16/10/2045

C'était un mercredi morose qui commençait. Solenn avait mal dormi cette nuit, et ses bâillements ne faisaient qu'augmenter depuis l'heure qui avait suivi son réveil. En face d'elle, un élève lisait la Gazette du Sorcier, qui annonçait une triste nouvelle : Ursula Parkinson venait de se voir attribuer les pleins pouvoirs par le gouvernement Moldu. Qu'est-ce que cela signifiait réellement ? Solenn ne s'y connaissait pas assez en politique pour pouvoir deviner ce qui allait se passer après cela, mais elle savait que ce n'était rien de bon.
Essayant de chasser ses tristes pensées de sa tête - elle avait trop à faire pour s'inquiéter du contexte politique, enfin elle essayait de ne pas se laisser démoraliser par tout cela - elle bâilla une nouvelle fois.

-Merde !

Le biscuit qu'elle avait trempé dans son chocolat chaud venait de se casser en deux et formait des petits bouts ramollis à la surface du liquide. Elle détestait cette texture molle et se dépêcha de tout ramasser à la petite cuillère.

Elle jeta un regard sur les autres élèves attablés à la table des Serpentard, essayant d'apercevoir Violet. Cette dernière n'était peut-être pas encore descendue, il était encore tôt et Solenn ne la voyait nulle part.
Elle s'intéressa de nouveau sur son petit-déjeuner, tout en commençant à lister ce qu'elle avait à faire pour la journée. Rien que d'y penser, elle soupira de désespoir. Elle n'avait décidément pas assez d'énergie pour une journée productive.

@Erza McGowan désolée du retard, j'espère que tout te convient !

Je porte à ma bouche mon verre de lait et en avale son contenu sans bruit. J'aime le Silence le matin, mais malheureusement, tant que les repas se feront dans cette salle, il y aura constemment le bruit des Autres pour le briser. Manger m'aide à garder mon calme, parce que sinon j'aurais crié haut et fort ma haine envers eux, pour tenter --- sûrement en vain --- de les faire taire pour l'éternité. Je me décide enfin à regarder ma voisine d'en face qui s' avère être une élève bien plus âgée que moi. Elle n'a pas l'air d'être une fille bavarde, alors l'envie m'en prend de la taquiner un peu pour la réveiller. D'un coup d'un seul son biscuit tombe brisé dans son bol, et je pouffe le plus discrètement possible, bien que je doute qu'elle ne m'ai pas entendue. Cette fille doit vraiment être maladroite pour avoir fait ça. Je lance la conversation :

Je pouvais parler, moi qui me faisait servir par des cuisinières... Je n'ai aucun souvenirs de Maman me servant à manger, mais en même temps, je crois que jamais elle ne l'a fait, et que jamais elle ne le fera. Son amour pour Fred et moi se résume à la part d'héritage qu'elle compte recevoir grâce à nous.

Soudain je me rappelle que j'ai entendu parler d'une sale née-moldue qui serait en cinquième année à Serpentard, et qui, d'après la description qu'on m'en a faite, ressemble à la fille que j'ai en face. Sans hésiter, j'ajoute :


Je baisse les yeux une façon impertinente, et me ressers comme si de rien n'était de lait. J'ai hâte de savoir ce qu'elle va répondre... Cette matinée promet d'être intéressante...

La voix l'avait interpelée. Si tôt le matin, qui venait de lui parler ? Elle leva les yeux, pour apercevoir une fille, plus jeune qu'elle - peut-être en quatrième année ? - brune aux yeux intéressants, ces yeux pleins de vie qui donnent envie de s'y plonger dedans, pour le meilleur ou pour le pire. Elle mit quelques secondes à réagir, ayant besoin d'un peu de temps pour réellement comprendre ce que lui voulait la fille. Elle répondit à sa pique, essayant de terminer tout de suite cette conversation inintéressante, elle. Ce n'était pas la première enfant à se moquer d'elle, et elle pouvait encore gérer les petites remarques de ce genre.

-Je pense que je peux me débrouiller seule.

Pourtant, l'inconnue continua, ses yeux se remplissant toujours plus de malice. Solenn, qui avait baissé son regard vers son assiette, le releva vite en entendant les quelques mots. Son coeur se mit à battre légèrement plus fort, mais elle arriva à rester maître d'elle-même, enfin le plus possible, et haussa les épaules, d'un air faussement calme.

-Tu dois faire erreur, j'suis pas née-moldue.

Elle ne mentait même pas, mais se demandait tout de même si cette rumeur ne portait pas sur elle. Mais en y réfléchissant, comment se pourrait-il qu'on ait eu l'idée de commencer une rumeur sur elle ? Même ses camarades de classe ne la connaissaient pas vraiment. Et de toute façon, rares étaient ceux qui étaient au courant de son sang mêlé. Elle n'en parlait pas, pour ne pas recevoir de questions au sujet de son père. Si tout ça pouvait rester un secret, c'était tant mieux.
Tout de même curieuse, elle fronça les sourcils en demandant :

-De tout'façon, en quoi ça t'intéresse ?

Sincèrement désolée pour le retard...

Tout en mangeant, je fixe profondément la fille en face de moi. Pour être précise, je la toise. De haut non, puisque nous faisons à peu près la même taille. Je la toise de supériorité morale. Je sens — et je suis presque certaine — que je vais l'écraser moralement d'ici la fin du petit déjeuner. La 5e année tente de répliquer sans vraiment le faire, mais c'est un échec complet. Je ris.

— Y a pas de honte à ça tu sais. Ah bah si en fait, j'avais oublié qu'on ne pouvais qu'avoir honte en étant née-moldu

Je me sens forte, capable de vaincre n'importe quoi, n'importe qui. Cela me fait énormément de bien de ressentir à nouveau cette sensation de puissance que me procure cette discussion. Comme contre Sophie. La née-moldu me ment en tentant de me faire croire que je me trompe, qu'elle n'est pas née-moldu. *Qu'elle mauvaise menteuse dis donc*...

— Apprend à mentir dis-je d'un ton plein d'orgueil. — Et puis en fait... Ne me mens pas.

C'est un ordre. Si elle ne le prend pas au sérieux, je sais que je pourrais être très méchante. J'ai presque envie, ça pourrait tellement être amusant... Heureusement pour elle, elle finit par avouer. *J'aime mieux ça*. Je crois par contre qu'elle n'a pas bien saisi quelque chose.

— En quoi ça m'intéresse ? Tu me demandes en quoi ça m'intéresses ? Je te laisse dix secondes pour retirer ta question.

Je commence le compte à rebours.

La réflexion de la brune était si stupide que Solenn ne sut comment réagir. Comment pouvait-on penser comme cela ? Etre née-moldue n'était pas honteux, loin de là. On ne choisissait pas de l'être, et puis même, était-ce si grave de ne pas avoir de parents doués de magie ?
Elle répéta une nouvelle fois à la suite de l'autre Serpentard :

-Je ne suis pas née-moldue, d'accord ?

Elle regretta d'avoir réagit comme cela. La fille pouvait penser que Solenn essayait de se cacher, ou alors qu'elle trouvait ça vraiment insultant d'être traitée de née-moldue. Il n'en était rien, elle avait simplement envie qu'elle la laisse tranquille !

Solenn essaya de réfléchir à comment - ou pourquoi - la plus jeune était persuadée qu'elle l'était. Etait-ce à cause de ses piètres résultats dans les matières qui nécessitait de lancer des sorts ? A cette idée, son cœur se serra de honte.
La voix de la brune devenait toujours plus insistante, et Solenn n'était plus aussi sûre qu'avant. Mais au même moment, elle refusait de se laisser marcher sur les pieds par une fille de ce genre. Alors, elle ancra son regard dans le sien, et rassembla tout son courage pour lui répondre :

-J'vais même reposer ma question : en quoi ça t'intéresse qu'un né-moldu soit en cinquième année ?

ça devient récurrent mais je m'excuse pour mon retard (et pour la taille de ce post )

*10*. N'a-t-elle jamais entendu parler de Carry Harrison ? *9*. N'a-t-elle jamais entendu parler des discriminations envers la rave inférieure ? *8*. Elle bluffe, il n'y a pas d'autre possibilité. *7*. Répond ! Solenn brise le silence — enfin — avec un *stupide* élan de force qui se dissipe immédiatement, à en croire son air. *Et si elle n'était vraiment pas née-moldu* ? Je me retiens d'éclater d'un rire nerveux. Les nés-moldus se cachent, c'est bien connu, mais je le vois, je le lis sur son visage : Solenn est née-moldu.

— Ne mens pas. dis-je d'une voix forte. Ce n'est pas parce que c'est une cinquième année, et que nous avons donc trois ans d'écart, que je ne peux pas l'intimider. — Je SAIS que tu es née-moldu. Je n'en doute pas une seule seconde, sinon comment pourrais-tu expliquer tes si piètres résultats hein ?

J'ai usé de l'un de mes atouts, mais il m'en reste encore en main. Je ne compte pas seulement la battre, je vais l'exploser, la réduire à néant. Un sourire mauvais se déroule sur mon visage, prenant peu à peu de l'ampleur. Solenn plante son regard dans le mien, et je n'ai aucun mal à le soutenir, sans perdre mon inssuportable air satisfait. Quelle est cette subite poussée de courage qui lui vient ? Que va-t-elle encore me sortir comme idiotie ? *Quelque chose pour la faire plonger encore plus profondément*. Je suis prête. Comme si elle devinait mon état d'esprit, Solenn commet l'irréparable, en reposant sa question. Mon sourire s'étend encore plus, tandis que je me penche un peu en avant, les coudes sur la table, pour lui cracher à la figure :

— Tu veux savoir c'que ça m'fait ? Je poursuis sans hésitation : — Ça m'gêne parce que tu d'vrais pas être ici. Tu t'prends pour qui, à te pavaner au milieu de nous, les véritables sorciers ? Qui plus est, comment as-tu fais pour arriver jusqu'en cinquième année ? Tu donnes les quelques pauvres Gallions que ta Moman t'offre à Loewy, histoire qu'elle te garde ?

J'accompagne le tout d'un battement de cils semblable à des yeux doux. J'ai abbatu un second atout sur la table, et pas des moindres : la vérité. Je n'ai pas tout dit — il y a trop de choses à dire — mais je continuerais, si la cinquième année le veut bien sur...

Aïe. La brune avait touché une corde sensible, et Solenn cacha sa réaction une seconde trop tard. Elle détestait réaliser que les autres avaient conscience de son niveau à Poudlard. Les gens de sa classe ne lui accordaient pas beaucoup d'attention, et elle arrivait à se créer cette petite bulle qui la coupait des autres. Le seul moment où elle ne pouvait pas faire ça était lors des exercices pratiques en duo ou en groupe.
Mais comment cette fille pouvait savoir ça ? Solenn n'était pas une personne assez intéressante pour qu'une plus jeune soit au courant de ses résultats ? Ce n'était pas possible. On lui faisait une farce.
Et maintenant, elle ne savait pas quoi dire. Son seul argument était trop logique pour cette fille stupide, elle ne pourrait pas le comprendre. D'un soupir agacé, elle passa sa main dans ses cheveux.

La brune répondit à sa question, enfin. Solenn sentait la colère de la plus jeune qui ne faisait que monter, monter. Allait-elle arriver au maximum ? Et qu'est-ce qui se passerait alors ? Exploserait-elle en mille morceaux ? Beurk, l'image n'était pas très agréable.

-Je t'explique comment ça marche si tu sais pas mais j'suis arrivée en cinquième année parce que j'avais des résultats suffisants.

Son coeur battait bien trop vite dans sa poitrine, ses mains étaient bien trop moites.

-Parle pas de ma mère en fait. De toute façon, c'est une sorcière. Donc si t'as fini ta chasse aux Moldus, tu peux me laisser tranquille ?

Elle avait envie de s'énerver, mais ne savait pas vraiment comment faire. Elle n'était pas vraiment du genre à exploser. Elle devenait juste nerveuse en disant n'importe quoi.

désolée désolée de ce retard