Mardi 4 Septembre 2046 - 23h57 - Dans les couloirs proches de la tour d'Astronomie
@Ennis O'Belt

La rentrée pour une nouvelle année à Poudlard venait d'avoir lieu pour l'ensemble des élèves et Jeffrey Hunter entamait lui sa cinquième année au château, déjà. En autant d'années l'anglais avait pu tisser de nombreux liens et il était heureux de retrouver l'environnement et les personnes qu'il affectionnait. Les vacances avaient été géniales mais finalement il n'avait pas été mécontent de retourner en cours et de retrouver tout ses amis. Bien entendu le cinquième année était content de revenir à Poudlard pour d'autres retrouvailles : celles avec sa petite amie Ennis. La belle irlandaise avait beaucoup plus manqué au Poufsouffle qu'il n'aurait pu le penser. Et il avait hâte qu'ils se racontent leurs étés respectifs. La rentrée s'était effectuée le samedi cette année mais Ennis avait été accaparée par ses obligations de Préfète. Ils s'étaient un peu vus le dimanche mais la Gryffondor avait également été beaucoup sollicitée ce jour-là. Jeffrey avait tout juste le temps de lui parler du plan qu'il avait en tête.

Le Poufsouffle avait dit à la Préfète de trouver un moyen de rester en haut de la tour d'Astronomie après son cours qui devait se terminer à minuit. Ou au pire de trouver un moyen d'y retourner et qu'il la retrouverait là-haut. Respectueuse des règles encore plus que l'anglais, la Gryffondor avait eut l'air réticente mais sa curiosité avait semblé l'emporter sur le reste puisqu'elle avait acceptée.

Jeffrey avait donc pris le risque de braver le couvre-feu, trop enthousiaste à l'idée de ces retrouvailles pour se rétracter. Il était conscient des risques bien sûr mais jusqu'alors l'anglais n'avait jamais eu trop de problèmes avec les professeurs, hormis avec Miss Holloway lors de ses premières années. Il jouissait d'une bonne réputation qui pourrait le sauver en cas de rencontre impromptue avec l'un des enseignants et le garçon pensait de toute façon réussir à éviter de se faire prendre sur le trajet. Ses explorations fréquentes avec Chems, de jour, lui étaient bien utiles et il connaissait à connaître pas mal de recoins du château. Pourtant l'anglais n'était pas totalement serein, craignant de rencontrer Peeves ou Rusard en chemin. L'esprit frappeur était difficile à cerner et à manœuvrer tandis que le fantôme du concierge était tout bonnement terrifiant. S'il avait la réputation d'être affreux de son vivant, son existence sous forme éthérée l'avait rendu encore plus redoutable puisqu'il pouvait maintenant surgir de partout et à n'importe quel moment. Mais heureusement pour l'adolescent, le chemin se passa sans encombres et il se félicita d'avoir pris le risque de sortir de nuit. Le jeu en valait la chandelle à ses yeux.

L'anglais entendit soudain un brouhaha et de nombreux pas en provenance des escaliers de la tour d'Astronomie, signe que les élèves en avaient fini avec leur cours. Jeffrey se tassa dans le coin le plus sombre du couloir, dans un angle et derrière une armure. Il se recouvrit intégralement d'une cape noire et retint sa respiration en entendant la voix de Mr Lorenti, le nouveau professeur d'Astronomie. Il y avait peu de chance que quelqu'un regarde dans sa direction mais s'il était découvert maintenant il serait dans le pétrin jusqu'au cou...

Les secondes parurent durer des heures mais au bout d'un moment un silence total revint dans le couloir. Jeffrey ôta donc sa cape et entama son ascension de la tour à pas de loups. Il espérait vraiment qu'Ennis serait au rendez-vous et qu'il n'aura pas bravé tous ces risques pour rien.

Le deuxième jour de cours d'Ennis venait de se solder par deux heures de pratique en haut de la Tour d'Astronomie. Le cours était dispensé par Oliver Briggs quelle avait comme professeur depuis sa première année et qui avait été son directeur de maison jusqu'en juin dernier. Il avait laissé sa place à son collègue de Défense contre les Forces du Mal, Mark Dole. Ce premier cours n'était pas des plus d'implant pour l'irlandaise, préambule sur les BUSE et l'importance de ne pas négliger le travail dès maintenant. Rien qui ne lui semblait spécialement novateur. Ils avaient ensuite fait quelques révisions. Comme toujours, et ce, même en ayant les réponses, Ennis avait attendu d'être interrogée pour intervenir. C'était arrivée deux fois et les deux fois elle avait vu dans le regard de l'adulte qu'il trouvait dommage qu'elle ne lève pas la main d'elle même.

A la fin de ces deux heures intenses, l'ensemble des élèves rangeait leurs affaires et Ennis, contrairement à d'habitude, prit son temps. Malgré la fatigue, elle souhaitait rester là le plus longtemps possible. Mais le professeur étaient attentif et observait les adolescents qui sortaient par grappes. La gryffondor devait trouver un moyen de se cacher quelque part pour que l'homme redescende sans remarquer qu'elle stationnait sur le pavé de la terrasse d'observation de l'école. Profitant d'un moment où il regardait ailleurs, la jeune fille se glissa derrière les caisses où elle venait de ranger le télescope qu'elle avait utilisé. Le cœur battant, elle attendit pendant des minutes qui lui parurent interminables, jusqu'à ce qu'elle entendent les pas de l'homme emprunter les marches de pierres qui le mèneraient dans le château. A cet instant seulement, elle put de nouveau respirer. Maintenant, il fallait que son petit-ami réussisse à la rejoindre. L'idée qu'accepter ce rendez-vous nocturne était pure folie, qu'il aurait mieux fallu dire non au jeune homme l'effleura. Elle connaissait le règlement et les sanctions qui pouvaient s'appliquer. Et, même si ni l'un ni l'autre n'avait déjà eu de punitions majeures, là clairement, ils jouaient avec une dragonne qui couvait.

Toujours camouflée derrière les caisses en bois, Ennis tentait de calmer les battements saccadés de son cœur - fichue adrénaline - et sa respiration rapide tout en observant la porte. Jeffrey avait-il abandonné l'idée de venir? Avait-il fait une mauvaise rencontre et s'était fait reconduire manu militarisation jusqu'aux tonneaux gardant l'entrée de sa salle commune? C'est que le chemin était long depuis le couloirs des cuisines! La châtain sentit ses bras trembler sous la décharge de l'hormone sécrétée par ses surrénales. Ses dents menaçaient de claquer pour la même raison. Même si en septembre les températures étaient fraîches, elle avait pris un de ses capes d'hiver de l'école et elle n'avait pas froid. Les yeux rivés sur la porte, elle priait pour que celle-ci s'ouvre sur Jeffrey.

Les pulsations cardiaques du jeune anglais peinaient à ralentir. Certes l'ascension de la tour d'Astronomie, la tour dominante de Poudlard, n'aidait pas en cela. Retrouver sa petite amie pour un moment en tête à tête après plus de deux mois sans se voir également. Mais tandis que Jeffrey gravissait les marches en tachant de faire le moins de bruit possible, c'était bien le fait de braver le règlement de l'école qui faisait tambouriner son cœur fortement dans sa poitrine.

L'ainé des Hunter avait toujours été très respectueux du règlement à Poudlard et cela malgré la fréquentation régulière de son meilleur ami Chems, bien plus nonchalant que lui envers les restrictions qu'on pouvait imposer aux élèves. Toutefois il devait bien avouer qu'il l'avait aidé à aimer davantage les risques. La relation clandestine avec Ennis, suivi plus tard par leurs entraînements eux aussi secrets, avait continué de développer ce goût de l'aventure chez le Poufsouffle. Enfin Jeffrey avait pris confiance également par le biais de ces succès à Poudlard dans les différentes coupes, que ce soient celles de Quidditch ou bien des Quatre Maisons. Plus il grandissait, plus le garçon comprenait pourquoi Olydia et son grand-père Marcus avaient été envoyés chez Gryffondor. Il s'était même dit récemment qu'il en partageait certaines valeurs bien qu'il se sente comme un niffleur à Gringotts au sein de la Maison Poufsouffle.

Les pas du grand brun l'avaient enfin conduit au sommet de la Tour et Jeffrey prit quelques secondes pour se calmer et reprendre son souffle. Il ne put s'empêcher de tendre l'oreillle contre la porte afin de voir s'il entendait des conversations. Une oreille-à-rallonge aurait été un moyen plus efficace de s'en assurer mais de toute façon il était temps de se lancer. L'anglais poussa la porte et fut immédiatement rassuré. Devant lui se trouvait Ennis, sa petite amie de Gryffondor. Elle avait elle aussi pris le risque de braver le règlement pour ce moment à deux. Et Jeffrey savait que cela valait dire beaucoup venant de la Préfète, très respectueuse des règles.

Il ne savait pas si cela provenait de l'éloignement pendant l'été mais il trouvait la belle irlandaise un peu changée et encore plus ravissante qu'avant. Elle semblait avoir un peu grandie et sa silhouette paraissait différente malgré sa robe de sorcière. Le Poufsouffle lui adressa un franc sourire, laissant voir ses dents, ce qui était rare chez l'ancien joueur des Hel's et témoignait de sa joie de la retrouver.

« Salut... » dit l'anglais en s'avançant vers la Préfète en la dévorant des yeux.

Jeffrey se montra plus entreprenant que d'ordinaire avec l'irlandaise en l'embrassant avec assurance et en se tenant proche d'elle. Ce fut en sentant le contact des lèvres de sa petite amie que l'adolescent se rendit compte à quel point elle lui avait manqué. Le grand et dangereux périple de son dortoir à la tour d'Astronomie aidait sans doute aussi beaucoup à le désinhiber.

« Je suis trop content que tu sois là. » murmura-t-il, moins pudique qu'à l'ordinaire.

La jeune Gryffondor, toujours dissimulée derrière les caisses de rangement, ne tenait plus. Il fallait qu'elle évacue toute l'énergie qui s'accumulait au point de la faire trembler de tout son corps, de faire claquer l'email de ses dents et de frapper du bouts des doigts le bois qui accueillait la matériel d'astronomie. Elle se redressa donc et entreprit de faire les cent pas en essayant de ne pas figer son regard sur la porte. Son cœur battait à lui rompre les côtes, son souffle était rapide. Que l'attente était longue, l'incertitude omniprésente. Dans l'espoir de se distraire, Ennis regardait le ciel. Cassiopée, les ourse, le cygne, Orion et tous les autres la couvaient d élèves regards, seuls témoins de sa présence sur le toit plat servant d'observatoire. A nouveau elle coula un regard sur la porte, tenta de déglutir malgré sa bouche sèche. Où pouvait bien se trouver l'anglais? L'irlandaise passa son visage sur sa main et tenta de respirer lentement en regardant vers la voite céleste. L'immense chariot d'Andromède la surplombait. Elle expira lentement. Un déclic. Quelqu'un ouvrit la porte. Le visage d'Ennis s'abaissa et foxa le panneau de bois avec inquiétude. Était-ce Jeffrey ou le professeur Briggs? Les secondes lui parurent des heures, mais, quand la lumière de la nuit lui permit de distinguer les traits de l'individu masculin qui s'aventurait en haut de la tour, la choppe qui appuyait sur son diaphragme s'envola. Et, même si l'hormone du stress faisait encore sentir son pouvoir sur son corps, un immense sourire détendu se fit une place sur ses lèvres.

- "Hey!" Chuchotta-t-elle en réponse à sa salutations tout en s'approchant. La distance qui les séparait était trop grande, surtout après deux mois sur deux îles différentes et ces quelques jours où ils avaient peinés à ne serait-ce que se croiser. Ses prunelles détaillaient son petit-ami, le scrutaient, comme pour finir de l'identifier. Il n'avait pas changé du tout au tout, mais elle trouvait ses traits plus affirmés, sa stature plus homme que quand ils s'étaient quittés. Et il avait Indéniablement de l'assurance ce soir, au moins autant que la préfète qui ne se fit pas prier pour lui rendre son baiser. Le contact de leur lèvres, attisé par leur différence de température, dégagea chez elle de multiples sensations et émotions; le plaisir de ses retrouvailles interdites décuplé par le manque évident de l'été. La séparation fut difficile elle voulait recommencer, mais plutôt que de se laisser totalement guider par ce désir ardent, elle allait placer ses deux mains dans la nuque de son petit-ami, à la racine des cheveux, et laissa ses doigts y courir en le regardant dans les yeux pendant qu'il exprimait son contentement de trouver ici, après minuit, celle qui n'avait jamais enfreint le règlement aussi sciemment:

- "Tu m'as vraiment manqué." Justifia-t-elle sur le même ton en continuant le jeu de ses doigts et comblant la courte distance entre leurs visages pour initier le baiser suivant.

Jeffrey ferma les yeux tandis que les doigts d'Ennis parcouraient l'arrière de son cuir chevelu. La Gryffondor était plus tactile et entreprenante que d'ordinaire, ce qui n'était pas pour déplaire à l'adolescent. La séparation durant l'été avait créé le manque et l'irlandaise ne tarda pas à le confirmer oralement.

« Toi aussi... » souffla tout juste l'anglais avant que sa petite amie recommence à l'embrasser.

Ce baiser était différent de ceux qu'il avait échangé avec Ennis depuis qu'il sortait avec elle. Le Poufsouffle ignorait pourquoi il le ressentait différemment mais il en était à le fois troublé et à la fois ravi. Il y avait eu de nombreuses semaines sans se voir mais ce n'était pas la seule raison expliquant ce changement de perception. Les deux adolescents avaient bravé l'interdit, eux qui étaient plutôt des élèves respectueux du règlement et c'était grisant. Sans compter que personne n'était là pour les observer. Ni d'amis, ni de professeurs passant par là dans un couloir, ni même d'élèves moqueurs. Ni de Daniel Smith surtout. Le Serdaigle avait fini ses études à Poudlard et c'était peut-être ça qui libérait encore plus l'irlandaise et qui faisait que Jeffrey avait l'impression de vraiment la retrouver.

L'adolescent rendit le baiser à Ennis avec un peu plus d'ardeur, ses mains glissant sur les flancs de sa petite amie. Au bout de quelques secondes supplémentaires l'anglais s'éloigna à contrecœur de sa petite amie, le cœur battant plus fort que d'ordinaire. Il enleva son sac à dos et en sortie un plaid qu'il avait pris dans les dortoirs afin que tous deux puissent s'installer sur le sol sans trop avoir froid.

« Désolé j'ai pas pu amener de quoi grignoter, le plaid prenait toute la place et au cas où je devais courir je voulais pas être trop chargé... Vivement qu'on sache lancer des sortilèges d'extension hein ! » plaisanta l'anglais tandis qu'il mettait en place le plaid sur le sol et qu'il s'y installait dans la foulée. Il tendit le bras, prenant la main de l'irlandaise pour l'amener à s'installer avec lui. Il passa ensuite son bras autour de ses épaules pour qu'elle puisse se blottir. Le moment était parfait.

« Enfin seuls... » murmura l'anglais en regardant les étoiles.

Ce deuxième baiser avait pour Ennis un goût bien différent, bien agréable. Celui de la bravade, de l'adrénaline... et un peu de revanche sur les derniers mois. Même si parler avec Jeffrey de Daniel Smith avait permis à la jeune fille de reprendre confiance - notamment en elle - le retour indirect en force du Serdaigle depuis mi-août dans sa vie avait occasionné d'autres difficultés. Des difficultés que - cette fois-ci - elle ne comptait pas cacher à son petit-ami. Ainsi, elle ne bouda pas son plaisir quand le brun mit un ardeur nouvelle dans leur échange. Ses mains glissèrent de la racine des cheveux de son copain jusque dans sa nuque alors qu'elle sentait les siennes se frayaient jusqu'à ses flancs. Le contact était grisant et il lui fallut une dose de d'auto-discipline pour le rompre pour que Jeffrey puisse installer au sol une couverture qui les isolerait du froid de la pierre. Alors qu'il effectuait les quelques gestes pour l'étaler, Ennis le regarda faire avec une intensité amoureuse dans le regard, et en se mordant la lèvre inférieure pour éviter de laisser ses émotions parler pour elle:

- "Ne t'en fais pas." Elle n'avait pas un gros appétit, et cela ne lui manquerait pas. "Mais je te l'accorde, ça sera pratique." Ajouta-t-elle en attrapant avec un plaisir non dissimulé la main de son petit-ami pour s’asseoir à sa gauche et se lover contre lui. Ramenant ses pieds sous ses fesses pour se placer de côté*, elle posa sa tête contre son épaule et laissant échapper un soupir d'aise. Il y avait quand même pire comme position et situation; blottie contre son amoureux avec le ciel pour seul témoin.

- "C'est presque inespéré ici." Abonda la Gryffondor en hésitant à placer ses mains. Elle se trouvait un peu gauche à les avoir sur ses propres cuisses et en même temps, elle avec une pointe d'appréhension à l'idée de poser l'une d'entre elle sur la jambe de l'anglais. Depuis deux ans qu'ils étaient ensemble, elle avait toujours été très pudique dans la plupart de ses actions. Mais depuis la dispute avec ses parents... ceux qui préféraient croire les allégations d'un parfait inconnu plutôt que leur propre fille, elle avait eu comme un déclic. Alors, doucement, presque centimètre par centimètre, elle osa faire glisser sa main droite jusqu'à toucher le genou du plus beau des anglais à ses yeux. Mais sans véritablement oser la poser dessus. Son cœur battait à tout rompre et sa respiration s'accéléra. Est-ce que ce type de contact plairait à Jeffrey? Allait-il déplacer sa main? Tout un tas de questions qui n'aidait pas l'adrénaline à redescendre à un taux sanguin normal:

- "Ça a été ton été?" Demanda-t-elle enfin le souffle un peu court. Ils avaient bien entendu échangé par courrier mais elle voulait écouter Jeffrey parler.


*Ennis se trouve plus ou moins dans la position de cette jeune fille.

« Ca pourrait faire l'objet d'un de nos prochains entraînements. » avait dit l'anglais suite à l'approbation d'Ennis sur le sortilège d'Extension. Le garçon avait hâte de l'apprendre car il pourrait s'avérer utile pour bien des choses. Mais le principal usage qu'il avait en tête était en vue d'un long voyage. S'il avait pour projet de devenir dresseur ou éleveur de dragons à la sortie de Poudlard, Jeffrey avait un autre projet en tête qui murissait lentement dans son esprit. Celui de parcours le monde une fois sa majorité obtenue. C'était une coutume courante au sein de la communauté sorcière et l'anglais avait soif d'aventures et de découvertes. Et pour cela un sac à dos rempli à l'aide d'un sortilège d'extension ne serait pas du luxe pour se lancer dans pareil périple.

Mais les considérations sur les sortilèges n'étaient pas restées longtemps dans l'esprit de l'adolescent car Ennis et lui s'étaient assis sur le plaid en contemplant les étoiles. La Gryffondor s'était même rapprochée et lovée contre lui. Le parfum familier et agréable de sa petite amie avait quelque chose d'apaisant chez l'anglais qui se détendit à son contact, plaçant son bras gauche derrière le dos de l'irlandaise pour la garder près de lui.

A la grande surprise de l'anglais sa petite amie avança sa main timidement sur sa jambe, la frôlant avec délicatesse. Jeffrey ne fit rien pour l'arrêter, bien au contraire. Le garçon sentit un frisson le parcourir. Frisson qui n'avait rien à voir avec la fraîcheur de la nuit. Il pivota un peu afin de refaire un peu face à la belle irlandaise tandis qu'elle lui parlait.

« Ouais c'était génial. Il manquait que toi pour qu'il soit parfait. J'ai plein de trucs à te raconter. » dit Jeffrey avec le sourire.

Il était également très curieux d'avoir plus de détails sur l'été de sa petite amie mais pour l'heure il n'avait pas envie de discuter de ça. Pas tout de suite. La main d'Ennis sur son genou, le parfum de l'irlandaise et ce regard... Tout le poussait à envisager un autre programme dans l'immédiat.

« Faudra que tu me racontes aussi le tien. Mais là toute de suite j'ai plutôt autre chose en tête. » dit l'anglais avec un sourire charmeur.

L'anglais était perturbé par la proximité de sa petite amie et le fait qu'elle se montre plus entreprenante. Lui aussi avait envie de tenter des choses nouvelles, ses hormones d'adolescent le poussant dans cette curiosité. Alors à son tour l'anglais posa délicatement sa main droite sur le haut de la cuisse d'Ennis et il s'approcha pour embrasser à nouveau sa petite amie avec ardeur. L'anglais fit remonter sa main gauche dans les cheveux châtains de l'irlandaise et se montra plus entreprenant dans sa façon de l'embrasser. Il se rendait compte à quel point elle lui avait manqué et il était plus facile pour Jeffrey de lui faire comprendre ainsi qu'avec de simples mots.

Le déroulement de ce rendez-vous amoureux prenait une tournure qu'Ennis n'avait pas vraiment prévu. Et en même temps, ce serait bien malhonnête de sa part de dire que ça ne lui plaisait pas. Le cœur battant à tout rompre, elle regardait Jeffrey dans les yeux alors qu'il disait qu'elle avait été le seul manque de son été. Ses joues rougirent et s'échaufèrent heureusement qu'il faisait nuit. L'irlandaise était incapable de parler pour répondre à l'anglais, elle se contenta de hocher la tête. Elle aussi avait tout un tas de choses à lui dire. Et elle le suivait dans son tout autre programme. Elle jeta un regard furtif à cette main qu'il posait sur sa cuisse et qui réveillait encore plus - si c'était possible - en elle tout un tas de sensation nouvelles et agréables. Une chaleur se propagea instantanément dans tout son corps. Mais elle n'eut pas le temps d'analyser quoique ce soit car l'autre main du beau brun se plaçait dans ses cheveux alors que sa bouche venait ceuillir un baiser ardent. A partir de là, la prefete ferma les yeux. Plus rien n'existait vraiment autour d'elle. Et sa raison partait en retraite, laissant la place à l'instinct.

Sa main droite migra du genou de son petit-copain jusque le côté externe de sa cuisse alors que la gauche venait se poser sur son torse, s'agripant doucement à son pull. Elle répondait au baiser sans se soucier de rien se laissant complètement emporter par l'ardeur du Poufsouffle. Deux mois loin de l'autre à quinze ans semblait avoir décuplé le manque lié à l'absence et aux quatre cent et quelques miles de distance. Pour les sorciers mineurs, c'était loin, surtout quand l'une ne pouvait sortir de chez elle et que ses parents aurait refusé d'accueillir le second. Il n'y aurait eu qu'une possibilité, cela aurait été d'en parler à ses frères pour qu'ils l'aident. Mais elle avait eu peur. Vu la finalité du mois d'août, avec le recul, elle aurait dû. Mais on ne refaisait pas le monde avec des regrets. Et puis là, elle était bien incapable de les formuler. Sa main gauche s'ouvrit, délaissant la laine maillée pour venir glisser sur la clavicule de Jeffrey, puis son coup, pour se nicher dans sa nuque où - sans savoir d'où ce réflexe lui venait - elle pianotait à la naissance de ses cheveux.

La châtain rompit le baiser un instant, un très court instant, pour reprendre son souffle. Le front contre celui de Jeffrey elle prit quelques respirations un sourire placardé sur les lèvres avant d'être à l'initiative d'un nouvel échange ardent et passionné. Plus rien autour n'existait hormis le jeune garçon.

Cela faisait à peine plus de huit ans qu'Áine avait quitté les bancs de Poudlard, presque l'équivalent de ce qu'elle avait passé au sein du château en tant qu'apprenante. Elle avait de beaux souvenirs de son parcours sous les toits écossais, de moins bons aussi, mais ces derniers avaient été édulcorés par la nostalgie de son récent retour. Endosser pour la première fois le rôle de professeur, le vrai, pas celui qu'elle prenait auprès de ses amis, avait de quoi impressionner la jeune femme. D'autant que certaines choses avaient changées, il avait fallu les apprendre, en tenir compte... Et surtout, les cours avaient commencé la veille, si vite... Trois cours déjà de dispensés et cela s'était plutôt bien passé, mais il fallait encore qu'elle fasse une bonne première impression aux quatre autres années : si elle n'avait pas encore eu besoin de faire la police pour le moment, elle espérait que cela durerait.

Les couloirs se suivaient, silencieux et sombres. Etait-ce une réminiscence de ses quelques tentatives de sorties nocturnes, quand elle n'en avait alors pas le droit, qui faisait battre son coeur aussi vite ? L'excitation de l'interdit qui ne l'était plus ne l'empêchait pas de faire sa balade consciencieusement : elle ouvrait les portes qu'elle croisait et tendait l'oreille à chaque tournant. Elle avait rencontré un peu plus tôt un petit groupe d'élèves de cinquième année qui descendaient de la tour d'Astronomie, ce qui lui avait remis en tête une des rares choses qu'elle appréciait de ses cours d'astronomie : la beauté du ciel clignotant sous des milliers d'étoiles. Et le fait que c'était un point de rendez-vous nocturne déjà assez connu à son époque ; si elle voulait bien faire son travail, elle devrait passer par là.

Quelques minutes plus tard, Áine se trouvait devant le battant menant au fameux toit, l'observatoire le mieux placé du château, au même titre que la tour de Serdaigle d'ailleurs. La main posée sur la poignée, elle tendit l'oreille. Rien ne semblait trahir une quelconque présence, mais il valait mieux vérifier. Elle poussa le battant silencieusement pour tomber nez à nez avec un petit couple qui s'embrassait, plutôt ardemment. C'était étrange de se retrouver dans une telle situation, mais ignorant son impression d'être de trop, elle annonça à pleine voix, sa baguette illuminant la scène d'une lueur blafarde :
- Bonsoir ! Vous me pardonnerez cette interruption, mais l'un de vous pourrait-il me rappeler l'heure, s'il vous plaît ?
Elle dévisageait les deux élèves, tâchant de les identifier, mais rien à faire, elle n'avait pas la moindre idée de qui ils étaient, bien que la petite brune lui dise vaguement quelque chose, sans grande raison. Elle acheva alors son intervention, tranquillement :
- Et me donner vos noms, par la même occasion.
Sans plus attendre qu'ils lui répondent, Áine s'avança, laissant la porte se refermer derrière elle et observa de plus près les deux adolescents. Une Gryffondor, d'après l'uniforme et un Poufsouffle, d'après le pull. Il était assez peu utile de leur demander ce qu'ils faisaient là, la couverture et la situation dans laquelle elle les avait trouvé était assez équivoques, mais peut-être allaient-ils essayer de se justifier ?

Merlin, que ces retrouvailles faisaient du bien ! Le garçon se rendait compte, au fil de leurs échanges passionnés, à quel point Ennis lui avait manqué pendant les vacances. Pourtant il avait eu un été vraiment bien rempli et palpitant. Mais en cet instant le garçon vivait d'autres sensations tout aussi troublantes et palpitantes. Le Poufsouffle était rassuré par l'attitude de sa petite amie qui lui rendait ses gestes, visiblement sur la même longueur d'onde que lui. Oubliant la voute étoilée le Poufsouffle ne pensait qu'à l'instant présent.

En confiance, les gestes de l'adolescent devenaient peu à peu plus aventureux et audacieux. Jeffrey était en proie à un tourbillon d'émotions nouvelles pour lui. Il se sentait grisé par ce qu'il se passait mais aussi troublé, excité et... anxieux. Le garçon avait envie d'aller plus loin avec Ennis mais il était aussi un peu inquiet sur la suite des évènements. Il avait peur d'être gauche dans son approche, bien que les réponses de la Gryffondor soient rassurantes.

Au moment où l'anglais rassemblait son courage pour tenter quelque chose avec la jeune fille une voix se fit entendre. Une voix adulte. Ce fut comme si un sceau d'eau glacé s'était déversé sur les amoureux. Et merde, on est morts... songea la garçon en arrêtant d'embrasser Ennis comme s'il venait de prendre une décharge électrique. Il ferma les yeux une seconde pour rassembler ses esprits et combattre la frustration qui l'assaillait. Jeffrey essaya de gagner du temps avant de se lever et se passa la main dans ses cheveux en bataille afin d'essayer de se montrer plus présentable devant la personne qui s'était invitée à leurs retrouvailles. Le garçon ajusta ensuite sa veste dans une tentative désespérée et sans doute bien vaine de paraître plus sage et innocent qu'il ne l'était.

Le Poufsouffle tourna la tête et plissa les yeux pour s'acclimater à la lueur de la baguette magique pointée sur Ennis et lui. Une fois qu'il eut accommodé il reconnut Mrs Lydon, la nouvelle professeure d'Histoire de la Magie. Il ne la connaissait pas car il ne l'avait pas encore eu en cours, pas avant jeudi. Inutile de dire qu'il partait sur de biens mauvaises bases avec son enseignante. Une fois calmé des échanges avec Ennis le garçon se releva et tendit la main à cette dernière pour l'aider. Puis il rassembla son courage pour répondre à Mrs Lydon en la regardant dans les yeux.

« Jeffrey Hunter, cinquième année à Poufsouffle. » dit l'anglais en déclinant son identité. Il ne chercha pas à mentir, sachant pertinemment qu'ils risqueraient plus gros encore. Penaud il tenta d'expliquer leur présence à cette heure en haut de la tour d'Astronomie. « Désolé Miss. On aurait pas du faire ça. C'est ma faute, c'est moi qui ait proposé de se retrouver ici. »

Le Poufsouffle tentait d'amener la faute sur lui, sachant que cela serait sans doute insuffisant. Mais il culpabilisait déjà d'avoir mis Ennis dans cette situation. Après tout elle n'avait pas eu cette idée et elle était Préfète... La fougue de l'anglais les avaient mis dans la panade en tout cas et c'est la culpabilité qui l'avait poussé à se désigner fautif. L'anglais ne pensait pas s'en tirer sans une retenue mais s'il pouvait atténuer la durée de celle-ci en amadouant un peu son enseignante il fallait le tenter. Après tout elle était jeune et pouvait peut-être comprendre ce qu'ils ressentaient.

« On s'est pas vus de tout l'été et c'est pas simple de se retrouver en étant pas de la même Maison. Je sais que c'est mal d'avoir bravé le couvre-feu mais on voulait juste passer un peu de temps ensemble après deux mois sans se voir... »

Penaud, Jeffrey n'en ajouta pas davantage. Il laissa la parole à Ennis, attendant que la probable sanction ne s'abatte sur eux.