DIMANCHE 8 JUILLET, BLETCHLEY

Canelle monta les marches en courant, les larmes dévalant ses joues. Elle ne pouvait pas y croire. Elle ne voulait pas y croire. Son père était un monstre, oui, un véritable monstre sans coeur. La jeune fille ne pouvait qu'avoir honte d'être sa fille, et regrettait fortement sa mère. Comment pouvait-il faire ça ? C'était juste ignoble. *Comme lui* La jeune fille voulait à tout prix retourner à Poudlard, où avancer le temps aux deux semaines qu'elle allait passer chez sa meilleure amie. Elle ne voulait pas continuer à vivre ça pendant encore presque trois semaines. La rentrée lui semblait si loin, la jeune fille voulait juste en finir, reprendre le cours de sa vie, et ne plus repenser à son stupide père pendant un an. *J'veux plus jamais le voir* La jeune fille avait envie de hurler sa douleur, mais ne le pouvait pas. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était s'enfermer dans sa chambre, et ne plus jamais en sortir. Peut-être que ça rendrait meilleure ces vacances de l'enfer.

Qu'avait-il fait de si mal en fait ? La jeune Serdaigle elle-même n'aurait su dire en quoi ce que son père avait fait avait de si dramatique. La seule chose qu'elle pouvait dire, et qui était bien réelle, c'était cette douleur qui lui emplissait le coeur, cette noirceur qui lui emplissait les veines, et ces larmes qui lui remplissait les yeux. *Comment il peut me faire ça ?* Il n'avait pas attendu bien longtemps avant de refaire sa vie, cela faisait quoi, trois mois que sa mère était morte ? Il avait déjà trouvé une idiote pour la remplacer, qui en plus avait des enfants. Comment cela pouvait-il être possible ? Canelle ne comprenait pas, elle avait beau essayer de se mettre à sa place, tout ce qu'elle ressentait était cette haine et cette douleur qui lui noircissait le coeur. *Comment c'est possible ?* Et qu'avait-elle fait pour mériter ça ? Elle entra dans sa chambre et claqua la porte si fort qui lui sembla presque entendre sa maison tremblait. Tout son monde était en train de s'écrouler.

Enfouissant son visage dans le coussin moelleux de son lit, la jeune fille laissa éclater sa peine. Un hurlement jaït de sa bouche sans qu'elle ne le souhaite, puis elle sentit ses forces s'arrêter. Elle n'avait plus la force de lutter. Roulée en boule sur elle-même, plusieurs minutes passèrent durant lesquelles la jeune fille réussit à fermer son esprit. *Ne plus penser* C'était bien de ne plus penser quand on n'allait pas bien. Ca aidait beaucoup. Surtout quand les pensées étaient bien trop noires pour une enfant si jeune, et quand elles partaient un peu dans tous les sens. Canelle ne savait plus où donner la tête, plus où donner de l'importance. Pour une des premières fois dans sa vie, elle avait été égoïste et n'avait pas pensé à ses frères et à sa soeur qui eux aussi encaissaient la nouvelle. Ils devaient certainement être aussi perturbés qu'elle, mais elle ne voulait pas y penser. Elle avait le droit de s'accorder un peu d'attention cette fois-ci.

La seule personne que la jeune fille avait envie de voir, c'était sa mère. Elle lui manquait affreusement, et cela lui brisait le coeur. Comment était-elle censée survivre maintenant que sa mère n'était plus là pour l'aider et pour la soutenir ? *Comment j'suis censée faire ?* Depuis mai, sa vie avait été ponctuée de petits moments de faiblesse, mais jamais comme celui-ci. Cette fois, c'en était trop pour elle. Canelle n'arrivait pas à supporter cela. Et dire qu'elle allait devoir rencontre sa "belle-mère". Jamais elle ne pourrait considérer cette femme tel quel. La seule personne de l'âge de son père qu'elle pouvait à présent aimer, c'était sa mère, mais celle-ci n'était même plus là pour le voir. *Elle me manque* La jeune fille avait juste envie d'enfouir son visage de le cou de sa mère, de respirer son parfum, de revivre la douceur de l'étreinte de ses bras. Mais tout cela était impossible, et ne serait plus jamais possible pour la jeune fille qui ne pouvait à présent plus que se remémorer des souvenirs, au risque de se perdre dans le passée.