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02 déc. 2021, 10:59
L'impertinente, le retour
Jeudi 1er novembre, suite à l'annonce des résultats des appariements AMICO.

« Nerrah, eh, Nerrah ! Comment ça se fait que ta correspondante soit Sangblanc ? »
Et toi comment ça se fait que tu te mêles systématiquement à ce qui ne te regarde pas ? Dire qu'il avait osé espérer ne pas être importuné par elle, spécifiquement elle, qui l'avait déjà pris à parti, sans prendre de gants, en l'interrogeant sur sa cousine, soit disant parce qu'elle avait un truc à lui dire. Et bien Aliosus aussi, en avait, et certainement des milliers de fois plus qu'elle.

«Quoi Bristyle ?» Il n'allait certainement pas se gêner pour lui signifier son agacement, déjà que Lydia lui avait passablement tapé sur les nerfs en faisant étalage de mesquinerie et de jalousie, tout en évoquant sa démission, qu'il assumait, certes, mais qui ne regardait que lui.

«Tu as décidé de revenir à la charge ? Oui je suis correspondant avec Alice, et non je savais pas que ça allait arriver, mais il l'avait espéré, si fort, si sincèrement, vivement que la Poufsouffle débarrasse le plancher qu'il puisse exulter intérieurement en toute tranquilité et qu'il aille annoncer la nouvelle à Irisia. Ça te va ? Ta curiosité est satisfaite ? »

Il allait bien falloir, il n'avait aucune envie de faire perdurer l'échange. Quelque part, ce qui l'énervait le plus avec Bristyle, c'est qu'il ressentait qu'il n'avait aucune importance pour elle. Il n'était que la personne à interroger pour avoir des informations sur Alice, c'était sa cousine qui avait de l'importance à ses yeux, pourquoi, il n'en savait rien, mais lui n'était que la pénible étape par laquelle la Poufsouffle devait passer. En réalité, il était vexé.

@Aelle Bristyle

6ème année

02 déc. 2021, 20:58
L'impertinente, le retour
1 novembre 2046
Grand Hall — Poudlard
6ème année



Heureuse, excitée et curieuse, je ne m'attendais certainement pas à me prendre la mauvaise humeur du Serpentard en pleine tête. J'ai un mouvement de recul, surprise par son ton. Je fronce les sourcils, hésitante quant à la réaction à avoir. Le choix est rapidement fait ; il passe peut-être une mauvaise journée, celui-ci, mais ce n'est pas une raison pour me le faire payer.

« Non, elle est pas satisfaite, » rétorqué-je sur le même ton.

À vrai dire, si, ma curiosité est satisfaite. Quant au reste, je suis plutôt réticente à l'idée de le formuler à voix haute devant ce garçon. Et de toute façon, qu'ai-je réellement envie de savoir à propos de Sangblanc ? Ce qui m'intéresse, ce sont les discussions que je pourrais avoir avec elle. Et si je me demande de temps en temps ce qu'elle devient, ce qui la passionne, ce qui l'intéresse, ce qu'elle pense de Beauxbâtons maintenant qu'elle y est élève, si Poudlard lui manque, si elle pense un peu à moi... Tout cela ne compte pas, n'est-ce pas ? Ces questions n'ont aucun intérêt, après tout. Elles ne m'apportent rien. Aucun savoir, aucune connaissance. Ce sont des questions sans consistance.

Je perds le fil de mes pensées, incapable de découvrir la réelle raison de ma curiosité. Il me faut quelques secondes pour me reprendre. Je papillonne des yeux et accommode sur Nerrah qui, décidément, a le visage si froncé qu'il en deviendrait presque intimidant. Presque, si j'étais du genre à être intimidée.

« C'est quoi l'délire de correspondre avec elle alors que tu lui écris déjà tout le temps ? parviens-je enfin à demander. Ça sert à quoi ? »

09 déc. 2021, 16:42
L'impertinente, le retour
La tuile, si elle avait eu deux brins de jugeote, elle avait pris acte de la volonté d'Aliosus de mettre fin à l'échange, mais non, elle lui avait mis le grapin dessus et il sentait bien qu'il allait avoir du mal à s'en défaire, du moins en restant dans les clous de la bienséance, autant que possible. Pourtant il avait fait l'effort de lui répondre, et sincèrement en plus, il n'était pas au courant, c'était un heureux hasard, point.

«Je suis déçu Bristyle, je t'imaginais capable de meilleures déductions. Je n'ai pas pu lui écrire depuis son départ donc... »
Donc j'imagine que maintenant tu vois l'intérêt ? Il avait prévu de finir la phrase comme ça, mais elle ne vint pas. Il fut le premier surpris de ce mutisme soudain. Sa gorge s'était bloquée et il sentait poindre des sensations contradictoires en lui, une vague de chaleur qui partit de sa poitrine pour remonter son dos, sa nuque, ses pommettes et ses oreilles et tout à la fois, un poids qui s'enfonçait dans ses entrailles.

Il avait pourtant déjà exulté quelques instants auparavant, intérieurement, il avait senti ce soulagement incroyable de savoir que sa cousine était toujours à Beauxbâtons, qu'elle allait visiblement bien, et qu'il allait pouvoir reconnecter le lien, brisé de la plus horrible façon, en lui écrivant. Mais entre penser tout cela et l'évoquer à voix haute, il y avait un vide qu'il n'avait pas soupçonné. Le dire, l'entendre de sa propre bouche, lui faisait franchir ce gouffre et faisait s'effondrer sur lui une avalanche de sentiments qu'il avait refoulé pendant des mois.

Bon sang et Bristyle plantée devant lui, de quoi il avait l'air avec ses yeux qui s'embuaient et son menton qui avait la tremblote ? Qu'elle aille au diable, pensait il ne essayant de se détourner d'elle.

6ème année

10 déc. 2021, 13:01
L'impertinente, le retour
« Donc..., » quoi ? *Il va la terminer, sa phra...*. Non, Nerrah ne semble pas vouloir terminer sa phrase et pour cause : son visage affiche désormais tout un tas de sentiments et d'émotions que je peine à comprendre. Ça le prend soudainement, comme ça. Une couverture de mal-être me recouvre et me fait perdre le cours de mes pensées. À voir son menton tremblant et ses yeux brillant... Ajouté à son soudain mutisme... Oui, c'est évident, il est ému ou triste ou quelque chose dans ce goût-là.

Je suis peut-être incapable de comprendre les Autres mais je n'en suis pas pour autant idiote. Je fais rapidement le lien avec ce qu'il m'a dit et qui m'a foutrement étonné. Seul son émotion soudaine m'a empêché de répliquer vertement et de l'ensevelir sous mes questions. Il n'a pas de contact avec elle depuis tout ce temps ? Mais pourquoi ? Un hibou peut largement faire le trajet entre l'Écosse et la France, que je sache, il suffit d'être patient.

« Euh, hum... Tu... »

Tu... Tu..., je ne sais même pas que dire maintenant qu'il me présente une tronche toute attristée. Bordel, de la retenue, Nerrah !

Je comprends plusieurs choses au même moment, ce qui explique que le silence s'étire — si l'on oublie que l'émotion de Nerrah me perturbe suffisamment pour me donner envie de me tirer très rapidement d'ici. Tout d'abord, je comprends que le garçon m'est désormais inutile. À quoi bon insister s'il n'a pas de nouvelles d'elle ? Autant revenir à la charge dans quelques mois ou... Ou écrire moi-même à Sangblanc. Ensuite, je comprends que Nerrah tient sincèrement à elle. D'une façon qui me dépasse un peu. Je me sens soudainement de trop entre eux. Et cela me mène à croire que je devrais juste abandonner : Sangblanc a déjà quelqu'un, elle a une vie, elle a des amis, des proches. Je n'ai pas ma place là-bas et je préfère me retirer avant qu'une autre personne ne me le fasse comprendre.

« Pourquoi tu n'as pas pu lui écrire ? » demandé-je soudainement.

Je me mets en retrait : voix froide, regard franc, attitude figée. Rien ne peut entrer, rien ne peut sortir. Je ne ressens rien, il ne ressent rien. De la distance, de la rationalité.

« Qui l'empêche de recevoir du courrier ? Ou d'en envoyer ?»

Je crois qu'il me touche un peu. Finalement, il n'est pas plus chanceux que moi. Lui aussi attend des nouvelles. Et il... l'aime, ou quelque chose comme ça, si j'en crois sa réaction ; ça rend l'attente plus dure encore, non ?

07 janv. 2022, 17:14
L'impertinente, le retour
Son menton commençait à se calmer après une vague de tremblements des plus gênants, son souffle revenait à la normale, d'un geste rapide de la main il essuya l'humidité traîtresse qui tentait de s'échapper du coin de ses yeux, et puis une autre main dans les cheveux, pas tant au cas où il se serait retrouvé décoiffé, mais plus par réflexe, par habitude, un geste machinal qui inconsciemment le ramenait à un quotidien maîtrisé.

L'autre gigue était toujours là, elle semblait le regarder comme s'il s'était transformé en perroquet à écaille des îles. Elle n'était pas beaucoup plus grande que lui, mais en cet instant elle avait l'air de le toiser de ses yeux noirs depuis des hauteurs vertigineuses. Elle n'avait, pensait le garçon, ni compris qu'Aliosus aurait mille fois préféré être seul, ou bien elle avait jugé que sa propre présence était d'une impérieuse nécessité, surpassant même les désirs et les besoins personnels du garçon, ni la jugeotte nécessaire à la plus élémentaire des bienséances qui lui aurait imposé de s'effacer un instant, au lieu de lui imposer sa présence et ses questions inquisitrices. Elle l'usait, et bien qu'il n'avait pas l'envie de lui en dire plus que nécessaire, car tout ce qui concernait Alice ne la concernait en rien, il se sentait acculé par la manière de faire de la sixième année.

«Il y a un an, son père a fait parti des évadés d'Azkaban. Alice est rentrée en France, et pour sa sécurité, aucune lettre, encore moins de la part du fils d'un membre du Conseil, n'était accepté de sa famille.»

Il prit une grande inspiration de nouveau. Il se sentait se redresser, reprendre du poil de la bête. Voilà Bristyle, tu sais tout, pensait-il.

6ème année

16 janv. 2022, 19:40
L'impertinente, le retour
Sa réponse est comme un coup qu'il m'aurait porté à l'estomac ; elle m'interloque, elle me fait ravaler mon impatience et ma curiosité. Ce sont les mots Azkaban et Conseil qui me perturbent. Ce sont des mots du monde, du grand monde, celui de l'extérieur dans lequel il se passe tant de choses que je ne comprends pas et ne cherche pas à comprendre. Cela me rappelle néanmoins la conversation que nous avons eu, Sangblanc et moi, une conversation étonnamment portée vers ce fameux grand monde que je m'évertue à ne pas regarder de trop près. Alors comment ça, le départ d'Alice Sangblanc a quelque chose à voir avec la politique ? L'enfant qui subit les choix de vie de ses parents ? C'est ça, le problème ? C'est pour cela que je suis privée de mes discussions avec elle, que Nerrah l'est également ? Si ça avait été un choix fait par l'ancienne Serpentard peut-être l'aurais-je accepté, mais ce n'est pas le cas.

Mes mâchoires se resserrent et je pose un regard inquisiteur sur Nerrah. Et c'est tout ? Pour la sécurité de la fille, il a accepté de ne pas lui envoyer de lettres, de ne pas avoir de nouvelles, d'être tenu éloigné d'elle ? Comment peut-il supporter que d'autres lui imposent de telles limites ?

« Je vois..., » finis-je par répondre sur un ton un peu amer.

Il n'y a pas grand chose à rajouter. Mes yeux ont du mal à quitter le visage du Serpentard. Je ne savais pas qu'il était le fils d'un membre du Conseil mais peut-être est-ce le genre d'informations que j'aurais pu connaître si je m'intéressais un temps soit peu à ces histoires de Conseil des Sorciers. Après tout, je ne connais pas grand chose de lui, pour ne pas dire rien du tout. Il ne m'a jamais intéressé même si son sérieux m'a toujours plu.

« Et qu'est-ce qui... »

Je détourne les yeux pour observer les autres élèves qui hantent le hall ou qui traînent devant le panneau d'affichage, réticente à l'idée de poser une telle question au garçon, lui avouant à demi-mot deux choses qui me dérangent : d'une part que je suis incapable de trouver une réponse toute seule et d'autre part que j'ai envie d'écrire à cette fille pour d'obscures raisons.

Je prends une inspiration profonde pour trouver le courage de ramener mon regard sombre dans le sien tout en prenant soin de garder un visage neutre et exempt de toutes émotions — ce n'est qu'une demi-réussite, à vrai dire.

« Qu'est-ce qui m'empêche de lui écrire, moi ? »

J'ai l'air idiote et je me sais idiote mais j'essaie tant bien que mal de ne pas trop y penser. Dans mes poches, mes ongles s'enfoncent dans la chair tendre de mes paumes pour m'encourager à garder le contrôle tant de mon visage que de l'angoisse dans laquelle me plonge toujours les situations qui me mettent aussi mal à l'aise.

Quel plaisir de te retrouver !

26 janv. 2022, 22:51
L'impertinente, le retour
Alors on en était encore là ? Lui et elle, à se parler, s'envoyer des phrase - s'échanger n'était pas le terme approprié, Bristyle n'échangeait rien, elle voulait prendre et ne rien donner - et pourtant à se trouver dans l'impasse totale. Lui venait de traverser en quelques secondes un an de quasi deuil, de douleurs, de manques, de séparations, un an de harcèlement par Harrison, un an de délitement de sa relation avec Irisia, un an vide dans le cœur, il avait eu l'impression de tout revivre d'un coup sous l'impulsion d'un espoir fou, et Bristyle agissait comme si elle s'impatientait d'avoir ses réponses. Il était son boursoufflet à qui elle exigeait de faire des tours, en se fichant pas mal de ce qu'il ressentait.

Il lui avait confié quelque chose qu'il n'avait confié à personne, il avait dit la vérité simple et crue et elle semblait répondre "et alors, c'est tout ?"

«Par Merlin Aelle... Tu te poses cette question au bout d'un an ? Tu savais qu'elle était à Beauxbâtons, tu pouvais bien essayer de lui écrire si ça te chantait, t'as jamais eu besoin de moi pour ça. Maintenant... Maintenant que tu sais, tu devrais comprendre je crois. Est ce que tu penses que le Conseil des Sorciers surveille pas ce qui lui est envoyé, au cas où ça peut l'aider à mettre la main sur son père ? Est-ce que tu as envie de participer à ça ? Ou de les renseigner sur toi, sur Poudlard ? Ta lettre sera pas privée, et je suis même pas sur qu'elle lui parvienne tout court. Je serai les Sangblanc, je ferai en sorte qu'elle reçoive aucune nouvelle d'ici qui soit pas strictement contrôlée.»

Ça aussi c'était dur de le prononcer, mais il avait cru à bien pire, il s'était persuadé au cours de l'année passée que sa famille ferai son possible pour qu'elle se coupe le maximum de Poudlard afin de la protéger. Les échanges AMICO contredisaient ça. Au bout d'un an les tensions étaient un peu retombées.

«Tu peux lui écrire, fini-t-il par reprendre, c'est toi qui voit, tu sais sûrement maîtriser ce que tu écris autant que ce que tu dis, je te dis juste pourquoi moi j'ai pas pu.» Il écartait les mains de façons à dire "les choses dépendent plus de moi, tu sais tout".

6ème année

29 janv. 2022, 12:32
L'impertinente, le retour
Mes dents s'enfoncent dans mes lèvres, preuve criante de mon trouble, et je détourne le regard pour ne plus avoir à supporter le grisâtre éclat amer de celui de Nerrah. Il soulève des points intéressants, pose des questions auxquelles je n'ai pas voulu répondre ces derniers mois, parce que j'ai préféré faire comme si Alice Sangblanc n'existait plus plutôt que de croire qu'une inconnue me manquait — ou du moins nos conversations. Les paroles du garçon lacèrent ma fierté et me voilà plongée au coeur d'une bataille qui me fatigue d'avance : que faire, lui rétorquer qu'il a tort sur toute la ligne, m'inventer des excuses, des mensonges pour tenter de récupérer un brin d'ego, ou alors ravaler tout ça, m'en aller, faire comme si rien n'existait ?

Il a raison et j'ai du mal à l'accepter. Que cela signifie-t-il ? Est-ce vrai ? Avais-je réellement besoin de l'assentiment de Nerrah pour enfin trouver le courage de rédiger une lettre ? Mon coeur se serre dans ma poitrine, mes lèvres se réduisent en une ligne sévère et blafarde ; cela ne me rappelle que trop bien une certaine scène se déroulant dans les froides montagnes d'Écosse en compagnie d'une sorcière sombre et caractérielle. N'ai-je pas eu la vague impression là-bas, d'avoir eu besoin de son approbation pour avancer ? Si et j'en avais conclu que cela faisait de moi une sorcière médiocre. Mon coeur s'emballe furieusement. Autre souvenir, autre moment : une nuit, je ne sais laquelle, remplie du bruit de mon souffle court et de mes sanglots silencieux, totalement écrasée par une panique étourdissante provenant d'une pensée irrationnelle voulant me faire croire que je ne suis peut-être pas aussi exceptionnellement intelligente et futée que je le pense.

*Arrête*.

Urgence, je dois me reprendre. Je me redresse, fronce les sourcils, ramène mon regard sur Nerrah. Je reprends le contrôle, mon visage retrouve sa neutralité. Je ne ressens rien, je contrôle tout ce qui m'arrive ; tout va bien. Il me faut penser clairement : Sangblanc. Sangblanc dont les moindres faits et gestes sont surveillés par un Conseil auquel je ne comprends pas grand chose. Cela aussi, ça fait mal à l'ego : Nerrah est tellement plus avisé que moi quant à ses questions de politique qui ne m'intéressent en rien.

Je reste silencieuse un certain temps, le regard braqué dans celui du garçon, incapable de savoir quoi dire maintenant que je sais être tout à fait ridicule et surtout maintenant que je n'ai plus le moindre espoir concernant Sangblanc..

« Merci, » soufflé-je enfin d'une voix désintéressée.

Je sais ce que je vais faire. Ou plutôt, je sais ce que je ne vais pas faire. Hors de question d'attirer l'attention d'un organisme aussi louche que celui d'un gouvernement sur mes petites affaires. L'Élixir de Longue-Vie, Zikomo, Nyakane, Erza, l'Amulette des cinq chamanes, ma relation avec Loewy... J'ai bien trop de choses précieuses sur lesquelles je ne veux pas attirer l'attention.

« J'ai la réponse que j'étais venue chercher, continué-je sur le même ton. Profite bien de ta correspondance. »

Et si je voulais bien me l'avouer, chose que je ne ferai pas, je reconnaîtrais avoir prononcé cette dernière phrase sur un ton particulièrement amer. Mais de toute façon, toute cette affaire ne compte pas, n'est-ce pas ? Je dois me concentrer sur ma propre correspondance, sur la possibilité de revoir Erza plus tôt que je le pensais, sur les futures connaissances que je vais amasser sur Uagadou et la magie élémentaire. Voilà ce qui compte désormais.

J'adresse un dernier regard scrutateur à Nerrah. Je ne sais pas ce que je pense de lui, j'ai tellement de mal à le cerner. Sa froideur me met mal à l'aise, autant que me plaisent son sérieux et sa concision. Je me demande ce qu'il cache tout au fond de son crâne. Je sais que c'est un élève travailleur et je le devine aisément curieux. Mais après ? quoi d'autre ? *J'm'en fous*. Ma foi, c'est assez vrai.

Un hochement de tête et je me détourne de lui, prête à m'en aller.

Si Aliosus dit ou fait quoi que ce soit, il est possible qu'Aelle s'arrête (sauf s'il lui souhaite seulement le au-revoir). Diantre, la suite (si suite il y a), risque d'être compliquée ! J'ai hâte de découvrir si Alio acceptera Aelle au sein de son petit cercle élitiste — ça n'arrangera pas l'ego d'Aelle, par contre.
J'aime tellement écrire avec toi !

29 janv. 2022, 15:06
L'impertinente, le retour
Voilà, tout avais été dit et comme il s'en était douté, Bristyle ayant eu ce qu'elle voulait allait se désintéresser de lui jusqu'à la prochaine question, jusqu'au prochain interrogatoire sur sa cousine. Il n'en était pas moins surpris cependant de cette politesse, fut-elle de façade, de la part de la Poufsouffle. Un merci, un mot presque gentil, ça n'était pas ce qu'il attendait. Il avait plutôt imagine un "Je vois" ou "Évidemment que je vais faire ce que je veux", et finalement, ça.

Il fit quelques part en secouant la tête. Bien étrange décidemment cette fille. Cette discussion lui avait tout à la fois coupé son élan d'enthousiasme de l'annonce des appariements et soulagé en quelques sorte. Aelle l'avait obligé, bien malgré elle, à avancer, à formuler certaines choses qui n'étaient pas évidentes. Et puis, maintenant que la possibilité de communiquer avec Alice était à nouveau ouverte, ça semblait plus facile de parler du silence imposé depuis un an, comme si Aliosus déguisait ça en un mauvais souvenir alors que c'était une réalité concrète il y avait encore quelques minutes seulement.

Quand bien même, quelque chose le turlupinait. C'était l'occasion d'éclaircir un point. Il fit demi tour et allongea son pas pour rattraper Aelle jusqu'à ce qu'elle soit à portée de voix.
«Bristyle
Allait-elle s'arrêter, faire preuve de la même politesse que lui quand elle l'avait interpelé quelques instant plus tôt ?
«J'aimerai bien que tu me dises quelque chose, je trouverai ça normal même, après tout ce que je t'ai expliqué. Alice... Elle et toi, comment vous vous connaissiez ?»

6ème année

29 janv. 2022, 17:48
L'impertinente, le retour
Un appel interrompt ma marche. Je me tourne vers Nerrah, un masque perplexe sur le visage : quoi, va-t-il encore me reprocher mes questions, me rabaisser en me prouvant combien il s’y connaît plus que moi en politique, va-t-il se vanter de sa correspondance avec une fille que je ne reverrai plus jamais ni à laquelle je reparlerai ? Non, ce n’est que la curiosité qui le ramène à moi. Je le laisse venir sans savoir si je dois m’agacer de cette question indiscrète (et le lui faire remarquer). Le Serpentard soulève cependant un point pertinent : puisqu'il a répondu à mes questions, ne suis-je pas censée faire de même ? Certes et bien cela m’agace. Surtout lorsque je dois parler d’une personne pour laquelle je ne suis rien alors que lui est si proche d’elle, il souffre tellement plus de son absence. Bordel.

« Ça va, Nerrah, rétorqué-je, je t’aurais répondu même si tu m’avais pas rappelé que tu avais répondu à tellement de mes questions. »

C’est faux, évidemment. Je ne l’aurais pas forcément fait.

Ma mauvaise humeur est peut-être déplacée mais elle est bien réelle et je ne fais rien pour la cacher. Ne manquerait plus que je pleure sur les épaules de Nerrah et qu’ensemble on se remémore les doux souvenirs que nous avons de… Non, cela n’arrivera pas, de toute façon je n’ai aucun bon souvenir avec Sangblanc.

« On ne se… On ne se connaissait pas, avoué-je en haussant les épaules et en détournant le regard, comme si tout cela me passait par dessus la tête. Enfin, on a eu… Des discussions intéressantes. Deux ou trois fois. Plusieurs fois. Elle est… Elle était assez, enfin… »

Continue donc de bafouiller, Aelle, pour avoir l’air encore moins crédible. Quelle abrutie, je fais, parfois ! Et encore ces souvenirs qui viennent me hanter et qui me rappellent combien je peux être médio—

« Je veux dire que c’était une personne intéressante et intéressée, réussis-je à prononcer sur un ton neutre en ramenant mon regard dans celui du garçon, prenant soin d’articuler chaque mot pour que ne se remarque pas mon trouble. Elle avait des opinions parfois très arrêtées mais était capable, contrairement aux abrutis qui nous entourent, de les exposer tout en écoutant celles des autres. Les miennes. »

Alice Sangblanc était un phénomène un peu particulier. Jamais je ne me serais intéressée à elle si nous n’avions pas eu cette discussion houleuse à propos des statuts de sang. Pour moi, elle n’était que la victime de Harrison. Elle n’existait même pas pour elle-même. Elle n’était que cela, la victime, la malheureuse, la balafrée, la pauvre fille qui n’avait pas été capable de se défendre. En plus d'être plutôt jolie fille, je le reconnais. Mais lorsque nous avons commencé à discuter moi et elle j’ai compris qu’elle était un peu plus que cela, qu’elle en avait dans la tête. De Sangblanc je ne connais ni ses capacités magiques ni son niveau scolaire. Je ne sais pas si son caractère penche vers le sérieux ou plutôt vers l’amusement (même si je tablerais pour le premier) mais je sais qu’elle est capable d’avoir des discussions passionnantes à propos de tout et de n’importe quoi. C’est pour cela que je suis revenue vers elle ; parfois pour lui parler de mes lectures, d’autre fois de mes cours ou d’un aspect de la magie. Non pas que j’ai besoin de son aide, évidemment, mais je savais que si j’allais la voir en lui disant : « Eh Sangblanc, qu’est-ce que tu penses de… » elle me répondrait en me donnant sa véritable opinion et en l’explicitant, en la détaillant et en l’approfondissant. Bref, Alice Sangblanc était une personne avec laquelle j’aimais discutais, voilà tout. Ni une amie, ni même une camarade. Une simple partenaire de discussions. Inutile, donc, de m’appesantir sur l'agacement, la frustration et la tristesse de ne plus avoir droit à ça.

« C’est tout, terminé-je en grimaçant un vague sourire destiné à faire comprendre à Nerrah qu’il n’y a rien d’autre, absolument rien d’autre. Je la connaissais pas. »