Juin 2046
Deuxième année
feat. @Hazel Wilson

^{Nouvelle Lune
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TW : crise d'angoisse

Comme chaque soir, la Grande Salle était noire de monde. Les discussions allaient de bon train, le jus de citrouille était bien frais et la nourriture abondante. Pour une fois, Eugène n'avait pas enfilé son casque anti-bruit et il participait même à une conversation. Chacun parlait de sa journée et tout le monde s’accordait à dire qu'elle fut bien longue et surtout épuisante. Bien qu'Eugène écoutait attentivement, il regardait parfois sa montre mécanique. Bientôt, il allait devoir prendre son traitement.

Au bout de deux minutes, il pencha donc vers son sac qu'il fouilla aussitôt. Eugène mit la main sur son pilulier et s'étonna de voir que la case "soir" était vide. Il hésita. Avait-il déjà pris son cachet ? Ou bien par manque d'attention, il n'avait pas rempli son pilulier correctement ? Qu'importe du pourquoi et du comment, il n'avait pas de traitement du soir et cet imprévu l'inquiéta. À cet instant, Eugène avait l'horrible sensation qu'on comprimait son cœur, tandis que sa respiration devenait superficielle. Ses mains étaient soudainement moites et ses pensées se firent obsessionnelles. Comment vais-je faire ? Le brouhaha ambiant devenait insupportable, ses oreilles sifflèrent même. Ça ne va pas le faire, se disait-il. Ça ne va pas le faire, se répétait-il.

L'enfant quitta la table en trombe, sans même s'excuser. Il quitta la Grande Salle à toute jambée avec qu'une idée fixe en tête : l'infirmerie. À cette heure, les couloirs étaient vides de toute présence. Il se rendit au troisième étage et malgré sa boiterie, il accourra jusqu'à l'infirmerie. Il poussa sans attendre les portes et avisa les lieux. De prime à bord, il n'y avait pas un chat et ça ne rassurait pas Eugène. Non, non, non... Comment je vais faire ? Il sentait les larmes monter, alors que son corps se mettait à trembler. Ça ne va pas le faire, se disait-il. Ça ne va pas le faire, se répétait-il.

L'enfant se savait au bord de la crise d'angoisse.

Gauchement, Eugène s'avança dans la pièce et demanda avec incertitude :

— Bonsoir ? Est-ce qu'il y a quelqu'un ?

Juin 2046
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^{Premier Croissant
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Eugène était resté planté au milieu de l'infirmerie, tétanisé. Ses yeux se dirigèrent tour à tour sur les différents placards contenant les médicaments. Il résista péniblement à l'envi de se servir de lui-même, avec ou sans autorisation. Il se doutait que cela aurait été une mauvaise idée, surtout dans son état !

Dans son dos, la porte s'ouvrait et quelqu'un s'exclama :

— Je suis là, je suis là !

Eugène sursauta, prit par surprise. Il se tourna en direction sur l'instant, l'enfant dévisagea la jeune femme, avant de se souvenir que l'infirmerie à changer de direction. Un léger détail qu'il n'aurait pas dû oublier, d'ailleurs. L'infirmière était arrivée dans la semaine, si sa mémoire ne lui jouait pas des tours. Toujours était-il qu'Eugène aurait dû aller la voir afin de la tenir au courant du traitement qu'il prenait... Seulement, Eugène n'avait pas ressentit le besoin d'y aller, comme son pilulier était déjà. Alors, il s'était promis de s'y rendre au plus tôt samedi, afin de renouveler son pilulier et d'en parler à ce moment. C'était le plan initial, sauf que dans un moment d'inattention, Eugène n'avait pas remplit correctement son pilulier de la semaine.

D'ailleurs, l'enfant montra ledit pilulier à la femme (Madame Wilson, il vient tout juste de s'en souvenir).

— Je l'ai mal rempli...

Oui, comme ça, ça manque de contexte... Mais il était bien trop ailleurs pour rajouter plus de détail ! Tout ce qui l'importait là et maintenant, était d'avoir son anxiolytique et d'aller se coucher. Le reste n'était que du détail et tant pis si Madame Wilson ne comprenait pas sur le coup.

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^{Premier Quartier
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— D'accord... Tu le remplissais déjà tout seul avant que j'arrive ? Et que prends-tu exactement ?

Eugène prit un temps pour faire le point avec son cerveau. Est-ce qu'il le remplissait seul ? Non, et même sa psychiatre avait insisté auprès de sa mère pour qu'un adulte responsable prenne en charge la prise de son traitement. Ensuite... Ce qu'il prenait exactement... Eugène hésita. Voulait-elle simplement le type de médicament qu'il prenait, ou bien devait-il préciser au mot près le nom de son traitement ? Car même en temps normal, Eugène n'arrivait pas à retenir le nom ! Dans sa grande réflexion, il fronça du nez. C'était peut-être du Xanax ? Non, pas du tout.

— C'est... euh... un anxiolytique, mais je n'arrive pas à retenir le nom du médicament.

Il marqua une pause et reprit :

— Mais je peux reconnaître la boite.

De nouveau, il marqua une pause. N'avait-il pas oublié de répondre à une question ? Eugène ne savait plus, alors, dans le doute, il préférait répéter.

— Et non, je ne le remplis pas seul... mais je crois que nous avons eu un moment d'inattention et nous n'avons pas vérifié.

Eugène était quelque peu honteux. Il aurait dû faire attention, il le savait.

— Et je viens seulement de voir qu'il en manquait...

Dés à présent, Eugène regardait ses pieds tout en se triturant ses doigts avec anxiété.

— C'est aussi pour ça que je ne suis pas venu plutôt dans la semaine pour vous parler de mon traitement... je me suis dit que j'allais vous voir dimanche qui arrive, comme c'est à ce moment que je renouvelle mon pilulier.

Puis, il chuchota :

— C'était bête de ma part...