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30 oct. 2021, 12:54
The heart asks pleasure first
magie bleue
mercredi dix oct. 46
aux alentours de treize heures

Le temps de midi était sans aucun doute le meilleur de la journée. La plus part des élèves se trouvaient dans la Grande Salle et mangeaient joyeusement, certains rentraient en salle commune ou allait au Parc… Les couloirs du quatrième étage semblaient bien vides à cette heure de pointe dans les lieux communs. Je savais qu’il y aurait peu de gens dans la salle de répétition à cette heure-ci, et qu’il serait beaucoup plus facile pour moi de jouer sans public.

Après un rapide repas, j’étais là, seule dans un passage, me glissant derrière les coins de couloirs et accélérant le pas dès que j’entendais une présence. Tout ce qui pouvait me trahir était le clac-clac continu de mes semelles sur les dalles froides et ma respiration haletante après avoir gravi tous ces escaliers.

Je reconnaissais facilement cette porte autour de laquelle j’avais autant tourné, en première comme en deuxième, et que je n’avais franchi qu’une fois cette année. Je me sentais plus à l’aise sur mon clavier en carton, dans un espace plus intime comme les dortoirs. Mais… Il fallait bien que je m’entraîne un peu. Pour de vrai, je voulais dire. Avec des sons, des notes… Poussant la porte, le silence de la pièce me fit sourire et j’avançai un peu, laissant l’entrée entrebâillée derrière moi.

Quelques pas plus tard, je m’installai sur le tabouret et me penchai vers mon fidèle sac. Une, deux, trois, six pages de partitions que j’installai en quinconce au-dessus du clavier. *Toujours commencer par échauffer les doigts* indiquait parfois Papa. Soit. Quelques gammes pour préparer mes mains à la prochaine demi-heure, et je serais partie.

@Alison Morrow, présente ? :ninja:

• Membre de la RASA,
l'organisation la plus secrète des secrètes •
#400080
avatar commun avec Melody Brown
teaseuse en chef car trop de tease tue le tease.

28 nov. 2021, 17:21
The heart asks pleasure first
Alison, 3ème année
10 Octobre 2046,
◦ Salle de répétition ◦

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Depuis ce matin, une musique trottait dans sa tête. Des suites de notes, qu'elle pouvait nommer, mais qu'elle se retrouvait incapable de chanter. On aurait dit que la musique prenait un malin plaisir à se déformer dès qu'elle franchissait ses lèvres, et ne ressemblait plus à rien une fois dans le Réel.
Elle avait l'impression d'avoir affaire à un reflet dans de l'eau. Elle approchait la main, essayait de le saisir dans l'eau, l'éparpillant partout et devant attendre quelques instants avant qu'il ne se reconstruise.

Enfouissant le bas de son visage dans son écharpe jaune et noire, elle se laissait porter par les escaliers, rasant les murs pour ne pas se faire emporter par la foule. Elle comptait se rendre dans la tour d'Astronomie pour avoir une vue d'ensemble du parc. À cette heure, elle ne risquait de croiser personne, du moins, elle l'espérait très fort.

La musique dans sa tête sifflotant toujours au rythme de ses talons claquant sur le sol, elle s'apprêtait à dépasser la salle de répétitions lorsque quelque chose la força à se stopper.
Toujours contre les pierres, elle ferma les yeux. Le couloir était vide, mais elle ne voulait pas non plus être prise pour une folle.
Lentement, elle approcha son oreille des pierres, collant sa main à-côté de sa tête, pour être sûre de bien entendre.
*Piano.*

Des notes. Des ribambelles de notes qui couraient, montaient, descendaient, à toute allure.
Fascinée, elle resta quelques instants ainsi, l'oreille collée au mur, ses doigts jouant contre les rocs taillés, reproduisant sur un violon imaginaire les sons qu'elle percevait.
Ce n'était pas sa musique, celle qui la hantait depuis hier soir. Cette dernière s'était envolée, immédiatement remplacée par les gammes.
*Pianiste, définition : personne inconnue capable de vous envoûter avec trois notes.*
Une douce chaleur se répandait le long de ses doigts, tandis que ses yeux se fermaient, laissant des lignes de partition s'inscrire sous ses paupières.
Elle n'avait plus envie de bouger. Elle voulait rester ici, contre ces pierres, à épier une musique du Pianiste. Entendre lui suffisait pour le moment.
*T'façon, si j'entre, j'vais être déçue.*
Tout se passait toujours comme ça. On espérait quelque chose, à en avoir mal au cœur, on se laissait persuader, puis quand on ouvrait les yeux, tout basculait.
*Et si c'était Lena ?*
Ses yeux se rouvrirent brutalement, clignant devant la luminosité soudaine. Certainement qu'elle ne lui pardonnerait pas d'avoir volé ces quelques notes, sans qu'elle soit allée la rejoindre. *Mais ça peut pas être elle !* Lena l'aurait prévenue, non ? *Non.* Certes, elles ne s'étaient pas parlées ce midi. *Et si elle sort maintenant, et qu'elle m'voit ? Ou qu'elle m'voit en train de partir ?*

Tout calme envolé, elle décolla son oreille du mur, subitement nerveuse. Elle se sentait piégée, devant les notes du Pianiste. Elle avait l'impression d'être un vulgaire scarabée qui s'était approché trop près de la toile d'une araignée. *Lena est pas une araignée ! Rah, j'débloque, j'pense n'importe quoi !*
Soupirant et secouant la tête, elle resta quelques secondes devant la porte, tapie contre le mur.
Finalement, la poitrine pleine d'espoir, elle fit quelques pas vers la porte, tourna la poignée, et entra dans la pièce.

Une fille était assise au piano, longs cheveux blonds, mains sur le clavier.
Mais ce n'était pas Lena.
C'était *Eryne.*

Comment, moi, en retard ? :nerves:

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

20 déc. 2021, 18:08
The heart asks pleasure first
Mes doigts faisaient les échauffements de manière presque mécanique, comme si un mois et demi ne séparait pas la dernière fois que j’avais fait du piano. J’avais volontairement commencé par la gamme la plus compliquée, afin de me lancer un défi et voir si j’étais toujours au bon niveau – et j’étais contente de voir que je me débrouillais encore. Ça m’avait manqué… Le carton ne remplaçait en rien le contact des touches sur les doigts et le doux son de la musique.

Le piano était quand même une invention étrange. J’imaginais mal quelqu’un se réveiller un matin et se dire « tiens, et si je faisais une grosse table avec des cordes à l’intérieur, cordes reliées à des touches et… ». Franchement, c’était assez peu probable. Quoique, et si ladite personne avait eu une vision ? Un rêve, un esprit futuriste qui lui insufflait ces idées ? Ce serait déjà bien plus logique. Et si mon histoire aurait pu me sembler un peu… étrange, elle prenait tout son sens à Poudlard. Est-ce que les fantômes du château pouvaient se glisser dans les songes des gens et influencer leurs nuits ? Ou entrer dans les corps et posséder les élèves ?

Mes pensées s’arrêtèrent un instant, choquées par ce que je venais d’imaginer, avant de me rendre compte que la direction n’autoriserait jamais les morts rester sous cette forme si c’était possible. Enfin, iels nous avaient déjà mis en danger d’autres façons…

Ma gamme finie, je tournai la page et relis les partitions qui suivaient.

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14 janv. 2022, 21:51
The heart asks pleasure first
Thump thump
______________________________


Eryne ne l'avait pas entendue.
Elle continuait à faire courir ses doigts sur les touches : noire, blanche, noire, blanche, blanche, noire... Une palette monochrome de couleur qui déployait toute sa splendeur pour ses oreilles.
Que faisait-elle ici, comme une voleuse ?
Pourquoi O'Kieran savait-elle jouer ?
Pourquoi est-ce que ce n'était pas Lena derrière le clavier ?

Des millions de questions se bousculaient dans sa tête, et elle ne parvenait pas à les éclipser comme elle le faisait habituellement.
Ce n'était pas *possible.* O'Kieran n'avait pas le droit de l'envoûter avec ses *sal'tés* de *putain* de *notes* magnifiques. Elle n'avait pas le droit de lui faire ça. Elle était O'Kieran, et O'Kieran ne pouvait pas jouer de la musique, parce qu'elle n'était pas *gentille.*
Elle avait failli foutre ses relations avec Lena en l'air. Elle l'avait ignorée, humiliée, rabaissée à chaque fois.
*Elle peut pas.*
La Jaune ne pouvait pas toute effacer avec une gomme *gamme*, lui prouver qu'un cœur battait réellement sous l'enveloppe. Elle ne pouvait pas faire s'effondrer des murailles de résistance et de présupposés.

Son ventre lui faisait mal, et un goût étrange restait dans sa bouche. Comme si toute sa vie, elle avait appris par cœur les formules d'un énorme manuel, pour se rendre compte au final qu'elles étaient toutes fausses à cause de la première d'entre elles.

*J'fais quoi ?*
Question des plus légitimes ! Elle pouvait encore fuir. Elle pouvait rester, s'asseoir dans un coin. Elle pouvait refermer le couvercle du piano sur les doigts fin de la troisième année. Elle pouvait aller chercher un autre instrument et faire du bruit.
Sur la pointe des pieds, en retenant son souffle, elle se dirigea vers une des extrémités du piano. Le sang battait à ses oreilles, si fort qu'elle avait l'impression qu'il noyait les notes régulières.

Une main hésitante sortit des plis de sa jupe pour appuyer sur une note au moment où O'Kieran finissait une montée.

Son souffle se bloqua alors qu'elle attendit la réaction de la Jaune.
Sa bouche jugea néanmoins vital de se justifier, et elle s'entendit bredouiller d'une voix étranglée :

"T...S...Tu joues bien."

Mwahah, cadeau la Alison en panique !

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.