Le froid était arrivé. Le soleil était moins haut dans le ciel mais aujourd’hui il irradiait quand même légèrement. L’hiver était tombé sur Poudlard mais la jeune fille comptait bien profiter encore quelques jours voire semaine du soleil qui réussissait à perce de temps en temps le voile de nuages.
Elle était allongée par terre, les yeux cols et sur son visage se reflétaient des couleurs inhabituelles. Barrant ses yeux un violet profond, sur sa joue droite un bleu roi et sur son front un jaune poussin. C’était les verrières de la serre qui avaient pris d’autres teintes après de nombreux essais de la jeune fille. Elle aimait faire ça, elle s’entrainait et ça donnait à ce lieu un aspect mystique et joyeux qu’elle appréciait. Elle n’avait pas montré à beaucoup de monde cette petite métamorphose de serre qu’elle aimait faire. En fait seul Colby avait eu cette chance. Mais Colby… Elle ne le voyait pas aussi souvent qu’elle le voulait. Au fond d’elle elle espérait qu’il verrait au loin ces couleurs vives et qu’il la rejoindrait. Mais quelles étaient les chances ? Si peu.

Alors elle restait là, les yeux clos, dans la douce chaleur des serres entourée par des plantes qui prenaient des couleurs si différentes sous ce verre coloré. Ses mains étaient croisées sur son ventre. On pourrait croire qu’elle est morte immobile de la sorte, ou qu’elle dort. Mais non, elle se concentre sur sa respiration et laisse son esprit s’envoler. Elle médite en somme, se souvient de moments de vie et se connecte avec ses sentiments elle qui le fait si peu. Et l’espoir d’entendre Colby arriver. Il ferait ça silencieusement, elle entendrait juste ses pas, puis s’assoir à côté d’elle et ce serait cette toux qui viendrait rompre le silence. Aliénor grimaça légèrement, savoir que Colby était en lutte constante contre cette chose… Elle avait mal pour lui, elle voulait l’aider, mais elle ne pouvait rien.

Une larme roula le long de sa joue, sans pour autant qu’elle n’ouvre les yeux ou bouge simplement. C’était juste une sensation d’impuissance et d’échec. Mais elle avait essayé, elle n’avait pas de regrets. Elle était allée voir toutes les personnes possibles qui auraient pu l’aider. Ce n’était juste pas possible à son niveau c’est tout. Même si c’était dur à admettre.

Ce RP est libre à qui veut, mais seulement une personne pour raisons de cohérence.

Les Serres. Elle aimait à y passer du temps. Et ce jour ne faisait pas exception. Le temps clément était propice à une sortie en dehors du Château. Et c'était vers les Serres que la Poufsouffle s'était rendue, un peu par habitude. Cherchant confort et réconfort auprès des plantes qu'elle appréciait grandement. Les joues rosies par le froid, et Jyal bien au chaud dans son manteau elle déambulait sans but, regardant et observant les différents végétaux qui habitaient ses lieux. La luminosité était belle. Douce et apaisante.

L'image d'une Aliénor allongée au sol attira son regard. Elle a l'air apaisée elle aussi. La respiration lente et calme. Lilly ne souhaite pas la déranger. Et pourtant. Un détail attire son attention. Une larme s'échappe de ses paupières closes et glisse sur le visage de la batteuse. Lilly se mord la lèvre. Devait-elle ou non la déranger dans ce moment.

« A-Ali … ? Je peux venir m’asseoir à côté de toi? »

Elle eut la décence de ne pas lui demander si tout allait bien. Car clairement ce n'était pas le cas. Mais peut-être un peu de compagnie pourrait la soulager? Peut être pas. D'où sa question. Elle lui laissait ainsi la possibilité de refuser. Il était très possible que celle-ci préfère rester seule. C'était certainement pour ça qu'elle avait choisit de s'isoler dans le calme d'une des Serres. Ce que Lilly comprenait tout à fait.

Si Ali refuse Lilly ne fera donc que passer

Des pas, elle entendait des pas. Mais ce n’était pas Colby. Comment elle le savait ? Et bien parce que la voix de Lilly brisa le silence dans la serre de botanique. Aliénor ne réagit pas de suite, elle prit une grande inspiration avant d’hocher doucement la tête de haut en bas, toujours allongée et les yeux clos. Puis elle souffla avec la même lenteur avant d’ouvrir les yeux. Elle observa un instant son œuvre sur la verrière de la serre. Ses couleurs déposées de partout grâce au soleil. Ça manquait de bleu. C’était la couleur de Colby le bleu. Pas un bleu foncé agressif non, un bleu clair comme le ciel d’été.

Lilly était au courant pour Colby, elle connaissait le mal qui le rongeait. Aliénor n’essuya même pas sa larme qui s’était éclatée au sol après avoir suivi les lignes de son cou. Elle était juste bien ici, sereine, apaisée après cette séance de méditation.

-Il me manque tu sais… J’arrête pas de m’inquiéter pour lui.

Elle n’avait pas levé les yeux des vitres en face d’elle, elle était persuadée que Lilly comprendrait sans mal. Après tout qu’est-ce qui pouvait plus occuper l’esprit de la jeune fille que son ami qui était en train de mourir à petit feu ? Elle avala difficilement sa salive avant d’enfin tourner la tête vers Lilly et croiser son regard. Elle lui accorda un fin sourire qui disparut aussi vite qu’il était venu. Puis elle tourna de nouveau la tête pour regarder le plafond.

-Je lui avais montré ça, le jour où je l’ai appris.

Un lieu qu’elle aimait dans Poudlard. C’était ce qu’il lui avait demandé et elle avait choisi ce lieu. Elle avait peur chaque jour qu’on lui apprenne une mauvaise nouvelle alors se réfugier ici… C’était comme remonter le temps, retourner à ce jour pour avoir le temps de passer du temps avec lui, de trouver un moyen pour l’aider. Juste du temps…

La fin de sa question s'était évaporée dans un souffle. Le temps suspendu pendant quelques secondes. Et elle n'avait pas osé bouger avant d’apercevoir les hochements de tête affirmatif. Elle continua donc avec un rythme lent, à se rapprocher. Ses pas l'emmenaient doucement vers la Poufsouffle allongée.

Oui, je sais... Cette réponse ne fut pas formulé à voix haute. Car finalement, il n'y avait rien à répondre. S'inquiéter était une réaction normale face à l'ampleur de cette annonce. Elle n'osait imaginer la douleur que ressentait son amie. Se sentir impuissant était la pire des sensations, surtout quand cela touchait aux personnes que l'on aimait.

Elle lui rend son sourire pour le peu de temps où leurs regards se croisent. Les yeux embrumés de son amie lui brise le cœur. Elle essai de teinter sa phrase de notes positives. Parler du malheur ne risquait pas d’apaiser les choses. Se concentrer sur le positif, c'était ça qu'il fallait faire. Sa voix se voulait douce et posée. Elle qui avait l'habitude de parler rapidement, elle prenait le temps de prononcer chaque mot.

« C'est beau. Un de mes lieux préférés aussi. Et il a aimé ? »

Lilly s'assoit à côté de la batteuse. Proches mais sans l'oppresser. Continuer à préserver l'intimité que ce lieu offrait. Ce n'était pas difficile de comprendre pourquoi elle l'avait choisit. Rares étaient les endroits au Château qui dégageaient ce sentiment protecteur et chaleureux.

Jyal aussi semblait vouloir aider à sa manière. D'un pas hésitant, elle s'était rapprochée d'Aliénor, dodelinant de la tête, jusqu'à poser son petit nez réchauffé sur la joue de la Poufsouffle.

Lilly ne l'arrêta pas et sourit doucement. C'était probablement ce qu'elle aurait fait également si elle était un Boursouflet.

Le calme de Lilly était bienvenu. Aliénor qui avait pour habitude d’être dans l’action contente trouvait en sa camarade une eau calme dans laquelle se plonger pour se couper du monde mais surtout, sans être vraiment seule. Elle observait les couleurs qui changeaient légèrement de teintes quand les nuages du ciel passaient devant les pauvres rayons du soleil. Ses questions étaient simple, elle ne dramatisait pas la chose mais n’en faisait pas quelque chose d’anodin non plus.

Un fin sourire étira les lèvres de la jeune fille en se rappelant les mots de Colby. Oui il avait aimé, il aimait beaucoup de chose, c’était un vrai curieux donc tout l’intéressait. Mais alors qu’elle repensait à ce moment, un contact inattendu fit légèrement sursauter la jeune fille. Elle s’était tendue immédiatement et jeta un coup d’œil sur le côté. Elle vit immédiatement la fourrure vive du boursouflet de Lilly et se détendit. Ses yeux retournèrent sur le verre de la serre puis elle ferma les yeux.

-Je les ai toujours trouvés inutiles. Mais étrangement là, sa présence ne me dérange pas.

Elle rouvrit les yeux et les posa cette fois sur sa camarade. Elle lui sourit, mais pas un sourire de politesse cette fois, non, un vrai sourire. Pas aussi franc qu’habituellement, mais sincère.

-Il a adoré. Il a même dit que notre rencontre était la plus colorée de Poudlard.

Il avait dit aventure. Mais Lilly ne savait rien de leur expédition dans le château, de leurs recherches, de tout ce qu’ils avaient appris sur ce vieux tas de pierre si surprenant. Et comme cette aventure était née de leur rencontre ce n’était pas déformer entièrement ses paroles. La jeune fille se redressa non sans pousser un râle de fatigue. Elle observa le Boursouflet avant de passer sa main sur lui et le caresser légèrement comme pour le remercier de son geste. Puis elle leva de nouveau les yeux vers Lilly.

-Pourquoi t’aime te balader dans les serres toi ?

Elle pencha légèrement la tête sur le côté, Lilly, au combien elle était ouverte aux autres, avait un petit côté mystérieux, elle semblait si simple mais la jeune Delphillia était persuadée qu’il y avait plus si on creusait un peu. Et puis elles commençaient à bien se connaitre quand même, alors il était normal que la batteuse s’intéresse à celle qui avait survécu au dominion.

Lilly ne peut retenir un léger sourire. Inutiles. Pour elle Jyal était tout sauf inutile. Mais elle pouvait comprendre l'avis de la batteuse sur le sujet. Cette petite boule de poils avait été d'un grand réconfort, surtout après le tournoi. Les câlins et les larmes versées à ses côtés ne se comptaient plus. Elle ne pouvait imaginer sa vie sans elle.

Une petite caresse se perd sur le dos de la Boursouflette. L'animal ne s'en rendrait pas compte, mais cela voulait dire beaucoup. Jyal revient en trottinant gaiement vers sa maîtresse, l'air de dire ''tout vas mieux maintenant''. L'adolescente la récupère dans ses bras et lui donne un petit bisou sur le dessus de sa tête. Si c'était aussi simple.

Une rencontre colorée. Ces mots étaient beaux. C'était une belle image. La Poufsouffle sourit en acquiesçant de la tête. Elle aussi avait eu des rencontres colorées, mais ces derniers temps, les couleurs avaient tendance à être plus ou moins belles.

« Ça a toujours été comme ça. Les plantes me semblent parfois plus accessibles que les humains. On peut en prendre soin, s'en occuper, les voir s'épanouir. C'est simple. Et beau. Et parfois elles ne nous le rende pas. Et parfois si. Et venir ici, ça calme ce que je ressent quand c'est trop le bordel. Et ça l'est souvent. Et elles sont toujours là, fidèles. Là où ma baguette catalyse ma magie, les plantes catalysent mes émotions tu vois ? »

Ce n'était sûrement pas très clair non. C'était difficile à expliquer. Elle n'avait pas à se poser la question en fait. C'était presque un besoin. La nature avait beaucoup à apporter. Une présence sans faille. Et ce depuis toujours.

Aliénor avait cependant renversé cette idée avec cette histoire de plante dans l'estomac. Lilly n'aimait pas cette image de plante destructrice. Le bouleversement était grand. Rien n'était jamais tout tranché dans la vie. C'était un fait. Et c'était des bouts de naïveté qui s'envolaient à chaque fois un peu plus face à la réalité du monde qui l'entourait.

Aliénor écoutait Lilly, elle avait cette vision si simple et pure de ce qui l’entourait qu’elle avait bien du mal à la voir bouleversée ou en colère. Elle semblait si parfaite en apparence ça semblait presque lassant, mais elle était agréable.

-Les plantes… C’est pas vraiment mon truc, tout comme les bestioles.

Elle désigna de la main le boursouflet, en réalité en faisant ce constat, elle se rendait compte qu’elle n’était pas très douée de manière avec les êtres vivants, parce que dans sa liste elle pouvait rajouter les humains. Si elle avait pour habitude de faire mourir les plantes pour une raison obscure, que les animaux la gonflait plus qu’ils ne lui apportaient de la joie, ses relations avec les autres étaient bien souvent catastrophiques, rien qu’à voir tous les ennemis qu’elle a put se faire à Poudlard et tous les amis qu’elle pouvait perdre. Combiens étaient passés sous les radars depuis tant de temps… Elle avait perdu beaucoup de gens et Colby était en suspens. Ca faisait beaucoup pour une personne dont la vie était si courte.

-Mais c’est vrai que c’est reposant, toutes ses plantes, ça égaye. Ce serait que moi j’en mettrait des tonnes dans le dortoir, en plus je suis certaine qu’avec toi elles auraient une longue vie !

Aliénor adressa un sourire à sa camarade, sincère et franc. Même si elle avait du mal avec sa baguette et par conséquent le fait qu’elle canalise sa magie. Son regard tomba dans le vide, elle était en voie de se réconcilier avec sa baguette grâce à ses cours, mais ce n’était pas si simple.

-T’as souvent besoin de canaliser tes émotions toi ? Parce que honnêtement en plusieurs années avec toi dans le dortoirs, je ne t’ai jamais vue éclater à cause de tes émotions.

Son regard se posa sur Lilly et elle chercha le sien pour la sonder au maximum. Elle avait vraiment envie d’en savoir plus sur elle, elle était un peu mystérieuse et ce encore plus depuis qu’elle était rentrée du dominion.