Comme régulièrement le samedi matin, Noémie venait récupérer les potentiels lettres envoyées par sa famille. Montant les quelques marches séparant sa salle commune de la volière, Noémie prit soin de fermer son sweat-shirt, la fraicheur de la matinée se faisant sentir. La plupart du temps, elle ne croisait pas grand monde à une telle heure, et par ailleurs tant mieux. Ses cheveux n'étaient pas démêlés, elle portait un jogging bien trop grand pour elle, qu'elle avait retroussée à de multiples reprises ( elle avait bien tenté de faire un ourlet une fois, mais devant la catastrophe que ça avait été, elle avait retiré le fil, et n'avait plus jamais réessayé).

Elle était enfin arrivé, elle remarqua Ennis, la préfète, décrochant des lettres de la patte de son hibou et le hibou familiale. La jeune fille dit poliment:

"Bonjour."

Elle ne s'épancha pas de mots, ayant eu un petit aperçu du caractère que la Gryffonfor pouvait avoir quand elle ne voulait pas être dérangée. Avait-elle vu son petit mot de la dernière fois? Avait-elle trouvé cela ridicule?

De toute manière, elle n'allait pas lui poser la question, la bleue et bronze préféra s'approcher doucement, encore un peu somnolente, d'Ashton, le hibou, lui tendant du miamibou au préalable mit dans sa main. Naturellement, ce denier lui tendit sa patte, elle attrapa les lettres.

Une de sa mère, l'autre de ses grands-parents. Elle ouvrit d'abord celle de Cora, avant de la parcourir rapidement des yeux, tout en caressant distraitement la tête d'Ashton. Rien d'intéressant, des banalités, du quotidien. Il en était de même avec celle de ses grands-parents. La première année se fit une note mentale de rédiger dans l'après-midi les réponses, les remplissant de banalités, du quotidien, de tout façons, elle n'avait rien de plus à raconter non plus. Elle ne voulait pas qu'Ashton perde plus de temps que nécessaire dans la volière de Poudlard, alors qu'il pourrait être confortablement dans la grande et vieille maison londonienne de Layla et Elliot.

Le samedi avait ça de particulier que les étudiants n'étaient pas dans l'obligation de porter l'uniforme, alors, même si beaucoup jugeait ses tenues trop coincées, pas assez confortables, Ennis appréciait porter ses propres robes ou jupes en dessous de ses robes de sorcières personnelles. Cela lui permettait de jouer sur les couleurs. Et en parlant de couleurs, elle portait en ce premier samedi de mai des teintes de vert qui n'affadissaient pas son teint pâle.

Comme elle attendait du courrier et que ni Eithne, ni le hibou de ses parents ou ceux de ses frères n'avaient pointé le bout de leurs becs au petit-déjeuner, elle avait pris la direction de la volière. La chouette rousse apparaissait exactement à ce moment là dans l'encadrement d'une des nombreuses fenêtres et vola vers elle avec deux lettres portant chacune l'écriture de l'un de ses frères. Pas de trace du grand-duc de ses parents. Et quelques part, c'était peut être préférable. Elle ne savait pas si elle avait envie d'affronter leurs styles assassins pour le moment. Un hululement satisfait de son rapace plus tard, elle entendit les salutations d'une jeune fille. Ses précieuses lettres en main, la châtain se retourna vers elle pour lui rendre la politesse:

- "Bonjour." Dit-elle tout simplement en reconnaissant le visage de la jeune Serdaigle qui en avait pris pour son grade lors d'une séance d'étude. Puis, ne voyant pas quoi ajouter, elle ouvrit dans un premier temps la lettre du plus vieux membre de la fratrie. Avait-il enfin répondu à ses questions? Du tout...

- "C'est pas vrai!" Souffla-t-elle avant de jurer en irlandais.

La jeune fille était plongée dans ses plans, ses lettres, ses idées de réponses de mots, jusqu'à ce que Ennis, qu'elle voyait plus comme quelqu'un de muette et calme semblait peu heureuse d'une certaine lettre. La rouge dit quelques mots d'irlandais, que l'anglaise ne comprenait pas; mais au vu de l'intonation, cela ne semblait pas être de bonnes nouvelles ces lettres.

Noémie leva la tête de ses propres papiers, sa main toujours sur Ashton qui avait sursauté. Elle le calma du mieux qu'elle put. La première année voulait aider, mais ne se sentait pas d'empiéter sur l'espace personnel de la plus vieille. Une petite phrase ne coutait rien, et au pire la préfète ne lui dirait rien.

"Tout va bien?"

Si Ennis voulait tuer cette conversation dans l'oeuf de dragon, elle n'avait qu'à répondre "Oui". Noémie espérait que ce ne serait pas celle là la réponse. Sa curiosité voulait savoir ce qui avait provoqué une telle réaction. Elle qui d'habitude semblait si calme, si... sans émotions. Était-ce qu'un masque? Et voilà. Maintenant Noémie voulait déceler l'énigme O'Belt. Qu'est ce qu'il se passait dans l'esprit de la quatrième année? C'était horriblement intrusif de vouloir une telle chose. Mais elle se sentait une envie de comprendre. Elle qui voyait les Gryffondor comme des personnes bruyantes, sans peur de se montrer, de par ses rencontres avec Linda et Jacob, Ennis était un vrai mystère.

Elle avait parlé tout haut? Elle qui faisait toujours attention à ce qu'elle disait et laissait transparaître c'était finement réussi cette fois. Ennis décolla les yeux de sa lettre qu'elle plia en même temps qu'elle répondait à la Serdaigle:

- "Oui, oui." Avait-elle été convaincante en toussotant avant d'affirmer ceci, elle l'espérait mais ne se faisait pas trop d'illusions. Le contenu de la lettre de Diarmuid l'avait déstabilisée. Et ce n'était pas peu dire. Et cela révélait l'ampleur du problème qu'elle allait devoir élucider puis résoudre avec Domhall. Que la petite amie de leur frère le quitte était au combien révélateur. C'était donc qu'il avait continué à sombrer dans ce qui devait s'apparenter à une dépression. Elle n'était pas médecin, il le lui vit d'ailleurs écrit et répète plusieurs fois mais il n'y avait pas beosin d'être passée par des études superieure pour voir qu'il n'allait pas bien. Et elle n'allait pas se laisser s'en sortir ainsi. Restait à savoir ce qu'avait bien pu lui écrire son autre frère. Elle espérait vraiment qu'il aborderont ce sujet. Une version plus détaillée et extérieure serait profitable. Car le Diarmuid au caractère solaire était pour le moins laconique.

- "Mon frère a juste eu une mauvaise nouvelle." Ajouta-t-elle consciente que la Serdaigle était tout sauf idiote et qu'elle aurait percé à jour ce qu'elle avait éludé. Mais quelle ne s'imagine pas avoir plus de confidences.

La première année attendait la réponse de la préfète. Peu convaincante s'il en était. Mais elle n'irait pas chercher plus loin. Pas qu'elle en ai eu besoin, Ennis répondait d'elle-même.

"Oh... J'espère que tout s'arrangera pour lui."

Ainsi donc, Ennis avait un frère... Noémie s'en vint à se demander si elle en avait un de frère. Ou peut-être bien une soeur. Son père avait peut-être refait sa vie? L'avait mise elle aux oubliettes? Elle qui avait passait une bonne partie de sa vie à souffrir du manque de famille, coincée entre ses grands-parents et sa mère, peu importe tout l'amour qu'elle leur portait, s'était souvent sentie seule enfant. Elle avait tant rêvé d'un frère ou d'une soeur, un compagnon de jeu, un compagnon pour toute une vie. Quelqu'un à qui elle aurait pu raconter ce qu'elle ne pouvait pas dire aux adultes. Un pour qui elle se serait fait l'avocat du diable en face de ces dits adultes, et inversement. Ainsi donc était la malédiction des enfants uniques supposait-elle.

La fraternité était un concept très abstrait pour Noémie. C'était un lien impalpable, à ses yeux, inexplicable. Elle détestait ça. En bonne Serdaigle, elle aimait tout comprendre. Mais, les liens fraternels faisaient partis des mystères de ce monde. Elle avait beau avoir lu pleins de romans, remplis de frères et soeurs, elle ne pouvait toujours pas le sentir. Serait-ce une drôle de question à poser? Surtout à Ennis qu'elle connaissait si peu. L'aiglonne observa la plus vieille. Répondrait-elle? Ça se tentait. Elle voulait, ne serait-ce qu'une seule fois, pouvoir avoir une idée de ce qu'était une famille complète.

"C'est comment d'avoir un frère?"

- "Moi aussi." Murmura Ennis pour elle même. Il était grand temps que ce grand frère, modèle pour ses deux cadets, réussisse à se reprendre. Les deux plus jeunes avaient l'impression d'avoir tout tenté ou presque. Domhall habitait avec lui mais il avait beaucoup de cours et il ne pouvait pas ne pas y assister. Et elle même était coincé dans le pensionnat écossais. Et quand elle rentrait pour les vacances, elle ne pouvait pas se rendre facilement chez ses deux frères pour mener enquête. Et puis Diarmuid avait son travail de toute façon. Allaient-ils réussir à mettre à profit les congés d'été? L'aîné travaillerait mais les deux autres auraient au moins un peu de temps. C'était à suivre. Ennis rangea la lettre déjà ouverte dans la poche de sa robe et s'apprêtait à ouvrir la seconde quand la brune lui posa une question qu'elle trouva inattendue. Elle du même se la répéter intérieurement pour être certaine de l'avoir comprise. Quoi qu'elle en cherchait le sens exact:

- "Comment ça, comment c'est d'avoir un frère?" Elle avouait ne pas savoir quoi répondre. Que voulait-elle savoir? Quels étaient les liens qu'ils avaient tissés en sachant qu'elle avait quatre et sept ans d'écart avec les deux autres membres de sa fratrie? Si c'était toujours drôle ou agréable? Ou s'ils se disputaient? Elle aurait presque envie de dire que ça dépendait du moment.

Sa question avait été bizarre. La réaction d'Ennis en était la preuve. Il fallait donc qu'elle précise. Noémie regarda le sol gênée. Gênée de devoir poser ce genre de question. De vouloir comprendre quelque chose qui devait sûrement être évident pour son ainée. Il s'agissait d'un des rares moments de sa vie où la fillette se sentait stupide. Une Serdaigle stupide.

Elle hésita un instant, ne trouvant aucun mots qui pouvait décrire sa question.

" Comment c'était de ne pas avoir eu une enfance coincée avec les adultes?"

Première partie de la question, une bonne question d'enfant unique.

" Est ce que c'est plus facile de bien s'entendre avec son frère? Ou le contraire?"

Et voilà la deuxième partie. De ce qu'elle en voyait, Ennis s'inquiétait pour son frère, elle devait vraiment tenir à lui. Alors, était-ce comme un bon ami? Un très bon ami? Ou autre chose. Avoir un semblant d'amitié entre deux personnes qui en d'autres circonstances ne se seraient jamais adressés la parole. Il y avait tant de questions, de variables. Alors oui, Noémie voulait savoir ce genre de choses qui semblaient peu interessante ou seconde nature pour certains.

Elle ne voulait pas embêter la Gryffondor, alors elle rajouta:

" Après, si tu ne veux pas répondre, je comprendrais. Peut-être c'est trop personnel."

Ça l'était, personnel, mais la première année n'était pas capable de dire si ça dépassait les limites de la préfète.

Ennis retint un rire légèrement sarcastique mais ne put empêcher un rictus fugace se dessiner sur ses lèvres. Un relevé de lèvres asymétrique, juste à droite. Pour avoir été coincée dans un monde d'adultes avec des exigences d'adultes... ah ça elle avait connu. Sans l'ombre d'un doute. Mais il était aussi vrai que les trois enfants de la fratrie, malgré la différence d'âge entre elle et ses aînés, étaient soudés et s'étaient permis des moments d'évasion. selon les règles qu'on leur avait donnée bien entendu.

- "Je suppose que d'avoir une fratrie nous a permis, à tous, de mieux vivre certaines situation. De ne pas être seul." Ennis n'aimait pas trop étaler sa vie privée. Clément était au courant bien entendu. Ils avaient évolué dans des milieux similaires et leurs parents leur avaient donné la même éducation ou presque. Ils n'avaient pas besoin d'expliquer plus que de nécessaire. Pour les deux enfants puis adolescents qu'ils étaient, pudiques, cela avait été une force de se comprendre en quelques mots. Elle s'ouvrait de temps en temps à Jeffrey aussi, pour qu'il comprenne ses réactions qui paraissaient parfois étrange. Pourquoi le pouvait rester distante et donner peu de signes affectifs. Tout s'expliquait qu'en elle lui parlait de sa vie dans la demeure de Letterkenny.

- "J'ai deux grands frères. On a des relations différentes. L'aîné a quitté Poudlars juste avant que j'y entre. Le cadet a été diplômé en 2044. On a eu une relation un peu plus distante pendant ma première année." Cets ce moment que sa chouette choisit pour venir réclamer des friandises. L'irlandaise sortit une petite boîte de sa poche et lui donna quelques morceaux de viande séchée qui ravirent la hulotte.

Ennis riait d'elle. Du moins c'est ce qu'il lui semblait. Noémie se sentait tellement honteuse. Voilà ce qui lui prenait à poser des questions stupides. Enfant stupide. Elle attendait mieux d'elle-même.

Cependant, la préfète répondit néanmoins à sa question. Allant même à partager sa situation fraternelle. Noémie se doutait que si elle n'avait pas eu envie du tout, elle ne l'aurait pas fait. Lui aurait répondu comme à Zoey. Froidement. Sans vraiment parler de chaleur, Ennis n'était pas à proprement parlé froide en cet instant. Elle hocha la tête aux paroles de la plus vieille. Elle avait une sacré différence d'âges avec ses frères. Cependant, ce qu'elle décrit fit rêver la Serdaigle. Que ça devait être bien d'avoir des gens sur qui compter, de ne pas être seule, comme Ennis l'avait dit.

Elle devait s'avouer qu'au début elle avait eu du mal avec sa vie à Poudlard pour ces raisons là. Elle qui avait passé une enfance plutôt solitaire, allant parfois voir les voisins moldus, s'était vite retrouvé avec un sentiments de trop aux château. Trop de monde, trop d'interactions, trop de bruit la journée, trop de silence la nuit.

"Merci. Je sais que la question a dû te sembler étrange, mais quand on est enfant unique, c'est un concept assez bizarre, la fratrie."

La jeune fille retourna dans ce silence qu'Ennis semblait tant affectionner. Un peu intimidée par la rouge et or. Après tout, une première année inconnue au bataillon devait la faire doucement rire. Une petite tête parmi d'autres, qu'elle oubliera sûrement d'ici quelques heures. Quoique Jacob ne l'avait pas oublié. Mais elle avait déjà admit pour elle-même que Jacob ne se comportait pas comme les autres.

Le rire d'Ennis avait gêné la plus jeune. Elle l'avait bien remarqué mais ne comptait pas s'éterniser dessus. Elle n'avait jamais été très altruiste au sens commun du terme. Non. L'irlandaise ne s'inquiétait des sentiments des autres que dans deux cas; lorsqu'ils s'agissait de ses proches ou lorsqu'elle se retrouvait assaillie. Alors elle laissa passer l'information l'ajoutant à celles qu'elle avait déjà; la Serdaigle était travailleuse et plutôt discrète.

- "Il est vrai que j'ai été surprise, c'est inhabituel comme question. Mais je peut comprendre le contraste. Mes deux frères ne vivent plus chez mes parents à temps plein. Je suis donc la seule à vivre à la maison l'été. C'est assez déroutant." Si elle avait souhaité être exacte, elle aurait plutôt parlé de difficulté à être seule dans la demeure familiale. Seule avec sa mère le plus souvent. Même si cette dernière passait tous les jours voir ses employés et travailler dans sa boutique, elle surveillait toujours autant ce que pouvait bien faire sa fille. Et, si elle le pouvait, la préfète était certaine qu'elle lirait également son courrier. Mais fort heureusement, elle savait que ce n'était pas le cas. Sinon, sa mère lui aurait déjà parlé de Jeffrey et un cataclysme aurait eu lieu dans la maisonnée. Peut être même qu'elle ne serait plus là pour en parler, sans exagérer.