« Quand vous voulez, où vous voulez. Ne m’appelez pas Monsieur. Appelez-moi Aydan ». Et surtout, la main de l’homme qui était posée sur celle de l’élève. Et cette même élève qui tenait un bouquet à la main. Si on rajoutait à ça Paris, il en fallait peu à Joanne pour savoir faire 2 + 2. Elle vira au rouge. Passa devant Kelly qu’elle mit volontairement derrière elle, comme si l’enseignante cherchait à faire barrage de son corps.

« Et dire que je pensais que tu étais un professeur émérite ». La rage insufflait dans ses veines, faisait gonfler sa gorge. Joanne montra les crocs, pensant protéger l’élève du professeur et n’ayant aucune idée de ce qui s’était passé ici. « Tu n’es qu’une pourriture répugnante. Tu te retrouveras bien vite en dehors des murs du château lorsque Loewy apprendra ce que tu comptais faire avec ton élève ! N’as-tu pas honte ? »

Et justement, l’élève, n’avait-elle pas parlé de thé ? Joanne se retourna vers sa préfète pour lui faire face. « Croyez-vous vraiment que je pourrais ne rien dire face à des agissements aussi ignoble ? Il sera viré, il n’en mérite pas moins ». Le sang battait à ses tempes. Joanne voulait retrouver la directrice. Maintenant. Pour confronter le professeur de métamorphose qui comptait profiter de sa position pour abuser des jeunes élèves. « Pourquoi ne m’avez-vous rien dit ? Je vous aurais aidé ! ». Ce n’est pas parce qu’elles avaient eu des discussions houleuses que Joanne n’en restait pas moins une adulte prévenante. Surtout face à ce qu’elle pensait avoir vu.

Son cœur se brisa quand elle refusa de l’appeler Aydan, elle désirait maintenir une distance entre eux. La déception augmenta quand elle se leva pour quitter la pièce. Il la regarda s’éloigner alors que le voile brumeux qui entourait la jeune ville se dissipait. C’est là qu’il remarqua sa collègue. C’était de sa faute ! Il en était persuadé, si Kelly s’enfuyait de lui c’était parce qu’elle était là ! Il était en colère, voulait chasser la professeur de runes pour être tranquille avec Kelly. Il se leva pour assouvir son désir mais tituba quelques pas, il ressentait un léger vertige qu’il attribua à son geste brusque. Une perte de temps qui permis à la jeune femme de prendre la parole en première mais il n’en prêta pas attention de suite.

Ses idées étaient plus clairs, Kelly n’était plus son obsession, il entendait les cris de Joanne sans en comprendre leur signification. Les mots étaient durs, mais pourquoi disait-elle tout ça ?

- Joanne, je…

Le philtre n’agissait plus mais il n’avait pas conscience d’avoir été sous son effet. Il avait un léger mal de tête qui l’obligea à s’asseoir tout en détournant son attention des deux filles. Il avait sous les yeux la tasse de thé que lui avait apporté Kelly. Pris d’un doute il renifla le liquide encore présent au fond de celle-ci et sentit les différentes odeurs qui lui plaisaient tant. Il n’en avait bu qu’une petite gorgée, heureusement. Le philtre n’avait eu effet que 2 petites minutes mais dans un timing plus que mauvais.

Il releva la tête et vit Joanne en plein échange avec la jeune préfète, elle ne savait pas bien évidemment. Et heureusement pour Kelly, Aydan hésita un instant comment agir. Il aurait rit de la situation si ce n’était pas aussi dramatique, si cela été resté qu’entre Kelly et lui, il lui aurait fait la morale, informé des risques des philtres et de l’absurdité des semblants de sentiments qu’elle pouvait avoir pour lui. Après tout si elle avait voulu lui faire boire un philtre d’amour, ce devait être pour ça. Mais la situation était différente, Joanne avait vu une attitude déplacée sans comprendre qu’elle était le fruit d’une potion, elle serait moins clémente. Peut-être qu’avec une bonne discussion il arriverait à la convaincre de laisser couler sans trop punir la Serpentard. Mais il devait éloigner celle-ci sinon elle serait sûrement hors de Poudlard dans la seconde qui suivra les explications d’Aydan. Il se leva, sans tituber cette fois et s’avança calmement, la tasse de thé entre ses mains.

-Miss Fullbuster ! Voulez-vous bien sortir s’il vous plaît ! Il avait le visage autoritaire, et avait mis la tasse en évidence, collée sur sa poitrine. Si elle était aussi intelligente qu’il le pensait, elle saisirait le message qu’il avait compris la situation. Joanne je t’en pris laisse moi t’expliquer, je t’assure que ce n’est pas ce que tu crois !

La phrase bateau que tout homme en faute sort, mais pour le coup elle ne pouvait être plus vrai.

CATASTROPHE ! Rien ne se déroulait comme prévu... Moi qui voulais simplement passer une après-midi agréable en compagnie de mon merveilleux professeure de métamorphose voilà que ma directrice de maison prend ma défense... Dingue. C'était complètement fou, je ne pensais pas qu'elle m'aimait autant mais l'heure n'était plus au rêverie, je devais fuir et vite. Elle se plaça devant moi comme pour faire barrage avec son corps.

J'avais déjà commencé à tourner les talons lorsque le professeur de métamorphose se leva d'un bond pour s'avancer jusqu'à Miss Taylor. Est ce qu'il allait lui tirer les cheveux ? Je me tournais pour voir la scène en bonne curieuse. Mon regard s'arrêta net sur la tasse que je lui avais offerte, il la tenait entre ses mains. Puis, elle me demanda de sortir sans plus attendre. Mon coeur était bien trop faible fasse à cette scène de mon professeur tenant ma tasse.

Puis, tirant sur la manche de ma directrice de maison comme un enfant de 4 ans aurait pu le faire, j'avais décidé de ne pas le laisser seul face à ce démon.

- Miss vous vous trompez Monsieur Lynch n'est pas coupable ! IL EST GENTIL ! C'est juste que je voulais qu'il soit gentil qu'avec moi.... Alors j'ai peut être, malencontreusement, utilisé un tout petit peu de filtre d'amour pour arriver à mes fins... Dis-je de plus en plus doucement en espérant qu'elle n'entende pas vraiment la vérité que je venais d'avouer.

Et j'aurais réussi mon coup si elle n'était pas arrivée avant qu'il ne termine sa tasse. A cause de cet incident j'allais surement avoir de gros problèmes... J'espérais juste qu'elle n'allait pas m'obliger à être son elfe de maison. Ca serait trop affreux.

La rage battait aux tempes de Joanne, un rythme singulier, digne des plus belles chansons de Queen. Elle avait des mots violents dans la bouche, tous à destination de son collègue. Quel homme serein d’esprit irait faire ça ? Joanne voulait lui coller son poing dans la bouche. Le faire taire. Il renvoyait la gamine dans les cordes, voulant l’éloigner de sa directrice – comme si l’éventuelle fuite de sa préfète pouvait éloigner la vérité. Elle fulminait.

Et puis, soudainement, alors que le regard de l’enseignante était rivé sur son collègue sur lequel elle était prête à sauter à la gorge, quelque chose tira sur sa manche. Ou plutôt, quelqu’un. Les éclairs que lançaient les yeux de Joanne atterrirent donc sur sa jeune préfète. Mais plus celle-ci parlait, plus le son de sa voix semblait s’éteindre jusqu’à ce que Joanne attrape quelque mot au vol. « Philtre d’amour, philtre d’amour, philtre d'amour ». Ca résonnait dans sa tête et elle revoyait la scène qu’elle avait interrompue.

Pire, elle revoyait son collègue, cherchant à protéger la jeune fille de son courroux. S’il n’avait pas fait ce qu’elle pensait au début, il n’en était pas moins qu’il ne lui avait pas confié ce qui s’était passé. La trentenaire vit sa confiance en Lynch dégringoler comme neige au soleil. Mais pire encore.

« UN PHILTRE D’AMOUR ? Mais où est-ce que vous aviez la tête bon sang ? Pourquoi avoir fait ça ? Vous savez ce qu’encourait votre professeur pour toutes ses gentilles attentions ? Vous n’êtes qu’une gamine stupide !».

Les mots étaient hachés et la colère enflait encore et encore.

Bon là c'est sur qu'elle me déteste maintenant... Je cherche désespérément une solution pour me sortir de là mais je pense que je suis complètement fichue. Est-ce qu'elle est en colère car elle est amoureuse de mon professeur de métamorphose ? Peut être qu'elle est juste jalouse de moi. C'est vrai que j'ai des beaux cheveux.

Et voilà, elle me traite de gamine stupide. Mais qu'est ce qu'elle veut que je réponde à ça ? Je ne suis pas stupide, je suis juste folle de mon professeur. Il est si beau, si grand et si gentil... Enfin bon, pas le temps de rêvasser, ma directrice de maison attend des explications. Mais qu'est ce que je vais pouvoir lui dire ? Je suis à peu prêt sur que peu importe mon explication, elle ne conviendra pas à Miss Taylor.

- Je.. euh.. Enfin... Il est beau.

Merde. Ce n'était pas les mots que j'aurai du employer. C'est sur, maintenant, elle va me voir comme une rivale. Est-ce qu'elle va me renvoyer à cause de ça ? Après tout il ne s'est rien passé de grave. J'ai juste bu un peu de thé avec un professeur que j'apprécie. C'est sur que ça n'a pas du lui arriver souvent d'avoir des élèves qui lui offre un thé à cette professeure là, avec ses grands yeux bleus qui me foudroient sur place.

Après quelques minutes, je me souviens qu'il n'y a pas que Miss Taylor dans la salle, Mr Lynch aussi est présent et, il doit me détester à présent. Je le regarde en prenant la tête la plus mignonne que je puisse faire.

- Je m'excuse Monsieur...

Aydan pensait avoir fait le nécessaire pour gérer seul les foudres de sa collègue. C’était sans compter le courage, ou la bêtise, de Kelly. Cette dernière, plutôt que de fuir, prenait la défense de l’irlandais et avoua tout, c’est en tout cas ce que compris Aydan puisque de là où il était-il n’avait pas attendu ce qu’elle avait marmonné. Mais le cri de Joanne qui suivit ne laissait aucun doute, elle lui avait parlé du filtre.


Le professeur était figé, rien de ce qu’il pouvait dire ou faire ne pouvait sauver Kelly, et puis elle s’enfonçait toute seule avant d’enfin avoir des mots intelligents qui n’empiraient pas sa situation à défaut de l’améliorer, des excuses. Il avait un peu de peine pour elle, c’était pas grand-chose au fond, elle avait mis tout juste de quoi l’envouter quelques minutes. Peut-être était-il trop compatissant, il avait perdu un peu confiance en la rouquine mais il voyait ça comme une bêtise adolescente sans conséquence, qui n’a jamais eu un béguin pour un de ses professeurs après tout ? Certes, il n’aurait jamais eu la perfidie d’utiliser un philtre pour arriver à ses fins. Même si ça avait été, comme ici, un philtre de faible qualité, sûrement acheté chez Weasley ou Zonko. Mais ça Kelly n’en savait rien, elle aurait agi de la même façon avec un philtre préparé par Magdaléna. Aydan en avait conscience, mais il se serait contenté de faire la morale à la jeune fille, lui enlever quelques points et en serait quitte avec la culpabilité qu’elle aurait. Là, il savait qu’elle aurait pire que ça et s’il tentait de minimiser la chose devant Joanne, elle ne se priverait pas de le remettre en place. Il se décida à prendre la parole,

- J’espère que vous avez conscience des risques que tout ça représente ? Mal dosé les philtres peuvent être très dangereux, et qu’est-ce que vous auriez fait si j’avais essayé de vous embrasser ? Ou même pire pensa-t’il. Il enchaîna sans laisser le temps de répondre à Kelly, craignant qu’elle empire la situation. Vous n’allez pas vous en sortir avec de simples excuses vous vous en doutez. Vous feriez mieux de sortir pour nous laisser, votre directrice de maison et moi, discuter de votre sanction. Attendez-nous dans le couloir, et n’en profitez pas pour aller vous cacher, ça ne vous aidera pas !

Si il devait être en désaccord avec sa collègue, il préférait qu’aucun élève, encore mois une qui attend sa sentence, soit témoin de l’échange.

DE SORTIR ? IL ÉTAIT BEAU ? Ok, Joanne voulait en étrangler un pour taper sur l’autre. Bien sur que si c’est possible. Elle lança un regard digne des plus grands regards noirs de l’histoire à son collègue et lui cracha un « Si tu cherches à la défendre, c’est vraiment peine perdue ». Croyait-il vraiment que la jeune fille s’en sortirait avec un simple rappel à l’ordre ? Mais où allait-on ainsi ? Joanne se sentait offusquée. Perturbée.

Elle se retourna vers l’élève, visa le badge de préfète, bien accroché sur sa poitrine. Un sourire carnassier prit place sur ses lèvres et, instinctivement, sa colère fut calmée. Apaisée. Ses doigts fins s’étendirent vers l’objet tant de son désir que de son courroux. Elle arracha le badge de la robe de la sorcière, le tint si fort contre la paume de sa main qu’elle sentit l’aiguille la perforer.

« Vous êtes relevée de vos fonctions de préfets pour manquement répété à votre rôle ». Et c’est tout, elle ne dit rien de plus. Sa voix était calme, posée, la colère ressentit quelques instants plutôt avait laissé place à une certaine béatitude. Kelly avait été trop loin. Ce n’était pas un exemple à suivre pour les autres élèves. Elle cherchait constamment à tout faire de travers comme si c’était son unique mission à Poudlard.

Mais tout ça, Joanne ne le dit pas. En s’approchant de la porte de la salle de classe. Elle lâcha, mollement, un « Je vous laisse-vous conter fleurette à présent ». Et avec le regard toujours noir, Joanne partit.

Fin du RP pour moi, merci !

‌Sa tentative était un échec, Joanne n’avait pas laissé un temps d’échange entre eux avant d’agir. Elle s’empara du badge de la jeune Serpentard et acta par la parole la sanction, elle n’était plus préfète. Joanne prit finalement congé laissant Aydan et Kelly seul dans la pièce. L’irlandais regagna son bureau, laissant un temps de silence. En plus des risques d’empoisonnement, Kelly aurait pu faire commettre des actes grave à Aydan, il était passé très près d’une exclusion de Poudlard, il avait perdu la confiance de sa collègue, l’addition était lourde pour la rouquine.

"- Je pense que vous pouvez vous estimer heureuse d’être encore à Poudlard. Vous faites également perdre 30 points à votre maison et serez en retenu chaque soir pour les 15 jours à venir. Je sais que vous ne pensiez pas à mal mais vous devez prendre conscience de tous les dangers auxquels vous m’avez soumis. "

Il griffonna un parchemin.

Kelly Fullbuster est en retenue 2h par soir pour les 15 prochains jours, je suis sûr qu’un peu d’aide ne vous ferrez pas de mal, je vous laisse le soin de lui trouver de quoi l’occuper.

Aydan

Il le tendit à la jeune fille.

"- Vous allez immédiatement apporter ça à Miss Flemming, elle vous dira ce qu’il en est pour ces 15 jours. Il prit une voix plus apaisée avant de la laisser partir. Vous êtes une élève intelligente, ne gâchez pas tout votre potentiel et votre avenir avec ce genre de bêtise. Je suis flatté de votre intérêt, mais Kelly… J’ai près de trois fois votre âge et je suis votre professeur… Il y a des garçons bien plus jeunes autour de vous qui méritent votre attention."