Vêtue de sa nouvelle cape d'hiver verte offerte par ses parents pour son denier anniversaire Ennis était assise sur le muret qui entourait la fontaine dont l'eau clapotait doucement. Il était midi trente et elle n'était pas présente au repas, comme chaque week-end car elle prenait un petit déjeuner très consistant pour éviter la coupure de midi qui, selon elle, était une perte de temps sur son emploi du temps déjà chargé. Elle tenait dans ses mains un parchemin à l'entête caracteristique de Vitmalangue, elle le lisait avec attention de manière à intégrer la leçon de grammaire dont il était question. Elle avait aussi sur les genoux le dictionnaire pédagogique qu'elle avait reçu pour ses seize ans. La préfète allait de l'un à l'autre selon ses besoins sans trop faire attention aux personnes qui l'entouraient ou aux événements qui se produisait autour d'elle. Elle était simplement concentrée et profitait de la quiétude de cette cour qui faisait se rejoindre l'intérieur et l'extérieur. Cela faisait déjà plus d'une heure qu'elle travaillait, assise ici, un petit bocal où crépitaient flammes de petites flammes bleues à sa droite et son sac à sa gauche. Et malgré la peite source de chaleur, le froid de décembre se rappela à elle. Elle replia son parchemin qu'elle glissa dans le livre qu'elle plaça dans son sac puis, attrapa le bocal. La chaleur se diffusait dans ses mains, c'était agréable.

RP libre ouvert aux élèves en 5A ou +, ou à un adulte.

2 décembre 2046 — 12h30
Tour de la tour de l'horloge — Poudlard
6^ème année


Les mains enfoncées dans les poches de ma cape et la tête rentrée dans les épaules, je traverse à grands pas le pont couvert reliant le Cromlech au château. Au loin, j'aperçois la queue touffue de Zikomo qui s'éloigne de moi à toute allure en me laissant seule dans le froid. Aucune trace de Nyakane non plus. Il s'est envolé après notre entraînement pour aller faire je ne sais quoi je ne sais où.

Je hâte le pas en grommelant à mi-voix. Zikomo a le diable au corps depuis ce matin. Sur le chemin pour revenir au château, il s'est amusé à se cacher dans les buissons et à me faire peur en imitant toutes sortes de bruits bizarres. Ça faisait longtemps qu'il ne m'avait pas fait le coup. Je lui ai gueulé d'arrêter, honteuse de glousser en même temps que je criais, et il s'est enfuit en courant comme un dératé. *Fichu Mngwi !*.

Avec mon bonnet en laine enfoncé sur le crâne et ma cape bicolore qui m'étrangle, c'est à peine si je peux bouger. Seule l'idée que tout cet attirail me protège du froid d'Écosse me réconforte — j'ai tout de même grand hâte de retrouver la Salle Commune pour ôter tout cela et retrouver mon amplitude de mouvements ; ainsi, je pourrais me venger de Zikomo.

En arrivant dans les coursives de la cour de la tour de l'horloge, je tape mes pieds sur le sol pour les en débarrasser de la neige. Je tourne la tête à droite et à gauche. Pas de Zikomo. Je jure entre mes dents. Je suis certaine qu'il se cache quelque part. Mon regard tombe bien malgré moi sur la silhouette d'une fille assise au bord de la fontaine. La seule âme des environs. Peut-être que... Je m'approche, pestant intérieurement contre Zikomo qui me force à parler à des inconnues.

« Euh... »

Ce n'est qu'en m'approchant que je la reconnais.

« Salut, O'Belt, dis-je sur ton distant. T'as vu passer Ziko... Une créature bleue... Comme un renard mais pas un renard ? »

Je ne savais pas si je devais envoyer un hibou avant mais... Voilà, je tente le coup !

Alors que son nom retentit dans l'air froid de décembre, Ennis releva la tête et son regard tomba sur une étudiante de Poufsouffle. Malgré leur année d'écart, elle reconnaît sans mal Aelle Bristyle. En même temps, difficile d'oublier celle qui avait été sélectionnée pour discuter un tournoi avec un membre de la délégation chinoise et insulté le garçon derrière. Cela avait fait grand bruit et elle avait été renvoyée de longs mois avant d'avoir le droit de reprendre sa scolarité. C'était cependant le seul éclat que l'irlandaise lui connaissait et cela remontait maintenant à quatre ans en arrière.

- "Salut Bristyle," la salua-t-elle sur un ton neutre alors que l'autre adolescente lui demandait si elle avait vu un renard mais pas vraiment renard bleu. Ennis eut un temps d'arrêt en se demandant ce que pouvait être cette créature:

- "Non je ne l'ai pas vu. J'étais en train de travailler du russe." Résuma la gryffondor pour éviter de longues explications. "Il est grand?" Demanda la préfète qui ne savait toujours pas de quelle créature magique on parlait et n'avait donc aucune espèce d'idée de ce à quoi ressemblait l'animal. Pourtant elle tourna la tête pour tenter d'apercevoir un éclat de la bonne couleur.

- "Excuse moi mais, c'est quel genre de créature?" Finit-elle par céder à sa curiosité en reposant ses yeux sur son aînée.

Mes épaules s'affaissent légèrement ; elle n'a pas vu Zikomo, je l'ai donc interpellé pour rien. Et désormais, il me faut bien lui répondre, c'est la moindre des choses. Je me demande si le Mngwi aura le courage de se jouer de moi maintenant que je suis en compagnie d'une autre élève — osera-t-il l'effrayer elle aussi ? Avec lui, on ne sait jamais. Suspicieuse, je jette un regard aux environs avant de me concentrer sur la Gryffondor.

Mon regard dévie en direction de son sac dans lequel je devine la présence d'un manuel, ou de notes, pour apprendre le russe — à moins qu'elle n'apprenne une langue étrangère en regardant dans le fond de son bocal, ce dont je doute fort. Du russe, dit-elle ? Je me rappelle avec un temps de retard qu'O'Belt est en cinquième année et qu'elle doit certainement, elle aussi, participer aux échanges AMICO. Une pointe d'envie s'éveille dans mon coeur : correspond-elle avec un élève de Durmstrang ? Merlin, j'aurais aimé avoir l'occasion de me rendre dans cette école !

« Grand comme ça, réponds-je en sortant mes mains de mes poches pour les espacer d'une dizaine de centimètres l'une de l'autre. Pas très grand. Il ressemble vraiment à un renard. »

Je me mords les lèvres en me demandant si je ne peux pas éviter sa dernière question. De toute façon, elle ne saura pas ce que c'est, me dis-je, lui répondre ne l'avancera à rien. C'est peut-être pour cela que je décide de le faire :

« C'est un Mngwi. » Je hausse les épaules. « Tu connais pas. »

Je m'éloigne de quelques pas pour jeter un œil dans la fontaine. Dans le creux de mon esprit, je me fais de folles promesses : *si tu t'fous d'ma gueule, Zik, je te jure que tu le regretteras !*. Je pousse un soupir à m'en fendre l'âme.

Ennis reposa doucement son bocal avec sa petite flamme à côté de son sac et se leva. Tout juste ses pieds au sol, elle observa l'écartement entre les mains de sa camarade et remonta légèrement le coin droit de ses lèvres dans une moue qui traduisait un sentiment ambivalent. Ça n'allait pas être facile de remettre la main sur la bestiole. La Poufsouffle sembla ensuite hésiter à dire quelque chose de plus, peut-être en rapport avec sa dernière question. Mais elle finit par donner son nom: Mngwi?

- "Effectivement jamais entendu parlé." Confirma Ennis à une Aelle qui se penchait maintenant par dessus le petit muret de la fontaine pour vérifier dans le bassin. "Le nom sonne africain." Ajouta Ennis qui tentait de deviner ce que pouvait être la créature. Elle allait aussi demander si elle vivait dans l'eau mais, si ça ressemblait a une tout petit renard, l'idée lui paraissait absurde.

- "Il disparaît souvent comme ça?" Questionna l'adolescente irlandaise en constatant le soupir d'ailleurs avant de prendre la direction d'une arche pour aller regarder derrière un piloer, puis dans le couloir du cloître si le petit animal ne s'y cachait pas. Oh, elle n'avait pas grand espoir. Pourquoi un... un... c'était quoi le nom déjà? M... Mngiwi? se montrerait à elle alors que jusqu'à présent, elle ne l'avait jamais aperçu.

Dire que je suis surprise est un euphémisme. J'en oublie tout à fait mes recherches pour accorder à O'Belt un regard dans lequel se mêle l'étonnement et l'amusement. Un sourcil se dresse sur mon front : *mince alors, elle est pas complètement idiote, celle-là !*, veut-il dire. J'hésite à rectifier la vérité. Après tout, ce qu'est Zikomo ne la concerne pas. Mais moi, je n'aime pas tellement les demi-vérités, je préfère quand les choses sont claires et précises.

Je m'éloigne de la fontaine pour suivre la Gryffondor, perturbée par l'aide qu'elle m'apporte alors que je ne lui ai rien demandé. Comme elle, je vérifie dans les couloirs dans le vain espoir d'apercevoir mon petit compagnon bleu.

« Ils viennent de Chine, dis-je en ajustant mon écharpe. Les Mngwi. Pas d'Afrique. » Un étrange sourire m'étire les lèvres. Je ris doucement en secouant la tête, amusée malgré moi. « Mais Zikomo a passé bien plus de temps en Afrique qu'en Chine, si tu veux mon avis. »

De retour dans la cour, je lève la tête vers le ciel. Loin de moi l'idée d'observer la triste grisaille hivernale. Je cherche seulement à vérifier si Zikomo n'a pas grimpé le long des colonnes. Je l'imagine bien se cacher là-haut et émettre quelques étranges sons pour me surprendre. Je ne comprends même pas comment une créature aussi vieille que lui, aussi intelligente et aussi perspicace peut se révéler aussi agaçante.

« Il fait sa vie, alors oui il disparaît souvent, articulé-je difficilement, la nuque pliée en arrière pour mieux y voir. Mais là c'est pas normal, il... »

Je m'arrête soudainement et jette un regard à O'Belt. Il quoi, exactement ? Il s'amuse parce qu'il a envie de m'effrayer. Il se cache parce qu'il joue et qu'il prend plaisir à m'emmerder. Elle n'en a rien à faire de Zikomo et elle n'en a rien à faire de moi non plus. Et surtout : je sais me débrouiller seule, je n'ai aucune raison de lui raconter ma vie.

« Enfin, peu importe, soufflé-je d'une voix sourde. Je vais le chercher. Merci. »

En voyant le regard que la plus âgée posait sur elle, la gryffondor se demandait bien ce qu'elle avait pu dire de drôle. Car la Poufsouffle était amusée par quelque chose. Ennis fronça les sourcils depuis sa position, sous une arche, en regardant l'autre adolescente qui cherchait dans une autre portion de corridor. Mais l'explication vint bien vite. Elle s'était juste trompée de quelques milliers de kilomètres. Quoique. Qu'est ce qu'une créature chinoise avait bien pu vivre aussi longtemps avec un propriétaire africain? Et comment etait-il arrivé jusqu'à la britannique? Mais ça devait faire un peu trop de questions intrusives. La préfète ravala ses interrogations qui ne lui apportait rien. Elle se dirigea plutôt vers le centre de la cour alors que sa camarade inspectait maintenant les colonnes tout en lui donnant des explications un peu vague sur les habitudes de son compagnon bleu. Ennis attrapa son sac et son bocal dépositaire de la petite source de chaleur en disant:

- "Bon courage, il a l'air malin pour se planquer." Dit elle en s'éloignant en direction du corridor pour rejoindre le château avant de se dire que ce Mnwgi ne faisait absolument pas parti des animaux autorisés à l'école. Elle hésita à en parler à la jaune et noire, la regarda chercher, ouvrit la bouche pour parler et se ravisa. Après tout elle n'avait pas vu la bestiole.

- "Si je le vois, je te tiens au courant." Même si ça lui paraissait peu probable qu'il se montre à elle, à moins qu'il ne surgisse d'un coup devant elle pour rejoindre Aelle, là maintenant.

Des encouragements proférés rapidement, une promesse de me tenir au courant si elle trouve mon compagnon et la Gryffondor s'éloigne, attirant sans le savoir mon regard sur elle. Je ne l'imagine guère venir me trouver plus tard dans la journée juste pour me dire qu'elle a aperçu une tâche bleue mouvante au détour d'un couloir. Ce qui serait inutile, qui plus est, puisque Zikomo fait des allers-retours dans le château comme bon lui semble.

Quelque peu rassurée à l'idée qu'O'Belt s'en aille, je la surveille du coin de l'oeil, attendant qu'elle disparaisse pour reprendre mes recherches. L'hésitation s'infiltre cependant sous mon crâne ; n'est-ce pas après tout l'occasion de me rapprocher d'elle afin qu'elle me partage, à l'avenir, tout ce que lui apprendra son correspondant de Durmstrang ? J'ai déjà un pied à terre, si je puis dire, à Albaldah grâce à Elowen. Je m'imagine sans trop de mal pouvoir approcher Peers pour Mahoutokoro et Eaven pour Casadelespíritu puisqu'il est un proche ami d'Elowen, ce qui est déjà pas mal pour comparer mes connaissances théoriques de ces écoles à des expériences plus empiriques, qu'elles soient miennes ou non.

J'hésite trop longtemps. O'Belt est bien parti pour disparaitre. Légèrement déçue, je me détourne.

Il ne s'est passé que quelques secondes depuis les encouragements de la préféte lorsque retentit dans sa direction un bruit sourd qui ressemble à s'y méprendre à un claquement de porte.

Clac ! et un deuxième. C'est plus fort que moi : je sursaute. Clac ! Plus proche de moi cette fois-ci.

Je coule un regard nerveux vers la Gryffondor, les lèvres pincées pour retenir mes gloussements intempestifs. Je sais que c'est Zikomo qui s'amuse mais... Je sors ma baguette magique ; si je vois un bout de museau, je stupefixe cet abruti qui me fait perdre mon temps. Je tourne sur moi-même, sur mes gardes.

« Eh, O'Belt ? appelé-je, plus pour faire flipper Zikomo que par réel besoin. T'as de bons réflexes ? »

Ennis qui s'était déjà bien engagée dans le couloir empli de courant d'airs froids, s'arrêta d'un coup puis se retourna vivement à l'appel de son nom. Elle chercha du regard la Poufsouffle et la vit, toujours plus ou moins au même endroit, baguette en main. Si elle avait des réflexes? Elle la prenait pour qui? Entre le Quidditch, poursuiveur et gardien étaient deux postes où il valait mieux avoir une bonne coordination entre les yeux et les mains, et ses entraînements avec son petit-ami Jeffrey... Elle espérait ne pas être mauvaise en ce qui concernait toute sorte de réflexes. Alors elle fit demi-tour et revient vers la plus grande:

- "De bons réflexes? Tu me fais marcher Brystle?" Rétorqua-t-elle un brin moqueuse car les noms des joueurs de Quidditch étaient généralement connus de tout le monde dans le château. A part les petits nouveaux, élèves comme professeurs, toute l'école était presque capable de citer les sportifs de toutes les équipes, voir des anciens.

- "Tu veux quoi? Que je lui saute dessus ou que je lui lance un sort?" Demanda-t-elle en sortant sa baguette de sa poche et en déposant sac et bocal au pied d'une des arcades. Quelque soit la réponse de la jaune et noir, la châtain serait prête à agir. Quelque part, en bonne Gryffondor, elle adorait les défis de ce genre.

Complètement déconcentrée, je jette un regard ahuri à la Gryffondor lorsqu'elle revient vers moi, dépose ses affaires et dégaine sa baguette. Je ne comprends pas. Elle revient sans aucune explication, sans savoir ce qu'est exactement la bestiole derrière laquelle je cours ? Pourquoi m'aide-t-elle ? Attend-elle quelque chose de moi, veut-elle que je lui sois redevable ?

Je n'ai pas le temps de trouver une réponse à ces questions. Poc ! Le bruit provient de derrière O'Belt. Je me dresse sur la pointe des pieds dans l'espoir d'apercevoir Zikomo, en vain.

« T'es p't-être sportive, O'Belt, mais le jour où tu sauteras sur Zikomo pour l'arrêter n'est pas arrivé, » rétorqué-je en tournant la tête dans tous les sens.

Ce qu'il se passe est ahurissant. Gelée jusqu'au bout des doigts, je fais néanmoins le pied de grue dans cette cour glaciale en compagnie d'une totale inconnue et pourquoi ? Parce que je me laisse prendre au jeu de Zikomo. Et que cela m'amuse. Je sens un rire monter le long de mon corps, je le retiens tant bien que mal. Je devrais sans doute dire à O'Belt que nous ne risquons rien et...

Clac ! Mon regard se rive sur la droite.

... avouer que je sais exactement ce qu'il se passe. Préciser que nous pourrions tout à fait rentrer chacune dans notre dortoir, que ce que nous faisons est inutile puisque...

Cling ! Sur la gauche.

... Zikomo abandonnera la partie au moment même où je cesserai de m'amuser.

« Un Stupefix, soufflé-je à O'Belt sans ne plus retenir mon sourire, Immobilus, Incarcerem, Impemendia... Bref, tout c'que tu sais lancer qui pourra le ralent... Là ! »

Derrière la fontaine ! Un éclair bleu jaillit, saute sur le muret et grimpe à tout allure sur la statue de phénix. Concentration, précision... Un sortilège s'échappe de ma baguette et frappe l'endroit exact où se trouvait Zikomo avant que celui-ci n'évite mon attaque d'un bon agile. Je jure entre mes dents ; *foutu Mngwi !*.

Zikomo, fièrement perché sur son phénix, nous lance un regard goguenard. Les oreilles dressées vers le ciel et les crocs dévoilés, impossible d'ignorer que l'abruti se fout de nous.

Zikomo est en roue libre, je ne contrôle rien du tout mais je m'éclate de l'écrire comme ça ; merci !