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04 oct. 2021, 22:47
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Voyage, McGronde



< Thème musical : Barcarolle – J.Offenbach >



« La Voix c'était elle »
Victor Hugo, l'Homme qui Rit

________________


Hannah, 13 ans
23 Septembre 2046 [Matinée]
Cour de la Tour de l'Horloge, Poudlard


Les vacances t'avaient apporté Précipice et Perche ; tu ne savais pas quoi en penser. Qui croire ? Les uns qui conseillaient l'aide médicale ; les autres (les pensées) qui te répétaient que *le médica - ment*. Cette assemblée débattait en moyenne quarante-sept fois par jour — tu avais compté —, ce qui était somme toute un nombre un peu trop important, puisque tu étais censée penser avant tout au travail scolaire. Ajoutant à cela les songes parasites, l'angoisse des ténèbres et les fluctuations de l'humeur, les journées devenaient vite insupportables. Il était grand temps de prendre un bol d'air, une Gorgée de Vie. Car depuis bientôt un mois, c'était comme si tes Poumons ne recevaient pas une particule de dioxygène ; vides comme ton cœur. Cette comparaison, eût dit l'Héritier des Lumières, va à l'encontre de — *ta gueule !* Même tes lectures devenaient des sources d'ennuis. Benjamin Constant et son libéralisme *à la noix* avaient imité Jeanne d'Arc ; brûlés, la cheminée de la salle commune en guise de bûcher. C'est pour cela que tu n'emmenas rien ; parce que ta tête était déjà bien trop pleine. Hors de questions d'encombrer un espace qui l'est déjà bien trop ; ou bien il explose.

Tu descendis d'un pas assuré les nombreux escaliers qui séparaient ton Dortoir de ton objectif — la Cour de la Tour de l'Horloge —, un peu inquiète à l'idée qu'il y ait du monde. Au besoin, tu choisirais un autre lieu ; la Bibliothèque serait un bon plan B. D'ailleurs, pourquoi ce lieu ? Pourquoi ce besoin d'un lieu claustral, si vif, si évident ? Il était des choses que ta Raison ne saisissait pas ; elle se disputait une fois de plus avec ton Âme romantique. Cette dernière l'emporta, plus forte, plus persuasive. Ainsi, tu te retrouvas au pied de l’Édifice Noir, minuscule, au milieu d'un lieu où, fort heureusement, ne traînaient que de rares élèves — que tu ne connaissais pas.

Quelle étrange sensation que celle qui se glissa dans tes entrailles face à cette Cour. Tu détestais les lieux géométriques ; la symétrie de ce lieu t'obsédait. Tu t'écartais des lieux respirant la pierre et le mystère ; en ce lieu ils étaient envoûtants. Tout était contradiction ; ce lieu te ressemblait ; tu l'appréciais sans modération. *Je vais pouvoir m'élever* Élever son Âme haut, très haut, bien plus haut que les Sommets de Poudlard ; c'est ce que tu t'apprêtais à faire. Tu 'assis au pied d'un arbre, dans un coin de la Cour, et tes yeux clos se fixèrent sur ton être ; ta Chair n'était plus.

C'était le début d'une ascension formidable. Être éveillée, plus que jamais, les yeux fermés, quelle expérience ! Tout devenait, Symbole, tout devenait Poésie. Il ne te manquait qu'une lyre pour que le spectacle ressuscitât Baudelaire et Hugo ; il y avait une émotion débordante, ainsi que des Correspondances de plus en plus évidentes. Ces Correspondances étaient des papillons : tu tentais des les attraper au vol avec ton épuisette mentale. Tu redevenait une enfant, jouant avec la Nature. Les discussions des élèves ? Une lettre ! N. La sensation de la brise s'engouffrant dans ton coup comme un perfide serpent ? Une couleur ! Verte. L'odeur de cet arbre, apaisante, pleine de vertus ? Une voix ! Elle te soufflait ceci : « Respire, douce enfant, respire. » Ton cœur devenait un tambour que l'On caressait de temps en temps. La sensation avait tout emporté ; voilà la Magie véritable ! Il n'y avait aucun intérêt à vivre sans ces Élévations. Elles étaient cette force qui, aspirant les Maux comme le ferait la Nuit, transformait chaque ignominie en un prodige. N'était-ce pas la meilleure manière de s'épanouir ? N'était-ce pas un art à enseigner ? N'était-ce pas cela, Voler ? Un sourire déforma ton Visage ; Zeus ! tu étais heureuse.

Qu'ils étaient loin, soudain, les tracas. La Grande Salle, le Tournoi, Dai, les médecins, les têtes inquiètes des parents ; toutes ces choses s'étaient dissipées — éphémèrement — dans les Limbes de ta Conscience.

@Lahya Eaton ; ressentons.

𐌔

05 oct. 2021, 19:43
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Les pas de la bleue semblaient s'étirer sous sa lassitude. Chaque foulée lui paraissait plus lourde que la précédente, et ses yeux, qui normalement auraient dû fouiller les lieux qu'elle parcourait à la recherche d'informations, s'affaissaient sous le poids de ses paupières ne souhaitant probablement qu'une chose : se fermer. L'unique pensée claire obsédant le cerveau de Lahya au point de la faire souffler restait que le week-end allait se terminer dans quelques heures. Or, qui disait fin du dimanche, proclamait également début d'une autre semaine, et cours.
Il avait fallu à la Serdaigle l'entièreté de sa volonté quasiment inexistante pour qu'elle réussisse à se lever, et encore plus afin qu'elle ne rebrousse pas le chemin en cours de route. D'ailleurs, pourquoi ce choix ? Pourquoi avoir décidé de se rendre précisément dans un lieu où il était sûr qu'elle soit entourée ? Pourquoi n'avoir pas eu tout simplement une once d'intelligence et s'être dirigée vers un fauteuil bien chaud de sa salle commune ? *On est dimanche, même en salle commune, tu trouveras des élèves.* Oh oui, car être tranquille un dimanche matin relevait de l'impossible dans ce château, à moins de subir les courants d'air du parc ou des couloirs. Au moins, elle serait abritée dans cet endroit géométrique.

- Et voilà, c'était évident !

Pénétrant d'un entrain sans précédent dans ce que l'on appelait communément la cour de la tour de l'horloge, la jeune fille n'avait pas eu besoin de longues minutes pour repérer une silhouette assise dans un coin de ce lieu étrangement vide pour une matinée libre — éventuellement car la pluie semblait être passée quelques heures plus tôt ? —. D'ordinaire, jamais Lahya n'aurait prêté attention à cette ombre discrète qui ne demandait certainement rien à personne, cependant... Lorsque l'on pénètre dans un lieu empli par seulement une présence, notre attention est très logiquement focalisée sur cette entité. Et bien, ce mécanisme semblait avoir opéré sur la bleue, ses mots brisant dès lors par leur seule existence les timides gazouillements portés par la brise, mots bien trop audibles au goût de l'adolescente.

Plaquant sa main contre sa bouche et stoppant brutalement sa respiration, comme si par cette simple action elle aurait le pouvoir de se rendre invisible aux yeux de cette personne, Lahya sentit un sourire crispé prendre possession de ses muscles sans qu'elle n'en désirât pourtant la présence. La question sur laquelle la jeune sorcière se trouvait focalisée s'amplifia par le même temps, traduisant certainement tout le regret que la Serdaigle avait eu de devoir se lever précédemment. “Pourquoi n'as-tu pas tenté de te rendormir, en cette fin de semaine ?” Il ne fallait pas se lever avant l'après-midi après être resté, jusqu'au soleil levant, les idées bouillonnant dans son esprit. Il fallait se ménager après une nuit à effleurer le sommeil sans pourtant réussir à le saisir. Mais non. Mademoiselle Eaton s'était crue plus forte que la fatigue, mademoiselle avait eu la bonne idée de penser que se rendre dehors lui ordonnerait les idées, et mademoiselle en payait maintenant le prix fort, dérangeant par la même occasion une personne inconnue qu'elle se serait bien passée de rencontrer.

Un bien grand mot ups.

Maison Victorieuse au Triomphe Majestueux, Jamais Serdaigle Unie Ne Perdra
#408040 — 3ème année RP — heart on fire

09 oct. 2021, 20:25
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Tu étais sur un petit nuage. Ce à quoi aurait répondu un scientifique : « Ce n'est pas possible, un nuage est un amas de molécules d'eau — entre autres — ; si on tente de marcher dessus, c'est la chute libre. » Tes pensées disaient ceci : *Mon nuage n'est pas des Vôtres. Il est constitué de Calme, de Douceur, de Respect.* Tu arpentais les couloirs du Romantisme avec une étonnante aisance ; disciple passionnée, tu t'étais armée d'arguments. Restait l'engagement politique, mais cela n'eût su tarder. Des pensées bouillantes sur la politique émergeaient peu à peu de tes cavités cérébrales.

Ce petit nuage vola bien vite en éclats ; comme d'habitude.

Un éclat de voix, brisant le Silence.

C'était fini ; tu rouvris les yeux. Un an plus tôt, tu eus craché tout ton mépris à celle qui avait osé faire voler en éclat cette si belle Bulle de tranquillité et de spiritualité. En cela, tu n'étais qu'une apprentie de l’Élévation ; un rien te déconcentrait. Et Zeus, c'était agaçant ! Même en ce lieu déserté, il avait fallu qu'une intruse se fasse remarquer. Au lieu de se crisper, ton visage emprunta le chemin du désenchantement, de la consternation. Le Silence n'était-il pas la meilleure réponse face à cette insertion impromptue dans le paysage de ce Cloître. La Colère n'existait pas ; elle s'était muée en Lassitude. Était-ce cela, prendre de la maturité ? *Sûrement pas !*

Ton regard examina — cette habitude n'avais pas disparu — cette fille qui te disait quelque chose ; elle était chez Serdaigle, cela expliquait cette sensation. Ses cheveux bruns eurent été plutôt jolis si cette aimable camarade ne s'était pas immiscée en ce lieu. Ils étaient donc *affreusement banals*. Ses yeux eurent été brillants si cette aimable camarade n'avait pas eu le malheur d'ouvrir sa grande bouche. Ils étaient dont affreusement banals. Tout était banal. Elle était la Banalité. Son Allégorie.

Ton menton était relevé, soudain, pour mieux toiser cette fille du Regard. On ne dérange pas la Poétesse qui médite ; c'était pourtant ce qu'avait fait la brune *banale*. Et, imitant ton menton, tu te relevas toi aussi. C'était fini, de toute manière. Et puis, il y avait cette sensation de grandeur, soudain. Ah, qu'elle était agréable ! Tu te sentais bien supérieure ; cela te faisait presque oublier que tu étais agacée.

Puis vinrent toutes les questions, désordonnées, fugaces, dérangeantes : *Est-elle profondément banale ?*, *Ai-je eu tort de la regarder de la sorte ?*, *Peut-être est-ce le bon moment pour sortir du Nuage ?* ; oui, assurément, ces questions étaient dérangeantes, et, bien évidemment, totalement inutiles puisque fausses. Comment pouvait-il en être autrement ? Oh, par l'Olympe, il ne fallait surtout pas que le Doute ne s'installe.

Mais le Doute s'installa. Ton Regard fondit ; sa glace se mua en léger intérêt.

J'ai Ri.

𐌔

10 oct. 2021, 21:36
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Osant toujours à peine respirer, Lahya resta immobile jusqu'à ce que l'inconnu, ou plutôt l'inconnue, se lève. Si elle n'avait été autant pragmatique, la bleue aurait sans doute avoué l'attention que cette fille lui portait comme dérangeante. Lourde. Cependant, un regard n'était autre que deux paires d'yeux tourné vers vous, n'est-ce pas ? Un regard ne pouvait rien avoir de personnel, hein ? Donc l'attention non plus. Lahya tentait tant bien que mal de se convaincre de ces affirmations... Et prise d'un élan de défi, décida finalement de se focaliser elle aussi sur l'autre.

*Bon... Il n'y a pas grand-chose à dire.* Comment cette Serdaigle — car assurément, Lahya l'avait croisée en salle commune, plus qu'une croyance : une certitude — avait-elle réussi à rester autant de temps silencieuse ? Cheveux châtains, teint pâle, couleur des yeux... La jeune sorcière ne parvenait pas vraiment à distinguer ce détail de là où elle se trouvait. Enfin en résumé, rien de quoi écrire une dissertation comme venait probablement de le faire mentalement l'inconnue en face. Néanmoins, grâce à ses réflexions quelques peu douteuses, la bleue venait de gagner quelques secondes, et jugea cela suffisant... Avant de poser ses yeux autre part, décidément embarrassée de la tournure que prenait cet échange, pour autant qu'on puisse appeler cela échange.

Demander son prénom à cette fille paraissait à Lahya plus maladroit qu'autre chose, de même que la questionner sur le dérangement qu'elle venait probablement de subir. Déglutissant, l’adolescente tenta donc finalement une approche toute aussi malvenue à ses yeux, n'ayant malheureusement rien de mieux en stock :

- Désolé... Je n'avais pas pour but de te déranger, de base.

Prononcés à haute voix, ces mots paraissaient envahissants, rendant trop réelle la conversation. Car toute cette scène n'existait pas, non ? Ce silence bien trop surnaturel et déroutant n'était assurément que le fruit de l'illusion de la jeune fille, évidemment.

Laissant échapper un soupir, Lahya tourna sa tête en direction du ciel. Elle n'avait rien souhaité de tout cela, avait simplement espéré pouvoir sortir afin de rompre le cycle infernal de sa fatigue. Et voilà qu'elle se retrouvait en compagnie d'une fille ne prononçant mot, paraissant lui faire porter tous les mots de la Terre à cause de sa simple présence. Si la Serdaigle avait tenté de chercher un sens à tout cela, elle n'en aurait tout simplement pas trouvé. Cependant, non, elle n'essayait même plus. Au fil du temps, l'adolescente avait saisi que parfois, chercher des explications rationnelles à certains faits vexaient les gens. Des personnes tout simplement incapables d'admettre que ce qu'ils pensaient être différent en eux ne se trouvait être autre que des problèmes bien avérés, se cachant derrière leur pseudo-croyance que personne ne les comprendrait jamais. Stupide, voilà comment Lahya les considérait.

Et moi je ris jaune face à ce que j'écris, hum..

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#408040 — 3ème année RP — heart on fire

15 oct. 2021, 12:26
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Ton Regard froid comme les hauts glaciers avait du faire effet ; tu n'avais plus face à toi une apprentie sorcière affiliée à Serdaigle, tu avais une statue de pierre. Tes yeux étaient-ils d'une telle efficacité qu'en quelques secondes, il leur était possible de pétrifier la personne venue te déranger ? Si cela était le cas, ce pouvoir était tout à fait fascinant, et tu avais hâte de l'employer. Quoique, réflexion faite, mieux valait de ne pas avoir à l'employer : cela signifierait que personne ne serait venu te déranger. Le calme était ta devise ; une de tes devises.

Le Calme en surface, la Tempête à l'intérieur. Que voulait-elle — car elle voulait quelque chose, c'était certain — ? Que pourrais-tu lui apporter ? Allait-elle réellement t'agacer ? Tant de questions se bousculaient dans ton crâne... Tant de questions qui n'étaient pas désireuses d'être résolues. Et tu savais que marier deux êtres — ici l'Interrogation et la Réponse — qui ne s'aimaient pas était un terrible vice de l'Humanité. La situation semblait dénuée d'issue.

De base. De base. Premièrement, tu haïssais cette formulation. Deuxièmement, si elle n'avait pas eu l'intention de le faire à l'origine, pourquoi t'avait-elle dérangée ? Ou plutôt pourquoi avait-elle choisi de scier la branche sur laquelle tu reposais. Tu n'était ni Ange ni Oiseau ; une fois la ligne de bois fendue, la Chute avait été brutale. Tu sentais de moins en moins cette conversation ; elle s'annonçait banale, pénible, longue, pesante.

« C'est pas grave. J'ai l'habitude. »

Tu te demandas comment tu avais pu être aussi raisonnable dans les termes employés alors que le mépris était en train de croître peu à peu dans ton cœur, inarrêtable. Il devait y avoir une force contraire, celée derrière des décombres (les entrailles sont souvent un triste spectacle, lorsqu'on a treize ans), qui continuait à lutter, avec la foi d'un imam ou d'un prêtre. Cette force se nommait empathie. Une de ces merveilles qui demeurent de plus en plus rares ; on les croise parfois, si l'on a de la chance, au détour d'un couloir de l'Âme.

Ainsi, ta voix invitait à la réconciliation plus qu'à l'affrontement. Sans doute était-ce aussi l'influence du courant pacifiste qui t'avait insufflé une gorgée de bienveillance. Toute personne a le droit à une seconde chance. Tu ne tardas d'ailleurs pas à prononcer cette deuxième chance, cette occasion pour se refaire une place dans les personnes non-méprisées (la liste était, réflexion faite, assez courte), voir appréciées, si par quelque miracle la discussion devenait intéressante — ce qui était tout de même peu probable.

« Si je te dis qu'il est possible de s'élever au delà des cieux en gardant les deux pieds sur terre, tu en penses quoi ? »

Autant aller droit au but. Comprendrait-elle ? Ou répondrait-elle comme le commun des mortels ? Oh, tu avais cette petite lueur d'espoir en toi, qui exhortait à l'optimisme ! Elle était bien faible cependant, face aux ruines de la rancœur ; les bâtisses de la Haine ne sont pas bien difficiles à reconstruire, il suffit d'une poignée de malveillance.*

Tes yeux étaient tranquilles, comme un lac sans vagues ni navires.

𐌔

18 oct. 2021, 18:47
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Retenant presque sa respiration, Lahya comptait les secondes qui s'étiraient, focalisant son attention sur cette fille. Comme cela paraissait étrange qu'une simple élève la fasse sentir si mal à l'aise. La jeune sorcière avait l'impression d'avoir pénétré en territoire interdit, attendant l'approbation du maître des lieux. Et, cette approbation sonna exactement comme l'inverse des mots prononcés. « C'est pas grave. » Oh, si, ça l'était. Même qu'en effet, comme affirmé, cette Serdaigle avait tout à fait l'habitude d'être dérangée de la sorte. Seule chose véridique dans ses mots, Lahya le sentait inexplicablement. Elle pourtant si peu douée pour interpréter les non-dits.

Si l'attitude de cette fille n'invitait pour le moment clairement pas à la discussion, l'adolescente ne put s'empêcher de hausser les sourcils lorsque la voix en face se fit plus avenante. Les mots prononcés ne s'en trouvaient d'ailleurs pas moins surprenant que ce changement de ton. Aussi, une évidence surgit dans l'esprit de la bleue : un piège. Oui, un piège déguisé en interrogation. La réponse qui paraissait pourtant évidente à Lahya, “On ne peut pas décoller tout en gardant les pieds sur Terre”, ne le fut alors plus tant que cela. Si cette inconnue posait cette question soudaine, n'était-ce pas qu'elle attendait une réponse toute aussi inattendue ? Et puis, pourquoi diable poser ce genre d'interrogation à une personne que l'on vient de rencontrer, et dont on ne connait même pas son nom ? Ceci n'avait, pour Lahya, aucun sens.

La jeune fille ne comprenait toujours pas le but de ce questionnement, insensé à ses yeux, et avec hésitation lança donc une réponse qu'elle tenta d'adoucir, prêtant particulièrement attention à la réaction de cette fille.

- Je penserai tout simplement que tu n'as pas les mêmes définitions que moi, donc que tu te trompes.

Existait-il seulement une réponse correcte aux yeux de son interlocutrice ? Lahya se trouvait bien curieuse de le savoir, de même que la raison pour laquelle cette Serdaigle l'avait questionnée. Et si, quelques instants plus tôt, l’adolescente souhaitait simplement se débarrasser au plus tôt de cette conversation gênante, à présent happée par la singulière aura que dégageait l'inconnue à la question étrange, elle ne put s'empêcher de demander à son tour :

- Pourquoi me demandes-tu cela ?

Pour la jauger ? La mettre en faute ? Ou simplement afin d'engager la discussion — bien que cette option aurait fortement étonnée la Serdaigle — ? Plus Lahya tentait de trouver un fil directeur à cet échange, plus il semblait lui échapper. Cette fille avait le don d'être à la fois insaisissable — tant par sa présence camouflée au début, que sa question à demi-posée— et présente. Trop présente. Elle s'imposait par sa façon d'être, son air différent, et cette même question étrange. Ce mélange de paraître et de ressenti intriguait donc au plus au point la bleue, qui au final faisait preuve de bien plus de patience qu'elle n'aurait pu espérer pour une situation du quotidien.

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22 oct. 2021, 14:30
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Tu te trompes ; grimace. Impossible à retenir, celle-là. Que contenait-elle, cette grimace ? Tout. L'arrivée bruyante, cette affirmation sortie de nulle part, cet esprit obtus et incapable de s'ouvrir à des expériences spirituelles. Le vide, la déception. Car oui, tu devais bien l'avouer, tu avais espéré une réponse intéressante qui n'était pas venue ; désormais tu étais partagée entre colère et indifférence.

Tu optas pour l'indifférence. La colère t'avait toujours attiré des tourments — *Jones...* — et tu avais donc décidé, cette année ne changer de tactique. Assez de la tempête ; tu accueillais l'Hiver. L'immobile, le froid, l'inerte ; voilà trois armes efficaces sans qu'elles ne soient particulièrement violence. Le calme est souvent la meilleure arme. Encore fallait-il la maîtriser.

Tu avais une folle envie de tout lui expliquer, de lui démontrer que tu avais raison, qu'il était possible de s'élever tout en étant assise dans cette *foutue* Cour de la Tour de l'Horloge. Tu avais une folle envie d'élargir ses horizons, de lui apprendre à regarder plus loin que le bout de son nez ; et surtout plus loin que la Raison des Lumières qui avait orchestré de splendides massacres intellectuels et matériels. Ce massacre continuait. Tu avais une folle envie de le faire, certes ; il te manquait le courage, la force.

« Ce n'est pas parce que nous n'avons pas les même visions que la tienne est supérieure à la mienne. » ; l'Hiver.

Tu avais failli rajouter, avec une pointe d'orgueil : c'est l'inverse. Fort heureusement, la voix de l'Humilité t'avait vivement déconseillé cet acte de prétention qui n'aurait pu que te desservir. Alors tu avais ravalé cet orgueil et fait souffler un vent de modestie sur tes Mots — glacial cependant. La rancœur et le reproche n'étaient pas loin. Deux nuages noirs, sombrement lumineux par instants, s'approchant de ton Âme.

Cette Bleue donnait le bâton pour se faire battre. Chaque fois qu'elle ouvrait sa bouche, elle t'agaçait, te crispait. Incapable de retenir les pires questions possibles ; *Bristyle l'aurait déjà fracassée contre le mur* Cette pensée réconfortante te fis te sentir bien supérieure tout à coup : même la redoutable Bristyle, maîtresse de la rhétorique à tes yeux, n'aurait pas eu la patience face à cette gamine. Ton calme redoubla, le courage était revenu.

Tu effectuas quelques pas avec lenteur, lui tournant le dos — instinct provocateur — et admirant les arcs de ce lieu claustral et austère en apparence ; mais dégoulinant de spirituel. Après quelques secondes constituées d'un silence fort éloquent, ta voix s'éleva enfin, toujours aussi posée et redoutable.

« Je voulais savoir si tu avais un semblant de spiritualité en toi ; j'ai la réponse désormais. »

Un sourire ironique se dessina sur tes lèvres. Cette fille était si fade...

𐌔

02 nov. 2021, 09:13
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Les yeux fixés sur cette fille, Lahya attendait avec quelque crainte sa réaction, qui ne fut pas longue à venir. Peut-être furtive, mais une moue, une moue désapprobatrice. Une grimace qui trancha dans le vif la fierté de la bleue. Que cette fille lui apprenne son savoir si important, tiens, puisque ses propos ne semblaient pas lui convenir, elle qui se trouvait si intelligente. La Serdaigle ne s'attendait pas à une réaction positive, elle fut servie. À souhait. Car, après cette grimace désobligeante, ce furent tout simplement des idioties que proclama cette imbécile. La jeune Serdaigle avait tendance à s'énerver rapidement, et cette fois-ci ne fit pas exception. Cette inconnue dictait à Lahya ce qu'elle aurait prétendument pensé, inacceptable.

« … que la tienne est supérieure à la mienne. »

Certes, cette fille n'était pas réellement dans le tort. Elle avait même totalement raison, à vrai dire, Lahya croyait constamment son opinion plus haute que celle de ses camarades. Cependant, il aurait certainement fallu menacer l'adolescente d'un sortilège impardonnable avant qu'elle n'avoue ce trait de caractère.

- Parce que j'ai affirmé ma vision comme supérieure ? Merci de me tenir responsable de propos dont je ne suis absolument pas l'auteure.

Mais à peine le temps de rétorquer, que l'autre se retrouvait à répondre à la question posée, et Lahya ne pouvait lui en vouloir cette fois. Cependant, cette réponde ne la satisfit pas plus, augmentant même l'incompréhension qui l'envahissait progressivement. Un semblant de spiritualité ? Plus la conversation avançait, et plus Lahya n'y voyait aucun sens. Aurait-elle mieux fait de s'en aller immédiatement ? Peut-être. Une question naissante méritait pourtant d'être éclairée.

- Tu... Tu... Tu crois en un, euh des, enfin voilà... dieux ?

Les yeux à présent ronds comme des billes, la bleue observait son interlocutrice d'une mine intriguée. Il y avait donc des sorciers croyants en certaines religions ici ? Certes, cela devait forcément exister... Mais l'idée paraissait si exotique aux yeux de la Serdaigle, qu'elle n'y avait tout simplement jamais songé. Ce qui étonnait le plus Lahya, ne restait cependant pas le fait que son interlocutrice puisse croire à une religion, mais bien le profil qui ne correspondait pas. Cette fille en face n'avait rien de spirituel, de beau, de charismatique... Si ce n'était son regard, peut-être. Cela ne correspondait en rien avec la vision peu étendue qu'avait Lahya de la religion.

Baissant finalement la tête, la bleue attendit la réponse de l’intéressée avec une impatience néanmoins dissimulée. Elle commençait à avoir froid, à rester immobile alors que cette fille bougeait, telle une proie dans le même lieu que son prédateur. Soupirant, elle effectua a son tour quelques pas, au moins pour donner un peu de vivacité à ses muscles.

Argh, désolé du retard, en plus pour ça...

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03 déc. 2021, 10:53
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Je me prends une grande claque. Je suis comme une femme face à l'Avalanche, qui tape des pieds pour que le Risque augmente. Et quand l'immense ensemble blanc fonce sur moi que fais-je ? Rien. J'attends que la douleur me brûle l'intérieur.

Ses paroles sont, pour la première fois depuis le début de la conversation, agressifs. Du moins, c'est ce que je ressens. Mais considérant que mon Ressenti est forcément vrai, je suis persuadée qu'elle m'agresse par les Mots ; si je n'en étais pas persuadée, cela voudrait dire que mes ressentis peuvent être faux, et donc que mon impression de m’élever les pieds sur terre est erronée. Mais je ne peux pas avoir tort. C'est tout bonnement impossible.

J'attrape le froid, et le glisse dans ma voix. Je prends la grisaille, et l'insuffle dans mon regard. Le foehn s'échappe de ma bouche dans un lent soupir exaspéré. J'aurais été plus tranquille au dortoir, j'en ai désormais la certitude. Je dois désormais subir les remarques d'une gamine — gamine qui a probablement mon âge, me rappelle mon cerveau — incapable d'ouvrir son esprit. Ah, elle doit être de ces gens qui n'ont foi qu'en la Science. J'aurais bien envie de me sauver, tant cette conversation me lasse et m'agace en profondeur. Je suis la définition de l'inimité avec ce genre de personne. Mais je ne vais pas partir pour le moment. Je vais tenter de la convaincre.

Mais au moment où je m'apprête à apaiser les choses — qui l'eût cru ! — elle me sort une autre bêtise qui me laisse sans voix. Je dois faire un effort gigantesque pour que mes sourcils ne se froncent pas, pour que mes lèvres ne se séparent pas, pour que mon regard ne devienne pas noir ; pour que je me calme, pour que je digère la chose. Mais intérieurement, je me désole d'un tel manque de connaissance. Confondre le spirituel et le divin, quelle erreur ! J'en suis estomaquée.

Et en même temps, cette méconnaissance me fait me sentir un peu supérieure, sensation que j'accueille volontiers. Alors je prends quelques inspirations, je réchauffe mon regard qui se teinte du feu du savoir. Je me souviens de Diogène, de Servigne et de tous les autres qui ont instruit des générations. Mais à Poudlard, c'est les auteurs magiques avant tout. Et certains élèves en oublient certaines choses fondamentales.

« La spiritualité et la religion sont deux choses profondément différentes ! La spiritualité, c'est le chemin que tu fais à l'intérieur de ton Âme. Mais il n'est pas impossible que je croie en la divinité d'une manière très générale. »

En ce moment, je m'interroge beaucoup à ce sujet et j'en sui venue à cette conclusion : j'admets la possibilité de l'existence de quelque Dieu, mais je refuse l'idée qu'il m'impose des choses. Je le vois (ou la vois, je n'exclus pas non plus le fait que cela soit une déesse !) comme un conseiller, qui ne joue pas sur mon destin mais sur les choses qui relèvent du Hasard. Je n'aime pas du tout l'idée que quelqu'un puisse me contrôler comme un robot, comme un pantin, comme une marionnette. C'est moi qui dois tenir les rênes de mon Existence. Suis-je en train de dire que c'est moi qui choisis mon dieu ou ma déesse ? Je ne le pense pas.

Écrire avec toi est toujours aussi agréable, ne t'en fais pas.

𐌔

17 déc. 2021, 22:59
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Il n’est pas rare de s’interroger sur la pertinence de ses interrogations. Il n’est pas rare non plus de se mordre les lèvres en songeant très fort que l’on aurait mieux fait de se taire. Parfois, le soir, il suffit de regarder les étoiles pour remettre en cause toutes ses croyances, tout ce que l’on croit être. Lahya n’en était peut-être pas à ce point-là, les spirales de ses questions ne tournoyant pas dans une infinité bleue, mais très certainement que cette discussion la mènerait à ce chemin. Tous les éléments de sa vie ne menaient-il pas d’ailleurs à cette même direction ?

Avait-elle eu raison de questionner cette fille ? Ou au contraire, l’intrusion ne constituait-il pas finalement l’unique produit de cette question ? Incertaine quant à la démarche qui avait été la sienne — mais pourtant terriblement curieuse ! — Lahya se contenta donc de camoufler le malaise qui apparaissait à mesure que son interlocutrice dévoilait ses émotions. De l’agacement. Et puis, oh, elle le vit. Ce mouvement scandalisé que cette inconnue tenta de réprimer, cette démarche de refus ? Comment qualifier ce que ressentent les autres alors que l’on n’est même pas sûr de ce que l’on ressent soi-même ? Néanmoins, alors que la bleue tentait d’interpréter les signaux de cette fille, alors qu’elle pensait être arrivée à un consensus — son interlocutrice n’avait pas aimé la question —, alors qu’elle songeait tout simplement s’agacer car, oh que cette file commençaot à devenir pénible avec ses airs ! L’expression changea.

Ce n’était plus un vent glacial. Non. On ne pouvait pas non plus prétendre cette chaleur comme agréable, et à vrai dire elle ressemblait davantage à un brasier qu’à un feu docile. Néanmoins, l’atmosphère paraissait plus… Sous contrôle. Oui, l’affirmation se tenait. Lahya était entrée sur un terrain que cette fille maîtrisait. Elle le sentait imperceptiblement… Ou quelque chose du style. La sensibilité de l’adolescente était certes réduite de par sa façon d’ignorer les émotions des autres, mais impossible de ne pas percevoir le changement d’attitude qui venait d’avoir lieu. Les mots qui prirent place avec ne furent d’ailleurs nullement méchant, ou froid. Simplement des explications.

Lahya ne savait plus vraiment sur quel pied danser. Si quelques secondes plus tôt, cette fille commençait sérieusement à l’agacer, et bien à présent… Elle ne savait pas. Il lui fallait plus de recul pour pouvoir catégoriser l’inconnue, elle avait besoin d’un peu de temps. Juste un peu. Seulement, elle ne le détenait pas. Si Lahya ne répondait pas rapidement, cette autre Serdaigle allait certainement s’impatienter également, et avec l’impatience viendrait l’agacement, et puis on passerait à la rancœur… Classer cette fille serait bien plus simple, certainement, mais Lahya ne voulait pas, ne souhaitait pas, en arriver là.

- Je ne suis pas sûre de bien comprendre ce que tu insinues à travers chemin… Mais c’est intéressant.

Et bien voilà ! Pas si compliqué de sortir quelques mots, finalement. Ils résumaient d’ailleurs parfaitement l’état d’esprit de la bleue : le flou. La compréhension des mots qu’utilisait son interlocutrice laissait encore à désirer, et nul doute que cela se percevait tout à fait. Les sourcils à demi froncés, le regard se perdant sur les vieilles pierres, tout laissait à croire à raison que l’adolescente réfléchissait de manière sérieuse aux paroles qu'elle venait d'entendre… Pour finalement renoncer. *Oh et puis zut.* Tant pis pour l’élévation de l’esprit, de l’âme, ou elle ne savait plus trop quoi. Ces notions lui paraissaient si abstraites !

Maison Victorieuse au Triomphe Majestueux, Jamais Serdaigle Unie Ne Perdra
#408040 — 3ème année RP — heart on fire