Elle avait sûrement attrapé un coup de soleil tout à l’heure. Sa nuque la brûlait de plus en plus ; et quand elle se tordait pour se voir dans le miroir, elle apercevait un voile rouge qui couvrait sa peau. Embêtée, elle se dit qu’elle demanderait une pommade à sa grand-mère. La vieille dame devait être chez elle à cette heure-ci et serait sûrement ravie d’une visite de sa petite fille.

Lydia accrocha sa lettre pour Lili à la patte du hibou et appela Diphda. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas passé un peu de temps avec sa grenouille et elle avait prévu de faire le trajet à pied pour réparer cette erreur. Ses yeux saphirs cherchèrent l’animal.

« Diphda ? T’es où ? » interrogea-t-elle, sa voix cette fois plus forte.

Elle entendit soudain un gros « boum » venant de sa chambre. Inquiète, elle monta rapidement et ouvrit la porte avec fracas.

« Merlin… » souffla-t-elle, un sanglot étouffé dans sa voix.

Avec effroi, elle s’aperçut que sa grenouille venait de percuter une chaise. La chaise couleur citrouille était tombée et cent-cinquante étoiles semblaient tourner autour de la tête de Diphda, tant celle-ci était sonnée.

« Mon pauvre crapaud à la menthe… »

Elle se mordit la lèvre. Il aurait fallu qu’elle demande de l’aide à son père. Et c’était justement ça le problème : elle ne voulait pas parler à cet individu.

Des larmes dévalant ses joues, elle prit la grenouille dans ses bras, l’enveloppa dans une serviette, et marcha vers la maison de sa grand-mère.

La lune commençait à prendre sa place dans le ciel. C’était presque imperceptible ; nous étions en été, durant le règne d’Hélios, mais on voyait sa forme se dessiner dans le ciel. Lydia était sur la terrasse de chez Marguerite. La vieille dame avait eu une bonne idée de s’installer un peu à l’écart de la ville : elle pouvait ainsi se permettre d’avoir un petit jardin. Celui-ci était bien pratique quand il fallait faire pousser d’étranges plantes pour fabriquer des potions plus étranges encore – mais n’en dévoilons pas trop.

La fillette jeta un coup d’œil à l’intérieur. Elle faisait les cent pas sous le regard pâle de la lune. Diphda était plongée dans un profond sommeil, sa grand-mère l’avait endormie. Elle avait failli refuser ce coma, demander à sa grand-mère de soigner sa grenouille sans la plonger dans le sommeil pendant plusieurs heures. Elle s’était ravisée en se disant que si la bestiole n’était pas bien soignée, Diphda deviendrait absente à tout jamais. Alors en pinçant les lèvres, elle était allée au chevet de son animal et avait regardé avec attention les tâches qu’effectuait sa grand-mère.

Elle souffla. Lydia savait qu’il ne fallait pas s’inquiéter, que ses réactions étaient disproportionnées. Elle n’avait pas paniqué quand ses parents parlaient d’elle en claquant les portes. Elle n’avait pas paniqué pendant la rediffusion du tournoi dominionesque.

« Alors pourquoi maintenant ? » souffla-t-elle en regardant la lune.

Sa grand-mère avait rejoint Diphda dans son sommeil ; le visage toutefois bien moins ensanglanté. Lydia trépignait. La fatigue n’allait pas venir avant une certaine heure, et puis elle ne voulait absolument pas s’endormir. Elle s’inquiétait, la peur mordait son ventre, et étreignait petit à petit son cœur. Peut-être que sa grenouille ne se réveillerait pas, Marguerite avait réellement paru inquiète au moment de la soigner.

Son ennui alimentant son angoisse, elle décida de visiter les pièces de la maison avec un nouveau regard. Elle commença tout de suite par la salle de bain et s’aperçut que c’était un lieu plus intéressant qu’elle ne l’avait pensé au premier abord. Elle avait toujours un peu méprisé le maquillage, les personnes aux allures superficielles qui en usaient, et trouvait que c’était de la cuisine servant uniquement à l’égo.
Parmi les affaires de sa grand-mère, il y avait un tiroir rempli de bijoux. Elle l’ouvrit et découvrir toutes sortes de babioles, bijoux fantaisie, de pacotille ou parfois plus précieux. Elle regarda son visage dans sa glace, une étincelle de curiosité dans les yeux, et continua sa recherche. Une paire de boucles d’oreilles lui plaisait beaucoup ; les trous qu’elle avait faits pour imiter maman il y a 5 ans allaient enfin servir à quelque chose.

C’était de petites créoles noires avec une fine croix noire pendant au bout. Bijou de moldue gothique, c'était foutrement bizarre que sa grand-mère en ait ! Elle les mit et sourit en se regardant.

Elle se trouvait jolie pour une fois.

Lydia s’était endormie dans le salon, sa tête penchait, son cou se tordait et la croix de ses boucles d’oreilles glissait sur son épaule. Ses émotions avaient fini par se calmer et elle s’était retrouvée plongée dans un sommeil profond. Les rideaux n’étaient pas fermés ; la lumière émise par le soleil lorsqu’il s’était levé ne l’avait même pas réveillée tant elle avait eu besoin de se reposer.

Elle sentit quelque chose légèrement humide lui toucher le nez. Il pleuvait à l’intérieur en juillet désormais ? Sentant qu’elle allait râler contre l’élément qui osait la réveiller, Lydia garda ses yeux fermés. La pression sur son nez se faisant plus forte, elle finit par ouvrir les yeux en soupirant « Qu’est-ce que… » avant de hurler un « ahhh ! » qui retentit sûrement dans toute la maison.

Diphda était montée sur son torse et plantait ses iris dans les siens. Elle était en vie, réveillée. Sortie du coma, et apparemment en forme puisqu’elle réclamait sa maîtresse. La brunette serra sa grenouille – pas trop fort, elle avait peur de casser cet être insupportable mais qu’elle aimait par-dessus tout – et sourit autant qu’elle le pouvait.

« Tu m’as fait peur imbécile, la prochaine fois, fais attention à l’endroit où tu sautes. »

Elle se leva, avec une idée en tête.

« Tu viens ? Grandma devait planter un arbuste depuis longtemps. On va lui faire la surprise, et puis lorsqu’il bourgeonnera, on s’rappelera toutes les deux d’aujourd’hui et de ce qu’on a vécu. »

Les ongles incrustés de terre, elle regarda avec fierté le fruit de son travail. Un arbuste se dressait, timidement, sous la glycine et au milieu des tulipes. Elle l’avait planté en faisant bien attention et son travail était parfaitement propre : Mister Featherstone aurait sûrement été fie d’elle. Sa grand-mère devait le planter il y a six mois déjà, mais ses vieux os lui avaient desservi. Lydia savait que cette personne qu’elle aimait de tout son cœur commençait à s’affaiblir et que son corps n’était plus aussi résistant qu’avant. Elle avait décidé de faire tout ce qui était en son pouvoir pour l’aider, la soutenir et l’accompagner pendant cet été.

La jeune Holmes s’essuya le front, elle transpirait. Elle n’avait pas mangé depuis pas mal de temps et l’effort physique qu’elle venait de faire lui faisait voir flou. Sa vision commençait à se troubler ; signe qu’elle devait faire quelque chose pour améliorer son état physique.
Elle se servit un petit-déjeuner et laissa un petit mot à sa grand-mère pour lui dire qu’elle était partie, que Diphda allait bien, qu’elle l’aimait et la remerciait. Elle ajouta un post scriptum mentionnant la surprise de l’arbuste.

Juste avant de partir chez elle, elle prit en photo le végétal. Elle avait déposé Diphda sur la branche, en faisant bien attention. La photographie était légèrement floue, mais cela ajoutait à la scène un côté poétique et irréel.

De retour chez elle, elle envoya la photo à Eryne et Lili avec un petit mot en dessous.

« Dis, Aunty... » se hasarda-t-elle.

Il y avait des sujets qui la préoccupaient. Elle ne pouvait en parler avec son père – on voyait bien comment ça se terminait –, sa grand-mère était trop éloignée de tout ça et sa mère ne comprenait pas. Il lui fallait quelqu’un d’ouvert, de spontané ; deux mots qui définissaient Kira de la meilleure façon de possible.

« J’me demandais ce que toi tu pensais des nés-moldus et tout ? Papa il est super fermé, j’ai l’impression même qu’il repousse maman parce qu’elle a pas de pouvoirs. Moi je sais pas trop, j’ai plein d’amis nés-moldus, c’est grave ? »

Son cerveau criait Kyana mais elle n’y accorda pas d’importance.

La jeune femme pianota sur son bras marqué d’un tatouage de dragon. Elle faisait ça quand elle réfléchissait.

« Je pense que les moldus nous sont inférieurs : leur monde est plus grave encore que le nôtre et ne pas posséder de magie les rend rationnels et pour la plupart, très ennuyants. Je crois que si on a donné des pouvoirs à certains, c’est pour les élever de cette condition. »

Ses yeux s’animaient progressivement.

« La magie se mérite, tu sais. Je peux t’en parler, j’ai sacrifié plusieurs années de ma vie pour son étude et ses marques sont partout sur mon corps.
Un né-moldu est un sorcier et le sera bien plus qu’un sang-pur qui nuit aux autres par sa magie. »

Lydia hocha la tête en pensant qu’il y avait au moins une personne d’ouverte dans sa famille.

C’est toute excitée que tu te lèves aujourd’hui. Cela fait plusieurs jours que vous aviez planifié d’aller voir les chutes du Niagara et vous vous y rendez assez tôt afin de pouvoir profiter pleinement de la vue. La fin de votre séjour approche à grands pas mais tu fais de ton mieux pour ne pas y penser mais plutôt vivre à fond le moment présent. Tu as des souvenirs à ramener avec toi, pas des regrets.

Venir à cette heure de la journée vous permet d’être quasiment les seuls face à ce spectacle. Tu restes là un long moment à observer l’eau tomber en continu. Cette atmosphère est plutôt agréable et relaxante, dommage que tu ne puisses pas voir cela plus souvent.

Lorsqu’un bon nombre de touristes commence à arriver, vous décidez de vous en aller. Vous passez par une boutique de souvenirs où tu achètes deux cartes : une pour Lydia qui attend une réponse de ta part depuis plusieurs jours maintenant et une autre à envoyer à Poudlard.

Une fois arrivés à la maison, tu t’installes pour écrire tes deux lettres, à commencer par celle qui sera envoyée à la Serdaigle :

Coucou,

Désolée pour ce temps de réponse, on n’a pas eu le temps de passer à la poste ces derniers jours. J’ai bien reçu tes deux lettres et la photo, par contre, ne t’inquiète pas !

Pour répondre à ta première question, je ne sais pas vraiment, peut-être gardienne ? A voir selon les entrainements et mes capacités. Je te comprends : c’est pas si simple à comprendre et avant, j’avais même peur de voler sur un balai, je reviens de loin haha. On pourra aller voir un match ensemble, si tu veux, j’essaierai de t’expliquer le mieux possible les règles !

Je ne comprends rien aux boussoles, je pense que je vais laisser ça de côté pour le moment sauf si tu saurais m’expliquer comment ça marche ?

Mince, j’espère que Diphda va mieux ! La pauvre… Sympa ce petit arbre ! Je garde la photo précieusement, le fait qu’elle soit floue la rend encore plus authentique, t’en fais pas.

On est allé voir les chutes du Niagara, aujourd’hui, c’est super beau à regarder ! Tu as sûrement compris que c’est une photo du lieu qu’il y a sur le recto de la carte.

Prends soin de toi,
Lili

Tu allais te mettre à écrire la deuxième lettre lorsque tu entends des miaulements. Tu te diriges vers la porte que tu ouvres et tu comprends qu’un chat est arrivé jusqu’ici. Tu ne sais pas comment ça a pu arriver mais tu laisses ensuite tes parents gérer pendant que tu te remets sur la rédaction de ta lettre. Peu de temps après, la propriétaire du chat toque à la porte et explique qu’il lui arrive souvent de fuir jusqu’ici car cette maison appartenait à un très bon ami à elle avant d’en faire une location pour les vacances. Soulagée de voir que le chat ne restera pas plus longtemps perdu, tu proposes à ta soeur de t’accompagner jusqu’à la poste pour envoyer tes deux cartes, ce que vous faites.

Elle n’avait strictement rien fait aujourd’hui. Le temps lui avait couru entre les doigts : il avait fui, s’était échappé de l’horloge pour accélérer le glissement du sable dans ses sabliers. Lydia détestait la fuite des heures, c’est à dire perdre son temps et s'apercevoir qu’on a rien fait alors qu’une journée entière venait de se dérouler. Les mains désœuvrées, elle remit en place une de ses mèches brunes. Ses cheveux étaient gras à cause de foutues hormones adolescentes et elle détestait ça. Elle s’aperçut, tandis qu’elle se faisait cette réflexion, qu’elle n’avait même pas eu la force pour se laver les cheveux aujourd’hui.

« Merlin, faut que j’fasse quelque chose, je suis complètement nulle là... » dit-elle à Kira.

La jeune femme ne détourna pas les yeux du livre qu’elle lisait et haussa les épaules. Soupirant, sa nièce sortit une feuille et un stylo pour répondre à Lili : c’était la tâche qui l’attirait le plus pour le moment.



@Bad Eaven

Après avoir écrit sa lettre, Lydia chercha Cyrano, le hibou familial, pour que son écrit parvienne bien à Lili. Le hibou de son amie se reposait tandis qu’un autre prenait le relai : son père lui avait toujours appris que les animaux ne devaient pas souffrir à cause de nos désirs et qu’on devait tout réfléchir à leur bien-être. En se levant, elle se fit la réflexion que son père n’avait pas la même attitude avec sa fille, et que c’était bien malheureux.

Elle tentait d’arrêter de penser à lui mais chaque fois, son visage se rappelait à elle, elle entendait sa voix dans le couloir. Cette difficulté qu’elle rencontrait dans sa vie commençait à devenir une véritable obsession, l’obnubilant et absorbant tous ses autres thèmes de réflexion. Son affection pour lui commençait à disparaître ; et c’était une source de culpabilité. Ce n’était pas normal ce sentiment, les gens de son âge n’étaient pas comme ça. Enfin, à son avis, les gens de son âge ne pouvaient pas être aussi têtus et soupe au lait que Lydia Holmes.

La jeune fille chercha le hibou dans la minuscule ménagerie de Tobias : c’était l’endroit où il recueillait les bêtes et les étudiait si leur taille le permettait. Elle servait aussi de volière et de centre de loisirs pour Diphda.

« Bonsoir p’pa » dit-elle du bout des lèvres.

Cyrano n’avait heureusement pas disparu – pas comme son lien avec Tobias – elle récupéra la cage et sortit rapidement, histoire de ne pas faire durer le malaise.

Cette journée de vadrouille dans un coin de Toronto que vous n'aviez pas encore visité est aussi enrichissante qu'épuisante. Ton père t'a fait une belle frayeur en n'étant plus avec vous, il avait tout simplement disparu en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, sans vous dire quoi que ce soit. Heureusement, il vous rejoint quelques minutes plus tard, goûter pour toute la famille à la main. Il avait repéré un café avec des sucreries sorcières et il voulait garder la surprise tant qu'il n'y était pas allé.

Vous rentrez donc à la maison et tu vois qu'un hibou attend patiemment devant la fenêtre. Tu t'approches rapidement de lui et tu prends la lettre qu'il tient entre les pattes. Tu te dépêches de lire ce que Lydia t'a écrit et tu t'installes pour lui répondre. De cette façon, le hibou pourra retourner chez lui, après avoir du Miamhibou plein le ventre.

Salut,

Je rentre après-demain, mes réponses seront plus rapides normalement ! C'était super de voir ces chutes, juste prendre le temps de les regarder et de profiter. J'aurais pas osé aller me baigner trop près non plus ! Tant mieux si l'état de Diphda s'améliore, je suis contente de l'apprendre !

Ah oui, je m'en souviens. C'était.. étrange ce jour-là.

Pas très envie d'épiloguer là-dessus, dire que tu as mal vécu la discussion que tu as eue avec le Serdaigle serait un euphémisme.

D'accord, on en discutera à ce moment-là alors !

Mon papa nous a fait la surprise de trouver des pâtisseries sorcières, ça rappelle un peu Poudlard ! C'est peut-être un peu tôt pour en parler mais prête à entrer en troisième année ?

Prends soin de toi,
Lili