- Attends tu vas faire quoi ?

- Je vais vendre Derviche & Bang.


Un silence c'était installé à la tablée du restaurant où, les yeux dans les yeux, se contemplèrent ahuris le père et le fils ainé tandis que, serein, continuait de manger le cadet. Qu'elles étaient bonnes ces french fries. Au coeur de la capitale, non loin du Chemin de Traverse, Duncan avait rejoint ce midi là le reste de la famille Darwin en quête d'un déjeuner familial. Si les deux autres ne s'attendaient pas à une telle révélation, le blond, lui, en avait été empli d'appréhension. Ainsi se fut sans la moindre transition, alors qu'un bras déposait l'un des plats, qu'il profita de l'instant pour déposer la bombabouse sur la table.

- Attends on parle bien de la boutique où tu nous as saoulé avec car c’est ton rêve ou je sais trop quoi ?

- La boutique dans laquelle tu as investi il n’y a meme pas un an surtout ! Tes économies par Merlin ! , poursuivit le paternel sans trop oser y croire.

- Je ne veux plus continuer...

- C'était avant d'acheter qu'il fallait y réfléchir ! Je suis sûr que c'est ton imbécile de frère qui t'a monté la tête avec ses soirées poker. Mais vous avez quel âge à la fin ? Je vous jure si l'un de vous compte retourner vivre à la maison c'est niet.

- Hé mais je n'ai rien fait moi ! Y'a qu'une meuf pour retourner le crâne comme ça. Enfin toi papa ça ne compte pas... , s'amusa Aedan.

- Mais enfin tu vas arrêter oui !

Au milieu de ces éclats et de ces voix, doucement le monde de Duncan se mit à tourner. Tout commença par le sol qui s'envolait rejoignant le ciel azuré. Puis se fut un groupe de pigeons qui depuis le ciel embrassaient les pavés. Il avait chaud. Le soleil devint de plus en plus éblouissant et les passants bien trop présents. Son plat si alléchant l'assourdissait, et le bruit de la ville l'écoeurait. Que lui arrivait il ? La respiration de plus en plus courte, presque saccadée, ses poumons eurent bien du mal à se libérer. Non, il ne voulait plus continuer. Se lever jour après jour pour cette boutique, son écrin dont le sens lui avait échappé. Ses enfants à qui il avait voulu donner de la joie. Ses enfants qui revenaient à lui tremblant d'effroi. A quoi bon donner une seconde vie aux objets, si on ôtait la vie à ceux tout juste nés ? A quoi bon créer pour améliorer le monde, si celui-ci est bien trop immonde ? Il ne pouvait plus.

- Je ne peux plus continuer à vendre des bibelots à côté d’une école où on envoie les enfants à la mort !

- Hein ?

- Ah parce que tu comptes renverser le Conseil toi maintenant ? , le contempla, un sourcil arqué, son grand frère.

- Aedan pas si fort ! Enfin Duncan, tu comptes faire quoi ?

- Je ne sais pas et on verra bien. , haussa les épaules celui-ci.

- On verra bien ? Duncan on ne parle pas du programme de tes prochaines vacances là.

Son avenir, il n'en avait aucune idée. La seule chose que le blond savait à ce moment précis, c'était le dessert de cette carte qui lui faisait bien trop envie. Ce coulis de fruit rouges... Plus sérieusement, celui-ci comprenait tout l'incompréhension habitant père et frère, mais il ne voulait plus rester ainsi à rien faire, se lamenter du monde et de sa misère. Il avait trouvé une raison de se battre.

- J’ai besoin d’agir vous comprenez ? Je ne peux pas rester là à rien faire. Je ne peux plus.

- Oui enfin ce n'est pas une révolution que tu comptes nous faire tout de même ? Brandissons nos fourches et allons y ! Et puis quoi encore ?

- Non non, tu ne veux pas faire la révolution rassure moi..., mortifié par cette possibilité, Zachary eut saisit le bras de son fils alors qu'il parlait.

Comme n'importe quel parent, encore fallait il qu'il en soit conscient, il était inconcevable pour le patriarche Darwin de voir ainsi son fils prendre les armes. Depuis toujours, il s'était bien d'avantage inquiété pour Aedan, l'inconscient, que pour Duncan, le sage qui lui ressemblait tant. Cependant dans sa plus grande crainte, celui-ci avait oublié que malgré les apparences, ses fils n'étaient pas si faciles à dessiner. Sous son air tout feu tout flamme l'ainé y dissimulait un être craintif au besoin d'attention, alors que le plus jeune si réservé avait prit soin de dissimulé un feu grandissant, lui rappelant si douloureusement leur maman. Il avait tant espéré que celle-ci soit encore là.

- Mais non, il fait juste sa crise de la trentaine ce n’est rien.. tu verras que demain tout ira mieux.

- Dit il. Je pensais que toi au moins tu me soutiendrais j’ai eut tord il faut croire., lui reprocha amèrement Duncan.

- Justement de nous deux c’est toi le raisonnable Dunky donc comprends que je m’inquiète.

- Mais il y en a marre de ne rien faire. Tu comprends que papa ne peut même pas reprendre la boutique, même si il le voulait parce qu’il est marié avec un moldu !

- Ce n’est pas comme si c’était nouveau Dun pourquoi tu te réveilles maintenant ? Ok... j’ai compris c’est la Gryffondor là qui te donne envie de jouer les super-héros ? Écoute je sais pas sauve un botruc ou bois un cul sec mais arrête de vouloir te prendre pour un dragon.

- J'en ai assez de fuir, assez de me planquer. Je peux être un dragon Aedan.

- Par la barbe de Merlin, je capitule. Promets moi que tu vas faire attention Dunky., souffla Zachary tout en attrapant la main de son fils, Cela vaut aussi pour toi. , reprit il en désignant le second d'un oeil réprobateur.

- Ok ok le Magyar, calme toi. Je suis de ton côté., soupira t'il tout en secouant la tête comme résigné., Elle doit vraiment valoir le coup ta bien-aimée pour que tu oses enfin t'envoler. , termina Aedan avant d'entamer, enfin, son fameux déjeuner.