La fillette se retournait encore et encore dans son lit. En même temps que des images tourbillonnaient au fin fond de ses yeux fermés. Des cris et des pleurs retentissaient et ses paupières tressaillaient. Zoey ne dormait pas, non, mais les images du dominion restaient gravés dans sa tête et il lui faudrait du temps pour oublier. Tous les soirs elle revoyait les personnes se transformer en pierre, celles qui se faisaient attaquer ou encore la fille qui semblait morte sur l'écran de fumé. Elle ne parvenait à dormir que lorsque son esprit avait finit de lui rejouer la scène ou plutôt le film de ses nuits. Comble de tout, aujourd'hui avait été une journée difficile pour l'aiglonne qui avait tenté de reparler à Erza. Son amie, l'une de ses meilleures amies ou plutôt devrait-elle dire à présent son ancienne amie. Celle-ci ne voulait plus lui parler. Non, elle la fuyait comme la peste tout ça parce qu'elle n'était qu'une Né-Moldue. Elle avait bien essayé de lui parler mais la Serpentard n'avait guère semblé à son écoute et la blonde sentait qu'elle l'avait bel et bien perdue.

La première année se sentait triste, fatigué, en colère et perdue. Rien n'avait de sens finalement, entre les personnes envoyées pour se battre et d'autre qui partaient en deux secondes parce qu'elle n'était pas comme ils pensaient ou qu'elle avait apparemment changé. Elle se sentait seule et commençait lentement à étouffer dans ces couvertures chaudes. A y bouger comme si elle se débattait toutes les nuits. Il lui fallait de l'air, qu'elle puisse marcher et bouger, à l'abri de tout ces regards pourtant endormis et lointain. Il lui était obligé de partir juste pendant quelques heures, faire le vide ou au moins pouvoir respirer. Lentement, la bleu et bronze se chaussa de chaussettes et sortit du dortoir puis de la salle commune. Elle espérait bien ne pas se faire prendre mais elle ne voyait pas d'autre solution que de sortir de son lit. Les premiers pas lui firent du bien même si les émotions étaient toujours là, en surface. Des larmes menaçaient de couler à n'importe quel moment et ses émotions semblaient n'être qu'explosions.

La jeune fille d'habitude si souriante ne pouvait plus se retenir et faire semblant que tout allait bien. Et elle préférait que personne ne la voit ainsi. Même si bien sûr, la tentative de réconfort d'une tierce personne lui aurait fait le plus grand bien. Ses pas l'amenèrent dans une salle qu'elle ne connaissait pas vraiment pour y aller le moins possible mais reconnut tout de même la salle des Trophées. Ceux-ci brillaient à la lumière de la nuit et l'ambiance de la salle apaisa quelque peu l'Anglaise. Elle passa les quelques minutes suivantes à admirer les Trophées ainsi que les noms dessus, tentant d'échapper à ses émotions sens dessus dessous.


@Eridan Lowell j'espère que ça te vas

Cela ne ressemblait guère au garçon qui, depuis le début de sa scolarité, n'avait jamais bravé le couvre-feu ni même aucun décret du règlement de Poudlard et pourtant, il était là, à déambuler dans les couloirs alors que cela était formellement interdit. Il le savait mais avait finalement fait le choix de sortir tout de même. Après plusieurs minutes à essayer vainement de chasser les sombres pensées qui tournoyaient dans son esprit force était d'admettre que même une bonne lecture n'arriverait pas à le dérider. Laissant ses camarades à leurs rêves, l'aiglon avait quitté son dortoir sur la pointe des pieds, ses chaussures dans une main, sa baguette dans l'autre. Vêtu d'un simple pull, il était descendu dans sa salle commune, déserte vu l'heure tardive. Mais au lieu de s'installer dans l'un des fauteuils, comme il aurait pu le faire d'habitude, il avait enfilé ses chaussures et avait quitté le nid.

Il s'était toujours senti bien entre ces murs, toujours senti chez lui à Poudlard et en particulier dans la tour de Serdaigle. A sa juste place. Mais depuis quelques jours, depuis cette après-midi où il avait regardé, impuissant, les quelques brides de ce qui se passait dans le Dominion, il étouffait, il avait besoin d'air. Si le prix à payer était sa toute première retenue, alors il s'y résignerait. Guidé par la faible lueur de sa baguette magique, ses pas avaient fini par l'emmener au troisième étage, vers la salle des trophées dont la porte était restée entre ouverte. Sa curiosité attisée, il poussa un petit peu plus le battant, juste assez pour repérer la silhouette qui se détachait dans la pénombre et semblait occupée à observer les trophées. Reconnaissant une camarade de sa maison, l'aiglon entra dans la petite pièce, fermant la porte derrière lui. « Salut Zoey, » lança doucement le garçon pour signaler sa présence tout en s'approchant. « Toi non plus tu ne dors pas... » ajouta un peu bêtement le garçon.

Ses yeux admiraient les trophées posés devant elle, rangés derrière les vitrines et qui brillaient à la lumière de la nuit. Cette pièce semblait apaisante pour une quelconque raison mais cela ne suffisait pas à apaiser la blonde. Non, celle-ci aurait volontiers préféré se rouler en boule sur le sol et pleurer toutes les larmes de son corps. Elle était fatigué de tout cela et ne savait plus que faire. Le dominion, Erza, Emily, sa famille... Tout tournait en rond et cela commençait à la rendre malade. Quand cela allait-il finir ? Elle n'avait que 12 ans, elle ne pouvait voir d'autres enfants mourir !

Un bruit derrière elle la fit sursauter mais elle reconnut aussitôt la voix d'Eridan. Que faisait-il là ? Ce n'était pas son genre de trainer dans les couloirs à une heure pareil. Il semblait bien trop obéissant des règles pour cela et les sourcils de la première année de froncèrent d'étonnement.

-Salut Eridan ! Qu'est ce que tu fais là ? Je savais pas que tu respectais pas les règles !

La fillette avait prononcé cette phrase tout en plaisantant mais le ton était plus morne que joyeux. Tout sa gaieté l'avait quitté et elle ne comptait maintenant plus que sur ses doigts pour savoir le moment où elle et ses émotions craqueraient. Le quatrième année lui posa une question auquel elle répondit en secouant la tête de gauche à droite. Allait-elle pouvoir expliquer sa présence ? Ou s'effondrerait-elle avant ?

-Non je ne dors pas...je n'y arrive pas.

Ses yeux semblaient davantage refléter sa tristesse et une première larme s'échappa de ses yeux. Avec Eridan dans les parages, elle n'allait vraiment plus tenir longtemps. L'aiglonne espérait que cela n'embêterait pas son ami, si elle pouvait l'appeler ainsi, n'ayant pas l'habitude de la voir dans cet état là. Elle était aussi assez curieuse du pourquoi de sa présence à lui. Se pouvait-il que lui aussi fasse une insomnie ? Après tout, le dominion s'était passé en début de semaine et restait très présent dans tous les esprits. Personne ne pouvait oublier de scènes aussi violente en quelques jours à peine.

Si la remarque du garçon d'une nullité absolue, au moins il n'avait pas aggravé son cas en la tournant sous forme de question dont la réponse était clairement évidente. Baissant les yeux sur sa baguette, l'aiglon murmura : « nox » pour l'éteindre avant de la ranger dans sa poche droite de pantalon. Il laissa ses yeux s'habituer à la pénombre qui régnait dans la salle, avant de combler la distance entre lui et Zoey en quelques enjambées, levant les yeux vers les étagères qui croulaient sous les trophées aux formes diverses et variées que Zoey observait avant qu'il ne s'incruste. Il arrivait à peine à sa hauteur que la première année le saluait en retour, lui arrachant même un petit sourire à sa remarque. Trahie par le ton de sa voix qui était nettement joyeux qu'à son habitude, Eridan avait noté que quelque chose clochait, mais le garçon s'abstient pour autant de tout commentaire, la laissant poursuivre.

« Moi non plus je n'y arrive pas ... » confia le garçon en retour, en détournant le regard des étagères pour poser ses yeux noisettes sur le profil de la jeune aiglonne. « Et c'est vrai que ce n'est pas dans mes...» habitudes d'enfreindre les règles aurait voulu terminer le garçon, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge en apercevant la larme dévaler la joue de la petite blonde. « Hé... Zoey... » commença le garçon en leva sa main droite pour la pose sur sa joue et essuyer la trace humide comme si cela pouvait aussi effacer son chagrin. Le ventre noué de la voir dans un pareil état, oubliant presque sa propre tristesse et sombres pensées qui tournaient dans sa tête, il murmura d'un ton soucieux : « qu'est-ce qui se passe ? »

Ainsi Eridan non plus ne trouvait pas le sommeil et était sortit se dégourdir les jambes. Ce n'était guère étonnant et la petite acquiesça doucement. Au moins elle savait ce que c'était. L'impossibilité de fermer les yeux sans qu'une images des plus horrible ne lui trouble la vue. Les pensées qui tournaient en rond sans cesse. C'était pourquoi la fillette n'avait pu tenir longtemps cette nuit là et s'était échappé de son lit. La peur de se faire surprendre était moins forte que celle qui la poussait à prendre l'air. Et si punition il y avait, elle ne prendrait même pas la peine de trouver à redire. Elle n'avait plus la force de rien ce soir.

Était-ce un signe que son ami se baladait aussi dans les couloirs ? Le même soir et dans la même pièce. L'aiglonne ne croyait pas vraiment en ce genre de choses mais là, tout de suite, la présence du quatrième année était comme du pain bénie. Un signe, un miracle. Jamais elle n'aurait pu laissé ses larmes s'envoler de ses yeux s'il y avait eu du public. Mais dans la nuit calme et brillante, personne ne voyait ni n'entendait. Et la sorcière ne pouvait ravaler ses larmes plus longtemps.

Elle sursauta alors que le garçon s'était approché d'elle et d'une main lente et calme, étalait sa larme sur sa joue. Que faisait-il exactement ? Zoey était troublé par cette proximité. Elle n'avait guère l'habitude, avec lui, avec les autres. Elle se contentait d'ordinaire de sourire et montrer patte blanche. De rire et sauter comme un cabris. Généralement sa bonne humeur faisait plaisir, à elle ainsi qu'à son entourage. Mais ce soir, ce soir était tout autre chose. Le vase débordait, ses yeux aussi. Ses amies partaient, remplacées par des souvenirs épouvantables et la petite de 12 ans qu'elle était, pensait que la fin du monde était proche.

Et lui était là. L'aiglon qui lui avait montré les boursouflets, celui qui lui avait expliqué quel bazar monstre était le monde des Sorciers. Son ami, celui qui avait regardé le match de Quidditch en sa compagnie un jour.
En d'autre circonstance, la première année aurait rougit d'un tel geste, d'une telle proximité. Mais elle pleurait, il faisait nuit et il était en quatrième année. Bien trop grand pour elle. Cela ressemblait plus à un geste fraternel. Et heureusement, cela faisait terriblement du bien à la petite blonde.

Alors n'en pouvant plus, une deuxième et une multitude d'amies salées coulèrent sur ses joues froides. Elle s'appuya sur la seule épaule présente et continua de sangloter n'arrivant qu'à bégayer des phrases incompréhensible.

-"E...e...lle...me...me..me..paaaaarle....lus..."

Il semblait étonnant que son ami ait comprit quoi que ce soit de son charabias et elle aurait aimé pouvoir lui en dire plus. Mais plus tard, lorsque les larmes se seraient taris.

La larme de Zoey ne resta pas bien longtemps seule. Très vite, un torrent d'au moins cent-cinquante larmes s'échappèrent des yeux saphir de la blonde. Sa première réaction fut de se pétrifier sur place par tant d'émotions négatives, glacé d'effroi de voir la jeune fille si triste. Maladroitement Eridan leva son bras pour venir enlacer la première année qui venait de poser sa tête contre son épaule. Il se tourna légèrement, afin de pouvoir mieux la tenir entre ses bras et commença à lui frotter le dos, espérant la réconforter grâce à ce geste. Il ne pensait pas à mal le garçon, n'avait aucune arrière pensée ni n'essayait de mettre mal à l'aise la jeune fille. Zoey était d'ailleurs presque devenue une sorte de petite sœur avec le temps. Il se souvenait simplement du geste de sa mère qu'il trouvait lui-même apaisant lorsqu'il était petit.

Il ne comprit pas un seul mot de ce qu'elle lui confia, étouffé contre son corps et surtout rendu intelligible par ses sanglots. Ravalant sa propre tristesse et masquant son propre désarroi, le garçon carra les épaules pour essayer de se montrer fort pour la plus jeune. Eridan resta quelques instants dans cette position, laissant à la jeune fille le temps d'évacuer le plus gros de son chagrin, prenant exemple sur sa mère quand elle le réconfortait petit. En plus de lui frotter doucement le dos, Jospehine lui murmurait des paroles apaisantes, attendant que son fils se calme avant de lui proposer une chocogrenouille ou un gâteau à la citrouille. Hélas, il n'avait ni l'un ni l'autre, ni les talents de sa mère si bien qu'il garda simplement le silence. Il semblait au garçon que la jeune fille commençait à se calmer si bien qu'il se recula d'un tout petit pas pour baisser les yeux vers son visage et reprendre la parole tout doucement : « tu vas un peu mieux ? Tu veux en parler ? J'ai pas très bien compris ce que tu as dit je dois avouer... »

Les larmes coulaient et une épaule la sauvait. Ce que c'était bon de s'appuyer contre quelqu'un et de se laisser aller, se laisser consoler. Eridan, l'avait prit dans les bras et sa main frottait son dos comme l'aurait fait une mère avec son petit. Ou n'importe qui consolant un être cher. Elle ne se souvenait que peu de ces moments avec sa mère. Avaient-ils au moins existé ? Il était vrai que Zoey l'avait toujours repoussé, prétextant son âge qui avançait, son indépendance et sa maturité. Et maintenant voilà qu'elle ne souvenait même plus si sa mère l'avait déjà consolé ainsi. La fillette était un peu plus proche de son père, un peu moins stricte que sa femme, et mainte fois ses bras avaient enserrés l'aiglonne dans un câlin réconfortant. Mais sa mère ?

Cette pensa s'ajouta au reste et elle ne savait pourquoi mais c'était l'heure ou tout surgissait. Comme des fantômes du passé. Pourquoi repoussait-elle les personnes ainsi ? Pourquoi ses amis disparaissaient ? Était-ce de sa faute si Erza ne lui parlait plus ? Des images tourbillonnaient, donnant le tournis à la petite qui s'agrippait davantage, s'il était possible, au corps du quatrième année. Elle ne voulait plus qu'on la lâche. Elle voulait... Qu'est ce qu'elle voulait au fait ?

Zoey ne savait pas vraiment. Tout et rien. Ses amis, sa mère. Retrouver le sourire. Oublier ces images atroces. Ses larmes continuaient leurs danses mais irrégulièrement et comme pour une fin de spectacle, elles devinrent moins nombreuses. Ce fut ce moment là que choisit le garçon pour se reculer et la première année, effrayé, agrippa ses bras afin qu'il ne s'éloigne pas trop. La panique surgissait par vague et lui faisait perdre pied. Seul les pensées "ne t'éloigne pas" tournaient et retournaient et ses doigts ne souhaitaient pas lâcher son ainé de sitôt. Heureusement, il se contenta de s'enquérir de son bien être et resta fort près.

Un soupir s'échappa de ses lèvres tandis que des perles salés continuaient leurs folles courses sur le visage de la Serdaigle. Et alors que celle de gauche gagnait, sa bouche se rouvrit dans une tentative d'explication.

-Dé..dé..désolé...C'est Er..Erza elle me parle plus. Emily me ré..répond pas trop non..non plus et j'arrête pas de voir le do...dominion.

Qu'elle était loin la Zoey de tous les jours, le sourire au lèvre et ses yeux brillant de malice. Elle ne ressemblait, à présent, plus qu'à un fantôme de petite fille, le visage blanc et les yeux rougis de larmes. Les cheveux défait comme s'ils suivaient une gravité propre à eux même et un tremblement qui s'était épris du corps de la jeune sorcière. Même son esprit ne semblait plus que l'ombre de lui même, ressassant les lourds souvenirs. Elle ne voulait que s'assoir et pleurer ou qu'on l'aide à oublier. Levant les yeux qui s'accrochèrent au regard de son ami, sa voix se fit entendre une fois de plus, petite voix fluette et bégayante.

-Tu..tu peux m'aider ? Je..je sais pas quoi faire..

Si la détresse de Zoey brisait le cœur d'Eridan, au moins celui lui permettait de penser à autre chose qu'à ses propres démons qui l'empêchaient de dormir à point fermé comme il le devrait pourtant à cette heure-ci. L'aiglon sentit la prise de la première année se raffermir alors qu'il tentait de se reculer un tout petit peu d'elle pour mieux comprendre la réponse à la question qu'il s'apprêtait de formuler. Il n'insista donc pas davantage, se décollant de juste ce qu'il fallait pour réussir à voir son visage sans rompre l'étreinte qu'il avait improvisée pour lui montrer qu'il restait là, à ses côtés et ne l'abandonnait nullement.

Les propos de Zoey étaient un peu moins décousus, un peu hachés par ses sanglots mais déjà plus intelligibles bien que difficilement compréhensible pour le garçon qui ne savait pas qui était Erza et Emily. Le dominion, en revanche, ça il savait que trop bien malheureusement. Lui aussi revoyait les images qui avaient dansé dans le nuage de fumée dès lors qu'il fermait les yeux. Comment, par Merlin, les professeurs avaient-ils pu laisser les élèves regarder ça ? Le côté rationnel d'Eridan ne cessait de lui rappeler que de toute façon, dans un sens ou dans l'autre, il aurait contesté la décision des professeurs. Là, il regrettait d'avoir vu et leur reprochait, mais il savait au fond de lui qu'il aurait argumenté l'inverse, qu'il aurait préféré savoir s'ils avaient été évacués tous de force de la Grande Salle.

Ne désirant pas raviver des souvenirs qu'il trouvait du haut de ses quinze ans désagréable et n'imaginant pas l'étendue des dégâts chez une fille de tout juste douze ans, Eridan préféra la questionner sur ses deux amies qu'elles avaient cités, espérant trouver des mots pour la réconforter et une solution à une petite dispute entre copines qu'il espérait être trois fois rien. Levant sa main droite, le quatrième année commença par essuyer la joue gauche de la jeune fille avant de prendre la parole doucement : « Je ne sais pas si je vais pouvoir t'aider, mais je peux essayer. Erza et Emily, c'est des camarades de classe ? Qu'est-ce qu'il s'est passé pour qu'elles ne te parlent plus ? Vous vous êtes disputées ? »

Á nouveau, la main droite d'Eridan alla droit sur sa joue afin d'y cueillir les larmes qui s'y promenaient et Zoey renifla. Par où commencer, par quoi commencer ? Heureusement les larmes se tarissaient et elle allait pouvoir expliquer la raison de son chagrin. Elle ne savait pourquoi mais cette nuit, elle avait bien envie de tout lui raconter. Tout, oui. Ce qu'il lui passait par la tête et l'attristait, ses pensées et ses songes. Comme c'était étrange de se sentir aussi en confiance avec quelqu'un. Des amis, la petite en avait. Mais à combien d'entre eux leur faisait-elle des confidences intimes ? Inexistants. Non, la fillette préférait rire, faire des farces, manger des friandises et courir dans le parc. Elle ne s'épanchait pas, n'était que rarement triste et pleurait rarement. Mais voilà, le Dominion avait ouvert les vannes. Remettant tout en doute et en question. Et ses amies la laissait à sa plus grande hantise. Alors elle s'accrochait au dernier être humain qu'elle voyait. Eridan. Un roc, son roc. Il était plus âgé alors il pourrait l'aider. Oui il y avait toujours Canelle mais peut-être que celle-ci n'aurait pas compris. Elle était jeune aussi et Zoey avait besoin de quelqu'un comme Eridan.

Tremblant encore, l'aiglonne se détacha du garçon tout en restant très proche et lui demanda un mouchoir. La perspective de se moucher dans la manche de son ami ne lui plaisait guère. Puis elle s'assit sur le sol agrippant à nouveau son camarade pour qu'il en fasse de même. Son histoire pouvait être longue, autant qu'ils se mettent à l'aise.

-Erza c'est...c'était une amie... Elle est à Serpentard mais elle veut plus me parler parce que...je suis Née-Moldue..

Elle s'arrêta soudain, prise de spasme incontrôlées alors qu'elle tentait de ne pas se remettre à pleurer. Mais certaines furent plus forte que sa volonté et coulèrent quand même. Son corps ne l'écoutait définitivement plus.

-Emily c'est mon...ma meilleure amie...Elle est moldue mais elle me parle presque plus... Je perd tout le monde...

Sa voix se brisa pour ne laisser qu'apparaitre ses sanglots. Et si Eridan la prenait pour une gamine pleurnicharde et la laissait en plan ? Non, il ne pouvait pas la laisser, pas maintenant ! Alors ses doigts agrippèrent à nouveau son voisin pour ne plus le lâcher, non elle ne lâcherait jamais. La première année cacha un instant son visage alors qu'elle regardait le sol. Tout se mélangeait et s'embrouillait. Elle ne savait plus ce qui était vrai et ce qui ne l'était pas. Avait-elle au moins des amis ? Et si tout le monde la trouvait trop chiante ? Elle savait que tout le monde préférait sa sœur. Oui Heather, la plus sage, la plus mignonne de la famille. La plus travailleuse et la plus intelligente. Mais pourquoi pensait-elle à cela ce soir alors que d'habitude, elle s'en fichait ? La bleu et bronze se serait bien giflé alors que la haine se déversait dans ses veines. Elle n'aimait pas sa sœur. Était-elle détestable pour cela ? Ce n'était pas de sa faute, elle ne parvenait pas à faire autrement.

Son visage se releva et regarda celui en face d'elle.

-Dis..Tu..Tu crois que les gens m'aiment bien ?

Eridan laissa le temps nécessaire à Zoey pour rassembler ses esprits, ne la pressant pas pour qu'elle réponde à ses questions. Il était un peu soulagé de la voir se calmer petit à petit bien qu'elle continuait de trembler contre lui. Elle finit par se détacher légèrement avant de s'asseoir par terre, l'incitant à faire de même en tirant sur la manche de son pull. Une grimace désolée sur les lèvres, l'aiglon s'installa en tailleur à côté de la première année tout en répondant négativement à sa demande : « Non, désolé j'ai pas mouchoir... » Puis le garçon se tut, pour laisser le temps à la petite aiglonne d'exprimer ses sentiments et émotions, hochant simplement de la tête pour signaler qu'il écoutait. Il attrapa la main de la petite blonde pour la serrer doucement entre ses doigts lorsqu'elle fut prise d'un tremblement un peu plus fort, confiant la raison pourquoi la jeune serpentard avait arrêté de lui parler.

Malheureusement, Zoey faisait les frais de préjugés aussi stupide que vieux que le monde. Lorsque la serdaigle éclata à nouveau en sanglot, Eridan entreprit de lui faire lâcher sa prise sur sa main afin de pouvoir se décaler. Non pas pour la laisser tomber, mais au contraire, pour se rapprocher. S'il était peu gracieux dans son déplacement, se contentant de se trainer sur le sol, il s'en fichait. Une fois suffisamment prêt de la blonde, il passa à nouveau son bras sur son épaule pour la rapprocher de lui et essayer de la réconforter. « Je vois... » commença le garçon doucement. Bien qu'il n'avait pas vécu ces situations, n'ayant jamais eu d'ami moldu enfant et étant né-sorcier, il imaginait tout de même que c'était compliqué pour certains élèves de ne plus pouvoir parler à leur proche de leur vie d'avant et de se sentir rejeter par certain dans ce nouveau par cette condition pour laquelle ils n'y étaient pour rien. « C'est sûr que ce ne doit pas être évident de garder le contact avec elle... J'imagine en plus qu'elle ignore tout de Poudlard et du fait que tu es une sorcière ? » En ce qui concernait Erza, c'était déjà plus difficile pour le garçon de trouver les mots justes. Il voulait à tout prix éviter de se montrer trop dur et catégorique envers la serpentard, bien qu'il ne pensait que du mal de sa façon étriquée de penser. Et puis si c'était une vraie amie, elle ne se serait pas détournée de la blonde pour "si peu". La naissance ne voulait rien dire et elle était bien stupide d'affirmer le contraire... « En ce qui concerne Erza ... C'est bien dommage qu'elle pense ainsi ... Elle a sûrement trop entendu cela pendant son enfance, mais sache que ça ne veut rien dire. Tu es une sorcière à part entière et elle devra tôt ou tard le reconnaitre. Ainsi que le fait qu'elle a tort. »

La dernière question de la jeune fille était encore plus compliquée pour Eridan. Elle était trop vague aussi. Les gens, lesquels ? Les sorciers ? Les moldus ? En général ? Tout le monde ? C'était impossible de faire l'unanimité. Partout, tout au long de sa vie, la petite aiglonne rencontrerait des gens qui l'apprécieraient et d'autres moins. Et c'était tout à fait normal. Mais ce n'était pas franchement les mots qui la réconforterait à l'instant. Aussi, il préféra répondre, espérant lui arracher un sourire : « Bien sûr ! Tu es drôle, pleine d'énergie, gentille... ». Souriant un peu plus largement, il ajouta à son énumération, comme si cela était la preuve ultime qu'elle était parfaite et que les gens ne pouvaient que l'apprécier : « et répartie à Serdaigle. Et puis, moi je t'aime bien ! Et comme je suis le plus important et intelligent de toute cette école ... C'est une preuve irréfutable non ? »