Noémie était sur le chemin pour sa salle commune, nageant sur un petit nuage. Sa rencontre avec Jacob s'était passée à merveille. Mais la jeune première année avait bien vite déchanté en arrivant face à la statue de l'oiseau.

La voilà assise, dans un couloir froid, frissonnant, rêvant de son lit bien chaud. D'habitude les énigmes de l'aigle ne lui posaient peu de difficultés. Il est vrai que parfois, il lui fallait quelques minutes de réflexion. Mais là, elle séchait. Voilà minimum dix minutes qu'elle était assise, sa tête tapant périodiquement sur le mur par frustration. Elle se répétait en boucle la colle posée par la statue.



Son esprit voguait parmi tout les concepts abstraits qu'elle connaissait. Qu'est ce qui pouvait être tout et rien en même temps?

La jeune brune avait tout essayé, elle en venait à chuchoter les premiers mots qui lui venaient en tête, dans l'espoir, que l'improbable se produise, l'un d'entre eux se trouvait par hasard la bonne réponse. Vide, infini, étendu...etc. L'aiglonne s'en voulait d'avoir recours à des moyens si peu logiques, si peu digne de sa maison. Mais la fatigue commençait à se faire sentir, et son cerveau demandait trop de sommeil pour pouvoir y réfléchir avec toute ses capacités.

L'idée même de dormir à même sur le sol froid du couloir commençait à se faire une place dans son esprit.

Bon, ce rp est libre, mais s'il vous plait, pourriez-vous m'envoyer un petit hibou avant de poster? Merci d'avance

Quatre jours. 96 heures et encore plus de grains de sable nécessaires pour mesurer le temps avec un sablier. Dans quatre jours, elle aurait - quel âge déjà ? - treize ans. Un âge un tant soit peu ingrat, il fallait se l'avouer. Rien que les formes du mot treize invitaient à considérer qu'on atteignait un pic dans l'adolescence, dans les boutons, le surpoids lié aux hormones et les autres désagréments.
Examinons : le t était droit et sévère, ressemblant aux parents embêtants, le r témoignait de la rudesse de cette époque et ainsi de suite, en passant par le z, aussi étrange que tous les sentiments qui traversent un corps de cet âge.

Dans quatre jours, 96 heures et encore plus de grains de sable, Lydia Holmes aurait donc treize ans. C'était le sujet qui occupait son esprit en ce moment : son anniversaire. Elle se demandait comment cela se passerait, si elle partagerait d'aussi beaux moments que ceux avec Kyana l'année dernière.

Elle avait donc décidé de passer dans sa salle commune afin de réfléchir à ce qu'elle voulait faire pour cet anniversaire. Comment elle voulait être ce jour là et, le plus important, comment elle voulait paraître.

Elle n'avait pas vu que le couvre feu était dépassé d'une trentaine de minutes : elle ne faisait plus vraiment attention à ce qui l'entourait. La brunette remarqua cependant qu'il n'y avait que très peu d'élèves à attendre dans les couloirs et elle commençait à s'inquiéter jusqu'à ce qu'elle croise une jeune fille qui attendait devant la porte de la salle commune.

Première année sûrement. Nom ? Aucune idée. Elle la dévisagea du regard, ses yeux azur analysaient rapidement ce qu'ils voyaient, puis prit la parole.

« Tu fais quoi ? Ça va ? »

Elle tempérait autant que possible sa voix pour ne pas y laisser transparaître trop de mépris.

Une fille arrive, plus vieille que Noémie ça elle en était sûre. Elle ne l'avait jamais vu en cours avec elle. Serait-elle sa sauveuse? Celle qui lui montrerait le chemin vers son lit?

Qu'est ce qu'elle faisait? Cela semblait évident. Du moins, elle ne restait pas assise dans le froid pour le plaisir de tester sa résistance à l'hypothermie. Mais elle n'en dit rien, trop fatiguée pour se tenter à la répartie.

"Je bloque sur l'énigme. T'as une idée de ce qui peut être tout sur le coté, et rien si tu le coupes en deux?"

Ce qu'elle venait de dire n'avait aucun sens, et elle le savait.

La première année avait peur que les deux Serdaigle se fassent prendre dans cette situation. Est ce que le préfet ou professeur serait compréhensif? Elle doutait, il dirait sûrement qu'elles auraient dû s'y prendre en avance. En soi, elle n'avait pas peur de la sanction, elle l'accepterait sans broncher, mais elle aimerait mieux l'éviter.

Sa transgression valait le coup, elle le savait. Elle avait l'habitude de déambuler la nuit pour déposer ses tracts, sachant ce qu'elle risquait. Mais ça valait le coup. C'était la seule sûreté que l'enfant avait en cet instant: elle ne regretterait pas l'hypothétique sanction, elle la payera, si c'est le prix d'agir. Même le froid des briques, le courant d'air qui lui gelait les bras valaient le coup, la fatigue, tout ça, elle en était convaincu.

Son attention se retourna sur sa camarade, ses yeux aussi. Elle la regarda donc, se demandant si elle avait une potentielle réponse.

L’autre fillette bloquait sur l’énigme. Elle ne trouvait pas l'énigme ; Rowena lui refusait l'accès.

Un grand flash se fit dans le cerveau de Lydia. Les souvenirs remontèrent, les sons se firent entendre, les images réapparurent. Elle déglutit, sentant le goût de sang envahir sa bouche. Sa cicatrice à l’intérieur de sa joue lui rappelait ce jour-là. Ce jour-là, de première année où elle s’était crue abandonnée par Kyana. Où elle avait rencontré Siam, et Merlin sait comment les deux enfants s’étaient asticotées pour finalement se détruire.

Elle s’était enfuie, lâchement, en colère et plus dévastée qu’elle ne l’avait jamais été. Elle s’était enfuie trois fois dans sa vie : lors de cet épisode, quand on lui avait annoncé la fausse-couche de sa mère et durant sa première grosse embrouille avec son père. Après avoir déserté, elle avait voulu se rendre, claudiquant quasiment, dans sa salle commune. Encore une fois, tout avait dérapé puisqu’elle avait échoué : Rowena ne voulait plus d’elle et lui fermait violemment ses portes en posant une énigme des plus difficiles. Qu’était la réponse finalement ? Le néant ? Curieux parallèle avec ce qui venait d’envahir tout son corps à l’instant-même.

« J-j-je… » balbutia-t-elle, perturbée.

*Reprends-toi, damned.* Elle respira profondément.

« Mh je vais réfléchir. Il m’était arrivé la même chose l’année dernière : on finit toujours par rentrer. »

Qui rassurait-elle ? La première année ou son cœur battant la chamade ?

Références à ce rp.

Bon, manifestement, la jeune fille en avait aucune idée non plus. Noémie eut un petit soupir avant de se reprendre. Elle avait écrit l'énigme sur un petit morceau de parchemin, dans l'espoir d'y voir plus clair. Elle tendit ce dit parchemin vers sa camarade.

" Tiens, pour l'énoncé complet. Tu veux t'assoir?" dit-elle montrant l'espace en face d'elle.

" À deux cerveaux on devrait pouvoir y arriver. Au pire, quelqu'un nous récupérerait bien demain matin."

Cette dernière solution, dites sous le ton de l'humour, mais pas tellement non plus, ne lui plaisait pas, mais heureusement, on était en février. Son écharpe pourrait faire un oreiller, sa cape aussi. En bref, de quoi ne pas être trop inconfortable. Ce n'était toujours pas l'idéal malgré tout. Et puis, ce ne serait pas bon pour l'égo, de se faire récupérer au petit matin comme des chats de gouttières, surtout qu'elles auraient moins de temps pour se préparer à aller en cours. Le mieux étant encore qu'elles viennent à bout de cet énigme. Et le plus tôt, le mieux.

"Bon déjà, grande question. Est ce que la réponse est un objet physique, un concept philosophique ou autre? Ça nous aiderait à ne pas nous éparpiller."

L'autre Serdaigle, lui avait redonné espoir! Si elles y allaient par élimination, comme une pyramide inversée, elles devraient y arriver, ou au moins être proche de la réponse. Le reste ne serait que de la supposition. Mais là, il n'était pas l'heure aux suppositions, mais aux déductions!

Tout le temps, elle masquait son trouble. C’était devenu une habitude ; on ne montrait rien, sinon on n’était rien. Lydia aurait pu prendre cette phrase comme résumé de sa vie, et surtout de son attitude face aux autres. La deuxième partie du mantra never complain, never explain était respectée autant que possible chez la petite Holmes.

Elle détestait se montrer dans un quelconque état de vulnérabilité. Elle n’était pas comme ça, elle ne voulait jamais l’être.
Elle avait cru faillir devant la première année, son corps s’était tendu et se préparait au moindre sentiment d’humiliation pour fuir lâchement. L’autre ne devait absolument pas la voir faible – et tant mieux, il était apparu que la première année ne remarquait strictement rien. La jeune fille manquait-elle autant de sensibilité pour ne pas s’apercevoir que Lydia était prête à complètement perdre pied ?
Elle continuait rationnellement sa recherche de réponse alors que la brunette avait eu l’impression que son monde s’écroulait sous le poids de leur échec face à Rowena...

« Bon alors, se résigna Lydia. Ça ressemble à un jeu sur le double-sens des mots. Tu sais, le style de blague ou on dit ‘quand je suis chaud on me dit frais’ pour parler du pain. »

Elle récapitula rapidement les informations dans sa tête. Tourner sur le côté. Le tout, ce qui nous englobait, nous petits êtres et l’univers géant. Couper en deux. Le rien, ce qui nous faisait disparaître, nous individus ridicules au milieu du néant profond.

« T’aurais une idée ? On va trouver, t’inquiète pas. »

La petite brune hocha la tête au parole de la plus vieille. Ne remarquant rien de particulier, si ce n'était qu'elle avait l'air vaguement inquiète. Mais Noémie ne voulait pas s'attarder dessus; les émotions de sa camarade n'étant nullement ses affaires, ou sa priorité. Cette dernière étant de retrouver son lit.

" On dirait oui..." dit-elle pensive.

Avait-elle une idée? Et la dernière partie de la phrase de la plus vieille était-elle pour rassurer Noémie ou Lydia ou les deux? Oui elle avait une idée de piste.

"Je pense que tu as raison pour le double sens. Peut-être que ça joue sur un concept abstrait mais qui physique résout l'énigme. Enfin, je ne sais pas si je suis claire. Peut-être que visuellement ça pourrait correspondre? "

Noémie s'arrêta brusquement. Elle ne voulait pas commencer à divaguer pendant plusieurs minutes en face de sa camarade; cela aurait été honteux. Surtout si elle faisait fausse route. Son égo, déjà suffisamment meurtri de son échec actuel n'en avait pas besoin.

Elle releva son regard vers l'autre brune. En soi, ça la rassurait de voir qu'elle n'était pas la seule qui ne trouvait pas la réponse.

"Rowena a quand même de drôles d'attentes de nous. Tu ne trouves pas? "

Après tout, la sagesse et la créativité ne passait pas toujours par la résolution d'énigmes. C'était juste une preuve de logique, ce que Noémie, en temps normal était. Mais il semblait que son cerveau ai décidé de se mettre en grève ce soir.

Elle traça du bout des doigts, sur la pierre froide, le mot tout. Puis effectua une translation pour le tourner sur le côté, et tenta de couper en deux le mot. Pas convaincant… Elle en conclut que la solution ne devait pas se trouver dans des lettres puisqu’on ne pouvait pas tourner des lettres sur le côté. Si l’énoncé parlait de ‘retournement’ on aurait sans doute pu jouer avec l’envers de certaines lettres qui en formait d’autres mais ici, ça ne fonctionnait pas.

« Je pense que ça correspond visuellement et ça m’étonnerait beaucoup que la réponse soit une lettre ou un mot. J’pense que c’est un symbole ou quelque chose du style. »

La première année évoqua ensuite les exigences bizarres de Rowena. « Je comprends la démarche mais c’est vrai qu’être à Gryffondor doit être plus facile ! »
Lydia commençait à fatiguer. Et elle se disait, pour la deuxième fois, que Serdaigle n’était sans doute pas le lieu où elle aurait dû aller. Elle n’arrivait pas à résoudre l’énigme pour la seconde fois ; n’était-ce pas la preuve qu’elle ne méritait pas sa maison ? Elle ne savait même plus si elle en partageait les valeurs, elle ne savait même plus si elle correspondait au caractère modèle de Serdaigle. L’insouciance de Gryffondor et leur capacité à foncer tête baissée dans les entreprises les plus absurdes (on appelait ceci du courage apparemment) l’attirait désormais.
Elle fixa à nouveau le sol, creusant dans son cerveau pour y trouver ce que Rowena attendait.

Mes plus plates excuses pour le retard

La petite aiglonne était d'accord avec l'analyse de la plus vieille. C'était logique. Suivant son exemple, elle se mit à tracer des formes un peu au hasard sur les pierres, de son index gauche tout en écoutant Lydia parler. Un triangle, un carré, un cercle...

"Apparemment certains ont du mal avec le mot de passe, le retenir ce doit pas être si compliqué pourtant. Dit. Un cercle ça pourrait pas faire zéro. Comme ...rien. Après, ça ne peut pas être tout non plus..."

La petite aiglonne se sentait quelques peu dépassée, comment quelque chose pouvait être tout et rien? C'en était trop paradoxal pour l'enfant de douze ans.

" C'est peut-être que des maths?"

Noémie tenta vainement de se rappeler de ses cours de mathématique prodigués par ses grands-parents quelques mois plus tôt. Elle ne connaissait que les bases. Mais cette idée de zéro et de rien l'intriguait. Si Rowena lui avait soumis cette énigme, c'est qu'elles étaient capable de la résoudre. Elle ne la voyait pas leur demander ce qu'elles ne sauraient répondre. C'était de la logique. Ne serait-ce que par logique.

La petite sorcière sentit ses yeux se fermer malgré elle. Qu'elle aimerait juste se reposer les yeux. Mais elle savait comment ça finissais ses histoires de repos des yeux. Prenant sur elle, elle les força ouvert et se reprit, retraçant le cercle, ou le zéro. L'un pouvait être l'autre et inversement.

Selon la première année, le mot de passe pour entrer dans une salle commune n’était pas non plus la solution la plus fiable. Certains auraient du mal à le retenir… Lydia pensa que ceux-ci devaient avoir une tête bien trop remplie d’informations, ragots, rumeurs inutiles et ce bazar les empêchaient de retenir quatre lettres pendant une semaine. En moins de mots : ceux-ci devaient être sacrément idiots. Les deux serdaigle, elles, se retrouvaient à plancher sur une énigme qui avait apparemment trait aux mathématiques.

« Oui mais ce cercle il est dérivé d’un truc coupé en deux. Je pense que la réponse est un symbole, mais lequel ? »

Elle traça les symboles mathématiques qu’elle connaissait du bout de son doigt. Pi, racine carrée, infini. Il était joli celui-là, tout en courbes. On avait l’impression d’une vague remplie, un sablier renversé… L’infini quoi ! Le cerveau de la jeune Holmes s’activa – à croire que ses treize ans en approche la rendaient plus futée – et eut une illumination.

« Eh attends, j’étais en train de me dire que le symbole de l’infini était stylé mais en plus il m’a l’air de correspondre à l’énigme ! R’garde : (elle fit la démonstration en suivant ses paroles) Si tu le coupes ça donne zéro, le rien comme tu disais. Et en entier c’est l’infini ; je vois difficilement ce qu’on peut faire de plus en terme de ‘tout’. Si on le tourne maintenant ça donne… Oh, un 8 ! »

Regagnée par l’énergie, elle se leva pour se précipiter devant le heurtoir. Les fourmis parcouraient ses jambes engourdies par une mauvaise position assise pendant trop de temps. « Coucou le heurtoir, tu nous a bien fait mariner idiot ! Avec (elle se tourna vers Noémie) comment tu t’appelles déjà ? on pense que la réponse est 8 et on espère que c’est ça. »

La porte s’ouvrit et heureusement, Lydia avait déjà trop discutaillé de façon ridicule avec le heurtoir. Elle adressa un grand sourire à sa camarade d’énigme tandis qu’un immense soulagement l’envahissait. Elle n’avait pas laissé place à son angoisse et ses larmes cette fois : la solution lui était venue rationnellement et elle avait même réussi à collaborer avec une autre personne pour être plus efficace. Il faisait bon de rentrer dans le Petit Salon le soir pensa-t-elle, qu’elle ait douze ou treize ans.

Sûrement le dernier post pour moi Merci !