Le grand jour était enfin arrivé. Nous étions le 1er Septembre, et Alyssa Wright entrait pour la première fois à l'école de sorcellerie Poudlard. Celle-ci s'était réveillée avant les aurores, bien incapable de fermer l'œil une seconde de plus. Après avoir fait les 100 pas dans sa chambre, elle avait à peine résisté à la tentation d'ouvrir sa valise -préparée avec soin par sa mère la veille, pour s'occuper un peu. Sarah-Lee Wright devait bien la connaître, car la petite fille s'était acharnée sur un cadenas indéverrouillable.

Quelques heures étaient passées, la jeune fille était à l'entrée de la Gare King's Cross, encadrée par ses parents. L'excitation avait fait place à une sourde inquiétude, s'insinuant sournoisement dans la tête d'une Alyssa d'habitude détendue. Ils n'étaient guère en avance, malgré toutes leurs précautions, il y avait toujours une raison de faire demi-tour, et de foncer tête baissée dans la maison pour attraper un carnet, du papier à lettres, ou la peluche porte-bonheur d'Alyssa.

La famille se dépêcha d'arriver jusqu'au fameux mur, situé pile entre le quai 9 et le quai 10. Le billet coincé dans l'une de ses mains poussant le chariot, Alyssa courut contre la barrière avant d'avoir davantage peur. En en ressortant, elle fut enveloppée par un épais panache de fumée, menant à un spectacle bien plus réel que dans ses rêves. L'ambiance était tantôt joyeuse, tantôt émouvante. Des parents serraient dans leurs bras leurs enfants, et il était difficile de dire de qui avait le plus les larmes aux yeux.

Ils rencontrèrent alors, comme c'était programmé, l'oncle et la tante d'Alyssa, ainsi que sa cousine, Winter Wright. Cette dernière était au moins tout aussi stressée qu'Alyssa et elles n'échangèrent guère un mot tandis que leurs pères chargeaient leurs valises dans le train. Les aurevoirs furent plus courts que ce qu'Alyssa aurait voulu, et ils furent vite rappelés à l'ordre par le coup de sifflet du train. Après avoir étreint une dernière fois sa mère et échangé une petite blague avec son père -avec des tremolos dans la voix, la fillette monta enfin dans leur compartiment resté miraculeusement vide avec sa cousine.

Plus tard, après quelques discussions ne cessant de tourner autour de la Répartition, Alyssa sortit dans le couloir pour aller aux toilettes. En en ressortant, après avoir évité de nombreux étudiants qui étaient pour le moins excités, la jeune fille ne trouvait plus le compartiment où demeurait encore sa cousine.

Rasant le couloir dans les deux sens, perdue, Alyssa entendit alors un tintement.

— Quiiii veut quelque choooose ?, répétait une voix chevrotante et enjouée.

La jeune sorcière fit volteface et aperçut alors le chariot de friandises, précédée par Madame Réglisse. Un large sourire éclaira alors son visage, et tout en évitant de justesse un Serdaigle la dominant d’une bonne tête, la petite fille se fraya un passage jusqu’à son nouveau but.

Elle regarda avec gourmandise les tas de friandises débordant du chariot de Madame Réglisse. Cette dernière s’adressa à elle :

— Que souhaites-tu ma petite ?

Les bonbons étaient son domaine, Alyssa voulait pour ainsi dire tout prendre. Se souvenant de la petite bourse que lui avait donné sa mère la veille au soir « Pour le train », elle déclara d'une voix assurée :

— Je voudrais l'assortiment varié, s'il vous plait.

Celui-ci, composé de dragées surprise de Bertie Crochue, de ballongommes, de fondants du chaudron, de chocogrenouilles, patacitrouilles, de jus de citrouille et de baguettes magiques de réglisse, était juste parfait pour elle.

— Très bien, cela fera 11 Mornilles et 7 Noises.

Alyssa, toute heureuse, farfouilla dans sa poche de son jean et... Ne rencontra que du vide. Fronçant les sourcils, elle examina ses autres poches, sans trouver la précieuse bourse en cuir. Désemparée, toute confiance en elle évaporée, elle bafouilla :

— Heu, excusez-moi, je vais trouver...

Elle replongea ses mains dans ses poches, vérifia dans sa veste mais toujours rien. Elle se remémorait pourtant bien sa mère lui donnant la bourse, tout en lui disant « Surtout tu la ranges de suite ! » Qu'avait-elle pu bien en faire... ? La mâchoire serrée, la petite fille se rappela alors avoir posé la fameuse bourse sur son bureau, se disant qu'elle la rangerait plus tard.

Et plus tard, elle avait oublié.

Dans sa détresse à chercher son argent, la jeune fille se fit pousser sans pouvoir opposer de résistance. Elle releva la tête, surprise, les joues empourprées, pour voir une fille semblant être de son âge la doubler. Et qui en plus demandait à Madame Réglisse exactement ce qu'Alyssa voulait !

Voyant ses bonbons s'envoler, Alyssa voulut dire quelque chose, lorsque l'inconnue la regarda :

— Merci. On partage? C'est beaucoup trop pour moi.

Le visage d'Alyssa se renfrogna légèrement, ne sachant pas si la jeune fille la provoquait ou faisait uniquement un acte de gentillesse désintéressé. Elle lutta avec son esprit quelques instants, et après un rapide bilan mental elle décida de finalement emboîter le pas de l'inconnue, en saluant rapidement Madame Réglisse. Après tout, elle était perdue dans un train bondé et avait très faim de bonbons. Et peut-être que cette fille était simplement très gentille. Elle n'avait donc pas grand chose à perdre.

Alyssa arriva donc dans le compartiment de l'inconnue, et s'assit avec prudence en face d'elle, sans se priver de la fixer. Cette dernière avait de long cheveux blonds et des yeux bleus, elle paraissait sûre d'elle, mais semblait néanmoins avoir le même âge qu'Alyssa.

Elle décida de s'éclaircir sur ce dernier point :

— Alors, heu... C'est ta première rentrée à toi aussi ?

Alyssa se sentit à son tour examinée par l'inconnue. Elle se tortilla légèrement, encore un peu embarrassée par l'épisode du chariot. La jeune fille lui donna alors quelques bonbons, que la blondinette accepta avec reconnaissance. Néanmoins, elle se retint d'y toucher trop vite, une légère méfiance subsistait en elle.

En voyant alors également la chocogrenouille s'échapper du paquet entre les doigts de l'inconnue, Alyssa ne put retenir un gloussement. Elle se tordit le cou pour voir quel personnage figurait sur la carte, lorsque celui-ci disparut, et dans un sourire la jeune fille en face d'elle eut un doux commentaire.

Elle semblait comme parler à elle même, sa réflexion donna l'impression à Alyssa que cette fille découvrait encore la magie. Cette réaction fit fondre la méfiance que la jeune fille gardait encore en elle. La blondinette était plongée depuis la naissance dans la magie et ne s'émerveillait plus très souvent devant ces phénomènes fantastiques, bien trop habituée -en même temps elle n'avait pas un caractère très posé.

L'inconnue la regarda alors, et répondit à la question d'Alyssa de manière affirmative.

Alyssa ne s'était donc pas trompée, cette fille aussi entrait en première année. Tant mieux, la blondinette avait bien envie de rencontrer d'autres personnes dans ce cas. Elle regarda la jeune fille aux cheveux longs prendre un autre bonbon, ne semblant finalement pas si sûre d'elle. Il y eut comme un léger moment de flottement.

Finalement, l'inconnue reprit la parole :

— Moi c'est Stacy et toi?

Stacy, car tel était donc son nom, avait prononcé ces mots comme si elle s'adressait à une vieille amie. Elle se mit à manger, de manière un peu contradictoire, doucement son bonbon, tout en laissant son regard promener vers le couloir. Pour Alyssa, cette fille ne semblait finalement vraiment pas moqueuse, et en plus elle lui avait donné des bonbons.

Alyssa fit alors un large sourire, comme à chaque fois qu'elle se présentait.

— Moi c'est Alyssa ! Enchantée. Et c'est aussi ma première rentrée...

Dans le même temps, elle osa enfin prendre un des bonbons que lui avait donné Stacy. Un patacitrouille, dans lequel Alyssa mordit avidement. Ses doigts se retrouvèrent poisseux de sucre en un instant et, les joues un peu rosies, elle agita une de ses mains devant Stacy en disant dans un demi rire :

— Je t'aurais volontiers serré la main si je m'y étais mieux prise !

Elle l'interrogea ensuite d'un ton curieux :

— Tiens tu as eu qui sur ta carte de chocogrenouille ?

Dans un même temps, Alyssa chercha du regard la chocogrenouille disparue, mais son radar à bonbons ne semblait pas être de la partie pour le moment.