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21 août 2021, 15:05
Le chapeau qui lisait mon cœur  PV 

@Elowen Livingstone

Neige


Quand les portes de mes paupières s'ouvrirent pour la première fois hors de ma prison, je vis d'abord la lumière. Une lumière éclatante, naturelle : le jour, tout simplement. Depuis quand n'avais-je pas vu le jour, si clair, depuis quand n'avais-je pas pu deviner l'astre scintillant derrière une épaisse barrière de nuages grisâtres ? Il pleuvait, ce jour-là. Les gouttes de pluie frappaient contre les carreaux de cette salle pleine de lits et de rideaux. Je voulus fermer les yeux une fois de plus pour savourer cette mélodie qui m'était presque devenue étrangère. C'était la musique du dehors, la symphonie de ma liberté qui commençait.

Mon dernier souvenir de l'extérieur était blanc. La neige entourait la forteresse ; en ce temps-là, en cet endroit-là, la neige ne fondait que rarement. Elle était belle, brillante, douce et épaisse, c'était une neige qui faisait crouinch-crouinch quand on y enfonçait ses bottes. C'était dans cette neige que je chassais avec père, que je jouais avec lui – et il me réprimandait toujours avec le sourire. C'était dans cette neige qu'il était tombé pour la toute dernière fois, dans cette neige souillée de rouge qu'il avait lâché son dernier soupir. Cette neige que j'avais voulu traverser, quand j'ai entrepris de m'enfuir la première fois. La neige : la dernière beauté de mon ancienne vie de mortelle. Est-ce qu'il neigeait souvent, ici, à Pou... Poudlard ?


Parole


On s'est aperçu que j'étais réveillée, et on est venu me parler. Je ne comprenais pas un traître mot de ce qu'on me disait : tout ce qui sortait de ces bouches étaient une suite de sons qui ne voulaient rien dire. Une voix était grave et sèche, elle trahissait l'impatience, et l'autre était plus douce mais tout aussi avide de communiquer. Je ne pouvais rien dire. On attendait quelque chose de moi, que je dise quelque chose, que je réponde, mais je ne savais même pas quelles questions on me posait. D'où est-ce que je venais, certainement, qui j'étais, qu'est-ce que je faisais là. Il y eut un silence pendant lequel ces femmes me fixèrent. Je les regardai l'une après l'autre, lèvres scellées. J'avais juste envie qu'on me laisse tranquille, qu'on m'emmène dehors, danser sous la pluie à m'en rendre malade – j'avais oublié cette sensation-là : être malade ! Si je pouvais avoir un bon gros rhume, quel plaisir ce serait ! Mais les grandes femmes attendaient.

« Sildnir. »

C'était le seul mot que je pouvais prononcer en étant sûre de ne pas me tromper. Cela devrait au moins répondre à l'une de leurs interrogations, si elles comprenaient que c'était mon prénom. Mais les deux femmes se regardèrent, l'une fronça les sourcils, et je répétai, en pointant mon index vers mon torse :

« Sildnir. »

Elles échangèrent quelques mots, puis la femme aux cheveux noirs finit par m'imiter, se désignant d'abord elle, puis l'autre femme :

« Je suis Kristen Loewy. C'est Elina Montmort. »

Je hochai la tête, fatiguée. Je m'en fichais pas mal de leurs noms, pour l'instant. J'étais dans les vapes et j'avais besoin d'air frais. Je fis rouler ma tête sur mon oreiller et vis Elowen, allongée non loin de moi. Elle pourrait peut-être m'emmener dehors, elle. Je prononçai quelques mots en pointant du doigt Elowen, puis moi, puis la fenêtre, mais on secoua la tête en disant encore autre chose. Finalement, on me laissa tranquille pour l'instant, mais j'étais coincée dans ce fichu lit.


Château
Avril 2046


Tout était différent, ici. Poudlard était un château qui n'avait rien à voir avec la Forteresse des deux rois : il était moins trapu, il y avait plus de tours, les fenêtres étaient plus grandes, il y avait plus de recoins. Ce château me paraissait immense, et je ne comprenais pas que ce ne fut pas la demeure d'une famille de sang royal : on avait préféré en faire une école !

Je commençai à reconnaître quelques mots. Bonjour, merci, s'il vous plaît, au revoir, furent les premiers indispensables de mon vocabulaire. J'avais enchaîné avec la présentation : je m'appelle Sildnir, j'ai quatorze ans. Je devais me retenir de dire que j'avais quatorze ans depuis des milliers d'années, car on ne comprendrait pas. En quelques semaines et avec beaucoup de gestes, je pus me faire comprendre à peu près, si l'on prenait le temps d'essayer. Je ne parlai cependant pas beaucoup : les autres m'intimidaient, et mon esprit était toujours encombré par des tonnes et des tonnes de découvertes. Tout me semblait nouveau, je n'avais pas de notion du temps, je ne me sentais pas à ma place. Il n'y avait qu'avec Elowen que je me sentais en sécurité, alors je la suivais autant que possible.

Un jour, nous avons été convoquées dans le bureau de la directrice de Poudlard. Il était apparemment question d'un objet qu'on allait me poser sur la tête, un chapeau un peu spécial qui me dirait qui allaient être mes amis. J'avais appris il y avait bien longtemps qu'il existait quatre maisons, à Poudlard : Gryffondor, Serdaigle, Poufsouffle et Serpentard. Cette dernière, je ne voulais pas en entendre parler. C'était un Serpentard qui m'avait volé mon cœur, autrefois. Et c'était ce Salazar Serpentard qui m'avait empêchée de sortir, si on y réfléchissait bien. Est-ce que Salazar Serpentard était encore dans le château, d'une manière ou d'une autre ?

Je suivis Elowen jusque devant les escaliers en colimaçon et m'arrêtai net. Et si ce chapeau nous séparait ? J'agrippai la main d'Elowen et la regardai très sérieusement. Était-on vraiment obligées d'y aller ?

« Peur. Toi moi ensemble toujours. Vrai ? »

21 août 2021, 16:12
Le chapeau qui lisait mon cœur  PV 
Avril 2046,
Elo est en 4ème année,
Avec @Sildnir et @Kristen Loewy


◈ ◈ ◈ ◈ ◈


Une fois arrivée à l'infirmerie, tout va très vite. Les adultes s'affairent autour de nous, et moi, je ne lâche pas la main de Sildnir, je ne dis pas un mot. Je suis ravie que tout cela soit terminé, ce n'est pas la question, mais je ne peux tout simplement rien dire ; après tout, personne ne comprendrait. Je souris tristement et me laisse faire, épuisée, devenue une poupée désarticulée. On m'installe dans un lit blanc et je tombe de sommeil immédiatement.

Les jours passent, et je recommence peu à peu à parler, d'abord à Sildnir uniquement, puis à Lilly, Jacob et Irene. Les adultes ne peuvent entendre ma voix que la nuit, lorsque je me réveille, trempée, en hurlant. Les cauchemars se suivent et se ressemblent, il y a cet elfe, ce démon, qui m'ouvre le crane pendant que je le supplie de me laisser tranquille. Tous les soirs, ils vient me murmurer quelques mots à l'oreille. « On va s'amuser ». Et puis il commence son manège macabre, tapis dans l'ombre il sort des ciseaux, des marteaux, des clous, il m'ouvre la tête et je ressens tout. Ce n'est pourtant jamais à ce moment que je me réveille, là, je tiens encore, je résiste, je suis forte. Je suis déjà morte une fois, et même si je préférerais éviter que cela se produise à nouveau, je sais ce que ça fait, et je ne craque pas. Il voit que j'ai mal, il voit que je n'en peux plus, mais je ne lui donne jamais ce qu'il désire : la Princesse. Alors il passe à quelqu'un d'autre, un membre de ma famille, un ami, une de mes amoureuses, et là j'éclate, je ne peux me résoudre à les laisser souffrir par ma faute, alors je lui livre ce qu'il attend de moi. Je hurle, « Sildnir », mes membres tremblent, je frappe en tous sens, transpirante, je sors de mon lit et cours me réfugier dans les bras de mon amie. Toutes les nuits, contre elle je dors bien.

Les premiers mots que je prononce à l'attention d'adultes sont expéditifs. « Laissez-moi voir Aelle. » On me répond que non. « Laissez-moi voir Eileen. » Non plus. Les jours passent et je me terre dans cette solitude, partageant mes journées entre les angoisses, les rires frénétiques et incontrôlés, l'envoi de lettres à ma famille, à Essam, à Asha, les discussions avec Lilly, Irene, Jacob, les cours d'anglais que je donne à Sildnir, et les bouquins de runes. Ils me permettent de m'évader, de ne penser à rien d'autre.

Plus le temps passe, et plus je retrouve le sourire. Un jour, je prends mon courage à deux mains et me lance dans un long récit à Miss Kriss, lui racontant la vie de Sildnir, mon parcours dans le Dominion, et à partir de ce moment là, je retrouve ma fâcheuse tendance à beaucoup trop parler.

Finalement, au bout de je ne sais combien d'années d'attente, je suis autorisée à sortir du bureau. Il était temps, je ne supportais plus l'atmosphère ambiante. Je vais bien, sacrebleu ! Mon cerveau est juste encore plus éteint et stupide que d'habitude, mais pour le reste, je me porte à merveille. L'infirmière sait soigner mes plaies, pas mon âme, alors elle ne peut plus rien pour moi, là. Je veux juste retrouver ma vie d'avant...

C'est la directrice qui nous convoque, Sildnir et moi, pour la cérémonie de répartition. Celle qu'avec le temps j'ai appris à aimer, à connaître, et à protéger de tous comme s'il s'agissait de ma petite soeur, est inquiète. Je la prends dans mes bras.

« Toujours. Promis. Le Choixpeau - je lui montre ma tête, il écoute nos voeux. Dis lui que tu veux aller à Serdaigle. Ser-daigle. Ou bien Ventoulpe ! Tout va bien se passer - je lève mon pouce vers le ciel. Ton coeur, non, pas Serpentard. T'inquiète pas. Tu vas aller à Serdaigle, avec moi, ou à Ventoulpe, et c'est tout. »

Je lui prends la main et l'emmène à ma suite dans les longs couloirs. Je lui montre tout ce que je peux pendant cette période de liberté. La salle des trophées, la salle de cours de runes, l'entrée de la volière, l'entrée de la maison des aigles, et puis enfin, le bureau. Je me souviens tout à coup qu'il nous faut un mot de passe pour pénétrer dans la pièce. Ayant oublié de le demander, je cogne très fort contre la pierre et m'écrie :

« Coucou Miss Loewy ! On est là ! C'est Sildnir et Elo ! On peut entrer ? »

Et puis, d'une petite voix, je tente.

« Sorbet citron ? »

Quand les portes s'ouvrent, j'invite ma choupette à ouvrir la marche et je la suis de très près.

« Joyeuse journée à vous, Miss. »

Comme à mon habitude, j'effectue une petite courbette respectueuse devant ma directrice. Évidemment, la main de Sildnir est toujours glissée dans la mienne.

7e année RP - #8C6A8E
JE NE SUIS PAS UN HIBOU UNE PLUME

21 août 2021, 16:59
Le chapeau qui lisait mon cœur  PV 
Déjà-vu


Je regardai Elowen avec des yeux ronds et je compris à peu près ce qu'elle voulait me dire : sa maison était Serdaigle, il fallait que j'aille à Serdaigle, et je n'irai pas à Serpentard car mon cœur n'y était pas de toute façon. Je hochai la tête avec conviction. Elle avait mentionné autre chose, Ventoulpe, mais ce mot ne représentait pas grand-chose pour moi. Il valait sans doute mieux y réagir par un simple sourire : ce devait être l'une de ses blagues. Elowen était quelqu'un de drôle, c'était agréable d'être en sa compagnie. Même si je ne comprenais pas tout, elle avait cette capacité d'ensoleiller le cœur de ceux qu'elle croisait. Elle avait aussi des idées bien à elles et je sentais que j'avais encore beaucoup à en apprendre.

Et puis, Elowen tapa contre la pierre, prononça des mots et quelques secondes plus tard, cette femme aux cheveux noirs ouvrit la porte. Par réflexe, je me glissai derrière Elowen en serrant sa main un peu plus fort. La femme nous lança un regard qui ne me disait rien de bon : elle haussa un sourcil et regarda Elowen de la tête au pied comme si elle avait dit ou fait quelque chose de déplacé. Très polie, je trouvai malgré tout le courage de dire :

« Bonjour, Miss Kriss. »

C'était comme ça qu'Elowen l'appelait la plupart du temps, alors je ne voyais pas où pouvait être le problème. Elle inclina la tête et me lança un regard qui me glaça le sang. Cette femme n'avait vraiment pas l'air aimable, et elle dégageait quelque chose... de familier et d'obscur. J'étais sûre de l'avoir déjà vue quelque part, mais ce n'était pas un bon souvenir. Je serrai encore plus fort la main d'Elowen, en priant de toutes mes forces pour qu'elle comprenne qu'il y avait un danger. J'étais trop dans les vapes pour m'en rendre compte la première fois qu'elle s'était tenue si près de moi, mais maintenant que j'avais retrouvé mes esprits, je le sentais... Cette femme n'était pas une bonne personne. Elle s'écarta de la porte et nous invita à l'intérieur d'un geste de la main :

« Bonjour, mesdemoiselles. Entrez, je vous prie. »

À l'intérieur, il y avait une autre femme, la blonde de l'infirmerie. C'était la sous-directrice, Elina Montmort. Elle se tenait à côté du Cha-Choixpeau qui était assez poussiéreux. Elle devait passer un coup dessus pour que je ne me retrouve pas avec des cochonneries dans les cheveux. Maintenant que je la revoyais et que j'étais sur mes gardes, je me disais qu'elle aussi, je l'avais déjà vue quelque part...

« Bonjour, Misses, fit-elle très poliment. »

Il n'y avait pas vingt mille possibilités. Je n'avais jamais mis les pieds à Poudlard auparavant. Si je me sentais si mal à l'aise en présence de la directrice et si j'étais sûre de connaître la sous-directrice, c'est que je les avais vues dans ma prison, elles y étaient venues. Je fixai la brune avec un air plus mauvais que je ne l'aurais voulu, car elle ne m'inspirait vraiment pas confiance. Tout semblait si faux chez elle ! Je le sentais, moi. J'avais peut-être perdu le pouvoir de lire dans les cœurs avec tout le reste, et même si ma mémoire était toute embrouillée par la distorsion du temps, je le savais : cette femme était venue dans mes cachots et y avait fait des choses terribles. Miss Montmort me rappelait les cachots tout court, mais je ne me souvenais pas d'une véritable noirceur en elle. Le contraste entre les deux était assez flagrant, et je me demandais comment elles pouvaient bien se supporter suffisamment pour travailler ensemble.

« Bien, Sildnir. Mademoiselle Livingstone vous a-t-elle expliqué comment fonctionnait ce chapeau ? demanda la directrice en me montrant l'objet. »

Je fis tourner ma cervelle à toute berzingue pour essayer de traduire ses propos. Je crus comprendre l'ensemble et hochai la tête. Je ne pouvais pas m'empêcher de la regarder bizarrement, et elle dût s'en apercevoir, car elle me fixait aussi. Nos regards croisés devaient avoir quelque chose de dérangeant, d'un point de vue extérieur. J'avais l'impression qu'elle me disséquait du regard, qu'elle essayait de me traverser la tête - et j'avais bien l'intention de faire exactement la même chose pour me rappeler des détails, pour mettre des souvenirs précis sur mes impressions.

« Le chapeau choisir ma maison. Serdaigle, dis-je avec conviction, défiant la directrice du regard et serrant les doigts d'Elowen si fort que je ne pensais même pas à la douleur qu'elle pouvait ressentir. »

22 août 2021, 12:46
Le chapeau qui lisait mon cœur  PV 
La sous-directrice nous accueille elle-aussi, alors je la salue avec tout autant de respect. Au fond de moi, je suis un peu inquiète et je tente de ne rien laisser transparaître, pour ne pas que les deux femmes pensent que j'influence ma copine. Je sais que le Choixpeau écoute nos désirs les plus profonds, pourtant je ne peux m'empêcher de me dire que Sildnir brille de par son courage et sa résistance face aux épreuves de la vie, et qu'elle ferait une merveilleuse Gryffondor. Je connais peu de gens de cette maison, si l'on me l'enlève je ne serai plus en mesure de la protéger des autres et je n'aurai aucun pouvoir sur ce que les gens pourront lui dire ou lui faire. Elle a beau être déterminée, je sais qu'elle est encore fragile et tétanisée, elle ne connaît rien, personne, ni la langue, ni le caractère des autres, et je ne suis pas certaine qu'elle ait très envie que tout Poudlard lui saute dessus pour entendre sa version de l'histoire. Elle le fera quand elle en aura envie, pas quand des affamés de potins des dortoirs l'auront demandé. Je ferme les yeux et prie très fort pour que le Choixpeau lise plus de créativité et de sagesse en elle que de bravoure.

Je tourne la tête vers Sildnir pour tenter de déchiffrer une expression sur son visage, savoir ce qu'elle en pense... et le spectacle que je surprends me coupe dans mon élan. Une bataille de regards est en cours, et pas une rigolote durant laquelle on tire sur la barbichette de l'autre, non non, Miss Kriss et Sisi se lancent des regards noirs et je sens que mon amie est perturbée. Elle ressent un truc pas très joyeux, elle a l'air de savoir des choses sur la directrice. La connaît-elle ? Lui a-t-elle fait du mal ? Je suis perplexe. Qu'elle connaisse Miss Montmort ne me choquerait pas, après tout notre professeure d'histoire de la magie s'est déjà rendue au cœur de la Forteresse des deux rois, il est possible qu'elles se soient croisées là-bas. Par contre, qu'est-ce qu'y faisait Miss Kriss ? Je me promets de chercher des réponses dès que nous serons sorties de ce bureau qui me paraît tout à coup bien moins chaleureux.

Bloquée par l'aura de tension que provoquent les deux regards, je fixe la sous-directrice, perplexe. Mes yeux sont interrogateurs, j'essaie de voir si elle y comprend quelque chose. Lorsque Sildnir commence à me broyer la main, je ne pipe mot mais me secoue un peu, et cela me permet de sortir de cette espèce de transe contemplative dans laquelle j'étais plongée. Je prends une décision et fais confiance à la Princesse, je fixe notre directrice avec des yeux noirs et me place un peu en avant, en position de défense. Mon mouvement est très léger, presque imperceptible, mais je sais que si la situation venait à dégénérer je serais plus à-même de la défendre ainsi, ma copine.

Je l'écoute affirmer ses positions et demander à être dans ma maison, et je lui souris pour la rassurer, tentant de faire abstraction de la douleur. J'enchaîne, pour ne pas que les deux femmes pensent que je la manipule.

« On a tenté de réfléchir ensemble aux caractéristiques de chaque maison, et on croit toutes les deux qu'elle serait bien chez les Aigles, misses. »

Ce n'est pas exactement ce que nous avons fait, je lui ai évidemment présenté au mieux les maisons mais jamais nous n'avons tenté de chercher laquelle lui conviendrait le mieux, il n'en était pas question. Notre choix à toutes les deux était déjà fait, c'était Serdaigle ou rien.

« Vas-y, tu peux y aller, je bouge pas de là. »

Une fois qu'elle me lâche la main et s'éloigne, je chuchote à Miss Kriss, d'une petite voix naïve et dure :

« Je vous aime beaucoup madame, vraiment, vous m'avez beaucoup aidée et préparée, et c'est sûrement grâce à Azalea et vous que je suis encore là, alors merci... Mais j'espère que vous n'avez rien fait à Sildnir, avant. J'ai vu comment elle vous a regardée, elle a l'air d'avoir un peu peur. Elle mérite pas qu'on lui fasse de mal, je vous assure. »

Oui, on pourrait dire que j'ai un peu trop d'audace, et pourtant je n'ai pas su retenir mes mots. La protéger et dire ce que je pense est devenu une mission pour moi, je n'ai pas pu m'empêcher de parler ainsi à notre directrice. Je sais que je prends des risques, mais tant pis. Sildnir passe avant toute autre chose ici, et quiconque lui fera du mal devra répondre de ses actes. Même si pour cela je dois me disputer avec la plus puissante sorcière du monde à qui quelques mois plus tôt je faisais encore un câlin.

Je m'éloigne de quelques pas et me rapproche de mon amie, tout en restant à plusieurs mètres d'elle pour la laisser profiter de ce moment privilégié avec un objet magique vieux de tonnes d'années. Cela n'arrive qu'une fois dans une vie, après tout.

7e année RP - #8C6A8E
JE NE SUIS PAS UN HIBOU UNE PLUME

22 août 2021, 21:25
Le chapeau qui lisait mon cœur  PV 
Je m'empêchai de regarder Elowen tant que cette femme lugubre me fixait : je ne perdrai pas, je ne perdrai plus jamais, pas même la plus insignifiante (mais pas tant que ça) bataille de regards. Bien sûr, qu'elle me mettait très mal à l'aise. Peut-être même qu'elle me faisait un peu peur. Mais je ne le montrai pas, une fille comme moi n'avait pas peur : j'avais passé l'âge, j'avais vécu trop de choses pour avoir peur d'une sorcière comme elle. Concentrée sur ma tâche, je ne vis même pas le sourire qu'Elowen m'adressa. Je ne compris pas tout ce qu'elle dit ensuite, mais dans le doute, je hochai vivement la tête. Nous étions deux, nous étions fortes : quoi qu'Elowen puisse dire, j'étais forcément de son côté.

Je compris toutefois qu'il était temps pour moi de lâcher sa main et lui lançai un regard plein de détermination. Cette épreuve du chapeau, je la passerais haut la main, ce serait facile. Je n'avais qu'à le souhaiter très fort et cette fois, ça fonctionnerait. Tous les vœux pouvaient bien se réaliser avec Elowen à mes côtés. Je dépassai la directrice très fièrement - du moins, c'est ce que je pensais faire -, et j’accélérai le pas pour me rapprocher le plus vite possible de Miss Montmort.

« Ne vous en faites pas. Le Choixpeau tiendra compte de vos préférences, me dit-elle tandis qu'elle approchait une chaise et m'invitait à m'asseoir. »

Captant quelques mots, comme préférences, je tentai de convaincre chaque parcelle de mon esprit que j'avais bien ma place à Serdaigle, et nulle part ailleurs. J'étais pourtant beaucoup moins convaincue que quelques minutes plus tôt, et j'observai successivement le chapeau rabougri, le visage rassurant de la sous-directrice et la chaise, en n'ayant qu'une envie : qu'Elowen vienne près de moi. Heureusement, elle ne tarda pas à le faire. Derrière elle, la directrice l'observait avec un air louche, bras croisés, et je me demandai si j'avais loupé quelque chose entre elles, pendant ces quelques secondes où je m'étais un tout petit peu éloignée de mon amie. Je lui demanderais plus tard.

Je fermai les yeux et sentis bien vite le poids de ce très fameux chapeau sur ma tête. Je pensai que... qu'il l'avait porté aussi, un jour, exactement comme moi, et que le chapeau avait décrété qu'il irait à Serpentard. Est-ce que le chapeau avait été lavé, depuis ? Est-ce que mes cheveux touchaient ses cheveux à travers les âges ? Je serrai le tissu de mon vêtement, au niveau des cuisses. Pas Serpentard... Je dois aller à Serdaigle, s'il vous plaît, s'il vous plaît, je dois rester avec Elowen.

Une voix résonna et je rouvris les yeux, stupéfaite. Est-ce que tout le monde pouvait l'entendre, ou ce n'était que moi ? Étrangement, je comprenais tout ce qu'il disait...

Je vois en toi un courage et une force hors normes... Avec une telle détermination, tu pourrais tout affronter... Comme tu l'as déjà fait. Tu aurais sans aucun doute ta place à Gryffondor.

Non ! Je ne voulais pas aller à Gryffondor, pensai-je en fermant subitement les yeux, comme si cela pouvait éteindre cette mauvaise pensée qui n'était même pas la mienne. Bien sûr, que j'étais forte et déterminée - comment pouvait-il en être autrement ? Mais je n'en avais rien à faire, des Gryffondor. Je me concentrai pour vider mon esprit et ne garder qu'un seul mot en tête : Serdaigle, Serdaigle, Serdaigle.

Serdaigle, vraiment ? Tiens, tiens...

Il pouvait m'entendre ! Le chapeau pouvait bel et bien entendre tout ce que je pensais !

« Serdaigle, Serdaigle, Serdaigle, Serdaigle... murmurai-je sans même m'en apercevoir, espérant juste penser plus fort. »

Même ta détermination à rejoindre la maison Serdaigle ferait de toi une parfaite Gryffondor ! Mais..! Il est vrai que tu aurais bien plus à apprendre de Rowena que de Godric, compte tenu du chemin que tu as parcouru... Va, comprends ce monde qui t'entoure, découvre, apprends, explore, comme une enfant de...

« Serdaigle ! »

Je perdis le contact du chapeau sur mon crâne. Alors c'était bon ? Il l'avait dit, et tout le monde avait entendu ? Je regardai le professeur Montmort, pas sûre d'être autorisée à me lever de ma chaise. J'étais si heureuse que j'en avais même oublié la présence de l'autre pas nette ! Je guettai la réaction d'Elowen : serait-elle aussi heureuse que moi ? Parce qu'elle allait m'avoir sur le dos, avec tout ça !

24 août 2021, 00:46
Le chapeau qui lisait mon cœur  PV 
Sildnir est déterminée, comme à son habitude. Elle a l'air frêle, vu de l'extérieur, et pourtant elle a une force intérieure qui en ferait trembler plus d'un. Elle sait ce qu'elle veut, et ne se laisse pas faire. Ni par moi, ni par personne, et encore moins par un vieux chapeau miteux, aussi prestigieux et magique soit-il. Ses yeux se ferment, ses sourcils se froncent, elle parle dans sa barbe, et répète un unique et même mot : Serdaigle. Oh oh, ça n'a pas l'air de si bien se passer que cela si elle est obligée d'insister autant. Je passe mes mains dans mon dos et croise les doigts, il parait que ça aide à influencer le destin d'agir ainsi. Quand je redresse la tête, la joie se peint sur mon visage. Ai-je bien entendu ? Je regarde Sildnir, puis Miss MontagneMorte, puis Miss Kriss, et à nouveau Sildnir, avec mes grands yeux exorbités. Sans réfléchir un instant de plus, je me précipite vers ma copine et la prends dans mes bras.

« On va être ensemble ! Ouiii, tu vas à Serdai-gleuuu ! On va pouvoir tout faire ensemble, je vais t'apprendre plein de trucs, te présenter les filles, la statue de Rowena... »

Si Sildnir se laisse faire, je lui attrape les mains et entreprend de remuer des bras, faisant une petite danse de la joie improvisée. Je n'ai que faire de l'avis des deux adultes à cet instant précis, je suis juste terriblement heureuse.

Je nous imagine déjà nous baladant bras dessus, bras dessous, arpentant les couloirs du château, moi, lui racontant toutes les anecdotes les plus croustillantes "Ici se sont embrassés deux profs une fois, c'est la copine de l'ex de ma sœur qui me l'a dit", "Derrière ce banc a été battu un écureuil, tu te rends compte ?", "Il parait qu'un fantôme vit dans le dortoir des filles de Poufsouffle, j'aurais trop la trouille", j'ai tellement hâte de l'initier à cette vie, entourée de vrais gens, dans laquelle on n'a plus le contrôle sur tout, dans laquelle on n'a qu'à se laisser aller, sans se battre, sans donner d'ordre. La vie est rythmée, réveil, repas, cours, repas, dodo, jeux, repas, lecture, séance de blagues, caresses à Chaussettes, dodo, et rien de plus. Au fond, c'est ça la liberté, être libre d'être bien dans ce que l'on fait, malgré les obligations. En plus des rumeurs, je vais lui montrer les différents adultes, ceux desquels il faut se méfier, les gentils, les bizarres... Il faut être gentil avec Eleanor Perkins, parce que c'est ma professeure préférée, elle est trop belle. Et il faut être gentil avec Miss Tataille, elle est trop forte en runes et elle donne plein de paroles d'encouragements ! Par contre, il faut fuir comme la peste Monsieur PlumePierre le vieux, il est pas sympa, il râle tout le temps et il me laisse pas m'exprimer en cours. Oh, et puis bien sûr, il faut se méfier de l'apprenti garde-chasse. La cuisinière m'avait bien mise en garde contre Essam, aussi noir que l'elfe qui m'a fait du mal. Je ne sais si elle avait raison, mais dans le doute, je vais me méfier. Il cache peut-être en lui une part d'elfe noir, qui sait ?

« Mesdames, est-ce que vous savez quand on pourra retourner dans nos dortoirs ? Et quand on reprendra les cours ? On s'occupe très bien de nous à l'infirmerie, c'est pas le problème, mais mes amis me manquent, et j'ai très envie de leur raconter ce qui s'est passé et de leur présenter Sildnir. Mes amis, c'est Aelle, Eileen, Rose et Bad ! Et aussi j'aimerais aller voir Miss Taylor, j'ai des questions à lui poser, parce que vous savez, dans la Forteresse des deux rois, il y avait des runes partout, et plein de nouvelles inconnues au bataillon ! Je peux vous les montrer si vous voulez, je les ai redessinées dans mon carnet. Je voudrais juste comprendre ce qu'elles signifient, pour être sûre que ce soient pas des menaces qui pourraient retomber sur Poudlard. Sildnir pourra nous aider, elle est trop forte en runes elle aussi ! »

Pitié, je veux que tout ceci s'arrête. Qu'on arrête les Lignées, qu'on laisse les enfants tranquilles. On a le droit d'avoir une enfance, purée de carotte ! Je ne sais pourquoi, mais mon obsession des runes se développe chaque fois un peu plus, c'est comme s'il me devenait vital de les comprendre, les déchiffrer, de trouver leur pouvoir. Moi qui n'ai jamais fichu le nez dans un livre par plaisir, voilà que je me retrouve à passer mes soirées plongée dedans, je ne me reconnais plus du tout.

« Et... J'ai une dernière question. Azalea... Je sais pas où la trouver. Vous pourriez lui transmettre cette lettre de ma part s'il te plaît ? »

Je sors de ma poche une petite enveloppe violette décorée de petites étoiles noires que j'ai pris grand soin de rendre magnifique, j'espère que ma carte lui fera plaisir ! Le rose aux joues, je souris. Parler des runes m'a détendue, voir Sildnir m'a détendue, je ne ressens plus l'angoisse d'il y a quelques instants.

J'écoute attentivement la réponse que je reçois, puis je souris et fais un pouce à ma copine pour lui indiquer que tout va bien. Elle sait que j'ai cette lettre sur moi, et qu'il me tenait à coeur de trouver un moyen pour l'envoyer.

7e année RP - #8C6A8E
JE NE SUIS PAS UN HIBOU UNE PLUME

24 mai 2022, 14:41
Le chapeau qui lisait mon cœur  PV 
@Kristen Loewy, @Elina Montmort, même si je n'ai fait ni agir ni parler vos personnages. Je n'ai fait que mentionner ce qui était convenu au moment du lancement du RP (si mes souvenirs sont bons).
J'ai joué Sildnir le moins possible.



Je parle, je parle, mes dires ressemblent plus à des monologues qu'à de simples discussions mais c'est que j'ai des tas de choses à raconter, moi. A Miss Kriss, à Miss Morte-Montagne, mais surtout à Sildnir. Cela fait un bout de temps que nous partageons un semblant de dortoir à l'infirmerie et pourtant cela ne me semble jamais assez, je voudrais toujours passer plus de moments collée à elle, à discuter, à apprendre, à jouer, à faire des câlins. Il me tarde déjà de sortir de ce lieu - et pourtant Merlin sait que je suis privilégiée de m'y trouver sans que ce soit pour me punir de quoi que ce soit, car rares sont les élèves qui y entrent et en sortent sans conséquences -, de retrouver ma petite génie rien qu'à moi.

Les deux femmes répondent à mes questions, et moi je me contente de rester silencieuse à leurs côtés, hochant la tête quand cela me semble nécessaire. Je leurs tends ma lettre, j'espère très sincèrement qu'elles la lui feront parvenir et que j'obtiendrai une réponse d'Azalea. Après cela, la conversation se poursuit de façon très formelle, on nous pose des questions, Sildnir répond, moi je traduis, on explique tant bien que mal le Dominion, mon aventure, son existence, tout ce que l'école a besoin de savoir. Je ne révèle pas tout, il y a beaucoup de choses qui ne concernent pas les adultes, mais enfin elles semblent comprendre dans les grandes lignes nos deux histoires.

L'heure tourne, après un interminable interrogatoire il est temps pour mon amie et moi de rejoindre l'infirmerie. Nous sommes toutes deux lessivées, nous l'avons compris. Et, plus que tout, nous avons hâte de nous pelotonner sous les mêmes draps et de nous endormir côte-à-côte dans un petit lit blanc. Mon esprit un tantinet égoïste se souvient qu'il va falloir que nous racontions ce qui vient de se passer à Irene, Lilly et Jacob, et je n'en ai aucune envie. Une autre fois peut-être, mais là, je veux profiter de Sildnir. Nous avons été presque-séparées trop longtemps, coincées dans ce bureau, loin l'une de l'autre, je n'ai donc aucune envie de partager Sildnir une nouvelle fois avec d'autres gens. Pas ce soir.

Notre relation est très vite devenue fusionnelle. On s'écoute, on ne se lâche pas, je crois qu'elle a besoin de moi et moi j'ai besoin d'elle aussi, elle m'a autant sauvée moi que je l'ai sauvée elle. Elle m'a fait me sentir importante, utile, douée, aimée, comprise, soutenue, encouragée, comme personne d'autre avant elle n'avait su le faire. Je lui dois tout et, alors que ça ne fait que quelques semaines que nous nous connaissons, je sais d'ores et déjà que je l'aime d'un amour infini et éternel. Elle et moi, nous sommes liées.

Quand enfin vient le moment pour nous de dire au revoir, je me lève et remets ma chaise à sa place avec énormément de respect.

« Merci d'avoir pris ce temps pour nous. C'était gentil de votre part. Et je suis trop, trop contente que Sildnir soit à Serdaigle, merci le Choixpeau ! »

Un grand sourire illumine mes traits, je tire une révérence à cet objet magique tout croulant et poussiéreux. Le pauvre, il a quand même une bien triste mine !

« On va rentrer à l'infirmerie du coup. Tu viens Sildnir ? »

J'agrippe la petite patte de ma soeur de coeur.

« C'est d'accord si on fait un détour par les couloirs pour que je lui fasse visiter un peu ? Promis on sera pas longues, c'est juste qu'on est enfermées dans l'infirmerie depuis longtemps déjà... Et puis, regardez, il fait noir dehors, tout le monde doit être dans son dortoir, on risque pas de croiser quelqu'un ! »

J'écoute leur réponse et puis je regarde Sildnir avec un sourire franc. C'est bon, on a terminé, on peut partir. Elle salue les deux femmes dans un anglais plus qu'approximatif que je comprends néanmoins et je fais de même.

« Elle vous dit merci et bonne soirée. Et moi, je vous dis la même chose. Dormez bien surtout ! C'est important, de dormir, c'est ma maman qui me le dit toujours. A bientôt ? »

Et nous sortons, main dans la main, sans un regard en arrière, heureuses de nous retrouver toutes les deux dans le silence de la nuit.

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Je n'aime pas laisser les RPs inachevés. Aucune réponse attendue, ne t'embête pas à l'écrire. Fin.

7e année RP - #8C6A8E
JE NE SUIS PAS UN HIBOU UNE PLUME