Ellana n'arrivait pas à dormir. Elle était fatiguée mais le sommeil ne venait pas. Cela faisait plusieurs jours que la jeune fille faisait des insomnies. Elle en avait marre. Marre de ne pas avoir de nouvelles. Marre de ne pas arriver à dormir. Marre de s'inquiéter pour sa sœur. Ellana regarda son réveil. 0h09. On avait à peine dépasser minuit. Elle posa un pied hors de son lit, prit son manteau et sortit de son dortoir.

La jeune fille marchait dans le couloir, se rendant dans une autre tour que celle de sa salle commune. Ellana se rendait dans la tour d'Astronomie pour observer les étoiles. Pour espérer que celles-ci lui parlent. Pour se noyer dans le ciel parsemé de taches blanches. Pour tout oublier, ne plus penser à rien. Ellana emprunta l'escalier qui menait à l'observatoire.

Le ciel était dégagé, cette nuit là, et on apercevait bien les étoiles. Ellana se concentra un instant pour essayer de nommer les étoiles et les constellations mais abandonna assez rapidement pour ne se concentrer que sur la beauté de la nuit. La nuit noire qui lui faisait faire beaucoup de cauchemars lorsqu'elle était plus jeune. La nuit noire qui avait été son pire ennemi. Mais ce jour-là, la nuit n'était pas noire. Elle était blanche. Blanche comme les étoiles. Blanche comme la fatigue. Blanche comme la vie. Cette nuit-là n'effrayait pas Ellana comme beaucoup d'autres, cette nuit-là lui rappelait des souvenirs. Des souvenirs ancrés dans sa mémoire. Des souvenirs pas vraiment joyeux ni triste. Des souvenirs comme d'autres.

Les pensées d'Ellana se calmaient quand elle observait le ciel. Le calme régnait dans la tête de la jeune fille. Le calme avait dispersé la brume opaque qui avait été présente durant les dix-huit jours qui s'étaient déroulés avant ce moment. Le calme s'empara entièrement de la jeune fille.

Winter se réveilla en sursaut. Elle regarda autour d’elle et ne reconnut pas sa chambre de dortoir. Où étaient passés ses rideaux bordeaux en baldaquin ? Elle avait froid et son corps était endolori. La lumière de la lune et des étoiles inondait la pièce et ses yeux mirent quelques secondes à s’y habituer. Elle se trouvait dans la Tour d’Astronomie. Winter réalisa qu’elle s’était endormie quelques heures plus tôt et qu’elle avait vraisemblablement dépassé le couvre feu…

« Quelle horreur, je vais sûrement me faire punir » songea la fillette avec terreur. Elle regarda une nouvelle fois autour d’elle et s’étira, espérant soulager ses muscles trop tendus. Rapidement, la Gryffonne rassembla ses affaires et se leva, prête à rentrer le plus vite possible à son dortoir. Mais ses jambes restaient bloquées, elle était tétanisée à l’idée de traverser une partie du château à pied, dans le noir, sous la menace du couvre-feu. Elle n’avait en plus aucune idée de l’heure qu’il était !

Winter commençait à sentir les larmes lui monter aux yeux. Comment allait-elle faire ? Elle leva les yeux vers les escaliers, qui menaient vers l’observatoire au plein air. « Peut-être qu’un peu d’air frais me soulagerait ? » se dit-elle. Perdu pour perdu, la rouge commença à gravir les escaliers en tremblant, rajustant sa cape autour des épaules. Il faisait encore plus froid que dans son village natal en septembre !

Arrivant finalement en haut de l’observatoire, elle commença à se détendre. Le ciel était tellement beau, parsemé d’étoiles scintillantes ! L’air frais, qu’elle avait trouvé si mordant quelques secondes plutôt, la soulageait maintenant. Observant le paysage, elle fit un tour sur elle-même, et son cœur manqua un battement. Elle n’était pas seule ! De frayeur, elle étouffa son cri de justesse, mais l’autre personne l’avait surement déjà entendue…


Et voila @Ellana Duchêne, j'espère que ça te convient !

Il était minuit ce mardi 18 septembre 2046 et le cours d'astronomie des cinquième année venait de se terminer. Malgré la fatigue qui lui picotait les yeux, Ennis avait une question à poser au Professeur Briggs. Elle attendit donc que le gros des élèves soit sorti pour se diriger vers le bureau et poser son interrogation à l'adulte. Après quelques minutes d'échanges, l'homme avait tout à fait répondu à son élève. Cette dernière quitta donc la salle de classe et s'engagea dans les escaliers. Mais un bruit attira son attention. Des pas dans l'escalier. Elle fronça les sourcils. Son ancien directeur de maison était toujours dans la pièce adjacente et les pas étaient trop léger pour être ceux d'un adulte. L'irlandaise fit donc demi tour et gagna le toit. La porte était mal refermée, signe que quelqu'un venait bien de l'ouvrir. Elle la poussa et constata rapidement et aisément la présence de deux silhouettes plutôt menues. Première ou deuxième année, deux fillettes. Ennis s'avança et attrapa sa baguette qu'elle alluma avec un Lumos distinct. Elle avait ainsi annoncé sa présence.

- "Il est bien tard pour se trouver au sommet de la Tour d'Astronomie." Ajouta-t-elle dans le but que les deux fautives se tournent vers elle si ce n'était pas encore fait.

- "Puis-je avoir vos noms et maisons?" les questionna-t-elle en continuant de s'approcher pour essayer de distinguer un blason sur leurs vêtements. Ensuite, elle saurait à qui s'adresser.

Vos personnages se trouvant hors de leur salle commune après le couvre-feu et Ennis quittant son cours d'astronomie, elle est venue jouer son rôle de préfète. Ceci est donc une intervention spontanée.

Les étoiles étaient scintillantes, dans le ciel et elles apaisaient les tourments d'Ellana. La jeune fille ne voyait pas autre chose que la lueur magique des étoiles dans un fond noir d'encre. Elle s'assit sur le pavé, contemplant le ciel étoilé. La jeune brune ne remarquait pas que des personnes étaient présentes. Enfin, plutôt une seule personne était là. Une personne qui poussa un cri. Ellana tourna la tête et l'aperçut. Elle aperçut une fillette qui devait avoir à peu près son âge. Sans plus s'intéresser que ça à cette fille, Ellana replongea dans sa contemplation du ciel. Les noms des astres dansaient dans sa tête et ils s'assemblaient avec les étoiles.
L'air frais fouettait le visage de la jeune brune, l'empêchant de s'endormir, la gelant à mesure que les minutes passaient.

Assez soudainement, une lueur apparut au coin de la vision d'Ellana. La lueur d'une baguette. Mais la jeune fille ne fit pas attention à cette lumière. Les étoiles l'intéressaient bien plus que quelqu'un armé d'une baguette. Les étoiles étaient son refuge. Son soutien. Ellana avait besoin d'elles pour ne pas désespérer. Le désespoir. Il l'avait quitté à partir du moment où elle avait choisi d'enfreindre le couvre-feu pour se soulager. A partir du moment où elle avait aperçut la première étoile.

Une voix retentit dans la nuit. La voix de la personne qui avait allumé sa baguette.

- Il est bien tard pour se trouver au sommet de la Tour d'Astronomie. Puis-je avoir vos noms et maisons ?

Mais Ellana n'écoutait pas la mystérieuse personne qui était apparue. Et elle ne l'entendait pas vraiment non plus. La berceuse des étoiles était trop puissante pour que la jeune fille puisse écouter autre chose. Une berceuse, qui, depuis qu'elle était toute petite l'avait apaisée dans les moments les plus difficiles. Une berceuse qui lui rappelait sa tendre enfance. Une larme tomba sur le sol de la tour. La berceuse des étoiles s'était tue. Prenant conscience qu'une personne attendait une réponse, Ellana s'efforça d'affronter la réalité qui reprenait le contrôle sur elle. Elle avait enfreint le couvre-feu, elle allait sûrement être punie. Mais au moins, elle allait pouvoir dormir. Elle se retourna enfin.

- Ellana Duchêne, Serdaigle.

La jeune fille avait été stupide. Elle regrettait déjà les mots qu'elle avait chuchoté. La voix qui perçait derrière les mots étaient empreins de tristesse. C'en était trop. Les souvenirs n'étaient plus à cheval entre la gaité et la tristesse. Ils avaient déviés. Le côté du désespoir l'avait emporté. Encore une fois, elle avait franchi ses limites. Des larmes tombèrent.

L’autre personne en question tourna brièvement les yeux vers Winter, mais ne sembla pas le moins du monde s’inquiéter de sa présence, et replongea dans la contemplation du ciel étoilé. Winter, quelque peu surprise par la présence d’une autre individue, la détailla des yeux. Il s’agissait d’une fille semblant légèrement plus âgée qu’elle, plus grande aussi, aux longs cheveux, dont le regard serein tranchait avec sa jeunesse apparente. Winter se sentit quelque peu mal à l’aise, hésitant à lui parler. Elle ne pouvait pas deviner sa maison au vu du manteau qu’elle portait, mais l’aurait peut-être reconnue si elle était issue de Gryffondor.

Winter ne savait plus sur quel pied danser. Peut être devait-elle retourner silencieusement au dortoir ? Mais elle avait si peur dans le château nocturne, et ne savait même pas si elle retrouverait son chemin… Ou pire, si quelqu’un la surprendrait. Personne ne la croirait si elle expliquait s’être endormie dans une salle du château. Le vent ne se calmait guère et Winter sentit un frisson lui parcourir l’échine tandis que ses cheveux commençaient à se décoincer de son écharpe.

C’est alors que la rouge aperçut, du coin de l’œil, une lueur. Qu’est-ce qui pouvait bien faire de la lumière à cette heure-ci, si ce n’était…

- Il est bien tard pour se trouver au sommet de la Tour d'Astronomie.

Winter se figea, reconnaissant la voix féminine, dont elle finit par discerner l’apparence. Les cheveux châtains attachés en arrière, bien plus âgée qu’elle et un air sérieux… Il s’agissait d’Ennis O’Belt, une préfète de Gryffondor, sa propre maison. Winter sentit la peur l’envahir. Elle n’avait même pas encore fini sa troisième semaine à Poudlard qu’elle se retrouvait malgré elle dehors, pendant le couvre-feu, et qu’une préfère l’y avait surprise, de surcroît de sa propre maison !

- Puis-je avoir vos noms et maisons ?

Ca y est, c’était plié. Elle allait surement écoper d’une punition, et pire très certainement faire perdre des points à sa propre maison. Est-ce qu’il était possible de se faire renvoyer en étant dehors à l’heure du couvre-feu ? Winter n’en savait rien, mais elle imaginait déjà les pires scénarios. Si elle s’était faite surprendre par quelqu’un de son âge, elle aurait eu le courage ou l’audace de riposter, mais en se retrouvant devant une préfète, son courage s’envolait…

Pendant quelques secondes, la Gryffondor se demanda si elle serait suffisamment rapide pour prendre la fuite, peut être qu’en prenant la préfète par surprise elle pourrait s’enfuir sans que cette dernière puisse voir son visage ? Non, c’était une idée totalement absurde. Autant abandonner et espérer que la sentence ne soit pas trop lourde… Peut être qu’Ennis comprendrait son problème si elle le lui expliquait. Alors que Winter hésitait à répondre, la fille encore inconnue énonça :

- Ellana Duchêne, Serdaigle.

Winter connaissait maintenant le prénom de la cureuse jeune fille qui restait à contempler les étoiles sous le froid battant, ainsi que sa maison. Sa voix semblait trembler de tristesse, et Winter remarqua qu’elle commença à pleurer. Etait-ce par peur d’une punition ? La fillette se sentait de moins en moins bien et ravala tant bien que mal ses larmes pour répondre à son tour :

- Winter Wright, Gryffondor…

Grâce à la lumière se dégageant de sa baguette, Ennis distingua sans mal les blasons des deux fillettes. Elle disait donc vrai. Au moins pour leurs maisons. L'irlandaise tiqua d'ailleurs sur le fait qu'une Gryffondor se trouvait parmi les fautives. Il serait pour toujours un défi de canaliser les membres de sa propre maison. Ce n'était pourtant pas faute de faire de la pédagogie depuis 3 ans avec George, Amaryllis ou encore Oxy. A se demander si les sanctions étaient suffisamment bien pensee pour ôter l'envie de recommencer. Ou de commencer tout simplement. Mais la préfète n'avait pas son mot à dire sur la manière dont les professeurs faisaient discipline. Et pour dire vrai, pas l'envie - surtout à cette heure - de réfléchir à des alternatives. Elle n'avait pas l'âme d'enseigner.

- "On va descendre. Vous passez devant moi, on va aller voir un professeur." Pas le moins du monde attendrie par les larmes de la Serdaigle - même si elle avait ressenti son immense tristesse, Ennis avait barricadé son esprit pour ne pas être submergée - a châtain appliquait assez simplement.les consignes qui lui était donnée à chaque rentrée depuis trois ans maintenant. Pourtant parfois, elle s'en arrangeait et pouvait laisser une chance de se rattraper. Mais là, elles devaient passer devant la salle d'astronomie ou se trouvait encore sûrement le professeur Briggs, même si elle l'avait voulu, ça aurait été impossible.

Les larmes d'Ellana coulaient sur son visage. Des larmes de tristesse. Des larmes de désespoir. Elle se fichait de la sanction qui allait suivre son escapade nocturne. Elle aurait voulu qu'on lui laisse plus de temps. Plus de temps pour observer le ciel. Plus de temps pour s'échapper des chaînes qui la retenait à la réalité. Plus de temps de liberté. Ellana en avait marre d'être entravée par ses propres cordes. Des cordes qui lui faisait mal. Qui la tailladaient. Elle n'en pouvait plus.

L'autre jeune fille qui était avec elle s'appelait Winter. Drôle de prénom pensait la jeune brune mais quand elle y pensait, elle ne trouvait pas ça moche, même plutôt joli.

Ellana descendait les escaliers, ses souliers claquant doucement sur le sol. Ses pensées restant attachées à la réalité avec force. Ses sentiments se bousculant. Les perles de la souffrance continuaient de rouler, de glisser, de tomber, de s'écraser pareilles à la pluie lors d'un orage. La jeune brune se sentait mal, elle avait mal aussi. Elle aurait aimé s'ouvrir à quelqu'un. A quelqu'un qui la comprenne. A quelqu'un qui puisse la soulager. Elle aurait aimé parler. Se dévoiler. C'était la première fois qu'elle ressentait ce besoin. Ce besoin si étrange. Ellana aurait voulu murmurer des mots à Winter. Elle aurait aimé soulager cette fillette qui semblait appréhender la punition. Elle aurait aimé que cette fillette la soulage en retour. Mais elle savait que cela ne se passerait pas comme ça car elle ne savait pas à quoi s'attendre en parlant à Winter. Et pourtant, elle murmura quelques mots à peine perceptibles sauf pour la jeune fille.

- Ca va ?

Personne d'autre que Winter n'auvait pu entendre ces mots. Parler, même dire deux mots, avait soulagé Ellana. Elle se sentait moins seule. Elle n'avait pas l'habitude de faire ce qu'elle venait de faire mais elle l'avait fait. Les larmes qui ruisselaient sur son visage commencèrent à se désintensifier.

- On va descendre. Vous passez devant moi, on va aller voir un professeur.

Winter sentit son cœur s’arrêter en entendant ces paroles et ses yeux s’humidifièrent à nouveau. Ce n’était pas du tout ce qu’elle espérait. De toute évidence, la préfète ne ferait pas preuve de clémence et ne les laisserait pas retourner dans leurs dortoirs de suite. La fillette avait l’impression d’être une criminelle à devoir marcher devant cette dernière dans les sombres escaliers de la tour d’astronomie. Ses pensées s’entrechoquaient dans sa tête : quel professeur Ennis les emmenait-elle voir ? Elle ne connaissait guère les professeurs ne savait pas si elle devait en craindre plus que d’autres. De même, Winter ne savait pas si elle aurait l’occasion de pouvoir se justifier. Après tout, ce n’était pas vraiment sa faute si elle était hors du dortoir pendant le couvre-feu !

La fillette jeta un regard discret à Ellana tandis que le petit groupe marchait. Les larmes continuaient de ruisseler le long des joues de la jeune Serdaigle, et ses yeux brillaient de tristesse. Winter n’arrivait pas à savoir si cette dernière pleurait pour la punition ou pour autre chose. Plus les secondes passaient, et plus elle se posait des questions sur Ellana. D’un côté, cela la rassurait de ne pas être la seule à s’être fait prendre, mais de l’autre, elle s’inquiétait de la voir autant pleurer. Son intuition lui disait qu’il y avait surement autre chose, au vu de sa tristesse apparente. Plongée dans ses mornes pensées, Winter se reconcentra sur ses pieds, afin de ne pas trébucher dans les escaliers.

- Ca va ?

Winter regarda d’un air surpris Ellana, puis détourna à nouveau la tête pour éviter que la préfète ne se rende compte de quelque chose. Elle était étonnée que la Serdaigle lui adresse finalement la parole et elle avait eu le temps de voir que les larmes de la jeune fille commençaient à se calmer, ce qui la rassura quelque peu. Cela lui faisait de la peine de voir quelqu’un si triste, même si elle ne connaissait pas cette personne. La rouge lui chuchota le plus bas possible :

- Pas vraiment…

Parler lui soulagea un sanglot coincé dans la gorge. Elle fit une pause de quelques secondes, par soucis de discrétion, et ajouta :

- C’est par peur d’une punition que tu pleures… ?

Winter ne savait à quoi s’attendre comme réponse. Elle regrettait quelque peu d’avoir posé la question, peut-être que son interlocutrice allait mal le prendre… Aussi, si elle confirmait que c’était par peur d’une punition, alors Winter était mal. Elle redoutait les conséquences, car elle ne savait pas à quoi s’attendre. Retrait de points, retenue ? Ou pire, un renvoi ? Qu’allaient dire ses parents s’ils l’apprenaient…

Les deux petites passèrent devant un Ennis fatiguée dans les escaliers. Elle pouvait entendre sans vraie difficulté leur bavardage mais laissa faire. Elles ne faisait pas plus de mal, sauf peut-être à elles en ressassant qu'elles venaient d'être prises sur le fait, tout en haut de la Tour d'Astronomie, alors que leur juste place devait être leur salle commune. Elle maintenait donc le niveau de lumière suffisant pour que personne ne tombe dans l'escalier et leur demanda de s'arrêter sur le palier menant à la salle de cours. Mais elle était maintenant close. Par acquis de conscience, Ennis frappa contre le bois. Trois fois, des coups clairs et secs. Mais après trois minutes d'attente, rien de laissait présager qu'elle allait s'ouvrir. Le professeur Briggs devait être parti se coucher - lui. Elle hésitait à l'appeler au cas où, mais n'était-ce pas de l'énergie qui risquait d'être dépensée pour rien?

- "Il a dû partir, mais on continue de descendre. A cette heure, il y a des professeurs qui font des rondes de surveillances dans les couloirs. Ils nous trouveront très facilement." Et elle l'espérait vraiment. Même si le lendemain, elle n'avait pas cours puisque l'emploi du temps était toujours fait de manière à leur réserver la mâtinée suivant le cours nocturne, elle préférait se coucher et ne pas se lever trop tard.

Ellana continuait de descendre l'escalier en pierre. Elle attendait une réponse de la part de Winter, qui fut surprise que la jeune brune lui ait adressé la parole. Cette réponse arriva bien vite.
Une réponse exprimée par un chuchotement. Une réponse où la peur était perceptible.

- Pas vraiment… C’est par peur d’une punition que tu pleures… ?

Ellana fut prise de cours en entendant cette question. Ces larmes se voyaient donc tant que ça ? Sa tristesse, son désespoir également ? Elle aurait voulu les cacher, les enfouir sous une couche épaisse, les dissimuler au monde. Malheureusement, les larmes exprimaient tout à la place des mots. Mais les larmes cachaient aussi parfois leur véritable sens. Peut-être que Winter n'avait pas bien interprétée les larmes ? Peut-être qu'Ellana pouvait repartir se cacher, comme si de rien n'était ? En y réfléchissant bien, non, elle ne pouvait pas. Elle s'était exposée en posant sa question. Elle était prête à en payer le prix. Celui de ses actes.

- Euh...non, pas vraiment...je ne sais pas comment l'expliquer

Ellana fit une courte pause, elle réfléchit un instant. Allait-elle réellement se dévoiler à cette fillette ?

- Je me libère de mes chaînes et on me les resserrent, m'empêchant de survivre. M'éloigner de la réalité me soulage, en regardant les étoiles, je me perds. En revanche, repenser à la réalité, parfois si dure m'est douloureux. Comprends-tu ? Et toi pourquoi ne vas-tu pas bien ?

Ellana l'avait fait. Elle avait exprimé ses pensées par l'intermédiaire des mots. Elle avait redonner liberté à ses sentiments en parlant ainsi. Elle espérait que Winter allait la comprendre. Comprendre sa douleur.

- Il a dû partir, mais on continue de descendre. A cette heure, il y a des professeurs qui font des rondes de surveillances dans les couloirs. Ils nous trouveront très facilement.

C'était la préfète qui venait de parler après avoir toqué à la porte de la salle de cours d'Astronomie. Le cœur d'Ellana se serra, elle n'avait nullement envie de voir un de ses professeurs pendant la nuit.