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31 oct. 2021, 15:18
Purée de pommes de terre
28 octobre 2046 — diner
Grande Salle — Poudlard
6ème année



La purée de pomme de terre préparée par les elfes de maison est très bonne pourtant elle a un défaut énorme qui explique pourquoi je lui jette actuellement un regard des moins amènes. Le problème avec ce plat, c’est qu’il n'a pas été préparé par Zakary. Et moi, ça, c’est quelque chose que je ne pardonne pas. Parce que le dernier repas auquel j'ai assisté à la maison, un repas avec toute la famille, un repas d’adieu, un repas qui marquait mon premier retour à Poudlard seule, sans Aodren, sans personne, ce qui est tout de même légèrement perturbant ; bref, ce repas avait été préparé par Zakary qui, à défaut d’être un gars sympa, est un très bon cuisinier. Et au menu, il y avait de la purée de pommes de terre accompagnée d’une quelconque viande en sauce. Avoir ce plat sous les yeux tout en étant entourée d’une bande d’élèves ignares, bruyants, sales et insupportables me rend triste. Parce que j’imagine la voix de mes frères autour de moi, les regards de mes parents, leurs rires et cela me donne l'impression que ma famille me manque. Ce n’est pas normal que ma famille me manque. Je vais avoir dix-sept ans, Merlin ! Dix-sept ans ! Une fille majeure ! Que dis-je, une adulte majeure. Une adulte, moi. C’est fabuleux, n’est-ce pas ? Certes mais ma famille me manque et en regardant cette purée de pommes de terre, j’ai des envies de meurtre.

Il va bien falloir que je me nourrisse, pourtant. J’entends encore la voix insupportable de Nyakane raisonner dans mon esprit ; il m’a grondé comme une enfant la dernière fois que je suis sortie de la Grande Salle sans avaler quoi que ce soit. Il faut dire que ce jour-là, j’avais autre chose à penser, autre chose à faire, comme aller à la bibliothèque pour m’assurer que le livre que je voulais emprunter était toujours bien présent dans les rayons. Et Nyakane, quand il a entendu mon ventre gronder et que je lui ai dit que je n’avais rien mangé, m’a dit sur un ton paternaliste : « Aelle, tu dois manger si tu veux être forte. » Alors évidemment je lui ai dit qu’il pouvait bien aller se faire voir, qu’il n’était pas mon père et que je faisais ce que j’avais envie de faire. Résultat, il s’est envolé et je ne l'ai pas revu de la journée, il a même manqué notre entraînement. Aucune conscience du respect, cet oiseau.

Un soupir aux lèvres, je me sers donc une cuillère de purée de pommes de terre. Si je l’arrosais de sauce, peut-être passerait-elle mieux ? Ainsi, j’oublierais qu’elle n’a absolument pas le goût de celle de Zakary. Je tourne la tête à gauche puis à droite et aperçois le pot de sauce là-bas, trop loin de moi pour que je l’attrape. Je pourrais bien sortir ma baguette et le faire voler jusqu’à moi mais avec les abrutis qui m’entourent, ça pourrait mal se terminer.

« Eh, dis-je au garçon assis à côté de moi, tu peux me passer la sauce ? »

Ledit garçon sursaute, étonné que je l'alpague, m'adresse un immense regard ahuri, balbutie quelques mots puis réussi enfin à comprendre ce que je lui ai dit et attrape le récipient. *Merlin, l'est un peu con, non ?*. Le plat désormais en ma possession, je fais ce que j’ai à faire. Je me stoppe cependant en sentant sur moi un regard curieux.

« Quoi ? demandé-je au jeune Poufsouffle, toujours le même. Tu veux d’la sauce aussi ? Attends deux secondes.
Non, c’est autre chose... »

Il me regarde comme s'il avait un erkling repoussant devant lui. Je crois que je l’effraie un peu. Les premières années sont souvent effrayés par les élèves plus âgés, c’est assez amusant. Je hausse un sourcil, un seul, pour l’enjoindre à parler. J’aurais peut-être dû m’abstenir vu ce qu’il me demande :

« C’est vrai que le renard bleu qui t’suis toujours c’est en fait un esprit qui te hante parce que… Parce que… Bah je sais pas pourquoi il te hante… Tu sais, toi ? »

Il me regarde avec tellement d’espoirs et d'attentes ! Et mon regard à moi oscille entre horreur et agacement. Je hausse les sourcils, hésitante : donner une réponse ? l’envoyer se faire voir ? ou faire comme si je n’avais rien entendu ? Une troisième solution se présente à moi.

« Oui, oui, c’est bien un esprit, dis-je sur le ton de la confidence en déposant la saucière devant moi. Zikomo est en fait un esprit super dangereux qui me suis partout où j’vais mais tu sais quoi ?
Non ? me dit l’abruti subjugué.
Bah j’ai réussi à le soudoyer et maintenant, il est à mon service… Du coup, j’peux lui faire faire tout ce que je veux. Même des trucs vraiment pas marrants. »

Conneries que tout cela, évidement, mais ce qu’il y a de drôle quand on raconte des bêtises plus grosses que soi, c’est qu’il y a toujours des abrutis pour les croire, surtout les plus jeunes comme cet enfant qui me regarde comme si j’étais la réincarnation de Voldemort. Et moi, ça me fait rire qu’une personne boit goulûment mes paroles et qu’elle me fasse suffisamment confiance (quelle erreur !) pour ne pas remettre en question ce que je raconte. Et puis si je fais croire que Zikomo est dangereux, et que je le suis aussi par extension, peut-être que les Autres arrêteront de m’emmerder à tout bout de champs, qui sait ?

31 oct. 2021, 16:59
Purée de pommes de terre
Le rythme était simple. On plonge la cuillère, on mange le… truc, on avale, on passe à la page suivante. On plonge la cuillère, on mange, on avale, on tourne la page.

C’était plus intéressant de manger de cette façon, l’esprit occupé par une histoire et les papilles tiquant à peine sur les aliments qui touchaient mon palais. On allait pas se mentir, l’espèce de… purée à je-ne-savais-même-plus-à-quoi n’était pas mon plat préféré. Même s’il était concocté par les elfes. Et même si j’avais volontairement préféré ça à la salade à côté.

J’avalai une cuillère et mes yeux retournèrent sur la partie à laquelle j’étais… Zut. J’avais perdu la phrase à laquelle je m’étais arrêtée. Flûte flûte flûte, je ne voulais pas relire toute la page, ce serait quand même une certaine perte de temps… Je déposai le couvert et reculai un peu, pour placer le livre tout à fait devant moi, ce qui secoua un peu la table.

Pardon, murmurai-je à l’attention de…

*Non*

Si. Oh que si. *Noooon* J’étais bien atterrie juste à côté de la Grande… C’était quoi son nom déjà ? Ah oui, Aelle Bristyle. En même temps, ça faisait longtemps que je ne l’avais pas croisée… J’avais tout fait pour l’éviter dans les dortoirs. De tout façon, ce n’était pas comme si elle allait me reconnaître. Un an et demi la première fois qu’elle m’avait vue, et elle n’avait que fait répondre « oui-oui » aux compliments sur elle et son renard.

L’animal bleu : voilà de quoi elle parlait à ce moment là précis. *Étonnant*, j’étais pourtant persuadée qu’elle avait des capacités intellectuelles suffisamment élevées pour connaître d’autres sujets de conversation, Madame-Grande-méchante-chiante-débile-et-narcissique-sur-les-bords. Qu’est-ce qu’elle racontait, à propos de « Zikomo », maintenant ? Un esprit super dangereux. À qui elle pouvait faire faire des trucs vraiment pas marrants. Je reculai un peu pour voir le visage du gamin à qui elle parlait et ne pus m’empêcher de ricaner. *Pas fut-fut, l’autre*

Enfin bref, où est-ce que j’en étais ? Le moment crucial du chapitre ? On plonge la cuillère, on mange, on avale, on… *ON SUFFOQUE* Comment ça c’est le père de Luke ? Lui ? Mais mais mais, il fait partie des des des, des méchants ! Impossible. Je refusais d’y croire… Un tintement me stoppa net dans le désarroi – vilain livre et vilaine personne qui l’a écrit. Un regard vers ma main et un vers le sol suffirent. *Mince* Comment le couvert avait fait pour se retrouver par terre aussi vite ? Vilaine gravité, aussi. Bon, il allait falloir que je me contorsionne dans tous les sens pour la récupérer…

Je mémorisai la page à laquelle je m’étais arrêtée et déposai le livre sur la table. Malheureuse idée que de ne pas faire de gymnastique. Et très, très, très mauvaise situation que j’allais créer si je m’attirais l’attention de la fille à côté de moi… *Ok : on respire et on fait le toboggan* Je me penchai en arrière pour me laisser glisser et… Ouch. Boum sur les fesses, clac contre le front : c’était une très, très mauvaise manœuvre. Mais au moins, j’avais récupéré ma cuillère, songeai-je en saisissant le bout de métal. C’était déjà ça de gagné !

Plus qu’à remonter.

Je m'amuse :grin:

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31 oct. 2021, 18:50
Purée de pommes de terre
Je m’abreuve au regard effrayé du garçon, un petit sourire aux lèvres. C’est qu’il en tremblerait presque ! Et puis comme Halloween approche, sans doute doit-il se dire que c’est vrai, tout ça, que ça arrive réellement — peut-être va-t-il commencer à croire que Zikomo est capable de venir le hanter sur mes ordres. Peut-être n’en dormira-t-il pas la nuit. Après l’Ange des Marais dans le dortoir des filles de Poufsouffle, peut-être entendra-t-on parler d’un mystérieux esprit-renard bleu dans le dortoir des garçons, un esprit qui effraie les jeunes gens en se glissant dans leur lit lorsque tombe la nuit… L’idée est franchement amusante. Zikomo accepterait-il de me rendre ce service ? Si je le lui demande, ira-t-il effrayer les garçons pour moi ? J’en doute. Le Mngwi est bien trop respectueux des autres pour se laisser aller à de telles facéties. Quant à moi, je ne suis peut-être pas aussi respectueuse mais je n’ai pas tellement envie de perdre mon temps avec ça. Ah oui, vraiment ? C’est que Halloween approche effectivement, que cette année Aodren ne sera même pas avec moi — non pas qu’il m’ait franchement changé les idées les Halloween précédents mais j’aime croire qu’il m’aurait demandé de lui tenir compagnie pour la soirée —, et en plus il y a ce fichu bal auquel je ne pense même pas aller. J’ai besoin de me changer les idées et… Et… Et puis pourquoi est-ce que je cherche à me justifier, ce n’est pas comme si qui que ce soit allait me reprocher mes agissements en s’écriant : « Aelle Bristyle qui effraie les petits garçons au lieu de résoudre le grand mystère de l’Élixir de Longue-Vie ? Mais c’est une honte ! ».

« C’est quoi les choses pas marrantes que tu dis à… À Zikomo de faire ? » parvient enfin à souffler le garçon sur un ton effrayé qui m’amuse énormément.

C’est parfait, continue donc de me tendre les perches nécessaires pour distiller la meilleure rumeur de l’année.

« Par exemple, dis-je sur un ton ennuyé pour ne pas qu’il pense qu’il réussit réellement à m’intéresser, lui, un première année aussi ennuyeux qu’ennuyant. Par exemple, j’peux lui demander d’aller bousculer les gens qu'j'aime pas, ce genre de choses, quoi.
Mais il le fait vraiment, t’es sûre ?
Bien sûr que oui, puisque j’te dis que… »

Un tintement désagréable, un mouvement soudain sur ma gauche. La table bouge, la saucière remue, son contenu s’échappe et salit la table. Un poc qui semble aussi douloureux que brutal me fait tourner la tête. Là, tout près de moi, un banc vide devant une assiette pleine et un livre douteux. Mes yeux se baissent naturellement sur la tignasse blonde qui dépasse de l’espace laissé entre la table et le banc. *Qu’est-ce que… ?*. Je me penche et comprends rapidement ce qu’il s’est passé. Un couvert tombé, une idiote qui essaie de le récupérer. C’est tout de même incroyable ! Nous sommes dans une école de sorcellerie, cette fille est normalement, même si j’en doute, douée de magie et la première chose à laquelle elle songe lorsqu’elle fait tomber sa cuillère, c’est : tiens, et si j’allais la récupérer en dérangeant toute la table et en manquant de la renverser, juste pour bien montrer que j’existe ? Oui, parce qu’il aurait été bien trop simple et bien trop discret d’utiliser sa baguette magique, n’est-ce pas, cela n’aurait pas été aussi amusant.

« Renverse la table aussi, tant que tu y es ! »

La phrase m’a échappé. C’est affligeant. Après tout, si je devais m’agacer à chaque fois qu’un abruti fait son abruti, je n’aurais plus le temps de rien faire. Et je n’ai pas le temps de m’occuper de l’idiote numéro deux puisque je dois gérer l’idiot numéro un qui regarde la scène, un petit sourire aux lèvres. Et *merde*, si la fille l’a suffisamment déconcentré pour qu’il en perde son effroi, elle entendra parler de moi.

« Tu vois, repris-je en lançant à la fille un regard noir, l’esprit bleu qui me hante et qui peut faire des trucs absolument terrifiants peut faire tout c’que je lui dit, comme allait emmerder une fille qui est incapable de garder une cuillère dans sa main. Alors tu devrais faire gaffe à tes propres couverts mais j’dis ça j’dis rien. »

Est-il réellement naïf pour croire ça ? Son regard s’écarquille et ses doigts se resserrent nerveusement sur ses couverts. Il penche la tête sur son simulacre de purée, semblant comprendre qu’il a tout intérêt à ne pas m’agacer s’il ne veut pas que j’envoie sur lui le terrifiant, l’horrible, le terrible Zikomo ! Merlin, il est donc réellement naïf. J’en perds mon sérieux et un gloussement me secoue les épaules. J’en oublierais presque l’abrutie sur ma gauche qui semble se complaire dans sa position ridicule.

J'aimerais m'excuser pour l'impolitesse d'Aelle mais... Ça m'amuse bien trop pour que je le fasse, oups !

31 oct. 2021, 23:28
Purée de pommes de terre
Je penchai le cou en arrière, ma tête dodelinant d’un côté à l’autre. Tiens, elles étaient amusante, les bougies vues d’ici. Bien plus que le regard noir d’Aelle Bristyle, et sa voix dure dirigée vers moi. Renverse la table, gnagnagna, elle pouvait parler, elle, à se vanter toute la journée de son renard bleu ! Le jour où on apprendrait que c’était un renard adopté à la SPA, teint chez un.e coiffeureuse et doté de parole grâce aux cours de métamorphose, elle aurait moins cet air supérieur affiché au visage.

Je baissai les yeux, maussade et ramenai mes genoux contre moi. Tant que j’y étais, je pouvais aussi décaler le banc et les gens dessus pour monter de nouveau, non ? *T’énerve pas* Je sentais la mauvaise foi grandir en moi, comme la rancune gardée de la dernière fois que j’avais croisé la Grande, et ne voulais pas que mon repas et ma soirée terminent mal. Surtout que je n’avais même pas fini mon chapitre ! Fichu Dark Vador, fichue cuillère.

C’était la faute au couvert.

Tournant le regard à droite et à gauche, j’eus envie de signaler à quel point c’était passionnant et on sous-estimait le fait de rester sous la table. Parfois, les bas des sorcier.es étaient bien plus intéressant que leur visage ou tout ce qu’iels blablataient – n’est-ce pas Aelle Bristyle ? Franchement, qui aurait eu l’idée de regarder quel genre de chaussures portaient les élèves ? C’était pourtant un vrai sujet de thèse, master, ou je sais plus quelle bêtise d’adulte. Des baskets, des sandales, des petites bottines… des mocassins ? Sérieux ? Pourquoi pas après tout… Je lâchai un ricanement devant des adorables chaussons-dragons et compatis pour les pieds-nus de quelqu’un tout au bout. Le trajet jusqu’à la salle commune devait être sympathique, en fin de mois d’octobre !

Non, franchement, aucun envie de remonter. Je pouvais lui répondre ça, à l’autre. *J’suis très bien ici, regarde, t’as vu comme c’est tout aussi captivant que tes délires de grandeur ? Si si, je te jure* Au fait, que portait la Jaune aux pieds ? Je bougeai mon épaule pour entreprendre de me tourner et tordre mon cou… Argh, trop dur. Et puis, elle avait repris son explication au gamin… Oh. Voilà qu’elle s’enfonçait dans ses menaces de… C’était de moi, de moi qu’elle se moquait comme ça ?

Soupirant, je changeai totalement de place pour être de dos aux chaussures des gens et poser mes coudes sur la banquette, le visage sur mes mains.

L’écoute pas. Elle raconte que de la merde.

En étais-je sûre ? Non. Était-ce très très probable ? Quelle question.

Je poussai sur mes mains, faisant glisser mon ventre sur le rebord pour arriver sur ma chaise et me tourner de nouveau vers l’assiette.

T’as vu ? je montrai le couvert, l’air toujours aussi neutre. Je l’ai récupéré et j’ai vécu aucun truc terrifiant, si ce n’était que l’odeur sous la table. Toujours vivante !

Je haussai les épaules et déposai le morceau de métal sur la table. Bien. Je pouvais soit le nettoyer avec un quelconque morceau de serviette ou de tissu… ou lancer un Recurvite. Il était censé fonctionner… normalement. Et si je le ratais ? Ce serait vraiment un gros coup pour mon ego. Surtout devant celle-là.

Ses projets pour le futur ? Sortir une étude sur les chaussures des élèves à Poudlard, pourquoi ?

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01 nov. 2021, 13:41
Purée de pommes de terre
Difficile d’oublier plus de quelques secondes une personne aussi maladroite, aussi étrange et aussi dérangeante que celle qui occupe la place à ma gauche. Elle m’interrompt encore une fois dans mes petites affaires et je me tourne vers elle, un soupir exaspéré aux lèvres. Une petite voix me souffle qu’elle ne me parlerait pas si je ne l’avais pas prise à partie mais je me fais un plaisir de l’ignorer. Cette fille m’agace, elle m’agace, voilà tout. C’est de sa faute à elle et…

Je tombe sur une tête entourée par deux paumes et des coudes posés sur le banc. Cette vision me rappelle celle d'un certain Kernac'h qui s'était avachi de la même façon mais sur mon bureau. Surprise, mes sourcils se dressent sur mon front, ma bouche s’ouvre légèrement. *C’est ridicule !*. N’a-t-elle donc aucun respect pour elle-même et pour les autres pour s’avachir ainsi, le cul sur le sol et la tête sur le banc ? Je ne comprends pas. Et ce que je ne comprends pas non plus, c’est la raison pour laquelle sa tronche me rappelle quelque chose. Parce qu’il est évident, désormais, que j’ai déjà entendu cette voix-là et déjà aperçu les traits de ce visage. Je fouille, je fouille ma mémoire mais ne trouve rien… Jusqu’à ce qu’elle l’ouvre pour annoncer à mon petit camarade effrayé que je raconte de la merde. Cette violence gratuite me bouscule si fort que j’en perds mes mots ; j’en reste un peu coincée, les yeux papillonnants, ma fourchette en équilibre au dessus de mon assiette pleine de sauce à la purée. Et là, ça me revient tout à coup pendant qu’elle se contorsionne pour remonter sur le banc. Un couloir, une discussion à propos de Morrow et de Zikomo, une dispute plutôt, qui s’est terminée étrangement. Je me souviens de ma frustration. Merlin, ce que ça remonte ! Elle n’a pas changé, toujours aussi insupportable. Je l’avais complètement oublié.

« Toujours vivante, oui, rétorqué-je en lui lançant un regard méprisant. Mais plus pour longtemps. »

Pendant une fraction de seconde, une toute petite fraction de seconde, je m’imagine l’attraper par l’arrière de la tête et lui enfoncer le visage dans son plat de purée. Ce serait incroyable. La vision brutale ne dure qu’un instant, comme toujours, avant de disparaître. J’accorde de nouveau mon attention au jeune Poufsouffle qui suit notre échange du coin de l’œil, comme s’il avait compris qu’il n’avait pas intérêt de l’ouvrir s’il ne voulait pas souffrir.

« Ce qu’elle veut te dire, lui dis-je en me penchant vers lui, un faux sourire réconfortant sur les lèvres, c’est qu’elle n’a pas encore vécu de trucs terrifiants. Mais elle n’est pas au courant, elle, chuchoté-je sans chuchoter, que je peux lui envoyer Zikomo aux trousses dès que j’veux. »

Je me redresse, le dos droit, la main bien accrochée à ma fourchette — pourquoi ai-je décidé que ce serait une bonne idée de manger ce plat dégoûtant avec une fourchette, déjà ? Mon regard glisse vers la cuillère salie de l’autre blonde ; *hors d’question que je fasse comme elle*. Même si pour ça je dois me débrouiller avec une fourchette. Fourchette que je plante dans mon plat et que je porte à ma bouche, l’air de rien, feignant d’ignorer que j’avale plus de vide que de purée.

Le petit Poufsouffle fait alors quelque chose d’incroyable. S’il n’était pas aussi peu intéressant, je crois que je pourrais bien l’apprécier. Il se penche sur la table pour apercevoir la fille et lui balance de sa voix fluette, innocent jusqu’au bout des ongles :

« Tu devrais faire gaffe. J’ai entendu dire que si l’esprit du renard-bleu était si mignon, c’était pour tromper notre vigilance et qu’en fait il était genre… Super méchant. »

Quel manque flagrant de vocabulaire. Néanmoins, j’acquiesce avec force, ravie de voir se tourner vers nous les visages de nos voisins.

« Carrément ! approuvé-je. C'est l'esprit d'un monstre des anciens temps. Il est très vieux, Zikomo. Parfois, il est pris de folie. Surtout quand la nuit arrive. Et qui sait ce qu'il serait capable de faire... Bien sûr la plupart du temps j'arrive à le contenir. Enfin, quand j'en ai envie, » rajouté-je en jetant un sourire moqueur à la bonde.

Les autres sont certainement intrigués par toute cette affaire. Il faut dire que je ne parle jamais de Zikomo. Personne ne sait ce qu’il fait là, d’où il vient, ce qu’il est exactement. Les élèves le voient régulièrement, notamment les Poufsouffle, souvent en ma compagnie. Et après ? Après, ils l’entendent parler et les rumeurs prennent plus d’ampleur encore. J’ai entendu dire qu’il était une peluche à laquelle j’avais donné la parole pour remplir le vide immense creusé par ma solitude ; que je l’avais volé à un quelconque mage terrassé grâce à ma puissance (celle-là me plait bien, je l’avoue) ; que Zikomo était un genre d’animal de soutien émotionnel qui m’accompagnait pour m’aider dans mes rapports avec les autres (comme si j’avais besoin de ça) ; ou encore que la direction m’avait imposé sa présence pour me surveiller après mes désaventures avec Chu-Jung (j’imagine bien Loewy me foutre un espion-Mngwi aux fesses, tiens). Et encore tant d’autre inepties, d’autres rumeurs, d’autres bêtises que se racontent les Autres pour tenter de résoudre des mystères qui n’en sont pas — ou pour se rendre intéressants, à voir.

01 nov. 2021, 17:33
Purée de pommes de terre
Ce serait même sacrément dommage – et je voulais m’éviter des commentaires sur mon aptitude pour les sorts mineurs. Je pouvais peut-être lancer un sortilège pour nettoyer ma cuillère quand elle aurait le dos tourné ? Histoire d’être sûre ?

La voix de la fille-super-narcissique me tira de mes pensées et je me tournai vers elle, haussant les sourcils. *Pardon ?* Elle venait de sous-entendre que j’allais bientôt mourir ? Je scrutai son visage pendant quelques secondes, l’esprit vidé de tout raisonnement parasite. Était-ce une vraie menace ? Franchement, à Poudlard, tout était possible… Fallait-il que je rappelle tout ce qu’il s’était passé ces dernières années ? Mais les propos d’Aelle Bristyle étaient semblables à tout ce qu’elle avait raconté avant. N’importe quoi. Pour flatter son ego.

Seulement alors, un petit ricanement étira mes lèvres, et j’épargnai la Grande d’un commentaire sarcastique venant droit du cœur. « Vous tomberez avec moi, Roméo. » Oui, comme ça, sans contexte. Peut-être une certaine inspiration de mon livre, même s’il n’y avait aucun rapport, à part le ton dramatique ?

Et elle continuait, elle continuait à s’enfoncer dans son blabla, comme si elle ramait dans une épaisse purée de patates, semblable à des sables mouvants qui l’attiraient vers le bas. Fixant mon assiette d’un regard mauvais, l’imaginant comme une toute petite figurine se secouant dans tous les sens pour sortir, je soupirai. Ce que mes idées pouvaient être méchantes, quand je m’y mettais… Elle avait un don pour me mettre hors de moi, ma voisine de table.

*Oh par Merlin, qu’est-ce que j’ai peur. Mais que va donc me faire Zikomo ? Olala, il faut que j’aille me réfugier aux fins fonds des dortoirs* J’avais l’impression d’entendre les mêmes menaces que je lançais à quelqu’un qui me volait ma pelle préférée dans le bac-à-sable… Mais il y avait peut-être bien une dizaine d’années de différence entre les deux cas étudiés.

Le gamin, une place plus loin de moi, pourrait avoir été un petit frère adorable. Un peu débile, soit… Mais sacrément adorable. Peut-être avait-il un.e grand.e frère ou sœur ? Il était bien temps que cellui-ci lui apprenne à faire la différence entre le sens propre et l’ironie.

J’avais envie de sortir une petite pique sur l’Ange des Marais maintenant. Partageant le même espace de nuit, la fille devait sûrement être au courant de tous les mythes autour de lui… peut-être même y croyait-elle ? Charlotte était intimement persuadée de son existence, et elle avait même fini par me refiler son inquiétude. Quand on ne se connaissait pas encore, je n’avais pas cru à ses histoires, mais en devenant amie avec elle… La deuxième année n’aurait jamais inventé ça. Elle avait peut-être une petite, *très petite*, tendance à exagérer mais… ses peurs semblaient justifiées.

L’histoire sur Zikomo-le-vieil-esprit-pris-de-folie me semblait encore moins potable que celui du fantôme qui hantait nos dortoirs. Bon, il était toujours possible qu’il y ait un fond de vérité dans les mots de la fille mais… je décidai de ne pas y croire. Il y avait suffisamment de légendes desquelles s’inquiéter. Je laissai échapper volontairement un petit rire, comme si tout ça n’était qu’une blague que je partageais avec la Jaune – *t’en as des bonnes* – mais ne rajoutai rien. Pas maintenant. Ça ne servait à rien.

Me penchant sous la table pour attraper ma baguette, fourrée quelque part dans mon sac, je remontai vite fait pour la tendre sur la cuillère. *Qu’est-ce qu’on va y perdre ?*

Recurvite. *Mince*, je pris une inspiration, ce n’était pas le moment d’avoir l’air ridicule. Recurvite.

Un mini-sourire de soulagement se dessina sur mon visage et je déposai la baguette sur mes genoux, pour m’attacher rapidement les cheveux en une sorte de chignon mal fait. J’y enfonçai le bout de bois, comme à mon habitude, et repris le couvert en main. Mon sort avait réussi.

Merci de prévenir… Il va falloir que je fasse attention, la nuit, maintenant. Déjà avec l’Ange des Marais qui rôde, et maintenant Zikomo-l’esprit-farceur… Je vais en faire des cauchemars !

Ouvrir le livre à la page 328, plonger la cuillère, mâcher, avaler… tourner la page pour commencer un nouveau chapitre et relever la tête vers la Grande, lui lançant un petit regard narquois. *Et maintenant, qu’est-ce que tu vas faire ?*

Tirage pour les sorts :
@Charlotte Dwight, ça parle de toi !

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02 nov. 2021, 14:39
Purée de pommes de terre
Elle rit, la gamine. Comment ça, elle rit ? Je lui lance un regard mauvais. Se moque-t-elle de moi ? Non elle n’oserait pas. Elle remet seulement en question ma petite histoire. Je ne peux pas lui en vouloir, vu la qualité de celle-ci — il n’y a que les abrutis pour y croire, les vrais abrutis, je veux dire, les tous petits enfants qui croient encore au Père Noël. Les doutes de la fille sont même une forme d’intelligence, même si c’est une forme plutôt ridicule. Mais il m’en faudra plus pour me faire croire qu’elle est capable d’une seule pensée un temps soit peu futée. D’ailleurs, elle me donne une preuve si concrète de son manque d’intelligence qu’elle parvient à m’arracher un sourire sincèrement amusé.

C’est que je ne manque rien, moi, de sa petite tentative avortée de sortilège. En la voyant sortir sa baguette magique, j’en ai oublié pendant un instant l’affaire qui me confrontait au Poufsouffle effrayé. Un sortilège, vraiment ? Mais voyons voir ça ! Quel bonheur de la voir échouer ! J’en ouvre grand les yeux de surprise ; louper un sortilège aussi simple, est-ce réellement possible ? Certainement, quand on est une sorcière incompétente. Je me serais moquée d’elle, je l’avoue, si elle n’avait pas réussi sa deuxième tentative. Je ne retiens cependant pas la grimace amusée qui m’étire les traits et qui montre très clairement ce que je pense de son échec. Et elle en rajoute une couche en enfonçant sa baguette dans un chignon fort mal réalisé. Je regarde ça avec un petit air dégoûté. Se servir de sa baguette comme d’un instrument de beauté, c’est comme la ranger derrière son oreille : en plus d’être aberrant, c’est franchement ridicule. Et tout est bon pour que je trouve cette fille insensée. Cela ne m’étonnerait même pas qu’elle soit née-moldue, tiens. Avec des habitudes pareilles, on ne peut pas venir d’une famille sorcière.

Ce repas tourne au ridicule. C’est au gamin, désormais, d’attirer mon regard. Aux mots de la fille, il a laissé échapper un glapissement effrayé. Mince alors, il croit donc à cette histoire d’Ange des Marais, lui ? Cela ne m’étonnera pas, après tout. Je ne l’avouerais pour rien au monde mais je suis reconnaissante à la fille de m’avoir offert l’occasion d’effrayer davantage le jeune Poufsouffle.

« L’Ange des Marais, c’est un niveau au-dessous Zikomo, » dis-je au garçon comme si je n’avais pas conscience que cela l'effrayera davantage. Puis, à la fille : « T’as le droit de croire que c’est qu’un esprit frappeur et qu’il n’est pas bien dangereux, à tes risques et périls. »

Pourrais-je réussir le merveilleux exploit de l’effrayer réellement ? Je serais prête à promettre n’importe quoi à Zikomo pour qu’il m’aide, Merlin, juste pour lui faire ravaler son impertinence et les petits regards moqueurs qu’elle me lance. Je ne supporte pas son ton méchant et ses sous-entendus.

« Tu f’ras moins la maligne quand Zikomo viendra te grignoter un morceau d’oreille dans la nuit.
Il mord, Zikomo ? » glapit soudainement le gamin en se penchant sur moi.

Je me décale, une grimace écœurée sur le visage. Je suis entourée d’un côté par un marmot qui devient livide à la seule idée qu’un esprit complètement imaginaire vienne l’embêter durant la nuit et de l’autre côté par une gamine insupportable qui me parle comme si j’étais n’importe qui. C’est rare que je me retrouve en si mauvaise compagnie durant mes repas. Habituellement, je suis seule. Ce n’est peut-être pas aussi amusant mais en tout cas c’est moins agaçant.

« Il mord si je le lui demande, oui. T’as jamais entendu parler de Trevor Barwins, dis-moi ?
Euh, non ?
Toi non plus ? » demandé-je à l’idiote, comme si j’en avais quoi que ce soit à faire de son avis. Puis, sans attendre sa réponse : « Le pauvre, il s’est jamais remis de son seul tête à tête avec Zikomo… C’était sanglant, à ce qu’il parait. Enfin bon, moi j’étais pas là et Zikomo a jamais rien voulu me dire. Y’a des choses qu’on confie pas facilement, tu comprends. »

Je ne sais pas si l’enfant est capable de comprendre mais en tout cas, il est doué pour tout ce qui est relatif à l’angoisse. Il en perd totalement l’appétit, le pauvre gosse. Il dépose sa fourchette sur la table et devient si livide que je commence à m’inquiéter pour lui. S’il me fait un malaise maintenant, je serais bien embêtée. Je jette un coup d’oeil à la table des professeurs, puis en direction des préfètes. Si je prends plaisir à m’amuser aux dépens d’un garçon innocent je n’ai aucune envie de me faire punir pour ça.

« Non mais j’te l’ai dit, rajouté-je d’une voix traînante. Zikomo, c’est moi qui lui dis qui aller emmerder. Alors tu crains rien parce que t’es pas chiant, toi. » *Si, il l’est*. « T’es pas chiant, hein ? »

Il secoue frénétiquement la tête de droite à gauche, les lèvres pincées. On dirait qu’il va vomir. Bah, je pourrais toujours mettre ça sur le compte de la purée. Elle n’est vraiment pas au niveau de celle de Zakary. Après avoir avalée une nouvelle bouchée de la mélasse, je me tourne vers la fille.

« Toi par contre, tu l’es. »

Je souris pour la forme, jette un regard plein de mépris au livre qu’elle lit et baisse les yeux sur mon assiette. La remarque était totalement gratuite, j’en ai conscience. Tout comme j’ai conscience que tout cela ne sera pas arrivé si j'avais fait comme si cette fille n'existait pas. Mais cela ne serait pas arrivé non plus si elle n’avait pas manqué renverser la table avec sa maladresse. J’en conclus donc que tout est de sa faute.

03 nov. 2021, 15:29
Purée de pommes de terre
Elle cherchait vraiment à me faire peur ? Peut-être que le petit garçon à ses côtés croyait à tout ce qu’elle racontait, mais il ne fallait pas exagérer… Il y avait une différence entre petit première année récemment arrivé et troisième année blasée de l’égocentrisme de cette fille. Enfin, même comme ça, le garçon était très naïf pour croire à tout ce qu’elle racontait… Peut-être se connaissaient-iels ? Cette hypothèse expliquerait bien des choses. Enfin, je ne voyais pas du tout la Jaune en grande sœur… Non, cette image était terrible. À effacer de mon esprit. Aelle Bristyle qui changeait des couches ? Je toussotai en couvrant ma bouche d’une main pour masquer mon fou-rire.

Non, moi non plus je n’avais jamais entendu parler de Trevor je-sais-pas quoi. Enfin, il y avait bien une statue qui s’appelait Trevor, dans une ville que j’avais visitée avec mes parents… Un homme politique très important ou je ne savais quelle autre histoire ennuyante. Mais quand même, il fallait bien avoir un minimum de respect pour lui : arriver à avoir de hautes fonctions avec ce prénom ? Chapeau. Je voyais bien le petit Poufsouffle s’appeler comme ça, d’ailleurs. Trevor, l’enfant qui quitta Poudlard par peur des histoires d’une Grande. La une dans tous les journaux sorciers.

*C’était sanglant* À ce rythme, les cauchemars de ce petit le seraient aussi. Je chassai rapidement ces pensées et me penchai sur la table pour lui lancer un coup d’œil, avant de revenir sur la fille d’un regard réprobateur.

T’as qu’ça à faire, traumatiser des premières qui ont même pas encore vu Poudlard pour de vrai ? soufflai-je.

Toute ma bonne humeur avait disparu. Remuant le couvert dans la purée, je regardai d’un air dépité mon livre. *Bon, on en parlera ce soir, Luke* L’esprit de l’autre ne semblait pas avoir percuté ce que je lui avais dit – peut-être même n’avait-elle pas entendu –, et elle continuait, oh, elle continuait sans la moindre vergogne. Je haussai un sourcil : elle venait de lui faire un compliment ? « T’es pas chiant, toi », qu’elle venait de dire ? J’hésitais entre rire et faire un arrêt cardiaque. Ou les deux. Ou…

*Non-ok-quoi-pardon ?* Il n’y avait plus aucun doute sur la démarche à suivre, maintenant. J’éclatai de rire, oubliant presque le reste de mixture aux pommes de terre dans ma bouche, et commençai à m’étrangler avec ma nourriture. Quoi ? Elle avait dit quoi ? Je… Quoi ?

Après un dernier toussotement pour récupérer mon sang-froid, je lançai en sa direction :

Pardon ?

C’était gratuit, son allusion était tellement gratuite ! Et tellement, tellement, tellement… tellement inattendue que je ne savais pas comment réagir. Un bon rire, tellement naturel et inapproprié avait réglé mon hésitation, mais… *PARDON ?* C’était fou quand même, cette façon de, de… C’était fou.

Excuse-moi… *J’ai mal entendu*, mais je ne voulais pas qu’elle me réponde le contraire. Je…

« Kof kof. Je m’étrangle. » De ma main libre, j’essuyai une petite larme, causée par le fou-rire, et me tournai vers elle, un reste de sourire flottant sur mes lèvres.

Je te retourne le compliment. Vous avez vraiment un petit air de famille, d’ailleurs, signalai-je en la montrant, avec son voisin, d’un coup de tête.

Les mêmes cheveux châtains, les mêmes yeux bruns, la même stupidité, bien qu’interprétée de façon différente…

Vous êtes frère et sœur ? Cousin.es ?

Ça, ça allait l’achever.

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03 nov. 2021, 20:50
Purée de pommes de terre
Son éclat de rire est si soudain que je suspend mon geste, ma fourchette s’immobilisant au-dessus de mon assiette. Elle rit comme si j’avais réellement dit quelque chose de drôle et elle rit tellement que j’ai un aperçu direct sur le contenu de sa bouche. C’est dégoûtant. Mon nez se plisse. Mais mon dégoût n’est pas aussi fort que mon incompréhension. J’aurais compris qu’elle s’énerve, qu’elle crie, qu’elle me rétorque quelque chose du genre : « Non mais oh ! c’toi qui est chiante d’abord ! », mais un rire ? Je ne comprends pas. Peut-être est-ce un rire forcé, qu’elle se moque de moi ? Non, il sonne bien trop sincère, ce rire. Je ne suis certes pas très douée pour différencier les rires sincères des rires moqueurs mais là c'est flagrant tout de même.

Douchée, et quelque peu vexée, j’abandonne ma fourchette au milieu de ma purée. Et puis que raconte-t-elle, encore ? Lui, mon frère ? Lui, un Bristyle ? Lui, de mon sang ? Merlin mais je n'ai jamais rien entendu de plus absurde ! Nous ne nous ressemblons même pas, il a des yeux couleur de boue alors que les miens sont d’un joli marron profond ; ses cheveux sont légèrement frisés alors que je les ai lisses ; et il a un tout petit nez en trompette alors que le mien est long et fin. Et puis regardez-le, l’ignorance se devine sur ses traits alors que mon visage à moi respire l’intelligence, le savoir et brille de ce petit quelque chose d’un peu particulier dont sont dotés tous les Bristyle. Non, vraiment, il n’y a rien de comparable entre moi et lui.

J’adresse une œillade perplexe à l’enfant qui me rend mon regard, un peu perdu : qu’est-ce qu’elle dit, l’autre ? doit-il se demander. Tout comme moi je me demande : *elle me retourne le compliment ? Hein ? J'lui ai pas fait de compliments !*. Le Poufsouffle se penche sur la table et s’adresse directement à l’idiote qui est aveugle en plus de ne rien avoir dans le crâne.

« Ah non, non, non ! On est pas de la même famille parce que moi mon nom d’famille c’est Wilson et qu’elle c’est Bristyle, alors c’est pas du tout possible ! Et en plus moi j'ai qu'une sœur mais elle est bien plus grande, elle est partie de Poudlard l'an dernier. Pas eu la chance d'être à l'école en même temps qu'elle mais elle m'a raconté que...
Ouais, bon, on a compris, ça va ! interviens-je pour le faire taire. Moins pertinente comme remarque, je connais pas. T'aurais pu te contenter de dire qu'on était pas de la même famille. Merlin merci, d'ailleurs. »

Première surprise de la journée : ce gamin connaît mon nom de famille. J’en éprouve un vif sentiment de fierté. Un première année qui connaît mon nom à moi, un première année qui est arrivé au château il y a deux mois à peine ! Et il a même remarqué que je ne me promenais que rarement sans Zikomo ! Suis-je donc si remarquable pour ainsi marquer les esprits ? Parle-t-on tant de moi dans les couloirs pour que mon identité soit connue des nouveaux arrivants ? Habituellement, cela me déplaît que l’on parle de moi. Pas aujourd’hui. Aujourd’hui, je suis fière, je me sens grande, je me sens importante. Non pas que j’ai besoin du regard des autres et de leur intérêt pour l’être, évidemment, mais ça me fait quelque chose quand même. C’est comme si l’on me disait : tu existes, Aelle ! Mais oui, j’existe, et j’existe si bien que je finirai par changer le monde. Je me rappelle avec un temps de retard que changer le monde, moi, je n’en ai rien à faire — j’ai juste envie de changer ma vie à moi et de la bourrer de savoirs.

« Mais on a p’t-être d’autres points communs ! continue ledit Wilson, surexcité. T’aimes quoi, toi ? Moi j’aime la purée et le quidditch et aussi les bavboules et les renards et…
Merlin, tais-toi ! »

Il me rappelle un gosse horriblement bavard rencontré il y a des mois et des mois ; je jette un regard en direction de la table des Serdaigle, comme si Rosenberg allait soudainement quitter son banc pour se jeter sur moi et me noyer sous des discours d’une inutilité et d’un ennui mortel. Mais non, pas de Rosenberg. Seulement une abrutie qui associent deux personnes qui n'ont de semblable que la couleur de cheveux à la même famille et un veaudelune à l’air béat qui a envie de se trouver des points communs avec une fille bien plus futée et intéressante que lui.

« Et puis en quoi ça t’intéresse, toi, qu’on soit d’la même famille ou non ? jeté-je à la fille. Occupe-toi d’la merde que tu bouquines et laisse-moi discuter avec… Wilson tranquillement.
Tu sais, tu peux m’appeler Pierrot, me lance le garçon avec un sourire timide au coin des lèvres.
Rêve.
Toi aussi tu peux, rajoute-t-il en direction de la fille. C’est plus sympa que Wilson. »

Cette fois-ci, je ne fais rien pour cacher le bruyant soupir qui s’échappe de mes lèvres. L’ignare, qui porte un prénom aussi idiot que lui *qui s’appelle Pierrot d’nos jours ?*, ne manque rien de ma grimace. Il semble soudainement se rappeler qu’il a tout intérêt à la fermer et à se faire apprécier s’il ne veut pas que je lance Zikomo à ses trousses. Il se mordille les lèvres et baisse la tête sur son assiette, m’offrant enfin ce silence dont je rêve tant.

Pourquoi ai-je commencé à discuter avec lui, déjà ? Ah oui, pour l’effrayer… L’envie m’est soudainement passée.

On va passer un accord, toi et moi : mieux vaut éviter qu'Eryne et Aelle traînent trop souvent ensemble dans le futur. Au contact l'une de l'autre leur immaturité atteint des sommets, c'est effarant !

06 nov. 2021, 16:12
Purée de pommes de terre
Ce n’était même pas la fille qui avait pris la peine de s’indigner mais l’autre Jaune qui s’était penché, trempant sa cravate dans la purée, pour me répondre. Étonnant qu’il veuille à ce point-là démentir mon idée… Être le frère d’Aelle Bristyle était aussi déplaisant que ça ? Il avait quand même un peu de jugeote. Avec un peu d’hypocrisie, je fus quand même soulagée quand elle l’envoya balader, que le gamin arrête enfin le flot de paroles incessant. S’il voulait noyer quelqu’un sous ses histoires, c’était la fille assise entre nous qui devait être sa victime.

Ah.

Bah oui, que rajouter d’autre ? Désolée de m’être trompée ? J’avais lancé ce que j’espérais être une pique dans l’espoir de *provoquer* ladite Bristyle. *Provoquer* : ça sonnait tellement enfantin, j’avais même de la peine pour moi de m’être rabaissée à ce niveau-là. Essayer de se moquer de la Grande parce que c’est drôle. Un coup dans l’ego. Ne pas réussir. Deux coups dans l’ego.

Heureusement que le première année – « Wilson » – était là pour éloigner l’attention de ma repartie à réviser, bavardent tout joyeusement avec sa voisine de table. Il essayait de leur trouver des points communs, c’était… pitoyable. Très mignon. Adorable même. Mais, à cet instant précis, il me faisait vraiment pitié. L’autre lui fit la fermer, ses mots sonnaient presque comme une énorme claque sur les joues rouges du petit garçon. Son esprit n’était peut-être pas des plus illuminés de sa promotion, mais il ne méritait pas la voix sèche et les mensonges de la fille.

Je lâchai un long soupir et retournai à ma purée. Elle était jaune. Comme notre maison. Est-ce que la couleur de la purée variait en fonction de la table à laquelle elle était servie ? Ce serait si drôle ! Pour le banquet de fin d’année, on aurait pu envisager des aliments aux couleurs des quatre blasons de Poudlard. Même un repas entier destiné spécialement à l’un des créateur.ices ! J’imaginais déjà les myrtilles au dessert des Serdaigle. Et… il y avait quoi comme autre plat bleu ? Je n’avais déjà plus d’idées. La betterave était plutôt rouge ou violette, mais sa couleur pouvait virer bleutée, non ?

Flûte, cela signifierait qu’on n’aurait que de la purée, chez les Jaunes. La couleur était si pitoyable que ça ? Il n’y avait que les pommes de terre pour satisfaire notre appétit ? C’était vraiment tris… Des pâtes ! Des pâtes et des patates au menu. De l’ananas au dessert. Du jus d’ananas pour boire. Et du citron, pour… décorer ! Superbe.

Les deux autres maisons auraient des assiettes spéciales crudités. Toutes sortes de laitues, épinards, choux et haricots verts d’un côté… Tomates, piments et poivrons rouges de l’autre, fraises et cerises pour finir. Parfait. À table, les enfants !

Je finis par intercepter le regard lancé par le gamin. Tellement perdue dans mes pensées – il allait me falloir un GPS la prochaine fois que je déciderai de me projeter dans mes futurs repas –, je n’avais pas prêté attention aux dernières phrases de leur conversation, à laquelle j’étais visiblement incluse. L’autre débile et narcissique rattachée à Zikomo ne fit aucun effort pour cacher au p’tit à quel point il l’ennuyait et le visage triste qui apparut me fit de la peine. *T’es conne quand même, t’as pas vu à quel point il cherche ton approbation lààà*

‘Chantée… Pierrot. Moi c’est Eryne.

Eryne tout court. Pour voir si Bristyle ferait l’effort de trouver mon nom de famille pour m’appeler comme ça.

Au contraire… Toujours aussi désenchantée, Bristyle.

Ouch. Même moi je détestais la froideur apportée par le nom figurant sur nos pièces d’identité.

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