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30 sept. 2021, 10:11
 RP +   Solo  Tranche de vie
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Juillet 2046
Hors période scolaire
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Chapitre 01 : Nostalgie
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— Je ne me sens pas chez moi, ici.

Eugène sortit le nez de son manuel de métamorphose afin d'interroger d'un regard Cailealta — un portrait magique de son ancêtre — qui aborderait un air maussade. Voilà plusieurs jours qu'Eugène venait passer une heure ici, depuis qu'il avait découvert son existence. Cailealta en était ravis, elle qui était rester figé et muette pendant des siècles et des siècles. Malgré tout, elle se montrait peu bavarde et quand elle parlait, ce n'était pas pour rien.

— Comment ça, tu ne te sens pas chez toi ici ? demanda Eugène qui ferma son manuel.

Il donna toute son attention au portrait qui prit un temps de réflexion.

— Eh bien... J'ai toujours vécu au domaine et c'est là-bas que j'y repose, tu sais ? Ce n'est que récemment que mon portrait a été bougé. Quand tes parents ses sont marier, Ambroise à décider de leur léguer le domaine et lui ainsi que sa femme ont déménagé ici en m'emportant avec eux... mais malgré toutes ses années, je ne m'y sens pas comme chez moi.

Elle marqua une pause et ajouta précipitamment :

— Après, je n'ai pas à me plaindre ! Ambroise prend soin de ma veille toile, j'aurais pu finir dans un grenier à moisir ! Non, je suis chanceuse de ce côté-là...
— Mais le domaine vous-

Cailealta haussa d'un sourcil et Eugène — qui a encore du mal à la tutoyer —se corrigea :

— Euh, te manque ?
— C'est exacte... ma maison me manque.

Elle soupira doucement et regarda au loin.

— J'ai construit mes plus belles années de vie là-bas et j'ai vu tant de famille défiler au travers des âges. Si tu savais à quel point cette noble de maison est chargé d'histoire. Chacun de ses membres y est né et mort... tiens, par exemple, savais-tu quand durant les deux guerres mondiales, le domaine a servi de maison de convalescence pour les officiers blessés ?

Eugène secoua la tête et n'osa pas l'interrompre.

— C'est Fannie Harlow qui est à l'origine de l'initiative en 1916, puis en 1944, c'est Kenneth Harlow qui rouvre le domaine aux officiers blessés. Si tu savais toutes les histoires de fesses qu'il y a eues sur le moment... Cailealta en rit. Une ou deux servantes sont tombées sous le charme de ses beaux messiers en uniforme, je ne te raconte pas le scandale que cela avait créé aux seins des employés ! Le majordome du moment était furieux et a renvoyé ses pauvres filles.
— Mais pourquoi ? demanda Eugène.
— C'était une tout autre époque, mon enfant... la femme avait une place bien définie, elle devait se préserver pour le mariage, aux contraires de ses messieurs.

Elle renifla avec dédain.

— Alors, tu comprends, une servante qui tombe amoureuse d'un officier de surcroit et qui ose prendre du bon temps ! Ses hommes aimaient jouer les prudes, alors que la plupart n'étaient clairement pas mieux... et je pèse mes mots. Certains étaient abjects et d'autres étaient d'horrible pé-

Elle ne finit pas sa phrase et avisa Eugène qui était pendu à ses lèvres. Il attendait la suite, mais Cailealta secoua de la tête.

— Pardonne-moi, je me suis emporté, tu es trop jeune pour entendre toutes ses histoires.
— Mais-
— Non, mon garçon et tu as plus important à faire en plus. Tes révisions avancent bien ?
— Oui, se résigna Eugène. Je viens de finir le chapitre concernant la métamorphose d'insectes en théière.
— Parfait, serais-tu de tout me réciter sans regarder ton manuel ?
— Parfaitement !
— Bien, j'apprécie cet enthousiasme, tu deviendras un bon sorcier Eugène, j'en suis convaincu ! Dommage que ce... ce quoi déjà ? Ah oui, Conseil des Sorciers vous privent de vos baguettes... comment veulent-ils que vous vous améliorez en pratique si vous ne pouvez pas pratiquer ?
— C'est pour conserver le secret magique selon eux.
— Ce n'est pas en privant de baguette des enfants qu'ils vont le conserver, ce fameux secret magique ! J'aurais tout entendu ! Mais passons, nous aurons bon en parler, ça ne changera pas... je t'écoute, mon enfant.

Eugène passa l'heure qui suit à réciter son cours à Cailealta qui apporta quelques rectifications et des précisions. Quand ils eurent fini, Eugène s'empressa de ranger ses affaires et accourra en direction de la porte. Ses grands-parents n'allaient pas tarder à rentrer et il avait encore la vaisselle à faire. Avant de sortie, Eugène promit à Cailealta de la ramener au domaine avec lui quand ses vacances seront finies. La porte se ferma dans un bruit sourd et Cailealta murmura :

— Je te fais confiance, fils... il me tarde de revenir à la maison.
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"Dramaqueen à ses heures perdues avec Ella Davis"
4e année RP | Je parle en gras

06 oct. 2021, 13:02
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Juillet 2046
Hors période scolaire
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Chapitre 02 : Nuit d'été
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C'était un cauchemar récurant et qui, depuis des années maintenant, l'empêchait de dormir paisiblement. Éveillé, les sens en alerte, Eugène observait le plafond de sa chambre avec l'horrible sensation d'exploser d'une manière ou d'une autre. Il n'était pas bien, trempé de sueur et il tremblotait de mal-être. Un ensemble de pensées et de souvenirs se bousculait dans sa tête, ou s'ajoutait la rémanence de son mauvais rêve.

Un klaxon.
Un coup de frein.
Une série de cris stridents.
Du sang inondant la route.

Son réveil affichait une heure trente. La rue était encore éclairée par quelques lampadaires et des voitures passaient de temps en temps. Même à une heure aussi tardive, Dublin vivait encore. C'était une raison pour laquelle Eugène n'aimait pas vivre en ville. Il aimait vivre en toute solitude en campagne, coupé du monde et des autres en somme. Eugène quitta son lit et ouvra la fenêtre. Il mourrait de chaud et la légère brise de la nuit était la bienvenue. Ses yeux se tournèrent le ciel et bien qu'il soit découvert cette nuit, la pollution lumineuse empêchait de contempler la voûte habituellement tatouée d'étoiles et de constellation en tout genre.

Eugène referma la fenêtre et quitta sa chambre à pas de loup. Il traversa le couloir sans un bruit et poussa une porte qui menait à la bibliothèque privée de son grand-père, sans pour autant oser y rentrer. Cailealta dormait paisiblement à la lueur des lampadaires. Eugène ferma la porte. Il était hors de question de la réveiller. Il fila donc au rez-de-chaussée, puis dans la cuisine où il se fit chauffer une bonne tasse de lait qu'il aromatise avec deux cuillères de miel. Puis, Eugène vogua de pièce en pièce, porté par la curiosité et par l'envie de se changer les idées.

Les murs et leurs meubles étaient recouverts par d'innombrable babiole et de photos. Chaque cliché représentait des amis ou bien des membres de la famille. Certains étaient encore de ce monde et d'autres non. Eugène prit un cadre et observa sa grand-mère qui posait auprès d'une des matriarches de cette famille : Edith Murphy, arrière-grand-tante d'Eugène. Elle allait bientôt fêter ses cent ans d'ailleurs, elle qui avait vu le jour en 1946. Eugène la connaissait très peu et vice-versa. Ils se sont croisé en des rares occasions, comme des mariages ou des baptêmes.

En fait, mise à part sa famille proche, Eugène connaissait très le reste de ses cousins, grand-oncle et grand-tante et ainsi de suite. Il était difficile de s'en apercevoir, mais sa famille était si grande, si bien qu'Eugène ne fût pas le seul hérité du domaine Harlow... D'ailleurs, qui étaient-ils ? Il savait que Caleb pouvait prétendre à la succession si Eugène venait à se rétracter ou bien à mourir d'une manière ou d'une autre, mais mise à part son cousin, qui d'autres pouvaient prétendre à cet héritage ? Jusqu'ici, Eugène ne s'était jamais posé la question, car cette question d'héritage ne l'avait jamais intéressé. C'était son père qui gérait le domaine et la fortune, lui qui était porté-disparut depuis deux ans maintenant.

— Tu es encore debout, mon enfant ?

Eugène observa Pádraigín, sa grand-mère.

— J'ai fait un cauchemar...
— Toujours le même ? s'enquit-elle, peinée.

Eugène acquiesça et reposa le cadre à sa place.

— Dis mamie, je me demandais... si maman est aussi occupée en ce moment, c'est en rapport avec papa ?

Pádraigín vint frotter son bras et l'attira dans la cuisine où tout deux s'attablaient.

J'aimerais pouvoir t'expliquer, mais tu es trop jeune pour comprendre.
— Alors, c'est bien en rapport avec papa ?
— Plus ou moins, mais je ne pourrais pas t'en dire plus... tu n'as pas à t'inquiéter mon enfant.
— Mais... s'il ne revenait pas ?
— Everard est débrouillard, il est encore en vie et il va revenir, j'en suis persuadé. Pour ce qui est de ta mère, elle règle quelques détails en précaution. Aller mon garçon, finit cette tasse et retourne au lit.

Eugène s'exécuta et fini d'une traite sa boisson, avant de monter aussitôt dans sa chambre. Pádraigín déposa la tasse dans l'évier et retourna se coucher à son tour. Sur le chemin, elle s'arrêta devant un porter d'Everard qu'elle pointa de son doigt.

— Tu as intérêt de revenir vite à la maison, mon fils, tu inquiètes tout le monde et les rats commencent à profiter de ta disparition.

Puis, elle reprit sa route tout en maugréant :

— Voilà que cette pauvre Emily est obligée d'enchaîner les rendez-vous chez le notaire pour s'assurer que l'héritage soit protégé... quelle idée de partir en opérations sans même songé à faire un testament... mes pauvres enfants...
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"Dramaqueen à ses heures perdues avec Ella Davis"
4e année RP | Je parle en gras

14 janv. 2022, 21:14
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Juillet 2046
Hors période scolaire
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Chapitre 03 : ça résonne en moi
TW : ce poste en particulier risque de mettre certain.es mal à l'aise pour une raison ou une autre. Il est question d'un échange entre Eugène et sa psychiatre. Rien de crue ou de graphique n'est dite, mais vaut mieux prévenir !
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Eugène poussa l'imposante porte du cabinet psychiatrique où Eileen menait ses consultations S'était une veille bâtisse sur trois étages qui regroupait deux psychiatres et un médecin généraliste. Eugène s'empressa de monter les deux étages et pénétra dans la salle d'attente qui était vide. Il était huit heures, l'heure parfaite pour être tranquille. Il s'installa et avisa les environs. En huit ans, la décoration n'avait pas changé. Les meubles étaient d'époque. Deux fauteuils encadrés une table basse jonché de magazine et de livre pour enfant, tandis que le sol était jonché de jouet en tout genre. La fenêtre sans poignet donnée sur la rue principale qui était déjà animée. Les voitures et les passants faisaient un vacarme sans nom.

Eugène n'attendit pas longtemps. Eileen ouvrit la porte et sourit à son jeune patient qui quitta son siège d'un bond. Elle se retourna et échangea avec son interlocuteur quelques mots et ce dernier quitta le cabinet. La psychologue soupira et se tourna vers son jeune patient.

— Toujours à l'heure, commenta-t-elle. Rentre, j'ai quelques biscuit pour toi !

Eugène pénétra dans le bureau d'Eileen. L'endroit était spacieux, un peu plus meublé et décorée que la salle d'attente. La pièce était également insonorisée, tout ce qui se disait ici restait dans la plus grande confidentialité. Eugène s'assit, tout comme sa psychiatre qui lui tendit une assiette.

— Tiens, un petit gâteau.
— Merci beaucoup.

Eugène se servit un cookie.

— Alors... heureux d'être en vacances ? demanda la psychiatre.
— Oui, répondit Eugène. Je suis content de revoir maman et revenir à la maison.
— Quoi de neuf depuis la dernière fois ?
— Rien de nouveau à vrai dire.
— Bien, je remarque tout de fois que tu as une petite mine.
— J'ai mal dormi cette nuit...
— Un cauchemar ?

Eugène acquiesçait.

— Toujours le même, j'imagine ?
— À quelques détails près, oui.

Eileen nota tout ce qui se disait. Chaque mot avait son importance, chaque geste était analysé et chaque détail intéressant. Elle prenait note de toute la discussion pour ensuite faire une synthèse. Eugène reprit la parole pour donner un peu plus de détail sur ce cauchemar. Un klaxon. Un coup de frein. Une série de cris stridents. Du sang inondant la route. Eugène était là, écrasé par le bus. Il allait mourir.

Eileen devinait le désespoir du garçon. Encore la même histoire. Elle savait que cela n'allait pas s'estomper de si tôt. Eugène souffrait. Il souffrait depuis toujours. Une lutte interminable. Une lutte contre soi-même. Eileen posa son stylo, ainsi que son carnet et observa son jeune patient. Elle s'apprêtait à lui demander s'il avait quelque chose à ajouter, mais elle n'en fit rien. De son point de vue, Eugène semblait se concentrer sur sa respiration. Eileen n'osait pas le toucher. La psychiatre laissa le silence s'étendre quelques secondes, avant de se décider à le briser.

— Est-ce que ça va ? Globalement ?
— Bah... Je ne veux pas revenir dans ma nouvelle école.

Eileen l'avisa, avant de reprendre son carnet et son stylo.

— Pourquoi tu ne veux pas y revenir ?

Sa voix se faisait douce, basse.

— Parce que j'ai peur. De tout. Des autres.

La psychiatre n'avait pas besoin de détail pour comprendre. Le dossier d'Eugène en contenait de trop, si bien qu'elle sût de quoi il parlait. Les brimades. Le rejet. Le harcèlement. Son visage se referma.

— Je vois, articula Eileen. Tu en as parlé avec ta mère ?
— Non, je ne veux pas qu'elle le sache... je ne veux pas rajouter ça en plus de ses autres tourments.

Eugène respirait profondément et jouait nerveusement avec ses doigts, chose que nota Eileen.

— Eugène... ?
— Tout va bien, je ne vais pas faire de crise.

La petite brune regarda le garçon d'un air incertain. Autre chose le tracassait, elle en était sûre. Eugène avait autre chose. Un autre mal qui le rongeait. Elle le connaissait si bien.

— Dis-moi, il y a autre chose ?
— Non, non, répondit-il.

Mais Eileen savait. Il mentait. Pour autant, elle n'insistait pas, alors qu'Eugène baissait les yeux tout en se mordant la lèvre. Il aimerait pouvoir lui expliquer, rencontrer en détail ce qui le tourmente... Mais il ne pouvait pas se le permettre, car ça concernait le monde magique, Poudlard et ce qu'il était. Un sorcier. Il n'avait pas le choix, Eugène devait garder le secret magique. Il ne pouvait pas en être autrement. Seulement... Une chose l'affectait profondément. Beaucoup plus que ses cauchemars à l'heure actuelle. "Personne ne voudra de toi". Eugène respira fortement à l'entente de cette petite voix. Celle de Mcgowan. La peste, persifla sa petite voix. Eugène secoua lentement la tête. Les mots étaient au bord de ses lèvres. Il voulait se confier à Eileen.

— Je comprends. Eugène, concrètement, comment te sens-tu ?

Le silence survint à cette question. Pesant. Tendue. Eugène regardait ses pieds avec de grands yeux. Tout était un fouillis sans nom dans sa tête. C'était rempli de mauvaise pensée et d'idée noire. Il n'était pas capable de les exprimer, il avait peur. Peur de ce qu'il pouvait sortir de sa bouche. Il eut un petit rire nerveux qui surprit Eileen.

— Je me sens... désorienté... c'est difficile à expliquer...
— Eh bien, explique toi.
— Je me sens mal à l'aise... je...

Ça s'embrouille dans sa tête. Tout ce mélange et se contredis.

— Je me sens mal à l'aise. J'ai mal partout. Et puis je suis triste. Je me sens seul, abandonné... et déboussolé... et jaloux...

Eileen lui prit la main, la serra fort.

— Continue.
— Je n'en peux plus, Eileen.

Des larmes coulaient à flots le long de ses joues. Depuis quand pleurait-il ? Eugène renifla, bruyamment.

— Je n'en peux plus.

Eileen ne répondit pas. Elle continuait de serrer sa main en plus de frotter son épaule, tandis qu'Eugène continuait à pleurer de plus belle. Le téléphone d'Eileen vibra. D'un mouvement impatient, elle coupa l'alarme qui annonçait la fin de la séance.

— Tu es chez tes grands-parents en ce moment, c'est bien ça ?
— Oui, marmona Eugène.
— J'ai le numéro de ta grand-mère, vais t'installer en salle d'attente, je vais lui demander de venir te chercher, d'accord ? Je reviendrais te voir avec des gâteaux et un thé et tu l'attends ici... pardonne-moi, mais je vais devoir prendre mon prochain rendez-vous.

Elle était sincèrement désolée, mais Eugène la rassura aussitôt :

— Je comprends, merci beaucoup... ça m'a fait du bien dans tous les cas.
— C'est le principal... je verrais également avec ta mère pour monter les doses de ton traitement.

Eugène se contentait d'acquiescer, avant de quitter le bureau d'Eileen. Il s'effondra sur l'un de fauteuil de la salle d'attente, proche de la fenêtre. Entre temps, Eileen était venue déposer une assiette de biscuite et du thé, avant d'accueillir son prochain patient. Dix minutes plus tard, Eugène quittait le cabinet avec sa grand-mère, la tête bourdonnante et lourde.
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"Dramaqueen à ses heures perdues avec Ella Davis"
4e année RP | Je parle en gras

12 mars 2022, 11:18
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Juillet 2046
Hors période scolaire
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Chapitre 4 : Là où j'ai grandi et fané
"Une maison a besoin d’une grand-mère."
Louisa May Alcott
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La fin des vacances s'approchait à grands pas. Tôt dans la matinée, Emily était arrivé pour récupérer son fils. Ils ne sont pas partit aussitôt, Emily resta la journée entière, et même jusqu'à tard, avant de reprendre la route. Eugène comatait. Il était tard, minuit passé pour être plus précis. C'était une nuit sans lune, un ciel obscurcit par d'épais nuages. La pluie tombait drue, elle tapait avec force contre la voiture qui roulait à une allure convenable. Eugène était à l'arrière, berçait par les différents virages. À côté de lui, le portrait de Cailealta était attaché, pleinement réveillé. L'adolescent avait demandé à son grand-père s'il pouvait garder le tableau, chose qu'Ambrose avait accepté. "Sa place est au domaine, après tout" avait-il dit en décrochant Cailealta avec grande précaution. Emily n'émit aucune objection quand Eugène lui demanda la permission d'amener le portrait, en accord avec les propos du père de son mari.

Le trajet dura pratiquement deux heures. Eugène avait fini par s'endormir, il ronflait doucement. De temps en temps, Emily l'observait dans le rétroviseur, avant de se concentrer de nouveau sur la route. Bientôt, la voiture pénétra dans Wexford. Il n'y avait pas un chat à cette heure, si ce ne sont quelques couche-tard qui rentraient de soirée. Emily emprunta l'axe principal, quitta la ville et roula une vingtaine de minutes, avant tournée en direction une petite route bordée par une forêt. Eugène se réveilla après que la voiture soit arrivée au bout, doucement secoué par Emily.

— Prends tes affaires, nous sommes arrivés.

Eugène secoua vaguement la tête et s'étira de tout son long. Quelques articulations craquaient à cause de sa précédente position très peu confortable. Eugène quitta la voiture de manière maladroite. Il ouvrit le coffre pour récupérer sa valise et de son autre main, il récupéra le portrait et courra se mettre à l'abri : sa mère venait d'ouvrir les grandes portes du domaine, elle qui verrouilla la voiture de loin, avant de fermer les portes de la demeure quand son fils fut à l'abri.

— Maman, on l'accroche où ?
— De quoi ? interrogea Emily en retirant son manteau et ses chaussures.
— Bah, le portrait de Cailealta !
— Ah oui... nous verrons ça demain, d'accord ? Met le dans ta chambre en attendant, il est plus l'heure d'aller se coucher que de bricoler.

Eugène ne contredit pas sa tendre mère et s'en alla dans sa chambre sur ses mots. Il faisait frais dans la pièce. Durant son absence, sa mère avait éteint le radiateur qu'Eugène s'empressait de rallumer. Puis, il posa Cailealta dans un coin. Cette dernière avisa les environs d'un œil curieux.

— Je reconnais cette pièce.

Eugène l'interrogea d'un coup d'œil tout en ouvrant son placard à la recherche d'un pyjama. Il en sortit un ensemble de couleur automnale et sans motif, le genre de vêtement qui tenait chaud en hiver.

— C'était la chambre de mon fils à l'époque.
— Tu souhaites rester ici ? questionna Eugène.

Le portrait acquiesçait avec un doux sourire aux lèvres. Pas de doute, Cailealta était émut de revenir à la maison. Mais était ce ses propres sentiments ou bien ceux de la sorcière qui l'avait peinte ? Eugène voulut poser la question, mais s'abstient par politesse. C'était sûrement une chose qui ne se demandait pas. Sans plus attendre, Eugène décrocha le tableau au-dessus de son bureau, celui qui représentait un paysage marin, afin d'y accrocher Cailealta à la place. D'ici elle pouvait voir le reste du domaine et une partie de la forêt à travers une grande fenêtre.

— Merci, cette place est parfaite.

Quelqu'un frappa. Cailealta reprit sa forme initiale et ne bougea plus d'un cil. Emily rentra, l'air fatigué.

— Ou as tu posé le portrait ?
— Je l'ai accroché ici.
— Dans ta chambre ? Il sera sûrement mieux dans le bureau de ton père, non ?
— Surement, mais il est bien ici également.
— Comme tu veux... bonne nuit.
— Bonne nuit man'.

Emily embrasse tendrement le front de son fils, avant de quitter la pièce. Ses pas s'éloignèrent et une porte claqua au fond du couloir. Eugène partit se changer dans la salle de bain accolé à sa chambre. Tandis qu'il se lavait les dents, Cailealta prit le temps d'observer son environnement. Cette pièce s'était bien modernisée et ne ressemblait plus à celle qui avait appartenue à son unique enfant. Le bureau semblait avoir été rénové, le miroir à pied n'y était plus, laissant place à un petit placard assortit d'un miroir. Les deux fauteuils en cuir noir avaient également disparu, maintenant, c'était une causeuse en tissu vert qui se tenait là. Cette couleur se mariait parfaitement au papier peint jaune. Les différents portraits de famille et d'oiseau avaient étaient décroché et remplacé par d'innombrable affiche de chose qu'elle ne connaissait pas, loin d'être de son époque. Cette pièce était maintenant la chambre d'Eugène.

Ce dernier, une fois propre et en pyjamas, quitta la salle de bain et éteignis toute lumière. Seule celle de la table de chevet éclairait faiblement la pièce. Eugène glissa sous ses draps et bailla sans retenue, avant de se souvenir de la présence de son ancêtre.

— Pardon, c'était malpoli.
— Ne t'en fais pas, tu es fatigué, c'est bien normal.
— Demain, je te ferais visiter la maison.
— Ta mère ne trouvera pas cela étrange que tu fasses visiter les lieux à un portrait ?
— Si... mais elle est absente demain ! Donc, il n'y a pas d'inquiétude à avoir.
— Alors ça me convient.
— Parfait, bonne nuit !
— Go dtuga an ghealach faire ort, a mhic*.

Eugène éteignit la dernière lumière et s'endormit aussitôt, bercé par cette douce quiétude. Cailealta l'observa un instant, avant d'elle-même glisser dans le sommeil.

*
* *


Traduction :
* : Que la lune veille sur toi, mon fils.

Traduction faite avec Google Traduction, donc pas sûr que ça soit 100% exacte et j'espère que l'idée est là.
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"Dramaqueen à ses heures perdues avec Ella Davis"
4e année RP | Je parle en gras

26 avr. 2022, 20:57
 RP +   Solo  Tranche de vie
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Hors période scolaire
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Dernier chapitre : Nous sauver de toutes les peines d'avant
"Quelque part avant l'aube
Quand la lumière veut nous voir"
Auror - Everything Matters
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Emily venait tout juste de quitter le domaine quand Eugène dévalait les escaliers avec le portrait dans les bras. Cailealta était quelque peu secoué par cette descente, si bien qu'elle se retenait au décor qui, contrairement à elle, était parfaitement immobile.

— Voyons, attention mo mhac ! Tu risques de tomber si tu ne te calmes pas.
— Nous avons peu de temps, elle revient dans une heure !
— C'est parfaitement faisable, tu sais. Je doute que beaucoup de choses aient changé... enfin, la décoration, sûrement.

C'est ainsi qu'ils arrivèrent en trombes dans l'entrée. Eugène déposa le portrait et reprit son souffle sous l'œil amusé de son ancêtre.

— Te voilà bien fatigué !
— Je ne voudrais pas paraître impoli ni offensant, mais le cadre de ton portrait est lourd !
— Mon mari a choisi le meilleur bois et le plus résistant ! Il est, en effet, bien lourd, j'en conviens.

Après une dernière expiration, Eugène souleva Cailealta et reprit sa route. Ainsi, ils voguèrent de pièce en pièce qu'Eugène commentait avec un grand sérieux. Il présenta toutes les plantes de la véranda à Cailealta, il s'arrêta à chaque livre de la bibliothèque, il montra fièrement les médailles que son père avait durement obtenues, il commentait les divers meubles et les fauteuils, les tapis et les tableaux. Rien n'échappait à Eugène qui agrémentait cette visite guidée avec quelques anecdotes. Cailealta était tout aussi enthousiaste que son descendant : elle partagea avec lui l'existence de quelques passages secrets et conta l'histoire des lieux avec passion. Alors qu'ils passèrent un agréable moment, la visite s'achève soudainement quand la sonnette retentit.

— Vous attendiez de la visite ? demanda Cailealta
— Non, maman ne m'a rien dit en tout cas...

De nouveau, la sonnerie retentit.

— Oui, j'arrive ! s'exlama Eugène.

Celui-ci s'approche de l'entrée à grand pas. Il pose le portrait contre la console et s'empresse de déverrouiller la grande porte qu'il ouvrit aussitôt. Dans l'encadrement, il y avait un homme qu'Eugène reconnut sans mal. C'était Heinrich, un ami de son père et un compagnon d'armes. Tout comme Everard, il était ce qu'on nomme un "Green Role" dans l'Army Ranger Wing. Le voir ici était un choc pour Eugène. Au même titre que son père, Heinrich était porté disparut. Il y eut un moment de silence entre eux. Puis Heinrich prit la parole.

— Salut. Ça faisait longtemps.
— Longtemps ? répéta Eugène, toujours interloqué. T'es censé être disparu.
— Ouais, je sais et je m'en suis bien sorti.

À ces mots, il souleva le bas de son pantalon et Eugène put voir le début d'une prothèse. À cet instant, la tête d'Eugène grouillait de questions, mais une s'imposait, la plus importante de toutes :

— Et mon père ? Il est revenu aussi ? Il est vivant ?

Honnêtement, Eugène ne voulait pas se voiler la face. Il était prêt à faire face à une mauvaise nouvelle qu'il devra annoncer au retour de sa mère. Heinrich fouilla ses poches et tendit une lettre.

— J'ai insisté pour vous la remettre en main propre. Ta mère est là ?
— Non, mais elle ne devrait pas tarder.

Eugène examine l'enveloppe avec curiosité et appréhension. L'envoyeur était un certain capitaine Karl Grayson. Eugène regarde Heinrich.

— S'il te plaît, dis-moi ce qu'il en est.
— Il est vivant.

Une ampoule éclata dans la pièce voisine, résultat de ce méli-mélo d'émotions qu'Eugène ressentait férocement à cet instant. Son père était vivant. Tout allait bien. Fébrilement, il regarda derrière Heinrich dans l'espoir de voir son père sortir de la voiture de ce dernier. À la place, il aperçoit sa mère arriver avec un timing quasi parfait.

Ils s'étaient installés dans le petit salon. Pensivement, Emily observait le fond de sa tasse à présent vide. Elle venait d'apprendre l'heureuse nouvelle, mais la suite l'avait inquiété. Son mari ne reviendrait pas tout de suite à cause de son état. Heinrich avait assuré qu'il se rétablissait bien, mais qu'il était encore trop faible pour supporter un si long voyage. Ils allaient devoir patienter peut-être plusieurs jours, peut-être plusieurs semaines, voire même des mois entiers avant de le retrouver. Elle soupira quand son ami lui prit la main et posa sa tasse sur la table basse devant elle. Il y avait beaucoup de choses à dire, mais il devait s'en aller. Heinrich devait retrouver sa famille qui l'attendait de pied ferme. Il eut que le temps de raconter les évènements : leur mission de sauvetage avait mal tourné. Ils ont été mis en déroute et longuement traqués par les terroristes locaux. Heinrich et Everard étaient les seuls survivants, mais ils étaient trop en mauvais état pour revenir à la base. S'ils sont encore vivants aujourd'hui, c'était grâce aux civils qui les avaient cachés au péril de leurs vies.

Heinrich quitta donc le domaine dans l'heure qui suivit, laissant Emily seule avec son fils. Elle le regarda en silence, lorsqu'elle vint lui caresser la joue du bout de ses doigts. Eugène tremblait de soulagement. Emily s'accroupit devant lui et le pris dans ses bras. Elle serra doucement tout contre elle. Eugène rendit son étreinte et ferma les yeux. Il se sentait rassuré. Des jours radieux se profilaient à l'horizon.
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