Rafael n'était pas sure que Joanne réponde favorablement à sa demande, il pensait qu'elle ne lui répondrait pas et prendrait peut-être même la fuite. Et pourtant, elle l'étonna, elle resta devant lui et ne semblait même pas hésiter une seule seconde à partir. Elle plissa les yeux et Rafael pensa alors qu'elle allait lui lancer une réplique cinglante. Malgré tout, il reste immobile devant elle, prêt à recevoir sa sentence.

Joanne se décida à répondre à Rafael par une question. Elle lui demandait s'il n'avait jamais remarqué le regard de certaines étudiantes. Et cette fois-ci, ce fut au tour de l'infirmier d'éclater de rire. Ce devait être une blague, il ne pouvait en être autrement, une plume à papotes devait se cacher dans son bureau pour prendre en note la moindre de ses réactions. Il n'arrivait pas à s'arrêter de rire. Comment pouvait-elle pensait qu'il s'intéressait aux élèves de Poudlard? Elle détailla sa réponse en expliquant que certaines étudiantes essayaient de trouver des moyen de parvenir à l'infirmerie sans danger.

Il avait bien entendu des rumeurs qui allaient dans ce sens mais n'en avait pas tenu rigueur. Il avait aussi entendu ce genre de rumeurs pour d'autres adultes de Poudlard et se doutait que c'était un des petits jeux que les adolescents avaient entre eux. Rafael dû se concentrer pour parvenir à retrouver son calme mais le regard de sa collègue ne l'aidait pas. Après quelques secondes, il parvint malgré tout à répondre:

« — C'est bien ce que je disais, je suis le plus gentil, ça doit être pour ça que les élèves font ce genre de plan. Il fit une pause avant d'ajouter: Et puis bon Joanne... J'ai 35 ans, je ne sais pas ce qui t'inquiète vraiment dans tout ça mais les ado de 15 ans peuvent me jeter tous les regards qu'elles veulent, cela ne changera pas ma manière de les soigner. »

C’était pire que tout. Rafael pensait donc que Joanne était jalouse des gamines qui faisaient des pieds, des mains, des baguettes et des potions pour se faire remarquer par l’infirmier. C’était de pire en pire, elle s’était elle-même mise dans de beaux draps. Devant l’incrédulité, puis le rire de son collègue, Joanne soupira longuement, avant de croiser les bras sur sa poitrine « Mais … mais ! Tu n’as absolument rien compris ! ».

L’air outré sur son visage aurait sans doute pu prêter à rire – elle le savait, et elle en jouait. Qu’il était bon de penser à autre chose qu’à ses idées de vengeance, qu’à son père qui tourmentait sa vie. C’était rafraichissant, Joanne aimait ça. « Il n’y a rien qui m’inquiète dans les plans que font les ados pour venir te voir ». Elle éclata d’un rire cristallin, jetant presque sa tête en arrière. Un vampire, devant la gorge ainsi déployée, aurait pu s’en donner à cœur joie. Fort heureusement, ce n’était pas le cas de Rafael.

« Je parlais des rumeurs sur ton compte, si tu vois ce que je veux dire. Ce n’est pas tant ta gentillesse qui est vantée en travers des murs de Poudlard ». Elle poussa un soupir long de sous-entendus. « Dois-je vraiment t’expliquer de quoi il s’agit où tu as fait le rapprochement tout seul ? ». Juste après avoir demandé ça, elle se fit, à elle-même, les gros yeux. N’était-ce pas lui sortir sur un plateau d’argent tout ce qu’elle refusait de lui dire jusqu’alors ? Joanne préférait taire sa petite voix intérieure qui s’avérait être particulièrement perturbante et casse-pied, du goût de l’enseignante elle-même.

La mine renfrognée de Joanne n'aidait décidément par Rafael, il avait du mal à garder son sérieux. Elle semblait avoir du mal à trouver ses mots mais parvint finalement à dire à l'infirmier qu'il n'avait pas compris ce qu'elle voulait lui dire. Le fait que Rafael ait pu émettre cette idée semblait outrer sa collègue et cela renforçait son envie d'éclater de rire de nouveau. C'est d'ailleurs ce que fit Joanne, elle rit de nouveau à gorge déployée.

Rafael se rendit compte qu'il avait besoin de ce moment, il ne s'était pas senti aussi bien depuis longtemps. Et pourtant, il savait que ce n'était que passager, les choses n'avaient pas changé entre les deux sorciers. Il n'était pas sur qu'ils puissent un jour retrouvé ce qu'ils avaient construit et perdu jusque là. Joanne parla de nouveau et Rafael opta, égoïstement, pour agir comme s'il ne s'était rien passé sans se soucier de ce qu'il se passerait demain.

Selon les dires, ce n'était pas sa gentillesse qui était mise en avant lorsque l'on parlait de lui. Il comprit grâce aux sous-entendus de sa collègue que c'était certainement du à son physique. Cependant, il fit mine de ne pas comprendre ce qu'elle voulait dire pour voir ce qu'elle répondrait.

« — Je t'avoue que je suis perdu là Joanne. Si ce n'est pas ma gentillesse qui est vantée, qu'est ce que c'est? Oh je sais! Mes facultés sur un balai peut-être? »

Bien évidemment. Comment Joanne avait pu se laisser berner comme ça ? Elle savait pertinemment où allait la conversation et pourtant, elle y était allé en courant. Si elle avait pu voler, elle l’aurait fait. Quoiqu’il en soit, à présent, elle devait affronter. Le regard davantage plissé que la première fois, Joanne aurait pu tuer Rafael avec une simple œillade. Pourtant, elle répondit, de bonne grâce. « Il paraitrait qu’elles trouvent ton physique avantageux ». Joanne fit exprès de prendre une mine désabusée, l’air de pas y toucher. « C’est ce qui se dit hein ». Pas ce que je pense. Bien sûr bien sûr.

« J’imagine que comme tu es très demandé, la pauvre enseignante en rune que je suis ne devrait pas te retenir plus longtemps, n’est-ce pas ? ». Il y avait une sorte de douleur dans sa voix, comme si elle avait voulu être retenue, plus longtemps avec lui. A l’extérieur de ce bureau, la vérité cruelle et froide l’attendait. Ici, elle se sentait un peu comme chez elle. Comme si la simple présence de l’infirmier pouvait aider à apaiser ses tourments. Peut-être était-ce le cas. Mais pouvait-elle le dire à Rafael après ces mois de solitude ?

Non, surtout qu’elle ne savait pas comment avait évolué sa vie. Elle n’avait pas le droit de s’immiscer dans cette dernière. Et cette idée remua son âme avec douleur.

Rafael s'amusait de la situation, il avait bien devine où voulait en venir la brune mais n'en dit rien pour autant. De son côté, celle-ci ne semblait pas rire de la situation. Si un regard avait pu tué, Rafael aurait imaginé que c'était le sien. Il pensait qu'elle allait éviter la réponse mais ce ne fut pas le cas et elle répondit que d'après les rumeurs les jeunes de Poudlard auraient son physique. C'était la réponse que Rafael avait imaginé. Ce n'était pas dur à deviner et c'était plutôt commun, les adolescents avaient tendance, qu'importe la génération, à s'intéresser aux adultes de leur école.

Joanne ajouta qu'elle n'y était pour rien dans ces rumeurs et qu'elle ne les propageait pas, c'était ce qu'il se disait et non ce qu'elle pensait. Alors que Rafael commençait à se détendre, Joanne ouvrit de nouveau la bouche pour lui faire comprendre qu'elle devrait peut-être partir et aussitôt l'infirmier eut une impression de déjà vu. Elle n'avait pas utilisé les mêmes termes mais il se rappelait d'une conversation dans ce genre. Chasser le naturel et il revient au galop. La bonne ambiance entre les deux aura duré peu de temps mais Joanne venait de rappeler à Rafael qu'elle était prête à fuit à tout moment. L'infirmier hésita quelques secondes mais préféra se préserver, il ne ferait pas la même erreur cette fois-ci. Il ne pouvait pas se permettre de souffrir de nouveau. Il essaya malgré tout d'atténuer ses propos.

« — Si tu m'assures que tu ne retourneras pas tout de suite dans la Grande Salle, je pense que tu as raison. J'ai une file d'attente d'adolescents qui m'attends à l'infirmerie, je ne devrais pas les faire attendre.»

Rafael avait dit cela sur un ton léger mais le coeur n'y était pas. Une barrière mentale s'était formée dans son esprit et cela devait se ressentir malgré ses efforts.

Il pensait qu’elle avait raison. La déception était certainement lisible sur le visage de Joanne mais après tout, qu’avait-elle espéré ? Soupirant longuement, la trentenaire hocha la tête, signe qu’elle avait bien compris le message. Et pour être compris ! Il l’était. Joanne ravala sa fierté – qui avait déjà fait quelques descentes ce jour-là et ses sentiments qu’elle refusait de voir – eux étaient bien où ils étaient, là où ils ne pouvaient pas lui faire du mal.

L’enseignante se dirigea vers la porte, elle aurait voulu ramasser tout son courage, lui faire face, lui dire la vérité, le sommer de comprendre son choix, cette envie qu’elle avait eu. Malgré tout, lorsque sa main se posa sur la porte, rien ne s’extirpa d’entre ses dents. Rien.

C’est seulement lorsqu’elle fut de l’autre côté de la porte, qu’elle se retourna et lui lança un triste « Merci pour aujourd'hui ». Quelques pas plus tard elle s’entendit dire autre chose qu’elle n’assimila pas vraiment, trop occupée à ravaler ses larmes. Comment était-il possible de passer du rire aux larmes en moins de cinq minutes ? Joanne aurait aimé le comprendre. Peut-être tenait-elle entre ses mains un début de réponse mais peut-être qu’elle n’était pas tout à fait prête à la comprendre. Peut-être qu’elle avait besoin de temps pour admettre l’évidence.

Ce jour-là, néanmoins, elle ne réapparut pas dans la grande salle, ni les jours d’après. Elle avait besoin d’échapper à la cohue ambiante et au trouble engendré par la présence de Rafael.

La fuite, toujours.

Fin du RP pour moi, merci beaucoup

Rafael sentit aussitôt l'atmosphère changer dans la pièce. L'ambiance n'avait rien à voir avec celle d'y à quelques minutes et Rafael en était responsable. Une part de lui voulait revenir en arrière et reprendre ce qu'il venait de dire mais il ne le fit pas, il savait que c'était pour son propre bien. Il devait penser à lui.

Il eut du mal à regarder Joanne dans les yeux mais il ne voulait pas passer pour un lâche. Il l'était déjà plus ou moins en répondant dans la sorte à Joanne, il ne voulait pas aggraver son cas. Il leva donc la tête et regarda la jeune femme encaisser le coup. Il remarqua aussitôt la déception sur le visage de Joanne et il s'en voulu encore un petit peu plus mais resta muet. Elle ne dit rien et se retourna pour se diriger vers la porte. Ce n'est qu'une fois qu'elle passa cette porte qu'elle se retourna pour lui parler, elle le remercia pour l'avoir sortie de la Grande Salle et quitta l'infirmerie.

Rafael souffla et se retourna vers son bureau, il posa les deux bras sur celui-ci et enfouit sa tête entre ses épaules. Pourquoi c'était si difficile de lui faire face? Après tout ce temps, il n'arrivait toujours pas à lui faire face sans penser à ce qu'ils avaient perdu. Y arriverait-il un jour?

Merci pour ce Rp Joanne.