elles ne sont plus là ; un regard vers ces teintes uniques et ma colère s'éteint progressivement, petite flamme qui ne sait comment rivaliser face à ce rougeoiement céleste.

#466962Étudiante à l'Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques — spécialité botanique

25 avr. 2022, 17:38
Dernières lueurs  + 
Les dernières lueurs du jour s’estompaient peu à peu, plongeant dans l’obscurité le paysage qui s’offrait à mes yeux. Mon regard caressait doucement le relief, s’imprégnant de chaque détail qu pouvait percevoir ma rétine. Une certaine sérénité avait pris possession de mon être, je me sentais apaisée par le calme apparent du pont couvert. Je me serais crue dans un livre, tant cette beauté naturelle me semblait irréelle, magique.

Depuis que j’étais entrée dans le monde des sorciers, depuis que j’étais montée dans ce train rouge ayant pour destination Poudlard, j’avais l’impression de sombrer dans un rêve où le réel avait une tout autre forme. Le bout de bois que l’on m’avait mis dans les mains exauçait mes désirs les plus fous – si l’on passait les heures voire les années d’entraînement pour parvenir à ce but – m’effrayait, je devais bien me l’avouer, par les sorts qu’il était capable de lancer. Et si, par un jour de grande fatigue, je venais à blesser mes proches sans en avoir l’intention ? Je ne connaissais pas mes limites ; je ne voulais pas les connaître.

Je revins à la réalité lorsque la rousse reprit la parole. Mes craintes s’étaient évaporées aussi vite qu’elles n’étaient venues. Je jetai un coup d’œil aux astres, comme pour m’assurer que leurs plaies s’étaient bien refermées. Mais, si le Ciel souffrait, pourquoi faisait-il mal à la grande ? Et pourquoi cette Bleue venait-elle si tard à ce point d’observation, si ce n’était pas pour observer les astres ? Beaucoup de questions occupaient mon esprit, je répondis cependant :

D’accord. M-mais, si tu veux, j’peux essayer d’t’aider, ne pus-je m’empêcher d’ajouter, le regard plongé dans ses iris scintillants.

La rousse finit par détourner ses yeux des miens, et je posai mon regard sur la balustrade qui retenait mon corps du haut du pont. Mes doigts agrippaient nerveusement le bois ; je ne savais plus ce que je devais faire. Essayer de parler aux étoiles ? Ou bien d’aider la rousse ? Je n’avais qu’une seule envie, en ce moment-même : serrer Maman dans mes bras en pleurant sur son épaule la douleur injuste infligée par cette si cruelle Nature. Je retins mes larmes, mordillant ma lèvre inférieure.

Le silence fut encore une fois brisé par la rousse, à mon plus grand soulagement. Je fronçai les sourcils : je ne comprenais plus. La Bleue aimait le Ciel même s’il la faisait souffrir ? Ou bien n’était-ce pas le dôme bleu, mais les petits points lumineux qui lui faisaient mal ? Je pris appui sur ma jambe gauche, sa jumelle s’étant mise à trembler sous la fatigue qu’avait causée ma course jusqu’ici.

Hmm, fis-je en guise de réponse.

Je sentis mon diaphragme remonter en un hoquet que je réussis tant bien que mal à étouffer ; la situation dans laquelle je m’étais enfoncée me mettait de plus en plus mal à l’aise. Je voulais fuir ce pont et me cacher sous ma couverture, je voulais quitter ce château où je me sentais si infime, entourée de ces grandes tours d’où étaient sortis les plus grands sorciers du siècle. Que faisais-je ici ? Chaque seconde que je passais aux côtés de la rousse me plongeait un peu plus dans mon angoisse. Je fermai les yeux et me concentrai sur ma respiration afin d’essayer de la calmer.

Toutes mes excuses pour ce retard :ermm:

#457898 · 4ème année RP