Enfin la rentrée est là. Enfin je retourne à Poudlard. Je vais revoir tous mes amis, ma baguette, et les profs. Malgré la fatigue qui marque mon visage, malgré les visions qui me hante depuis un mois environ, malgré tout ce qui me prenait ma joie et mon énergie, j'étais contente. Contente d'être là, contente de ce qui m'attendait. Un peu stressée aussi... Je suis pas certaine d'être à la hauteur de ce rôle qu'on m'a confié, de ce badge rutilant accroché pour le moment à mes vêtements moldus...

Mettant de côté les pensées et sentiments contradictoires qui m'étreignent actuellement je me met en quête d'un wagon où poser mes affaires. J'ai une réunion de rentrée qui doit être en train de commencer et aucune envie de débarquer chargée comme pas possible. Je finis par apercevoir le visage familier d'Edwin dans un compartiment et décide d'y entrer. La vision de sa cicatrice me fout une claque et je retiens une envie de me mettre à pleurer. Je peux pas craquer. Pas dès le premier jour, pas alors que mon visage à moi est nu de cicatrice... J'étire un sourire essayant de me focaliser sur la joie de reprendre le chemin de l'école.

"Salut, je peux poser mes affaires là ? Je dois retrouver les préfets pour une réunion d'informations apparemment... Je te laisse aussi les boursouflettes, je doute que tout ça les intéresse bien."

Sans vraiment attendre de réponse, je place mon bazar dans le compartiment et dépose les boules de poils sur les sièges près du Serpentard. Je passe l'encadrement de la porte, et avant de partir glisse à nouveau ma tête à l'intérieur. Regard vissé dans celui d'Ed je lui dis quelques mots de plus avant de me mettre en quête du mystérieux wagon des préfets.

"Je reviens dès que possible, promis, je te laisse pas tout seul."

Il ne se sentait pas excité ni peureux. En fait, il ne se sentait que comme si tout était habituel. Poudlard n'était plus le grand château effrayant, pas plus qu'il n'était le sanctuaire. Plus, devrait-il dire, car l'école avait été tout ça. Aujourd'hui, elle n'était plus que la routine, quelque chose de naturel. Finir les vacances, retourner à l'école, revenir en été. Un cercle auquel il avait fini par s'habituer. La seule chose pour laquelle il était content de retourner à l'école, c'était son boursoufflet. Ils pouvaient garder sa baguette ou le forcer à rester avec sa mère tout l'été, ça ne lui faisait rien, non, par contre son petit animal lui avait beaucoup manqué. Il avait travaillé dur, autant qu'il avait pu pour espérer l'avoir et il avait réussit. Il avait attendu avec impatience les vacances chez Lily cet été et avait été particulièrement triste quand il avait fallu retourner chez lui.

Il avait essayé de réfléchir à comment pourrait se passer son année. Au début des vacances, il avait été confiant. Aujourd'hui, il ne savait plus. Il y avait la variante de sa balafre à prendre en compte et il n'arrivait pas à y penser sans s'enterrer sous une bonne couche de mélancolie. Il aurait voulu savoir comment et pourquoi elle était là, plus encore, il aurait voulu s'en souvenir autrement que par les bribes d'informations que Lily et lui avaient échangé. Il ne lui avait pas posé énormément de question en remarquant que ça la dérangeait d'en parler. C'était son combat contre le néant à mener, pas le sien. Il ne pouvait pas lui demander de tout lui raconter, l'accabler par ses questions alors qu'elle-même n'avait pas encore traité toutes les informations de cette aventure. Il lui en reparlerait quand elle serait prête, avait-il décidé. En attendant, c'était à lui d'essayer de se souvenir, de récupérer des morceaux. Mais ce n'était pas comme un coup sur la tête, non, quelqu'un lui avait enlevé tout ça. Il ne savait pas comment faire pour s'en souvenir sans qu'on ne lui redonne.

Pour une année supplémentaire, il regarde les familles sur le quai, essayant sans succès d'apercevoir une connaissance. Il est arrivé tôt avec le bus, sa mère ne l'a pas accompagné. Cette rentrée ne diffère pour le moment pas tellement de l'année dernière. Avant, il avait peur que les gens qu'il avait connu se soient mit à le haïr ou qu'ils ne se souviennent pas de lui. Aujourd'hui, il n'avait plus peur mais il se demandait comment les gens pourraient encore se souvenir de lui comme ce qu'il était avant maintenant que son corps le trahissait et donnait une nouvelle image de lui dont il ne voulait pas. Au début, il avait pensé à maquiller sa cicatrice, mais cela ne faisait que repousser le problème qu'il devrait bien affronter un jour. Et puis, il ne savait pas se maquiller et n'avait de toute façon rien pour le faire alors ça aurait été beaucoup d'efforts placés dans du n'importe quoi. Beaucoup d'efforts pour un trimestre de tranquillité, voire moins vu sa capacité à garder des secrets.

Il tourne la tête vers la porte du compartiment et se délaisse de la fenêtre quand il l'entend s'ouvrir. Son visage s'illumine à la vue de son amie avant qu'il ne redevienne un peu plus maussade quand il se rend compte d'où son regard s'est tout de suite posé. Il pose sa main sur le haut de sa joue nonchalamment, comme s'il s'appuyait simplement sur sa main. Hey. Ouais vas-y, pose toi, j'vais m'en occuper en attendant. Et bah.. Félicitations encore une fois pour ton poste, ce serait con d'arriver en retard.

Je te laisse pas tout seul. Bien sûr que non. Si lui était déjà protecteur envers ses amis, Lily l'était encore plus pour lui. Ce n'était pas dérangeant, ce n'était pas censé l'être et pourtant cela le gênait toujours un peu, tout comme cette façon qu'elle avait presque constamment de regarder sa cicatrice en ayant l'air de vouloir se mettre à pleurer. Il ne connaissait pas toute l'histoire et était incapable de l'apaiser sur ce point là mais, plus encore, il avait l'impression que sa peur prenait vie avec elle. Elle ne voyait plus le Edwin d'avant, mais simplement le Edwin que quelqu'un avait créé juste avec une cicatrice. Ce n'était pas lui mais comment le faire comprendre aux gens ? Il attrape les deux boules de poils qui commencent à gigotter dans le wagon et se recroqueville légèrement, Piou serrée contre sa poitrine. Il respire son pelage et caresse doucement le haut de son crâne tandis qu'elle hurle et se dandine, joyeuse comme un luron. Si lui avait souvent des coups de mou, Piou jamais. Elle était toujours à courir partout, comme ce qu'elle fit dès qu'il eu le malheur de la lâcher. Elle se cacha avec Clivia sous ses jambes et se roula contre ses chevilles. Il enleva rapidement ses chaussures pour ne pas risquer de leur marcher sur les pattes sans faire exprès et reprit sa contemplation du quai, les yeux perdus dans le vide.

Le 1er septembre sonnait comme une cloche dans la tête de Théo. Cette année, il hésitait que cette fameuse cloche soit l'heure de libération ou celle de l'enfer. Libérer de l'emprise de ses parents ou bien atterrir dans un lieu d'horreur et de peur ? Il ne voulait pas qu'Halloween commence si tôt cette année. Les derniers jours, assez de personne avaient réussis à l'énerver, par exemple sa mère, partir en laissant une dispute comme dernières paroles avant plusieurs mois étaient l'une des pires idées qu'il avait pu avoir. Son père l'avait donc amené, c'était un petit brisement de coeur, cet été, il avait mis toute sa confiance envers lui. Le passé était fait et ne pouvait plus revenir, une dernière embrassade et une bise échangées avec son père et le train était son lieu de vie pour les prochaines heures.

Il parcourut le couloir du Poudlard Express accompagné de son fidèle Otis, un petit boursouflet au pelage assez doux, tranquillement posé dans la poche de sa chemise rouge à carreaux. Au loin, il vit Lily-Rose, une Poufsouffle qu'il avait rencontré fin de l'année dernière après une rencontre renversante, s'éloigner vers l'opposé de lui. Il regarda le compartiment d'où elle venait de sortir.Il était vide... Enfin presque vide... Il y trouva Edwin, un Serpentard qu'il avait aussi rencontré le même jour. Ce dernier était accompagné de deux animaux qu'il connaissait comme le sien.

« - Oh salut, je peux me mettre là Edwin ? Tu m'as l'air bien accompagné, ils sont à toi ces deux boursouflets ? »

Edwin n'avait pas changé, il avait toujours ses cheveux longs et sa taille imposante, avec peut-être même quelques centimètres en plus. Il avait aussi une cicatrice sur la pommette droite, ça devait être un chat qui avait du le griffer.

Ze partiiii pour les âneries

Lahya se frotta les yeux alors qu'elle franchissait la barrière magique permettant de pénétrer sur le quai de la voie 9^3/4. Quelques instants plus tôt, son frère l'avait étreint longuement, ne souhaitant — et ne pouvant de toute façon pas — accompagner sa sœur dans ce lieu rempli de sorciers. Pas qu'il ait quelque chose contre eux, mais en leur présence, un sentiment de malaise s'emparait de sa personne, sachant pertinemment qu'il ne serait jamais du même monde qu'eux.

Sa main serrée sur la poignée de sa valise, où elle savait que ses affaires couleur saphir y étaient sagement entreposées, Lahya parcourut du regard la locomotive rutilante. Celle-ci aurait pu avoir cent-cinquante ans — ce qui était peut-être d'ailleurs le cas —, il n'y paraissait rien aux yeux inexpérimentés de l'adolescente. Seul le symbole qu'elle représentait, c'était à dire Poudlard, intéressait Lahya. Le retour dans son école de magie favorite !
Ne s'attardant finalement pas plus sur le quai bruyant — des élèves s'échangeant leur dernières carte de chocogrenouilles, aux parents agacés par l'anticipation inexistante de leurs enfants, il s'y trouvait sans problème de quoi s'y perdre ! —, la Serdaigle pénétra, le pas légèrement ralenti par la fatigue, dans le célèbre train. Restant quelques instants sur le pas de la porte, abasourdie par les élèves chahutant, la jeune fille resta statique jusqu'à ce qu'un élève, aux bras une grosse citrouille, la pousse brutalement afin d'entrer à son tour. Les yeux écarquillés, l'adolescente le suivit des yeux sans même s'offusquer, plus intriguée qu'autre chose par cet étrange bagage.

L'esprit encore emplit de l'image de ce garçon à la citrouille, c'est ainsi que Lahya se dirigea vers un wagon, y pénétrant sans faire attention à ses occupants, posant sans plus de préoccupations son sac à dos sur la banquette. Et, quelle ne fut pas sa surprise alors qu'elle levait enfin les yeux, de reconnaître les deux visages présents. La jeune fille avait ridiculement songé que, comme à son habitude, son voyage de rentrée s'effectuerait tranquillement en compagnie d'inconnus, sans leur parler. Il en avait toujours été ainsi, et la bleue s'en contentait tout à fait. Néanmoins, le destin semblait décidément la pousser à se mettre dans multiples situations embarrassantes, car devant elle se trouvait tout simplement Edwin accompagné de Théo, deux élèves qu'elle avait eu l'occasion de rencontrer lors d'une rencontre plutôt... Particulière. On pouvait appeler cela ainsi.

Son cœur tambourinant contre sa poitrine, les joues rouges — si elle s'attendait à ceci ! —, la jeune fille ouvrit sa bouche avant de la refermer, puis d'observer le bout de ses pieds, beaucoup moins perturbants que ces deux visages. De loin, sa réaction aurait pu s'apparenter à de l'effroi, mais il n'en était rien. Un embarras grandissant envahissait simplement la Serdaigle, la panique de ne savoir comment réagir face à cette situation l’immobilisant. Que pouvait-elle expliquer à ces deux garçons ? Que son esprit avait été trop obnubilé par une citrouille pour daigner de les saluer ? Ridicule. En plus d'une impolie, ils la prendraient tout bêtement pour une imbécile.

Il avait grandit cet été. Pas de beaucoup et peut-être pas que physiquement. Ca avait chamboulé beaucoup de choses, tout ce qu'il s'était passé. Il se sentait plus apaisé mais également plus en phase avec lui même. Ou, en tout cas, son moi intérieur, à défaut de reconnaître son reflet dans le miroir. Il avait cependant l'impression que cette nouvelle prise en compte de lui et des autres ne servait à rien puisqu'il les voyait à travers une vitre. Une vitre si épaisse qu'elle l'empêchait totalement d'être totalement lui-même avec les autres. Il se sentait rabattu au second plan par une présence invisible dans sa tête. C'était elle qui contrôlait, elle qui sursautait quand les portes se fermaient, elle qui se réveillait en sursaut la nuit. Lui, il ne comprenait jamais pourquoi il se passait toutes ces choses. Il était persuadé que s'il avait pu se souvenir de tout son été, ça n'aurait pas été comme cela. Il n'avait, certes, jamais réussi à se défaire de ses démons en les affrontant, mais il aurait mile fois préféré savoir quand même. C'était sa vie, sa personnalité, ses souvenirs que quelqu'un lui avait lâchement volé. Car, après tout, c'était bien nos souvenirs qui nous construisaient, nous permettaient d'avancer. Serait-il à jamais bloqué, incomplet sans eux ? S'il n'avait plus ce qui était censé le construire et le faire être qui il était alors... Ne risquait-il pas de s'effilocher ? Il avait peur, aujourd'hui, que ses souvenirs et son caractère ne soient plus qu'un pull en laine dont on tirait les fils jusqu'à ce qu'il ne reste rien.

Qui tirait le fil ? Jusqu'où ?
Il n'avait pas envie de s'écailler comme de la peinture trop sèche. Il était vivant, il était lui et quelqu'un dans l'univers avait retiré cette chose en lui, cette petite pièce qui faisait fonctionner correctement tout le mécanisme. Il ne restait plus qu'à attendre le moment où tout se casserait la gueule en suivant son modèle. Et, plus encore, si quelqu'un avait si facilement pu retirer une partie de lui, qui lui disait que tout le monde ne finirait par le travail ? Si cela se trouvait, les gens à Poudlard en sauraient plus que lui et ça l'horripilait. Même Lily savait plus que lui. Ils savaient tous autant que lui ce qu'il s'était passé cet été, à savoir rien du tout et quelques privilégiés savaient tout. Quelqu'un savait plus que lui des éléments de sa propre vie, comme si ce n'était que quelques mots sur un bouquin. Et merde, il était réel, il était quelqu'un. Sa vie, c'était son histoire à conter, c'était pas aux autres de lui expliquer ça.

Il se tourne vers la porte du compartiment, prêt à voir Lily réapparaître. Elle dirait quelque chose comme "Mince, j'ai oublié de prendre [insérer ici objet]" et elle filerait avec un rosissement maladroit d'être passée pour une mémoire de passoire. Mais ce n'est pas Lily qui a oublié quelque chose, juste Théo. Il se lève par réflexe et sourit au garçon. Assieds toi à côté d'moi, ouaip. ses yeux se figent sur la petite boule de poils dans sa chemise et il s'illumine, se rapprochant assez près pour sentir le souffle du garçon, simplement pour se baisser doucement et agiter son doigt devant le museau de la petite créature. Le tien est si mignon... Il lui fait un grand sourire Et nope, la plus petite est à moi, l'autre est à Lily, elle l'a déposé ici le temps de rejoindre les autres préfets j'crois. Il passe une mèche de ses cheveux derrière son oreille et attrape les bagages de Théo pour les ranger au dessus des sièges avant qu'une des deux boules de poils gigotantes ne finissent par s'y attaquer, ou pire, que la valise ne les écrase. Il tape une fois l'épaule de Théo avec un grand sourire Allez, pose toi, j'vais pas t'bouffer. mais, au moment de poser sa main sur son épaule, elle s'y crispe et il est parcouru d'un long frisson qui fait couler une sueur froide dans son dos.

Essayant de faire comme si de rien, il se retourne à une vitesse à peu près normale pour voir s'il y a bien quelqu'un dans son dos. Son cœur sort presque de sa poitrine avant qu'il ne s'aperçoive que ce n'est pas un psychopathe ou une connerie du genre. Hey... Lahya. Oui, Lahya, il s'emmêlait les pinceaux avec tout ces prénoms en L. Edwin n'était pas un pro, mais il savait reconnaître une situation gênante quand il en vivait une. Tout naturellement, il s'occupa des bagages de la bleue. De l'extérieur, c'était un acte désintéressé mais Merlin seul savait qu'il ne l'avait fait que pour s'occuper les mains. Rester sous son regard apeuré était particulièrement irritant. Il avait l'impression d'avoir égorgé trois chatons devant ses yeux, et pourtant il ne lui avait rien fait de mal jusqu'à présent. Il se rassoit, préférant être dos à la banquette pour garder un œil sur la porte. Ca apaise les battements de son cœur. Il récupère Piou et Clivia sur ses genoux pour les empêcher de se précipiter sur le siège laissé pour Théo. Il manquerait plus qu'elles finissent sous ses fesses, et là pas question de se demander où elles sont passées comme on chercherait une télécommande.

L'entrée de Théo était merveilleuse, il est entré comme une fleur dans le compartiment comme si de rien n'était. Edwin était très agréable avec lui en acceptant avec grand plaisir que Théo se joigne à son compartiment. La situation se dégrada peu à peu lorsque le Serpentard approcha dangereusement sa tête au niveau de son boursouflet, après cette approche assez perturbante, Théo se recula de quelques centimètres en regardant étrangement Edwin. Le sourire de son interlocuteur l'épanouit et il lui rendit son émotion.

« - Ah Lily-Rose est devenue préfète... Je suis content pour elle... En tout cas, elles sont mignonnes ces deux boules de poils et ça en fait des boursouflets ici. »

Il était assez peu convaincu par ce choix, la rencontre qu'il avait eue avec elle ne lui avait pas totalement plu et il trouvait cette fille assez dérangeante. Il n'allait pas lui dire et pouvait à moitié se réjouir du bonheur des autres. Etonné par cette nouvelle, il remarqua à peine qu'une nouvelle personne était apparue dans le compartiment. Lahya tiens ! Le monde était petit pour que ces quatre-là se retrouvent dans le même compartiment.

Il sentit alors une main se poser en un éclair sur son épaule pour ensuite se retirer. Théo ne s'y attendait absolument pas et son petit cœur sursauta mais il ne montra aucune réaction. Pourquoi avait-il pose sa main pour ensuite la retirer ? Peut-être qu'il voulait faire une remarque sur Otis, cela devait sûrement être ça. Il s'assit à côté d'Edwin tout en saluant d'un coup de main Lahya qui venait d'arriver et en lui souriant.

« - Ça va Edwin ? T'as l'air bizarre ! Ça te met dans un état comme ça habituellement la rentrée ? Tu trouves pas Lahya ? »

Le Gryffondor tapota le dos de son camarade et souffla du nez pour émettre un ricanement silencieux. Il sentit Londres s'éloigner peu à peu de lui et il trouvait que ce début d'année commençait assez bien. Il était à l'aise contrairement à sa première année où il ne connaissait personne. C'était peu étonnant pourtant, dans une nouvelle école, c'était peu habituel qu'un élève connaisse déjà une belle poignée de tête.

Comment agir ? La jeune fille déglutit dans une tentative de se calmer. Une situation habituelle, rien de plus. Elle venait d'entrer dans un wagon, il ne lui restait qu'à lever la tête et prononcer les mots ordinaires de salutation. Et pourtant, il lui semblait qu'un sort scellait ses lèvres. Incapable de prononcer le moindre mot. Incapable de regarder autre chose que le sol terne du lieu. Et puis, soudainement, une présence. *Ed... win ?* Le garçon s'était déplacé, l'aidant à ranger ses affaires. Finalement reconnaissante, l'adolescente tenta de bégayer quelques mots avant de renoncer. Ce ne serait pas ce jour-là qu'elle entamerait une conversation. Néanmoins, les affaires rangées, la bleue parvint tout de même à articuler quelques remerciements, l'activité machinale de poser son sac par terre l'ayant ramené à la raison.

- Merci, je ne suis pas très douée.

S'asseyant, en face des deux garçons, des affaires appartenant certainement à une autre personne à sa gauche, la jeune fille posa sa tête contre le dossier de la banquette. S'assoir lui semblait soudainement si agréable qu'elle en aurait presque pu fermer ses yeux et s'endormir sur l'instant. Elle avait l'impression d'avoir marché des kilomètres entier, cette gare vicieuse lui semant embûches sur embûches. Tout d'abord, cette foule bien trop nombreuse, aussi bien dans la partie moldue que sorcière. Lahya avait rapidement eu cette sensation d'étouffer, se calant sur le rythme de son frère afin de ne pas paniquer. Ensuite, les adieux avec David, puis le garçon étrange à la citrouille, et enfin cette arrivée catastrophique dans le wagon. On pouvait difficilement faire pire en ce début de matinée. Il ne manquait plus qu'elle perde Ophrys, gigotant par ailleurs dans son sac à dos. Songeant alors que, tout de même, elle devrait peut-être libérer le pauvre lézard à moins qu'il ne devienne malade, Lahya se pencha vers le sol où elle ouvrit son sac, saisissant délicatement le petit corps chaud de l'animal. Tout en prenant bien garde à ne pas laisser le reptile s'échapper, la bleue entendit Théo adresser quelque mot à son égard. Intriguée, elle s'empressa ainsi de se remettre contre la banquette, écoutant la fin de la phrase et caressant distraitement la petite bête qui se calmait progressivement.

« Edwin ? T'as l'air bizarre ! »

Cherchant à jauger les paroles de son camarade, Lahya tourna son regard vers le vert, tentant d'estimer son état. À vrai dire, l'adolescente trouvait quelque peu étrange le fait que Théo lui demande son avis, alors qu'elle connaissait à peine Edwin. D'une manière purement objective, certes celui-ci avait l'air fatigué, mais de là à prétendre qu'il semblait étrange... La jeune fille n'aurait su le dire. Peut-être avait-il vécu, tout comme elle, un début de journée plus éprouvant que prévu ? Haussant les épaules, et faisant toujours attention à ne pas brusquer Ophrys, Lahya se prononça finalement :

- Euh... Je ne sais pas moi, c'est tout de même un jour particulier.

La situation embarrassait la bleue, et à vrai dire, à ses yeux Théo se donnait plus en spectacle qu'autre chose. Si elle avait été à la place du Serpentard, elle n'aurait certainement pas aimé qu'on la questionne comme cela, et toutes ces interrogations auraient sonné tel le gong de l'intrusion à ses oreilles. Jetant un coup d'œil à Edwin, elle tenta par conséquent de dévier le sujet de la conversation, espérant pouvoir le détendre un peu.

- Vos vacances se sont bien passées ?

La conversation n'était peut-être pas le plus grand talent de la jeune fille, certes, cependant cette approche lui avait clairement paru comme évidente. Les élèves venaient de rentrer de deux mois de vacances, de quoi d'autre aurait-elle pu s’enquérir ?

Edwin ria doucement à la mention d'une Lily préfère. Théo n'avait pas l'air très à l'aise avec cette idée et le Serpentard le comprenait un peu. Lily-Rose préfète pouvait être risible dans le sens où celle-ci était assez naïve pour se faire rouler sans s'en rendre compte. Cependant, Edwin n'avait aucun doute sur le fait qu'elle ferait de son mieux, et la Poufsouffle était remplie de bonne volonté alors elle devrait s'en sortir comme une cheffe. Simplement le temps de se faire à l'idée que les gens devaient l'écouter, maintenant, et qu'elle avait une responsabilité en plus. Lily-Rose s'en sortirait, décida-t-il finalement. Il suffisait qu'elle ne tombe pas sur quelqu'un d'ouvertement gentil mais de foncièrement méchant quand les autres tournaient la tête et elle n'aurait pas d'ennuis.

Ouais, ça sort de nulle part mais je suis sûr qu'elle va s'en sortir. Et puis, elle je suis certain qu'elle prendra pas la grosse tête pour ça. Il redonna toute son attention aux boursoufflets, caressant toujours les trois boules de poils à tour de rôle, Clivia et Piou en sécurité sur ses genoux. J'adore les Boursoufflets, c'est mignon le fait que t'en ai un. Je te voyais pas avec il sourit doucement Comment s'appelle-t-il ? Elle ? Il pointe à tour de rôle les petites boules sur ses genoux Elle c'est la mienne, elle s'appelle piou. Et elle, c'est Clivia, celle de Lily-Rose.

Il essaie de faire s'écouler la sueur froide dans son dos avant de finir réellement dérangé et de passer pour un fou. Ce n'est pas un monstre qui vient de passer la porte dans son dos, c'est juste Lahya et pourtant, entendre la porte du compartiment se refermer à fait naître un grand malaise en lui. Il Se lève rapidement pour l'ouvrir et la tension dans ses épaules se relâche un peu une fois cela fait, lui permettant de s'asseoir à nouveau à côté de Théo sans se mettre à pleurer comme un bébé. Fixant le couloir d'un air absent, il prend quelques secondes avant de capter que les autres lui parlent à nouveau. Ca va. Je veux juste laisser Lily revenir avant de fermer la porte. Ce n'est pas lui qui est bizarre, c'est ce truc en lui qui panique à l'idée que les portent se ferment. Il ne comprend pas d'où ça sort, ça n'était pas comme ça chez Lily ou chez sa mère pendant les vacances. Il pose une main protectrice sur les boursoufflets. Ici, ce n'est pas la même chose, tout le monde est magique. C'est bien l'idée d'être enfermé dans le monde magique qui lui fait peur.

La rentrée c'est juste.... long, faut faire le voyage et tout. J'suis un peu fatigué, je dors jamais bien avant de retourner en cours. Il regarde quelques secondes par la fenêtre du train. Il ne reverrait probablement pas le quai qui s'éloignait avant la fin de l'année. Il n'avait aucune envie de revenir pour les vacances de Noël et puis sa mère serait très bien sans lui, et lui très bien sans elle. C'était rassurant comme idée. Aussi rassurant que la main de Théo dans son dos qui ne resta pour autant pas bien longtemps. Edwin était très câlin, encore plus quand il commençait à avoir peur, même quand il ne savait pas pourquoi. Pour se changer les idées, il fixa son regard sur le lézard qui se bataillait avec le sac de Lahya avant qu'elle ne le sorte. Il est mignon ton lézard.

Edwin fini par déposer les boursoufflets à côté de lui pour pouvoir replier ses jambes jusqu'à avoir ses genoux contre sa poitrine et les pieds posés sur le bord de la banquette. Il tourne à nouveau les yeux vers le couloir avant de se prononcer sur ses vacances Elles étaient pas ouf. Il hausse les épaules Mais elles sont jamais vraiment ouf. Et les vôtres ?

Lily était déjà partie depuis un bon moment... C'était vrai qu'entre les longs blancs que Lahya laissait avant de parler à nouveau, ils n'avaient pas beaucoup papoté mais tout de même. Sa réunion durerait-elle encore longtemps ?

La réunion était enfin terminée... J'avais l'impression que mon cerveau était tellement plein d'informations diverses qu'il pourrait exploser. Je m'étais excusée pour retourner dans le compartiment avec Edwin et les boursouflettes. Je n'avais pas spécialement envie de discuter avec des gens que je ne connaissais pas vraiment pour ce premier jour de retour à une vie "normale". Je préférais largement passer la fin du voyage avec un ami même si j'avais envie de pleurer à chaque fois que je voyais la cicatrice sur sa joue, la cicatrice que je n'avais pas pu empêcher, celle qui était là parce que j'étais une idiote et une lâche... Parcourant le train j'essayais de me concentrer sur les choses positives de la rentrée.

Après ma déambulation je finis par trouver le compartiment, la porte étrangement ouverte et bien plus de monde qu'à mon départ. J'adresse un petit salut à Théo et Lahya avant de prendre la place disponible sur la banquette de Lahya. Je fais un geste à Clivia pour qu'elle quitte les genoux d'Ed mais celle-ci proteste vigoureusement, s'accrochant à Piou de toute la force de ses petites pattes. Dans un soupir je prends la parole m'adressant d'abord à l'animal puis aux trois humains.

"Très bien, mais quand le train s'arrête tu devras la lâcher... Au fait on arrive dans pas si longtemps il va falloir penser à mettre nos uniformes."

Le ton de ma voix révélais la fatigue et la lassitude qui m'envahissaient de plus en plus au fur et à mesure de la journée. Mon sourire était aussi vide d'émotion qu'un masque de théâtre sans acteur et les cernes de mes yeux associées à mon acné toute nouvelle me donnait probablement l'air malade... Mais qu'importe j'ai pas l'énergie pour faire semblant beaucoup plus longtemps.

- C'est il. Et s'appelle Otis.

A la vue des 2 autres boursouflets au côté d'Edwin, Théo n'hésita pas à lâcher le sien dans la cage des lions. Parmi deux femelles, il allait sûrement trouver son plus grand bonheur. Il ria et regarda à sa droite. Théo était encore assez distant avec le Serpentard car il ne connaissait pas aussi bien que certains de ses amis mais il savait tout de même que le garçon n'était pas dans son état habituel. Il détestait s'étaler sur les pensées et la vie privée des autres mais vraiment... avec Edwin, il était à deux doigts de le faire. Il se souvint alors qu'ils n'étaient pas seuls, Lahya n'en avait peut-être rien à faire des émotions de ses camarades...

- Lahya, je suis sûr que ton lézard s'intégrera à merveille parmi les 3 autres mais tu lui diras d'éviter de les ingurgiter pour le repas de ce soir.

Il lui laissa un petit clin d'œil au passage pour lui faire signe que ce n'était qu'une pauvre blague. Lahya avait l'air assez naïve, une jeune fille qui tombait assez vite dans le panneau, une Serdaigle pouvait être intelligente mais pas forcément assez maline. Les deux autres évoquèrent alors les vacances, vu la réaction du vert, elles ne s'étaient pas très bien passées pour tout le monde, comme Théo. Il était finalement assez heureux de retourner en cours et de prendre un autre bol d'air que celui qui vivait à Londres. Il fut coupé de ses souvenirs pas Lily-Rose, il fut une nouvelle fois choqué en voyant son badge de préfète sur sa poitrine, il n'en revenait toujours pas de cette nouvelle. Lily-Rose préfète...

- Toutes mes félicitations Lily pour ta nomination. Je suis sûre que tu seras une superbe préfète.

Rien n'était sincère dans ses paroles évidemment, cette personne était un boulet en question, il avait toujours la haine de ce qui lui était arrivé à la fin de l'année scolaire. Il devra penser un jour à tourner la page mais la nouvelle n'avait fait qu'amplifier sa rage et rien amélioré. Il suivit les ordres de sa supérieure même si en soit, il pouvait n'en avoir rien à faire, elle n'était pas à Gryffondor et n'en avait pas le profil.

- Si tu veux... Filles d'un côté et garçons de l'autre ?