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27 août 2021, 19:34
 Solo  Au revoir là-haut
Ce rp fait partie d'une suite de trois solos, racontant des épisodes de la vie de Lydia dans lesquels sa tante (Kira Wheele) jouera un rôle important. Il y aura :
• Au revoir là-haut
• Couleurs de l'incendie (non publié)
• Miroirs de nos peines (non publié)

Merci à l'écrivain Pierre Lemaître ; je lui ai vilainement piqué ses titres.


9 avril 2046,
New York


Les doigts de Kira tremblaient au moment où elle refermait l’enveloppe. Elle regrettait soudainement tout ce qu’elle avait écrit, tout ce que le papier refermait de secrets, de promesses, de lettres tracées par l’encre ou des pleurs noirs – on ne savait plus vraiment. Elle hésita deux secondes puis sortit la lettre, pour poser ses yeux une dernière fois sur ce qui était écrit.
Lydia, ma Lydia. J’espère que tu vas bien.

J’ai mis tant de temps à t’écrire. Par lâcheté, par peur ? Peut-être, sûrement. J’ai des choses à t’avouer, des secrets à révéler. Non pas de secrets de famille enfouis, cruels et vieux. Je dois te révéler ma personne, car je ne pense pas être celle que tu crois.

Alors voilà, je suis une sorcière. J’ai grandi comme toi avec ces pouvoirs incrustés dans ma peau, cet héritage magique dont je ne pourrai me défaire. Et pourtant, moi, j’ai vécu dans une famille moldue. Ta mère n’est au courant de ma véritable nature seulement depuis un an ; Stephen et Mathilda (méritent-ils que je les appelle ‘parents’ ?) avaient si honte de celle que j’étais, que je suis, qu’ils l’ont tenue à l’écart et mis autant de distance affective entre nous que l’éloignement géographique entre New York et Bath.
Je suis Auror au MACUSA, l’équivalent du ministère de la magie aux Etats-Unis. J’espère que tu ne seras pas trop troublée, ça contraste avec les récits de bureau que j’inventais quand tu es venue me rendre visite…
Je m’en veux de t’avoir laissée autant de temps dans le déni mais je suis bien décidée à présent à rattraper tout ce que j’ai loupé. Une question me brûle les lèvres par exemple ; comment c’est Poudlard ? J’étais à Gryffondor, une maison qui aurait pu te convenir aussi je pense.

J’espère que tu ne m’en voudras pas et serais la plus ravie si tu trouvais le temps de me répondre.

Je t’embrasse,

Kira
Sa lettre donnait une certaine impression de pathétique. La jeune femme qui affrontait des mages noirs, qui aurait pu être professeure de défense contre les forces du mal trouvait à peine le courage d’envoyer un malheureux courrier à sa nièce ? Piquée par l’idée que Godric Gryffondor n’aimerait pas une telle couardise, Kira ferma l’enveloppe d’un geste sec et l’attacha à la patte d’une petite chouette grise.

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01 sept. 2021, 19:42
 Solo  Au revoir là-haut
16 avril, 17h
Volière de Poudlard


Merlin, que les mots pouvaient avoir un impact puissant. Leur sens atterrit violemment dans notre cerveau et se répercute puissamment sur nos émotions.

Lydia avait mis une semaine à écrire sa lettre. Elle l’avait relue, apprise par cœur pour être certaine que ce qu’elle lisait n’était pas une illusion. Sa tante était une sorcière – et une sorcière avec un sacré style de ce qu’elle en avait compris ! Tous les mythes bâtis sur ce personnage qui venait de l’autre côté de l’Atlantique s’effondraient avec le bruit d’une lettre qu’on déchire brusquement.
Elle avait mis une semaine, recommençant sans cesse, jetant une vingtaine de brouillons, avant de parsemer son encre de petites larmes de rage qu’elle tentait de cacher. Heureusement que Kyana avait été là, avec son sourire et ses lèvres, pour l’aider moralement.

D’un pas lourd, la jeune fille se rendait maintenant à la Volière. Ça y était ; elle avait écrit cette réponse. Elle l’accrocha rapidement à la patte d’un hibou, blessant quasiment le volatile, et détourna le regard dès qu’il fut parti.
Aunty,

Je suis surprise par ce que tu m’as dit. Je crois que j’aurais préféré le savoir plus tôt, mais je te remercie grandement de me l’avoir dit. Et puis après tout, on ne change pas le passé. Même en sorcellerie : je ne sais plus quel est déjà le nom de ce petit objet qui permet de remonter dans le temps.

J’espère que tu es heureuse dans ta vie et je te retourne donc ta question, comment vas-tu ?
Moi ça va. Poudlard c’est assez étonnant, plus qu’incroyable. Quelques fois on a peur, il se passe des choses qui nous paraissent dangereuses pour nous même si on nous assure que l’école nous protège. Mais la plupart du temps, on apprend, on travaille et on est avec ses proches.

Bisous également,

L.
C’étaient ces mots ci qu’elle laissait s’envoler dans le ciel. Malgré sa syntaxe maladroite et ses mots de pré-adolescente, Lydia pressentait que Kira attendait fébrilement cette lettre ; ces phrases désormais encielées.

#5d9686
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02 sept. 2021, 18:36
 Solo  Au revoir là-haut
20 avril, 9h
New York


Récapitulons. Elle avait perdu ses parents lorsque la lettre lui annonçant qu’elle partait à Poudlard arriva chez eux. Elle avait perdu sa grande-sœur, sa chère sœur, en franchissant les portes du Château et peinait à retrouver un contact aussi réel qu’il l’était auparavant.
A Poudlard, Kira avait perdu sa petite amie, son premier amour et sans doute l’unique. Maintenant qu’elle était adulte, elle perdrait peut-être sa nièce à cause d’un silence trop longtemps gardé.

Elle était passée maîtresse dans l’art de perdre. Sous ses doigts, la perte était si immense qu’elle se matérialisait presque. Avec les couleurs de ses larmes, surtout de celles qui n’avaient jamais coulé car après tout, elles seules témoignaient vraiment de ce qu’elle avait ressenti, la jeune femme aurait pu peindre des dizaines – une centaine ? – de tableaux, dessiner plusieurs miniatures avec un fusain imbibé de distance et d’éloignement.
Elle était bel et bien artiste dans ce domaine, et cette réalité s’imposait à elle tandis que sa lettre s’envoyait à nouveau pour l’Ecosse.
Lydia,

Je suis tellement heureuse – et si fière également – de voir comment tu as réagi. Je dois t’avouer que j’appréhendais, et moi l’adulte, j’avais assez peur également. L’objet dont tu parles se nomme un retourneur de temps. J’avais un professeur, pendant mes études sorcières, qui était réellement fasciné par ces babioles dorées et mieux valait ne pas trop le lancer sur ce sujet !

Eh bien je vais à peu près bien. Je me remets d’une vilaine blessure que m’avait laissée un mage noir et pense reprendre, si mon supérieur est d’accord, les missions dans peu de temps.

Je comprends ce que tu dis sur Poudlard, les sentiments étaient les mêmes à mon époque. Comment s’appellent tes amis ? Il y a des personnes que tu n’aimes pas du tout ? Je préparerais les pop-corn si tu souhaites me raconter quelques péripéties !

Jolie journée,

Kira
La question était maintenant : est-ce que, comme en peinture, il est possible de détruire les toiles gribouillées par l’art de perdre ?

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10 sept. 2021, 17:06
 Solo  Au revoir là-haut
24 avril, 19h
Volière de Poudlard

Lydia avait palpé, sans peine, le soulagement que Kira exprimait à travers sa lettre. Cette dernière disait d’ailleurs avoir eu… peur ? La fillette était effrayée en se rendant compte qu’elle pouvait avoir une emprise sur certaines personnes. Pouvait-elle les articuler comme des marionnettes, comme ce petit pantin sur qui elle défoulait sa magie ? Elle ne voulait pas faire de mal à Kira, surtout pas. Elle ne voulait pas lui faire peur ou l’angoisser. La petite Holmes voulait, à présent, apprendre à la connaître. Elle voulait découvrir ce qui avait été enfoui si longtemps, trouver ce qui avait été perdu et réparer tous les morceaux brisés. Quoi de mieux pour avancer dans ces desseins que de continuer l’échange épistolaire ?
Aunty,

Oh non il ne fallait pas avoir peur, je n’ai pas à t’en vouloir de toute façon. Je suis contente que tu m’aies écrit, j’aime bien lire tes lettres. J’espère que tu ne souffres pas trop de ta blessure, ma grand-mère saurait peut-être comment la guérir plus rapidement, j’irai trouver des informations à la bibliothèque.

Tiens, j’aurais beaucoup aimé rencontrer ton professeur ! Tu as fait quelles études sorcières d’ailleurs ? Je me demande ce que je ferai plus tard, mais je ne suis pas pressée.

Mes amis…
Elle avait hésité sur cette question. Déjà il y avait Eryne, ça c’était certain. Will sans aucun doute. Devait-elle citer Kyana ? Macbeth ? La première c’était une petite amie et la deuxième était… une grande amie.
J’aime beaucoup une fille qui s’appelle Kyana. Une amie proche s’appelle Eryne aussi, peut-être que je l’inviterai cet été ! Will aussi (c’est un garçon) est très chouette. Il y a beaucoup de personnes que j’ai du mal à supporter mais je les ignore – je ne les déteste pas.

Bises,

L.

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24 sept. 2021, 19:29
 Solo  Au revoir là-haut
27 avril, 22h
New York


Kira sourit tendrement. Sa nièce semblait s'être affirmée depuis qu’elle l’avait vue. Cette jeune fille, il lui restait encore un peu d’enfance à vivre avant d’être une jeune femme, savait ce qu’elle voulait. Elle avait ses amis ; le reste, elle n’en voulait pas.
Kira pensa que c'était ce type de filles qui la fascinaient à Poudlard. Celles qui cachaient des mystères, qui ne côtoyaient que les personnes fidèles et intéressantes. L’ancienne Gryffondor n’avait eu aucun secret à l'école. Ses meilleurs amis étaient ses ennemis de la semaine d’après ; elle avait déjà eu le temps de les remplacer.
Lydia,

J’allais écrire « tu es adorable, ce n’est pas la peine de t’embarrasser l’esprit pour moi » mais je me doute qu’en Serdaigle, tu ne rechignes pas d’aller à la Bibliothèque. Je suis curieuse de savoir ce que tu as trouvé, d’ailleurs !

Ce qui m’a conduit à ce métier (et donc à ma blessure – mais passons outre) ce sont l’équivalent d’études de Défense contre les Forces du Mal. Ce cursus m’a permis de revivre, je te souhaite de trouver un domaine dans lequel tu pourras t’épanouir autant.

Tiens en parlant d’été… Tu penses que je pourrais demander à ta mère si je peux passer à Bath pendant quelques temps ? J’aimerais m’arranger pour partir quelques temps dans mon pays natal et je serais ravie de te voir (ainsi qu’Eryne, qui sait !).

A très vite,

Kira
La jeune femme admirait ce type de filles quand elle avait 15 ans. Et dire qu'à présent, une de ces filles était sa nièce !

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09 oct. 2021, 21:43
 Solo  Au revoir là-haut
2 mai 2046, 19h
Bibliothèque


Lydia avait parcouru des livres pour trouver la réponse à ses questions. Elle avait hésité à en parler à des professeurs – d’ailleurs ses lèvres brûlaient pendant son cours de DCFM de demander à Dole s’il ne connaissait pas sa tante : le monde pouvait être si petit, parfois. Il lui avait cependant fallu se contenter uniquement de la bibliothèque et ce fut dans ce lieu qu’elle rédigea sa réponse à Kira. A chaque lettre, chaque mot échangé, elle prenait de plus en plus de plaisir à lui écrire, à la découvrir.
Aunty,

J’ai regardé à la Bibliothèque (tu as raison, c’était trop tentant et ça me donnait une bonne excuse pour me faire connaître du gérant du lieu) et j’ai noté quelques trucs sur l’essence de Murlap ou encore le Dictame. Ça pourrait t’aider, tu crois ? Je n’ai pas regardé pour les potions, c’est ridicule à dire mais ma petite taille ne me permettait pas d’accéder aux grimoires…

Je serais très heureuse si tu venais à Bath avec nous ! J’ai plein de choses à te montrer, à te faire découvrir et il faut qu’on se parle en vrai. Je suis sûre qu’Eryne sera contente.

Bises,
L.
Elle se voyait déjà dans un champ de blé, allongée aux côtés de la jeune femme sur une couverture de fortune. Diphda serait dans une mare, un peu plus loin, à discuter politique (elle plaçait peut-être trop de confiance dans les aptitudes de sa grenouille) tandis que la tante et nièce s’échangeraient confidences en souriant. Un bel été, en perspective.

#5d9686
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20 nov. 2021, 19:17
 Solo  Au revoir là-haut
Kira répondit à la lettre de Lydia par le courrier suivant.
Ma Lydia,

Je suis prise en charge par un médicomage, ne t’inquiète pas. Le dictame est très utile, tu l’as étudié en botanique j’imagine ? Comment est ton professeur ? Je dois t’avouer que j’ai ri pour ta remarque sur ta taille face aux étagères de livres ! Ça m’est arrivé également, je m’étais bien amusée en faisant la courte échelle à certains de mes amis.

Oh et bien, je contacte Colombe, à bientôt peut-être. Tu auras des choses à me faire visiter j’espère ! Cette ville me paraît si étrangère maintenant…

Bien à toi,
Kira
Ces mots n’étaient qu’une infime partie des centaines – milliers ? – échangés par la suite entre Kira et Lydia. L’une retrouvait sa famille, ses racines et découvrait une nièce touchante, déterminée et sans doute fragile parfois.
L’autre ne s’en rendait pas compte encore (que voulez-vous, l’insouciance de la jeunesse…) mais possédait désormais quelque chose de précieux. Elle avait une épaule adulte sur laquelle elle allait pouvoir pleurer, rire, rêver. Elle avait une adulte en laquelle elle avait totalement confiance, et qui n’était pas attachée à son père de n’importe quelle façon. Elle apprenait aussi à parler de ses journées, à exprimer à l’écrit ce qu’elle ressentait. La jeune Holmes devint plus mature au cours de sa deuxième année, sa capacité d’analyse et son objectivité s’étaient sans doute décuplées.

Kira avait sa nièce, Lydia avait sa tante ; l’adulte avait l’enfant, et réciproquement.

Et pour se revoir, elles n’attendraient pas quelques décennies, non. Au lieu de se dire « au revoir là-haut » en parlant du ciel, elles écrivirent « au revoir là-bas » pour signifier Bath.

FIN

suite : couleurs de l'incendie

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