Ainsi donc Ennis avait eu un aperçu de la vie d'enfant unique? Pas étonnant que ça devait être déroutant. Mais Noémie se rendit bien compte qu'elle ne comprendrait jamais vraiment. Mais, elle était reconnaissante de la préfète de lui avoir donné des clés de compréhension.

Elle se décida à donner des informations aussi, parce qu'elle comprenait la solitude.

" Je passe mes étés avec ma mère, parfois je vais voir mes grands-parents. C'est pas terrible non plus."

C'est solitaire. Elle s'ennuie généralement. Cet appartement vide, elle le connaissait par coeur, jusqu'à chacun de ses bruits. Quand les voisins du dessus allait faire du bruit en marchant, qui marchait, le craquement, le bruit de la tuyauterie quand les voisins de palier se servait de l'eau, chaque petits éléments. Elle les avait notés sur un carnet enfant, pour se soustraire à l'ennui, le gardant bien à jour. Si elle le pouvait, elle ramènerait la bibliothèque de ses grands-parents chez sa mère, cette dernière étant la majeure partie de la journée au travail. Enfin, sa grand-mère lui avait promis une carte pour les transports communs pour cette été, la règle étant qu'elle ne devait pas quitter Londres, et être de retour à l'appartement avant dix-huit heures. Ça allégera un peu l'ennui.

Noémie observa Ennis, encore, avec envie, des parents, des frères, ça avait l'air complet. Comparé à la sienne. Ses yeux gris pointèrent vers le sol, honteuse, elle ne voulait pas être jalouse, ce n'était pas son style, et puis sa famille, elle était incomplète mais elle les aimait. Elle regarda Ashton, la preuve, ils s'échangeait régulièrement des nouvelles.

Ennis hocha assez simplement et sobrement de la tête, un mouvement du menton vers le sol, à la révélation de cette première année dont elle n'avait toujours aucune idée du nom. Il n'y avait rien de plus à ajouter selon elle. Pas l'envie de parler d'un sujet aussi intime que ses relations familiales avec une inconnue. Non, si elle en avait besoin, et selon le soutien qu'elle espérait, elle avait deux oreilles attentives pour discuter. Et même trois si elle y ajoutait Owen. Mais c'était un professeur et l'un des meilleurs amis de Diarmuid, donc un risque que cela s'ébruite. Mais il semblerait qu'à propos de sa... mésaventure avec Smith, il se soit effectivement tue. Pour l'instant. Mais elle aimait à croire que le jeune homme tiendrait parole. Personne d'autre ne devait savoir ce qui s'était passé sur ces quelques mois, ni ce jour de mars. Personne.

Eithne hulula, la tirant de ses pensées, Ennis tourna donc sa tête vers elle pour voir que le hibou de ses parents venait de se poser à ses côtés et tendait ostensiblement la pattes vers elle. La préfète le regarda d'un air semi-absent et mis plusieurs secondes à réagir. L'irlandaise ôta l'enveloppe attachée à sa patte droite et lui donna quelques granulés avant que ce dernier n'aille se percher dans les hauteurs de la volière pour entamer ce qui semblait être une sieste. Le chemin depuis l'irlande était long. La lettre rejoint une de ses poches, elle n'allait pas la lire ici.

- "Bonne journée." dit-elle à sa cadette avant de prendre la direction de la sortie.

"Bonne journée à toi aussi."

La première année avait reprit son ton poli, impersonnel, regardant la griffonne sortir de la pièce. De toute évidence, Noémie n'avait pas fais grande impression, ni positive, ni négative. Enfin, pas comme si c'était grave, en même temps la préfète avait sûrement mieux à faire que d'écouter les histoires de familles d'une première année. La Serdaigle devait lui être insignifiante au possible. Après tout, elle n'était qu'une tête dans la foule. En plus, de sa petite taille, dans une foule, elle devenait littéralement invisible, se noyant dedans. Rien de plus à rajouter. Elle retomberait bien vite dans l'oubli, et cela lui convenait parfaitement.

Une dernière caresse à Ashton, la jeune sorcière fourra les lettres dans ses poches, retournant à sa problématique de quelles banalités inclure dans ses réponses. Cette rencontre n'en fera pas partie, qu'est-ce que ses grands-parents en aurait à faire. Sûrement leur dire ses dernières notes, c'était toujours la première questions qu'ils lui demandaient dans leurs lettres. Pour sa mère, plutôt des histoires sur sa vie sociale, qui en soi n'était pas passionnante non plus. Sur un soupir, elle se rendit de nouveau à sa salle commune, commençant à écrire dans sa tête les débuts de ses lettres, les formules de politesse que personne ne lisaient, tout ça. Elle alla dans son dortoir, récupéra sa plus vieille plume, réservant les plus neuves à ses devoirs, le pot d'encre à moitié vide qu'elle devait finir, et se mit au travail.