TW : Dans mon écrit il y'a une idée suicidaire donc ce qui sont sensible à ce genre de chose, je ne vous conseille pas de le lire.

Elle court. Un besoin d'air qui grandit, grandit et qui risquait d'exploser à tout moment.
Trop de monde au Lac. Trop de monde au parc.
*La Tour d'Astronomie. C'est pas la nuit, j'pourrais pas voir les étoiles. Tant pis. *
ça faisait à peine un mois et demi qu'elle était à Poudlard et elle en avait déjà marre. Marre des Autres trop bruyant, marre des profs, marre des cours, marre d'être loin de sa mère malade.
*Maman...*
Des larmes cristalline coula sur ses joues. Elle les laissa s'en aller une par une de ses yeux.
La voilà maintenant en train de monter rapidement les marches de la Tour. Beaucoup trop rapidement. La gamine trébucha. Elle eut à peine le temps de mettre ses mains devant pour ne pas se blesser gravement. Elle était maintenant par terre et se mit en colère contre elle même.
* C'est pas possible j'peux même pas courir sans m'casser la gueule. J'ai eu d'la chance au moins, j'me suis pas fait mal.*
Ce n'était pas très judicieux de courir dans les escalier mais jamais elle ne voudra avouer son tort étant trop occuper à être en colère contre elle et l'escalier.
Lia se releva et épousseta vite fait son uniforme. Dès le début, elle n'en prenait pas trop soin. En fait elle ne prenait même pas soin d'elle même, de ses vêtements et de ses autres affaires à part sa peluche mais même celle ci était abimé avec le temps.
Elle se remit à monter les marches, plus lentement cette fois ci ne voulant pas tomber une deuxième fois. Ce serait la fois de trop.

La gamine était maintenant en haut de la Tour d'Astronomie. Elle prit une grande bouché d'air et regarda avec émerveillement les paysage qui ce tenait devant elle. Le soleil était haut dans le ciel et malgré le fait qu'il y'avait un vent froid étant donné qu'on était en novembre, celui ci le réchauffait, lui faisait du bien.
Elle avança vers le rebord et monta dessus. Elle leva la tête vers le soleil et sourit. Elle se sentait libre, vivante ce qui arrivait rarement pour Lia de se sentir vivante. Pour elle, les Autres n'existait plus et ça lui plaisait de ne pas en voir. Le seul bruit qu'elle entendait était le vent qui soufflait doucement sur si visage, ce qui la rafraîchissait.
*Plus rien. Juste moi, le vent et l'paysage. Le Soleil aussi. Il est beau l'Soleil. Comme la Lune. Mais l'Soleil il brille, il est lumineux alors que la Lune, elle, elle illumine juste la nuit et presque personne regarde sa beauté.*
Elle s'assit sur le rebord et balança ses pieds dans le vide. Un faut mouvement et celui ci l'engouffrerait. Parfois, il l'appelait se vide. Mais pas aujourd'hui. Elle voulait pas. Elle voulait juste rester regarder le ciel bleu et le soleil. Elle aimait bien ces moments là où il n'y'avait personne à part elle. C'était ça qu'elle avait besoin. Tous les jours elle en avait besoin.
*Pourquoi ils comprennent pas ? Pourquoi ils comprennent pas que le silence est mieux que le bruit incessant qu'il font tout le temps. Même le soir ils le font. Ils s'en foutent. Ils se foute de tout. Y aiment pas le silence. C'est trop pesant. Mais pas pour moi.*

Pour elle c'était injuste. Ils ne cherchaient pas à la comprendre. Elle était désagréable, froide et puérile donc elle était méchante pour eux et ils ne l'aimaient pas. Comme le silence. Ils avaient jamais chercher à comprendre de toute façon. ça les feraient réfléchir et c'était trop compliqué pour eux. Alors comme ils voulaient pas comprendre, elle faisait pareil. À quoi bon ?
*Y sont tous pareils. Pour eux tout le monde est gentil et vivent leur meilleur vie et quand c'est pas le cas ils se braquent et t'insultes où abandonne. J'vais pas chercher à comprendre non plus. J'les aime pas, y m'aiment pas et puis c'est bon, plus rien. Mais eux y ont des amis, moi non. J'suis laissé comme un simple déchets, une ordure qu'on jette quand on la finit. Y sont presque au même niveau qu'la Fille.*

La Fille. Rien que d'y penser, les larmes reviennent plus nombreuses. Elles gâchaient sa vue. Elle ne pouvait plus voir le magnifique paysage qu'elle aimait tant regarder. Elle s'énerva et enlèva ses larmes d'un coup sec.
*Y ont pas l'droit d'revenir. Pas maintenant...*
Un bruit. Il y avait eu un bruit derrière elle. Elle le savait. Elle aurait aimé que ses oreilles lui fassent défaut, mais non. La gamine se retourna et vit quelqu'un. Une fille. Une Serpentard.
Elle croisa ses yeux gris.
* Le gris ça fait vide. Avec ses cheveux noirs, on dirait une fille... Vide. Y a juste le vert qui l'aide là.*
Elle n'eut pas la force de se mettre en colère. Après tout, elle aussi avait le droit de venir. La Tour n'était pas la priorité de Lia. Elle se retourna pour se remettre à regarder le ciel. Elle n'était plus seule et ça la dérangeait.
* N'y pense pas, n'y pense pas, n'y pense pas...*

Peut importe ce que la Serpentard pensait d'elle, elle espérait qu'elle ne brise pas le silence. Il était trop précieux.
* Ne gâche rien. Ne parle pas. J'veux pas entendre une voix enjouée, pleine de vie qui m'dirait "Le paysage est magnifique n'est ce pas ?". J'm'en fous. On peut regarder sans parler hein ?*
Elle essaya de ne plus y penser. Impossible.
* Pourquoi est elle venue ? Elle pouvait pas venir plus tard ? Me laisser tranquille ? C'est pas possible non... Pas possible...*
Comme ses pensées, arrêter de pleurer n'était pas possible. Elle aurait voulu se retenir, mais elle était épuisée. Même après être arrivé dans une nouvelle école sans la Fille n'arrivait pas à la rendre joyeuse. Elle avait l'impression de n'arriver à rien au final. À part pour exceller dans ses cours, le reste n'aller pas.
* Et si, au moins une personne pouvait m'aider ? Elle, peut-être, mais j'ai besoin de faire quelque chose.*
Trop d'idées plus ou moins violente apparurent dans sa tête. Maintenant, le vide l'appelait, il lui criait de venir le rejoindre, qu'elle serait beaucoup mieux avec lui que dans ce monde qu'elle détestait.
* Et si j'sautais ? Ça réglerait tout non ? Non, il y a quelqu'un, j'peux pas faire ça. J'peux pas...*

Tout allait parfaitement bien.

Pourquoi ça n'irait pas bien ? Aucune raison !

Tu venais de perdre la seule personne que tu avais dans ce château. Elle t'a planté un joli petit couteau dans le dos. Mais franchement, est-ce que c'est si grave ?

Oui.

Tu avais placé ta confiance en elle. Tu avais pris ce risque. Parce que ça en était un, n'est-ce pas ? Évidemment ! Tu ne donnais pas ta confiance comme ça d'habitude. Mais avec Ava, c'était différent. Tu ne savais pas pourquoi. Dès votre rencontre. Ce jour où, dans un instant de folie, tu avais accepté qu'on t'aide. Qu'elle t'aide ! Alors elle t'avait dessiné son monde avec ses mots, ce monde dans lequel elle avait grandi et celui que tu avais rejoint quelques mois plus tôt. Ce monde rempli de magie dans lequel elle t'avait fait croire que tu avais ta place. Mais tu ne l'avais pas, non. Non. Mais tu l'avais cru pourtant.

Puis vous vous étiez revu. Plusieurs fois. Votre relation se renforçait à chaque fois un peu plus. Mais jamais - Ô grand jamais ! - tu ne l'avais laissé entrer entièrement. Tu avais peur d'être déçue, car c'est ce qui arrivait à chaque fois. C'est difficile pour toi d'admettre que tu as peur, et pourtant, c'est bien ça qui t'empêchait de la laisser rentrer dans ta misérable vie. Mais un beau matin, dans un instant de tristesse immense mêlée de rage et de solitude, elle avait été là. Tu ne savais pas pourquoi elle était sortie si tôt ce matin-là, mais elle t'avait trouvé. Dans un sale état. Les cheveux décoiffés par ta course, les yeux rouge et gonflés et ta peau pâle couvert d'un vêtement trop léger pour la saison. C'est là que les choses ont mal tourné. Parce que tu as fait l'erreur de lui ouvrir la porte de ton cœur. Tu lui as montré ton monde, décrit ta vie, et elle t'avait écouté ! Et ça t'avait fait un bien fou de te sentir écouté. Mais voilà. Ce qui était pourtant si prévisible était arrivé.

Tes pas te menèrent jusqu'à la tour d'Astronomie. Il n'y a que pour les cours que tu étais montée ici. Mais tu ne sais pas pourquoi, c'est ici que tu étais venu ce jour-là. Une à une, tu montas toutes les marches jusqu'en haut. Tu te dirigeas tout de suite vers le bord. Accoudée contre la pierre. Puis tu sentis un regard sur toi. Tu tournas tes prunelles grises vers la source de cette observation. Il y avait une fille. Elle était là, assise au bord, les pieds dans le vide.

Le vide.

Vide.

C'est comme ça que tu te sentais.

Tu avais fini par découvrir que Meywood, c'était elle. Ava. Ava Meywood. C'était à cause d'elle que Leann en avait après toi. C'était à prévoir. Tu ne donnes jamais ta confiance, et tu ne dois pas la donner ! Tu sais ce que ça peut provoquer. Que du mal. C'est toujours comme ça. La preuve avec Ava.

En fixant le vide, tu repensas au cours de Vol. Qu'est-ce que tu aimais être sur un balai, dans les airs ! Tu n'avais pas encore beaucoup volé, mais la sensation était exquise. Tu avais l'impression de pouvoir tout affronter. Et c'était juste magique

Tu aurais aimé pouvoir voler là, maintenant. Mais tu ne pouvais pas. Mais peut-être que...

Tu fixas à nouveau l'autre fillette, juste quelques secondes. Puis tu t'installas comme elle. Assise sur le bord, les pieds dans le vide. La sensation n'était définitivement pas la même. Mais tu te sentais déjà un peu mieux. Comme si tu étais dans ton élément. Ou presque.

Tes yeux se posèrent sur la Poufsouffle. Elle semblait complètement bouffée par ses émotions. Tu évitais constamment de les montrer, toi. Sauf peut-être aujourd'hui. Tu n'en avais plus la force ces derniers jours.

Est-ce qu'elle songeait à sauter ? Tu fixas le vide sous tes pieds. Aucun vertige. Tu ne l'avais jamais eu de toute façon. Tu n'avais pas envie de sauter. C'était une bonne nouvelle, non ? Sûrement.

Tu levas les yeux sur le paysage. Tu n'avais même pas encore pris le temps de l'observer. De le détailler. Alors pendant plusieurs minutes, c'est ce que tu fis. Tu admiras la vue. Ni toi ni la fille ne prononçait un mot. Puis Ils s'échappèrent, sans que tu ne les contrôle.

- Tu veux sauter ?

Ces trois mots étaient sortis tout seul. Il y eut un silence de quelques secondes, puis tu enchaînas.

- C'est fou comme ça fait du bien le vide. Cette sensation de pouvoir tout affronter. Même quand tout va mal. Mais je vais bien. Est-ce que je vais bien ? J'en sais rien. Est-ce que se sentir aussi vide c'est être bien ? Je devrais être en colère, je devrais être triste ! Mais là je suis juste... Vide.

Elle s'empêcha désespérément de faire une action irréversible. Elle ferma, donc les yeux, et s'obligea à penser à autre chose, que l'irrésistible envie de sauter dans le vide ou bien, de se laisser emporter dans la cascade de ses idées noires, toujours plus nombreuses, toujours plus destructrices.
* Ne pense pas à ça, ne pense pas à ça, ne pense pas à ça... Pense aux souvenirs heureux...Allez, ne pense qu'à ça, pour t'changer les idées... Fait le !*
La gamine se détendit un peu en repensant à son grand-père, sa serre et la bonne odeur de lavande qui flottait dans l'air de celle-ci. Son séjour passé là-bas, fut le plus merveilleux de ses souvenirs. Même le seul souvenir important pour elle. Le mot "magnifique", ne suffisait pas à décrire ses moments passés chez lui, tous incroyablement fantastique.

Elle y repensa, pendant encore quelques instants. Soudain, un bruit apparut dans le silence comme un monstre voulant l'arracher et prendre tout le calme autour d'elle. Lia rouvrit brusquement les yeux, et se mit à regarder la source de se bruit avec des yeux fous, on pouvait voir de la haïne dans ses yeux verts. La fille aux yeux gris, c'était elle aussi assise sur le bord de la tour d'astronomie, balançant ses pieds dans le vide. Ça ne pouvait qu'être elle, et la gamine se mit à la regarder comme si c'était la personne la plus folle de la planète.
* Mais pourquoi elle s'intéresse aux choses qui n'la concernent pas !? Ça t'fait quoi si j'veux sautée, hein ! *
Mais elle continua de briser le précieux silence qui c'était installé, comme si de rien n'était. Lia ouvrit la bouche avec l'intention de se mettre à crier contre celle qui n'avait pas l'air de savoir ce que c'était le silence, mais étrangement, aucun son ne sortit. Rien.

Pour ne pas paraître bête, elle referma la bouche, et regarda sa main gauche comme si c'était la chose la plus fascinante au monde. Elle se sentait rougir.
* En criant, j'aurais fait pire que briser l'silence. Y faut qu'j'apprenne à contrôler la colère, en me disant, que cette fille à le droit de parler. Ce n'est pas interdit merde. *
Lia se mit à fixer les yeux de l'autre personne à côté d'elle.

" Sauter ? Si je dis non, s'serait un mensonge. Mais si j'dis oui, tu pourras croire que j'veux m'tuer. Au final... À quoi ça sert d'savoir la réponse si tu t'sens vide ? "

* J'me sens pas vide, ça, c'est sûr... *
Elle regarda encore un instant la couleur grise de ses yeux, avant de détourner elle-même le regard. La gamine leva les bras et observa attentivement le paysage entre ses mains pâles et couvertes d'égratignures.

" J'imagine qu'c'est mieux de rien r'ssentir que d'être toujours en colère pour rien. Elle fronça les sourcils et essaya de prendre son ton le plus neutre Après, à partir du moment où tu tombes dans l'vide, tu t'y sens tellement bien, que tu pourrais même plus en sortir..."

Elle connaissait le sentiment de vide. Toutes envient de faire quoi que ce soit, de ressentir, ne serait-ce qu'une seule émotion, était remplacée par le vide qui t'emmenait plus profondément chaque jour dans ce sentiment jusqu'au point de non-retour.
* J'aime pas ça... Vraiment pas...*
Ses bras retombèrent brutalement et ses mains se crispèrent. Elle se mordit légèrement la lèvre inférieure, en proie à une montée de stress sans aucune raison apparente.

" Arrête. "

Elle fut surprise elle-même de ce qu'elle venait de dire. C'était sorti tout seul. Elle ne savait pas si elle se parlait à elle ou à l'autre, mais de toute évidence, Lia en conclue, que c'était aussi bien pour la jeune fille à l'uniforme de Serpentard qu'à elle, la rouquine aux couleurs de Poufsouffle.

Tu sentais son regard fou sur toi. Au début, tu pensais qu'elle ne te répondrait pas. Puis les mots sont sortis de sa bouche pour briser le silence qui s'était installé. Elle avait raison, qu'est-ce que ça pouvait te faire qu'elle saute ? C'est sa vie, pas la tienne. Et vous ne vous connaissez pas.

Oui, mais la vérité c'est que connaître sa réponse te permettais de te sentir moins seule. Tu n'avais pas envie de sauter non, mais peut-être que connaître sa réponse te permettrais de te sentir moins vide ?

- Qu'est-ce qui t'empêche de sauter si tu en as envie ? Qu'est-ce qui te retiens ?

En colère... Tu l'as été. Tout comme tu as été triste. Et déçue. En fait, tu avais l'impression d'être passée par toutes les émotions possibles jusqu'à ce qu'il n'en reste plus une seule et que tu ne ressentes plus que le vide. Ce vide était différent de celui que tu avais sous les pieds. Parce que celui-là, en bas, il y avait quelque chose à toucher. Un quelque chose qui signait une fin. Alors que le vide que tu ressentais en toi n'avais aucune fin. Il t'emportait toujours plus vers le fond, éternellement comme si tu y étais condamnée. Tu n'arrivais pas à remonter et à surmonter ce vide. Puis tu te posas la question, à toi aussi. Qu'est-ce qui t'empêche de sauter si tu en as envie ? Qu'est-ce qui te retiens ?. Excellente question. Tu n'en avais aucune idée. Certainement pas ton père, ou quoique ce soit qui soit lié à lui, puisque tu n'y avais pas ta place. Certainement pas la magie, puisque tu n'y avais pas ta place non plus. Certainement pas tes ami(e)s, puisque tu n'en as pas. Certainement... Maman. Tu ne pouvais pas te résoudre à la laisser seule, à l'abandonner après tout ce qu'elle avait fait pour toi. Tu t'en voulais depuis que tu étais entrée dans cette gare il y a deux mois. Tu t'en voulais parce que tu l'avais laissé seule. Tu lui donnais des nouvelles au début; maintenant, tu n'en donnes quasiment plus. Alors finalement, est-ce que c'est vraiment elle qui t'empêchait de sauter ?

- Je sais pas si c'est mieux. Je préfèrerais ressentir quelque chose, mais je crois que j'ai épuisé mon quota d'émotions ces derniers jours.

Tu baissas les yeux vers le vide sous tes pieds avant de poursuivre.

- Je sais pas ce que ça fait de tomber dans l'vide. Être dans l'vide c'est la meilleure sensation du monde parce que tu te sens libre et vivante. C'est pour ça que j'aile autant être sur un balai. Se sentir vide c'est le pire truc. Parce que t'as l'impression que tu pourras plus jamais ressortir de là, que t'es sans cesse tiré vers le fond sans jamais le toucher. Alors être dans l'vide... C'est sûrement se sentir libre jusqu'à ce que tu touches fatalement le fond.

Ton regard ne se décrochais pas du sol, quelques mètres plus bas. Il y a tellement de possibilités, de faces cachées derrière ce mot. Quatre lettres.

Vide.

Tes pensées furent coupées par la fillette. Arrêter ? Tu ne voulais pas. Tu avais besoin de parler pour savoir que tu étais encore en vie. Parce que sans ça, tu avais l'impression d'être un fantôme avec tout ce vide en toi. Comment tu avais pu en arriver là ? A cause d'une simple fille ? A cause d'une amie - du moins c'est comme ça que tu l'avais considéré. Mais la vérité, c'est que la vie elle-même n'est pas faite pour qu'on lui accorde une quelconque confiance. Elle attend le bon moment pour nous planter un nouveau coup. La vie ne peut pas être belle entourée d'autant d'enfer. C'est impossible.

- Le problème avec la vie c'est que c'est une connasse. Elle te laisse jamais tranquille, et les personnes que tu laisses entrer finissent toujours par ressortir en te plantant un immense couteau dans le dos pour t'enfoncer six pieds sous terre. C'est pas à moi que tu devrais dire d'arrêter. C'est à elle.

La fille parla. Elle parla, parla, parla brisant encore plus un silence, le silence que Lia adorait.
*Elle a besoin de parler celle-là, ça s'voit, mais la stop... S'il te plaît stop...*
La gamine ferma les yeux en essayant désespérément de ne pas l'écouter. Ces paroles étaient trop violentes pour elle et elle ne voulait pas les entendre. Lia n'était pas vide, non, mais c'était un sujet qui l'intéresse grandement. Pourtant, elle n'aimait pas du tout que la brune en parle.
*Argh, mais arrête de déblatérer tes mots d'merde, j'peux plus les écouter...*
L'Autre finit enfin par s'arrêter et le silence revint. Lia en profita un temps, elle rouvrit les yeux, regarda le beau paysage devant elle avant qu'elle-même brise le magnifique silence avec un mot.
*Arrête.*

Arrêter quoi ? Pour Lia, c'était arrêter tout et rien à la fois. C'était une façon de lui demander d'arrêter de se sentir vide, ou bien quelque chose que la rouquine, c'était dit à elle-même. Arrêter quoi ?
*En fait, j'sais pas. La vie, les émotions, le vide, moi... Elle ?*
Cette Serpentard, probablement du même âge qu'elle l'intriguait, la dérangeait, la fascinait. Comment pouvait-elle être aussi vide alors que la gamine elle-même ressentait beaucoup trop d'émotions à la fois sans pour autant le montrer ? Elle voulait savoir pourquoi, et ne comprenait pas pourquoi l'Autre n'aimait pas ça.
*T'as peut être une impression de plus jamais ressortir de là, et tu dis que c'est l'pire truc alors que moi, j'pense le contraire... Fin, la colère, la peur, le dégoût que j'ai tous les jours sans qu'ils ne s'en aillent la nuit, c'est chiant, alors si j'pouvais ne rien r'ssentir, ce s'rait cool.*
La brune reparla, encore et encore. On aurait que si elle arrêtait de parler, elle mourra dans d'atroces souffrances. Alors, elle continue et ne s'arrête que quand elle en conclut que son monologue devait être fini.
*La vie... C'est quoi aussi c'te merde. Rien ne va dans cette vie. Comme elle dit, c'est une conasse.*
Elle devait répondre à tout ce que la Serpentard venait de dire. Mais était-elle vraiment obligée ? Attendait-elle vraiment une réponse claire et nette à part à la question qu'elle avait posé au début du monologue ?

Lia se leva, et se mit debout. À tout moment, le vide l'emportait loin de ce rebord qui l'a tient en vie. S'il disparaît, ce sera la fin de quelque chose qu'elle n'a jamais voulu. Ce serait aussi la fin de cette discussion qui ne menait on ne sait où.
*C'est vraiment ce que j'ai envie ?*
Elle regarda en bas. Là où il y avait le sol, là où tout pourrait basculer. Non, elle ne devait pas. Jamais elle ne devrait.

"J'sais pas c'qui me retient... J'ai pas d'amis pour me r'tenir, mon père tient pas plus que ça à ma vie et la seule personne à qui j'tiens, c'est ma mère, mais elle est dans l'coma. Moi-même, j'tiens pas à moi. J'me hais, j'aime pas qui j'suis et j'me sens inutile. Pourtant, j'reste. "

C'était à elle de parler beaucoup. La fille avait réussi à la faire parler des choses qu'elle n'a jamais parlées à voix haute. La gamine ne savait pas si ça a été bénéfique où pas. Elle n'en savait rien. Ses émotions se mélangeaient, se superposaient, se remplaçaient à une vitesse fulgurante. Elle passait de la tristesse au soulagement à la colère. Ça l'épuisait. Elle avait envie de tomber d'en finir, mais elle ne le faisait pas. Elle n'y arrivait pas. Peut-être espérait elle que quelque chose de bien se passe avant d'mourir. Mais elle ne savait pas quoi. Au final, elle ne savait rien. On aurait dit qu'elle découvrait sa propre vie. C'était comme un fantôme qui regardait ce qu'elle faisait sans pouvoir rien faire.
Lia finit par la regarder elle. La fille qui chamboulait tout. Celle qui l'a perturber. Celle qui avait brisé le silence pour la briser encore plus avec ses mots.

"Tu t'sens vivante toi ? Ou spectatrice de ta propre vie ?"

*Ça y est, maintenant j'pose des questions chelou. Raah, ça devient du grand n'importe quoi tout ça. Pourquoi elle est venue aujourd'hui ? Quelle belle coïncidence !*
Elle finit par avoir mal aux jambes à force de rester debout à attendre quelque chose qui n'arrivera sûrement jamais. Elle se rassit épuisée. Que ce soit mentalement ou physiquement, elle n'en pouvait plus. Mais au lieu de partir dans un endroit où il n'y aurait vraiment plus personne, elle parla. Elle aussi avait besoin de parler.

"J'avoue, c'est à elle que j'devrais demander d's'arrêter. C'est pas une conasse, c'est pire que ça. C'est un monstre. J'aurais aimé ne jamais vivre, mais elle en a décidé autrement. Les gens que j'ai décidé d'y faire entrer, on fait comme ceux que tu as laissé entrer dans ta propre vie. Ils m'ont détruit comme un jouet qu'ils n'avaient plus besoin puis sont partis fier d'eux."

Elle sentit une goutte sur sa joue. Pleut-il ? Non, c'est elle, elle qui commençait à pleurer. Une larme puis deux, elles se succédèrent à une vitesse folle.
*Non... Pas envie... Pas maintenant...*