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02 sept. 2021, 09:43
L'antre du loup
Dimanche 2 Septembre 2046
Dans la bibliothèque
Le matin aux alentours de 9h
@Aelle Bristyle


Revenir à Poudlard après ses vacances avait été une bénédiction. Il y avait tellement de choses qui s’étaient passées et Aliénor avait besoin de retrouver cette certaine stabilité que lui procurait Poudlard même si pour elle, l’école était toujours incapable d’assurer la protection de ses élèves. Et elle comptait toujours devenir plus forte pour protéger ceux qu’elle avait à protéger. Mais elle avait un petit soucis. Oui elle rentrait en cinquième année, mais elle avait cette horrible impression que les cours de défense contre les forces du mal ne lui permettent pas de pouvoir protéger ses amis assez rapidement. Elle devait donc trouver quelqu’un pour l’aider. Si son niveau en sortilèges c’était amélioré grâce aux cours avec Miss Perkins, elle devait passer à l’étape supérieure et non, elle n’allait pas demander au professeur. Pourquoi ? Parce que juste prendre de l’avance n’était pas une raison valable pour obtenir des cours particuliers. Elle devait donc ce tourner vers un élève plus âgé et malheureusement pour elle, Brenda avait terminé son cursus scolaire l’année dernière elle devait donc trouver quelqu’un d’autre. Elle avait retourné la liste des noms de ses connaissances dans tous les sens et malheureusement la seule qui ressortait avait pour nom Aelle Bristyle.

Elle n’avait pas le choix, c’était elle ou rien. Alors ce jour-là, elle avançait dans les couloirs, récitant un mantra pour ne pas exploser face à elle et surtout pour se rappeler que c’était sa seule solution. Elle poussa la lourde porte de la bibliothèque, c’était l’un des lieux de prédilection de son ainée. Elle fit un tour d’horizon, mais pas d’Aelle en vue, ni grand monde d’ailleurs, qui va à la bibliothèque le matin a part une fille comme Aelle ?
Aliénor soupira en levant les yeux au ciel, ça commençait déjà mal. Allez on avance on fait son plus grand sourire quand on la voit et on demande gentiment.

Aliénor s’avança dans les allées, observant de droite à gauche jusqu’à enfin tomber sur elle, la tête dans un livre. C’est qu’elle était loin de l’entrée la bougre ! En même temps la jeune fille n’allait pas souvent si loin dans la bibliothèque. Même à ce niveau-là Aelle avait un avantage, elle était en terrain connu contrairement à Aliénor qui s’extasier de ce que pouvaient trouver les gens dans ce lieu qui n’avait aucun intérêt à ses yeux. Mais que voulez-vous on ne se refait pas. Aliénor prit une grande inspiration, la démarche assurée, elle resserra son chignon déjà en désordre avant qu’un sourire de circonstance s’affiche sur son visage.

-Bristyle. J’aurais un service à te demander.

Ouais voilà ça suffisait. La jeune Delphillia devait juste contrôler son envie de l’emplâtrer lorsqu’elle relèvera la tête en se sachant en position de force. Tout va bien se passer Ali. Ou du moins fait l’effort pour ses premières secondes.

Perséphone: Batteuse des Hel's, reine des Rumeurs
J'ai plus de virilité dans mon petit doigt que toi dans tout ton corps.
Aliénor Delphillia 7ème année RP, Poufsouffle

02 sept. 2021, 12:10
L'antre du loup
2 septembre 2046
Bibliothèque — Poudlard
6ème année



Cette bibliothèque m’a tant manqué. Je pensais à elle lorsque j’étais installée dans les fauteuils pourtant confortables de la maison ou quand j’étais affalée dans un coin de la librairie de papa : aucun lieu n’est semblable à Poudlard, aucun n’a la même odeur, la même ambiance, aucun ne me fait me sentir comme je me sens là, assise à cette table, un ouvrage immensément vieux entre les mains, entourée de centaines de livres. Dès que le soleil s’est levé ce matin, je me suis ruée ici. Hors de question de traîner dans les couloirs avec les Autres ou d’aller voir quelques connaissances, non. Moi, je voulais aller à la bibliothèque, surtout qu’à cette heure et à ce moment de l’année, le lieu est agréablement silencieux et calme. Les abrutis ne viennent pas à la bibliothèque à peine rentrés au château, c’est connu.

Il est étrange d’être ici alors que la veille au matin, j’étais à la maison avec papa, maman et mes frères. Mais ce qui est plus bizarre encore, c’est d’être ici sans Aodren. Mon frère ne reviendra plus jamais à Poudlard maintenant qu’il obtenu ses ASPIC — qui aurait cru qu'il y arriverait ? Je suis la seule Bristyle au château. Plus personne pour souffler aux parents ce que je leur cache, plus personne pour me surveiller, pour poser sur moi un regard bourré de jugement. Et surtout plus personne à aller voir lorsqu’une soudaine envie de discuter me prend, quand le manque de ma famille se fait ressentir, quand j'ai envie de croiser son regard vert, de voir ses sourires, d'entendre sa voix. Bah ! peu importe. Je fais taire mon angoisse en plongeant dans mon livre.

Toute prise à ma lecture, je ne la vois pas arriver. Je ne lève la tête que lorsqu’elle se pointe devant moi ; j’en hausse les sourcils tant je suis surprise de la voir là. Aliénor Delphillia ? Ici ? C’est déjà bien étonnant de la voir à la bibliothèque, après tout ce n’est qu’une sportive pas très débrouillarde, je crois, mais c’est plus surprenant encore de la voir à côté de moi. Qu’est-ce qui lui prend, bordel ?
*Un service ?*.
Oh, Merlin tout puissant… Je ne peux pas le retenir, c’est impossible. Impossible de retenir le sourire qui m’étire méchamment les lèvres. Un petit sourire moqueur, certes, moqueur et amusé. Un service, vraiment ? Et elle me demande cela à moi ? Il y a quelque chose d’énorme qui explose dans mon coeur, un truc très grand et très fort qui me force à dresser le menton et à croiser les bras sur ma poitrine, dans une attitude tout en fierté. Cette chose qui m’empêche de me départir de mon sourire, c’est la satisfaction. La satisfaction de voir qu’une fille comme Delphillia, une fille si indépendante, donc, qui n’a besoin de rien ni de personne, qui se dresse face au monde avec une force qui me met mal à l’aise, quand j’y pense ; voir cette fille avoir besoin de moi. Certes. Et bien moi, ça me fait un bien fou et je ne compte pas le lui cacher.

« Delphillia, la salué-je sur le même ton. Un service ? Tu as besoin de moi ? »

Je n’ai absolument aucune idée de ce qu’elle peut bien me vouloir. Nous sommes dans la bibliothèque, Delphillia n’est pas exactement une habituée du lieu… Veut-elle de l’aide pour trouver un livre ? Pour faire des recherches ? Et moi, ai-je envie de l’aider ? Après tout, nous sommes si différentes. Et à chaque fois que je lui parle, j’en ressors plus troublée que jamais. Je n’arrive pas à comprendre cette fille, je pense que nous ne nous comprendrons jamais. Nous vivons dans des mondes différents. Et son monde à elle ne m’attire absolument pas. Malgré tout, je sens poindre l’habituelle étincelle de curiosité qui m’envahit toujours lorsque je parle à cette insupportable fille.

Et puis contrairement aux dernières fois où nous nous sommes parlé, je suis en position de force — c’est tellement agréable que mon sourire s’agrandit ! Qu’elle continue donc à avoir besoin de moi, je crois que je suis déjà en train de m’y habituer.

02 sept. 2021, 12:57
L'antre du loup
Elle s’y attendait. Mais le voir en face, ce regard, ce sourire, ce dos bien droit et se menton redressé. Aelle était une fille intelligente, certainement bien plus qu’Aliénor, elle avait très bien compris qu’elle était en position de force et le faisait clairement savoir à la jeune Delphillia. Comment bien commencer une année ? Ce mettre en situation de faiblesse face à un ennemi.
Aliénor soupira très légèrement avant de prendre une chaise d’une autre table voisine pour la disposer en face de sa camarade de maison et s’assoir dessus. Elle allait avoir besoin d’être assise pour ne pas se jeter sur Aelle et l’étriper ou bien juste partir en disant que c’était rien. Mais non ce n’était pas rien ! Elle n’avait pas d’autres solutions donc elle devait aller jusqu’au bout et puis si elle dit non, elle aura une raison pour se jeter sur elle non ? Toujours de très bonnes idées qui traversent cet esprit…

Elle se racla un peu la gorge en se positionnant correctement mais de manière assez confortable, autant d’essayer de montrer qu’on est détendu non ? C’était déjà raté mais bon, dessert cette mâchoire ça passera peut-être mieux. Un furtif sourire jaune passa sur les lèvres de la jaune avant qu’elle ne poursuive.

-Ouais… J’aurais besoin de toi.

Mais ce mot lui écorchait littéralement la gorge. C’était presque comme si elle le crachait au visage de sa camarade mais avec une retenue qu’elle n’avait jusqu’ici jamais eu avec Bristyle. Son regard passa un peu près de partout sur la table sauf sur Aelle qui était pourtant le sujet principal de cette discussion. Mais que c’était dur de mettre son égo de côté, surtout face à elle.

-J’ai b’soin de toi pour me perfectionner dans les sorts de défense et d’attaque.

C’était sortit comme une balle alors que son regard lui aussi était remonté d’un coup vers le visage d’Aelle et c’était planté dans ses prunelles. Au moins c’était dit, maintenant elle attendait une réponse, elle n’avait pas besoin d’en savoir plus pour l’instant. Aliénor pourrait expliquer pourquoi si elle demandait mais ce n’était pas une information capitale. La jeune Delphillia fixait maintenant le visage de son ainée comme s’il y avait la réponse à toute chose écrit dessus. Juste un mot, elle n’avait pas besoin de plus, trois lettres : oui ou non. Mais Aelle, avec cette position de force ne se réduirait forcément pas à une si simple réponse elle allait creuser et c’est ce qui agaçait Aliénor, parce qu’elle n’aurait pas d’autre choix que de lui répondre. Tant qu’elle n’avait pas de réponse claire, elle était en position de faiblesse. Position que la jeune fille avait bien du mal à supporter. Elle posa ses mains à plat sur la table, comme pour se stabiliser dans ce torrent qui l’entourait, pour s’accrocher, ne pas partir en disant qu’elle n’avait rien à faire ici. Mais Aliénor avait de la détermination à revendre, qui sait même une fille comme elle pourrait surprendre Aliénor.

Perséphone: Batteuse des Hel's, reine des Rumeurs
J'ai plus de virilité dans mon petit doigt que toi dans tout ton corps.
Aliénor Delphillia 7ème année RP, Poufsouffle

02 sept. 2021, 13:32
L'antre du loup
Ma satisfaction est si forte que j’ai l’impression d’irradier. Je me penche en avant et pose mes coudes sur la table pour mieux observer la Poufsouffle. Installée face à moi dans une attitude tout à fait nonchalante — voilà une chose qui n’a guère changé —, elle me donne pourtant l’impression de vouloir être partout ailleurs tant que ce n’est pas ici. Je ne peux pas lui en vouloir, moi aussi je préférerais disparaître si je devais aller demander un service à une personne comme Delphillia. Sauf que moi, je n’irai jamais faire une telle chose, évidemment, puisque je sais me débrouiller seule. Cette situation est particulièrement réjouissante. Je me demande si la fille a passé ses vacances d’été à penser à ce jour. Était-ce prévu ou a-t-elle songé à venir me voir quand elle m’a aperçu dans la bibliothèque ? J’aimerais que ce soit prévu depuis longtemps, qu’elle ait songé à moi durant les vacances ; j’aime croire qu’elle a passé les derniers jours à avoir peur de ma réaction, à craindre une réponse négative, à se demander si oui ou non elle devait venir. S’est-elle demandée, comme moi je le fais, s’il serait humiliant de me demander un service ? En tout cas, moi j’ai la réponse. C’est effectivement humiliant. Mais plus qu’humiliant, c’est surtout intriguant. Je me fiche comme de mon premier chaudron de la fierté de cette fille, moi. Ce qui me plait, c’est cette impression que je suis essentielle.

Je ne fais rien pour ravaler mon sourire. Oh, Merlin ! Elle a besoin de moi. Et cette tête qu’elle fait ! Je me promets de ne jamais l’oublier. Je retiens la petite remarque moqueuse qui me vient et me contente de m’accrocher à son regard quand elle daigne le lever sur moi.

Le regard de Delphillia, c’est toute une histoire. Il est intriguant et dérangeant. Comme elle, à vrai dire. Mais aujourd’hui, il est envahit d’une détermination bien particulière rendue plus forte encore par les mots qu’elle m’envoie au visage. Je me recule sur mon siège, troublée ; mes sourcils se dressent sur mon front, ma bouche s’entrouvre. Je me dis une chose toute simple : *encore ?*. Encore une personne qui vient me demander de lui apprendre des sortilèges ? Est-ce écrit sur mon front que j’ai un niveau bien meilleur que celui des Autres et que j’ai une facilité à maîtriser la magie ? Mon intelligence est-elle donc si évidente ? Certainement, cela expliquerait pourquoi les Autres viennent constamment me voir pour me demander de l’aide. Cela ne me dérange pas quand c’est Gabryel ; après tout, Gabryel n’est pas n’importe qui. Je n’étais pas non plus sensiblement contre l’idée d’apprendre quelques sortilèges à Hunter, après tout je le lui devais. Mais Delphillia ? Delphillia avec laquelle j’entretiens une relation si plate qu’elle en est quasi-inexistante ? Et surtout Delphillia, bordel, celle qui avance dans le monde comme si elle souhaitait — et pouvait — le conquérir ?

C’est étrange, cette sensation qui m’envahit. Je crois que c’est la première fois que je prends conscience de ce que je peux apporter aux Autres. Pas en terme d’aide ou autres bêtises du genre, non, mais pour ce qui est du savoir. Il est vrai que j’ai toujours beaucoup d’avance sur les programmes, que je maîtrise rapidement les sortilèges que j’apprends, que je ne me contente pas de ce que l’on m'enseigne en cours — Merlin merci. Je ne m’étais jamais rendu compte qu’aux yeux des autres, j’étais en quelque sorte ce que certaines personnes, très rares je dois dire, sont aux miens : une mine de savoirs et de connaissances. Je n’arrive pas à savoir ce que ça me fait, cette sensation.

Bah ! ce qui compte, c’est que Delphillia ait besoin de moi. Ça, c’est une chose intéressante sur laquelle se pencher. J’éloigne mes pensées troublantes pour me concentrer sur la jeune fille que j’espère actuellement en train de s’étouffer avec sa fierté. Elle est tout de même d’une insolence rare pour venir me voir moi pour ce service ! Elle ne connaît personne d’autre ? Elle ne m’aime pas, je ne l’aime pas, et je crois que nous pouvons nous accorder sur le fait que nous ne sommes pas faites pour nous entendre. Qu’est-ce qui lui est passé par la tête, Merlin ? Est-elle donc réellement si seule pour que la seule personne à laquelle elle songe soit cette Aelle Bristyle qu’elle ne peut pas s’encadrer ?

« T’as besoin de moi pour te perfectionner dans les sorts de défense et d’attaque..., » répété-je d’une voix lente.

Toute prise à mes réflexions, je plisse les yeux, mon regard sautillant entre le bleu et le marron de Delphillia — je n’ai jamais su lequel je devais fixer.

« Et qu’est-c’qui te fait croire, Delphillia, que j’peux t’aider à te perfectionner ? Après tout, j’suis qu’une élève, non ? » feins-je m’étonner, ce petit sourire moqueur décidément bien solidement installé sur le coin de mes lèvres.

Une élève, certes, mais une élève talentueuse qui est capable de faire des choses qui feraient pâlir de jalousie la moitié des habitants du château. Mais je ne pensais pas que Delphillia était au courant. J’étais persuadée n’être, pour elle, qu’une élève un peu étrange qu’elle était incapable de comprendre. Une personne qui vit dans un monde complètement différent du sien ; c’est ainsi qu’elle doit percevoir les gens comme moi qui s’intéressent aux choses réellement passionnantes, les mystères de la magie, les livres, le savoir, la connaissance, contrairement à ces Autres qui ne songent qu’aux choses matérielles. À vrai dire, je ne pensais pas qu’une fille comme elle s’intéressait au perfectionnement. Quoi, elle a peur de ne pas réussir ses BUSE ? De se faire engueuler par ses parents parce qu’elle ramène une mauvaise note à la maison ? Elle ne veut pas se ridiculiser devant ses camarades ? Qu’est-ce qui la motive ? Je suis incapable de trouver une réponse à ces questions.

02 sept. 2021, 15:20
L'antre du loup
*Gnagna Delphillia, gnagnagna je suis qu’une élève…* La jeune fille avait une soudaine envie de se lever et de partir, ou alors c’est une envie qui était en elle depuis le début ? Oui… Ses poings se serrèrent sur la table, ce sourire satisfait elle aimerait le lui faire bouffer et qu’elle s’étouffe avec. Mais des raisons particulières pour Aelle ? Ben elle avait noué des liens avec des esprits chelous bleus, elle avec une baguette ultra stylée (ne pas la remarquer est être aveugle) donc Aliénor avait pris tous ses signes pour de la puissance magique ou du moins une facilité. Tout le monde n’a pas accès à tout ça. La jeune Delphillia prit une grande inspiration en fermant les yeux pour calmer ses pulsions. Elle n’avait pas vraiment de lui dire qu’elle la pensait forte non… Elle n’y arriverait pas de toute façon, son corps ne le supporterait pas et elle finirait par vomir sur la table. Alors elle devait donner une autre raison, raison toute aussi légitime.

-Toi et moi on peut pas se blairer. Alors comment mieux s’entrainer à des sorts de défense que face à quelqu’un qui en a vraiment rien à foutre que tu termines en charpie ?

Il y avait de la vérité, c’était même la pure vérité. Face à quelqu’un qu’on apprécie, l’inquiétude pouvait pointer le bout de son nez et dégrader nos sortilèges ou du moins les rendre moins puissants qu’ils ne pourraient l’être. Aliénor, qui avait rapproché son buste d’Aelle se laissa tomber contre le dossier de sa chaise en observant les livres qui étaient disposés sur la table. Leur différence était frappante, un peu trop peut-être, comme deux clichés de films qui ne peuvent pas s’encadrer et deviennent coéquipiers pour étonner tout le monde. Ça foutait la gerbe à Aliénor.

-Donc ouais t’es qu’une élève, mais t’as un an de plus que moi, et tu peux pas me piffer.

Elle avait le don pour trouver de nouveaux mots pour décrire leur relation non ? Ce serait le nouveau champ lexical Aelle. Comme quoi, elle a une influence littéraire sur Aliénor ! Qui s’en serait douté ? La cinquième année fixait maintenant son ainée, elle savait que ce serait un combat de longue haleine que d’obtenir l’aide de sa camarade de maison. Mais elle avait tout son temps. Et puis bon, elle ne s’attendait pas vraiment à ce que cette fille lui dise oh oui bien sûr Ali-chou je vais t’aider ! Bouge pas regarde comment on fait un protego totalum ! Ouais non, c’était pas possible, pas entre elles-deux. Même si être assise, l’une en face de l’autre depuis plus de deux minutes sans s’égorger était déjà un exploit à noter. La maturité peut-être ?

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Aliénor Delphillia 7ème année RP, Poufsouffle

02 sept. 2021, 21:34
L'antre du loup
Une petite moue m’étire les lèvres vers le bas. Son explication est sincère, je le sais très bien, mais j’aurais préféré qu’elle me confirme qu’elle me savait d’un niveau bien plus élevé que le sien, suffisamment pour que je sois capable de lui apprendre à lancer quelques sortilèges. J’aurais vraiment, vraiment adoré la voir me lancer des fleurs. Je ne sais pas pourquoi. C’est une envie profonde que j’ai là, à l’intérieur de moi — je veux qu’elle me dise que je ne suis pas seulement cette fille qu’elle ne peut pas se blairer, que ce n’est pas la seule raison pour laquelle elle vient me trouver moi pour faire ses petites affaires.

Je dresse le menton et resserre un peu mes bras déjà croisés sur ma poitrine. Pour feindre un détachement total — complètement mensonger — je me balance sur ma chaise, comme si rien de ce qu’il se passe ici ne pouvait m’atteindre.

« C’est vrai, j’peux vraiment pas te “piffer”, Delphillia, et ça me ferait bien trop plaisir de pouvoir me défouler sur toi en t’lançant des sortilèges consentis, dis-je sur un ton insolent. Donc en fait, c’que tu recherches c’est une sorte de… défouloir, c’est ça ? Une personne qui représente rien pour toi pour que tu puisses t’entraîner sans avoir peur de la blesser ? »

Je secoue la tête de droite à gauche, expirant un petit rire discret. Cela devrait me mettre hors de moi, je devrais dire à cette fille qu’elle est complètement timbrée et qu’elle peut bien aller voir ailleurs, si elle croit que je vais lui servir de défouloir pour déverser sa haine. Mais le fait est que je n’ai pas envie de dire ça, tout simplement parce que ça me plait bien, moi, ce petit côté cruel qu’elle a. Ça me plait bien l’idée qu’elle soit capable de s’entraîner de toutes ses forces sur une personne sans avoir peur de la blesser, tout simplement parce qu'elle ne l'aime pas. Le fait qu’elle l’avoue à voix haute me remue. Je soutiens son regard et l’espace d’une seconde, j’ai l’impression que l’on se ressemble bien plus que l’on ne veut bien se l’avouer, elle et moi.

« Non, y’a autre chose, comprends-je soudainement. Allez, quoi, ton but n’est pas seulement de te défouler. Pourquoi tu veux te perfectionner, hein Delphillia ? T’as passé quatre ans à suivre les cours sans t’poser de questions et là soudainement tu veux en apprendre davantage ? Et tu viens me voir moi pour ça ? Ok, j’suis bien plus douée qu’tous les autres mais moi, sérieusement ? Tu ferais pas ça si t’avais pas une vraie raison. »

Il n’existe aucun doute dans ma voix, aucune hésitation dans mon ton. Je sais très bien que ce que je dis est la vérité. Je ne suis pas complètement idiote non plus. Il en faut beaucoup pour qu’une personne comme Delphillia accepte de mettre sa fierté de côté pour venir me voir. Et des gens qu’elle n’aime pas, il en existe certainement un tas, je ne suis pas la seule dans cette situation, j’en suis certaine. Non, si elle vient me chercher pour demander ce service, c’est parce qu’elle a une vraie raison de le faire, une raison qui compte pour elle. Et je ne compte rien accepter tant que je ne saurais pas exactement qu’elle est cette raison.

Je ne sais pas ce qui est le plus important pour moi à présent : comprendre ce qui motive cette fille qui n’a pourtant jamais, de ce que je sais, brillé en cours ou lui faire avouer que si elle vient me voir, c’est parce qu’elle a conscience de mon niveau bien plus supérieur à celui des autres élèves ? Peut-être que je peux trouver le moyen de lui sortir les vers du nez pour les deux. Et après seulement, je me poserais enfin la seule question qui compte réellement : qu’est-ce que je gagnerais, moi, à aider Delphillia à se perfectionner ?

03 sept. 2021, 11:12
L'antre du loup
Les yeux toujours posés sur son ainée, ses sourcils se froncèrent une fraction de seconde avant qu’elle ne retombe sur son dossier, mais plus lentement, écoutant les paroles de la sixième année. Oui elle était maligne, il ne fallait pas être un génie pour le savoir et quand elle employa le mot défouloir, la tête d’Aliénor se pencha légèrement sur le côté. C’était une idée qui n’était pas si déplaisante, mais elle se ferait surement défoncer, elle qui n’avait jamais été très habile avec sa baguette. Ses dents se plantèrent dans sa lèvre inférieure. Cette fille réfléchissait trop et Aliénor allait être obligée d’en dire plus ce qui ne l’emballait pas vraiment. Cette fille semblait tellement détachée de tout… Et puis montrer cette facette d’elle-même à son ennemis, elle n’aimait pas cette idée. Elle était arrivée à Poudlard en première année en se disant qu’elle ne devait pas trop s’attacher aux autres parce qu’ils deviendraient des faiblesses. Et c’était exactement ce qu’il était en train de se passer ! Elle était capable de se mettre en danger pour les protéger et pour ça elle devait être armée !

-T’as gagné Bristyle.

Les yeux maintenant posés sur la table, elle leva la main pour commencer à tracer des arabesques imaginaires du bout de son index. Ca pouvait traduire sa gêne, ou l’effort qu’elle faisait sur elle-même.

-J’ai pas envie de me perfectionner, j’ai pas envie que TU m’apprennes des trucs. J’en ai besoin.

Elle releva les yeux vers Aelle. Était-elle simplement capable de comprendre ce qu’allait lui dire Aliénor ? Elle n’en savait rien, elle, en tout non-objectivité aurait dit non. Mais il y avait une faible lueur en elle qui disait qu’Aelle n’était pas si terrible que ça. Que ça peut être stupide l’espoir parfois.

-Poudlard c’est devenu la merde. Ceux qui croient que la directrice ou les profs peuvent nous protéger sont aveugles. Il y a eu plus de cadavres et de risques ici que n’importe où ailleurs. Alors il faut bien que quelqu’un protège mes amis. Je préfère que ce soit moi. Donc j’ai besoin de toi pour pouvoir protéger mes amis.

Ah oui… C’était très honnête. Un peu trop peut-être. Aliénor serra les dents et son poing se serra sur la table. Elle ne supportait plus cette position. Elle se leva d’un coup et la chaise tomba à la renverse derrière elle.

-T’sais quoi laisse tomber, je vois pas à quoi je m’attendais venant de toi.

Aliénor se retourna pour ramasser la chaise et la remettre sur ses quatre pieds. Puis elle commença à partir dans l’allée. Elle avait été stupide et elle s’en voulait, ses amis n’avaient pas besoin d’une fille comme Aelle. Aliénor n’en avait pas besoin, cette fille était une perte de temps. Décidément cette année commençait bien mal.
Mais Aliénor se mentait à elle-même, cette fille était sa seule option et elle venait peut-être de gaspiller sa cartouche pour rien.

Perséphone: Batteuse des Hel's, reine des Rumeurs
J'ai plus de virilité dans mon petit doigt que toi dans tout ton corps.
Aliénor Delphillia 7ème année RP, Poufsouffle

04 sept. 2021, 00:08
L'antre du loup
T’as gagné, Bristyle.

C’est d’abord un frisson exalté qui me parcourt. Ses mots ont un effet incroyable sur moi. Je sais qu’en vérité, je n’ai rien gagné du tout même si je suis clairement en position de force. Mais l’entendre prononcer ces mots a quelque chose de très réjouissant. Bien trop, peut-être, mais je n’ai absolument pas envie de réfléchir à ce que je ressens. Je préfère profiter de mon coeur qui rate un battement, tout en feignant croire que s’il s’agite ainsi c’est juste parce que ça me plait bien d’imaginer que ces mots ont dû arracher la bouche de Delphillia.

Ensuite, il y a la satisfaction.
J’ai pas envie que tu m’apprennes des trucs.
La fierté.
J’en ai besoin.
Pour la première fois depuis qu'elle s'est pointée devant moi, je prends Delphillia au sérieux. J’étais à peu près persuadée qu’elle allait finir par se tirer en arguant que tout cela n’était qu’une grande blague, une idiotie destinée à me tourner en ridicule — ce qui n’aurait évidemment pas fonctionné, puisque je ne comptais pas la croire, n’est-ce pas ? Mais à la voir insister ainsi… Le fait qu’elle répète deux fois de suite avoir besoin de moi, Aelle Bristyle… Je ne peux plus ignorer le sérieux de son ton et la gravité qui lui étire les traits. Cette gravité me fait froncer les sourcils. Je me redresse sur ma chaise, décroise les bras et lie sagement mes doigts sur mes genoux. Et la suite de ses paroles me confirment que j’ai bien fait de m’inquiéter de son soudain sérieux.

« Poudlard, c’est la merde. »

Je ne l’avouerais pour rien au monde, mais ces mots m’arrachent littéralement le coeur. Je détourne les yeux pour cacher mon trouble. Poudlard, c’est la merde. Elle fait certainement référence à ce qu’il s’est passé l’an dernier. Au Dominion, aux élèves qui ont bien manqué y crever. *Elowen*. Aux Lignées. Au bordel qui règne dans le monde sorcier. Quand elle évoque la directrice, mon ventre se noue. Merlin, ce que je peux détester quand les autres parlent d’elle. J’ai envie de me lever, soudainement, et de dire à Delphillia qu’elle ne sait absolument rien de la directrice. Mais je n’en ferai rien. Ce n’est pas mon rôle de défendre Loewy, je n’ai d’ailleurs aucune envie de le faire.

D’une gymnastique habile de l’esprit, j’éloigne mes pensées dérangeantes pour me concentrer sur Delphillia. Ses doigts s’agitent mais ses yeux me fixent avec tant de force qu’ils me dérangent. Ainsi donc, la si distante Aliénor Delphillia accepterait de mettre sa grande fierté de côté pour protéger ses amis. Je me questionne : qu’est-ce qui lui laisse croire, à cette fille, qu’elle est la mieux placée pour les protéger ? Qu’est-ce qui lui fait croire qu’ils veulent être protégés, qu’ils en ont besoin ? Je n’en sais rien, mais ce qui est certain c’est qu’elle, elle est persuadée être leur seul espoir. Ça me perturbe. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi. Et je ne comprends pas pourquoi cette fille se ridiculise auprès de moi pour aider des personnes qui ont exactement le même niveau magique qu’elle — pourquoi ne s’aident-ils pas mutuellement ? Pourquoi est-ce qu’elle se sacrifie pour eux ? Bordel, c’est illogique ! Tout le monde serait beaucoup plus en sécurité si chacun prenait ses responsabilités. Croit-elle réellement qu’elle pourra protéger tout le monde ? Et surtout, croit-elle que moi j’ai envie de faire ça ? Donner des cours à une cinquième année pour qu’elle protège tout le joli monde qui a réussi, allez savoir comment, à s’attacher à elle ? Je n’ai rien à voir avec cette histoire.

J’ouvre la bouche alors même que je n’ai aucune idée de ce que je vais dire.
Delphillia ne me laisse pas le temps de réagir.
Elle se lève si vite qu’elle arrive à briser mon masque sérieux.

Je la suis du regard tandis qu’elle s’éloigne dans l'allée. Ma chaise racle sur le sol lorsque je me lève en trombe.

« Merlin, Delphillia ! chuchoté-je furieusement en la suivant parmi les livres. Retourne t'asseoir sur cette putain de chaise. On a pas fini de discuter ! »

Je me dresse devant elle, les poings serrés, les sourcils froncés et lourde d’une méchante envie de lui exploser le crâne contre l’une des étagères en bois. Elle est si tempétueuse ! Elle crie, elle s’énerve avant même que je parle, elle prend des décisions toute seule, elle ne cherche même pas à savoir ce que je peux bien penser de ses raisons minables. Non, elle se tire sans aucune raison, comme si me faire perdre son temps était son activité favorite — ce qui doit certainement être le cas.

« T’as voulu m’parler, on parle ! lui lancé-je, les mâchoires serrées. Ou alors tu t’tires maintenant et t’arrête de me faire perdre mon temps, parce que j’ai mieux à faire que de te gérer. »

Pourquoi est-ce que je ne l’ai pas laissé partir ? Elle s’en serait allée, toute pitoyable. Elle aurait rougit de honte à chaque fois qu’elle m’aurait croisé dans les couloirs et moi, je me serais sentie un peu plus grande à chaque fois que je l’aurais vu baisser ses yeux étranges. Mais non, je me tiens là, à lui donner une putain de chance, à lui demander de retourner s’asseoir, comme s’il y avait une chance pour que j’accepte d’aider cette fille qui se prend pour Merlin à vouloir protéger le cheptel qui lui sert de groupe d’amis. Qui sont-ils, ces abrutis ? Certainement des Autres comme je les déteste tant, des élèves inutiles, fades, sans la moindre importance. J’ai tellement de choses à faire, tellement de choses à apprendre ! Sans compter toutes mes recherches sur l’Élixir de Longue-Vie, sans compter la magie noire, sans compter mon golem, sans compter Nyakane. Et elle croit que j’ai envie de perdre mon temps à apprendre à des idiots à se protéger ?

Mon souffle est un peu court, mes poings se serrent et se desserrent nerveusement.
Je m’agace moi-même !
Je lance un dernier regard noir à la Poufsouffle avant de me détourner. Je retourne près de la table et m’assoie lourdement sur ma chaise. Je prends sur moi pour ne pas me retourner afin de m’assurer qu’elle revienne vers moi. Je ferme brièvement les yeux. *Allez, r’viens*. Si t’as vraiment besoin de moi, reviens, Delphillia.

06 sept. 2021, 10:47
L'antre du loup
Le dos tourné, un pas sûr entre les immenses bibliothèques, tous ses livres à en faire tourner la tête. Elle savait que si elle levait les yeux au ciel ce serait comme si elle se faisait aspirer dans un autre monde qui était bien trop éloigné du sien. Mais ce qui la transporta dans un autre monde ce fut la voix de Bristyle. Forte, autoritaire qui montrait au combien un an de différence pouvait jouer sur une autorité. Malgré toute sa colère, toute sa déception et toute son aversion pour cette fille, Aliénor ne put s’empêcher de s’arrêter avant d’observer son ainée.
Ces mots étaient vrai, c’était elle qui était venue, c’était elle qui prenait de son temps pour un besoin irrationnel qui ne la concernait absolument pas. Elle resta muette devant Aelle qu’elle avait rarement vue de la sorte. C’était comme une nouvelle personne et Aliénor ne savait pas comment réagir face à cette facette d’Aelle. Un « Oui madame » avait failli sortir de la bouche de la batteuse qui avait ravalé ces mots en même temps que sa fierté était revenue. On parles d’Aelle là ! La jeune Delphillia se redressa alors que la sixième année était déjà repartie s’assoir. Aliénor prit une grande inspiration en fermant les yeux. Oui elle voulait partir, partir parce que cette mascarade avait assez duré et qu’elle n’allait quand même pas la supplier pour voir son petit sourire satisfait sur son visage. Non il en était hors de question. Elle restait tout de même Aliénor Delphillia batteuse des Hel’s ! Ce n’était pas rien, du moins dans sa petite tête d’adolescente.

Malgré tout, elle se tourna, d’un quart de tour ce qui lui permettait d’être face à des livres mais de tout de même observer Bristyle du coin de l’œil. Cependant elle restait droite, pas appuyée contre la bibliothèque qui pourtant l’accueillerait à bras ouvert, ni appuyée sur le dos de cette chaise à quelques mètres à peine. Non droite le regard à moitié perdu dans les livres devant elle.

-T’sais je me suit dit que la seule question que t’allait te poser était pourquoi je l’aiderais.

Aliénor baissa les yeux au sol. Non elle n’était pas la fille la plus intelligente du château, du moins en ce qui concerne les standards de l’intelligence. Mais elle n’était pas stupide non plus.

-T’as aucune raison de le faire. Si j’veux protéger mes amis c’est parce que parfois ils sont bête. Il veulent gérer tout leurs problèmes à s’en oublier eux-mêmes. Comme Eileen ou ce crétin de Rey.

Elle tourna enfin la tête vers Aelle toujours debout. Elle était assise toujours ce regard aussi agaçant pour la jeune fille, comme si elle réfléchissait toujours à autre chose, que ce que tu disais n’était pas assez intéressant. La canine de la jeune fille se planta dans sa lèvre. Elle devait finir au moins, elle avait commencé.

-Il faut bien quelqu’un pour les protéger. Mais en disant que quelqu’un d’autre le fera finalement personne le fait. Alors je le fais, que ça plaise ou non. Et pour ça et ben… J’ai besoin de ton aide.

Voilà, elle avait définitivement plus rien à dire à Aelle. Elle se laissa donc tomber en arrière pour s’appuyer contre la bibliothèque derrière elle et posa ses mains de chaque côté de ses hanches pour s’équilibrer. Maintenant son avenir, ou du moins son espoir était accroché aux lèvre de cette fichue et hautaine Aelle Bristyle.

Perséphone: Batteuse des Hel's, reine des Rumeurs
J'ai plus de virilité dans mon petit doigt que toi dans tout ton corps.
Aliénor Delphillia 7ème année RP, Poufsouffle

06 sept. 2021, 22:37
L'antre du loup
"Un « Oui madame » avait failli sortir de la bouche de la batteuse qui avait ravalé ces mots en même temps que sa fierté était revenue." = oh là là, jamais je n'oublierai cette phrase, je m'en fais la promesse !

Si elle ne revient pas s’asseoir, Delphillia ne disparaît pas pour autant. Elle reste plantée là-bas, comme si elle n’était pas bien certaine de ce dont elle avait envie : s’enfuir le plus rapidement possible ou rester, peut-être dans l’espoir que j’accepte sa demande ? La voir là me rassure tellement que mes épaules se relâchent soudainement ; il s’en faudrait de peu pour que je soupire de soulagement. J’avais tellement peur qu’elle s’en aille et qu’elle décide tout à coup que non, elle n’avait pas réellement besoin de moi ; que non, elle ne voulait pas mettre tous ses ressentiments de côté pour insister. Il semblerait que mes peurs aient été vaines. J’ai peur de me questionner à propos de cette angoisse qui m’a saisi. Mais surtout, j’ai peur de comprendre son origine — je devrais alors faire face à une vérité qui me déplairait beaucoup, je préfère l’enrober sous plusieurs couches de fierté et de moquerie, ça vaut mieux comme ça.

Je me redresse et tourne la tête vers Delphillia. Je lui présente un visage sévère, à peine déformé par une ébauche de sourire orgueilleux — un mélange parfait pour qu’elle se souvienne que je suis en position de force tout en prenant conscience que je n’ai pas encore dit non ; bref, tout pour qu’elle ne devine pas mes pensées et qu’elle ne se tire pas.

Son discours amène tout un tas d’expressions sur mon visage : une moue approbatrice quand elle dit que je n’ai aucune raison de l’aider ; un sourcil qui se dresse lorsqu’elle qualifie elle-même ses amis de bêtes ; et surtout une méchante grimace horrifiée quand elle fait référence à un Rey. Rey, Rey Sifferlen ? Merlin, voilà un garçon auquel je n’ai pas envie de songer ; je ne savais pas qu’ils étaient proches, tous les deux. Non pas que les proches de Delphillia m’intéressent mais ça me fait un petit quelque chose à l’intérieur, un petit quelque chose de désagréable — après tout, Delphillia et Rey, certes, c’est assez logique. Aussi insupportables l’un que l’autre, même si Delphillia l’est moins que lui, ce que je n’avouerai jamais à voix haute, évidemment.

« J’pensais que tu te sacrifiais pour tes amis, Delphillia, mais en fait c’est pas ça, dis-je d’une voix lente. C’est pas eux qui ont besoin qu’tu les protèges mais toi qui as besoin de croire qu’ils en ont besoin. »

Ce que je comprends de son discours, moi, c’est que cette fille se persuade que ses amis ont besoin de protection et que cela l’arrange bien de le croire. Je mentirais si je disais que ça ne me tordait pas le coeur d’une étrange façon. Je déteste ce que je ressens, je le déteste si fort que je pourrais me barrer dans l’instant ! Remballer toutes mes affaires et disparaître. Mais je ne bouge pas. Je baisse les yeux sur la table, la tête remplie de questions et de réflexions.

« T’as b’soin de moi pour quoi exactement ? »

Ma voix est lasse, un peu détachée, comme si je n’en avais rien à faire de tout cela. En fait, j’essaie de gagner du temps. Poser des questions, me renseigner pour ne pas réfléchir à la décision que j’ai déjà prise.

« T’apprendre de nouveaux sortilèges ? T’assurer que tu puisses les lancer correctement ? T’apprendre à te battre ? soufflé-je, le ton dur, en levant les yeux vers elle. Tu veux défendre ? Attaquer ? Qu’est-ce que tu veux faire de ta magie, Delphillia ? Apprendre deux, trois sortilèges, ce n’est pas suffisant. C’est pas comme ça que ça fonctionne. Si tu veux seulement apprendre de nouveaux sortilèges, j’te signale qu’on est dans une bibliothèque, me moqué-je en désignant les livres de la main, tu trouveras tout c’qu’il te faut là-dedans. »

Mon ton se fait désormais dur, agacé, moqueur et intransigeant. Je me sens en colère et je ne sais même pas pourquoi.

« Comment tu veux les protéger ? De quelle façon ? Dans quelle situation ? Tu veux les protéger d’eux-mêmes ou de la merde qui nous entoure ? Parce que désolée de t’apprendre que les protéger d’eux-mêmes, ça va pas être possible, affirmé-je dans un petit rire. Les gens sont des cons qui refusent d’écouter ceux qui sont plus censés qu’eux. À part enfermer tes potes dans de jolies p’tites cages, je vois pas comment tu pourrais les protéger contre leur propre bêtise. »

Et tout à coup, je pense à Thalia et je comprends pourquoi je suis si en colère. Je comprends que l’envie de Delphillia de protéger ceux qu’elle aime ne diffère pas de la mienne — j’ai ressenti exactement la même chose, je ressens exactement la même chose. Que ce soit pour Zikomo, Gabryel, Thalia, Elowen, Loewy, ma famille… Et bordel, ça me déstabilise totalement de m’en rendre compte. Je ne veux pas ressentir tout ça ! Je veux rester dans mon monde et ne penser qu’à moi.

Je regrette d’avoir tant parlé, de m’être laissée aller devant cette idiote. Je lui jette un regard sombre, détourne les yeux, soupire.

Il est difficile de gérer cette fille. Je ne sais jamais comment elle réagira. Elle parle quand je pense qu’elle va crier, elle s’enfuit brusquement lorsque je la crois prête à se confier et finalement, quoi qu’il arrive, elle parvient à me surprendre et à me troubler. Ce doit être pour cela qu’elle me déplaît autant. Elle est imprévisible. Et tellement incontrôlable ! J’ai l’impression qu’un feu brûle à l’intérieur d’elle et qu’elle est totalement soumise à sa force et à sa violence. Cela me dérange ; comment avancer sans contrôle ? Elle ne peut pas se laisser aller ainsi, parce qu’elle me donne envie de faire de même, comme si son feu intérieur attisait le mien, et c’est trop dangereux, parce qu’il est hors de question que je me mette à faire n’importe quoi, moi aussi.

Et que se passera-t-il si je lui donne des leçons, hein ? La moitié du temps, nous nous crierons dessus ; quant à l’autre moitié, nous la passerons à nous battre à coup de sortilèges, et je la rabaisserai parce que je trouverai son niveau exécrable, et que son énorme fierté m’agacera, que mon intelligence la mettra hors d’elle, et finalement, quand elle réussira quelque chose, parce que je l’en crois capable malgré tout, je serai incapable de le lui dire, parce que cela m’arrachera la langue de le faire. Comme les idiots marchent aux compliments, Delphillia se braquera, elle finira par partir en claquant la porte et en me reprochant tout ce que je suis, elle me dira qu’elle regrette d’être venue me chercher, que je suis inutile, que je suis incapable de l’aider, que finalement elle n’a pas besoin de moi et que c’était une erreur de croire que je pouvais lui servir à quelque chose. C’est cela qui finira par se passer parce que nous sommes trop différentes, parce qu’elle est incapable de m’accepter comme je suis. Delphillia n’est pas comme Elowen. Elowen, elle a un coeur immense et sa grande naïveté fait qu’elle m’accepte moi, telle que je suis réellement, je le ressens au plus profond de mon coeur, qu’elle m’accepte comme je suis, c’est pour cela que je suis moi-même avec elle. Mais Delphillia, elle est complètement à l’opposé. Cette fille, c’est tout un autre monde ; un monde dans lequel je n’ai pas ma place. Elle ne comprend rien. Comment puis-je seulement lui apprendre quelque chose dans ces conditions ?

Elle me gâche ma rentrée en me faisant ressentir toutes ces choses contradictoires. Parce que j’ai beau savoir que toute cette histoire va très, très mal se terminer, la seule chose que je retiens, c’est le fait qu’elle ait besoin de moi. Et Merlin, je ferai tout pour qu’elle continue à avoir besoin de moi, désespéramment besoin de moi.

Si je ressens cela, c’est seulement parce que ça me plait d’être en position de force, n’est-ce pas ?