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28 août 2021, 20:53
 +  Déferlantes
20 juin 2046,
Après le petit-déjeuner,
Parc


I've been lost inside a million eyes
They don’t see me, they don't know what it's like
Trading colours into black and white
No one’s reading all the words that I write
Low, feel the weight of the world in my bones

~ Numb, Dotan

Tes pieds foulaient le sol vert du Parc. Dans ta main droite, la première lettre depuis les vacances de Pâques brûlait tes doigts. Tu l’avais reçue d’un hibou très agité lors de ton petit-déjeuner dans la Grande Salle. Tu n’avais pas voulu l’ouvrir devant tous les habitants de Poudlard de peur que la lettre ne contienne une mauvaise nouvelle. Tu n’avais pas voulu laisser partir le hibou qui se tenait sur ton bras : il te donnait la force nécessaire pour ouvrir l’enveloppe. Tes pieds s’arrêtèrent de marcher. Tu te trouvais devant un grand arbre. Tu ne savais pas comment tu étais arrivée là, mais tu t’assis, aucune émotion visible sur ton visage. Pourtant, au fond de toi, différentes sortes de sentiments bouillonnaient, t’empêchant de les distinguer.

Le hibou donna quelques petits coups de bec à l’enveloppe qu’il avait transporté jusqu’ici. Tu lui donnas une caresse, avant de diriger ton regard vers la fameuse missive. Tes doigts tremblaient. Tu essayas de les calmer tout en relisant encore une fois ton nom inscrit sur le papier blanc. L’écriture gauchère de Stephen. Tu la reconnaîtrais entre mille, tu ne pouvais douter que c’était lui qui t’adressait cette missive. Le déchirement du papier te laissa indifférente : ton cœur se mit à battre de plus en plus rapidement quand tu déplias le papier. Tout tenait en trois lignes.

Ivy,
Maman a quitté Papa. Elle viendra te chercher à la gare.
Stephen.

Tu relus encore et encore les mots de ton grand frère. C’était fini. Il n’y avait plus aucun espoir. Vous ne pouviez plus revenir en arrière. Était-ce la meilleure solution ? Tu ne le savais pas. Tu ne voulais pas le savoir. La seule pensée qui te vint à l’esprit fut : *Je ne les reverrai plus jamais de ma vie*. Une larme atteint le papier au niveau de la signature de ton frère. Le hibou sentit ta tristesse et posa sa tête sur ton bras. Tu ne dis rien. Il n’y avait rien à dire.

C’était comme une page que l’on déchirerait en deux : rien ni personne ne pourrait empêcher cette séparation. Un vide se formait en toi, comme si tu pouvais sentir un éloignement soudain entre ta famille et toi. Un grand coup d’éponge venait d’effacer la moitié du grand tableau qui représentait ta vie. Tu ne le savais pas encore, mais il te faudrait remplir ce vide à l’avenir, tâche que tu aurais bien du mal à accomplir.

Ta vie avec Maman allait bientôt commencer. Tu fermas les yeux et baissas la tête, comme un signe de défaite face à l’avenir si cruel qui t’était destiné. Tu n’aurais rien pu faire pour empêcher cette décision qui bouleverserait le restant de ta vie et cela te rendait impuissante, comme une feuille qui s’apprêterait à tomber de sa branche pour voguer vers un destin inconnu. Tu aurais voulu devenir une simple pierre, un vulgaire caillou sur lequel tout le monde marcherait sans prêter attention.

@Alison Morrow, voici mon Pas.
Si quelque chose ne te convient pas, préviens-moi et je changerai cela :cute:

#457898 · 4ème année RP

05 sept. 2021, 19:40
 +  Déferlantes
Alison, 2ème année
Mercredi 20 Juin 2046
◦ Parc ◦

______________________________


Bientôt la fin de tout. La fin des examens, la fin des peurs, la fin des évènements complètement sordides qui se passaient dans le château.
Il était tôt, ce matin.
Elle était allée manger tôt, s'était éclipsée rapidement de la grande salle pour voir une dernière fois ce paysage familier s'étendre sous ses yeux.
Bientôt, tout sera n'existerait plus, pendant deux mois. Cela devait vraiment être terrible de quitter Poudlard à tout jamais. Elle était certaine qu'elle le vivrait très mal. Il n'y avait pas au monde d'endroit plus calme que la bibliothèque, pas de coin plus réconfortant qu'un fauteuil à-côté de l'âtre à Poufsouffle en hiver, pas de place pour les rêves, pas de place pour le soleil en ces matins d'été, alors que le soleil s'élevait timidement dans le ciel pour poudrer à nouveau le paysage de couleurs.

Ses bottines effleurèrent les brins d'herbes, tandis qu'elle avançait lentement dans le parc.
Tout était encore endormi. Elle avait l'impression d'être de retour en Septembre, lorsqu'elle avait croisé cette Ombre perdue dans la brume.
Cette fois, le soleil se laissait miroiter au loin sur la surface du lac, les feuilles des arbres bruissaient et les sons étaient toujours présents malgré l'heure matinale.

*Pur.*
C'était le premier adjectif qui lui venait à l'idée.
Étendant les bras, elle se sentit oiseau alors que les rayons la nimbaient de couleurs roses, bleues, mauves, jaunes. Elle était un arc-en-ciel de couleur, le vent jouait avec ses cheveux, ses yeux se fermèrent sous la douce brise.
C'était une invitation à s'envoler, loin, à partir avec les Nuages sur une terre où on se moquait un peu de la vérité de la couleur, où la magie fleurissait à chaque intersection, où l'eau devenait musique dès qu'elle perlait sur le sol.

Tourbillonnant sur elle-même, elle se laissa emporter par le vent, la douceur de cette matinée et une soudaine envie de redevenir enfant et de croire qu'un jour, la Lune lui murmurerait des choses à l'oreille.
Lentement, elle tournoya plus lentement, puis se laissa tomber vers le sol, les bras toujours écartés.
Les ramenant vers elle, sa baguette dans sa main pour ne pas la briser, elle se laissa rouler en bas de la pente, ses cheveux touchant la pelouse encore mouillée et se ramenant dans son visage.

Tout tournait, tournait, tournait, alors qu'elle descendait de plus en plus vers les arbres. Le monde pouvait aller se faire voir, elle était bien. Et c'était rare.
Un grand sourire commença à pointer sur son visage, recourbant ses lèvres vers le haut, laissant scintiller quelque chose de très fort dans ses yeux.
Son corps lui renvoyait des milliards de sensations, jusqu'à son talon qui rencontrait un caillou à ses bras qui tentaient de garder pour eux le contact de toutes les fleurs étendues sur le sol.

Finalement, arrivée en bas de la pente, elle écarta les bras, se stoppant en bas, brusquement.
La tête lui tournait, elle avait l'impression d'être dans une sorte de transe, lorsqu'on sent la terre bouger sous soi, que le soleil se met aussi à tourner dans le ciel, entraînant dans son sillage sa robe de nuages et d'ombres, les laissant courir sur son visage.

Un sourire toujours présent sur les lèvres, dévoilant ses dents, elle fit un petit mouvement de tête pour enlever totalement ses cheveux de son visage, et se tut.
Elle voulait écouter la Nature respirer, ce matin. Elle voulait se fondre en elle, se laisser diluer comme la couleur d'une aquarelle, pour retrouver une autre essence, et sentir tout cela avec l'exactitude et la tendresse des premiers rayons du soleil.

Plume de @Ivy Mercer, c'est une Alison très particulière que tu as là. La preuve, elle n'a même pas remarqué Ivy, alors qu'elle n'est que de l'autre côté de l'arbre où ta gamine se tient !
Ivy a de la chance.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

08 sept. 2021, 15:21
 +  Déferlantes
Tes mains s’étaient mises à trembler, faisant frémir le bout de papier couvert de l’écriture de ton frère. Tu ne savais pas quoi faire : tes pensées avaient un instant été arrêtées, réduites au silence, comme pour attendre que tu prennes une décision. Mais c’était idiot de penser cela, puisque tes pensées faisaient partie de toi. Alors tu restas là, respirant difficilement, mais régulièrement, essayant de te convaincre que tout cela n’était que cauchemar. Tes parents ne pouvaient pas s’être séparés ; le divorce ne pouvait pas avoir lieu. Mais tu savais que ta voix de petite enfant ne pèserait pas dans la balance. *J’suis pas p’tite*, pensas-tu enfin. Mais les adultes considéraient toutes personnes moins âgées qu’eux petite.

Tu sursautas : un bruit venait de te tirer de ta contemplation de la lettre que tu venais de recevoir. Tu dirigeas ton regard vers l’arbre, malheureusement, son tronc t’empêcha de voir ce qui se trouvait à quelques pas de là. Tu te levas sans bruit et avanças pas à pas vers l’arbre. Arrivée près de son écorce, tu décalas légèrement ta tête pour voir ce qu’il se passait de l’autre côté. Ce que tu vis te surprit, et une sorte de chaleur parcourut ta poitrine. Une fille s’amusait, profitait de la Vie, souriait. Tu te demandas si tu devais faire de même, si tu devais tout oublier dans un grand éclat de rire.

Comment tu fais ? demandas-tu, sortant de derrière l’arbre, à la fille qui avait l’air si heureuse de pouvoir se rouler dans l’herbe du Parc.

Comment faisait-elle pour, un instant, oublier ses peines, ses erreurs, ses problèmes – car tu étais sûre qu’elle en avait – et sourire, profiter, tout simplement vivre ? Avait-elle connu la tristesse, la colère, la peur, ou tout cela mélangé ? Tu l’enviais, tu aurais voulu lui arracher cette joie, la forcer à rentrer dans ton cœur déchiré, vivre à ton tour cette expérience, rire, rire, rire. Tu voulais oublier tout cela, revenir en arrière, profiter de ces instants avec ton père, ton frère, ta mère. Vous tous ensemble, formant une famille unie, heureuse. Tu voulais essayer de convaincre Rose et Aaron qu’ils passaient juste par une période plus difficile, et qu’il ne fallait pas qu’ils se séparent. Tu voulais que tes désirs deviennent réalité, même si cela venait à l’encontre de ceux des autres.

Tu ne savais pas ce que tu allais répondre à Stephen ; peut-être n’allais-tu même pas prendre le temps de répondre. Tu savais que cette lettre n’attendait pas de réponse, et que confier tes inquiétudes à propos de la séparation de tes parents à ton frère n’arrangerait en rien ton état : tu serais tout de même vide. Il n’y avait plus en toi cet espoir que tout s’arrête brusquement, comme dans un rêve, et que tout reprenne comme avant. Il n’y avait plus en toi ce sentiment qu’au bout de la ligne du Poudlard Express t’attendaient ta famille, des gens qui t’aimaient. Il n’y avait plus en toi grand-chose. Tu jetas un regard vers l’éblouissant Soleil, t’obligeant à plisser les yeux pour ne pas t’aveugler.

Ouille, nous sommes en train de perdre à nouveau Ivy :rofl:

#457898 · 4ème année RP

23 oct. 2021, 12:44
 +  Déferlantes
Éveil
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Inspiration, expiration.
Tout son monde pouvait se résumer à cette seule phrase. Les bras écartés, elle était sur le point de s'envoler, elle aimait les ombres des nuages sur ses yeux fermés, elle aimait l'herbe encore légèrement humide qui lui chatouillait le cou, elle aimait le vent qui caressait son visage, elle aimait ce que tous ses sens pouvaient lui envoyer.
Elle se sentait seule, si seule à détenir le monde au creux de sa paume, qu'elle refusa d'ouvrir tout de suite les yeux. Pour quoi faire ? Voir des choses qu'elle préférait s'imaginer ?
Non. Le ciel aujourd'hui dans sa tête serait mauve. Les nuages seraient turquoise, l'herbe serait orangée, le soleil couleur olive, et le vent serait chargé de neige australe.

"Comment tu fais ? "

Le monde pouvait parler ? Ou était-elle définitivement devenue folle ?
Lentement, ses paupières s'ouvrirent, laissant entrevoir ses deux émeraudes brutes.
Papillonnant des yeux à cause du soleil, elle ne chercha pas à savoir d'où venait la voix et qui avait décidé de la tirer de son men.songe matinal.
Pourquoi poser des questions ? Pourquoi est-ce que c'était toujours une question qui devait vous tirer des meilleurs moments ? Si on y réfléchissait quelques instants, c'était soit elle, soit les Autres qui lui posaient des questions. Les Autres, elle n'y pouvait rien, ils étaient des éléments qui lui étaient totalement extérieurs et qu'elle ne pouvait contrôler.
Et elle... Oh, elle, c'était presque la même chose, au final.

Devait-elle y répondre ? Devait-elle assumer que ses yeux étaient à présent tout à fait ouverts, qu'une autre lui avait adressé la parole ? Devait-elle ouvrir la bouche pour y répondre ? Devait-elle seulement prendre en compte ces quelques mots jetés dans les airs, et qui s'y diluaient bien plus vite qu'elle ? Pourquoi les mots avaient-ils la chance qu'elle n'avait pas ?

Ses yeux se fermèrent à nouveau, ne jugeant pas utile de fixer un peu plus le soleil. D'étranges tâches blanches se mirent à danser devant ses rétines, lui arrachant un sourire.

"Tu sais, c'est simple."


Oh. Sa bouche avait décidé de répondre ?

"Tu te laisses juste rouler, rouler, rouler, et tu laisses tes pensées s'enfuir, s'enfuir, s'enfuir, si loin, que tu pourras jamais les rattraper."

Son accent irlandais était chantant pour une fois, rythmant étrangement ses paroles, comme s'il s'agissait d'une phrase apprise par cœur il y a bien longtemps.
Une pause.
Inspiration.

"Puis tu combles le vide avec de l'air et avec ce que tes doigts te disent."

Expirer juste à la moindre goutte d'air.
Puis attendre, les poumons totalement vides, quelques instants, que le ballet des tâches blanches se poursuive, puis les remplir à nouveau avant de ne ressentir une pression du corps forçant à happer de l'air comme un poisson hors de l'eau.
Non, tout contrôler, jusqu'au moindre de ses mouvements, les infimes mouvements de ses doigts dans l'herbe pour enrouler certains brins autour de ses phalanges.
Ne faire qu'un avec tout ce qui est si différent autour de soi.
Ne devenir qu'un immense organisme, avec des milliards d'yeux fermés et des milliards d'oreilles grandes ouvertes pour entendre les chuchotements du vent.

Plume, navrée de ce retard...
Mais j'ai aimé retrouvé mon Alison si tranquille, pour un retour d'une longue pause rp !
Je suis curieuse, elle n'a pas envoyé balader Ivy. J'ai cru un moment qu'elle allait juste se rendormir sur l'herbe, si tu veux tout savoir ! Ivy aurait eu l'air fine, et moi aussi ! :lol:

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

07 nov. 2021, 09:47
 +  Déferlantes
Simple. Pourquoi n’y arrivais-tu pas, alors que la fillette qui semblait posséder des connaissances qui t’échappaient y parvenais si simplement ? Tu aurais voulu être comme elle, qu’avais-tu fait pour ne pas mériter ce bonheur qui pourtant semblait bel et bien exister ? Tu voulais taper du pied, hurler à l’injustice, crier à qui voudrait bien l’entendre que tu avais le cœur déchiré, que tu ne retrouvais plus le chemin vers la Vie. Tu fronças les sourcils, offrant une petite mine d’enfant boudeur, et tentas de repousser les larmes brûlantes qui se cachaient dans le creux de tes yeux.

Tu suivis attentivement les consignes de la sorcière, une concentration imprimant tes traits enfantins. Tu t’allongeas dans l’herbe, fermas les yeux, et tentas de toutes tes forces de faire fuir tes pensées. Les envoyer au-dessus des étoiles, à l’autre bout de la galaxie. Peut-être qu’ainsi, elles ne reviendraient plus te hanter, peut-être qu’ainsi, tu serais heureuse et pourrais rire de toute ton âme. Peut-être que tu tenais là le secret que tu cherchais depuis si longtemps ; peut-être pourrais-tu corriger toutes les fautes du passé, tout recommencer. Malgré tes nombreux efforts, tu ne parvenais pas à chasser tes pensées, elles restaient encrées à ton cerveau, comme une malédiction que l’on t’aurait jetée.

J’y… J’y arrive pas ! crias-tu à la fillette d’un ton colérique.

Tu savais pourtant que ce n’était pas sa faute, qu’elle te donnait de son temps pour t’enseigner son savoir, alors pourquoi donc étais-tu dure avec elle ? Tu serras tes petits poings du plus fort que tu pouvais ; il te fallait te concentrer, pas de place pour la colère. Tu respiras longuement et te mis à rouler dans l’herbe verte du Parc. Toutes ces petites brindilles te chatouillaient la peau, offrant à ton visage un petit sourire qui étira la peau de tes joues humide de tes larmes.

Tu entendis vaguement la voix de ton professeur, mais tu n’y prêtas pas attention : enfin, tu te libérais, enfin, tu osais franchir la limite que tu t’imposais. Tu étais libre, bien que des barrières se dressaient tout autour de toi, tu sentais le vent dans tes cheveux, tu roulais sans t’arrêter, telle un oiseau dans son vol. Tu ne pensais plus, tu ne réfléchissais plus ; tout était beau, si beau. Tu sentais une sorte de paix s’installer en toi ; tes problèmes s’étaient enfuis au loin, la malédiction qui les retenait à toi s’était rompue, te libérant d’un immense poids ; du poids qui te faisait courber les épaules, frémir au moindre bémol. Tu te retournas sur le dos et fixas les nuages blancs qui tachaient le ciel bleu de juin. Eux aussi étaient libres, et tu savais maintenant comment : ils s’étaient laissé aller, avaient posé un mur devant leurs pensées, ils avaient ouvert leurs cœurs à la Vie.

C’est magique, murmuras-tu, des étoiles dans les yeux.

Qui aurait pu dire si c’étaient des larmes ? Pour la première fois depuis des semaines, tu sentais le vide dans ta tête, la sérénité parcourir ton corps. Tu soupiras, comme pour évacuer les derniers nuages de pluie qui dansaient dans ton crâne.

Sincèrement désolée pour mon retard :unsure:
En espérant que mon Pas te plaira :cute:

#457898 · 4ème année RP

14 janv. 2022, 21:15
 +  Déferlantes
Imagine...
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Un crissement dans l'herbe, à ses côtés.
Elle ferma ses paupières un peu plus fort, laissant des tâches sombres apparaître devant sa rétine et danser comme une multitude de papillons.
Les tâches sautaient, se divisant comme du mercure à chaque mouvement imperceptible de ses orbes derrière ses paupières.
Elle ne voulait pas ouvrir les yeux. Ici, elle pouvait s'imaginer en Irlande, dans son jardin. Ici, elle pouvait s'imaginer chez sa grand-mère, au milieu des lavandes. Ici, elle pouvait s'imaginer dans les étoiles, sur Neptune, sur un nuage, sous le Lac Noir, dans un grenier, sur son lit des dortoirs, en haut d'un arbre, sur une colline.
Elle pouvait être ce qu'elle pouvait, quand elle le voulait.
Il n'y avait que cette autre pour la rattacher au sol. Son corps pouvait devenir léger, léger, comme une petite plume ballottée par le vent.
Elle aurait pu s'envoler sans un son dans sa tête, si la gamine à-côté n'avait pas crié.

Rouvrant brutalement les yeux sur le paysage du parc, elle sentit son estomac se serrer alors qu'elle chutait de nouveau dans la réalité. *Injuste !*
Le soleil lui fit plisser les yeux, tandis qu'elle se relevait sur un coude, le visage maussade.
Qui était cette autre pour l'arracher à la voûte étoilée de ses rêves ? Qui était cette autre pour l'enlever à ses mirages intérieurs ? Qui était-elle, comment Osait-elle briser ce qui avait été pendant un instant si pur, et si doux ?
Un feu désagréable s'alluma dans sa poitrine, corrosif, manquant tout envoyer en l'air.
Elle faisait du bruit, la fille à-côté. Elle avait l'impression qu'un moteur de voiture ronronnait à ses côtés, brisant le calme précédemment installé.
Elle se redressa, prenant appui sur ses mains, lentement, toisant la gamine de toute sa petite hauteur.
Des brins d'herbe s'étaient emmêlés dans ses cheveux, ceux-ci dégoulinant dans son dos comme une marée sombre. Ses doigts s'enfoncèrent dans la terre, se fichant bien de ternir les ongles les pourvoyant.

"C’est magique"

Ce simple souffle lui fit écarquiller les yeux.
Si un univers avait pu tenir dans un regard, il se serait probablement reconstitué dans celui-ci. Pourtant, à cette heure-ci, on ne pouvait apercevoir qu'une seule étoile, et elle ne ressemblait à rien de cette toile pailletée sans fond qui s'étalait sous ses yeux.
Fixant l'autre, elle roula sur le ventre, cala sa tête entre ses paumes, les yeux toujours rivés sur les milliers d'étoiles qui y scintillaient.

C'était un peu comme rêver éveillée, au final.
Le calme bien connu se faufila à nouveau une place dans ses membres, et elle ne put retenir un sourire à-moitié hautain et à-moitié de connivence de rehausser le bord de ses lèvres.

Le soleil chauffait agréablement son dos, et une brise douce effleurait son visage.

"Imagine, on est sur Saturne. Imagine, on est sous un ciel d'octobre violet, nimbé d'étoiles. Imagine, on est tout à la fois." Chuchota-t-elle, en se noyant dans le joli regard lumineux.

Navrée de ce retard.
Rêvons éveillées, à présent.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

21 janv. 2022, 15:41
 +  Déferlantes
Tu pouvais comme ressentir chaque grain de bonheur que pouvait offrir la nature. Tu étais libre et vivante ; tu étais vent et feu à la fois. Rien ne pouvait t’arrêter et tu aimais ça. Tu aimais sentir cette puissance couler dans tes veines, tu aimais la manière dont tu portais un regard sur le monde. Tu aimais cette sensation puissante que te procurait les cours de ton professeur. Tu plongeas ton regard dans le sien et tentas de lui partager ton Secret par une simple œillade. Le temps de cet échange silencieux, les oiseaux s'étaient tus, le vent ne berçait plus les feuilles et les brindilles ; *La nature aussi veut savoir ?*

Les étoiles de tes yeux parurent scintiller un peu plus lorsque l’inconnue prit la parole : tu rêvais éveillée. Vous vous étiez créé un univers par la simple force de votre imagination ; vous aviez écarté Réel et Cruel, réduisant le chemin qui menait jusqu’au étoiles au possible. Tu te sentais capable de porter le monde sur tes épaules, tu croyait pouvoir éloigner toute la peine du monde par un simple revers de bras.

Imagine que tout peut respirer, vivre comme on l’fait maintenant, murmuras-tu, sentant monter en toi une force que tu ne te connaissais pas.

Tu savais pourtant que vos rêves, vos espérances n’aboutiraient à rien. Mais tu n’en avais que faire : tu écartas bien vite la réalité de ton esprit. Tu voulais vivre éternellement sur ce petit nuage que créaient tes rêves enfantins. Tu avais l’impression qu’où que tu ailles, ton monde t’accompagnerait jusqu’à la fin de tes jours, mais hélas tu dus bien t’avouer que les rêves n’étaient pas éternels. Mais peut-être que la force que tu semblais posséder avait la capacité de faire perdurer le temps ? Tu n’en étais pas certaine, mais cette perspective t’attirait tout autant que celle de revoir un jour ton frère.

Tu baissas ton regard sur la lettre ; tu contemplas silencieusement le papier légèrement froissé par ta poigne colérique et soupiras. Tu ne savais pas combien de jours te séparaient de la séparation légale de tes parents, et tu ne voulais plus qu’une chose : serrer une dernière fois ton frère et ton père dans tes bras. Tu te souvins de ses matinées passées avec ton père sur la plage, des rires partagés avec ton frère, des regards de tes parents emplis de fierté lorsque tu réussis tes premiers mouvements de brasse. Comment tout cela avait-il pu s’effacer en si peu de temps ? Tu ne pus t’empêcher de te dire que tout cela n’était que de ta faute : celle d’être née sorcière, d’avoir quitté le monde dans lequel vivaient ta famille pour celui des sorciers. Pourtant, aucun remord ne sembla traverser ton crâne : tu étais fière d’être qui tu étais, et tu ne pouvais rien faire pour contrer le dégoût de ton père face aux êtres dotés de capacités magiques.

Plongées dans leurs songes, rien ne pourra les arrêter.
Pardonne-moi la longueur ridicule de ce post

#457898 · 4ème année RP