Il était temps. Il fallait que je me résigne tout simplement et que j'accepte la dure réalité. J'avais vécu deux années de pur bonheur. Nous avions vécu ce bonheur. Mais à ce qu'on dit, toutes les bonnes choses ont une fin. Et j'en faisais maintenant les frais. Notre histoire s'apprêtait à recevoir son point final... Encore fallait-il que je trouve le courage de tourner la page.

Teddy,

De longs mois se sont écoulés depuis ce fameux 2 mai. Cette date qui a été un tournent majeur dans notre vie à tous les deux. Tu sais aussi bien que moi qu'à partir de ce moment-là, plus rien n'a été pareil. On s'est battu, chacun de notre côté d'abord puis ensemble. Mais admettons-le, ça n'a pas été suffisant. Le poison était bien trop ancré et ne cessait de se diffuser, noircissant peu à peu chaque jour que l'on partageait. Teddy, je n'ai plus la force de me battre. On s'est retrouvé et pourtant j'ai l'impression que l'on continue de s'éloigner. On dérive chacun de notre côté, dans des directions opposées.

Pour tout te dire, j'ai du mal à te reconnaître Edward... J'ignore ce que tu as pu vivre pendant ces mois de captivité, tout ce que tu as pu subir, mais j'ai le sentiment que tu as changé. Tu n'es plus le même Teddy et ça me fait peur.

Tu me fais peur...

Il y a une ombre dans ton regard qui grandit un peu plus chaque jour et j'ai peur qu'elle te détruise de l'intérieur sans que je ne puisse rien y faire. Et je ne veux pas m'en rendre compte une fois qu'il sera trop tard. J'ai pas envie de m'accrocher à un idéal qui n'existe finalement déjà plus. Je veux réussir à passer à autre chose mais je ne suis pas sûre d'en être capable en restant à tes côtés.
Esther et Matthew ne peuvent pas vivre dans cette atmosphère. Je préfère m'éloigner, Teddy, partir avec eux... loin de toi.

J'aimerais tellement changer le passé, si tu savais. Te revoir commander tes verres de whisky pur feu au comptoir du Chaudron Baveur, revivre tous ces instants magiques avec toi et effacer cette réunion à Londres. J'aimerais que ce présent n'existe pas. Pourquoi est-ce que je suis partie en te laissant descendre ces escaliers... Pourquoi... Je m'en veux à un point. Tout est de ma faute et maintenant il est juste trop tard. Rien ne sera plus jamais pareil... si ce n'est mon amour pour toi qui lui durera.

Je t'aime Edward, je t'aime tellement. Et je continuerai de t'aimer, toujours.
Diane.

Ma lettre était sans nul doute décousue. Et surtout inondée de larmes. Mais tant pis, je n'avais pas le courage d'en rédiger une nouvelle. Je me rassurais en me disant que l'humidité aurait le temps de sécher durant l'envoi.

Je n'étais qu'une lâche d'agir comme je le faisais. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de vouloir protéger mes enfants de l'homme que j'aimais. Sans eux, je serais restée.