Milieu Août 2046

On était milieu Août. Déjà un mois et demi de vacances de passé et Ginny me manquait.
Je décida de mentir à ma mère, malgré le divorce actuel, en lui disant que Ginny était ma meilleure amie.
Je lui demanda d'inviter Ginny et celle-ci accepta.
Un semaine plus tard, j'attendais avec impatience l'arrivée de ma rousse à la maison.
Il allait falloir que nous soyons discrètes mais cela n'était pas un problème même si il allait falloir que je me retienne de la serrer dans mes bras ou même de l'embrasser !
Cela allait être difficile mais dans le pire des cas, que feront-ils si ils le découvraient ?
Rien ne m'importait : j'allais enfin la retrouver.
C'était un matin.
Je m'étais mise en tenue de sport : brassière de sport et legging de sport.
J'étais prête à faire de la boxe.
Lors d'une pause, je vis une voiture se garer devant notre humble demeure.
De cette voiture sortit Ginny.
Plus belle que jamais.
Je me releva et m'approcha de la barrière et l'ouvrit.
Ses parents n'étant pas sortit, j'eut le temps de la saluer d'amour.
- T'es belle Ginny.
Ses parents sortirent donc je ne dis rien d'autre.
- Excuse moi cette tenue. Je m'entrainait.
On voyait mes "abdos" comme disait ma sœur et j'avais l'air d'une sauvage.
- Oh et...
J'avais dit ça en regardant mes gants.
Je les retira et les balança dans l'herbe.

@Ginny Ruewen, et voili voilou !

Quand la voiture s’est arrêtée devant la maison de Charline (enfin, si on peut appeler ça une maison), je frémis d’excitation. Ça fait un mois qu’on ne s’est pas vues : autant dire, une éternité.
C’est ma mère qui m’a amenée, je n’ai pas vu mon père depuis... enfin, bref.^[1] C’est ma mère qui m’amène.
Je crois qu’il est chez un ami, avant de trouver un appartement dans la région.
Mais ce n’est pas le moment de penser à ça.
J’ai pas mal de trucs à raconter à Line, a commencer par le soir de mon arrivée chez moi qui a tourné au vinaigre.
J’espère qu’elle aussi a de quoi papoter en réserve, parce que je pourrais me mettre à pleurer a tout moment. Ça m’arrive beaucoup, en ce moment.
Pour un mot, un geste de trop.
Je suis devenue une fontaine automatique.
Eau non potable.

Ce ne sera que passager.
Je déteste les filles qui pleurent pour un rien.
Je ne suis pas comme ça.
Je reste impassible, quoi qu’il arrive et il n’y a pas de raisons pour que ça change.

Avant que ma mère ne sorte, je l’entends me dire que je suis belle.
Ou alors j’ai rêvé.
J’aimerais lui répondre que je ne le serai jamais je autant qu’elle, mais trop tard, ma mère m’entendrait.
Alors, je me contente de lui sourire.
Le seul que j’ai fait depuis des jours.
Elle m’explique qu’elle faisait du sport, ce qui explique les gants de boxe qu’elle vient de retirer.
Ma mère arrive et salue la mère de Charline.
- Ça ma fait très plaisir que Ginny se soit fait une bonne amie a son école, c’est important ! elle a toujours su se faire des amis, mais les vrais sont plus difficiles à trouver...
Toujours su se faire des amis ?
- Toujours su les perdre, plutôt...
J’ai marmonné.
Normalement personne ne m’aura entendue... seule Line est assez proche.
Ça y est, ma mère commence à bavarder.
Je regarde Charline, avec un regard qui dit : on fait quoi, maintenant ?

Elle me lança un regard qui voulait demander qu'est ce qu'on fait maintenant ?.
Je lui prit la main et je signala à ma mère que où nous allions.
Nous traversâmes tout le jardin et entrèrent dans le salon, puis traversèrent l'escalier jusqu'à être arrivées dans ma chambre.
J'ouvrit la porte et j'entra dans ma pièce accompagnée de ma petite amie.
Je la fit s'assoir sur mon lit et je m'installa à ses côtés.
Je la regarda et lui souris.
- Tu m'avais manqué, Princesse.
Je la pris dans mes bras et quand ce câlin fut finit, j'approcha mon visage du sien et je l'embrassa.
Cela faisait du bien.
La dernière fois, c'était à la Tour d'Astronomie. C'était la première fois que j'embrassais quelqu'un.
Ce baiser dura longtemps.
Quand nous avons repris notre souffle, nous repartîmes.
Elle m'avait vraiment manqué et cela m'avait manqué.
Pendant que ce plaisir durait, juste entre nous, la porte de ma chambre s'ouvrit.
Je m'éloigna de Ginny et regarda le parquet.
Tiens qu'il est beau ce parquet...
Ma mère étant à la porte, elle nous regardait, sous le choc.
Je commençais à rougir et je pensais à la réaction de ma mère.
Allait-elle être contre cet amour ? Allait-elle accepter ?
Mon cœur battait de plus en plus fort, pendant que les réactions de ma mère se bousculaient dans ma tête.

@Ginny Ruewen, et voili voilou !

Revoir ma petite amie aura été la seule chose positive de ces vacances.
Rien ne s’est passé comme prévu.
Ça fait du bien de retrouver un sentiment de stabilité : je ne doute pas de Liline, je sais qu’elle est là pour moi comme je suis là pour elle.
C’est aussi simple que ça, mais c’est tout pour moi.
Tout ce qui me permet de tenir.
Les autres, je me méfie.
J’ai du mal à faire semblant de leur faire confiance.
Alors que j’ai fait confiance à Charline dès le début, la première seconde.
Quand j’ai compris que je l’aimais, j’étais clairement dans le déni.
Je n’étais pas prête à aimer quelqu’un.
Douze ans, c’est bien jeune pour ça.
Surtout pour réaliser que je suis tombée amoureuse d’une fille...

Donc oui, je suis heureuse de revoir Liline.
Mais une pensée me fait plus peur que je ne voudrais l’admettre : qu’en pensent ses parents ?
Que leur fille sorte avec moi ?
Je sais que mes parents n’ont pas de problème avec sa.
Mais je n’ai aucune idée du cas de Charline.

C’est pourquoi je joue mon rôle de meilleure amie a la perfection.
Dans nos rigolades et nos bavardages, je ne me trahis pas une seconde.
Sauf au moment ou elle m’embrasse.
Je me laisse habiter par le bonheur et l’insouciance comme la dernière fois, sur la Tour d’Astronomie.

Puis la porte s’ouvre.
Je m’ecarte de Charline d’un bond.
Je suis rouge tomate, et je fixe le sol.
La panique me serre le ventre, je suis si embarrassée que des larmes font briller mes yeux.

Quelqu’un a parlé ?
Sans doute pas.
Je m’imagine les pires senarios possibles.
Puis je m’imagine moi, fixant le sol, rougie, presque pleurant.
Non mais, qu’est-ce qui te prends ?
Je devrais me montrer plus courageuse.
Après tout, j’aime Charline.
Point.
Et rien ne changera ça, sûrement pas l’opinion de ses parents.
Je relève la tête, toute trace de larmes disparues.
Et je fixe la personne qui a ouvert cette porte.

- Oh... excusez moi les filles...
Elle nous regarda et ajouta.
- On passe à table, on vous attend en bas...
Elle s'en alla.
J'attrapa la main de Ginny et, sans la regarder, je commença à l'entraîner en dehors de ma chambre.
Je descendit les marches une à une et nous accédâmes à ma salle à manger.
Je lâcha sa main et j'alla m'assoir sur la chaise la plus proche.
Ginny s'asseye à mes côtés et mon père apporta le repas : du poulet rôti avec des pommes de terres.
Mon père nous regarda et nous dit quelque chose auquel je ne m'attendais pas du tout.
- Les filles ? Vous allez bien ? Vos lèvres sont brillantes !
Nous rougissons et mon père nous regarde comme si il n'avait pas compris.
Il nous regarda encore un petit bout de temps jusqu'à comprendre.
- Charline ? Ginny ? Je crois avoir compris. Les filles, vous pouvez nous le dire. Vous vous êtes embrassées ? C'est ça ?
Ginny ne prenait pas la parole, alors je le fit à sa place.
- Oui papa. On sort ensemble depuis Janvier. Je... vous...
- Ma chérie, on ne va pas juger ! D'ailleurs, je trouve ça très mignon. Vous allez bien ensemble et je suis fière que tu sois amoureuse d'une fille et que tu l'assumes.

@Ginny Ruewen, voilà Gin' !

Et... et rien.
J'ai eu tort de paniquer, peut-être.
La personne (à savoir la mère de Charline) n'a rien vu. Je crois.
Ou alors elle s'en fiche.
Ou alors elle garde le sermon pour plus tard.
Devant toute la famille, par exemple.
Elle repart et Charline m'attrape par la main, et nous descendons vers l'escalier, et elle me lâche juste avant que les autres ne puissent nous voir.
Et, peut-être, comprendre ?

Sauf que... je vois le père de Charline nous fixer, en mode "y a un truc que j'ai pas compris"... jusqu'à parler. Je ne suis pas sûre de vouloir entendre.
Il nous demande si nous allons bien, et nous fait remarquer que nos lèvres sont brillantes.
Non, non je ne vais pas bien. Je lutte pour ne pas pleurer et je suis sûre que je tremble.
J'aimerais tellement être une autre fille. Une autre fille qui n'aurait pas ce genre de réactions démesurées, une autre fille qui se serait redressée, bien droite, et qui aurait affirmé "en fait oui, on s'est embrassées et on sort ensemble." Mais, non.
Je ne suis que moi, petite et timide.
Et ça, ça ne changera jamais.

Comme moi, Charline reste silencieuse.
Alors que je l'implore mentalement de dire quelque chose.
QUELQUE CHOSE, N'IMPORTE QUOI ! DIS LUI QU'ON... QU'ON A MIS DU GLOSS BRILLANT ! TU DOIS BIEN EN AVOIR, NON ?
C'est vrai, elle adore le maquillage !
Même si elle n'a pas l'air d'en porter aujourd'hui.
Il faudra que je lui pose la question.

Mais son père devine vite qu'on s'est embrassées...
En temps normal j'aurais paniqué que ça ce voie à ce point.
C'est bon à savoir.
Sauf que là-maintenant-tout-de-suite je suis plus préoccupée par sa réaction.
Bonne ou mauvaise ?
Trop tôt pour le savoir.
Si avant je devait ressembler à une tomate, maintenant c'est plutôt à une tomate pas mûre. Entre le vert et le jaune. Su-blime.

- Oui papa. On sort ensemble depuis Janvier. Je... vous...

- Février... je rectifie.

- Ma chérie, on ne va pas juger ! D'ailleurs, je trouve ça très mignon. Vous allez bien ensemble et je suis fière que tu sois amoureuse d'une fille et que tu l'assumes.

Ces paroles me soulagent tellement que je relève la tête pour faire un semblant de sourire.
Si seulement ma propre mère partageait cet avis. C'est possible, bien sûr.
Mais comme le simple fait d'être une sorcière me fait paraître comme une personne anormale et bizarre, parlons du fait que j'aime les filles !
Et mon père... bah, de toute façon, il est parti.
Alors il s'en fiche.

Mon père regarde ma mère et me lance un regard noir.
- Je disais pas ça pour faire plaisir. Tu sais très ben que je t'ai toujours dis de ne jamais être amoureuse. T'es trop jeune et puis, t'es comme ton père ! Vous allez pas durer, vous allez "divorcer" ! Et puis, on connait même pas Ginny.
Je lâche mon couteau et mes yeux me picotent.

Ma mère prend la parole.
- Thomas, mais t'as pas honte ! Regarde comment tu parles de ta fille ! Laisse la vivre un peu. Je veux plus te voir chez moi.
Ma mère regarde la table et je vois une larmes couler sur sa joue.

Mon père me regarde, puis Ginny et enfin maman et Diana.
Il se lève et monte.
Nous continuons à manger dans le calme et mon père redescend, une demi-heure plus tard, une valise à la main.
- Je m'en vais puisqu'on me le demande. Je pars chez mon meilleur ami, si on me cherche.
Et là, il claque la porte derrière lui.

Je me lève de table et explose en sanglots.
Je commence à monter les escaliers et monte dans ma chambre.
Je m'effondre sur mon lit et j'entends quelqu'un monter.
Ginny entre dans ma chambre.
Entre deux sanglots je lui dis :
- Au fait, tu préfères dormir avec moi ou sur le clic clac... qui fait mal au dos ?

@Ginny Ruewen

J'essaie de me reconnecter à la réalité, mais je suis trop loin.
J'assiste à une sorte de drame familial.
Une scène dont Charline se souviendra sans doute toute sa vie.
Je n'ai rien à faire ici.
Je suis une inconnue.

Je devrais pleurer, je crois, mais rien.
Rien ne viens.
Je reste là, les yeux rivés sur mon assiette.
Sans rien dire, ni rien faire.
Je ne ferais qu'empirer la situation, de toute façon.

Si je n'avais pas été là, son père n'aurait pas prononcé ces mots.
Ils les aurait pensés certes, mais ils ne seraient pas sortis.
Ils ne seraient jamais venus blesser Charline.


Une porte claque.
Le père de Charline est parti.
Parti, parti.
Comme le mien.
Parti.
Et Charline explose en sanglots.
Comme moi, le jour de mon retour à Londres.
Quand je me suis enfermée dans la salle de bain et que j'ai coupé mes cheveux juste parce que j'avais envie. Qui sait ce que j'aurais pu faire avec ces ciseaux.
Quand même pas.
Mais quand j'entends Charline repousser sa chaise et retourner dans sa chambre en pleurant, je la suis automatiquement, sans un regard pour sa mère et sa soeur.

En arrivant dans sa chambre je la trouve écroulée sur son lit, le visage baigné de larmes.

- Au fait, tu préfères dormir avec moi ou sur le clic clac... qui fait mal au dos ?


Je hausse les épaules, à vrai dire je m'en fiche pas mal.
Son état me préoccupe bien plus.

Je viens m'asseoir à côté d'elle.

- Je... sais pas quoi dire.

Tw : Insultes, gros mots, si vous êtes sensibles à cela, ne lisez pas la suite.

Après cette phrase, je lui crie, la gorge nouée et la voix tremblante :
- Et bah sait !
Je me lève du lit et meloigne d'elle.
- Tu comprends pas ce que je vis !
Je pleure. Je suis en colère.
- J'en peux plus de vivre comme ça !

Je lui lance un regard noir et souffle.
Je me retourne et fais craquer mes doigts. Ce geste m'aide à évacuer ma colère.
Même si, pour le coup, cela ne marche pas trop.
Je dois avouer que actuellement, je pense quand même que c'est sa faute. A ginny.
Je lève les yeux au ciel et j'entends Ginny me dire :
- T'inquiètes Liline, j'suis là. Tout va bien !

- T'en sais rien. Tu vis pas avec eux. Tu souffres pas en permanence à cause de ces sales cons. Ces connards me font souffrir jour et nuit et ils s'en rendent pas comptent. Tu m'étonnes. Vu leur égoïsme, ils seront ces gros... batards toute leur vie.
J'attrape le dernier cadre d'une photo de famille qu'il me reste et la serre fort.
Je souris et le balance par terre.
Le bruit du verre qui se brise retentit dans ma chambre et je rigole en voyant ce cadre, brisé.

@Ginny Ruewen

Si je m'attendais à ça.
Je ne connaissait pas cette façade de la personnalité de Charline.
Jamais je ne l'aurais cru de sa part. J'aurais pensé qu'elle continuerait à pleurer, et c'est tout à fait légitime. Mais jamais encore je ne l'avait vue dans cet état.
Son regard, ses cris, comme si c'était ma faute.
C'est ma faute.

Et puis quoi d'autre ? Je ne comprends pas ? Mais bien sûr. Notre situation n'est pas identique, mais elle se ressemble, parfois. OK, son père ne veut rien savoir à propos de nous deux. Enfin, si ça tiens toujours. Je n'ai aucun moyen de le savoir.
Mais est-ce que Charline a une mère qui la trouve anormale, mais qui n'ose même pas le lui dire ? Et un père qui semble de son côté mais qui part au milieu de la nuit, puis qui t'inonde d'excuses sans faire un pas pour réparer sa bêtise ? Je ne dirais pas que ma situation est pire que la sienne, non. Mais franchement, qu'elle ralentisse un peu. Là, elle entre dans le rouge.

Je suis à deux doigts de lui crier dessus à mon tour.
De lui dire un peu, que je suis sympa, mais jusqu'à une certaine mesure.
Qu'elle s'en aperçoive, comme les autres !
Ils ont...

Les autres.
Ils ne méritent pas que je m'en rappelle.
Pas d'eux.

Mais...
Non.
Je peux pas faire la même chose avec Charline.
Je peux pas.
C'est pas une "autre".

Et elle n'en sera jamais une.

- -T'inquiètes Liline, j'suis là. Tout va bien !

Aucune sincérité dans ces paroles.
Mais un petit mensonge vaut sûrement mieux qu'une grosse engueulade.
Pour l'instant.

- T'en sais rien. Tu vis pas avec eux. Tu souffres pas en permanence à cause de ces sales cons. Ces connards me font souffrir jour et nuit et ils s'en rendent pas comptent. Tu m'étonnes. Vu leur égoïsme, ils seront ces gros... batards toute leur vie.

- Ouais, j'en sais rien ! J'sais pas comment ils sont ! Mais calme toi, OK ?Je comprends que tu sois bouleversée, mais vas-y doucement quand même ! D'abord, tu t'énerves. Puis après, tu réfléchis. Mais t'y pense tellement que ta colère te bouffe de l'intérieur ! Après, t'étonnes pas si tu te sens mal à cause de c'que t'as dit ! Si j'étais toi, j'écouterais c'que j'te dis en ce moment même. T'as beau être en colère contre moi, tu peux pas nier que j'ai raison.


Oups. Je m'étais promis de pas le faire.
Je l'ai fait.
Une unique larme coule sur ma joue.
De rage où de tristesse ?
Je ne le saurais sans doute jamais.

Malgré tout, derrière mes cris, j'y ait caché une partie de moi.
J'essaie de l'avertir.
Mais je ne m'y suis pas bien prise.