Inscription
Connexion

20 juil. 2021, 12:50
 ++  Carcan d’étoiles  F.L. 
“j'ai fait des choses que j'regrette suffisamment
suffisamment pour y penser tout l'temps„

31 mars 2045, 19h55
Scary Limpson, bientôt 12 ans, première année


Il arrive des fois où je me dis que j'aimerais partir vivre dans un autre pays, que la Grande Bretagne me ferme les horizons, et que si je veux m'ouvrir au monde, je devrais aller ailleurs. Si un jour je le décide, ce n'est pas Poudlard qui me retiendra. Je me dis que rien ne m'attache ici, que ce n'est ni mon pays ni ma maison. Qu'une fois que je saurais ce que j'ai besoin de savoir, je partirai loin, très loin d'ici. Si je n'aime pas la Grande-Bretagne, j'aime encore moins le château. Je m'y sens enfermée, les murs m'étouffent, et dès que j'y mets le pied, j'ai envie de repartir. C'est en partie pour cela que je ne pars jamais pendant les vacances ; je serais incapable de revenir.

Ici, je ne fais que les mauvais choix. Je n'arrive pas à me concentrer, à réfléchir. L'atmosphère aussi écrasante que bruyante nuit de toute évidence à mon calme que je peine à conserver. Je me rends tout à fait compte que je sus irritable. Là n'est pas la question. Ce château de malheur me rend folle. Il me fait tourner la tête, c'est évident. Il n'y a pas que les princesses dans les contes de fées ; se trouvent aussi des prisonniers qui croupissent au fin fond de leur prison.

De jour, la Tour d'Astronomie est un lieu que je ne supporte pas. L'horizon est tellement loin qu'il me rappelle douloureusement tout les endroits inaccessibles tant que je suis prise entre les murs de cet endroit. J'entends son appel mais ne peux y répondre. Je me contente de devoir regarder ce qui m'entoure de haut même si j'ai l'impression d'être une fourmi par rapport au panorama qui s'ouvre alors devant moi. Cela aussi je le déteste. J'ai un terrible besoin de contrôle dont je ne sais me défaire qui est mis en pièce face à la vue. Une raison de plus pour laquelle j'ai choisi que ce rendez-vous se passe au crépuscule. Ne tenant pas spécialement à rencontrer un préfet en colère après le couvre-feu, j'ai choisi un moment juste après le dîner. J'espère qu'elle avait fini ses devoirs pour demain, sinon, et bien cela ne me regarde pas.

Je me demande si tout cela va réellement servir à quelque chose. Je nous ai blessé toutes les trois, mais maintenant que je suis sans Pau, je me sens plus libre de faire ce que je veux. je n'ai plus à subir ses envies démentes de sociabilité, ses paroles rapides et bien trop souvent dénudées d'intérêt. Je vis mieux à l'instant car je n'ai pas à songer quel nouveau prétexte devrais-je utiliser pour la détourner de moi. J'économise du temps, et Merlin sait s'il est précieux. La question est de savoir si j'exploite ce temps gagné à bon escient. En règle générale, je dirais oui, même si je ne suis pas à même d'en juger. Je pourrais voler si seulement tout le poids sur mes épaules n'était constitué que de Pau. Je pourrais rejoindre les oiseaux et m'échapper de cette cage de verre qui nous retient tous dont nous avons plus ou moins conscience selon notre état d'esprit. Je pourrais aller toucher les soleils de glace brillant dans le ciel, qui pourtant sont trop loin de moi pour m'apporter la chaleur dont j'ai besoin. Rien que de les voir là-haut me donne la sensation d'un froid d'hiver alors que celui-ci touche, ou a déjà touché à sa fin. Je ne connais même pas la saison. C'est dire si depuis quelques temps, je me suis désintéressé au Monde. Enfin, non, pas au monde. A ce Monde fait de pierres et d'illusions qui nous empêche d'avancer.

[Ellipse temporelle, 19h58]


J'ai fait exprès d'arriver en avance. Cela me laisse quelques minutes pour préparer ce que je vais lui dire. J'ai eu du temps pour le faire, j'ai eu les Mots au bout des doigts, mais ce n'était pas le bon moment. Maintenant, ça l'est. J'ai eu ce que j'attendais, le signe qui me permet de dire que je ne me suis pas trompée. Je me demande tout de même si j'ai bien fait d'attendre, s'il y a réellement un bon moment pour dire ce genre de choses. Ma tête dirait non. Il y a seulement un meilleur moment, c'est le tout premier. Ne dit-on pas qu'il faut désinfecter avant que le reste ne commence à pourrir, même si ça fait mal ? Seulement, il est trop tard, bien trop tard pour cela. Alors dans ce cas là, je pense qu'il vaut mieux laisser du temps pour digérer. Le problème, c'est que tout le monde n'est pas de mon avis. Il y a des gens qui veulent tout tout de suite, les impatients parmi lesquels je me reconnais honteusement certains jours. Si Felicia en fait partie, elle jugera que les temps des excuses à expirer, ce qui est fort probable d'après ce que j'ai pu voir d'elle.

Seulement, il faut bien que je tente. J'ai choisi de poster un mot dans son sac. Simple, mais précis. "Rendez-vous à 20h en haut de la Tour d'Astronomie".

Sinon, adieu les oiseaux et la légèreté. Adieu les rêves de voyage et d'évasion. Je serais trop lourde pour m'envoler suffisamment haut et briser les murs de verre qui me retiennent enfermée sous la cloche qu'ils forment. C'est uniquement pour cela que je le fais. Pour faire partir le remord de mon corps qui me contraint à rester cloué au sol. Si mes bras ne se changeront jamais en ailes, mon âme elle peut aller plus loin que l'Horizon qui maintient une distance à chaque pas, s'éloignant à mesure que je me rapproche désepérément pour l'atteindre.

Mais mon esprit, lui, n'a aucune contraintes physiques. Il se rend là où je lui dis d'aller. Il apprend ce que je lui dis d'apprendre. Ou non, ce n'est pas vraiment cela. Si ma volonté fait partie intégrante de mon esprit, alors c'est lui le maître. Il est entièrement libre d'ordinaire. Depuis un certains temps, mon coeur a décider de s'en mêler. Il bloque farouchement la porte de sortie de son plein gré. Voilà pourquoi je le déteste. Ce n'est qu'un traître, je reconnais ceux de mon espèce.

Mas mon esprit et mon coeur sont tombés d'accord sur le prix à payer pour le billet aller vers l'inconnu.

@Felicia Luke, j'ai enfin trouvé quelque chose à écrire. Voilà pour toi, j'espère que ce poste te plaira. <3 Si tu as d'autres idées de titre, n'hésite pas à m'en faire part, de même que si tu trouves une image, je pourrais la rajouter. :cute:

Cinquième année RP, puzzle sans cadre ⊱ fichefiche PRs

22 août 2021, 18:26
 ++  Carcan d’étoiles  F.L. 
Felicia
Douze ou treize ans — encore une gamine
Vingt heures passées, tout en Haut


Image


« Sans façon »


Je monte. Les marches défilent sous mes pieds ; une à une, elles s'élèvent en colimaçon, elles me portent tout en haut tandis que le sol s'abaisse, loin de ce chemin étoilé. Je tourne sans fin, subissant le vertige de ce tourbillon infini et épuisant. Je m'avance, sans but et sans raison.
*Pourquoi ?* Mes idées sont floues, et seule la curiosité répondra à mes interrogations.
J'ignore qui me conduit ici, j'ignore qui désire ma présence sans vouloir me l'avouer, j'ignore qui escamote d'anonymes messages dans mes affaires. Je ne sais rien, alors l'envie, le besoin de savoir me guide de loin en loin ; le besoin de *trouver* une explication.
Un pas suivant l'autre, je m'approche des minutes qui me répondront. Je n'attends rien ni personne, mais la cime m'attire irrésistiblement. Je veux voir le sommet, découvrir de moi-même le sens de cette convocation, en une vaine tentative de dissimuler le noir sentiment qui monte en moi, celui de se faire *presque* manipuler, tirer vers ce lieu par un fil invisible. J'y vais non pour servir, mais pour apprendre, alors je me raccroche à cette certitude pour ne pas me laisser emporter par le flot de questions qui se rit de moi et m'abandonne, vacillante, aux éléments.

En haut, j'atteins le ciel.

En haut, j'atteins l'heure précise sous le firmament qui s'allume, empreint d'une lueur mystérieuse. Les dernières couleurs du jour s'enfuient à l'horizon, vers l'Ouest, abandonnant le Ciel au délicieux crépuscule. Un lent moment, je demeure droite, sur le pas de la porte — au seuil du monde ; le visage tourné vers la clarté pour contempler la voûte piquée des premières étoiles. Longtemps je ne vois qu'elles, magnifiques et lointaines. Je bois leur lumière du regard, je m'en enivre. Magnifiques et lointaines, elles sont ce que je rêve d'être. Isolées loin de Terre. Elles m'emplissent de l'intérieur, tout doucement. Elles comblent mon être d'une étrange sérénité. Je me sens mieux, comme si je m'étais auparavant décalée de moi-même. Comme si je n'étais plus que mon reflet dans un miroir ébréché.
Mais je respire les étoiles, à présent. Tout va bien.
*Tout va bien*
La bise légère caresse les courbes de mon visage — que je lui offre — ; elle emporte avec elle la fin de l’hiver. Je crois que c'est elle qui me pousse vers l'avant ; elle attise ma faim de liberté, et j'oublie tout. J'oublie que jamais je ne viens ici, j'oublie que c'est dur de rester là à contempler l'immensité sans pouvoir s'y plonger, j'oublie que « quelque chose » m'a menée jusqu'ici. Je ne vois que le Ciel, qui m'isole et m'entoure, et je m'avance sur la pierre comme pour m'en rapprocher. J'aimerais l'embras(s)er, mais je ne puis concevoir d'allumette si puissante qu'elle jettera les cieux aux flammes et *le Paradis en Enfer*.

J'en suis là. Juste là, lovée dans l'instant, fascinée par le présent jusqu’à ce que tout le reste se réduise à néant. J'en suis là, aspirée par l'infini, lorsque une ombre furtive, à la frontière de ma vision, détruit tout. En un éclair d’obscurité, elle me ramène brutalement à ma situation. Et le choc de retrouver mes pieds ancrés sur terre sans l’avoir jamais souhaité fait poindre ma colère. Une colère sourde, insidieuse contre cette silhouette qui m’attend et qui cassé le Maintenant. Une colère qui ne s’éteindra pas sans raison, je le sais — je le crains. Plus rien ne me retient dans l’immobilité, à présent que ce qui me laissait flotter a disparu, alors je m’avance encore une fois, lourde de frustration. Mes pas se succèdent sans que je ne les contrôle, ils suivent la direction que mes pensées imprègnent depuis que j'ai entraperçu l'Autre.
J'accélère imperceptiblement, pressée par mon intérêt à nouveau éveillé, bousculée par ma curiosité entachée de déception. Je traverse en une poignée de secondes le cercle parfait que forme ce toit de pierre ; je ne ralentis qu'au dernier moment, lorsque je touche la rambarde de métal qui retient les imprudents. Je me poste à quelques mètres de l'Autre, de l'Ombre, sans la regarder. Mes yeux se concentrent sur l'Horizon, sur un point invisible que j'aimerais calciner ; je me contient, j'essaie de ne pas exploser, de ne pas éclabousser de ma colère un *une* innocent *coupable* inconnu *j'la connais*.
Je n'ai pas vu les traits de l'Autre. Mais je sens sa présence, et j'ai détaillé sa silhouette noire de dos, du long des quinze pas qui m'ont menée ici. Je sais qui elle est. Je sais que je sais, et je ne veux pas savoir. Je ne veux pas même la voir ; je l'ai suffisamment aperçue en deux différends ; je l'ai suffisamment soufferte en ces deux moments ; je l'ai suffisamment ignorée dans la Maison Rouge. Tant d'efforts pour ne pas même poser mes prunelles sur *elle* ne sont pas mon habitude. Alors *je* elle *ne* va *veux* pas *parler* !

Elle n'est pas là. Je prie pour que sa silhouette n'ait été qu'un reflet de mon imagination. *Mais non* Je la perçois encore, à la périphérie de mes sens. Je ne peux me convaincre de parler, ma gorge s'est asséchée — parce qu'avec sa seule présence les souvenirs ressurgissent et ce qui s'est dit *ces jours-là* n'est pas une chose que j'aime me remémorer. Si *...* Scary — le simple fait de penser son nom me laisse une trace d'amertume dans le cerveau — m'a fait venir ici, elle parlera en première — si je daigne lui adresser la parole après l'avoir écoutée. D'ici là. Je. Me. Tais.
Parce que ce qui sortira de ma bouche dans le cas contraire ne sera pas très joli.

Pardon pour ce retard ! <3
J'ai pris du plaisir à écrire ce post, même si
je doute que Felicia soit accordée à mon avis :roll:

évanaissance

12 sept. 2021, 15:49
 ++  Carcan d’étoiles  F.L. 
*Felicia*.
Où que j'aille, elle est toujours là, quelque part tapie au fond de ma Mémoire. Prête à ressortir lorsque je souhaite le moins l'entendre, à me susurrer de cruelles paroles, à me hurler qu'après tout, je l'ai déjà fait, je peux recommencer. Elle me poursuit, elle me harcèle, et je ne peux rien faire pour m'en débarrasser. Et le pire, c'est que je la vois même lorsqu'elle n'est pas là. Elle peuple mes rêves qu'elle prend plaisir à détruire, elle s'invite dans mes cauchemars pour torturer mon subconscient ; je ne la supporte pas. Il faut que je me libère d'elle une bonne fois pour toute, ce n'est plus une simple envie, c'est un besoin.

Dans l'attente, je me tends, me lève vers les Étoiles qui commencent à apparaître et me perds dans leurs lueurs argentées. Je peux presque sentir leur lumière étincelante effleurer ma peau qui révèle à nos yeux banals la beauté du ciel et ses impuretés presque inexistantes ici. Dans le vide, je ne pense à rien. Je me contente de voguer sur la ligne rouge de l'Horizon, plus sanglante que toutes les Âmes que j'ai blessé. Pourtant, elles sont si nombreuse que je n'ai pas le courage de les compter. Mon regard se confond avec le Rouge de l'horizon. *Il trouve ça drôle le gosse, hein il trouve ça drôle ?*. C'est vrai, c'est tellement plus simple de narguer ceux qui se fracassent sur les falaises tranchantes lorsque l'on regarde de là-haut le spectacle. Je le sais, moi aussi il m'arrive de le faire. De contempler avec satisfaction ce que j'ai détruit en me disant "tu vois, c'est moi la plus forte". J'aurais un vrai talent dans le domaine si ensuite je ne venais pas m'excuser comme une Gamine incapable de réfléchir avant d'agir. *Soupir*. C'est bien moi ça. incapable de finir proprement ce que j'ai commencé, incapable de rester insensible à mes propres cris, à ma propre voix brisant la surface plane de l'harmonie dont je ne peux faire partie.

Je lève la tête vers le Ciel nocturne bleuté. Ce soir, il est limpide. Pas de nuages venant gâcher la fête sauf si on me considère comme un nuage, ce qui n'est pas mon cas. Il suffit de me voir, je suis incapable de voler. Je me contente - non que cela me plaise vraiment d'être une Ombre rampant au sol. Avec le temps, les Étoiles se font plus nombreuses. Un jour, j'ai attendu toute la Nuit pour en voir une. On venait d'emménager à Londres, et à cause de la pollution lumineuse, je n'ai pas dormi de la nuit. Maintenant que j'y repense, il m'aurait suffi de regarder le Soleil.

Je lève les yeux. J'ai l'impression d'être redevenue la petite fille qui parlait à la Lune dans ses rêves. Mais cela ne marche pas comme ça. Rien ne marche comme cela. Rien ne marche. *Rien*.

Des bruits de pas se frayent un chemin jusqu'à mes oreilles. Pas de doute, il s'agit sûrement d'elle. Je peux presque l'entendre dans un futur proche me hurler dessus et laisser déferler toute sa colère sur moi. Un instant, je me demande si cette scène est réellement ce que je veux ; celle que j'ai cherché à provoquer. J'aurais peut-être dû me taire. peut-être qu'elle est passée à autre chose et qu'elle n'a pas envie de s'en souvenir. Moi, si j'étais elle, je serais en train de méditer une savoureuse vengeance pour le lui faire payer. Une vengeance tellement bien préparée qu'elle n'aurait aucun moyen de l'éviter. Bien sûr, il n'y a que moi et mon esprit retors pour penser ainsi ; sauf peut-être quelques brillants élèves de ce château qui doivent représenter moins de 2 % de l'ensemble des Autres. Cela me fait sourire. Je suis tellement différente, mais des fois, cela me trahit. C'est gênant pour se mettre des Autres dans la poche, eux aussi ils se méfient. Et s'ils ne le font pas, ils devraient.

Fort heureusement, elle n'engage pas la conversation. Pourquoi le ferait-elle ? C'est moi qui l'ait attirée ici pour lui parler, c'est moi qui aie envoyé l'invitation. Mais moi non plus je ne veux pas parler. J'eus beau sentir son regard brûlant sur mon dos durant quelques instants, il ne m'a rien dit de plus que cela. Je préfère écouter *encore quelques secondes* le Silence chanter de sa voix muette.

@Felicia Luke navrée pour cette attente et pour ce poste assez inutile dans l'avancée. Crois moi j'aimerais pouvoir la secouer un peu cette enfant. :roll: <3
A croire qu'elles peuvent tenir longtemps ainsi... :cute:

Cinquième année RP, puzzle sans cadre ⊱ fichefiche PRs

05 nov. 2021, 18:34
 ++  Carcan d’étoiles  F.L. 
{EnDiablée}


Les sons s'enfuient par le ciel. Tout est avalé dans un néant d'obscurité.

J'attends qu'elle parle. Oui, j'attends que celle qui ose encore se dire du courage des Lions saisisse sa pensée pour me la partager. J'attends que les mots s'échappent de sa bouche maudite pour venir combler mes failles et gorger mon orgueil de splendeur. Je n'attends pas quelques simples syllabes d'excuse, marmonnements sans importance ; j'attends un flux de paroles vraies et désolées, un sincère repentis sur lequel je pourrais m'appuyer, une avalanche d'émotions qui ensevelirait le passé. Je m'attends à tout, et je ne reçois rien. Rien. Seul le silence qui me revient, par vagues, sous forme d'échos et d'acouphènes — éclats de voix précédemment échanges entre elle et moi — créés pour défaire le vide grandissant.
Seul le silence dans lequel je bouillonne, impuissante — ou à l'inverse, bien trop puissante pour ces vils jeux de fierté. Mon corps est demeuré aux frontières du réel, contre la balustrade ; ma pensée, quant à elle, a disparu de ces terres arides d'amour et de désespoir, appareillant pour de trop lointaines contrées. Le spectre de mes songes fluctue et mon cerveau arbore des motifs changeants, mes sentiments sont si contraires !

Enciellées, les premières étoiles s'allument au firmament tandis qu'ici, suspendu entre terre et nuit, le Temps est une constante qui s'amenuise au fil d'elle-même.
A présent, il s'est arrêté. Le Temps ne va plus, nous sommes dans l'immobilité ; deux statues muettes recelant de deux âmes effrénées et recluses, loin dans leurs univers. Le temps se tait, et pourtant j'attends encore. Toute ma rage s'est évaporée — seule la haine vit en ma demeure, et ce feu-là ne s'éteindra pas. Pourtant, le vent vient souffler sur les flammes pour les étreindre mortellement, douce brise au charmant nom d'espoir.
J'espère, encore, une réponse à ma présence. Sinon, que faudrait-il pour l'arracher à son Silence ? — ce silence qui me brûle, qui atteint ma gorge et la paralyse, ce silence que j'abhorre et que je voudrais briser en mille morceaux sur la pierre.
Pourquoi suis-je ici alors que nul ne répond ? Pourquoi suis-je ici alors que l'atmosphère m'étouffe soudain ? Ces constellations que j'ignore, elles me semblent retomber en pluie d'acide sur nos têtes, pour nous empoisonner, sous écraser ; et le plafond de la céleste voûte descend, lentement, vers nous pour nous comprimer dans nos songes, nous enfouir sous-terre.

Elle est là, mais elle n'est pas là. Je suis seule, et je suis certaine que je pourrais tempêter, m'épuiser de force contre elle en réveillant ma colère sans qu'elle n'en manifeste la moindre réaction. Apathie. Elle ne crie même pas ; sans doute est-ce cela qui me surprend. Elle ne hurle pas, elle ne se brise pas la voix sur moi en viles palabres, et cette attitude m'est étrangère ; elle ferait presque peur. Je ne connaissais pas la texture de son Silence. Elle est bizarrement claire, d'un mordoré très pâle, terne et marron, presque effacé. J'aurais presque envie d'en faire une peinture.

Mais, bordel, qu'est-ce que je fous ici ? L'invitation ne faisait pas mention de cette timide pantomime ; je refuse de laisser couler sur moi le manteau du Soir de cette manière. Alors je la regarde. Une fois, très brièvement ; j'ancre mes yeux à son profil pour tenter d'y discerner la vie — je ne la trouve pas —; je m'imprègne des arcs de son visage pour mieux les détester ; je cherche ses prunelles sombres pour y planter ma haine, comme une jolie petite graine noire qui y germera, bientôt peut-être, et y fera éclore de charmantes fleurs funèbres.
Je ne trouve pas son âme dans ses yeux : elle est vide, Sans Regard ; je ne la quitte pourtant pas de mes billes d'ébène, je pose sur sa silhouette une vision emplie de pitié.

Je réponds à son mépris par ma fierté, et je pars.
C'est le terme de ce dialogue muet.

Mille pardons pour ce retard ! <3
Il me semble que nous touchons à la fin, hormis si Scary se réveille...

évanaissance

09 janv. 2022, 11:28
 ++  Carcan d’étoiles  F.L. 
Solitaire, je me demande si nous atte(i)ndrons l'aube. En mon fort intérieur, je l'espère. Je me sens attirée par la toile des étoiles qui parsème le Ciel silencieux. Je les sens accaparer mes pensées, m'appeler malgré ma volonté. Je lutte contre la forte envie de lever les yeux vers les mille et unes lumières qui illuminent la toile sombre.

J'en viens à chercher le regard de Felicia. Qu'il me secoue, qu'il me force à l'affronter. Je la vois attendre, m'interrogeant sur ce à quoi elle peut bien songer. Je ne réalise pas qu'elle attend quelque chose de ma part. Je me suis égarée, je crois, un peu trop loin dans ma Rêverie. Que peut-elle attendre d'autre ? Un signe sans doute ; qu'elle ne perde pas son temps pour rien. Je me sens vide, c'est terrible. J'essaye de la comprendre alors que je ne suis pas sûre de me comprendre moi-même. Mais rien, là non plus ne me viens. J'ai du mal à me concentrer, je divague.

Comme pour me raccrocher à quelque chose de solide, j'attrape la rambarde de ma main droite. Mes doigts se referment contre le fer gelé et le contraste saisissant m'offre un léger frisson. Et puis, rien ne se passe. Je guette une réaction - mais comment peut-on réagir à rien ? Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Comment aie-je pu être assez stupide pour venir. Soudain cela me revient ; la lettre dans le sac, bien sûr. En fait, j'aurais mieux fait de vider mon sac par surprise - comme ça, elle n'aurait pas été déçue de cette absence de dialogue qui pose aujourd'hui problème.
Mais que dire ?
Par où commencer ?
Elle est bien gentille d'être vexée, mais ce n'est pas simple pour moi non plus ! Et puis elle part. Apparemment, tout ne s'est pas passé comme elle l'avait prévu. Son regard, si brève soit-il, ne me fait ni chaud ni froid. Je lui en offre un également, un bleu comme l'orage qui va bientôt se déchaîner.

Je souris à son dos, j'ai envie de rire. De tout, de rien. Parce que la situation est à en pleurer mais que je n'aime pas les larmes. Parce que j'aurais cru - *en quoi ?* au moins une fois dans ma vie et que cette unique fois m'aura convaincu de ne plus recommencer. Parce que j'ai toujours été ainsi de toute manière. Pleurer, c'est trop triste, *carrément déprimant*, et la tristesse ne me fait pas envie. Qu'elle reste dans son coin, inutile de la voir là on l'on peut l'éviter.
J'essayerai de la rattraper.
Y croire, coûte que coûte, parce qu'il est toujours plus avantageux de se faire des amis que des ennemis. J'ai trop pensé ; maintenant que mon esprit est gelé tantôt par les étoiles tantôt par son regard, je m'en remets à mon instinct, la méthode la plus risquée dont les risques encourus payent toujours. Je m'en remets à ma chance, à mes expériences et à ma réussite. Je m'en remets à moi, la gamine *entièrement fractionnée* qui tente de recoller les morceaux. Mes jambes m’obéissent, je suis la seule maître. Elles se mettent en mouvement, de plus en plus vite, et les claquements retentissants de mes pieds focalisent à l'instant té ma vision biaisée de l'ombre dansante de la silhouette de Felicia.

Je cours, sautant des marches au risque de tomber. J'ai attendu un peu trop longtemps, je crois. C'est la première fois que je béni le fait que cette tour soit aussi haute, ayant plutôt l'habitude de voir l'escalier comme un calvaire. Seulement, l'ombre se rapproche. Je guette l'instant où je verrai enfin le bout de sa cape, trépignant d'impatience. Qu'importe si j'ai le souffle coupé par l'effort, que je me cogne en prenant de mauvais virages où que ma vue est partiellement bouchée par une mèche qui refuse de s'en aller.
Je vais réussir, je le *sens*.
Rien ne peux plus m'arrêter, mon cœur vibre d'une nouvelle confiance. Aujourd'hui, je crois en autre chose que les chiffres, les probabilités, les pourcentages surfaits.

Soudain, elle m'apparaît enfin. Je ne sais toujours pas quoi dire. *La vérité ?* Pourquoi pas après tout. Elle ne peux pas toujours faire si mal que ça, mais par Merlin j'en tremble. Je n'aime pas parler de choses personnelles. De ce qui m'arrive, de ce que je ressens. C'est privé tout ça, mais le problème, c'est que c'est la seule explication à mes sautes d'humeur. Devant, l'évidence, je me lance ; l'attente tournant bien mal ma prudence :

— Désolée de t'avoir fait sortir aussi tard pour un silence. J'ai autre chose maintenant. Tu sais, quand on attend trop tard et que ça finit par exploser. Tu me fais perdre le contrôle. T'as le pouvoir de casser ma bulle, je sais pas comment tu fais. J'arrive pas à gérer. C'est nul, je sais. Aujourd'hui, c'est une explosion de remords qui sort. Hier, c'était de la colère. Voilà, tout est ma faute, mais ça tu le savais déjà. Je f'rais n'importe quoi pour tout réparer. Je suis là aujourd'hui, j'ai pris le risque d'exploser à nouveau. Je le reprendrais s'il le faut. Tout ce que tu veux, je t'en supplie.

Je reprends mon souffle. Qu'ai-je dit déjà ? L'intensité du mouvement a emporté mes souvenirs. Vidée, je stresse dans l'attente de réponse. Les battements de mon cœur accélèrent et ma respiration se fait courte. Je tente d'étouffer mes émotions, mais la seule chose que j'arrive à étouffer, c'est l'air qui ne passe plus.
*Non*
Ma bulle se recréée, je ne suis plus là. J'ai envie de pleurer, de briser la glace, envie de voir la nuit l'air libre, envie de la caresse du vent sur ma peau. Je m'adosse au mur, dans l'espoir de soulager ma fatigue. Mes muscles se détendent au contact de la pierre, et je chercher quelque chose à quoi me raccrocher. Rien ne s'impose à mon regard. *Rien*. Bordel, je suis foutue. Des billes d'eau me montent aux yeux, mais je n'en veux pas.
*Pas de larmes*
*Pas de larmes*
*Pas de larmes*

Trop tard. L'une d'elles s'échappent de mon œil droit. Je n'ai pas su trouver d'autre moyens que les larmes ou que la colère pour évacuer mes émotions négatives.
Par Merlin, Elle me rend terriblement faible.

Plus de deux mois, ça craint un peu :ermm:
En tout cas, je te souhaite une merveilleuse année 2022 ! <3
Dit moi que c'est pas la fin :'( ...

Cinquième année RP, puzzle sans cadre ⊱ fichefiche PRs