Je dois bien admettre que commencer le dernier jour de la semaine par un cours d’Histoire de la Magie me donne envie de me rendormir plutôt que d’écouter mon réveil et de me lever. Pourtant, je n’ai pas le choix : il faut que j’y aille, même si cela ne sert strictement à rien, je dois être présente, et pas en train de dormir sous la couette. Voilà qui pourtant serait une bonne idée. Au lieu d’un cours le vendredi matin, une activité grasse matinée pour tous ceux qui le souhaitent. Malheureusement, je doute que Miss Montmort soit de mon avis. Je souris lorsque je l’imagine en train de nous raconter des histoires pour s’endormir. Quoique, à réflexion, l’effet de son cours sur nos cerveaux engourdi ne serait pas bien différent.

Secouant la tête pour chasser ces pensées perturbatrices, je me rends en cours après avoir fait un détour par la Grande Salle où je pris mon petit déjeuner. Vite arrivée à destination, je me dis qu’ils ont bien fait de mettre la salle au premier étage : si elle avait été au sixième, certains auraient abandonné avant de voir le bout de l’escalier.

Je franchis la porte, salue la professeure, et m’installe sur une table au centre droit de la salle. Un court instant, je me demande pourquoi Miss Montmort a choisi de gâcher sa vie dans ce vieux château à enseigner une matière inintéressante alors qu’elle avait gagné le Tournoi des Trois Sorciers. Elle aurait pu… je ne sais pas moi ! Mais quand on a la gloire, aucune porte n’est fermée. On peut faire tout ce qu’on veut. C’est l’image que je m’en fait en tout cas.

Une nouvelle fois, je secoue la tête. Bien que le cours n’ait pas encore commencé, je devrais me concentrer sur ce qu’il s’est passé au dernier plutôt que de m’apitoyer sur mon pauvre sort d’élève qui ne peut pas finir sa nuit. Je me déteste lorsque je suis ainsi. J’ai parfaitement conscience que j’ai de la chance d’être tranquille avec tout ce qu’il se passe, mais je ne peux m’empêcher de me plaindre sans arrêt. Je soupire, balance ma tête de bas en haut, et repars en me disant de me taire parce que je ne dis que des absurdités vexantes pour ceux qui sont vraiment à plaindre.

Mais moi, le suis - je ?

*Oui* hurla intérieurement la voix égocentrique qui m’habite constamment. Oui, on m’a menti, oui j’ai une affreuse cousine à Serpentard qui n’arrête pas, alors oui je suis à plaindre ?
*Non* me chuchote la voix de la raison, celle que je devrais écouter. Il y a des gens qui sont mille fois plus à plaindre que toi et tu es incapable de faire autre chose que de pleurnicher sans trouver de solution. Tu devrais te bouger et aider ceux qui sont vraiment à plaindre.

Je repousse ces réflexions à plus tard. Rien que d’y penser je suis déjà fatiguée. Je jette un coup d’œil par la fenêtre qui pourtant, et assez éloignée de moi. Dehors, il fait gris. Je songeai que vu le nombre d’heure quotidienne durant lesquelles je regardais par la fenêtre, je pourrai devenir météorologue. Un oiseau vole au loin. Je le suis du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse. Juste histoire de s’occuper.

Aujourd'hui je m'étais réveillée en pleine forme, j'étais à mon maximum, j'avais ouvert grand les yeux en entendant qu'il était l'heure de se lever. C'était peut être l'excitation de prendre un an de plus qui faisait ça, je ne sais pas. En tout cas aujourd'hui je passais un nouveau cap, aujourd'hui je devais un peu plus grande, j'avais 13 ans ! Quel bel âge.

J'étais sortie à vive allure de mon dortoir pour me précipiter au petit déjeuner. Sans grande surprise il n'y avait pas de guirlande à mon effigie ou bien de gâteau avec ma tête dessus. Je n'étais pas spécialement déçue, je ne m'attendais à rien de spécial. En même temps, je n'avais dit à personne qu'aujourd'hui était un jour spécial pour moi, ceci expliquez cela. Pour me petit déjeuner aujourd'hui j'avais mélangé le sucré et le salé : Un bol de céréale, un fruit, du bacon, des oeufs, du fromage. Je n'avais laissé aucune chance à mon estomac de crier famine avant l'heure.

Ensuite j'étais retournée à toute vitesse dans mon dortoir pour me brosser les dents et me préparer pour le cours d'histoire de la magie. J'en avais de la chance, je commençais ma journée par mon cours préféré. Je ne sais pas trop pourquoi mais j'avais une certaine affinité avec cette matière et puis la professeure était douce et gentille ce qui facilité grandement mon apprentissage. J'avais toujours du mal avec les professeurs à l'allure froide ou l'on n'ose pas poser des questions alors que là, avec Miss Montmort il n'y avait aucun risque. Et puis c'était tellement intéressant d'en découvrir d'avantage sur la magie et son passif.

Une fois arrivée au premier étage, je saluais poliment la professeure avant de chercher une place ou m'installer. D'habitude je m'installe toujours devant pour être la plus concentrée possible. J'avais beau adorer cette matière je ne me connaissais que trop bien. Et, je savais que j'avais une tendance à me dissiper rapidement. Aujourd'hui j'allais devoir m'installer ailleurs que devant car la salle était déjà presque pleine. Pourtant je n'étais pas en retard. Comme c'est bizarre.

Une fille était seule sur une des tables du milieu. Je l'avais déjà vu en cours mais je n'avais jamais eu l'occasion de lui parler alors je ne savais rien à son propos à part bien sur son nom. Scary. Un peu comme Carry mais avec un S, c'est facile à retenir et c'est jolie. Tout en passant mes mains sur ma robe de sorcier pour la repasser, je m'installais à côté d'elle tout en priant pour qu'elle n'attende pas une de ses copines.

- Je suis désolée, Scary c'est bien ça ? Est ce que je peux m'installer ici ? Lui dis-je tout en m'installant sans attendre de réponse. Il faut que je me mette ici parce que si je vais au fond de la classe je ne vais rien écouter et ça serait ... Euh enfin voilà quoi.

Je ne voulais pas dire de gros mots alors que la professeure n'était pas si loin que ça.

*Scary*
J’étais tranquillement en train de regarder le paysage lorsque j’ai entendu mon prénom. Mais qu’est-ce qu’on me veut encore ? Ce qui me rassure, c’est d’avoir entendu mon prénom et non mon nom de famille. Au moins, ce n’est pas la professeure qui me reprend alors que le cours n’a même pas commencé.

Je dois admettre que je suis plus que surprise que l’on m’adresse la parole, et surtout, que l’on m’appelle par mon prénom. Peu de personnes sont sensées le connaître ; à moins que je ne fasse pas si attention que ça à le garder secret ? Mais bon, en soit, il n’y a rien de dramatique. Je ne suis ni une agent secrète, ni une tueuse en série complotant contre la directrice, alors je ne crains pas grand chose. Le pire qui puisse m’arriver c’est que cette fille qui s’assoit souvent au premier rang me dénonce pour avoir triché à un contrôle. Enfin voyons, je ne triche pas, c’est pour cela que j’ai de si mauvais résultats.

Je jette un coup d’œil au premier rang pour voir ce qui la pousse à venir par là alors que ça n’est pas dans ces habitudes. *Complet*. Et oui, premier arrivé premier servi ! Sérieusement, le premier rang, c’est vraiment le pire ! On est obligé de travailler, et de travailler comme le dit la prof’. Mais bon, il y a des gens qui ont des problèmes de vue, alors je peux comprendre.

Tout de même, cette fille est étrange. Pourquoi me demande-t-elle si elle peut s’assoir en le faisant sans attendre de réponse. Ça ne sert strictement à rien, ou un s’assoie directement ce qui est la meilleure option, ou on attend que la personne dise oui vu qu’elle ne voudra pas être méchante. Les entre-deux ne sont jamais une bonne solution. C’est le lieu où résident tous ceux qui sont trop indécis pour choisir ce qu’ils veulent vraiment. Le camp du complice qui au dernier moment se fait passer pour un gentil. Mais bon, hein, elle n’a pas dû y penser. Je vais mettre ça sur le compte de la ponctualité.

Par contre, la suite de la réponse m’arrache un froncement de sourcils. Bon sang, vas-y, finis ta phrase à la fin ! Tu ne vas rien écouter et ça sera quoi ? Si elle veut mon avis, ça sera une excellente idée, mais je ne vais pas casser son fantasme sur cette matière. Après tout, quand on est passionné on est passionné … Mais ce n’est pas sensé nous empêcher de finir nos phrases. Oh et puis mince, ce ne sont pas mes affaires, tant qu’elle ne me force pas à écouter aussi bien qu’elle, je n’ai pas de souci. Je lui réponds donc aimablement :

- Oui installe-toi, pas de souci. Tu t’appelles bien Kelly hein ? Dommage, ça serait dommage.

Eh oui, tu n’es pas la seule à connaître le nom de l'autre si ce s’y vient à toi que je pense. Ma dernière phrase avait été prononcée avec une pinte d’ironie presque imperceptible dans la voix. C’est évidemment ce que cette fille voulait dire, mais je n’étais pas d’accord avec elle pour autant. Le cours commence et déjà je sens la fatigue pointer le bout de son nez. Tandis que Miss Montmort aborde le sujet des sorciers et des sorcières qui étaient brûlés au bûcher, un bâillement silencieux s’échappa doucement de la gorge. Blablabla, Gwendoline la Fantasque, blablabla, qu’est-ce que j’en ai à faire ?! Je sais que les sorcières et les sorciers étaient autrefois brûlés et que c’est en parti pour ça que certains d’entre nous ont peur des moldus et que nous restons cachés, mais cela me suffit.

Une fois que j'avais sorti toutes mes affaires, ma voisine m'autorisa à m'installer malgré tout. Elle avait l'air agacé par ma présence mais cela m'importait peu. Après tout je n'avais rien fait pour la contrarier à moins qu'elle attende une de ses copines ? Eh bien, si tel était le cas, sa copine allait devoir se trouver une autre place.

Elle prononça mon prénom en me demandant si c'était bien ça. Comme si elle ne le savait pas. Je n'étais pas du genre discrète en histoire de la magie et j'avais une fâcheuse tendance à poser des questions et à répondre aux questions de Miss Montmort. Il fallait dire que cette matière c'était vraiment mon dada, mon péché mignon. J'avais certaines facilité dans cette matière et j'en étais assez fière, je ne pouvais pas être douée partout et les cours de vol me l'avait confirmé même si cette année j'avais fourni de gros effort pour m'améliorer et augmenter au moins un minimum ma moyenne catastrophique.

La professeure commença son cours, elle parlait de la chasse aux sorcières, un sujet que j'appréciais beaucoup. Déjà dans mon école moldu nous avions parlé de cette époque là, mais on m'avait appris que les sorciers ça n'existaient pas et que finalement, ils avaient brûlé bon nombre de femme simplement par cruauté ou pour leur faire payer je ne sais quoi.

Aujourd'hui j'ai l'impression d'aborder ce sujet d'une toute nouvelle façon. La professeure parla d'une sorcière qui aimait se faire bruler sur le bûcher, apparement c'était comme un loisir pour elle de se faire prendre pour se faire bruler avant de s'enfuir de nouveau. Cette fille devait certainement avoir de gros problème mentaux pour aimer une chose pareille.

Pendant que la professeure parlait et donnait des explications, je notais sur mon bout de parchemin tout ce qui me semblait important ou intéressant. Il y avait de forte chance qu'à la fin de l'année on ne pose des questions sur ce sujet puisqu'il concerne un passif important dans l'histoire de la sorcellerie. Et que ces actes de cruauté peuvent expliquer pourquoi certains sorciers ont la haine des moldus. Quand on voit ce qu'ils ont été capable de faire on ne peut que comprendre certaines personnes. Même si, aujourd'hui la chasse n'existe plus, du moins il me semble.

Pendant que Miss Montmort marqua une pause entre deux phrases de son cours, je jetais un coup d'oeil sur le parchemin de ma voisine et sur elle-même. Elle n'avait pas l'air plus intéressée que ça. J'avais déjà écrit deux pages de parchemins alors que j'avais l'impression qu'elle n'avait rien écrit. En tout cas, si elle avait écrit quelque chose je ne le voyais pas. Pensant qu'elle n'avait peut être pas eu le temps de tout noter, j'avais décidé de lui apporter mon aide.

- Tu n'as pas eu le temps de tout noter ? C'est vrai que parfois miss Montmort parle vite... Mais, je peux te prêter mes notes si tu veux ? Et si à la fin du cours il t'en manque encore je pourrais te les laisser jusqu'au diner.

C'était la solution que j'avais trouvé la plus simple, lui laisser mes notes toute la journée pour qu'elle ait le temps de bien tout noter puis les reprendre au diner pour que je puisse les relire avant de me coucher ce soir.

Pfff... décidément, ils devraient renommer cette heure de cours heure de sieste. Je ne sais pas comment les autres élèves font pour supporter ces longs discours à dormir debout. Tout de même, nous sommes en train de gaspiller de précieuses minutes pour entendre parler d'une vieille folle qui était assez inconsciente pour s'amuser à se faire capturer. A ce point là, ce n'est plus du courage, c'est de la pure folie. Si je comprends bien, nous étudions une pure folle. Et après on ose me demander mon attention. Moi, je n'encombre pas mon cerveau de choses inutiles.

Chaque minute passée dans ce cadre est une minute de trop. Maintenant, j'occupe mon esprit à trouver un moyen de tuer le Temps. Chaque semaine, je dois aire preuve de plus d'inventivité que la précédente et mets des moyens conséquent à la réalisation de mes idées. Seulement, je semble à court aujourd'hui. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, si c'est la couleur rousse des cheveux de ma voisine qui trouble mes pensées ou le bruit de fond qui m'empêche de m'entendre, mais rien ne me vient, et cette situation est m'exaspère au plus au point. Je ne vais tout de même pas prendre des notes !

Je décide de manger une cigarette russe. c'est un drôle de biscuit moldu que j'aime beaucoup. Lorsque je bloque sur un problème, j'en mange une et tout de suite, le Monde s'éclaircit. Je m'y prends discrètement bien sûr, il serait fâcheux que Miss Montmort me voit en train de manger dans son cours. J'en profite pour jeter un coup d'oeil sur le parchemin de ma voisine. *C'est pas possible*. Ce que je vois me donne la tête qui tourne. Des lignes et des lignes de mots alignés sur ce que dit la professeure. Je retiens une exclamation et détourne la tête de cette image dérangeante qui me fait mal aux yeux. Je ne comprends pas les gens ainsi. Ils sont tellement différents de moi que j'ai du mal à les cerner, à comprendre leurs motivations, ce qui me bloque grandement quand je veux prévoir leur réaction. Cela rend mes analyses incomplètes, ce qui laisse place à beaucoup trop d'imprévu à mon goût. Si seulement je pouvais les extérioriser un peu, cela me rendrait la tâche moins complexe.

Soudain, une idée me vient. je n'ai qu'à remplir mon parchemin de dessin en rapport avec le cours. Je n'aurais qu'à dire que c'est ma façon à moi de prendre des notes et que c'est ainsi que je mémorise le mieux. Tout compte fait, je sens que je vais bien m'amuser. je décide de commencer à m'attaquer au bûcher. Voilà qui devrait déjà me prendre un bon bout de temps.

Mais apparemment, ce calme état trop beau pour durer. Je le sais, les Autres finissent toujours par tout gâcher. D'habitude, je ne prends pas de pincettes avec eux, mais faire éclater un conflit en plein cours me semble être une très mauvaise idée. Heureusement, le calme extérieur est l'une de mes spécialités. J'écoute donc avec attention son propos, avant de retenir mon mécontentement. Elle m'a donc dérangé pour cela, me proposer de l'aide ! Pauvre enfant, elle n'a toujours pas compris qu'elle perd son temps avec moi. Sur ce point là, l'acharnement de la plupart des Autres me désole. Mais bon, je garde mon visage inexpressif habituel et me dis que finalement, si 'ai plus d'informations, je pourrais faire plus de dessins. Je lui réponds donc comme une Autre l'aurait fait — eh oui, il faut bien que je m'abaisse à leur niveau :

- Oh oui merci, j'ai un peu de mal à tout noter, je retiens mieux les images figées que les mots Normalement, la pause déjeuner me suffira.

Le seul ennui avec cette méthode, c'est qu'elle m'oblige à tout de même écrire quelques phrases pour légender mes belles illustrations. Mais bon, je peux bien faire cette concession.

Scary m'indiqua qu'elle ne prenait pas de note à proprement parlé mais qu'elle préférait dessiner ce que la professeure disait, apparement elle retenait mieux ainsi et, elle accepta que je lui prête mes notes pour pouvoir s'en servir pour ses oeuvres. J'avais penché mon bout de parchemin dans sa direction pour qu'elle puisse le lire tranquillement. C'était une méthode peu banale de dessiner pour s'approprier son cours mais je trouvais l'idée intéressante et plutôt bonne. Même si il était évident que cette technique n'était pas faite pour moi. Je n'avais aucun talent pour toutes les choses créatives.

- Eh c'est pas mal comme idée, dommage que je ne sache pas dessiner comme toi sinon je t'aurais piqué l'idée !

Miss Montmort continuait sa leçon sans se préoccuper de la discussion que j'avais entamer avec ma camarade. En même temps j'avais chuchoté pour lui parler afin de ne pas me faire remarquer. Je ne voulais surtout pas me faire virer de ce cours, pas celui-là, il était bien trop intéressant. Ma camarade semblait grignoter quelque chose en toute discrétion mais n'en étant pas certaine j'avais préféré faire comme si de rien n'était. Mais le fait de l'imaginer manger me donna faim et me ventre commençait à faire des siennes en faisait plus ou moins de bruit. Ce que ça pouvait être gênant ! Je n'avais aucune intention de me faire remarquer devant toute la classe pour un problème de ventre affamé !

Je plaçais mes mains sur mon ventre et j'appuyais dessus pour essayer de faire partir le bruit ou au moins l'atténuer mais j'avais l'impression que mes efforts étaient vain. Il fallait que je me concentre sur autre chose, que je ne pense plus à ce que ma camarade était en train de manger mais plutôt que je me concentre de nouveau sur le cours. Gwendoline la fantasque, le bucher, la chasse aux sorcières. J'écoutais attentivement la professeure et je continuais de prendre des notes sur ce qu'elle pouvait dire. Je notais les dates qui me semblaient importante puis des noms clés et enfin, sans trop savoir pourquoi je me mis à écrire «J'ai faim». Heureusement, je m'en étais vite rendu compte et j'avais pu raturer ce détail. J'espérais que ma camarade n'ait pas vu ce que je venais d'écrire sinon je pouvais être sur qu'elle allait se moquer.

Pour la première fois depuis mon entrée à Poudlard, je souhaitais que ce cours d'histoire de la magie se terminé vite pour pouvoir manger le cookie que j'avais enfourné dans mes poches un peu plus tôt. Un beau cookie bien rond avec de grosses pépites de chocolat... Rien que d'y penser je salivais presque. Un coup d'oeil à ma montre m'indiqua qu'il restait encore une demie heure avant la fin du cours. Je m'apprêtais à faire face à la demie heure la plus longue et la plus éprouvante de toute ma vie.

Bon, au moins, elle n'a pas remarqué que je n'étais pas exactement sincère lorsque je lui ai dit que je retenais mieux ainsi. En réalité, je n'ai jamais essayé cette méthode, donc je n'ai aucune idée de si elle marche vraiment. Tant mieux, j'imagine que sinon, elle se serait sûrement payer ma tête. Non pas que dans le cas opposé, je l'aurais fait, mais tout de même, j'aurais ressenti un certain amusement. Et comme Kelly semblait assez bavarde, je n'ose penser à ce qu'il se serais produit. Ces hypothèses disparaîtront pour toujours lorsque je les oublierais, et ça ne sera pas plus mal. Elle glisse sa feuille près de moi de façon à ce que je puisse continuer mes activités artistiques et elle écrire, et le cours reprit. J'ai comme la mauvaise impression qu'elle m'a vu en train de manger.

Mais bon, j'ai dû me faire des idées. Je passe là dessus et me concentre sur Gwendoline la Tarée. C'est qu'elle à l'art de prendre des notes cette fille ! J'ai parfois du mal à me relire moi-même dans les matières qui m'intéressent, mais là, je n'ai presque aucun mal à suivre le fil. Cela m'arrange, voilà qui me simplifiera fortement la tâche. Soudain, j'entends un drôle de bruit provenant de... la place de ma voisine ! Mais qu'est-ce qu'elle peut bien faire donc ? Tant pis, il faut que je termine de lire tout ce qu'elle a écrit. Je rattrape tant bien que mal le niveau tout en gribouillant quelques croquis que je mettrais au propre plus tard, et là je tombe sur un "j'ai faim" aussitôt raturé. Je m'abstiens pour le moment de tout commentaires mais ne peut empêcher un léger sourire en coin de se dessiner sur mes lèvres. La situation est tout de même comique. Les bruits devaient être ceux de son ventre affamé. Quand je pense qu'elle voulait m'aider et qu'en retour je lui ai donné faim. J'ai presque envie de rire de ce malentendu.

Mais bon, je ne laisserait personne mourir de faim dans cette salle de classe, alors il est de mon devoir d'aider Kelly. En plus, sans ces bruits, nous pourrons toutes les deux mieux nous concentrer, donc c'est gagnant-gagnant. Je sors une cigarette russe et tente de la lui faire passer en lui soufflant :

- Regarde sous la table et sers-toi si tu veux. Merci pour tes notes.

Ma main continuant de tenir la cigarette sous la table, je repris mes dessins comme s'il ne s'était rien passé. Inutile de nous faire repérer bêtement par Miss Montmort, cela ne nous réussirais sans doute pas. Je ne souhaite pas me mettre à dos Kelly pour avoir sali sa réputation auprès de celle qui semble être sa professeure préférée. En plus, elle ne me prêterais sûrement pas ses notes jusqu'au dîner, alors j'aurais vraiment perdu une occasion. A mon tour, je regarde ma montre. Plus que trente petites minutes et le cours serait terminé. Enfin, pour elle, mais pas pour moi. Il faudrait encore que je rattrape tout ce que je n'ai pas eu le temps d'esquisser à la pause de midi.

Ma camarade de pupitre avait dû entendre l'appel à l'aide de mon estomac puisqu'elle ne tarda pas à me présenter des petits biscuits sous la table. Finalement j'allais peut être bien m'entendre avec elle ! Je n'étais pas une Poufsouffle mais j'avais l'estomac de l'un d'eux. Face à cette proposition, j'avais rapidement passé la main sur la table pour récupérer une "cigarette". J'avais le saint Graal entre les doigts il fallait maintenant que je trouve un moyen de pouvoir le manger en toute discrétion. Il ne fallait pas que Miss Montmort pense que ses cours étaient inintéressants. J'observais les différentes possibilités qui s'offraient à moi. Le plus simple aurait été de tout m'être directement dans ma bouche mais la discrétion ne serait pas au rendez-vous.

Une balle de Quidditch frappa une des vitres pile au bon moment ! Tout le monde avait été surpris et les regards s'était tourné sur le côté pour voir ce qui était en train de se passer, j'avais pu tranquillement manger ma petite cigarette et calmer la fringale de mon estomac. En temps normal je n'appréciais pas tellement le Quidditch ou du moins j'appréciais le regarder mais pas y jouer mais là, cette balle m'avait presque fait changer d'avis. Presque.

- Merci pour le biscuit ! C'est super bon ce truc là… Lui dis-je avant que tout le monde reprenne sa petite routine ainsi que le fil du cours.

Miss Montmort parlait maintenant des cartes chocogrenouilles... Comment avions nous pu en arriver là ? Il ne me semblait pas avoir décroché ou ne plus avoir écouté mon cours pourtant. Afin de retrouver je jetais un oeil discret sur le voisin de derrière. Vraisemblablement nous parlions toujours de Gwendoline mais nous avions entamé une discussion à propos de sa carte chocogrenouille et des cartes en règles générales qui ne disent pas toujours vrai. Mais, il y avait il un grand intérêt à écrire ça dans mon cours ? Sans doute pas. Ensuite, on eu le droit à une biographie de Gwendoline apparement elle est morte assez vieille peut être à cause d'une maladie dans le monde des sorciers, la dragoncelle. C'était bizarre comme nom. La dragoncelle m'évoquait un dragon avec selle comme pour les chevaux. Pourquoi avoir donné ce nom à une maladie... Chez les moldus il y avait eu la grippe, la rage, la H1N1 ou encore la Covid et tous ces noms là n'avaient rien eu de rigolo comparé à la dragoncelle. C'était peut être normal chez les sorciers, pour dédramatiser la maladie.

Je notais sur mon bon de parchemin "Gwendoline est morte à un âge avancé mais elle est morte à l'époque d'une maladie sorcière du nom de Dragon Selle." Je n'étais pas convaincue de l'orthographe mais il fallait bien que je l'écrive. Je sentais que le cours touchait bientôt à sa fin car la professeur commença à retourner près de son bureau pour nous distribuer nos devoirs.

J'espère sérieusement que ma nouvelle méthode va payer et que je ne perds pas tout ce temps pour rien et que j'aurais à tout les cours la chance d'avoir une fantastique personne aimable pour que je puisse recopier ses notes, parce que moi, franchement, je n'arrive pas à suivre. En quelques minutes, on est passé à des histoires de bûcher, et maintenant, on parle de chocogrenouilles. Il faudra que quelqu'un m'explique le rapport. Miss Montomort aurait-elle faim elle aussi ? Ah oui, ça y est, je crois que je l'ai. C'est encore la sorcière tarée n'est-ce pas ? Il me semble bien avoir sa carte en plus. Non que je fasse réellement la collection ou que je sois une grande amatrice de chocolat, mais cela fait toujours plaisir de manger un quelque chose en cours de matinée, comme aujourd'hui. J'ai entendu dire que le sucre était une vraie drogue, et je me demande si c'est vrai. Je suis bien sûr au courant du fait que l'on mange trop sucré, mais de là à ce qu'ils soit considéré comme une drogue ...

Soudain, une balle de Quidditch brise la fenêtre. Ah, mais c'est pas possible ! A croire que les batteurs sont soit des brutes soit des incompétents. Pourtant, il me semble que Leo n'est ni l'un ni l'autre... Sauf si bien sûr il s'agit d'un coup monté. Dans ce cas là, je suis reconnaissante à la personne qui s'en ait chargé, c'est du beau travail. En plus, avec Kelly, cela nous arrange vraiment. Elle peut manger sa cigarette tranquille, et moi je peux penser à autre chose qu'à Gwendoline. Si c'est pas génial ça, je ne sais pas ce qu'il nous faut de plus.Amusée, je lui lance un sourire avant de me reconcentrer (ou du moins essayer) sur le cours. Ah oui, les chocogrenouilles, c'est vrai. Maintenant, il s'agissait de la mort de Gwendoline de la dragoncelle. J'en oublie souvent qu'avant, les épidémies étaient plus fréquentes et que la science magique ou moldue était bien moins avancée qu'aujourd'hui. E, fait, il n'y a là rien de bien étonnant. C'est une mort presque banale pour l'époque. Je suis surprise de savoir tout ça. Moi qui n'écoute jamais le cours, c'est bien la preuve que je sais tout de même des choses.

Je jette un coup d'oeil sur les notes de ma voisine pour vérifier que j'ai bien tout écouté comme il fallait, et lit les dernières lignes sur la mort de Gwendoline. Un sourire amusé se dessine sur mon visage. Rien de bien méchant, mais je dois m'avouer surprise de cette façon originale d'écrire le mot "dragoncelle". Kelly était sûrement Née-Moldue, ce qui expliquerait sans doute qu'elle ne connaisse pas l'orthographe du mot. J'hésitai à lui poser la question. En ce moment, le sujet des statuts de sang était plus que délicat alors il était possible qu'elle prenne la question comme une insulte. Mais bon, tout de même, si l'orthographe compte au contrôle, je ne tiens pas à ce qu'elle perde des points parce que je ne voulais pas lui dire sa faute. je m'élançai donc :

- Euh, tu ne serais pas Née-Moldue par hasard ? J'ai rien contre hein... mais c'est juste que "dragoncelle" ça s'écrit pas comme ça. En fait, le mot s'écrit tout attaché, et c'est la lettre "c" et pas un "s".

Navrée pour ce retard...

Mince alors, je n'avais pas ouvert la bouche et pourtant Scary avait deviné mes origines. D'habitude je prends toutes les précautions possibles pour ne pas que les autres devinent d'ou je viens mais cette fille là était attentive aux détails. Heureusement elle me rassura rapidement en me disant qu'elle n'avait rien contre et qu'elle avait deviné en voyant la façon dont j'avais écrit dragoncelle. Se faire attraper pour un si petit détail, c'était vraiment pas de bol.

- Mince... Je ne savais pas. Merci de m'avoir prévenu.

Je n'avais pas confirmé le fait que je sois une née moldue. Je préférais ne pas lui répondre ainsi peut être qu'elle aurait un doute sur ma nature et n'en demanderait pas plus. J'avais entendu de drôles d'histoires au sujet du sort que l'on réservait au gens comme moi alors il valait mieux être prudente. Cette conversation avait donc pris une autre tournure et je me sentais un peu plus mal maintenant. Je ne savais pas ou me mettre et je n'osais pas écrire une nouvelle bêtise. Heureusement la professeure avait terminé son cours et après avoir récupéré nos devoirs, nous avions pu quitter la salle de classe.

Avant de partir j'étais restée quelques instants à mon pupitre pour avoir une petite discussion avec Scary.

- Tu ne diras rien hein ? Si tu veux, tu peux garder mon cours. Tu n'auras qu'à me le redonner un peu plus tard ? On va se recroiser de toute façon... A tout à l'heure.

Avant qu'elle ne puisse me répondre j'avais ramassé ma plume et j'avais quitté la salle de classe en laissant mon cours à ma camarade. Je me sentais honteuse de ne pas avoir su écrire correctement le mot dragoncelle. Et honteuse de mon sang aussi. Toute cette histoire m'avait ramené à un souvenir qui n'était pas des plus agréable. Un souvenir ou mes parents avaient du mal à accepter mon statut de sorcière. Et dans cette école, les gens avaient du mal à accepter le statut de né moldu. C'était très compliqué pour moi toutes ces histoires mais il y a une chose que j'avais retenu : Ne jamais dévoiler ses origines.

Une fois à l'extérieur de la salle de classe, je m'étais précipitée dans les escaliers pour descendre jusqu'à la grande salle et manger mon repas. Ce cours sur la folle qu'était cette sorcière Gwendoline m'avait donné une faim de loup. En arrivant dans la grande salle je fus surprise de voir autant de monde. Ok j'étais restée un petit peu plus longtemps dans la salle de classe mais tout de même je n'étais pas restée plus longtemps qu'une dizaine de minute. Heureusement, j'avais rapidement repéré une petite place de libre à la table de ma maison. Ni une ni deux je m'y étais insérée prête à dévorer mon succulent repas.