– Mais t’as pas été au bal d’Halloween aussii, c’est pour ça que t’es pas au couraaant !

Je sautillai et accélérai le pas pour marcher à la hauteur de Lena. Ce n’était pas de ma faute si elle avait d’aussi longues jambes et un rythme aussi rapide ! Raconter tous les détails de mon histoire était épuisant en plus, et l’air commençait à me manquer.

– On peut s’arrêter un instant ? Ou marcher un peu moins vite ? implorai-je entre deux inspiration, essoufflée. On peut aller s’installer dans la cour ! J’ai la flemme d’aller jusqu’aux dortoirs. Tu viens ? m’exclamai-je en l’entraînant avec un regain d’énergie.

Bon, d’accord, il ne faisait peut-être pas très chaud. Ni un super beau temps. C’était la météo écossaise, après tout… Mais les x couches de pulls que je portais coupaient suffisamment le vent mordant pour pouvoir rester encore une quinzaine de minutes dehors. Et qui savait ? Il allait peut-être commencer soudainement à neiger, ce serait si triste de rater ça ! J’avais tellement hâte de voir le château saupoudré de blanc, une éternité s’était écoulée depuis la dernière fois.

– On s’assied là ? Tiens, je m’demande si l’eau de la fontaine elle a gelé. Il fait p’t-être pas assez froid… T’imagines si on pouvait patiner sur le lac, en hiver ? Trop bieeeen ! Hum hum, bon, me repris-je, en affichant une mine plus sérieuse, bref, je disais quoi déjà ?

Je m’accommodai, le dos contre la paroi en pierre et les jambes serrées contre mon torse. J’avais trop parlé et tant d’idées tournaient dans ma tête, qu’est-ce que je racontais déjà… ? J’avais trop d’anecdotes pour mon amie.

– Ah oui ! Genre au bal, ils ont passé leur temps à danser ensemble. ‘Fin, j’étais avec Lydia et Lili (la préfète), donc j’ai pas tout vu… mais quand j’ai regardé, plusieurs fois, ils dansaient ! Bon, après j’suis allée les voir pour la grenouille, maiiis c’est une petite parenthèse, j’t’ai déjà raconté ! Bref, ça fait plus ou moins un mois, donc j’sais plus trop. Mais après j’ai entendu des gens en parler et tout… en salle co’ je crois, ou je sais plus, mais bref, c’est pas grave. Mais t’imagines ? Ce serait trop drôle si deux profs étaient ensemble ! mon regard se perdit vers le parc, songeant à la romance improbable entre la sous-directrice et le professeur de soin des créatures magiques. Ce s’rait trop trop drôle.

@Lena Smith and @Ivy Mercer voiciii !
@Samuel Falkner comme promis @Elina Monmort et j'ai finiii avec les mentioons

Silencieusement, elle écoutait Eryne lui raconter ce qu'elle avait vu lors du bal d'Halloween, auquel elle n'avait pas participé. Pas qu'elle ne l'avait pas voulu, au contraire. C'était plus par crainte.
La crainte de voir ce qu'il s'était passé il y a deux ans se reproduire.
La crainte de voir Alison ou Eryne *Ou quelqu'un d'autre de la Maison* rentrer dans les dortoirs couvert.e de *sang*, en larmes et traumatisé.e, comme Lumah auparavant.
J'suis lâche un peu, non ?*

– On peut s’arrêter un instant ? Ou marcher un peu moins vite ? On peut aller s’installer dans la cour ! J’ai la flemme d’aller jusqu’aux dortoirs. Tu viens ?

La voix suppliante d'Eryne l'empêcha de s'attarder plus longtemps sur ses pensées morbides. *Tant mieux* Elle en avait de moins en moins depuis qu'elle essayait de les refouler au fond de son esprit, le plus loin possible et scellées par un gros cadenas mental. Mais parfois, quand elles commençaient à venir, ça ne s'arrêtait plus et elle avait bien du mal à les stopper. *T'façon quand y'a Eryne, tout va bien et rien peut m'arriver*
Elle adressa un sourire reconnaissant à la Jaune, qui n'était sans doute pas adapté à la situation.

Arrivées dans la cour, elle se dirigea vers un banc, posa sa main dessus pour vérifier qu'il n'était pas mouillé, grimaça avant de poser ses fesses dessus...
Et de se relever aussi vite.

– Aaah c'est trop froid !

Elle jeta un regard noir au banc qui n'avait rien demandé, recula de quelques pas et planta ses pieds dans le sol, bien décidée à ne plus bouger.

– Plus jamais je m'assoie ici. J'préfère rester debout qu'avoir les fesses gelées !

Elle dévisagea Eryne, se demandant comment celle-ci faisait pour s'asseoir sur le banc ET s'adosser au mur. *Elle va s'transformer en glaçon !*
Elle se racla la gorge, avant de reporter son attention sur son amie. Intérieurement, elle trépignait d'impatience, ayant hâte de savoir ce qui avait bien pu se passer entre le professeur de SaCM et Miss Montmort.

Pour ne pas en rater une miette, elle s'approcha du mur à côté du banc et s'adossa contre les pierres *Brrrh c'est froid*. Dès que la Poufsouffle eu terminé de parler, elle dit :

– J'veux voir ça pour de vrai ! Genre qu'ils sortent vraiment ensemble et tout... Ce s'rait trop drôle. Et trop bien ! Deux adultes à Poudlard qui s'aiment... En vrai ça f'rait comme pour des élèves mais version Grands !

Le retard

Il faisait très froid depuis quelques jours au château ; je m’étais finalement résignée à sortir, profiter de l’air frais. Tandis que je marchais dans le Parc qui revêtait une couverture blanche, j’écoutais attentivement le son que produisaient mes pieds en écrasant la fine couche de neige qui recouvrait le sol. Mon souffle régulier produisait de petits nuages de buée, tant la température était basse. Je remontai mon écharpe jusqu’à ce qu’elle couvre le bout de mon nez qui commençait à geler.

Je m’assis contre un mur et ne bougeai plus : le froid me mordait tout entière, mais je ne fis aucun effort pour me réchauffer. Je respirais tranquillement, profitant du calme qui régnait dans l’école d’habitude si bruyante.

Des voix alertèrent mon cerveau : elles n’étaient pas trop proches, mais semblaient venir vers moi. Je ne bougeai pas, priant pour ne pas être vue. Les voix semblaient parler d’un sujet passionnant, et l’une d’entre elles me rappela quelqu’un. Je n’arrivais pas à mettre le doigt sur un nom, ou encore un visage : peut-être avais-je déjà entendu cette voix dans mon Dortoir ? Ou alors à la Bibliothèque ? Je ne savais pourquoi, une parole, une seule fila au-travers de mon crâne :


Soudain, tout me revint en mémoire : j’avais un nom, un visage, une histoire derrière sa voix. *Eryne O’Kieran* Un goût amer s’installa dans ma bouche : celui de la colère, du mauvais souvenir. Pourquoi fallait-il qu’elle vienne encore me déranger ? Et surtout, m’avait-elle vue ? J’essayai de me tapir un peu plus dans l’ombre, de me camoufler au mieux, même si j’étais sûre qu’une masse sombre contre un mur ne pouvait pas passer inaperçue. Peut-être que la Jaune et l’autre voix penseraient à un gros sac ? Je fermai très fort les yeux, priant pour qu’une magie – quelle qu’elle soit – me fasse disparaître, me téléporte dans mon lit, bien au chaud et à l’abri des indésirables.