Aliénor prit une grande inspiration. Le soleil lui mordait la peau en cette première semaine à Poudlard et retrouver ce stade, ces anneaux et surtout son balai était une délivrance à laquelle elle ne s’attendait pas. Elle ne c’était pas rendue compte à quel point le vol lui avait manqué, le vol et le quidditch. Elle observa la malle à côté d’elle avec un petit sourire en coin. Aujourd’hui elle allait s’entrainer et elle allait lâcher son ami cognard sur le terrain. Elle avait hâte, la batte dans la main droite, le balai dans l’autre, elle décolla. Une fois dans les airs, elle lâcha le manche de son balai qui volait de façon statique à moins d’une dizaines de mètres du sol avant de libérer le cognard. Celui-ci s’envola immédiatement en ligne droite vers le ciel avant de redescendre à la recherche d’une cible et la seule possible c’était Aliénor et sa batte qui n’avait pas bougé. Elle frappa dans le cognard de toutes ses forces et celui-ci parti en direction des anneaux en face d’elle et elle s’élança à sa poursuite. Elle était lancée ça y est et le sourire qu’elle avait sur le visage allait bientôt s’estomper pour laisser place à de la concentration et l’agressivité qui était la signature de son vol.

Cela faisait maintenant une bonne demi-heure que la jeune Delphillia se battait face à ce cognard tantôt avec des obstacles pour simuler d’autres joueurs, tantôt sans rien pour gagner en vitesse. Elle faisait passer le cognard dans les anneaux pour gagner en précision, en bref elle se donnait. Même si le soleil de septembre était moins puissant que celui de juillet ou août, elle transpirait à grosses goutes et son débardeur kaki lui collait à la peau. Mais elle voulait continuer parce qu’elle pouvait encore le faire, elle pouvait aller plus loin, elle pouvait être plus forte. Alors que le cognard revenait vers elle, prenant de la vitesse à chaque coup, un bruit venu d’en bas déconcentra la jeune fille qui ne put s’empêcher de regarder vers le sol pour s’assurer que personne n’était là. Elle pensait avoir le temps, mais quand elle tourna de nouveau la tête vers le cognard, celui-ci la percuta en pleine tête et avec une force qui sonna presque la jeune fille. Aliénor partit en arrière et heureusement sa main gauche resta accrochée à son balai. Elle fit un tour puis deux en tombant en direction du sol. Elle retrouva ses esprits alors qu’elle était en chute libre. Dans un réflexe sorti de nulle part, elle attrapa son balai de ses deux mains elle se redressa et frôla le sol avant de ralentir doucement.

Une fois à l’arrêt, elle observa le cognard qui revenait. Quelque chose la gênait au niveau de l’impact du cognard, mais elle n’avait pas vraiment le temps de s’en occuper. Elle ferma donc son œil gauche et lâcha sa batte pour se préparer à réceptionner le cognard pour le ranger. Une fois cela fait elle se redressa, fermant la malle d’un coup de pied et porta ses doigts au niveau de sa tempe. Quand elle toucha sa peau Aliénor fit une grimace. Elle remonta les doigts et les retira immédiatement sous la brulure que cela avait provoqué. Elle observa ses doigts, ceux-ci étaient couverts de sang. Ah c’est ça le truc poisseux sur sa tempe. Mais c’est qu’elle saignait bien. Mais c’était comme si son cerveau ne comprenait pas l’information. C’était la première fois qu’on cognard la blessait vraiment, mais ça ne pouvait pas être grave non ?

Elle ne peut pas ouvrir l'oeil parce qu'elle a du sang sur la plupart de son côté gauche... Oui ça saigne fort mais elle ne s'en rend pas compte.
Libre à qui veut!

Deuxième année.

Le premier week-end après la rentrée était pour Charlotte synonyme de détente, mais elle ne voulait pas pour autant trainer dans son lit toute la journée ou s'allonger au bord du parc à ne rien faire. C'est donc pour cette raison qu'elle s'était dirigée vers le terrain de Quidditch pour réfléchir à son futur rôle dans les Hel's Angels. Pendant les vacances, elle avait vu de nombreuses choses à la coupe du monde des dragons et elle avait envie de mettre sa créativité et ses idées au service de ses coéquipiers.

Elle avait dans sa poche quelques pierres qu'elle avait ramassées et des morceaux de tissus qu'elle comptait utiliser en les faisant voler. L'équilibre serait réunit si elle arrivait à maitriser à la perfection le sortilège de lévitation sans déconcentrer les joueurs, peut-être qu'elle pouvait s'entrainer sur ce terrain s'il n'y avait pas encore grand monde ? Elle était assez fière de ce qu'elle arrivait à produire avec ce sort et maitriser chaque bout de tissus à la perfection était son but final. Lancer des sorts lui avait manqué.

Alors, quand elle arriva sur le terrain et qu'elle vit une seule personne sur son balai, elle fut heureuse de voir qu'elle ne dérangerait pas trop de monde. Elle allait déposer tranquillement ses affaires sur le sol pour commencer à jeter ses morceaux de tissus quand elle fut happée par le cognard qui volait à une vitesse vertigineuse. La batte du joueur dans les airs frappait avec une force et une précision la balle que Charlotte avait toujours adoré regarder. Impressionnée, elle en lâcha un des morceau de tissus qui s'envola à cause d'un manque d'inatention. Paniquée, elle cria.

- Non ! Reviens !

Et alors qu'elle avait tout lâché sur le sol dans un fracas d'affaire, et qu'elle venait juste de rattraper la pièce de tissus, tout s'emballa. Dans sa maladresse, elle trébucha et s'échoua sur le sol. Elle n'eut pas le temps de voir le cognard frapper le joueur et c'est quand elle était en train de se relever qu'elle vit la personne atterrir à quelques mètres d'elle. Elle avait bien vu que la personne avait arrêté son entrainement. Était-ce à cause d'elle ? Charlotte ne savait pas mais elle était bien décidée à aller voir. Rapidement, elle coinça ses affaires sous ses cailloux et elle s'élança en courant.

Elle reconnut rapidement Alienor, la batteuse Pouffy, pourtant quelque chose la défigurait. Le sang coulant sur sa figure entraina une grimace horrifiée sur le visage de la deuxième année. Comment s'était-elle fait aussi mal ? Le cognard l'avait-il frappé ? Certainement. Une fois arrivée proche d'elle, elle s'exclama.

- Par Merlin ! Tu saignes tellement ! Qu'est-ce que j'peux faire pour t'aider ? J'ai des bouts d'tissus qui trainent par là bas.

C'était pas joli à voir. Elle attendit de voir si la plus âgée avait besoin d'aide rapidement pour tenir debout. Au vu de tout le sang, elle devait absolument être là en soutient au cas où même si son petit corps ne devait pas être bien utile dans cette situation.

Je m'incruste Dis moi si quelque chose ne va pas !

"Ali..."

*enor* Ca, c'était ce qu'on appelait de l'inefficacité pure et dure. Être à l'autre bout du stade pour assister à une chute. Appeler le début d'un prénom alors qu'on est à cinquante balais de distance de là. Et c'était aussi probablement le vol le plus court de l'histoire des entraînements de Jacob. Trois minutes à quelques pattes de doxy près. Il était arrivé juste un instant avant que la Poufsouffle ne chute. Ni une ni deux, il fonça où elle était. Etait. Avant qu'elle ne se récupère plusieurs mètres plus bas. Et atterrit immédiatement.

"Au moins t'as l'art des salutations originales Alienor" glissa-t-il "par contre, là, le visage moitié couleur Gryffondor, c'est p'têtre pas normal." C'était le genre de moments où ses révisions intensives de l'été en matières à baguette ne faisaient qu'accroître l'envie de rager. Revigor ; Vulnera Sanentur ou même Episkey, il savait ce qu'il aurait fallu faire. Mais il ne le pouvait pas. Fruuuustrant.

Il acquiesça aux paroles de la plus jeune Poufsouffle qui se tenait déjà aux côtés de la cinquième année. "Oui ! En appuyant fort avec un morceau de tissu de... Charlotte ? sur la blessure pour ralentir l'écoulement de sang, là, ça évitera de trop t'affaiblir. Mais tu nous vois net, déjà, avec ton oeil amoché, Alienor ?"

"...Si on part en excursion à l'infirmerie ensuite, en deux sorts ce s'ra réglé ?" Un lieu que le Gryffon connaissait tout à fait, pour raison obscure, tiens. Même oeil complètement fermé façon cyclope, ils pourraient s'y orienter les yeux fermés.

Charlotte, il l'avait repérée comme la cheerleader blonde dont avait parlé Infini, son camarade de dortoir qui était aussi le binôme en botanique de Charlotte. Qui était apprécié d'Infini était d'office apprécié de Jacob. Alors il lui sourit.

Le problème était tout de même la piste de sang qu'ils allaient tracer jusqu'à l'infirmerie avec une telle blessure. A en réveiller les vampires des cachots, visiblement. Trois étages, il allait falloir les passer, escaliers prêts ou pas prêts à les laisser avancer. Si les sorts paraissaient simples à réaliser, rejoindre l'infirmerie atteignait possiblement un autre niveau de difficulté.

Il fallait donc réduire dès que possible cet écoulement de sang, pour qu'elle reste consciente, et qu'elle garde des forces si on voulait parvenir là-bas. On réfléchirait après. "Tu maîtrises Accio Charlotte ? Tu veux que je te les appelle d'un sort s'ils sont "là-bas" les bouts de tissu ?" C'était un sort de quatrième année mais il ne comprenait toujours pas pourquoi, comme c'était le sort le plus utile qui puisse exister pour objets. Et au moins signe de Charlotte, il pourrait lancer un 'Accio bouts de tissu de Charlotte'.

Il n'allait pas non plus réassommer une deuxième fois à coups de paroles Alienor déjà sonnée par la balle, mais il chercha son regard du sien. Si quelque chose était anormal, il espérait bien qu'elle le dirait. Avait-elle besoin d'un coup de pouce pour marcher ? pour se tenir debout ? Elle les voyait et les entendait, hein ? Mais cela dit, même sans l'assommer de pavés à n'en plus finir de parler, il valait mieux continuer à discuter. Si jamais elle se sentait mal, ça ferait une bouée à laquelle raccrocher son attention, non ? Il s'étonnait de la façon dont son expérience pas fun-fun du traumatisme du Dominion lui permettait de réfléchir face à une blessure.

Après un regard prolongé à Alienor, il parcourut des yeux le stade à la recherche de plus grands capables de lancer ces fichus sorts de soin utiles qu'on ne leur avait pas encore appris. Roh. C'était bien bête de n'être pas venu avec Dylan aujourd'hui. Il aurait su, lui.

A défaut, son regard revint sur les deux Poufsouffle, attendant leurs réponses.

@Alienor Delphillia et @Charlotte Dwight si ça vous va
Pour les deux personnages mentionnés : Dylan, c'est Dylan Cooper (Gryffondor), le frère de Lili. Et Infini, Infini Parker.

La malle fermée, elle entendit des pas, des gens venir vers elle. Elle redressa la tête encore essoufflée et fut surprise de voir Charlotte et Jacob. Si celle-ci semblait un paniquée, Jacob avait cette touche d’humour qui fit sourire la jeune Delphillia. Elle les écouta parler, son regard allant de l’un à l’autre. Pourquoi autant s’agiter ?Et pourquoi autant parler aussi ? Prise d’un vertige, la jeune fille s’approcha de la malle pour s’assoir dessus, enfin elle se laissa presque tomber dessus, et attrapa la gourde d’eau qui était posée à côté. Mais c’est alors qu’elle buvait une bonne gorgée d’eau qu’Aliénor entendit le mot qu’elle ne voulait pas entendre. Infirmerie. Elle manqua d’avaler de travers son eau avant de poser la gourde à côté d’elle un peu fort de manière à ce que les deux l’entendent.

-Non !

C’était peut-être un peu violent, d’autant plus que cette affirmation ne concernait absolument la plupart de la conversation. Une explication serait donc bienvenue. Aliénor souffla un grand coup avant d’essayer de regarder les deux protagonistes de cette histoire. Enfin avec un seul œil c’était un peu plus compliqué. Elle entrouvrit le second, elle y voyait avec, c’était déjà une bonne chose, c’était juste douloureux et désagréable.

-J’veux dire, pas la peine d’aller à l’infirmerie, un bout de tissu avec de l’eau et je serais comme neuve.

Elle n’en était pas certaine, maintenant que l’adrénaline de l’entrainement redescendait, une douleur vive la lançait dans la tempe et raisonnait dans son crâne. Mais elle était certaine qu’il n’était rien qui ne soit pas réparable par un petit sort dont l’un des deux était capable. De toute façon nettoyer était primordial, ils devaient voir ce que c’était avant de prendre la moindre décision.

-Je vais bien ok, ça fait juste un peu mal. Tiens.

Elle reprit la gourde toujours à côté d’elle sur la malle et la tendit à Jacob pour qu’il s’en occupe. Instinctivement elle se disait qu’il aurait moins de mal que Charlotte à l’idée de voir du sang et de le nettoyer. Et en plus le connaissant il aurait moins peur de faire mal à Aliénor et donc nettoierait mieux la zone. Charlotte avait un an de moins et elle ne la connaissait pas assez pour connaitre sa réaction dans ce genre de circonstances.

-Avec un tissu plein d’eau on pourrait nettoyer. Au moins on saura ce qu’il en est et si ça saigne encore beaucoup je pourrais l’appuyer dessus.

Elle prenait ça avec étrangement de calme. Mais se blesser seule, en fait elle s’en fichait comme de l’an 2000. Elle n’avait pas l’impression d’avoir mal, alors tout allait bien, ils allaient découvrir une petite plaie, rien de bien méchant elle en était persuadée, ou alors elle se persuadait mentalement ? Un peu des deux certainement.

Allons bon, cette première séance d'entrainement ne se passait pas du tout comme prévu... L'inquiétude pouvait se lire sur le visage de Charlotte, elle était à moitié paniquée de voir autant de sang, moitié paniquée de voir que la cinquième année ne semblait pas se rendre compte de l'envergure de sa blessure.

La présence de Jacob, un grand qui en avait vu des vertes et des pas mures la rassurait d'une manière non négligeable, il saurait certainement quoi faire lui pour la soigner. Elle lui rendit avec joie un sourire un peu crispé, heureuse de voir enfin un grand de souriant. Voyant qu'Alienor s'asseyait, elle se posa de nombreuses questions. D'une part cela la soulageait parce qu'elle risquait moins de tomber par terre mais d'un autre côté, elle pensa que la jaune devait bien avoir un sérieux problème pour s'assoir devant eux. Elle la voyait avec une aura qu'elle n'attribuait qu'aux grandes. Bristyle, Alienor, Elian et tout comme Jacob finalement... Tous les mêmes, ils étaient juste au dessus de par leur âge, ils était sympathique de pouvoir compter sur eux quand le besoin s'en faisait sentir. Mais ce n'était pas ce qui l'empêchait d'aller les voir et de s'informer. Seulement, voir la jaune affaiblie était plus que perturbant.

Rapidement, elle acquiesça aux mots de Jacob avec une tristesse non feinte, elle aurait aimé pouvoir lancer ce sortilège et bien d'autres encore mais c'était totalement en dehors de sa portée pour son plus grand malheur.

- Je suis pas capable d'utiliser ce sortilège mais vas y, j'imagine que tu peux le faire ! J'ai plein d'autres bouts de tissus dans mon dortoir donc si ça peut être utile...

Ils étaient encore emballés dans la poche qu'elle avait emmenée avec elle, elle n'avait rien eu le temps de faire avant de voir Alienor au sol. Puis elle continua à s'inquiéter à propos de la grande en maitrisant tout de même ses mots, elle avait déjà vu ce qu'une Alienor énervée pouvait donner et elle ne voulait pas retenter l'expérience, surtout quand l'autre n'allait pas bien.

- Comment tu t'es fait ça ? T'es sûre pour l'infirmerie ? J'suis pas sûre que juste de l'eau ça suffira à soigner ton histoire...

Malgré le peu d'expérience qu'elle avait, les blessures qu'elle avait pu voir en compagnie de son père lui permettaient de voir que ce n'était pas une petite coupure. Heureusement qu'il y avait eu des personnes dans le stade ce jour là... Sinon Alienor se serait vidée de son sang sans s'en rendre compte. Enfin c'était ce qu'elle pensait, assez loin de réfléchir que la grande pouvait certainement se débrouiller toute seule. Elle fronça les sourcils.

Charlotte est en deuxième année Elle a... Hum 3 ans de moins que vos deux personnages ! (juste à titre informatif )

Et... Alienor me glisse le bout de tissu entre les doigts. Sait-elle que j'ai la dextérité d'Hagrid dans les travaux de délicatesse ?

Je me rapproche néanmoins sans tarder. Un genou posé sur le sol plus tard, je suis à la hauteur pour jeter un coup d'oeil de plus près sur l'aspect de la blessure d'Alienor assise. Mes yeux sur cette blessure, je me demande quelle infinité de regards de jugement Alienor a dû essuyer pour avoir une telle peur de se reconnaître et de se montrer dans sa vulnérabilité. La blessure grand'ouverte saigne sans s'arrêter, et ses paroles viennent pourtant tout le temps la minimiser.

Sur ce point de montrer peu ce qu'on ressent profondément, c'est l'hôpital qui se moque de la charité, et pas qu'un peu. Je ne peux guère le dénier. Si ce n'est Leo, personne ne sait grand'chose du Dominion derrière mon regard rempli d'intensité la journée. Je cherche malgré tout un instant le regard de la batteuse. Je sais pourquoi ce quelque chose d'inébranlable dans ses yeux fait peur au premier abord : c'est l'image d'une perfection qu'on ne pourrait atteindre soi-même.

C'est un peu comme si Alienor s'était construit une carapace de protection sans faiblesse aussi solide que celle de la balle qu'elle poursuit sur le terrain. Et ouvrir la peau de sa tête ne permet toujours pas de faire voler en éclats la barrière mentale de la Poufsouffle. Tout en elle exprime la force. Elle est admirable. Mais il ne faudrait pas qu'elle croit qu'on l'admire juste parce qu'elle ne dit rien de sa douleur, juste parce qu'elle ne laisse rien paraître de ses failles. Si elle en fait part, on se réjouira aussi de sa confiance.

Je verse une lichette d'eau sur mes mains avant de mouiller le ruban enroulé en compresse. Une petite moue à destination d'Alienor pour ne laisser aucun doute : ça va piquer comme une nuée de doxys, le temps d'enlever ces impuretés à la surface de la plaie. J'approche mon visage de celui d'Alienor pour être au plus précis en tamponnant vigoureusement le sang séché autour et les impuretés dessus. Je sais qu'elle n'a pas confiance lorsqu'une main la touche - un de ces paradoxes, préférer le contact du cognard à celui du sorcier - et que cela risque de ne pas contribuer à la détendre mais en étant plus près, je pourrai mieux voir ce que je fais et finir plus vite.

C'est peut-être ce qui nous différencie : je n'admets pas facilement à l'oral ce que je ressens pour moi-même, mais ce que j'éprouve pour les autres de gratitude, de confiance, d'admiration, d'amitié, je l'exprime souvent. Je crois que ce n'est pas le cas d'Alienor. Ce paradoxe fait aussi son charme et son mystère, c'est vrai, à beaucoup dire, parlant haut, parlant fort, sans pourtant s'ouvrir réellement. On sait que chaque nouveau moment apportera son lot de surprises et de dévoilements.

"Tu maintiens en appuyant fort, Alienor ?" Le bout de tissu est dans ses mains désormais pour limiter l'écoulement de sang. Je sors ma balle rebondissante de ma poche : "Glacius ! Zut. Je recommence. Glacius ? Raté. Glacius !" voilà la balle entourée d'un glaçon. Je la tends dans l'autre main d'Alienor : "Si jamais... le froid endort la douleur, tu verras."

Reste l'infirmerie : y aller ou ne pas y aller. Telle est la question. Comme pour celle de ne pas se révéler facilement dans nos faiblesses aux autres sans leur faire pleinement confiance, je comprends un peu trop Alienor. Mais je ne pourrai pas lui rejouer un Dominion pour la faire changer aussi radicalement d'avis que moi... "On peut couper la citrouille en deux ? Si Alienor, tu te mets debout et tu ne peux pas tenir deux minutes sans tourner, tu gagnes un ticket pour un trajet gratuit chez Miss Wilson en notre super compagnie ?" Je lève un peu les sourcils de façon complice à l'intention de Charlotte à la mention de notre *super compagnie*. Il faut tout de même s'amuser, même dans les situations les plus ensanglantées.

Et en Charlotte que je connais moins, je vois déjà un point commun : une droite spontanéité. Elle dit sans réfléchir, elle dit beaucoup, elle dit sans se retenir. Il y a aussi des gens très posés et très réfléchis, mais ils n'ont pas cette impulsion énergique de l'instant qui le rend passionnant qu'ont les Gryffondor ou Charlotte et Alienor.

Baguette sortie, un sourire et le sort arrivent : "Accio bouts de tissu de Charlotte ! Les voilà ! No worry, je ne serai pas capable de lancer un Accio sur les tissus dans ton dortoir..." ... même si l'idée de pouvoir faire des farces dans un autre dortoir que le sien est prometteuse... "alors je ne suis pas beaucoup plus avancé que toi."

Regardant toujours du coin de l'oeil si Alienor arrivait à se relever sans perdre pied : "Au fait Charlotte, c'était top secret cheerleading ce que tu faisais avec ces tissus ou on peut avoir un petit teasing ?" Peut-être le cheerleading momie pour déstabiliser l'adversaire ? Ou alors, former les lettres de tissu "Gryffondor, les plus forts" dans les airs ? Un soupçon de malice passe dans mes yeux.

Avoir des gens qui s’inquiétaient pour elle dans l’équation n’était pas non plus des plus simple non plus. La jeune fille ne se rendit compte de sa blessure que lorsque le froid dans le tissus entra en contact avec la plaie de la jeune fille. Aliénor grimaça retenant un mouvement de recul alors qu’elle entendait la discussion des deux autres. Il y avait quelque chose d’amusant dans cette rencontre. Charlotte et Jacob, elle ne les aurait jamais vu ensemble sans ce spectacle qu’elle venait de leur offrir. Elle attrapa le tissus alors que Jacob lui proposait de tester son équilibre afin de savoir si elle devait aller à l’infirmerie ou non. Aliénor n’aimait vraiment pas ce lieu, l’ambiance qu’il pouvait y avoir et cette espèce de contrainte d’être silencieux quoi qu’il advienne. Bref ce n’était pas son truc et elle ferait tout pour éviter de s’y retrouver. Heureusement pour elle Jacob sembla s’intéresser à ce que faisait Charlotte au stade aujourd’hui. Le regard de la jeune Delphillia se posa également sur sa cadette et un fin sourire vint étirer ses lèvres.

-Ils ont toujours des idées incroyables pour animer le stade quand on ne le fait pas assez.

Elle lança un semblant de clin d’œil à la blonde, maintenant que son œil était un peu plus propre. Puis elle posa sa main gauche sur la malle pour se redresser. Une fois debout, sa main dans l’air comme un funambule sur un fil Aliénor se sentit légèrement vacillante, ce qui provoqua un appuis un peu plus prononcé du tissus enrobant la glace sur sa blessure. La jeune fille siffla de douleur en fronçant le sourcils avant de se stabiliser. Elle souffla doucement avant de lever les yeux vers Jacob.

-Merci pour le froid c’est génial. Je me suis pris le cognard…

Ça faisait vraiment du bien. Mais la douleur et surtout son sang qui ne cessait de couler fit qu’Aliénor ne voyait plus vraiment d’échappatoire. Elle soupira lourdement en observant les deux personnes avec elle. Elle ne put s’empêcher de se dire qu’elle avait de la chance d’être ainsi accompagnée.

-Tu crois qu’un episkey suffirait ? Comme ça pas besoin d’aller voir l’infirmière après, je pourrais y aller seule ?

C’était une bonne idée sur la jeune fille. Au moins elle ne les embêterait pas et elle verrait elle si l’infirmerie est vraiment nécessaire. Elle offrit un sourire à Jacob, comme pour lui signifier que tout allait bien.

-Désolée de vous avoir interrompus d’ailleurs. Tu venais t’entrainer Jacob ?

Elle avait envie mais aussi besoin de parler, de ce concentrer sur autre chose et de s’intéresser à eux qui étaient auprès d’elle. Oublier un peu la douleur qui lançait dans sa tête. Mais c’était vraiment plus impressionnant que ce que c’était.

Charlotte rougit quand les deux cinquièmes année s'adressèrent à elle. Elle n'était pas si impressionnée habituellement mais quand même... Ils étaient tous les deux plus grands qu'elle et pas qu'un peu... *L'âge de Noah* Elle envoya valser ses pensées mais les jolies couleurs rouges de ses joues ne s'effacèrent pas pour autant. Un petit sourire gardant une pointe d'inquiétude s'étalait désormais sur son visage.

Le test d'Alienor ne lui semblait pas être franchement concluant mais la plus grande avait l'air de vouloir parler d'autre chose. De toute manière, Jacob était là pour la raisonner, ce n'était pas la grande Alienor qui allait écouter ses mots inquiets, et elle était très mal placée pour lui faire la leçon, au vu de tout ce qu'elle faisait de complètement bête qui lui ramenait des blessures. Ce n'était pas son rôle aujourd'hui.

Un peu perturbée, elle répondit avec hâte en regardant droit dans les yeux la joueuse qui savait manier la batte avec une telle précision qu'elle sentait le danger quand elle la regardait jouer.

- Oh ! On fait toujours de notre mieux de toute manière ! On vous fera honneur promis !

Elle leva son pouce devant elle en direction de la cinquième année et lui rendit un clin d’œil maladroit. Rien de mieux que faire le pitre pour alléger une situation parfois. Puis elle choisi de répondre à Jacob en gardant un œil pour soutenir la plus âgée de son maigre corps si celle-ci s'effondrait. Encore une fois Jacob serait plus efficace mais elle ne voulait pas y songer. Ses joues encore un peu rouges elle lui souffla.

- Je venais surtout pour chercher des idées. J'ai emmené du matos ici mais je me rends de plus en plus compte que je ne connais pas assez de sortilèges et que parfois, un simple sortilège de lévitation ne suffit pas à faire rire les gens ou à encourager de manière impressionnante. C'est pas facile facile. Je suis surtout venue me creuser la tête et voir si je pouvais m'entrainer à faire deux choses à la fois.

Elle fit une pause et les regarda tous les deux, un air déterminé dans les yeux, sa tirade ayant supprimé les rougeurs.

- Je suis la plus jeune de l'équipe et je refuse d'être un poids pour eux. Mais pour ça faut passer du temps à s'entrainer !

Et finalement elle se tu mais elle pensa furieusement fort que même avec un Episkey, ce n'était pas forcément une bonne raison pour laisser la cinquième année aller à l'infirmerie toute seule. De toute évidence, elle préférait rester en si bonne compagnie plutôt que seule à grommeler après des essais qui lui paraissaient infructueux. Elle adressa un regard entendu à la jaune, elle n'avait pas le droit de tomber par terre celle là, leur batteuse devait rester super forte !

Trois, deux... « Episkey ! » La nouvelle baguette laissa jaillir l'éclair lumineux. Le bois de houx canalisait la colère, alors pour un jeune sorcier comme Jacob pour lequel les sorts marchaient beaucoup mieux motivés par un sentiment ou une sensation qu'une logique ou une abstraction, c'était le combo sorcier-baguette parfaitement assorti. Restait juste à parachever l'appropriation de cette troisième baguette après les vacances passées sans.

L'effet du sort était supposé marcher sur des blessures de surface, il ne savait pas vraiment si un choc crânien était une blessure de surface, et si tout se résoudrait ainsi mais... Dans tous les cas, ça avait un effet psychologique de se dire que la situation était sous contrôle et qu'on pouvait y faire quelque chose.

Il tourna un sourire vers Charlotte : « Peut-être des effets d'ombre et de lumière comme vous êtes en jaune et noir pour éclairer tes rubans une fois les motifs apparus ? Sinon, tu pourras toujours les distribuer dans les tribunes pour avoir un signe commun de soutien à l'équipe ! » Jacob ne manquait jamais d'idées. Elles n'étaient pas forcément bonnes, mais permettaient souvent d'en faire surgir de meilleures dans l'esprit de ses interlocuteurs.

Pour ce qui était de l'envie de Charlotte de montrer à quel point elle gérait, c'était un point commun inattendu entre les deux Poufsouffle, tiens, alors qu’Alienor était bien décidée à arriver à aller seule à l'infirmerie pour gérer absolument par elle-même elle-aussi. « L'âge ou le sang, c'est typiquement des choses dont je me fiche assez complètement personnellement. Il y a des casse-pieds aussi chez les plus âgés et les Sang-Pur. Et Infini qu'on connaît tous les deux est un cam'rade de dortoir i-rrem-pla-çable et dans ta promotion. Mais c'est tout à ton honneur de vouloir montrer aux autres à quel point tu gères. » Et puis il y avait une différence également entre âge et maturité. Il n'y avait qu'à voir les Gryffons. Il prêtait à Infini justement tellement plus de maturité et de courage que Théo pourtant plus âgé théoriquement.

Il regarda Alienor. Si elle ne vacillait plus, alors il pourrait lui adresser le sourire de défi habituel. Si elle vacillait toujours, il pourrait tendre un bras. Il savait qu'elle n'aimait pas le contact, dans tous les cas il ne l'imposerait pas ; il n'allait pas la crisper encore plus. Il respectait cela. Son autre amie de promotion de Poufsouffle, Lilly, avait ce souci-là après le Dominion de s'isoler de tous les autres. Chez Alienor l'isolement n'était pas total. Mais physique, oui, sans aucun doute.

Il avait été plutôt bavard, alors maintenant, après ce temps, l’autre cinquième année devait savoir où elle en était : ça allait mieux ou on était au bord de la catastrophe ? « Bon. Comment tu te sens ? » Un flot de malice mi-souriante mi-rieuse se déversa sur ses expressions et son regard : « Je confirme, je ne venais pas acheter des chaussures. ». Il venait bien s'entraîner sur le terrain d'entraînement : il hocha la tête pour donner raison à la Poufsouffle.

La chaleur du sortilège se répandait sur la tête de la jeune fille et une douleur s’immisça sur sa tempe. La jeune fille grimaça sous l’effet du sortilège mais essaya tout de même de se concentrer sur ce que ses camarades disaient. De la distraction, c’était le mieux pour faire passer la douleur. Elle repassa un coup de tissus sur son visage comme la plaie saignait encore un peu avant de relever la tête vers Charlotte.
Un manque de confiance en elle, une envie de faire avancer son équipe… Elle ne s’en rendait pas compte mais son dynamisme et son côté solaire apportait déjà beaucoup à l’équipe. Aliénor l’observa en détail, un petit sourire au coin des lèvres.

-Vous faites déjà des trucs de dingue en plus de vous renouveler à chaque match. Très impressionnant.

Elle était sincère, la présence pourtant encore neuve de ces équipes de supporters étaient très appréciables et dans chaque maison on voyait son âme. La force et la précision des cheer de Serpentard, toujours très techniques et dans le spectaculaire. Gryffondor faisait beaucoup de bruit avec la fanfare et rayonnait littéralement de couleurs dans les matchs… Ca mettait vraiment de la vie et Aliénor appréciait cet engouement vu d’en haut.
Elle sourit un peu plus à Charlotte ce qui déclencha une douleur aigue dans son crane ce qui la fit baisser la tête immédiatement. L’Episkey avant certainement agit sur ce qu’il pouvait, mais la plaie n’était pas totalement fermée et la douleur du coup résonnait toujours dans la tête d’Aliénor.

Elle releva assez rapidement la tête vers Jacob pour l’écouter et surtout ne pas inquiéter plus que de raison ses camarades. Le sang, l’âge ça importait peu pour Aliénor également même si la différence était frappante maintenant entre une seconde année et deux cinquièmes années. Si Aliénor ne trainait pas avec des élèves trop jeunes elle ne les a jamais repoussés pour autant, en même temps sa réputation le fait pour elle… Mais ils n’ont qu’à pas venir quand elle est occupée aussi ! Comme cette débile d’Erza.

-Il à raison tu sais. Tu te débrouille très bien en sortilèges crois-moi.

Elle pouvait aisément comparer, Aliénor était nulle en sortilèges à côté de Charlotte, elle était bien plus délicate ce qui rendait ses sorts plus jolis, plus fluides. Mais elle ne voulait pas trop parler et surtout pas parler d’elle, c’était déjà suffisant.

-Ça va ! Et désolée pour l’interruption du coup… Pour me rattraper on échangera des balles une prochaine.

Aliénor plaça ses mains de chaque côté de la malle avant de se redresser. Une fois debout, le bout de tissus et la glace qui avait bien commencé à fondre dans la main, la jeune fille fut prise de quelques vertiges qui se dissipèrent rapidement.

-Hey, tout va bien !

Elle reposa la glace sur la plaie avant de sourire à ses camarades. Ca saignait moins et elle tenait debout. C’était bon signe pour elle, elle éviterait certainement l’infirmerie, du moins elle espérait qu’ils ne seraient pas trop insistant. Elle n’aimait vraiment pas le lieu, moins elle s’en approchait, mieux elle se portait.