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17 sept. 2021, 13:54
À elle…  PV : Aelle Bristyle 
[PV : @Aelle Bristyle ]

Suite de :
"La fête à la grenouille", "Chandrakant", "Exultant Lusibus", "Fragile(s)"
En amont de :
"Le bal des sorcières", "Comme un lien invisible"


Lundi 24 octobre 2044
17h30


Le Lac, "Petit Chalet"

Le Bal des Sorcières, qui se tiendrai le lundi soir suivant à l’occasion de la fête d’Halloween, était sur toutes les lèvres. Poudlard semblait en pleine ébullition. On ne parlait que de cela durant les repas dans la Grande Salle. Dès qu’un ou une élève pénétrait dans le réfectoire, des groupes déjà attablés gloussaient, ou organisaient des messes basses sur la probabilité que cette personne avait déjà un partenaire de bal, ou pas. En salle commune des Gryffons, les œillades et les petits mots glissés à la dérobée étaient devenus choses courantes. Gabryel, plutôt timide, ne s’attardait donc pas avec ses camarades, fuyant ce sujet qui ne représentait pas pour lui un immense intérêt. Le garçon venait de faire sa rentrée en seconde année. Déjà un an qu’il avait quitté Fife et les siens. Il n’avait jusqu’à ce jour jamais eu l'occasion de rester autant de temps sans les voir. L’Écossais n'avait pas bougé de Poudlard durant les vacances, car ses parents s’étaient rendus en France pour visiter Mamina. Il avait donc passé sa première période estivale loin d’eux, de la propriété de ses ancêtres, de son chat Moustache et de son meilleur ami Grégoire. Il avait toutefois lié des amitiés profondes avec quelques camarades, Emelyne, Adrien, Kirsty ou Mike, et se sentait bien ici. Les brimades relatives à son bégaiement avaient disparu, et l’on ne le regardait plus comme une bête de foire.

Et puis, il avait rencontré Aelle Bristyle, une fille vraiment pas comme les autres, vraiment comme personne en réalité. Cette Poufsouffle semblait n’attendre rien de ceux qui l'entouraient, ne jamais s’attacher, n’écouter qu’elle et se ficher royalement de ce que l'on pouvait bien en penser. Elle était sans concession, directe, tranchante dans ses propos comme dans ses actes, et son esprit paraissait parfois impénétrable. Sans comprendre pourquoi, le garçon l’avait immédiatement adorée, subjugué par cet esprit libre de tout compromis. Au fond de lui, il savait qu’elle l’appréciait aussi beaucoup. Elle devait surement s’en défendre avec elle-même, nier la sympathie qu’elle lui portait, de peur de glisser sur une quelconque forme de dépendance affective. En tout cas, elle avait accepté de lui donner quelques leçons en dehors des cours, afin de parfaire ses connaissances en lancer de sortilèges. Dans le cœur du jeune sorcier, un sentiment commençait à faire son nid, une émotion nouvelle, douce et chaude comme un duvet de plumes. Avec Aelle, il était lui, ne s’encombrait pas d’efforts pour paraître moins « bizarre ». Il se sentait comme « à sa place ». Quand ils partageaient un peu de temps ensemble, il lui arrivait de ne pas la lâcher des yeux. Jamais de sa vie l’adolescent n’avait vu une fille si belle. D’ailleurs, il ne se posait généralement pas de questions sur l’aspect physique de ceux qui l’entourait. Mais caresser la main d’Aelle, un an plus tôt, avait marqué son âme au fer rouge. Depuis, elle occupait ses pensées.

Le Rouge et Or prenait la direction du Petit Chalet, la cabane qu’il s’était confectionnée dans le parc sur les berges du Lac Noir, au cœur d’un Saule Pleureur. Il n’avait pas d’entrainement prévu avec Aelle ce soir-là. Il voulait simplement rejoindre son refuge, loin des piapias de ses camarades au sujet du bal, pour s’adonner à son passe-temps favori : S'installer dans son arbre, et rêvasser au milieu de la nature, en contemplant l’étendue d’eau. De toute façon, il ne savait guère danser…

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

09 oct. 2021, 18:32
À elle…  PV : Aelle Bristyle 
24 octobre 2044
Lac — Poudlard
4ème année



Sortir du château me fait un bien fou. Je n’ai pas mon sac avec moi, je ne porte que ma cape et ma baguette. Je me suis échappée en vitesse du dortoir quand les filles ont commencé à parler du bal. J’ai erré dans les couloirs, sans savoir que faire. Je suis tombée sur des groupes d’élèves. Ils parlaient également du bal. Alors je suis descendue dans le hall. J’y ai croisé deux garçons qui m’ont suivi du regard quand je suis passée près d’eux. « Eh Bristyle ! Tu vas au bal ? ». De quel droit cet abruti au faciès inconnu m’adresse la parole pour me poser une question aussi indiscrète ? Son ami, un Poufsouffle, a ricané comme un enfant et lui a enfoncé son coude dans les cotes. Je leur ai jeté un regard noir avant de m’en aller. Non, je ne vais pas au bal ! Non, je ne compte pas me mélanger à la populace bavassante et ignare d’adolescents qui se réjouissent à l’idée d’aller se trémousser sur une piste de danse. Merlin, ce que les gens de mon âge sont idiots ! Et que dire des années supérieures ? Aucune preuve d’intelligence de ce côté-là non plus. La preuve étant que je suis certaine qu’Aodren se réjouit de l’événement. Évidemment, c’est peut-être la dernière fois qu’il aura l’occasion de participer à un bal au sein de l’école et comme il passe tout son temps collé à sa petite-amie, ça ne m’étonnerait pas qu’ils s’y rendent tous les deux. En plus, il adore se déguiser. Moi aussi, j’aime me déguiser. Mais pas au beau milieu d’une foule.

Je laisse mes pas me diriger dans le parc. Je m’approche du lac, observe le reflet obsédant du ciel sur la surface lisse de l’eau. Je marche quelques minutes, laissant mes pensées se diluer dans le vent, quand je prends conscience de l’endroit où je suis. Des roseaux de toute part, le bruit des vaguelettes sur la rive du lac et au loin, le sommet feuillu d’un arbre massif. Je reconnais instantanément les lieux. C’est le chemin que je prends toujours quand je vais rejoindre Fleurdelys pour un entraînement ou pour discuter. Mais nous n’avons pas rendez-vous, aujourd’hui, et habituellement le lundi, à cette heure-là, je travaille à la bibliothèque. Mais après tout, pourquoi pas ? Le garçon ne risque pas d’y être alors je peux bien aller m’asseoir un instant dans sa cabane, non ? Prendre un peu le temps de me poser, de souffler et peut-être pourrais-je penser à lui sans entraves, juste laisser mes pensées voguer dans sa direction — cela m’occupera au moins l’esprit.

J’avance sur le petit chemin, plus motivée que précédemment. Je ne m’attendais pas à apercevoir une silhouette au travers des roseaux.

Soudainement, il est là. *Fleurdelys*. Mon coeur trébuche, son rythme s’affole. Sur le chemin qui sépare la forêt de roseaux en deux le garçon marche, me montrant son dos. Il ne m’a pas vu, il ne m’a pas entendu. Alors j’hésite. Je peux faire demi-tour, m’enfouir et il ne saura jamais que j’étais là. Ce serait catastrophique qu’il s’en rende compte. Que croira-t-il ? Que je viens sur mon temps libre dans sa cabane alors que nous n’avons même pas convenu d’un rendez-vous, que parfois, je pense à lui alors même que je n’ai aucune raison de le faire. La plupart du temps quand je viens ici, c’est parce que je devine que le garçon y sera — je décide alors que l’entraînement aura lieu à ce moment. S’il n’est pas disponible, qu’il flâne, qu’il manque de motivation, je m’agace, je le lui reproche et parfois, je m’en vais. D’autres fois, je reste parce que cela ne me dérange pas de flâner avec lui, mais seulement parce que je l’ai décidé. Venir ici alors que je suis censée être en train de réviser, c’est étrange, c’est anormal, c’est dérangeant.

Alors j’hésite. Je réfléchis. Je m’arrête. Je me détourne, prête à m’en aller. Un dernier regard dans sa direction. Il s’éloigne et bientôt je ne l’aperçois plus. Sans doute est-il déjà parvenu à notre repaire *son repaire*. Je vais m’en aller. Oui, je vais le faire. Oui, j’avais l’intention de le faire. Qu’est-ce qui peut expliquer la pulsion soudaine qui me fait reprendre mon chemin ? qui me fait avancer sur le sentier, qui me fait arriver jusque la cabane construite dans l’arbre ? La folie, très certainement.

J’arrive en conquérante, comme si c’était ce que j’avais prévu de faire dès le début. Le menton dressé, le pas fier. Seul mon regard, ce lâche, fait tout pour éviter celui de Fleurdelys. J’observe la cabane comme si c’était la chose la plus intéressante au monde.

C’est souvent comme cela, avec le garçon. Il est là, dans mon champs de vision. Pas si proche, pas si loin. Seulement là et je ressens sa présence avec tous mes sens. Mes yeux l’observent à la dérobée, mes oreilles l’écoutent, ma peau frissonne, mon coeur bat fort. Je suis mal à l’aise et j’ai une conscience trop forte de mon corps. Je ne sais pas que faire de mes bras et de mon regard. Que regarder ? croiser les mains ou les enfoncer dans mes poches ? marcher ou rester immobile ? Comme je suis incapable de prendre une décision, je reste de marbre, avec l’impression que cette position me confère une force que je ne ressens jamais quand je suis près de lui.

« Salut. »

Je ressens la soudaine envie de justifier ma présence ici.

« Fallait qu’je te dise que… Et je t’ai vu venir ici alors je t’ai… Suivi. »

*Et merde*.
Que vais-je pouvoir inventer, maintenant ?

Mes mains sont moites, je les enfonce dans mes poches. N’aurais-je pas pu me taire ? Après tout, Fleurdelys n’est pas du genre à me poser des questions, il se serait contenté de sourire en m’apercevant et m’aurait raconté sa vie, comme d’habitude. Il aurait fait la conversation, comblé les blancs et j’aurais acquiescé, ou non, et je ne me sentirais pas aussi bête, aussi idiote, à deux doigts de rougir.

En vain, je recherche un mensonge plus gros que le précédent à proférer. Mais rien ne me vient alors je garde le silence et détourne mon visage renfrogné en direction du lac.

Je suis très heureuse d'écrire avec toi !

06 nov. 2021, 14:23
À elle…  PV : Aelle Bristyle 
Des oiseaux survolèrent le lac, rasant sa surface. Des lignes évanescentes se formèrent dans leur sillage, sortes de tremblements qui firent tressaillir le miroir d’eau. Le ciel s’y mirait, dans un mélange de bleu et de gris lumineux, sous un soleil discret. Gabryel contempla ce tableau naturel. Cet endroit était son havre de paix, loin de l’effervescense du château, et de ses préoccupations. Dans son Petit Chalet, dissimulé par les branches d’un immense Saule Pleureur, l’enfant pouvait rêver sans limite, et voyager dans son monde intérieur.

Tandis qu’il observait les feuilles de l’arbre, caressées par une fraîche petite brise de fin d’automne, il perçut dans son dos le son d’un pas, crissant dans les hautes herbes humides. Aelle se tenait immobile derrière lui, les cheveux au vent, dont certaines mèches trouvaient refuge le long du pincement de ses lèvres roses poudrées. Ses yeux sombres dominaient sa peau blanche de lait, tels deux diamants noirs incrustés sur un coquillage de nacre. S’il connaissait déjà chacun des traits de ce visage, la beauté intemporelle de cette fille le figea sur place. Le coeur du garçon sembla se décrocher dans son torse, au point qu’il y posa instinctivement la paume de sa main. Aucun entraînement n’était prévu aujourd’hui, ce que lui confirma la jeune sorcière. Leur rencontre semblait être le fruit du hasard. Mais au fond de lui, l’enfant ne put refouler une certaine joie. Elle avait choisi cet endroit pour s’isoler. Cela devait signifier qu’elle commençait elle aussi à aimer sa cabane. S’il y a avait à Poudlard une seule personne répondant uniquement à ses envies, sans se soucier une seule seconde des convenances ou des codes, c’était bien Aelle. Si elle n’avait pas décidé de le croiser, jamais l’Écossais ne l’eut aperçue. Elle aurait poursuivi son chemin, sans tenir compte de lui un seul instant. Il se gratta le bout du nez.

- Tu ne peux pas savoir comme ça me fait pppplaisir de te voir…

Il ramassa un bâton abandonné au sol, et commença à en retirer l’écorce morte.

- Je pensais justement à toi tttttout à l’heure. Figure-toi qu’un papillon blanc et rose s’était posé ce matin dans mes cheveux. Je m’en suis rendu compte après. Tous les copains de ma chambre rigolaient toute la journée sans que je sssssache pourquoi.

Il éclata d’un rire joyeux, comme une pierre tombe dans une flaque d’eau, aspergeant tout ce qui l’entoure.

- Je voulais faire une petite roue en bois sur la rive du Lac. (manipulant son morceau de sapin) Ça te dit ? Ça serait cool qu’elle ttttourne par la seule force de l’eau.

Gabryel planta ses yeux bleus dans ceux d’Aelle. Sans le vouloir, son expression de petit garçon insouciant laissa place à celle d’un timide adolescent.

(Dommage, tu ne vois pas mon petit sourire en écrivant avec toi…)

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

08 nov. 2021, 21:05
À elle…  PV : Aelle Bristyle 
Aucune remarque, aucune moquerie. Il ne me pose pas de questions, ne cherche pas à savoir ce que je fais ici, pourquoi je suis ici ; est-ce parce que je le piste ou parce que je pense à lui, parce que j’aime cet endroit ? alors cela voudrait-il dire que j'apprécie les moments passés ensemble ? Rien de tout cela ne s’échappe de Fleurdelys. Il réagit exactement comme si nos retrouvailles étaient prévues. Comme si c’était tout à fait normal que je sois là, devant lui. Ça me bouleverse. Tu ne peux pas savoir comme ça me fait plaisir de te voir. Ça aussi, ça me bouleverse. Il n’est pas content de me voir, il n’est pas heureux, il l’est tellement qu’il est persuadé que je ne peux pas savoir à quel point ; a-t-il raison ? Avec lui, on ne sait jamais. Je tique, je baisse les yeux, je mâchonne mes lèvres. Gabryel Fleurdelys transpire la sincérité et pourtant parfois, il prononce des mots si fous que j’ose remettre en question sa franchise. Parce que c’est trop gros, tout cela, c’est trop grand, à peine croyable. Ne manquerait plus que je commence à lui faire confiance et à me dire qu'il se plait en ma présence, qu’il m’apprécie non pas pour mes cours mais pour ce que je suis. *N’importe quoi*.

Fleurdelys passe d’un sujet à l’autre, il me parle d’un papillon, de ses camarades de dortoir, de moi ; voir un papillon lui fait donc penser à moi ? *Il pense à moi quand j’suis pas là ?*. Je devrais traiter cette information, en faire quelque chose mais non. Je n’y arrive pas. Je me contente de la regarder de loin et d’acquiescer vaguement.

Il m’arrache le bide avec son rire. J’inspire brutalement et me détourne, marchant quelque pas pour ignorer toutes ces choses que je ressens en sa présence. Tout pourrait être simple mais rien ne l’est. J’aime passer du temps avec lui, c’est évident ; sinon ça ne ferait pas quasiment un an que je lui apprends à lancer un sortilège. Je me serais tirée depuis longtemps si j’en avais marre de lui. Apprécier passer du temps avec un gars qui m’accorde tout ce que je veux, ce n’est pas honteux, c’est seulement savoir profiter de la vie. Certes, voilà, ainsi tout serait simple, mais ça ne l’est plus dès lors que l’on prend en compte tout le reste. Je ne comprends pas mon corps. Certes, je le comprends de moins en moins au fur et à mesure que les années passent mais avec Fleurdelys, c’est flagrant. Mes entrailles se nouent dans tous les sens quand il rit ; bordel, ce n’est qu’un rire, un rire ! pourquoi réagis-je ainsi ? Et mes joues me brûlent bien trop en sa présence et mes yeux n’arrivent pas à rester fixés dans les siens et je perds mes mots quand je sens son regard sur moi et mes mains sont moites et les frissons dévalent ma peau. Ce n’est rien de très important, seulement des sensations, des impressions. Mais cela me dérange parce que ça me perturbe.

Un pas, deux pas, trois pas. Éloigner de moi ces pensées, s’accrocher à l’instant présent. Regarder la surface du lac qui resplendi, le ciel se reflétant dessus comme s’il ne faisait plus qu’un avec elle. J’aurais pu trouver ça beau si j’en avais quoi que ce soit à faire du paysage.

Il n’y a que lui pour me proposer de construire une roue en bois pour qu’elle tourne par la seule force de l’eau. Je ne sais pas très bien à quoi cela servira mais qu’importe ? Il me donne l’occasion de passer un peu de temps avec lui sans qu’on réfléchisse au pourquoi, sans que l’on ne soit obligés de parler. Je serais idiote de refuser.

« Euh, ouais, pourquoi pas, » dis-je en haussant les épaules, le regard fuyant.

Il veut tout le temps construire des choses. Pourquoi ? Un sorcier ne construit pas des choses avec les mains, il les construit avec la magie.

« C’est… pour ça qu’t’es là ? Pour construire cette roue ? »

Merlin, ce que je me sens maladroite ! J’aurais mieux faut de partir dans mon coin sans lui parler, cela m’aurait évité de balbutier ! Je me sens gauche quand nous ne nous entraînons pas. Je ne sais pas que dire, j’ai souvent peur qu’il me pose des questions indiscrètes ou qu’il ait des gestes perturbants, comme poser sa main sur la mienne. J’ai une vague pensée, tellement vague qu’elle ne se traduit pas clairement dans mon esprit. Je l’imagine, lui, se rapprocher de moi pour… *Rien*. La pensée s’enfuit, la vision s’efface. Ne reste que moi et lui en face de moi. Thalia doit être à la bibliothèque actuellement, j’ai hâte de la retrouver, pense-t-elle à moi ? Mes pensées me rassurent toujours quand je pense à Thalia.

J'ai un sourire semblable sur les lèvres, alors c'est un peu comme si je connaissais le tiens, je crois.

09 nov. 2021, 13:35
À elle…  PV : Aelle Bristyle 
Elle avait accepté la proposition du garçon. Ce dernier n’en attendait pas plus. Fou de joie, il se dirigea vers le lac. Sa voix était empreinte d’une grande excitation :

- Oui ! Ça fait trop longtemps que j’y pense, ça va être super.

Gabryel s’asseya au bord de la rive, sur un petit oreiller d’herbes hautes. Il sortit plusieurs accessoires de sa besace :

- Ça, ce sont des petits morceaux de bbbbois que j’ai déjà taillés et que j’ai ccccreusés avec mon canif. Il reste juste à les assembler. J’ai dû faire attention que le fantôme de Rusard ne me surprenne pas à faire rentrer des bbbbouts de bois dans le château, il ne m’a pas à la bonne avec mes bbbbricolages…

Tout en parlant, un large sourire s’étira sur ses lèvres, comme un été ensoleillé. Il déplia un petit morceau de papier, qu’il étala sur le sol.

- Mon pppplan n’est pas top top, car je dessine mal, mais ça nous donnera une idée de ce qu’il faut faire.

Le dessin était découpé en plusieurs éléments à chaque angle, contenant des formes sur lesquelles étaient indiquées des dimensions.
En son centre, l’on voyait un cercle, autour duquel étaient griffonnées des informations diverses. Des flèches un peu partout parachevait l’ensemble du croquis.

Image

- On appelle ça une roue « Poncelet », du nom de son inventeur moldu. En vrai, c’est juste basiquement un petit mmmmmoulin à énergie hydraulique. Mon père en a installé sur nos terres. Il dit que c’est pppplus efficace que la magie à long terme.

L’enfant marque une pause. À l’évocation de son père, son lumineux sourire se ternit un court instant. Puis il déballa de son sac le reste des morceaux de bois. Il retira ensuite ses chaussures et ses chaussettes, et glissa sa baguette dans la poche arrière de son pantalon.

- Il faut repérer l’endroit où le cccccourant est le plus puissant… T’as pas peur de te mouiller, j’espère ?

Il fixa Aelle. Son visage avait repris une expression joyeuse, un soupçon d’espièglerie dans le regard.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

27 nov. 2021, 17:56
À elle…  PV : Aelle Bristyle 
Je suis perdue en observant Gabryel Fleurdelys. Il s'agite, un sourire immense aux lèvres, une joie si palpable qu'elle m'atteint physiquement, qu'elle me secoue, qu'elle me trouble. Chez certaines personnes, les émotions sont discrètes. Pas chez Fleurdelys. Quand il ressent quelque chose, tout le monde est au courant. Nul besoin de réfléchir, de se poser mille questions. Il est heureux, c'est flagrant ; il est en colère, plus encore ; triste ? ça vous renverse le coeur avec bien trop de force pour que vous l'ignoriez. Ce gars-là ressent avec une telle sincérité qu'il donne envie de lui faire confiance. Après tout, c'est facile de faire confiance à une personne qui ne cache pas ce qu'elle ressent, n'est-ce pas ? Je prends soudainement conscience qu'un monde nous sépare tous les deux. Un monde si grand, si sombre, si étendu que je prends peur.

Cela ne dure pas.
Je cligne des yeux, me concentre sur ce qu'il dit et la peur de le perdre disparaît.

Je me penche en avant pour regarder le plan maladroitement griffonné par l'enfant. Il a beau dire qu'il dessine mal, moi je ne le trouve pas trop mauvais ce dessin — disons que je devine aisément de quoi il s'agit, surtout après que le garçon m'ait expliqué ce que c'était. Un moulin. Qui donc songe à construire un moulin sur son temps libre ? En temps normal, je me serais moquée de cette idée à la moldue : c'est seulement les idiots et les incompétents qui perdent leur temps de cette façon. Mais comme c'est Fleurdelys, c'est différent. C'est toujours différent avec lui. Ce qu'il fait ne parait jamais idiot, au contraire. C'est toujours justifié. C'est lui. C'est logique, Cela fait partie de sa façon d'être, de son caractère. Ce qui à mes yeux peut paraître complètement débile chez les autres est banal chez Gabryel Fleurdelys. J'ai un peu honte de m'en rendre compte. C'est assez étrange de considérer ce garçon différemment des autres, cela me mène à croire qu'il n'en est justement plus un, d'Autre — est-ce le cas ? Bah, je n'ai pas envie de m'entraver avec ces pensées.

Je ne manque pas une miette de ce qu'il me raconte. Plus efficace que la magie sur le long terme, n'est-ce pas ? Peut-être mais la magie reste la meilleure façon d'attendre un but, quel qu'il soit. Mieux vaut lancer un sortilège régulièrement que de passer des heures à construire quelque chose, non ? Le père de Fleurdelys n'est semble-t-il pas du même avis que moi, tout comme son fils. Je me contente d'afficher mon désaccord en haussant les sourcils.

Je pose un regard circonspect sur le garçon. Et maintenant, il barbote même dans l'eau...

« Je sais lancer un Impervius, tu sais, dis-je au garçon. On séchera rapidement. »

J'ôte bottines et chaussettes, abandonne le tout derrière moi et entre dans l'eau, baguette en main. Je me sens terriblement idiote ainsi, le pire étant que je ne sais absolument pas ce que je suis censée faire et que l'idée de laisser Fleurdelys me donner des directives pour que nous construisons son moulin me déplaît fortement. Je jette un coup d'œil à son plan puis à ses petits morceaux de bois, je fais tourner ma baguette entre mes doigts, ne sachant que faire de mon corps, avant de me souvenir de ses dernières paroles. Chercher l'endroit où le courant est le plus fort... Je me penche légèrement, tourne le regard à droite et à gauche, repère un endroit et le désigne du bout du doigt au Gryffondor.

« Là, ça conviendrait ? » Je me reprends instantanément : « Ça conviendra, » affirmé-je, bien décidé à ne pas laisser Fleurdelys tout diriger.

Ce n'est pas parce que je ne m'y connais pas en moulin que je dois m'écraser, nom de Merlin. Et je dois bien avouer que c'est rassurant de faire comme si je savais ce que je faisais. Même si c'est seulement comme si.

Mon regard s'accroche au garçon. Mon coeur pulse lentement contre ma cage thoracique. Bordel, je suis pieds nus dans le lac en train de construire un moulin, qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Qu'est-ce qui ne va pas chez moi, pourquoi suis-je en train de prendre plaisir à cette activité manuelle complètement idiote ? Troublé, mon regard s'enfuit loin de celui du garçon, ses billes bleus étant décidément trop brillantes. Je remarque, là, dépassant de son pantalon, le bout de sa baguette. Je fronce les sourcils en me souvenant de ce que j'ai pensé lorsqu'il l'a fourré dans sa poche arrière.

« Fleurdelys, enlève cette baguette de ta poche. Tu veux sérieusement perdre un bout d'fesse ? »

*Merde*. Je rougis du mot employé, comme une gamine pourrait rougir en prononçant ses premières injures, et baisse le regard sur ma propre baguette, feignant un désintérêt que je suis loin de ressentir. J'aurais mieux fait de tenir ma langue, tiens. Mais je n'ai pas pu résister, cette scène me rappelle lorsque Papa reprochait à Narym de ranger de la même façon sa baguette magique.

« C'est arrivé à mon grand frère alors fais gaffe, marmonné-je du bout des lèvres en me détournant. Bon alors, c'moulin. Je comprends pas trop l'intérêt mais enfin bon, ça passera le temps. »

Un ton froid, distant, habituel. Parfait. Tout est sous contrôle. Ne surtout pas se laisser aller, surtout pas avec lui. Être comme je suis toujours pour ne pas être dépassée par la situation. C'est comme cela que je dois être avec Fleurdelys, sinon je commence à agir étrangement. À agir trop naturellement. Ou trop peu naturellement ? Je ne sais pas bien où est la limite entre le naturel et son contraire. Je me contente d'être, voilà tout. Et pour être, je dois être distante, c'est logique.

Toutes mes excuses pour ce retard ! En cadeau, une Aelle rougissante et presque mignonne. Seulement presque, sinon ce ne serait pas marrant.

24 févr. 2022, 13:30
À elle…  PV : Aelle Bristyle 
L’Ecossais sourit davantage en observant Aelle jeter ses bottines et ses chaussettes sur la berge, et s’aventurer dans le lac. Il était sûr qu’elle relèverait le défi sans se soucier d’être mouillée, décoiffée, ou d’avoir froid. S’il la trouvait toujours très jolie, il ne pouvait, à cet instant, ne pas être subjugué par sa beauté naturelle. Sa peau de lait se reflétait sur l’onde joyeuse de l’étang, et le vent caressait son visage déterminé, éparpillant au passage sur son front quelques mèches de ses cheveux. Une fugace pensée traversa son esprit : Il aimerait tant tenir la fine taille de son amie entre ses mains, et la faire danser.

Il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprits. Mouillé jusqu’à la taille, il se dirigea vers l’endroit désigné par Aelle pour installer le petit moulin. Un vaste lit, composé de larges feuilles issues de plantes aquatiques pointant hors de l'eau, s'étalait à la surface du lac, dont le courant formait, sur l’étendue compacte, de petits affluents, comme de minuscules rivières. Ces longues tiges de flore sous-marine, abritant ainsi une sorte de bas-fond, seraient idéales pour installer l’égrugeoir imaginé par le petit sorcier. Après la remarque de sa camarade, l’enfant saisit sa baguette rangée dans la poche arrière de son pantalon, et la cala entre ses dents, tout affairé à fixer ensuite les pièces de son moulin, stabilisées à l’abri des Massettes et du Cyperus.

- Che chais pas toi, mais cha me chemble l’engroit iguéal…

Le Gryffon plaça ses mains devant lui, et imbriqua les morceaux de bois sans précipitation, afin que sa camarade puisse reproduire les mêmes gestes que lui, avec les éléments en sa possession. Sa baguette bloquée dans la mâchoire, il installa sur l'eau la base de sa création, auquel s’ajouterait la roue en kit que tenait Aelle. Il ne resterait ensuite plus qu'à bien positionner le tout contre les feuilles, afin que le moulin miniature ne soit pas emporté par le courant. La nature ferait le reste, et le tout se mettrait en état de marche, sous l'impulsion de la vanne principale.

- Ku accroches enchuite ka roue chur che chupport…

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

14 mars 2022, 10:42
À elle…  PV : Aelle Bristyle 
L'horreur modifie les traits de mon visage lorsque les dents du jeune Gryffondor se referment sur le bois de sa baguette magique. Je ne sais pas ce qui me déplaît le plus : voir ce morceau de bois dépasser de la poche arrière de son pantalon ou qu'il soit ainsi enfermé entre l'étau de ses dents. Je le préviens qu'il risque de perdre un partie de son arrière train et que fait-il ? Il préfère risquer d'abîmer sa mâchoire ! Son inconscience me fait serrer nerveusement les poings et je contiens mon envie de me jeter sur lui pour arracher son arme de son terrible et incongru emplacement. Je ne peux cependant pas lutter contre les images qui s'invitent dans mon esprit. C'est un Fleurdelys défiguré qui désormais m’apparaît, la mâchoire sanguinolente, un trou béant à la place de sa joue gauche... L'accompagnent un certain nombre d'autres visions déconcertantes qui me font brièvement froncer les sourcils et qui me nouent le ventre. Pour la toute première fois je prends conscience, en avisant ce faciès accidenté et surtout imaginé, de la beauté du garçon ; je n'en fomente qu'une envie plus grande de le secouer rudement : écoute ce que je te dis et garde cette fichue baguette dans ta main !

Les mâchoires vrillées par une soudaine colère et surtout une vive frustration de ne pas être écoutée, je détourne le regard et observe la ligne de l'horizon et les sillons que tracent le vent sur la surface de lac. Je prends une inspiration profonde. Une seconde plus tard, je ramène les yeux sur ce garçon qui, par son innocence, est capable de me faire ressentir autant de frustration que de bonheur. *'M'insupporte...*. Cette pensée aurait plus de poids si seulement elle était sincère.

Mon soupir laborieusement retenu derrière la barrière de mes lèvres, il me faut bien l'approcher pour observer son affaire composée de bouts de bois qui portent des noms que j'ai la honte de n'avoir jamais vu ou lu ailleurs. Plus patient que ne le destinent à l'être les couleurs qu'il porte sur ses uniformes, Gabryel Fleurdelys assemble comme un Moldu les morceaux de son moulin moldu. Elle est bien belle la sorcière d'excellence en cette charmante compagnie ! Aussitôt après s'être présentée cette pensée se distille parmi des centaines d'autres ; toutes se réjouissent, en parfaites contraires de leur homologue, de ma présence ici et de cette fameuse compagnie que je n'aurais échangé pour rien au monde. Et me voilà donc à reproduire les gestes du garçon en suivant ses instructions silencieuses.

Comme lui, je patauge dans l'eau. Le bas de ma robe de sorcière s'alourdit considérablement. La morsure du froid est plus surprenante que ce que je pensais. Je dégaine ma baguette et la pointe d'abord sur moi puis en direction de mon camarade en prononçant le sortilège adéquat pour nous préserver de l'humidité.

Ma création en main, étrangement fière d'être parvenue à ce résultat, je patauge dans la direction de Fleurdelys, les bras écartés pour m'assurer un certain équilibre, afin de placer sa fameuse roue sur le support qu'il m'indique. Je m'accroupis à ses côtés, tout près de lui, plus par nécessité que réelle envie.

« Comme ça ? » murmuré-je à son intention, peu sûre quant à la bonne démarche de cette dernière étape.

La mine sérieuse, je me penche et me repositionne pour ne pas être déstabilisée par l'eau et le courant. Mon coude effleure sa jambe ; je coule un regard dans sa direction et marmonne un « pardon » gêné avant d'emprisonner ma lèvre entre mes dents dans une vaine tentative d'apaiser l'émoi qui fait frissonner mon cœur. Il me rappelle les étranges sensations que je ressens souvent lorsque je suis en compagnie d'une certaine Thalia Gil'Sayan — les moments où la proximité nous permet de nous effleurer moi et elle ne sont-ils pas rares ? Si, songé-je, et en parfait reflet de ces pensées remontent les souvenirs du baiser que nous avons échangé.

Que de songes parasites brouillant la surface de mon esprit ! Je les chasse en me concentrant sur ce qui se passe entre mes mains. Une roue en bois, de l'eau. La météo capricieuse de l’Écosse finira par venir à bout de cette fragile construction... Je pointe ma baguette à la jonction exacte où se rejoignent ma construction et celle du garçon. Je marmonne le sortilège de Glu.

« Maintenant ça a une chance de survivre à la prochaine tempête. Je reviendrai le renforcer de temps en temps. »

Je me redresse vaillamment en poussant sur mes jambes et observe le moulin de toute ma hauteur.

« Hum... Et donc, après ? »

Enfin mon regard charbonneux se dépose sur le pâle profil du garçon, profil si familier mais pourtant si déconcertant à redécouvrir à chaque fois. Il glisse sur la courbe rebondie de sa joue et butte sur les collines de ses lèvres avant de remonter quémander la rencontre avec ses yeux.

Que j'aime écrire les innocents émois d'Aelle ! Elle est incapable de les comprendre ou de les associer à ton cher protégé et nous deux savons qu'elle n'en sera pas davantage capable les prochains mois, la prochaine année... Tu m'inspires des mots poètes et de la tendresse, comme toujours ; merci !

23 mars 2022, 13:47
À elle…  PV : Aelle Bristyle 
Tandis que passent quelques minutes durant lesquelles les deux jeunes sorciers finalisent le montage de leur roue à eau, Gabryel sentit que la notion du temps commençait à lui échapper. Il ne parvenait plus à défaire ses yeux d’Aelle. Il lui semblait presque irréel de partager avec elle ce moment à patauger dans la vase, de l’eau jusqu’à la taille, malgré la fraicheur du vent, l’inconfort et l’instabilité des hautes herbes aquatiques. Aelle avait accepté de se lancer pleinement et sans contrepartie dans cette activité. Il savait que la jeune fille n’était pas spécialement dans son élément : Construire un objet en bois, sans utilisation de magie, relevait d’avantage d’un passe-temps moldu. Elle préférait surement s’entrainer sur des sortilèges, plutôt que de barboter. Il se sentait à la fois privilégié d’être en sa compagnie, et ému de penser que la Poufsouffle avait choisi de passer du temps avec lui, dans son petit monde. Aelle avait cette faculté de pénétrer sans plus de questions dans son univers et son imagination, et toujours avec une petite moue réprobatrice qu’il adorait. Lorsque le bras de la demoiselle effleura le sien, un frisson parcourut tout son être, comme le jour où il s’était aventuré à lui caresser la main. Gabryel savait depuis longtemps que sa peau et celle de sa camarade s’appelaient inconsciemment, sans se l’avouer. Une alchimie silencieuse s’opérait entre ces deux adolescents, qui ne s’illustrait par aucun mot, et que ni l’un ni l’autre n’étaient en mesure de verbaliser.

Entrainant avec elle l’eau du lac, la roue du petit moulin se mit à tournoyer sous l’effet de la force hydrofuge. Gabryel était aux anges.

- Et donc, après ?

L’Ecossais posa les yeux sur Aelle. Son regard surprit le sien. Le garçon se frotta le bout du nez, comme à chaque fois qu’il vivait un instant qui le mettait un peu mal à l’aise. Il observa le visage de sa camarade. Quelques gouttes d’eau avaient trouvé refuge sur le front de la sorcière, sans savoir qu’elles venaient de mettre fin à leur existence liquide. Quelle exquise fin de vie, de sécher paisiblement sur la douce peau d’Aelle. Instinctivement, avec délicatesse Gabryel, repoussa de son index quelques cheveux échoués sur les lèvres de son amie, puis gratta à nouveau le bout de son propre nez. Ses traits prirent, malgré lui, une expression solennelle teintée de gêne, le bleu de son iris soudainement plus profond que l’instant précédent.

- Merci pour tttout ça… (Silence) Je voulais savoir… Tu viendrais au bbbal d'Halloween avec moi ?

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C'est un plaisir toujours partagé. Si Gabryel tremble un peu, j'espère qu'Aelle ne se moquera pas de lui...

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

05 avr. 2022, 11:49
À elle…  PV : Aelle Bristyle 
Après… Il aurait mieux fallut qu’il n’y ait pas d’après.

Il suffit d'un geste pour que s'évapore la quiétude du moment. Je suis certaine de l'innocence de l'acte puisque Fleurdelys est son investigateur, pourtant ma réaction est disproportionnée. Une véritable tempête se lève dans mon coeur, mes tripes protestent violemment en se nouant et ma peau se recouvre de mille frissons si soudains qu'ils en sont douloureux. Une dizaine d'images défile à toute allure dans mon esprit ; dans plus de la moitié d'entre elles, le Gryffondor se retrouve victime de ma magie. Ou de mon poing, au choix. J'en perds même mon souffle, complètement ahurie par l'attaque naïve du garçon. Parce que oui, il s'agit belle et bien d'une attaque et c'est acculée que je me sens désormais, forcée d'avoir subit un contact que je ne souhaitais pas. Comment peut-il encore oser ce genre de choses alors qu'il me connait depuis plusieurs mois ? N'est-il pas écrit quelque part sur mon visage, sur mon corps, dans mon caractère que je ne souhaite pas être approchée ? Je pensais cela évident mais il semblerait que ce ne soit pas le cas.

Victime de cette tempête intérieure, on aurait pu croire que mon corps réagirait instantanément mais c'est tout le contraire qui arrive. Tétanisée de la tête au pied, je ne bouge pas d'une once, ni pour instaurer une certaine distance entre lui et moi ni pour le frapper. Rien ne bouge, pas même mon visage pour exprimer la colère froide qui sourde dans mon cœur. Peut-être est-ce sa demande qui me fige de la sorte... Il me faut un certain temps pour que les mots s'assemblent dans ma tête et que la phrase fasse sens. Le bal. Reviennent à la charge les souvenirs liés à toutes les discussions que je m'efforce de fuir depuis l'annonce dudit bal pour fêter le jour des morts. Mais lui... Maintenant ? Fleurdelys ? Ici ?

Et tout à coup, tout s'emboite. Le Gryffondor, son geste, sa demande. Une pensée très rationnelle, la première depuis plusieurs secondes, se dépose naturellement dans mon esprit et résonne très clairement à l'intérieur de ma tête : *c'est avec moi qu'il veut y aller*. La pensée demeure très claire avant que ne vienne l'obscurcir la masse brouillonne de ses consœurs. En l'espace d'un claquement de doigt, l'évidence se transforme en doute. Pourquoi me demander à moi ? Qu'a-t-il derrière la tête ? Se moque-t-il ? A-t-il pitié ? Quelles sont ses intentions ? Il n'a pas compris que ça ne m'intéressait pas ? Et le doute se fait rancœur : il ne me connait pas tant que ça, il ne me comprend pas, il agit bizarrement, il a un problème avec moi, j'en étais sûre de toute façon qu'il finirait par être comme tous les autres.

Peu à peu, l'évidence perd de son évidence, se fait grignoter par le doute et la méfiance ; mes pensées peinent à rester stables. Tout se mélange. J'en perds la tête.

Enfin, mon corps se souvient qu'il sait bouger.

D'un mouvement sec, je me détourne, les lèvres resserrées en une ligne si fine qu'elle en devient presque invisible. Mon cœur frappe contre mes cotes.

« Non. »

Mon ton est si tranchant qu'il lézarde mon âme.

« Je vais pas au bal. »

Ce n'est pas un mensonge. Ce soir-là, je serai avec Zikomo et Thalia. Nous nous goinfrerons de sucreries en parcourant les couloirs obscurs et poussiéreux. Je le sais, c'est moi qui ai prévu ce programme.

Je patauge dans l'eau jusqu'à regagner la rive. Je retrouve la terre ferme avec soulagement. Dommage que mon cœur ne puisse s'équilibrer aussi facilement que le font mes jambes sur ce sol plus stable que la vase qui tapisse le lac noir. Deux trois images tanguent dans mon esprit. Je me demande ce que ce serait d'aller au bal avec lui. Me proposerait-il de danser ? Mon esprit se marre, Gabryel Fleurdelys est tombé sur la tête. A moins, qu'ivre d'innocence, il ait réellement pensé possible que je puisse l'accompagner.