Orphéa se réveilla avec l’impression d’être passée sous un troupeau de centaures. De toute sa vie, elle n’avait jamais eu si mal au crâne. Elle ouvrit les yeux pour les refermer la seconde suivante. La lumière était bien trop agressive pour ses petits yeux : Il fallait y aller progressivement. Elle entrouvrit lentement ses paupières pour s’habituer à la luminosité ambiante, puis se redressa pour observer son environnement. La brune se trouvait dans l’infirmerie de Poudlard. Son dernier souvenir remontait au match contre les Gryffondor : Cette saleté de Maisy Willbury envoyait le cognard dans sa direction. Ensuite, elle se rappelait du sol. Du sol qui se rapprochait drôlement vite.
Un silence étonnant régnait dans la pièce. Habituellement, l’infirmerie se retrouvait pleine à craquer après les matches, les joueurs rendant visite à leurs coéquipiers blessés. La Serpentarde s’offusqua silencieusement de ne pas trouver les siens à son chevet. Le match n’était peut-être pas terminé. Elle jeta un coup d’œil à la pendule qui affichait 18h passées. Il était peu probable que le match se soit continué si tard. Et il était trop tôt pour manger. Pourtant, personne n’était présent pour voir comment elle allait. Et surtout, Ethan n’était pas la. Les Serpentard étaient peut-être en train de fêter leur victoire, mais Ethan n’avait rien à fêter, lui.

Avant qu’elle n’ai le temps de poursuivre sa réflexion, Monsieur Mason entra dans l’infirmerie et se dirigea vers elle. Sans prendre le temps de lui dire bonjour, elle débita ses questions dans un ordre aléatoire, respirant à peine entre chacune d’elles.

« Mr Mason !s’exclama-t-elle. Qui a gagné ? Ethan est venu me rendre visite ? Est-ce qu’il y a eu d’autre blessés ? Pourquoi mes coéquipiers ne sont pas venues me voir ? Le match est déjà terminé ? Est-ce que Maisy Willbury s’est mangé un cognard ? »

Deux mois à Poudlard et Rafael avait déjà retrouvé ses vieilles habitudes, il fallait croire que vivre à Poudlard était comme faire du balai, on oubliait pas. Drôle de comparaison! pensa Rafael. Il secoua la tête en souriant, ce n'était pas le moment de parler de balais volants avec tous ces patients qui se trouvaient à l'infirmerie ce jour. Le match opposant les Gryffondor et les Serpentard s'était terminé deux semaines plus tôt mais il semblait avoir blessé plusieurs joueurs qui étaient revenus jours après jours s'étaient l'infirmerie. Ce n'était pas rare après un match mais cela faisait beaucoup, Rafael s'y était rendu plusieurs fois après ses matchs. Il rassura un élève sur ses inquiétudes concernant son bras droit et le laissa repartir, il ne devrait pas passer la nuit à l'infirmerie. Le Gryffondor sourit à Rafael et se leva doucement.

De son côté, l'infirmier prit la direction de Miss Cooper qui, elle, devrait dormir ici cette nuit. Cela faisait plusieurs jours qu'elle était à l'infirmerie et elle ne semblait pas vouloir se réveiller. Et pourtant, Rafael s'était assuré d'éloigner tout critère de gravité, rien ne semblait l'empêcher de se réveiller. Rafael marcha dans sa direction dans le but de faire un tour de surveillance habituel mais remarqua qu'elle était réveillée. Alors qu'il allait s'inquiéter de savoir comment elle se sentait, la jeune fille ouvrit la bouche et une salve de question en sortit. Elle voulait savoir qui avait gagné le match et si elle avait eu des visites, notamment des visites d'un certain Ethan. Rafael sourit à la jeune fille, elle serait certainement très heureuse d'apprendre que son équipe avait remporté le match:

« — Bonjour Miss, je vois que vous avez un petit peu récupéré. Rassurez-vous, votre équipe à gagné le match, 170 à 110. Félicitations! Concernant les visites, si vous regardez sur votre droite, vous pourrez voir des friandises apportées par M. Threepipes, il semblait inquiet pour vous mais je lui ai conseillé de retourner en cours et de repasser vous voir plus tard. Il l'a fait et est revenu plusieurs fois pour vous voir.»

Un grand sourire se dessina sur les lèvres de la brune en entendant le score annoncé par l’infirmier. 170 à 110 ! C’était vraiment du bon boulot. Elle avait déjà hâte au prochain match contre les Serdaigles. Elle fut également rassurée d’entendre qu’Ethan ne l’avait pas oublié. Il avait même apporté des friandises, dont des gommes de limaces qu’elle adorait. Elle remarqua quelque emballage froissé, preuve qu’il n’avait pas pu résister à l’envi de goûter quelques-uns des bonbons. Elle attrapa une de ses friandises préférées avant de la lancer dans sa bouche, trop heureuse que son petit ami ait pensé à elle.
Mais en entendant la suite des paroles de Monsieur Mason, elle fronça les sourcils avant de lui demander des explications.

« Comment ça, retourner en cours ? questionna-t-elle sur un ton grave. Il n’y a jamais cours les jours de match. Ils ont toujours lieu le week-end ! »

Le match avait eu lieu samedi, ce qui signifiait que si Ethan avait du retourné en cours, c’est qu’elle avait passé au moins deux jours inconsciente. Le choc avait du être plus violent que ce qu’elle pensait, et rester endormie pendant aussi longtemps était rarement bon signe au Quidditch. Légèrement inquiète, elle interrogea l’infirmier pour essayer d’en savoir plus, sans se douter qu’elle venait de passer plus d’une semaine inconsciente.

« Quel jour somme nous Monsieur ? demanda Orphéa sur un ton angoissé. Je pourrais bientôt sortir, hum ? »

La réaction d'Orphéa ne se fit pas attendre, un énorme sourire illumina son visage lorsqu'elle apprit qu'elle apprit que sa maison avait remporté le match de Quidditch. Il comprenait sa réaction, il aurait certainement réagit de la même manière. En apprenant que son camarade était passée, elle regarda sur la table de nuit où se trouvait plusieurs friandises. Il y avait quelques emballages déjà ouverts et Rafael devina que quelqu'un était déjà passé par ici. Sa patiente s'empressa de s'emparer d'une friandise qu'elle goûta.

Bien qu'elle soit restée endormie plusieurs jours, elle semblait récupérer facilement et avait déjà retrouvé son appétit. Rafael avait du la perfuser pour l'hydrater et lui donner les nutriments nécessaires. Sa perfusion avait été retiré ce matin même, il ne restait plus que le cathéter obturé pour les prochaines perfusions. L'infirmier remarqua alors que quelque chose dérangeait la jeune fille. Elle fronça les sourcils et regarda Rafael en lui demandant des précisions. Elle venait de réagir, elle n'était pas resté endormie seulement quelques heures. Angoissée, elle demanda à Rafael depuis combien de temps elle se trouvait ici et quand est-ce qu'elle pourrait sortir. Ne voulant pas qu'elle angoisse plus, il s'empressa de lui répondre:

« — Nous sommes lundi 27 Février, vous êtes restée dans cette état pendant plus d'une semaine. Il fit une pause pour qu'elle ait le temps d'intégrer cela avant de répondre à sa deuxième question: Pour ce qui est de sortir, j'aimerais vous garder quelques jours en plus pour faire quelques tests et m'assurer que vous n'avez pas de problèmes liés à votre chute et votre état pendant une semaine.»

Le visage de la jeune fille se décomposa à mesure que l’infirmier parlait. Le 27 février ? Le match avait eu lieu le 18. Cela faisait donc neuf jours qu’elle était inconsciente. Neuf jours... Neuf jours !

Elle regarda fixement monsieur Mason espérant sans doute qu’il se mette à rigoler, fier de sa petite blague. Mais c’était un adulte. Il ne devait pas être du genre à faire des blagues. Elle regarda dans le vide quelques instants comme perdue dans le temps, puis, elle s’adossa plus confortablement contre son oreiller songeant déjà à la suite du programme. Elle se sentait bien. Et elle voulait sortir. Elle avait déjà perdu presque 10 jours à dormir. Donc, plus vite l’infirmier réaliserait ses tests plus vite elle pourrait sortir.

« Allez-y, je suis prêtes pour vos tests, dit-elle simplement en espérant que cela serait rapide. Je veux juste aller aux toilettes avant, s’il vous plait »

En même temps qu’elle parlait elle pivota pour sortir ses jambes du lit dans lequel elle se trouvait pendant plus d’une semaine. Elle se leva et fit quelques pas en direction des toilettes. Puis elle sentit son sens de l’équilibre s’envoler. La pièce semblait pencher, mais Orphéa avait bien conscience qu’en réalité, celle qui penchait, c’était elle. Et avant même qu’elle n’ait pu faire un pas de plus, elle se retrouva étalée de tout son long au beau milieu de l’infirmerie. Super. Il ne manquait plus que ça.

La réaction de sa patiente ne se fit pas attendre. Elle venait d'apprendre que cela faisait presque dix jours qu'elle était allongée sur ce lit et elle était sans grand étonnement choquée. Rafael devient sans difficulté ce qu'il se passait dans sa tête, elle devait certainement avoir du mal à croire ce que lui disait l'infirmier. Et pourtant, ce n'était rien d'autre que la vérité.

Malgré tout, elle ne mit pas beaucoup de temps à se ressaisir, elle répondit à Rafael qu'elle était prête pour réaliser les tests dont il avait parlé quelques secondes plus tôt. Elle ajouta ensuite qu'elle voulait seulement aller aux toilettes avant de commencer les tests. Rafael voulut lui répondre qu'elle devait prendre son temps, elle ne s'était pas levée depuis neuf jours et son corps n'était pas prêt pour cet effort simple. Elle se tourna pour s'asseoir sur le bord du lit et sans attendre, se leva pour marcher directement vers les toilettes. Rafael eut d'abord envie de la retenir mais il eut l'impression qu'il s'était trompé et que la sorcière avec plus de ressources qu'il ne l'avait imaginé et décida de ne pas intervenir.

Malheureusement, ce qui devait se passer arriva, la jeune sorcière perdit l'équilibre et alors que Rafael se précipitait vers elle pour la rattraper, elle tomba de tout son long sur les pierres froides de l'infirmerie. L'infirmier s'empressa de la rejoindre et l'aida à se redresser, elle ne semblait pas blesser mais elle devait retourner au lit. Il lui répondit alors:

« — Je pense que vous avez besoin de faire ces tests. Vous voyez bien que vous ne tenez pas debout. Je vous aide à aller aux toilettes et ensuite nous retournons au lit pour effectuer ces tests. Cela vous convient? »

Orphéa sentait le froid de la pierre sous son corps. Pourtant son corps la brûlait. La brûlure de la honte. Le nez par terre, les fesses en l’air. Il était difficile de faire plus ridicule. Elle s’assit tant bien que mal sur le sol et s’appuya sur le bras que Monsieur Mason lui tendait pour se relever. Si quelques instant auparavant, elle pensait qu’être étalée au sol de l’infirmerie était sa plus grande humiliation, elle se rendit vite compte que ce n’était pas le cas. Avoir besoin de l’aide de l’infirmier pour aller uriner était tout aussi humiliant. Une sorte d’humiliation différente mais tout aussi forte. Un besoin primaire qu’elle n’était pas capable de réaliser seule. Avec un peu de chance elle n’aurait pas besoin de demander à Ethan de l’accompagner aux toilettes une fois qu’elle serait sortie.
Monsieur Mason l’aida ensuite à retourner au lit, et une fois installée la Serpentarde prit la parole d’une voix nettement moins confiante qu’au début de leur conversation.

« Je suis prête pour vos tests, Monsieur, dit-elle simplement. S’il vous plaît, trouvez ce qui ne va pas pour que je puisse sortir »

Elle commençait seulement à réaliser que quelque chose n’allait pas, et que cette perte d’équilibre était peut être plus grave que ce qu’elle espérait. Jusqu’à présent elle avait fait comme si sa chute vertigineuse de plusieurs dizaines de mètres n’était qu’un accident banal, mais elle devait ouvrir les yeux. Elle avait besoin de ces tests.

La jeune fille ne semblait pas forcément en accord avec la proposition de Rafael mais elle n'en dit rien pour autant. L'infirmier l'accompagna jusqu'aux toilettes et attendit qu'elle termine à la porte puis il l'aida à regagner son lit qu'elle avait quitté quelques secondes plus tôt. Une fois installée, Orphéa répondit à Rafael qu'elle était fin prête à commencer et celui ci devina la raison de cet intérêt soudain pour les tests, elle voulait sortir à tout prix de l'infirmerie. Il regarda la jeune fille et lui répondit:

« — Je sais que vous souhaitez sortir d'ici et je comprends mais essayez d'être un petit peu patiente, il y a plusieurs tests à faire.

Rafael fit s'approcha ensuite doucement de sa patiente et après lui avoir expliqué qu'il essayerait plusieurs techniques pour évaluer les vertiges qu'elle avait ressentie en se levant. Cela pouvait être lié à son état pendant dix jours mais il voulait s'assurer que ce n'était rien de plus. Il attrapa un tabouret et s'assit en face d'elle. Doucement, il plaça ses mains sur les joues de sa patiente et fit tourner la tête de la jeune fille de gauche à droite à vitesse variable. Il nota intérieurement ce qu'il apercevait puis passa à d'autres examens. Et pour finir, il demanda à Orphéa de s'allonger sur le côté et lui expliqua le dernier examen:

— Vous allez ensuite tourner la tête de gauche à droite une nouvelle fois. Cela me permettra de voir si vos vertiges peut-être liés à l'oreille interne. »

Orphéa se contenta de hocher la tête. L’infirmier devait la trouver insupportable, avec ses questions et son obstination à vouloir sortir à tout prix. Il lui expliqua le déroulé des tests, moment durant le quel elle resta silencieuse. Elle ne prononça pas un mot non plus pendant que Monsieur Mason réalisait les tests en question. Elle se laissa faire sans râler quand il attrapa sa tête pour la tourner de gauche à droite. Enfin quand il lui demanda de s’allonger sur le côté de tourner une nouvelle fois la tête, elle s’exécutât. La jeune fille recommença à poser des questions quand il parla d’oreille interne. Elle savait que sa grand-mère Juliette avait des problèmes d’oreille interne. Et qu’elle était obligée de marcher avec une canne, et de s’accrocher au bras de son grand père pour monter ou descendre les escaliers. Et surtout que c’était quelque chose de définitif. L’état de sa grand-mère était certainement plus lié à sa vieillesse qu’à ses oreilles, et la perte d’équilibre de la brune n’était probablement rien, mais elle commença à paniquer.

« Est-ce que je vais devoir aller à l’hôpital ? demanda-t-elle en sentant les larmes lui monter au yeux. S’il vous plait, dites moi que je ne vais pas devoir marcher avec une canne ! »

Elle était prête à accepter tout et n’importe quoi, mais pas la canne. Elle était trop jeune pour se trimballer avec ce truc de grand-mère.

Il n'y avait aucun doute sur le fait qu'elle avait des vertiges et cela ne passerait pas en quelques heures ou quelques jours. Rafael se demandait d'ailleurs si des heures de rééducation ne devraient pas être prévues. Rafael termina ses examens et regarda sa jeune patiente, il constata que des larmes commencer à remplir ses yeux et elle devinait qu'il y avait quelque chose.

Elle lui demanda alors si elle allait devoir être hospitalisée et si elle devrait marcher avec une canne. Cette idée semblait lui faire peur et l'infirmier pouvait comprendre pourquoi, elle était encore jeune et l'idée de marcher avec une canne pouvait faire peur. Rafael s'empressa de la rassurer.

« — Non, je ne pense pas que vous aurez besoin d'une canne. D'après les examens que je viens de faire, je constate que vous avez des vertiges mineurs qui peuvent malgré tout se montrer parfois dures à contrôler.

Rafael fit une petite pause pour laisser le temps à Orphéa d'accepter ce qu'il était en train de lui révéler. Selon lui, le malaise qu'elle avait fait quelques secondes plus tôt était du en partie à ces vertiges mais surtout et principalement au fait qu'elle ne se soit pas levée depuis plusieurs jours. Il reprit ensuite la conversation pour préciser:

— Vos vertiges ne seront pas aussi importants que ceux de tout à l'heure mais je pense qu'il faudra quand même des séances de rééducation et vous devriez peut-être voir un spécialiste mais non vous ne serez pas hospitalisée. »